zenitude please + woody

Arrivée à Bowen depuis maintenant deux jours à peine, j’avais décidé de reprendre ma vie en main. Enfin, le cours régulier de ma vie. Je sortais de mon hôtel, j’avais besoin d’un moment de plein air. Après avoir envoyé quelques courriels concernant mon futur emploi du temps, je devais me dégourdir les jambes. Je devais bouger, je ressentais cette envie folle d’explorer, de bouger dans la nature. Je portais une tenue de sport, mes cheveux longs noués par un élastique en une longue queue de cheval avant de m’éclipser dans un centre commercial pour m’acheter le nécessaire : un tapis de yoga, un sac de sport et une bouteille que je ne tardais pas à remplir d’eau. J’enlevais toutes les étiquettes à la sortie du centre commercial et je ne tardais pas à repartir à l’aventure. Bowen était minuscule et j’avais l’impression que je pouvais tout faire à pieds... Mais que pour certaines distances, je serais mieux d’avoir un vélo. Je me rendais à un endroit où on en permettait la location moyennant une petite somme. Je partais à la découverte de Bowen. Tout près de la plage, je retrouvais de petites collines que je grimpais à vélo pour m’éloigner. Pour retrouver la paix d’esprit. Je laissais le vélo de côté pour mieux ouvrir mon tapis et commencer à m’exécuter. Salutation du soleil, position du triangle puis celle de la roue. J’inspire et j’expire. Je me retrouve peu à peu. Je m’arrête ne serait-ce qu’un instant pour admirer la plage près de moi. J’y ferais sans doute un saut un peu plus tard aujourd’hui. Je reprenais les mouvements par habitude, l’esprit vaguant. J’avais dans l’intention de trouver une grotte, de faire quelques sauts périlleux dans l’eau, de profiter de sa fraîcheur après avoir trouvé quelques fruits frais. Mes plans de la journée se créaient devant moi à mesure que mes postures de yoga se succédaient.

S’il y avait un moment, un endroit, où Woody sentait qu’il était utile ces derniers temps, c’était à son boulot, quand il aidait les autres. Que ce soit en tant que physiothérapeute ou professeur de yoga, cette sphère de sa vie était celle qui le comblait le plus, aussi triste cela pouvait-il être. Durant des années il avait mis sa vie sociale de l’avant, aimait bien sûr aller bosser, mais préférant tout de même terminer une journée autour d’une bonne bière et d’un paquet d’amis ou de belles femmes. Depuis quelques jours, voire quelques semaines, Woody avait l’impression que ses erreurs, ses conneries, lui avaient peu à peu enlevé ce petit bonheur. Qu’il n’était plus apprécié. Qu’il n’avait plus sa place nulle part, sauf là où il se l’était faite par lui-même. Comme sa clinique, comme au sein de son groupe de yoga plein air. D’ailleurs, c’était dans ce dernier qu’il se trouvait actuellement, tous les participants juchés en haut d’une petite colline faisant face à l’océan. En position du virabhadrasana, ou la position du guerrier, la vue était tout simplement splendide. Un petit moment paradisiaque, qui forçait inévitablement à la méditation, à la relaxation. Woody se vidait le cœur et l’esprit, même s’il était le professeur, même s’il était celui qui devait aider les autres à en arriver là, pas se montrer égoïste et le faire seul. Là, il en avait besoin, plus que tout. Pour faire le point. Pour essayer d’entrevoir les prochaines étapes de sa vie qui, pour une fois, semblaient si vagues et effacées. Lui qui avait toujours su ce qu’il désirait, Woody était maintenant perdu dans son propre tableau. À la fin de son cours, il remercia tous les participants, discuta avec quelques habitués, et rangea son matériel en même temps que les autres. Il attendit toutefois d’être le dernier tout en haut de la colline avant de la redescendre, silencieusement. C’est alors qu’il aperçut, tout juste un peu plus bas, une belle blonde en posture de lotus, les yeux fermés, les cheveux bercés par la brise. Il esquissa un sourire avant de s’approcher d’elle. D’une voix douce pour ne pas briser sa détente, Woody commença : « Tu sais, on est un groupe à faire du yoga à cette heure précise, juste un peu plus haut. Si ça t'intéresse, tu peux te joindre à nous. » Proposa-t-il. Il savait que certaines personnes préféraient pratiquer le yoga en solitaire, question de maximiser la détente, et il n’avait rien contre cela. Cependant, il savait aussi que certaines personnes étaient trop gênées pour se joindre à un groupe alors que cela pourrait être bénéfique autant pour leur technique que pour leur santé sociale.

