#382 - j´irai où tu iras, mon pays sera toi (pippa)

Alors que tu es affalé dans le canapé, ton esprit se raccrochant à des souvenirs trop douloureux, un rayon de soleil s'immisce dans ta journée d'une façon des plus inattendues. Pippa. Rien qu'en voyant son prénom sur cette application de rencontres, tu souris bêtement, imaginant son visage s'illuminer alors que vos regards se croisent. Elle a toujours été ton plus grand et plus beau remède. Un remède infaillible mais surtout inestimable. Alors apprendre qu'elle est de retour à Bowen, après tout ce temps passé loin d'elle, cela suffit pour te redonner un coup de peps dont tu avais grandement besoin. Afin d'être prêt avant qu'elle n'arrive, tu ouvres les placards de la cuisine pour trouver quelque chose à cuisiner. Après avoir vérifié le frigo, tu te décides pour des tagliatelles de légumes, rien de plus simple et efficace. Et surtout, idéal pour un flexitarien comme toi. Alors que tu t'occupes des pâtes de courgettes, quelques coups retentissent et immédiatement, tu te diriges vers l'entrée, impatient de retrouver celle que tu considères comme la femme de ta vie. « Salut toi. » Dis-tu en la prenant rapidement dans tes bras avant de la détailler des yeux. Elle n'a rien perdu de son charme, tu as même l'impression qu'elle est encore plus belle qu'avant mais c'est sûrement parce que cela fait un moment que vous ne vous êtes plus vus. « Qu'est-ce que t'es belle. » Ajoutes-tu pour faire écho à tes pensées. Puis, tu la prends par la main pour l'attirer dans la cuisine où tu t'affairais quelques minutes plus tôt. « J'étais en train de te préparer un repas digne de ce nom. Pour toi, comme toujours, je mets les petits plats dans les grands. » Et ça ne changera jamais parce que Pippa passera toujours avant les autres.

Je venais à peine de sortir de chez moi quand je répondis à la dernière vanne de Juliann sur BowTie, entrant dans son jeu comme d’habitude, riant de son humour. C’était drôle de voir comme nos rapports avait évolué en six ans, c’était comme si notre mariage avorté – notre non-mariage comme on se plaisait à l’appeler – avait renforcé nos liens plus que jamais. Juliann n’était plus mon amoureux mais il était définitivement le centre de mon monde, celui vers lequel je revenais toujours, peu importe jusqu’où je voyageais. Je traversai Bowen avec le sourire aux lèvres et arrivai chez mon meilleur ami, toute heureuse de le revoir. J’adorais quand ses bras me serraient contre lui, cela me faisait me sentir à la maison. J’embrassai sa joue avec bonheur.
— C’est toi qui est beau, répondis-je en souriant, et tu m’as trop manqué !
Quand je me détachai de lui, il me prit par la main pour me conduire jusqu’à sa cuisine où une bonne odeur me parvint immédiatement aux narines. Des tagliatelles de courgette ? Cela avait l’air franchement délicieux, j’en salivai d’avance. Je me penchai au dessus de la casserole puis me tournai vers Juliann avec une moue admirative.
— C’est maintenant que t’es bon à marier en fait !

