dirty sheets cheats (ally)

C’était bien beau de passer le plus clair de son temps soit à jouer à ses nouveaux jeux récemment sortis ou à se faire des soirées spéciales avec Juliet, mais Nelligan sentait que sa forme physique en prenait un coup, lui qui avait pourtant promis à sa sœur de se reprendre en main avec elle. Ce n’était pas pour rien qu’il leur avait acheté à tous les deux un abonnement annuel au centre sportif de la ville. Ce matin toutefois, Lexi n’était pas disponible pour aller lever des poids avec lui, elle qui s’était montrée plus qu’occupée ces dernières semaines, alors Nelligan décida de joindre l’utile à l’agréable, à la place. Il enfila son maillot de bain et un chandail de sport, attrapa son téléphone Android, et sortit courir sur le bord de l’eau. Il pourrait alors capturer un tas de Pokémons tout en travaillait son cardio et son endurance. Et puis, qui sait, peut-être pourrait-il attraper un tas de Pokémons de type Eau autres que Magikarp, cette fois. Il était bien drôle, ce poisson couronné, mais peu performant. Nelligan avait couru cinq kilomètres selon son application de course, et s’arrêta donc quatre-cinq minutes plus tard, question d’avoir couru trente minutes complètes. Comme il était encore tôt et que le soleil ne brûlait pas les peaux, les habitants n’étaient pas encore venus s’allonger pour se faire bronzer. De toute façon, c’était une journée plutôt fraîche de la saison hivernale australienne, alors Nelligan se doutait bien qu’il aurait la paix. Il enleva donc son chandail qu’il déposa plus loin dans le sable, avec son téléphone caché à l’intérieur, qu’il surveillerait de temps en temps depuis l’eau. Il se dirigea vers la mer et s’y avança jusqu’aux cuisses, avant que ça ne devienne trop froid pour son entre-jambes.

C’était très tôt aujourd’hui que je m’étais levée et que j’avais décidé de faire mon entrainement quotidien. Une fois remplie par un smoothie, je filais rapidement vers la plage où j’avais prévu faire saucette. J’aimais bien les gens et le soleil, mais je sentais avoir besoin de cette sortie matinale. Après avoir déposé un baiser sur les lèvres de Concho, je m’étais éclipsée alors que le soleil n’était pas encore levé. Je me rendais donc dans l’eau après avoir laissé ma serviette et mes sandales sur une chaise de plage non loin de l’endroit où je plongeais. Je me dirigeais vers les profondeurs que j’admirais, rien à voir avec la Grande barrière de Corail, mais je m’en découvrais un certain intérêt. Puis, je remontais à la surface après quelques minutes sous l’eau. Je ressortais en renvoyant mes cheveux vers l’arrière et je tombais face à face avec un homme. Je me frottais les yeux pour finalement n’échapper qu’un minable « Nelligan. » Je secouais plusieurs fois mes paupières pour m’assurer que je ne rêvais pas et je me mettais à rougir. Je ne tardais pas non plus à détourner le regard, me remémorant le comment il avait quitté ma maison en trombe l’autre soir. Je me mordillais la lèvre nerveusement sans trop savoir si je devais faire réellement la discussion ou non. « Nelligan. » répétais-je nerveusement. « Tu as oublié ta flasque chez moi l’autre soir. Je te la rapporterai, si tu veux. » déglutissais-je avec difficulté en faisant référence à l’objet de convoitise d’un soir où nous avions très clairement dérapé. Je me mordillais la lèvre difficilement en repensant également à la fête de Zach dont tout le monde avait tant parlé... Surtout the Writers. Je gagnais une réputation de garce en me remémorant même les débuts avec Concho qui m’avait traitée de girouette. Puis, je me ressaisissais : je n’avais aucune honte à avoir et j’assumais vivement ce que j’avais fait. Je me redressais même physiquement en allant trouver ma serviette pour me sécher.