Je n’avais pas entendu le groupe de yoga ou je ne l’avais pas considéré comme tel, du moins. Des bruits, il y en avait avec la plage à proximité et de mon côté de me concentrait sur mon intérieur, sur le silence de mon âme qui ne demandait qu’à se retrouver. « Tu sais, on est un groupe à faire du yoga à cette heure précise, juste un peu plus haut. Si ça t’intéresse, tu peux te joindre à nous. » J’ouvrais les yeux et je découvrais l’homme en question à qui je faisais un sourire. Je poursuivais mes diverses positions en soufflant bien. « La proposition est appréciée. Néanmoins, je pense que tous les membres n’arriveront pas à suivre ma fréquence. » Je lui faisais de nouveau un sourire simple, sans prétention. Je devais faire du yoga une fois au minimum par jour, deux fois quand une journée allait bien et trois si j’étais réellement nerveuse. « Vous voulez vous joindre à moi? » lui demandais-je en poursuivant pour une nouvelle position impliquant davantage de souplesse. C’était la politesse ou la moindre des choses. Et c’était un très bel homme, qui plus est! « Je suis Thiago. » lui dis-je en me présentant, pas de poignée de main ou quoi que ce soit puisque mes mains s’occupaient de conserver mon équilibre.

Sans cesser d’exécuter ses mouvements, sans cesser de contrôler sa respiration, la jeune femme leva les yeux vers Woody et déclina son offre, prétextant que la majorité des membres ne sauraient sans doute pas suivre son rythme. Il arqua un sourcil, un coin de lèvre relevé par l’amusement. Elle lui faisait penser à … nul autre que lui. « Je vois. » Avait-il déclaré en la regardant harmonieusement enchaîner un autre mouvement avec la plus grande grâce. Elle lui proposa alors de se joindre à elle, plutôt. Woody hésita un moment, après tout il venait d’enseigner une heure de cours, mais il était vrai qu’entre enseigner le yoga et le pratiquer, il y avait une bonne marge. Woody n’arrivait jamais à réellement trouver son havre de paix intérieur lorsqu’il devait constamment surveiller la posture de dix autres personnes. « Ça dépend, tu crois que je serai capable de suivre ta fréquence ? » Demanda Woody avec un certain sarcasme, parce qu’au fond, il savait bien qu’il saurait la suivre. Elle était douée, certes loin d’une débutante, mais Woody en était loin aussi. Il était professeur de yoga depuis cinq ans maintenant. Il décida finalement de se joindre à elle, autant parce qu’il en avait bien besoin que parce qu’elle était très belle. Il déplia donc son tapis de yoga pour la seconde fois de la journée, et s’installa à ses côtés alors qu’elle se présentait, toujours bien concentrée sur sa posture. « Et moi Woody. » Il jeta un coup d’œil aux mouvements de la jeune femme, et l’imita, suivant son enchaînement de postures question qu’ils ne se dérangent pas dans des positions trop différentes. Après un moment, il regarda encore du coin de l’œil la belle Thiago, et un sourire discret se dessina sur son visage. « Tes fesses sortent un peu trop, là. À moins que ce soit fait exprès. » Une petite façon d’aller la chercher, de la taquiner. Sa posture était presque parfaite, il se moquait d’elle. Ses fesses étaient certes légèrement en dehors de sa ligne de corps, mais c’était même normal. Disons que c'était plutôt pour se venger de la prétention ultérieure de la blonde.