« Toi aussi. Pourquoi tu me quittes toujours, comme ça ? » Demandes-tu avec un demi-sourire, prolongeant votre étreinte pendant quelques secondes encore. C'est si bon de pouvoir enfuir ton nez dans ses cheveux, de sentir ses bras entourer ton torse et de voir son sourire qui t'est destiné. Elle est ton pilier Pippa, ça ne fait aucun doute. Si elle sortait définitivement de ta vie, tu t'effondrerais sans l'ombre d'un doute. Par chance, tu n'as aucune intention de la laisser filer et aujourd'hui, vous êtes plus proches que jamais. « J'ai fait quelques progrès, c'est vrai. Enfin, tu m'en diras des nouvelles... » Tu ne te considères pas comme un grand chef mais tu prends beaucoup de plaisir à cuisiner et quand tes plats plaisent aux autres, tu ne peux qu'en être fier. Aujourd'hui, tu espères être à la hauteur, pour le retour de la blonde. Après avoir mis les légumes dans une poêle, tu touilles pour être sûr que ça ne brûle pas et rejoins Pippa sur les tabourets hauts de ta cuisine. « Alors, tu me racontes tes dernières péripéties ? » Ecouter les récits de ton ex-presque-femme fait partie de tes activités préférées. A chaque fois qu'elle te raconte ce qu'elle a entrepris et même réussi, tu sens la fierté grandir dans ton regard. Tu te sens rempli d'amour, à chaque fois que Pippa est dans les parages. Et même si ce n'est plus le même genre d'amour que lorsque vous étiez adolescents, c'est de l'amour quand même. Un amour sans failles et sans limites qui ne s'estompera jamais, tu en es persuadé. « Ne t'étonnes pas si tu entends quelqu'un rentrer, c'est ma coloc, Cassandre. J'ai des trucs à t'expliquer, moi aussi. Mais avant, j'veux que tu me parles de toi. » Dis-tu en souriant même si tu sais d'avance que parler d'Alejandro et de ta rupture sera loin d'être évident.

— Pour mieux te retrouver, soufflai-je dans son cou, avant d’embrasser la peau douce sous son oreille.
Je marquai un petit rire devant la niaiserie de ma réponse, puis me détachai de Juliann pour le suivre jusqu’à la cuisine où je ne perdis pas une miette de ses préparations. Tout semblait délicieux, j’avais hâte de goûter à ce qu’il avait concocté. Quand mon meilleur ami me demanda de lui raconter mon voyage, je ne pus empêcher le visage – et le corps musclé, tatoué, nu et transpirant – d’Alexander de passer sur mes rétines. J’ai rencontré le petit frère de ma meilleure amie en voyage, on est tombés l’un sur l’autre sans s’y attendre. C’était dingue. Je ne l’avais jamais vu comme un homme, toujours comme le garçon qui passait son temps à nous embêter quand nous étions petits, mais aujourd’hui…aujourd’hui, j’ai vu l’homme. Tu l’aurais vu, Juliann, il était beau. Je n’avais jamais remarqué à quel point son sourire était séduisant. On a passé du temps ensemble, on a fait l’amour quelques fois. On est resté dans une bulle et maintenant, je ne sais pas quoi faire de ces souvenirs. C’était ce que j’aurais du lui dire. Je savais que je le pouvais, je lui disais tout. Il ne m’aurait pas juger. Mais, j’ignorais pourquoi, je n’y parvins pas. Sans doute n’étais-je pas encore prête à mettre des mots sur cette histoire.
— C’était dingue ! dis-je. Tu sais je travaillais sur ma future série de podcasts. Bon, ça va pas forcément t’intéresser mais ça va parler des femmes et de leur rapport aux règles. J’ai recueilli tout un tas de témoignages tous plus passionnants les uns que les autres sur le jour où ces femmes ont eu leur règles pour la première fois. Je leur ai demandé de me raconter leur émotions, leur ressentis, leur doutes, leur peurs…Certains n’avaient absolument pas conscience de ce qui leur arrivait, d’autres ont vécu ça comme un passage rituel, d’autre encore ont compris le sens du mot féminité ce jour là. À onze ans, c’est fou, non ? Mais…bref…je suppose que t’as pas envie de passer la soirée à parler menstruations, je me trompe ?
Je pouffai. Puis me concentrai à nouveau sur mon ex-fiancé. Il se tenait suffisamment proche de moi pour que je passe une main tendre dans ses cheveux que je recoiffais. Il parla de sa colocataire, Cassandre, qui pouvait rentrer à tous moment. Si Juliann avait une coloc, cela confirmait les doutes que j’avais au sujet de son couple. J’avais cru le déceler sur les réseaux sociaux de mon meilleur ami, et j’en avais le pressentiment : il n’était plus en couple avec Alejandro. Je coulai sur lui un regard plein de compassion et attrapai sa main pour la serrer entre mes doigts.
— On va pas parler de moi alors que…toi, visiblement, ça va pas fort. Il…il est parti c’est ça ?
Le silence qui suivit ma question fit se serrer mon cœur. Je détestais l’idée que mon ami souffre, cela me rendait mal. Je descendis de mon tabouret et vins étreindre le brun.
— Faut être con pour te quitter, décrétai-je, et je sais de quoi je parle…
Je rigolai contre son cou puis déposai un baiser sur sa joue, tout en le gardant tout contre moi.

