Tu crois qu'on sera une famille ? ft. Léo

Maxine & Léo

Léo déposa un regard plein de douceur sur Maxine, il sourit à demi, il était d’accord avec elle, il comprenait ses mots, il savait qu’elle avait manqué d’un père et même si lui ne pouvait pas vraiment comprendre ce que ça faisait, il voulait bien croire que l’absence d’un parent pouvait être destructeur. Et il ne voulait pas ça pour son fils, il avait su très vite qu’il serait présent dans sa vie, malgré le rejet qu’il avait formulé à Andrea au départ, il avait réussi à mettre de l’eau dans son vin et finalement les sentiments et l’attachement étaient arrivés bien plus tôt qu’il ne l’aurait pensé, bien avant qu’il ne naisse, il l’avait attendu fébrilement et s’il n’avait pas voulu priver son enfant d’un père, lui n’aurait pas pu se priver de son enfant, c’était réciproque. Aujourd’hui et malgré ses envies de voyage, d’ailleurs, de liberté, il ne s’imaginait pas vivre loin de John. Il haussa les épaules à l’écoute des mots de Maxine. La justice à ses limites elle aussi. Lui n’était pas de ceux qui critiquaient la loi, le système et le reste, il comprenait bien que tout cet univers était complexe. Mais lorsqu’il voyait son père évoluer dans le monde des affaires il se disait qu’il y avait toujours un grand nombre de requins et qu’il fallait savoir s’en sortir, il connaissait la corruption et l’abus de pouvoir et se doutait bien que c’était pareil dans tout milieu. Tout n’était pas blanc ou noir, ce serait bien trop simple. C’était l’une des raisons qui l’avait poussé à s’éloigner de ces mondes là, lui, dans sa bulle d’aventurier il se créait la vie qu’il souhaitait, il allait au gré de ses missions, il se laissait porter, seul maître de ses choix il n’hésitait pas à travailler pour des causes qui lui tenaient à cœur, à les défendre même. Tout comme il pouvait à loisir dénoncer ce qui ne lui plaisait pas, il avait cette liberté là et savait la cultiver. Tu as fais le bon choix alors, en ne cédant pas à la corruption, en restant droite, quitte à tout plaquer. Léo le pensait sincèrement, il trouvait que l’honnêteté envers soi et envers les autres était l’une des meilleures qualités. Étrangement la fille un peu sûre d’elle lorsqu’elle parlait de ses convictions sembla se faire toute petite lorsque Maxine répondit à Léo au sujet de Blake, elle semblait lui porter une tendresse particulière et pourtant… pourtant elle laissa sa phrase en suspens, comme cherchant ses mots. Léo la fixait, il la dévisageait même, et les mots qui suivirent ne firent qu’accentuer le malaise qui semblait s'immiscer entre eux. Elle qui venait juste d’entrer dans sa vie, qui lui avait annoncé quelques minutes auparavant qu’elle comptait rester à Bowen, elle semblait à présent comme sur le départ, comme regrettant ses choix. Mais lui ne voulait pas, il ne la laisserait pas faire, il avait tant attendu de la trouver, il l’avait tellement rêvé, cette relation fraternelle, il s’était attaché à elle, sa soeur, même en si peu de temps, il s’était fait à l’idée qu’il devrait lui faire une place dans sa vie. Qu’est ce qu’il y a Max ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Adrian a raison, c’est à nous de décider… moi tu es entré dans ma vie avec fracas… tu ne m’as pas laissé le choix en quelque sorte, alors aujourd’hui il faut que tu assume. Dans sa voix il n’y avait aucune agressivité, juste la peur grandissante, l’attente fébrile de l’annonce… ou qu’elle prenne ses jambes à son cou. Dis moi, je peux tout entendre. Qu’importe, maintenant il devait savoir..

