the way out is through (amelia)

Vingt juillet, un mois pile, ou presque, après la fin des classes. August déposa le dernier examen qu’il avait à corriger sur la pile à sa droite, et contempla le vide à sa gauche. Parce qu’il n’avait plus aucune copie à corriger. Un large sourire se dessina sur ses lèvres, et il s’étira vers l’arrière, les mains effleurant le tableau derrière lui. Le tableau tout noir, tout propre, parce qu’aucune craie ne l’avait effleuré depuis trente jours. « C’est les vacaaaances ! » Chantonna à lui-même August tout en rangeant ses effets personnels dans son sac. Il avait rentré la dernière note dans le logiciel en ligne des résultats, et avait mis les copies d’examens dans une enveloppe à remettre au secrétariat. Il passerait par là en sortant. August regarda par la fenêtre ; le soleil plombait sur toute la ville, il y avait un tas de gens avec des cornets de crème glacée qui marchaient dans la cour verte, et bientôt August ferait partie de ces personnes à avoir toutes ses journées de congé. Enfin, le jour, parce que le soir, il continuerait de s’occuper de sa rhumerie comme il l’avait toujours fait. Bref, le professeur d’histoire ferma la porte de la classe et alla s’assurer que son bureau était tout aussi vide et rangé pour le reste des vacances. Il n’aimait pas corriger à son bureau par manque d’espace, dans une classe c’était mieux. Il passa finalement par le secrétariat pour y déposer son enveloppe de copies d’examens et tomba sur Amelia, une enseignante de littérature avec qui il s’entendait très bien. Même que parmi tous ses collègues, elle était certainement celle avec qui il passait le plus de temps. « Oh, Amelia ! Je pensais vraiment être le professeur le plus en retard dans ses corrections ! Tu n’es toujours pas en vacances ? » Demanda-t-il avec un sourire, tout de même ravi de croiser quelqu’un d’autre que la secrétaire pour la première fois de la semaine. Tous les autres professeurs avaient pris congé depuis la semaine dernière.

Sans doute elle aussi peu habituée à croiser d’autres âmes dans ces couloirs, Amelia se tourna vers lui, surprise d’abord, puis heureuse de le voir. Il lui offrit un grand sourire, parce qu’il s’ennuyait d’elle, tout de même. Après avoir passé toutes leurs heures de lunch ensemble et à avoir passé leurs périodes libres communes dans le bureau de l’un et de l’autre, pendant toute l’année, August devait avouer que la présence d’Amelia et leurs conversations sur l’actualité, la littérature et l’histoire lui manquaient. Ils étaient tous les deux des professeurs très aimés par les étudiants, et d’ailleurs ces derniers se ravissaient de les voir former un duo aussi soudé. Lors des danses qu’ils chaperonnaient, il n’était pas rare que des élèves supplient August et Amelia de danser ensemble, ou de participer à telle ou telle activité ensemble. Cela amusait August plus qu’autre chose, même si pour lui, Amelia n’était qu’une amie et collègue. Bref, il questionna sa collègue à propos de l’arrivée de ses vacances, qui visiblement avaient pointé le bout de leur nez en même temps que celles d’August. « Pendant trois ans ? Faudra que tu te trouves un remplaçant, alors, parce que j’ai la lourde tâche de t’annoncer que les cours reprennent dans un peu plus d’un mois. » Lança August avec un rire. En plus de ça, ils devaient retrouver leurs bureaux une semaine à l’avance afin de préparer la rentrée. Ils n’avaient donc que quatre semaines complètes, environ, pour respirer un peu. Amelia lui renvoya finalement la question, s’interrogeant sur la paperasse laissée au professeur d’histoire. « L’examen final encore, ça passait, ce sont des réponses courtes, des dates, tout ça. Mais c’est les travaux de recherche qui m’ont pris tellement de temps à corriger. Deux pages par élève, c’était trop ambitieux de ma part. » Avoua-t-il dans un rire. « T’as terminé ta journée ? J’allais m’arrêter dans un bistro pour dîner bien vite, tu m’accompagnes ? » Si elle n’avait rien de prévu, bien entendu.