« Ça dépend, tu crois que je serai capable de suivre ta fréquence? » Je riais doucement à son sarcasme. « Je fais du yoga tous les jours. Je ne crois pas que ce soit le cas de tous ces gens. Ceci étant dit, si tu es vraiment un professeur et un expert du yoga, tu devrais être capable de m’arriver à la cheville. » Il voulait jouer, je jouerais également. Je le regardais s’installer à mes côtés du coin de l’œil alors que je poursuivais mes enchainements routiniers. Il me disait son nom et je ne pouvais pas réprimer un sourire. « Comme le cowboy de Toys Story? » Il devait l’entendre mille et une fois, mais juste pour me moquer, j’allais augmenter le tout d’une fois de plus. Je poursuivais ma respiration lente et contrôlée, je trouvais mon équilibre pour mieux laisser mon esprit se reposer. Alors que je retrouvais mon havre de paix intérieur, il ne tardait pas à m’en sortir. Je l’avais invité pour qu’il me suive dans cette détente, pas pour la discussion. « Tes fesses sortent un peu trop, là. À moins que ce soit fait exprès. » J’échappais un sourire, je tentais de replacer mon corps adéquatement en grimaçant un peu. « Je suis tombée, il y a quelques semaines. Je n’ai pas encore retrouvé mon niveau. » Juste avant un défilé de mode et bien que j’avais consulté un physio en Amérique, la douleur persistait de temps à autres. Et loin de moi les cachets du démon! Je poursuivais tout de même mes mouvements. « J’ai pas consulté depuis mon arrivée. » lui dis-je simplement en haussant les épaules. Je devrais néanmoins optimiser mon niveau selon ce que Woody me disait.

Bon, expert du yoga, il ne savait pas trop si c’était le terme à utiliser, mais il pratiquait lui aussi quotidiennement cette discipline. Que ce soit pour dix minutes à peine le temps de se réveiller le matin que pendant deux heures lors de ses cours, Woody cherchait à se garder au moins un court moment par jour pour ce faire. « Attention, avoir la grosse tête c’est pas forcément bien pour garder l’équilibre. » Lâcha Woody, ayant toujours son fidèle sens de la répartie, avant de s’installer à côté d’elle suite à son invitation. Thiago se présenta alors l’homme en fit de même, ce qui eut pour effet de la faire sourire. Elle n’était pas la première et certainement pas la dernière non plus. « Comme le shérif de Toys Story, tu veux dire. » Bien plus qu’un simple cowboy, celui-là. Woody lui lança un coup d’œil amusé avant de se concentrer de nouveau sur sa routine, jusqu’à ce qu’il remarque les fesses décalées de la blonde. Évidemment, vue l’attitude de Thiago, il ne se gêna aucunement pour le lui faire remarquer. Ça lui faisait bien trop plaisir. La blonde lui apprit alors qu’elle était tombée et s’était donc légèrement blessée il y a de cela quelques semaines, et qu’elle n’avait pas consulté depuis son arrivée. Woody la regarda, convaincu que ce n’était pas le hasard qui faisait en sorte qu’elle lui disait cela, et hésita un moment avant de dire : « Si tu veux, je te donnerai l’adresse de ma clinique et tu pourrais passer en soirée après mon dernier patient, je te ferai une consultation rapide. Je suis physiothérapeute. » Lui apprit-il. Même s’il n’avait pas décidé de venir à elle dans le but de la séduire, les astres s’alignaient pour que Woody ait toutes les opportunités possibles de le faire quand même. Pour une fois qu’il ne poussait pas trop et que ça lui venait aisément.