Il y a des moments ou l'on regrette de s'être engagé dans des chemins pas très nette. Où l'on se dit qu'on a fait un pas de trop et qu'il est trop tard pour reculer. Il y a de ces moments ou les paroles partent bien plus vite que l'on aurait espéré. Des mots que l'on ne contrôle pas. Et Maxine s'était engagée dans ce genre de moment. Elle savait qu'elle n'avait pas de porte de sortie. Elle savait qu'elle était au pied du mur et qu'elle devait à présent dire à son frère ces mots qui allaient probablement changer la vision qu'il avait d'elle. Pourtant, ce n'était pas ce que voulait la blonde. Elle ne voulait pas que les choses changent, comme elles n'avaient pas changé avec Adrian ou Alejandro. Cependant, elle voyait bien qu'il avait perdu son sourire en quelques mots. Il disait pouvoir tout entendre, elle n'en était pas sûre. « Et je ne compte pas repartir Léo, ne t'en fais pas.. Je suis beaucoup trop bien ici pour vous laisser tous. » Elle tentait de le rassurer avant de lui annoncer cette nouvelle qui allait sûrement lui demandait plus que le fond de la bouteille de vin qu'il restait. La jeune femme prit une inspiration, se tourna vers son frère et laissa son regard se perdre dans les yeux de son interlocuteur. Quelques instants, juste quelques secondes. Elle ne pouvait pas le maintenir plus que cela. Elle qui pourtant était si sûre d'elle. Elle qui aimait montrer au monde qu'elle n'avait pas peur de lui, elle se retrouvait en ce moment précis comme paralysée. « Il y a un peu plus de 12 ans, ma mère a eu quelques soucis moteur, on pensait qu'elle avait des tics, ou qu'elle devenait maladroite. Les objets qu'elle tenait tombaient. Et puis, elle a commencé à avoir des problèmes de mémoires, des soucis d'attention. En fait, c'est à peu près à partir de là que j'ai commencé à détester ma mère.. Je pensais qu'elle faisait plus attention à moi, qu'elle ne m'écoutait plus et qu'elle faisait exprès d'oublier mon spectacle de Piano.. » Maxine prit une inspiration profonde à nouveau, elle tenta une nouvelle fois de croiser le regard de l'homme, sans succès. « Alors, le docteur a décidé de lui faire passer plus de testes pour savoir ce qui se passait.. Finalement, on a découvert qu'elle avait la Chorée de Huntington. » Maxine se stoppa net dans la progression de cette conversation. Elle voyait, à grands pas, arriver le moment fatidique. « Si tu ne le sais pas, c'est une maladie héréditaire. Tu peux vivre avec des parents atteint de la maladie sans avoir les symptômes. » pour la troisième fois depuis qu'elle avait commencé cette conversation, la jeune femme changea de position, s'appuyant a présent de ses coudes sur ses genoux, la tête sur ses mains. « Ce n'est pas mon cas.. Il y a un an et demi, j'ai fait les testes aussi, pour être sûre. Je pensais que tout allait bien, ce n'était pas le cas. J'ai aussi la Maladie de Huntington. A la différence près avec ma mère, c'est que je n'ai pas encore les symptômes physiques, juste morale pour le moment... Comme c'est une forme précoce de la maladie.. On est sûr de rien quant à l'évolution. » Elle respectait le fait que Léo ne lui ait pas coupé la parole, il l'avait laissé parler maintenant, elle lui laissait le temps d'encaisser le coup. Il allait sûrement avoir des questions à lui poser, elle n'était même pas sûre qu'il ait bien compris ce qu'elle venait de lui dire. Après tout, elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle était passée par mile et un chemin afin de lui annoncer cela, elle l'avait peut-être perdu en route. La blonde tirait une nouvelle fois sur les peaux de ses doigts. Elle était soulagée de lui avoir dit oui, maintenant, elle attendait sa réaction. Adrian avait été la le jour des tests et elle avait pris beaucoup moins de détours avec Alejandro. Cependant, Léo était son frère, il allait peut-être réagir de façon différente.