Pour mieux te retrouver. Tu souris plus largement, en guise de réponse, n’ayant rien à ajouter à cela. Il est vrai qu’être éloigné de Pippa est toujours compliqué mais comme elle le souligne si bien, les retrouvailles n’en sont que bien meilleures. Vous avez toujours un tas de choses à vous raconter et vous savourez chaque minute passée ensemble avec plus d’intensité. « Pourquoi est-ce que les menstruations des femmes ne m’intéresseraient pas ? » Demandes-tu, taquin, tout en continuant à écouter les explications de Pippa. « Je suis vraiment heureux pour toi. Et peu importe qu’on parle de règles toute la soirée ou non, ça me passionne toujours autant de t’écouter parler. » Voir l’émotion dans son regard, voir cette étincelle briller quand elle parle de quelque chose qui l’anime, c’est passionnant. Et tu pourrais te perdre pendant des heures dans ce regard qui t’est si familier. Malheureusement, Pippa détourne la conversation sur toi et sur cette non-présence dans ta maison, celle d’Alejandro. On ne peut pas dire que ça aille bien, de ton côté, mais tu n’as pas envie de t’apitoyer sur ton sort et de pleurer le départ de ton petit-ami toute la soirée. Tu as bien l’intention de profiter de la présence de Pippa au maximum. Tu déposes tes mains dans le bas de son dos quand la blonde te prend dans ses bras, enfouissant ton visage dans son cou. « Il est con, ouais. » Marmonnes-tu dans son cou avant de sentir ses lèvres venir se poser sur ta joue. Un contact qui se veut rassurant et qui l’est, sans aucun doute. Après t’être imprégné de l’odeur et de la présence de ta meilleure amie, tu te détaches finalement de son étreinte pour aller vérifier la cuisson des tagliatelles de courgettes. « Il ne mérite pas qu’on perde du temps à parler de lui… J’essaie d’avancer, de passer à autre chose et je sens que j’y arrive mais ça demande du temps. » Dis-tu en haussant les épaules avant de reposer le couvercle de la casserole et de revenir t’asseoir aux côtés de Pippa. « Et toi, de ce côté-là ? » Demandes-tu, curieux.

J’aimais Juliann pour son ouverture d’esprit. J’étais certaine qu’il ne disait pas ça juste pour rire ou même me faire plaisir. Il serait vraiment prêt à m’écouter parler de règles sans broncher. D’un autre côté, le sujet était bien plus intéressant qu’il n’y paraissait. Je me souvenais avoir été captivée par le récit de femmes natives américaines lors de mon dernier voyage aux usa – qui remontait déjà à quelques mois. C’était fascinant cette approche très pure, très naturelle qu’elles avaient des menstruations. Ce rapprochement qu’on pouvait faire avec le cycle de la lune notamment, celui des saisons aussi. Bref, le sujet était plus vaste qu’il n’y paraissait et je savais que Juliann était prêt à m’en entendre parler mais en vérité, je souhaitais profiter de lui ce soir, il m’avait tant manqué. De plus…comme je l’avais présumé, les choses n’allaient pas forcément bien pour lui. À commencer par sa rupture avec Alejandro. Je savais que c’était un coup dur pour lui. Je savais à quel point il l’aimait. J’essayai, du mieux que je le pouvais de le réconforter. Mais je savais qu’une seule étreinte, aussi chaleureuse soit-elle ne suffirait. S’il avait besoin, je serai là pour lui de toute manière, et cela à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Il le savait. J’espérais qu’il n’hésiterait pas à m’appeler. Juliann se détacha de moi pour aller contrôler la cuisson de ses pâtes et déclara que son ex ne valait pas la peine qu’on parle de lui. Outch. La séparation s’était donc faite avec perte et fracas. Je n’osais pas demander ce qui s’était passé. Plus tard, peut-être.
— Laisse-toi du temps, ouais…mais, si jamais t'as besoin d'en parler, tu sais que je suis là, hein ?
C’était con mais je ne savais pas trop quoi lui dire d’autre.
— Euh…moi…bah…rien de vraiment neuf. Enfin, si…je suis tombée par hasard sur le petit frère de Nev, ma meilleure amie, tu sais ? Bref…on s’est retrouvé complètement par hasard, en Italie, avec Alex…et…
Je plissai le nez, avec un sourire.
— Disons qu’on a passé quelques jours sympas. Mais (je pris un air enjôleur pour m’amuser) personne ne te remplacera jamais dans mon cœur, tu le sais ?
Je haussai les sourcils, un air malicieux sur le visage.