« Attention, avoir la grosse tête c’est pas forcément bien pour garder l’équilibre. » « Ça dépend où ça apparait parce que si c’est balancé, l’équilibre n’en est pas affecté. » J’allais répliquer chaque fois qu’il allait le faire. C’était presque comme un défi intérieur, un amusement certain. Je rouspétais sans cesse en vieillissant alors que plus jeune, je n’étais que l’ombre de moi-même. Puis, il me disait que Woody n’était pas le cowboy, mais bien le shérif et je levais les yeux au ciel avec un fin sourire aux lèvres. « Encore heureux qu’on t’ait pas appelé Buzz l’éclair. » concluais-je finalement. C’était peut-être mieux pour lui. Suite à notre discussion concernant ma chute, il me disait qu’il était physiothérapeute et surprise je lui faisais un sourire. « Sans problème. Merci, Woody. C’est apprécié. » lui dis-je avec un sourire légèrement crispé en me disant que j’allais devoir lui dire comment je m’étais fait le tout. Je poursuivais mes changements de poses lentement et avec grâce. « Tu pourrais m’aider avec le Dwi Pada Sirsasana? » lui demandais-je avec une lueur de défi et de charme dans les yeux connaissant parfaitement la position. Je savais également qu’elle démontrerait une fois de plus ma souplesse sous les yeux brillants d’un homme. Il faut bien savoir se servir de ses charmes.

Elle avait réponse à tout, Thiago, tout comme Woody d’ailleurs, mais pour le coup de la tête et de l’équilibre, elle aurait le dernier mot. Ce serait de l’abus que de chercher à trouver quoi que ce soit à ajouter, et parfois, pour gagner une guerre, il fallait perdre des batailles. Dans le jeu des répliques, c’était la même chose, il fallait accepter parfois qu’aller trop loin était pire que de ne rien dire. Il se contenta donc de sourire en la regardant en arquant un sourcil, puis retrouva sa concentration sur ses positions jusqu’à ce qu’ils se présentent et qu’elle se moque un peu de son prénom. « Buzz c’est quand même classe comme prénom. Et puis, sincèrement, devant une fille qui porte le prénom d’un joueur de football reconnu internationalement, j’sais pas ce qui est le plus drôle. » Renchérit Woody. Il était bien sûr conscient que son prénom état la formule idéale pour attirer les mauvais jeux de mots et les références à des dessins animés divers, mais sans pouvoir se l’expliquer, il avait ce besoin que Thiago ne ressorte pas totalement gagnante de la joute. Au moins, à leur prochaine discussion, Woody réalisa qu’il pourrait avoir le bon rôle entre les deux, le rôle de celui qui pouvait l’aider. En tant que physiothérapeute, le jeune homme était plus que formé pour l’aider à se remettre de sa blessure. Sans doute serait-elle-même tombée sur lui si elle avait cherché une clinique à Bowen. Elle avait donc intérêt à accepter, ce qu’elle fit, au plus grand bonheur malsain de l’homme. Il lui donnerait les informations et l’emplacement de sa clinique lorsque leurs chemins se sépareraient, pour aujourd’hui seulement. Thiago lui demanda alors de l’aide pour son Dwi Pada Sirsasana, et vu comment elle avait formulé sa question, Woody se doutait bien que de l’aide, elle n’en avait pas besoin. Il la regarda d’ailleurs avec un brin de suspicion, tout en étant fortement amusé, et hocha la tête. « Bien sûr, montre-moi comment tu t’en sors avec et j’essaierai de corriger certains détails. » Connaissant très bien la position en question, Woody quitta momentanément son tapis pour s’approcher d’elle, question d’en avoir plein la vue. Et par plein la vue, je veux vraiment dire : plein la vue.