Maxine & Léo

Il avait dit pouvoir tout entendre et sur le coup il le pensait, parce qu’il avait déjà traversé pas mal de choses plus ou moins heureuses, Léo. Il se croyait fort, à l’épreuve des balles. Et puis il se disait encore que cette fille, même s’il s’y attachait, même si elle était sa sœur, même s’ils partageaient le même sang, il ne la connaissait pas, qu’au fond, ses révélations n’auraient pas une si grande incidence sur lui. Dans les moments où son cœur s’emballait un peu trop, il cherchait à donner de la distances entre lui et ce qui l’effrayait, par tous les moyens, c’était plus simple de se croire détaché. Mais à ce moment là, alors que Maxine faisait tout pour fuir son regard, Léo était mort de trouille et même s’il se répétait que tout irait bien, sa poitrine se serrait un peu plus fort malgré tout. La bonne humeur avait peu à peu laissé place à une gêne de la part des deux jeunes gens, ceux qui étaient si mauvais pour s’exprimer sur ce qui leur tenait à cœur, ils semblaient au bord du vide, Léo avait perdu son sourire, se dessinait plutôt sur son visage une gravité nouvelle que Maxine ne lui connaissait certainement pas, mais il était entier, incapable de jouer la comédie juste pour la rassurer. Un rire nerveux s’échappa de sa gorge après les paroles de la cadette. Tant mieux, c’est déjà ça ! Et puis elle commença finalement à parler, à se confier sur sa mère, sur ce mal qui semblait la ronger depuis des années et qui avait probablement ruiné leur relation, il l’écoutait sans la couper, elle semblait bien lancée, il ne voulait pas l’interrompre, même si, plus elle parlait plus il comprenait où elle voulait l'emmener. Et ce fut sans surprise qu’au final elle lui annonça qu’elle était probablement atteinte de la même maladie. Sans s’y connaitre trop en médecine, Léo avait déjà entendu parlé de la chorée de Huntington, il savait que c’était un mal incurable, qui pouvait évoluer lentement, mais qui occasionnait beaucoup de souffrances aux personnes atteinte. Il assimila la nouvelle en soupirant doucement, se tournant vers l’océan pour cacher son trouble. La dernière fois qu’il avait dû entendre une annonce pareil c’était quatre ans auparavant, dans le bureau d’un cancérologue qui leur annonçait, à sa petite amie et lui qu’elle était atteinte d’une leucémie. Son monde s’était écroulé ce jour là, pourtant il n’avait jamais cessé de croire en la médecine, en les chances de sa belle, en la chance tout court. Mais elle n’avait tenu que peu de temps avant de se faire emporter par son mal, si jeune, de façon si injuste. Cette perte avait gravement ébranlé le jeune homme qu’il était à l’époque. Et lui qui pensait que cette épreuve l’avait rendu plus fort, plus hermétique à la mort, se vit ramené ces quelques années en arrière, en proie à la même panique, celle d’être parfaitement impuissant face à l’inconnu. L’une des plus grandes peurs de Léo, même s’il ne voulait pas l’avouer, c’était celle de la mort, pas la sienne, du moins il n’y pensait pas, mais celle de ceux qu’il aimait. Parce que quand l’autre est parti il ne reste qu’une plaie béante. Il soupira une nouvelle fois, cherchant l’air qui lui manquait, Maxine avait eu le courage de lui dire la vérité et si elle l’avait fait c’est qu’elle avait besoin de lui, en quelque sorte. Alors il n’allait pas la laisser sans réponse, il devait dire quelque chose. Il pris encore une seconde pour se composer un visage convenable et puis se retourna vers elle, croisant son regard. Bon, pour l’instant tu vas bien, c’est l’idée ? …Ta mère n’a déclaré les symptômes que plus tard, peut-être que tu suivras le même schéma. Et puis, t’as tes hommes pour t’épauler… et qui sait, peut-être que la médecine fera des progrès rapidement. Osa-t-il espérer, comme un doux rêveur, en haussant les épaules doucement, Léo l’éternel optimiste, celui qui croyait toujours, malgré les désillusions. Personne n’est éternel Maxine, ça je le sais bien. Aujourd’hui tu es là, tu as des amis, un frère et même un garçon gentil, qui ne te lâcheront pas. Adrian a raison, je le confirme, tu n’as pas à t’éloigner de nous pour une raison aussi stupide que cette maladie. On va se battre. Il lui avait fallu une bonne quantité d’énergie pour se montrer si confiant en l’avenir et même si ce n’étaient pas des paroles en l’air, il était beaucoup moins vaillant à l’intérieur, au contraire tout son être était bouleversé par la nouvelle. Mais il attrapa la bouteille, il ne restait qu’un peu de vin, il en but une gorgée et laissa la dernière à la blonde. Tiens, une dose de courage ! Ils en auraient besoin.