Il avait sans doute été trop captivé par l’écran de son téléphone portable et son doigt qui y glissait pour lancer des Pokéball à tous les Pokémon qui se présentaient à lui, car de toute la durée de sa course et de son arrêt au bord de l’eau, il n’avait même pas remarqué la présence d’une personne dans la mer, un peu plus loin devant lui, à sa droite. Même alors qu’il avait retiré son chandail et laissé son téléphone derrière pour aller se baigner sans s’encombrer, il ne remarqua pas, à l’horizon, les mouvements inhabituels de l’eau. Ce ne fut que lorsque la jeune femme en question sortit complètement de l’eau, envoyant ses cheveux valser vers l’arrière, qu’il ne manqua pas de la voir. Avec le mouvement, le bruit et son rapprochement, Nelligan aurait été aveugle de ne pas s’en rendre compte. D’autant plus qu’il s’agissait Ally et que, depuis quelques mois, sa présence autour de lui générait constamment en lui une certaine gêne et une angoisse plus qu’explicables. Après tout ce qu’ils avaient vécu, ensemble ou séparément, ces deux-là s’étaient en quelque sorte évités. Du moins, Nelligan l’avait évitée. « Ally. » Avait-il répondu une fois qu’elle l’eut fait avant lui. Il lui sembla que la rousse avait légèrement rougit, elle qui était habituellement en contrôle de tout, sur tout. Elle détourna même le regard, et c’est alors que l’homme comprit qu’il n’était pas le seul à redouter une quelconque conversation entre eux. « Ally. » Avait-il lui aussi répété nerveusement. Si elle se donnait le droit de ne pas savoir quoi dire, alors lui aussi. Voyant qu’ils n’iraient pas très loin en répétant à tout bout de champ le prénom de l’autre, la jeune femme lui parla de sa flasque oubliée chez elle, quelques mois plus tôt. Il hocha la tête. Il lui aurait bien dit de ne pas s’en faire, de la garder, mais c’était un cadeau qu’elle lui avait fait et c’aurait été méchant de ne pas la laisser la lui ramener. Et puis, cette flasque était cool. « Ça ne presse pas, mais c’est gentil, merci. » Il essaya rapidement de songer à un ami commun qui aurait pu jouer au messager, mais rien ne lui vint en tête, alors il garda le silence. Mais Ally se tenait toujours à ses côtés et ils se regardaient toujours, de plus en plus gênés plus les secondes passaient. « Alors, comment vas-tu depuis … depuis … tout ce temps … ? Quoi de nouveau ? » Éviter à tout prix de nommer cette soirée était certainement le meilleur moyen d’en raviver le souvenir, mais tant pis. Nelligan était et avait toujours été maladroit.

Nelligan était apparu sous mes yeux alors que je devenais timide. De son côté, il répétait mon nom à deux reprises et je me sentais un peu moins idiote de l’avoir dit moi-même deux fois. Il me disait que le retour de la flasque ne pressait pas, mais que mon intention était gentille. Je lui faisais un petit sourire rempli de malaise en poursuivant néanmoins. « Arrête, je l’avais acheté pour toi, Nell. Je te la rapporte dès que possible, à moins que tu sois toujours chez Lily-Anaëlle… Je peux la lui remettre, si tu veux? » Ça faisait un petit moment que je ne l’avais pas vu, d’ailleurs. Avec le voyage avec Concho, la galerie d’arts, gérer Levi et mes nouveaux employés : il y avait du pain sur la planche! Je devais d’ailleurs voir Opale sous peu, elle me manquait et j’avais l’impression que j’échouais à mon devoir de marraine. J’étais prête à parier que Maxence en faisait beaucoup plus que moi ces temps-ci. Nelligan me demandait comment j’allais et ce qu’il y avait de nouveau. J’essorais mes cheveux en me donnant quelques secondes pour penser à tout ça. « Ahem… Je fréquente quelqu’un, ma galerie d’arts risque d’ouvrir très bientôt. Je te dirais que je suis plutôt occupée. Et toi? Le retour aux études? Lola? » En prononçant le nom de sa copine, je déglutissais difficilement. Elle avait laissé un commentaire plutôt haineux à mon égard – tout comme Effy – sur le blog de The Writers. Je me doutais que tout n’avait pas été tout rose de son côté, puisqu’à l’inverse, ça ne l’avait pas été du mien. J’avais l’impression d’avoir tout le blâme de ces deux trahisons alors qu’à l’inverse, les hommes qui avaient partagés mon lit – ou mon canapé – étaient aussi coupables que moi. « Tu voudrais venir à l’inauguration de la galerie ou ça ne t’intéresse pas du tout? » lui demandais-je, autant être directe, j’avais longtemps hésité à savoir si je l’inviterais ou non. Je ne savais pas s’il appréciait l’art… Autant risquer la question. Après tout, ce n’était pas comme si ce n’était pas déjà bizarre entre nous deux.