Evidemment que tu sais que Pippa est là, elle est toujours là. Et elle le sera toujours ou du moins tu l'espères. En tout cas, tu y crois. Si vous n'étiez pas fait pour être mariés, vous l'êtes assurément pour être meilleurs amis. L'amour que tu lui portes est sans limites et sans durée. « Je sais, merci. » Dis-tu en lui souriant sincèrement. « C'est juste qu'il n'y a pas grand chose à dire... Il est parti et il m'a quitté en me laissant un mot sur un post-it. Si c'est pas digne d'un connard, ça, j'sais pas ce que c'est. » Il n'y a pas grand chose à ajouter car la situation se résume plus ou moins à ça. Evidemment, il y a d'autres facteurs à prendre en compte mais tu ne sais pas si tu es vraiment prêt à parler de l'autre homme que voyait Alejandro pour l'instant. Là, tout de suite, tu as simplement envie de rattraper le temps perdu avec ta meilleure amie. « Euh... Nevaeh, ouais je... je vois. » Dis-tu en bégayant malgré tout parce que tu ne t'attendais pas à ce que la blonde te parle de sa meilleure amie. Meilleure amie avec qui tu flirtes, d'ailleurs, sans que Pippa ne le sache. Ta culpabilité s'atténue un peu en apprenant que la jeune femme a eu une petite histoire avec le frère de Nevaeh, elle, ce qui est sûrement pire que quelques sms et un rencard à trottinettes. Non ? « Dans ton coeur seulement ? Et pas dans ton lit ? » Demandes-tu, taquin. Quoi qu'il en soit, tu te doutais bien que Pippa n'était pas restée chaste depuis la fin de votre histoire. Il est évident qu'elle a connu d'autres hommes mais savoir que tu gardes une place toute particulière dans son coeur te rassure. « Je suis sûr que tu n'as pas trouvé meilleur coup que moi. » Ajoutes-tu en prenant un air sûr de toi, t'aventurant sur un terrain glissant, toi aussi.

Je me plaisais à penser que Juliann, en un sens, était mon âme-sœur. Cela ne signifiait pas qu’il serait l’amour de ma vie, l’unique. Bien sûr que non. Cela signifiait simplement que nous étions fait pour nous rencontrer, pour partager du bonheur sur cette terre. Jamais Juliann ne m’avait rendu triste, même lorsque nous avions décidé de ne pas nous marier et de rompre. Jamais je ne m’étais sentie repoussée ou mal-aimée avec lui. Il avait toujours su me combler, dans tous les sens du terme. Par ailleurs, je détestais entendre qu’il souffrait, je détestais que sa relation avec Alejandro lui ait fait du mal. Cela me faisait un creux dans le ventre, me donner presque la nausée. Alejandro l’avait quitté sur un post-it vraiment ? Déjà dans Sex and the city , j’avais trouvé l’idée répugnante, mais en vrai, c’était encore pire.
— Merde, je suis désolée…
Je l’étais vraiment. Comment pouvait-on faire une chose pareille à quelqu’un qu’on avait aimé ? C’était digne d’un connard, en effet. Comme Juliann voulait changer de sujet, je lui parlais de mon aventure avec Alex. J’étais sure que ça ferait diversion, et cela fonctionna. Je souris.
— Ca va, les chevilles ? rigolai-je en m’approchant de lui.
Je coulai sur lui un regard lascif. Juliann était aussi beau aujourd’hui qu’à vingt. Peut-être même plus. Un sourire coquin fendit mon visage.
— Je sais pas…ça fait longtemps, le taquinai-je. T’es assurément dans le top 10 en tout cas. Mais faudrait que tu penses à me rafraîchir la mémoire de temps en temps si tu veux garder ta place…