À l'instant où Léo se tourna vers l'horizon, Maxine regretta ses paroles. Elle n'était pas le genre de personnes à se soucier du bien ou du mal, elle faisait ce qui lui plaisait, elle profitait et savourait chaque instant de sa vie. Hélas, à ce moment précis, elle regretta de ne pas avoir été moins directe avec son frère. Cela commençait peut-être à faire beaucoup pour le jeune homme qui, non seulement, venait d'apprendre qu'il avait une soeur qui en plus de cela était malade. À sa place, elle se serait sûrement enfuis en courant mais elle n'y était pas à sa place. Elle n'était que spectatrice de la réaction du journaliste. Tout ce qu'il restait à espérer, c'est qu'il finisse par ouvrir la bouche, qu'il arrive enfin à lui dire ce qu'il avait sur le coeur quant à cette nouvelle des plus, bouleversante. Elle était bien placée pour savoir ce que cela faisait d'entendre ce genre de choses. Elle l'avait d'abord vécus avec sa mère puis quelques années plus tard avec elle-même. Et si on lui posait la question, la blonde répondrait sûrement que oui, elle aussi aurait voulu se fuir. Par chance, ce jour-là, elle n'avait pas été seule et chaque jour un peu plus, elle essayait de remercier Adrian qui avait été si prévenant. Alors que le silence s'était installé entre eux, Maxine attrapa la main de Léo pour la serrer dans la sienne, elle ne savait pas vraiment pour quelle raison, elle faisait cela mais elle aimait penser que cela pourrait le rassure ou bien l'inciter à parler. Or, elle l'avait bien compris son aîné n'était pas bien plus douée qu'elle ne l'était quand il fallait faire preuve de montrer ce qu'ils ressentaient. Cependant, elle était loin de se douter qu'il allait finir par lui parler. Alors qu'il prenait la parole, Maxine afficha un sourire sur ses lèvres. Il ne l'avait pas coupé, elle en ferait de même. Sa réponse n'était pas vraiment ce qu'elle attendait d'un frère qu'elle ne connaissait pas, au contraire, elle s'était plus imaginée Adrian dire ce genre de choses, ce qui toucha bien évidemment la blonde. Et même si annoncer, ceci à Léo avait été une épreuve des plus bouleversante, Maxine, comme à sa grande habitude, n'en montra pas plus. Ils étaient définitivement de la même famille, il n'y avait pas de doute là-dessus. « Merci de cette réaction, je n'en attendais pas autant. Tu sais, je ne t'ai pas dit cela pour que tu aies pitié de moi.. Je veux dire, je ne suis pas contre l'idée que tu sois présent dans ma vie hein au contraire, je suis même venue à Bowen pour cela mais je ne veux pas que ce soit à cause de cela... Je crois même que je préférerais que tu ne me traites pas comme une malade, cela dit, je comprends qu'au début ce n'est pas simple. Garde juste à l'idée que mon état est instable et incertain.. Je ne sais pas de quoi ai fait demain si je vais me lever avec des troubles moteurs ou comme si de rien étais.. C'est tellement aléatoire. C'est probablement pour cela que je préfère vivre ma vie au jour le jour.. Tu comprends ? » malgré cette nouvelle tirade, elle avait attrapé la bouteille de vin qu'il venait de lui tendre et en avait avalé la dernière gorgée après lui avoir fait un signe de têtes pour lui dire merci.. « Bon et si on le mangeait ce dessert hein ? » demanda-t-elle pour changer de sujet mais, aussi et surtout parce qu'elle avait hâte de goûter ce qu'il n'arrêtait pas de lui agiter sous le nez comme une carotte. Il fallait dire que Maxine n'était pas du genre à faire attention à ce qu'elle mangeait et même si elle adorait les mets salés, elle avait une large préférence pour les douceurs sucrées. « Je ne comprends pas pourquoi on ne commence pas le repas par un dessert ! » annonça-t-elle comme si la révélation était des plus normal.