C’était de pire en pire. Sans même qu’ils ne le veuillent. Ils s’étaient tout simplement laissé aller à la dérive, et ils s’étaient perdus. Ils ne savaient plus rien l’un de l’autre. Alors quand Ally lui demanda s’il était toujours chez Lily-Anaëlle, il secoua la tête avec un sourire gêné et mal à l’aise ornant son visage. « Non, non, depuis qu’elle et Zach sont ensemble, je me suis trouvé une nouvelle colocation. Je ne vois plus beaucoup Lily depuis. » Avoua-t-il, et sans doute la rousse ne mettrait pas de temps à comprendre que c’était leur histoire d’amour naissante qui l’avait poussé à partir aussi vite. Les sentiments de Nelligan pour Lily-Anaëlle n’étaient plus vraiment un secret pour personne, dans cette ville. Et ce malgré qu’il soit maintenant avec Juliet. « Je pourrai passer par chez toi en me rendant au travail, si tu préfères. » Même si l’idée de se retrouver de nouveau devant cette portée d’entrée ne lui ramènerait que des souvenirs coupables, il ne voulait pas non plus que ce soit elle qui se déplace jusqu’à lui. Elle n’avait pas à se donner autant de mal. Nelligan lui demanda finalement des nouvelles d’elle, car visiblement ils en avaient loupé des choses dans la vie de l’un et de l’autre. Il fut surpris d’apprendre qu’elle fréquentait quelqu’un, même si au fond ce n’était pas si surprenant, Ally était un bon parti malgré ce qui s’était passé entre eux. Ce n’était pas pour rien qu’il avait flanché devant elle. « Oh, tu sembles avoir le vent dans les voiles, c’est vrai. Je suis content pour toi. » Dit-il avec sincérité. La rousse lui renvoya alors certaines questions, à son tour. À l’entente du prénom de Lola, le malaise s’installa de nouveau. « Mes inscriptions sont complétées, je recommence dans quelques semaines. Et, avec Lola, c’est officiellement terminé. » Lâcha-t-il en baissant les yeux au sol, sachant évidemment que tout était sa faute, et pire encore, qu’elle avait perdu leur enfant à cause de ses conneries. Nelligan avait été incapable de contacter Lola depuis ; sa culpabilité était trop forte. Il avait préféré tourner la page le plus rapidement possible, égoïstement, pour ne plus se faire tant de mal, et Juliet était tombée à point dans sa vie. Ally l’invita finalement à sa soirée d’inauguration de sa galerie d’art. Pourquoi pas, après tout, il y aurait d’autres invités, peut-être que cela permettrait de lever un peu le malaise entre eux. « J’aimerais bien venir, oui. Voir tout ce que tu as accompli. Je peux venir avec quelqu’un ? » Osa-t-il demander, se disant que cela intéresserait sans doute Juliet également. Même si cette dernière connaissait parfaitement ce qui s’était passé entre Ally et lui, puisqu’elle était d’abord sa meilleure amie.