« C'est rien, c'est du passé maintenant. » Et même si tu as aimé Alejandro, passionnément, tu es tout de même heureux que votre histoire se soit terminée sans que vous ne soyez trop engagés l'un avec l'autre. Cela aurait été un joyeux bordel si vous aviez une maison en commun, si vous étiez mariés ou pire encore, si vous aviez des enfants. Puisque vous n'aviez rien de tout ça, la rupture a été nette et définitive. Ce qui, dans le fond, est l'idéal à tes yeux. Tu ris à ton tour quand Pippa te questionne sur tes chevilles, ne la lâchant pas du regard alors qu'elle s'approche de toi. « Elles vont merveilleusement bien. » Plaisantes-tu à ton tour. « Dans le top 10 ? Je suis choqué. » Dis-tu mi-sérieux, mi-taquin. Evidemment que tu comptes lui rafraichir la mémoire surtout après ce regard suggestif qu'elle te lance. Et t'as même envie de le faire là, tout de suite, sur ce plan de travail. « Tu vas voir que je mérite ma place de numéro un. » Murmures-tu avant de l'attirer vers toi et de l'embrasser avec passion et fougue. Tu veux que Pippa se souvienne à quel point c'était bon entre vous et surtout évident. Vos corps fonctionnaient en parfaite harmonie parce que vous vous connaissiez par coeur. Et aujourd'hui, c'est toujours le cas. Après quelques secondes, tu la soulèves pour qu'elle s'assoie sur le plan de travail de la cuisine et commences à embrasser son cou tout en glissant une main sous son haut pour que tes doigts renouent avec sa peau.

Ma mémoire n’avait pas tellement d’être rafraîchie s’il me faillait être complètement honnête. Juliann n’était pas simplement un amant parmi tant d’autres, à mes yeux. Je me souvenais bien évidemment des moments que nous avions passés ensemble, les plus intimes y compris, et je les chérissais comme un trésor. Malgré tout, ce petit jeu m’amusait. Cela faisait des années que la relation qu’il y avait entre Juliann et moi était platonique, des années que nous n’avions plus fait l’amour, et j’avais hâte de retrouver ça peau.
— Numéro un, carrément ? plaisantai-je, la barre est haute, très cher…
J’étais sûre, néanmoins, qu’il relèverait le défi haut la main. Juliann avait un avantage sur mes autres conquêtes : il me connaissait par cœur et à en juger par la manière dont il prit les choses en main, il n’avait rien oublié. Son baiser me fit chavirer en un instant. Je passai instinctivement les mains dans ses cheveux, me collant à lui, puis il me souleva pour me faire asseoir sur le plan de travail. Les pans fluides de ma jupe longue, glissèrent sur mes cuisses quand je vins entourer la taille de Juliann de mes jambes. Ses doigts s’aventurèrent sous mon t-shirt, ma peau frissonnant à ce contact. Un sourire naquit sur mes lèvres, dévorant encore celles de mon amant. Je me détachai doucement, laissant mes poignets se croiser derrière sa nuque, mes bras reposant sur ses épaules, je coulai des yeux tendres vers mon pompier préféré.
— Tu te souviens de la première nuit dans notre premier appart ? soufflai-je avec tendresse.
Le lit que nous avions commandé à l’époque n’était pas encore arrivé, nous avions dormi et fait l’amour dans une sorte de nid que nous avions confectionné à même le sol, avec des coussins, des plaids et des couvertures. Le summum de l’inconfort, mais cela ne nous avait pas dérangé pour autant.