Alors que je le taquinais, il revenait à la charge concernant mon prénom et je pouffais de rire. « C’était ça ou Delfina. Je m’en compte toujours chanceuse. » Il était un bon joueur, ce Woody. Je commençais déjà à l’apprécier. « Mais touché, Woody, touché. » Je m’admettais ouvertement vaincue. « Tu es physiothérapeute depuis longtemps? » lui demandais-je, curieuse, mais également intéressée par la situation. Lentement, je m’installais dans la prochaine position après son approbation. Je remontais lentement mes jambes le long de mon dos pour les croiser avec les mains devant en priant. « Ça va, tu crois? » lui demandais-je en m’étirant un peu davantage. Pour me donner un défi supplémentaire, je mettais mes bras sur le sol et je soulevais mon corps dans les airs où je le gardais sans bouger. Ça faisait travailler les muscles. « Es-tu capable de le faire également? » lui demandais-je avec un sourire en coin, pointe de curiosité dans la voix. Je me doutais bien que c’était une histoire de souplesse, qu’il serait sans doute capable de m’appuyer et de me pousser. Et je posais ma question qui venait me trotter en tête. « Donnes-tu des cours de yoga privés, Woody? » Je n’avais plus le mien maintenant et peut-être qu’il accepterait de me suivre et qu’il me pousserait un peu davantage.

Delfina. Ça ressemblait à dauphin en espagnol ou un truc dans le genre, ce qui tira un rire à Woody. Il lui jeta un coup d’œil amusa quand elle capitula devant sa réplique, et détourna son regard jusqu’à ce qu’elle lui demande s’il était physiothérapeute depuis longtemps. « Depuis cinq ans. Ça fait moins d’un an que j’ai ma clinique par contre, avant je travaillais pour d’autres. » Ce qu’il n’aimait pas du tout. Maintenant, il pouvait prendre ses propres décisions, il avait toujours le premier choix pour ses congés et il ne répondait de personne sauf de lui-même. Bref, Thiago entreprit la fameuse position des plus complexes quant à la souplesse, et demanda à Woody si ça allait, selon lui. Il esquissa un sourire en la regardant, parce que tout juste sous son visage se trouvait son entre-jambe plus qu’écarté. « Oh oui, ça va. » Dit Woody avec un ton qui laissait croire qu’il ne parlait peut-être pas seulement de l’accomplissement de la position en tant que telle. Thiago mit alors le paquet en soulevant son corps dans les airs, celui-ci ne reposant donc que sur ses mains au sol. D’un ton de défi, elle lui demanda s’il était capable de le faire également. « Eh, j’ai refusé pendant longtemps de faire cette position, j’avais peur pour mes bijoux de famille. J’ai commencé à la pratiquer y’a pas si longtemps, alors je ne suis certainement pas aussi souple. » Il aurait pu essayer de la faire, là, mais honnêtement il n’avait pas forcément envie d’exécuter une position aussi étrange face à Thiago. Il avait encore un certain espoir de voir si elle était aussi souple au lit. La blonde lui demanda finalement s’il donnait des cours de yoga privé, ce à quoi il aurait pu répondre négativement à n’importe qui, mais c’aurait été con de le faire face à Thiago. « Ça peut s’arranger. Tu serais intéressée ? » Demanda-t-il avec un sourire, enchaînant une position debout, la regardant du haut de ses six pieds.

« Et travailler pour d’autres ne te plaisait pas, bel homme? » lui demandais-je en continuant mes diverses positions de yoga et ma respiration détendue. En même temps, avec ce que je voyais jusqu’ici, ça ne m’impressionnait guère. Puis, je tentais le tout pour le tout sous ses yeux qui me disait que ça convenait et j’éclatais de rire. Évidemment que ça conviendrait. J’y mettais toute mon énergie. Je redescendais doucement mes jambes en me relevant. Il poursuivait en disant qu’il s’inquiétait pour ses bijoux de famille, ce qui me faisait glousser. « Je crois que la souplesse ne se pratique pas qu’en une seule position. » Je lui adressais un clin d’œil avec un sourire en coin. C’était lourd de sens et j’espérais que cet homme ne soit pas en couple à l’heure actuelle. Il me donnerait bien une raison de m’amuser un peu en Australie. De mon côté, je peinais à me rappeler que j’étais moi-même en couple. Je déglutissais en me le rappelant à moi-même, comme si j’avais un pied d’attache. Il répondait à ma question en me questionnant davantage. « Je viens d’arriver en Australie pour différentes raisons et je vais avoir besoin de quelqu’un qui saura repousser mes limites, qui saura m’aider à parvenir à mes buts. Tu crois que tu serais capable de remplir cette tâche? » lui demandais-en poursuivant. J’exécutais la même position que lui pour le suivre dans ce qu’il faisait. Il allait devoir me prouver qu’il était un bon instructeur d’abord et avant tout, mais ça ne semblait pas être un problème.