Il était mal à l’aise, visiblement plus que moi. Always dress like you’re going to see your worst enemy, comme le disait si bien Coco Chanel. Et ça me faisait du bien qu’il soit mal à l’aise, ça me faisait reprendre un peu confiance en moi. Le dessus finalement. Il me confiait que depuis qu’elle et Zach était ensemble, c’était un peu différent. Je hochais moi-même la tête là-dessus. Il avait une nouvelle colocation et il ne voyait plus beaucoup Lily. « J’ai toujours trouvé que vous alliez bien ensemble. » lui confiais-je en haussant les épaules, désinvolte. Il me disait qu’il pouvait passer chez moi en se rendant au travail et comme j’étais sans cesse à la galerie, il croiserait sans doute Concho, ce qui serait une pas trop bonne chose. « Non, non. Ça va. Je passerai à ton boulot, j’ai besoin d’un nouveau jeu, de toute façon. No Man’s Sky, tu connais? » lui demandais-je en cherchant à dévier la conversation vers un sujet un peu moins awkward. Il se mettait drôlement en valeur lorsqu’il parlait de jeux vidéos et c’était bien un truc qui me faisait craquer chez lui. Il me disait que j’avais le vent dans les voiles et je hochais la tête positivement avec un fin sourire. Puis, l’image de Lexi s’interposait dans ma tête. L’image du baiser fatidique que je retirais rapidement. Il me disait qu’il recommençait les cours bientôt et qu’avec Lola c’était terminé. Je baissais également les yeux de mon côté. « Ma faute, j’imagine. » lui dis-je à voix haute sachant pertinemment que nous étions deux. C’était le deuxième. Levi puis Nelligan. Je me surprenais à me demander si je n’étais fait que pour ça, dans la vie. Nelligan me confiait qu’il aimerait tout de même venir et même accompagné... « Oui, bien-sûr. » lui dis-je avec un sourire radieux. Je n’aimais déjà pas particulièrement la personne en question. « Je te mettrai sur la liste des invités avec plaisir... Et parlant d’invités, tu as des nouvelles de ta sœur? » lui demandais-je en me frottant le derrière de la tête, en me mordillant la lèvre espérant ne pas gaffer davantage.

Le malaise d’Ally ne changeait aucunement le sentiment de culpabilité, d’infériorité et de malaise de Nelligan. Elle avait beau l’être tout autant que lui, ça ne le soulageait pas tant que ça, au fond. Même que ça lui faisait réaliser qu’ils avaient réellement merdé, tous les deux, au point de mettre en jeu non seulement leurs relations avec les autres que la leur, cette amitié qui datait et qui aurait pu recommencer sur un si bon pied. Face à elle, Nelligan réalisait qu’avec cette histoire, il n’avait pas seulement perdu Lola et, tristement, leur enfant, mais il avait aussi perdu Ally. Ça aussi, c’était douloureux. Quand Nelligan lui apprit qu’il ne vivait plus chez Lily-Anaëlle depuis que celle-ci était avec Zach, Ally releva qu’elle avait toujours trouvé qu’ils allaient bien semble. Nelligan et elle. Sa désinvolture lui fit froncer les sourcils tout autant que l’affirmation en elle-même. « Elle en a voulu autrement. » Cracha-t-il, d’un ton sans doute trop sec, mais ce sujet était encore délicat pour lui et ce, même si Juliet était maintenant dans le portrait. Son histoire avec Lily-Anaëlle était trop forte pour qu’il la tasse du revers de la main. Dommage que ça n’ait pas été le cas pour Lily. Bref, Nelligan proposa d’aller lui-même chercher la flasque mais, tout de suite, la rouquine refusa. Elle proposa plutôt d’aller la porter à son boulot, devant de toute façon s’y rendre. « Oui, oui, il est attendu celui-là. Mais il ne sort pas avant le 10 août. » Spécifia-t-il, pour qu’elle évite de venir pour rien – ou pour seulement lui donner la flasque, plutôt. Et puis, ça les sauverait d’une conversation awkward de trop. Ils continuèrent à prendre des nouvelles l’un de l’autre, Nelligan apprenant qu’elle fréquentait quelqu’un et elle apprenant que lui n’était plus avec Lola. « Non, la mienne. C’était moi qui étais en couple avec elle, pas toi, hein. » Nelligan en avait voulu longtemps à Ally d’avoir été aussi séductrice, tentatrice, mais il avait fini par accepter que la faute lui revenait majoritairement. À l’invitation d’Ally à l’ouverture de sa galerie, Nelligan demanda s’il pouvait être accompagné, ce qu’elle accepta en mentionnant qu’elle les mettrait sur sa liste d’invités. « Merci. » Il ne savait pas si cela signifiait qu’ils pourraient prendre un nouveau départ, il ne savait même pas s’il en serait capable, mais ils verraient bien. Ally demanda des nouvelles de sa sœur. « Euh, non, rien en particulier. Elle est occupée avec la danse je pense, autant pour ses projets personnels que son bénévolat pour un centre pour les jeunes. » Nelligan ignorait que ce centre appartenait à ladite fréquentation d’Ally …