La barre est haute, très cher… Tu fronces légèrement les sourcils comme si l’idée qu’un autre puisse prendre ta place dans le cœur de Pippa te dérangeait, avant de rétorquer : « Il va falloir que tu me donnes un nom pour que j’aille trouver le numéro un et m’assurer qu’il ne puisse plus l’être. » Plaisantes-tu, en retrouvant ton sourire. C’est plaisant et surtout rassurant de retrouver la blonde de cette façon-là. Ces dernières années, vous avez laissé cette attirance derrière vous mais aujourd’hui, vous êtes prêts à renouer avec le plaisir du corps. C’est spontané et inattendu mais vraiment grisant. Après avoir soulevé Pippa pour l’installer sur le plan de travail de la cuisine, tu continues d’embrasser ses lèvres puis son cou jusqu’à ce qu’elle t’arrête. Tu souris plus largement en entendant sa question, les souvenirs défilant déjà dans ta tête. « Evidemment, comment l’oublier… » Murmures-tu en approchant ton visage du sien. « J’ai eu mal au dos pendant des jours après ça. » Rétorques-tu en riant. « Mais je m’en foutais parce que tout ce qui comptait, c’était de m’endormir chaque soir à tes côtés et de te faire l’amour comme si ma vie en dépendait. » Tu t’es toujours donné corps et âme dans ta relation avec Pippa que vous soyez en couple ou amis. Aujourd’hui, rien n’a changé, tu serais prêt à tout pour cette femme. « Et aujourd’hui tu vas voir que j’suis comme le vin, j’me bonifie avec le temps… » Dis-tu en souriant largement avant de relever sa jupe encore plus haut et de faire glisser son sous-vêtement le long de ses jambes pour qu’il s’écrase sur le sol. Après lui avoir volé quelques autres baisers, tu te baisses un peu et lui jettes un dernier regard coquin avant d’enfuir ton visage entre ses cuisses, ta langue se mêlant aux caresses que tu lui offres. En sentant son corps réagir à tes coups de langue, tu accentues encore plus tes gestes, bien décidé à retrouver ta place de numéro un.

J’éclatai de rire devant la plaisanterie de Juliann. Cette légèreté qu’il y avait entre nous ne changeait pas et j’avais toujours plaisir à la retrouver. Nous n’étions plus un couple, mais notre relation n’avait pas vraiment changée depuis notre mariage avorté, hormis pour le sexe puisque c’était la première fois, en six ans, que nous remettions le couvert, et ça n’était pas pour me déplaire. Les souvenirs de notre vie à deux remontèrent inévitablement. Nous avions été si heureux. Il embrassait mes lèvres, puis mon cou comme il ne l’avait plus fait depuis six ans, ou si peu. Son odeur, la texture de sa peau contre la mienne, le goût de ses lèvres étaient ancrés en moi, tout cela ne semblait jamais m’avoir quittée. Tout était si familier, si naturel, si pur. Me recueillant en lui comme dans un endroit sacré, j’avais le sentiment que rien ne pouvait m’arriver, tant qu’il était là. Juliann était mon Tout, depuis toujours. Je laissai son sourire m’envahir et caressai doucement son visage tandis qu’il parlait. Il avait toujours su comment me faire me sentir aimée, comment me rendre importante et unique. Dans ses bras, je n’avais jamais eu peur de rien, et c’était vrai, à chaque fois, il me faisait l’amour comme si c’était la dernière fois. Il n’y avait jamais existé de lassitude entre nous, toujours une passion vive et une grande tendresse.
— Ca valait largement tout ces maux de dos, ris-je en embrassant ses lèvres.
C’était si incroyable de constater que cette alchimie entre nous ne s’était pas estompée avec le temps. Amis, nous étions géniaux. Amants, nous étions beaux, lumineux, comme deux âmes invincible contre le reste du monde.
— Ca tombe bien, j’adore le vin vieux, plaisantai-je en plantant mes iris malicieux dans les siens.
Ses mains semblaient tracé des sillons brûlant sur ma peau dans qu’elles soulevaient ma jupe pour aller attraper mon sous-vêtement. Je levai le bassin pour aider le mouvement, et me mordis les lèvres d’anticipation quand mon sexe fut découvert. J’adore cette sensation, me savoir offerte, nue face à lui avait quelque chose d'extrêmement grisant. Un sourire concupiscent se heurta à l’œil taquin de Juliann qui descendit lentement, jusqu’à se positionner entre mes cuisses. Des langues de feu parcoururent soudain mon corps quand sa langue rencontra mes chaires intimes. Ma respiration s’accéléra et instinctivement, je cambrais le bassin. Je me mis à caresser ses mains qui maintenaient mes cuisses ouvertes, longeai amoureusement ses bras qui m’avaient si souvent étreinte, et remontai sous ses manches pour masser les muscles tatoués de ses épaules. J’adorais le regarder quand il me faisait l’amour, j’adorais sentir les tensions dans son corps. Une vague de plaisir me saisit, et je balançai la tête en arrière, me mordant la lippe. D’une main, je pris appuie derrière moi pour basculer davantage les hanches vers lui, tandis que l’autre fourrageait ses cheveux. Je laissai échapper un premier soupir, sentant mon sexe se gonfler ses caresses habiles. Juliann n’avait rien à prouver. Mon corps lui répondait encore avec une rapidité déconcertante, même après toutes ses années.