Woody haussa les épaules à la question de Thiago. Il n’avait pas particulièrement de problèmes avec l’autorité, mais il était vrai qu’avoir le loisir de choisir ses horaires, d’avoir le dernier mot, d’engager les employés par lui-même et de prendre les décisions lui plaisait davantage que de voir tout tourner autour de lui sans qu’il ne puisse y faire quoi que ce soit. « Ça me rendait indifférent, alors que maintenant que c’est les autres qui travaillent pour moi, je me sens plus challengé. Plus libre, aussi, c’est certain. » Avoua-t-il, car il ne pouvait quand même pas nier que c’était l’un des avantages d’être son propre patron. Plus jamais il n’aurait de mal à insérer ses cours de yoga dans son horaire ou à prendre quelques clients en massothérapie. Il pouvait jongler entre tous ses boulots – ou, en d’autres termes, ses passions – sans se soucier d’empiéter sur l’un ou sur l’autre. Quand Thiago travailla sa position qui requérait effectivement beaucoup de souplesse, elle ne manqua pas d’en faire un commentaire à Woody, qui comprit bien vite le double-sens. Il avait l’habitude, Woody, de lire entre les lignes. « Je la pratique effectivement de bien d’autres façons … » Pour le plus grand plaisir de l’homme, la blonde continua sur cette lancée séductrice et lui demanda s’il pourrait être son professeur de yoga privé. Qui dit privé, dit intimité, parce qu’ils seraient seuls tous les deux, sans qui que ce soit pour les déranger. Et qu’on pratique le yoga chaud ou le yoga standard, il y avait toujours moyen de faire monter le thermomètre quand l’attirance était au rendez-vous. « Oh, crois-moi, je n’aurai aucun mal à te pousser dans le derrière. » Encore une fois, ils jouaient avec les mots, prenant un malin plaisir à se faire subtilement comprendre que leur relation ne serait pas platonique. « Pas trop fort pour commencer, par contre, faut que je te guérisse avant … » Ajouta-t-il, toujours à propos de son fessier.

Il ne tardait pas à me confier que ça l’indifférait, mais que maintenant c’était un bon défi et qu’il se sentait plus libre. « J’en déduis donc que les affaires vont bien. » lui dis-je avec un petit sourire en expirant. De son côté, le personnage principal de Toy Story ne tardait pas à me confier que lui aussi pratiquait le tout de façon créative. « Très bien. » lui confiais-je en me relevant, toujours un fin sourire aux lèvres parfaitement en contrôle de la situation. « De quelle façon pratiques-tu? » lui demandais-je avec un sourire aux lèvres en lui faisant maintenant face. Je me penchais sous ses yeux pour m’étirer davantage. Je jouais à l’aguicheuse et je sentais que j’allais bientôt payer. Il disait qu’il n’aurait aucun problème à me pousser dans le derrière et je levais les yeux vers le ciel. Je me relevais en glissant mon index devant ses lèvres. « Tu devras respecter mes limites, Woody. » lui dis-je simplement. Ça en disait déjà long sur ce que je refusais. Il me disait qu’il irait doucement, mais qu’il me guérirait. « Je suis entièrement d’accord pour la guérison. » Je baissais le regard, la jouant faussement timide puis je le relevais vers lui. « Demain soir, ça t’irait? » lui demandais-je avec un sourire au coin des lèvres. J’avais bien besoin de me ressaisir d’ici là. Une douche froide et pourquoi pas deux? Ça m’aiderait grandement... J’en aurais besoin tôt ou tard.