« Elle en a voulu autrement. » Sa phrase avait été comme un venin ou une claque que je recevais en plein visage. Je me mordillais les lèvres en baissant le regard vers le sol. « Et dire que je vous ai longtemps enviés à l’école. » lui confiais-je en haussant les épaules comme je chassais le sujet. Il ne semblait pas avoir envie d’en parler et très honnêtement, j’avais passé le sujet comme je voulais le faire. Pour faire suite à ma proposition, Nelligan me proposait d’attendre au 10 août. Je hochais la tête, c’était vrai, il n’avait pas tord. De mon côté, j’avais tendance à oublier les dates avec la galerie qui avançait à son propre rythme. J’avais la tête avec les ouvriers. « C’était moi qui étais en couple avec elle, pas toi, hein. » « Encore heureux. » lui dis-je en levant les yeux au ciel. Sa réaction sur le blog de The Writers m’en avait suffisamment dit face à elle. Néanmoins, j’enroulais une mèche de cheveux roux autour de mon doigt. « Mais, je crois qu’on a les deux nos tords respectifs. » lui confiais-je alors que le mien devait être d’avoir flirté avec un homme en couple. Il me remerciait pour l’invitation et je hochais la tête en comprenant qu’il avait maintenant une nouvelle conquête. Il me donnait d’ailleurs des nouvelles de sa sœur alors que je fuyais le regard alors qu’il me disait qu’elle participait à un projet de bénévolat alors que je rougissais vivement. « Oui, j’en ai entendu parler. » dis-je vaguement. « Elle t’a raconté? » lui demandais-je toujours les yeux rivés sur mes orteils en parlant du baiser. Parce que oui, moi, Ally Carmichael, j’avais embrassé tous les Malinowski. Je déglutissais difficilement. « Mais c’est pas plus grave, hein. » lui dis-je en tentant de chasser cette image de ma tête. Et je me surprenais moi-même à me demander lequel des deux embrassait le mieux. J’allais garder le silence concernant la question, même sous torture.

Nelligan ne comprenait pas vraiment où Ally voulait en venir à lui parler ainsi de Lily-Anaëlle, à lui dire qu'ils allaient si bien ensemble et qu'elle les enviait à l'école, cette seule et unique fois où ils avaient formé un couple heureux - que le jeune adolescent n'avait pas tardé à faire foirer avec sa confiance en soi inexistante. Tenait-elle à le faire souffrir pour la réputation qu'ils s'étaient forgée à deux ? Voulait-elle tourner le couteau dans la plaie en lui rappelant qu'il ne faisait que gâcher toutes les relations amoureuses qu'il entretenait ? Pourtant, il connaissait une Ally si douce, si gentille et respectueuse. Il ne pouvait pas croire que ce simple égarement entre eux avait suffit à le faire passer dans la liste noire de la rouquine. Nelligan ne répondit rien à sa remarque, la fixant d'un regard indescriptible parce que lui-même n'arrivait pas à déchiffrer ce qu'il ressentait exactement à ce moment-là. Ils reparlèrent finalement de ce qui s'était passé, Ally prenant la faute quant à sa rupture d'avec Lola, ce que Nelligan refusa. Lui aussi leva les yeux au ciel quand la jeune femme passa un commentaire offensant à l'égard de l'ex-copine du geek. « Oh, ça va Ally. Elle n'a rien à se reprocher. » Et elle avait assez souffert comme ça. Nelligan et Lola avaient beau ne plus se parler depuis leur rupture, enfin surtout depuis l'annonce de sa fausse-couche, le jeune homme ne cesserait de la défendre vis-à-vis de cette histoire. Elle n'avait rien demandé. Elle n'avait pas mérité qu'il se montre aussi cruel, aussi lâche. Son commentaire sur le blog des Writers était peut-être déplacé, mais ça n'avait rien à voir avec ce qu'Ally et lui lui avaient fait subir. Bref, une fois ce sujet mis de côté, Ally l'invita quand même à l'ouverture de sa galerie et lui parla également de sa soeur. Elle me demanda si elle m'avait raconté, avant de déglutir et de dire que ce n'était pas plus grave. Nelligan fronça les sourcils, ne comprenant pas vraiment où la jeune femme voulait en venir. Ils parlaient encore du centre où elle faisait son bénévolat, là ? « Grave ? Me raconter quoi en fait ? Parce qu'elle m'en a parlé, du centre, mais brièvement hein et de ce que je sais ça a plutôt l'air cool, rien qui pourrait être grave ... ? » Le jeune homme continua à regarder Ally, qui elle semblait fuir son regard, honteuse ou gênée, peu importe. « Mais j'ai l'impression qu'on ne parle pas d'la même chose ... » Et là, il s'inquiétait pour Lexi, encore.