Maxine & Léo

Léo ne savait pas bien comment s'y prendre pour être un frère, un vrai, de ceux qui restent, coûte que coûte, parce que la famille c'est le plus important. Lui il avait cette fâcheuse tendance à prendre la fuite, même avec ses parents, surtout avec eux, parce qu'il partait du principe qu'ils étaient tous les deux et que, quoi qu'il fasse, même les erreurs le plus impardonnables, ils l'aimeraient toujours, enfin surtout sa mère, son père il s'en foutait pas mal. Mais une sœur, là c'était parfaitement différent, surtout une petite sœur, fallait en prendre soin, ne pas la casser, ne pas la blesser, c'était trop précieux, on n'avait pas le droit de la fuir. Voilà qu'il s'était attaché à Maxine et qu'il n'imaginait plus, à présent, qu'elle puisse repartir. C'était presque comme la première fois qu'il avait vu Jonathan, ils ne se connaissaient pas encore, ils avaient tout à apprendre l'un de l'autre, pourtant il l'avait aimé à la seconde où il avait posé les yeux sur son fils, comme si les liens du sang créaient automatiquement chez Léo un lien invisible mais déjà fort. Donc qu'elle lui annonce comme ça, alors qu'il la connaissait encore si peu, qu'il avait tout à apprendre d'elle, sa maladie, c'était un gros coup pour le garçon. La réponse de la blonde le fit sourire, non pas parce que c'était drôle, évidemment il ne la prenait pas en pitié, non, s'il souriait c'était parce qu'il aurait été capable de répondre exactement la même chose dans cette situation. Il se souvenait d'ailleurs qu'à la mort d'Anna il avait fui Bowen pour éviter de recevoir la pitié de tous leurs amis, de leurs familles, il n'avait pas besoin de ça, il avait préféré se retrouver seul face à sa peine plutôt que de subir une quelconque condescendance. Si c'est instable et incertain alors ça ne sert à rien de faire des plans, on prendra ce qui viendra, au jour le jour comme tu dis. Je ne compte pas te traiter en malade. Après, c'est quand même une maladie connue et bien qu'elle soit instable, il y a des traitements alors si tu m'en parles, si tu en parles à ceux auxquels tu tiens, j'espère que tu te soignes, que tu ne prends pas ça à la légère. Moi, tout ce que j'ai besoin de savoir, c'est que tu es suivie et que tu te donnes toutes les chances de t'en sortir au mieux. Le reste ça la regardait. Il ne savait pas si la maladie avait déjà commencé à jouer sur sa personnalité, sur ses humeurs, il ne la connaissait pas avant alors il la prenait comme elle était, aujourd'hui, et ça lui allait très bien comme ça. Il l'observa terminer la bouteille un mince sourire au lèvres, ils étaient bien sur cette plage, au calme, sans personne. Un peu qu'on va le manger, c'est mon gâteau favori ! Il leur coupa des parts généreuses, se moquant bien de savoir qu'elles faisaient probablement le double d'une part classique et en offrit une à sa cadette. Alors qu'il allait donner son premier coup de fourchette, la réflexion de Maxine le fit réfléchir un instant. Parce qu'on garde toujours le meilleur pour la fin ? C'est un peu comme une récompense... Il n'était pas bien convaincu par sa réponse mais goûta quand même à sa part, parce qu'il n'en pouvait plus d'attendre.