Juliann me rendait folle, allumant un feu ardent dans mon bas ventre. Ses caresses m’arrachèrent rapidement de petits cris de plaisir que je laissais envahir la pièce. Il jouait de sa langue, tantôt avec fermeté, tantôt avec douceur et semblait caller sa cadence aux réactions de mon corps. Mon ex avait toujours su écouter le langage silencieux de mon corps, il lisait en moi comme dans un livre ouvert et cela dans tous les domaines de notre relation. Le sexe, bien que nous ne l’ayons plus expérimenté ensemble depuis un long moment, était notre terrain de jeu et Juliann était un excellent joueur. Esclave de sa bouche, je laissai pleinement mon plaisir s’exprimer, gémissant son prénom à plusieurs reprises tandis que l’orgasme montait doucement en moi comme la lave au cœur d’un volcan sur le point de libérer une éruption ravageuse. Je sentis mon sexe pulser sous la langue de mon amant, me cambrant aussitôt, laissant une vague dévastatrice tout rafler sur son passage et faire trembler mes membres. Quand Juliann remonta vers moi, je n’avais pas encore pleinement repris mes esprits. Mes joues étaient en feu, à tel point que j’avais l’impression d’avoir de la fièvre. Maintenant, je vais te faire l’amour sur ce plan de travail. La voix rauque de Juliann, son ton déterminé et le regard brûlant qu’il plantait dans le mien m’enflammèrent en une seconde. Cet homme serait ma damnation...
— Tu vas me rendre folle, avouai-je à bout de souffle.
Il pouvait faire ce qu’il voulait de moi. J’étais à lui, corps et âme aujourd’hui. Juliann m’embrassa avec une fougue qui me fit perdre la tête. Je gémis contre ses lèvres et ne les quittai qu’au moment où il me fit ôter mon t-shirt. Son compliment me fit sourire aussitôt. Il n’avait rien besoin de dire en réalité, je m’étais toujours sentie belle dans ses yeux. Il avait ce pouvoir de me faire sentir si spéciale, de balayer en un instant toutes mes insécurités. Je caressai sa joue avec tendresse, et capturai ses lèvres dans les miennes. J’aimais tant être nue face à lui, j’aimais ses yeux sur moi, j’aimais qu’il me trouve belle. J’aimais aussi beaucoup le toucher, aussi laissai-je mon envie me guider jusqu’à sa ceinture que je débouclai avec empressement.
— J’ai le droit de profiter un peu de ma surprise avant ? m’amusai-je entre deux baisers taquins.
Je déboutonnai ses jeans et dévoilai son érection que je m’appliquai aussitôt à caresser. Mes baisers migrèrent dans sa nuque, alors que j’entamai quelques va-et-vient appuyés, guettant ses réactions. L’excitation fit se contracter mon sexe. J’avais tellement envie de lui, là tout de suite.
— Oh, Juliann..., soufflai-je à son oreille.