À sa question, Woody hocha la tête. « Oui, les affaires vont plutôt bien. Disons qu’à part la clinique publique de l’hôpital, où les délais d’attente sont assez longs, il n’y avait pas vraiment de grosse clinique à Bowen. » Certes, travailler au privé était socialement moins bien vu, mais en même temps Woody permettait ainsi de désengorger les listes d’attente de l’hôpital en attirant les habitants plus riches ou mieux assurés. Et puis, il faisait pas mal plus d’argent que les physiothérapeutes ou les kinésithérapeutes de l’hôpital et ça, ce n’était pas négligeable dans sa liste de priorités. Puis, Thiago le questionna sur sa souplesse, et lui demanda de quelle façon il la pratiquait. Elle le cherchait, surtout en s’étirant de cette façon sous ses yeux. Un sourire satisfait éclairait le visage de Woody. « Ah, ça, je te montrerai en temps voulu. » Il lui adressa un furtif clin d’œil avec un sourire, pensant notamment à lorsqu’elle viendrait, en fin d’une quelconque soirée, recevoir ses services gratuits de physiothérapie. Woody parla alors de repousser ses limites en la poussant dans le derrière s’il devenait son professeur de yoga privé, et elle ne manqua pas l’occasion de faire une autre allusion sexuelle, démontrant clairement ses préférences. Bon, c’était une légère déception pour Woody, mais il s’en remettrait. Thiago était aussi désirable de face que de dos. En le disant, la jeune femme s’était redressé et avait glissé son index devant ses lèvres. Quelle aguicheuse. Il ne fit que sourire à sa remarque, comprenant tout le double-sens. Thiago proposa alors qu’ils se rencontrent demain soir pour qu’il lui fasse une séance de réadaptation pour sa blessure. Woody hocha la tête. « Ça devrait pouvoir se faire. Tu me laisses ton numéro de téléphone ? Je pourrai te texter l’heure de mon dernier patient, t’auras qu’à passer après … » Même pas besoin d’une excuse pour obtenir son numéro ; comme Woody n’avait pas son horaire de journée du lendemain sur lui, il n’avait pas d’autres choix que de l’envoyer par ce moyen à Thiago.

« Oh, je ne connais pas réellement Bowen, pour être honnête. » lui avouais-je en toute sincérité avec un petit sourire en haussant les épaules. Je ne connaissais que ma sœur et Isaiah, après tout. « J’imagine que tu sauras me faire visiter. » lui dis-je avec un clin d’œil en me disant que malgré tous mes voyages, je revenais toujours au même point avec Portland que je connaissais comme le fond de ma poche. Après tout, je n’étais pas ici de façon permanente et m’amuser un peu avec Woody pourrait être intéressant... Ce dernier me disait qu’il me montrerait sa souplesse en temps voulu. Chaque chose en son temps... Mais je n’étais guère patiente. J’échappais un petit sourire en poursuivant mes mouvements lents et vaste accordé à ma respiration pour calmer les hormones bouillantes en moi. En bonne aguicheuse, il répondait en me disant que ça se ferait... Il me demandait mon numéro de téléphone et je hochais la tête en le lui remettant. « Tu ne me fais pas faux bond? » lui demandais-je avec un sourire en coin. Je comptais sur lui après tout pour me remettre de cette fameuse chute. J’entrais mon téléphone dans le sien. Je repliais mon tapis que je mettais dans mon sac presque prête à disparaitre. « Écris-moi. » lui dis-je avec un sourire en glissant un baiser au coin de ses lèvres avant de partir de mon côté, le laissant seul avec ses hormones parce que j’avais les miennes à contrôler plus que les siennes.