Elle avait envie de le serrer dans ses bras, elle avait envie de le serre si fort et de ne plus jamais bouger. Léo était là pour elle alors que cela ne faisait que quelques semaines qu'ils se connaissaient, alors qu'il ne savait rien d'elle, alors qu'elle-même ne savait rien de lui. Pourtant, Maxine si distante et méfiante se laissait envahir par l'affection de son frère comme s'ils s'étaient toujours connus. Il était un soutien supplémentaire dans sa lutte contre cette maladie. Adrian, Raël étaient déjà bien présents même si le dernier n'était pas du genre à parler de cela à tout va, comme le serait probablement Léo mais, ils étaient là, ils étaient au courant et ils ne l'avaient pas abandonné. Rien que cela était suffisant aux yeux de la blonde. « C'est une maladie incurable Léo. Il n'y a pas de traitement.. Du moins pas à mon stade. Plus tard quand je deviendrais folle comme ma mère, j'aurais sûrement des antidépresseurs ou toutes ces conneries mais, pour le moment, on ne peut pas y faire grand-chose. C'est un déclenchement précoce et ils sont un peu perdus à ce stade parce que je n'ai pas de symptôme constant, c'est par moment, par période de crises comme ils disent. » elle essayait de lui faire comprendre mais, ce n'était pas simple du tout, ce n'était pas simple d'avoir une conversation aussi compliqué avec quelqu'un que l'on connaissait à peine. Alors, elle se disait que ce n'était peut-être pas la meilleure façon de lui dire mais, qu'elle était la meilleure. D'ici 15 à 20 ans peut-être 25 ans au maximum, elle allait en mourir. Comment pouvait-elle lui dire cela. Elle ne pouvait pas, alors elle ne lui dirait pas. Elle était certaine qu'en bon journaliste qu'il était, il irait sûrement faire des recherches, essaye de comprendre cependant, elle était encore incapable de sortir ces mots de sa propre bouche.
Finalement, ils avaient détourné le sujet de conversation sur le dessert. Maxine et le sucré, c'était une grande histoire d'amour. « et c'est quoi comme gâteau ? » demanda-t-elle avant même qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir la boite. Elle était impatiente cette petite. Pire que les enfants à Noël. Alors, quand elle reçue la grosse part de gâteau que son frère venait de couper, elle n'attentait pas longtemps avant d'en mettre dans sa bouche. « Je suis pas très sûre de ce que tu dis là tu sais. En soit un repas est une récompense. Ce sont les parents qui forgent le mythe de la récompense à la fin du repas. Tu réagis seulement comme un papa si tu veux mon avis. » lança-t-elle en secouant la tête presque comme si elle était déçue alors qu'elle souriait. Elle adorait partager ce moment avec Léo, c'était agréable, calme et bien loin de ce dont il parlait plus tôt. Elle préférait largement ce genre de discutions et même si elle savait qu'elle avait fait le bon choix d'en parler à son aîné, elle ne préférait pas trop s'étendre sur le sujet non plus.

Maxine & Léo

Il pinça les lèvres doucement en baissant les yeux vers ses pieds nus qui s'enfonçaient dans le sable. Non, Léo n'était pas naïf, il avait bien compris que Maxine était condamnée, il en était déjà passé par là, par ce genre d'annonce, par la sentence terrible et irrévocable, il savait. Mais il savait surtout qu'on avait tous une date d'expiration, qu'on pouvait tous mourir demain, se faire cueillir au hasard, plus ou moins jeune, de façon plus ou moins juste et qu'on n'y pouvait rien. Alors contre la fatalité il était de ceux qui restaient optimistes, qui voulaient vivre, envers et contre tout, quitte à ce que ce soit la dernière heure, il ne voulait rien regretter. Et il espérait que sa cadette aurait au moins la moitié de sa force de caractère, au moins aujourd'hui, parce qu'elle était encore debout, elle avait encore quelques beaux mois, peut-être même quelques belles années à vivre, avant que tout ne parte en cacahuète. Je sais... Je demande juste que tu sois suivie, que tu sois le mieux possible, le plus longtemps possible. Et s'il faut t'iras voir d'autres médecins, meilleur, faut pas que tu baisses les bras. Puis en attendant que tout dégénère, on va profiter. Il lui sourit, peut-être que c'était énervant, ce côté éternel optimiste, mais il était comme ça, elle devait le prendre avec, parce que c'était sa force à lui, de sourire de façon insolente et de s'en servir comme béquille contre cette chienne de vie. C'est une tarte au citron meringuée, j'espère que tu aimes. Dit-il en lui tendant la part, il ne connaissait rien à ses goûts mais celle-ci c'était la meilleure de la ville, elle valait le détour. Et en effet, à la première bouchée il dégustait déjà, Dieu qu'il était gourmand ! Et visiblement Maxine n'était pas en reste elle non plus. Il hocha la tête, faussement fautif, probablement que Max avait raison en un sens, mais lui se disait qu'il y avait un fond de vérité dans son excuse à lui aussi. Cette conversation plus légère leur faisait du bien, elle enlevait le poids qui semblait être venu peser sur leurs cœurs et c'était agréable. Je réagis comme le gamin qui a toujours écouté ses parents plutôt ! Mais je sortirais cette excuse à John, c'est certain. Si tu commençais par le dessert tu n'aurais plus faim pour la suite. Et tout le monde sait qu'on ne se nourrit pas que de sucre mademoiselle ! Voilà qu'il lui faisait la morale, en bon papa, peut-être.

Maxine hocha la tête pour acquiescer, elle ne voulait pas le contredire, elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle ne s'inquiétait pas de sa maladie, bien au contraire, elle s'en préoccupait peut-être un peu trop. Cette maladie la rongeait de l’intérieur, elle la rendait si distante avec les gens, elle l’éloignait de tout et de tout le monde. Elle l’empêchait de s'autoriser à être heureuse pour elle, c'était un choix égoïste que de laisser quelqu'un entrer dans sa vie. Pourtant, elle l'avait fait avec Léo, avec Raël, Adrian et bien d'autres encore qu'elle n'osait même pas nommer de peur de se faire fuir elle-même. Cette idée lui donnait d'ailleurs l'envie de prendre ses jambes à son cou pour s'envoler à toute vitesse loin de Bowen. Ou bien de s'enfermer à double tour dans l'appartement d'Asriel. Au moins, il pourrait lui faire entendre raison. Il était probablement la personne la plus seine qu'elle connaissait. Sans parler de Léo, mais elle ne le connaissait pas encore suffisamment pour juger de sa santé mentale. Bien qu'elle arrivait à en douter en le voyant accepter qu'elle entre dans sa vie. « Si j'aime ? J'adore ça ! Ce n'est pas celui que je préfère, mais, je pense qu'il est dans mon top trois ! » Lança-t-elle un petit sourire au coin de ses lèvres, elle espérait lui remonter un peu le moral en lui parlant du gâteau, elle n'était pas certaine que lui parler de sa maladie maintenant soit une bonne idée et pourtant, elle s'était engagée là dedans sans vraiment s'en rendre compte, elle avait fini prise au piège comme un rat attiré par l'odeur du fromage. Finalement, elle haussa les épaules, elle s'était même surprise à tirer la langue à son frère. L'ambiance s'était réchauffée et elle préférait largement cela. « Sauf qu'étant adulte, tu n'es plus obligé de suivre ce que disent tes parents. Enfin... Déjà que je n'écoutais pas ma mère plus jeune alors ! » La blonde afficha un large sourire, elle savait que Léo allait sûrement lui lancer un regard désapprobateur, mais elle s'en moquait. Sa relation avec sa mère était ainsi, et que Léo soit d'accord avec cela, rien n'y changerait et ce n'était sûrement pas aujourd'hui qu'elle allait évoluer. « En tout cas, merci pour cette soirée. » Avoua-t-elle en donnant un petit coup d'épaule à son frère tout en piquant un morceau de gâteau dans son assiette, le dernier morceau qui annonçait sûrement la fin de cette soirée riche en émotion. Pour le plus grand plaisir de Maxine qui n'arrivait pas vraiment à se mettre en tête qu'elle venait d'avouer l'un des plus grand secret de sa vie à son frère. Elle se demandait si elle aurait le cran, un jour de lui avouer ce qu'elle faisait réellement de son temps libre...

Maxine & Léo

Un jour Léo parlerait d’Anna à Maxine, il évoquerait son coup de foudre et puis le combat, cette maladie qu’ils n’avaient pas voulu laisser gagner même si les dés étaient pipés, il lui dirait combien il avait souffert de la voir dépérir et à quel point ça avait été horrible de la laisser partir, il avouerait qu’il avait été incapable de lui dire au revoir et qu’il avait préféré prendre ses jambes à son cou au lieu d’affronter le deuil. Elle comprendrait alors qu’il avait été abîmé, Léo, qu’il avait souffert, déjà, qu’il en était passé par là, mais qu’il avait réussi à se reconstruire depuis, il n’était pas indemne, mais il était là. Et puis elle prendrait conscience aussi qu’il pouvait être une épaule solide sur laquelle se reposer si elle en avait besoin, il savait assumer, accompagner. Son problème c’était l’après, mais ça ne la regardait pas, la façon dont il gérait l’absence, elle ne serait pas là pour lui tirer les oreilles de toute façon. La prochaine fois tu me feras goutter ton préférer alors ! Comme une invitation à un prochain rendez-vous. Il aurait pu lui demander quel était son top trois, mais ça n’était pas drôle, il préférait garder la surprise, se laisser le plaisir d’être surpris, de la laisser se dévoiler à lui, petit à petit, cette petite sœur inespérée. D'ailleurs ils commençaient déjà à se chamailler comme une vraie fratrie, comme si tout était naturel, normal. Finalement la vie pouvait être facile, quand on ne réfléchissait pas trop, il suffisait de se laisser guider tout simplement. Elle lui tira la langue et lui rit comme un gamin. Elle était clairement la sœur rebelle, celle qui ne respectait pas l’autorité familiale, celle qui ne se laissait pas faire. Alors que lui avait toujours été le gamin model, celui qui obéit, qui n’a jamais rien à se reprocher, qui travaillait bien à l’école, qui voulait rendre ses parents fiers jusqu’à oublier ses propres envies. Il avait en longtemps été ainsi pour Léo, jusqu’à tard, jusqu’à ce que son père essaye de lui imposer une voie dont il ne voulait pas et qu’il se dise enfin qu’il avait le choix, qu’il devait vivre pour lui et pas pour les autres, surtout pas pour ce paternel qui n’avait aucune reconnaissance pour lui. J’peux pas sortir du cadre maintenant, c’est fichu, puis j’ai un gamin à élever maintenant alors autant que je m’en tienne à ce discours ! Il haussa les épaules en souriant. Puis son sourire s’élargit un peu plus. Je commence à douter que tu sois un bon exemple pour mon fils ! Parce qu’un jour il allait la lui présenter, sa nouvelle tata, si elle entrait dans la vie de Léo elle finirait par entrer dans celle de John. Il se laissa chambarder par sa cadette et même piquer le dernier morceau de gâteau alors qu’il commençait à lever sa fourchette, c’était de bonne guerre et il commençait à apprécier cette complicité. Merci à toi. Il regarda devant lui un instant. On se reverra bientôt ? Je veux des nouvelles de toi. Parce qu’en effet, venait l’heure de se quitter alors que le soleil commençait à descendre sur l’horizon.