« Oh, ça va Ally. Elle n’a rien à se reprocher. » « Parce que j’ai quelque chose à me reprocher? » lui demandais-je en levant les yeux vers le ciel en me remémorant chaque mot de la brunette sur le blog de The Writers, chaque mot qui avait été une arme presqu’aussi tranchante que les mots d’Effy. Les deux femmes qui savaient le mieux me faire du mal. « Parce que tu crois que j’ai mérité des insultes publiques, Nelligan? » lui demandais-je en crachant presque ma question comme du venin. « C’est clairement pas toi qui se fait traiter de croqueuse d’hommes. » lui dis-je aussi agressivement en lui adressant un regard mauvais. Enfin, on changeait de sujet et décidémment, je n’avais pas de charmantes conversations avec Nelligan ces jours-ci... Il me questionnait davantage concernant le centre qui me confiait que ça semblait cool alors que je ne le regardais plus en face. « Oui, c’est cool. » lui dis-je en échappant un sourire et relevant le regard, plus confiante. Puis il me disait qu’on ne parlait plus de la même chose et maladroitement, je riais et je glissais ma main dans mes cheveux. « Si si, t’inquiètes. Head Ahead c'est génial, il appartient à un bon ami à moi. » lui dis-je avec un sourire. « Il a les jeunes à cœur et crois-moi c’est tout un projet qui s’annonce. » Je savais que le brun n’abandonnerait pas si facilement. « J’ai vu des vidéos de No Man’s Sky, tu crois que ça s’annonce bien? » lui demandais-je en me disant que ce serait sans doute une excellente diversion!

out de suite, Ally s’était sentie attaquée après que Nelligan ait défendu Lola. Il leva les yeux au ciel, sur le point de rebrousser chemin si elle continuait à s’en prendre à lui et à Lola de cette façon. Ne pouvaient-ils pas tous les deux accepter qu’ils avaient merdé ? « De un, c’est pas ce que j’ai dit mais pas du tout, et de deux, je fais juste dire que c’est quand même un peu plus Lola la victime dans l’histoire. » La rouquine reprit de plus belle, lui demandant si elle avait mérité des insultes publiques, lui rappelant qu’elle s’était fait traiter de croqueuses d’hommes. Il secoua la tête, dépassé par les événements. Si Ally pensait être la seule à avoir souffert au cours de ces derniers mois, elle se foutait un doigt dans l’œil. « NON. Non tu ne mérites pas ça ! C’est ça que tu veux entendre !? » Cria-t-il – heureusement, la plage était encore peu animée. « J’me suis peut-être pas fait traiter de croqueur d’hommes, mais je me suis fait traité de salaud, j’ai perdu ma copine, perdu mon bébé, et perdu mon logement. Et moi, j’ai mérité tout ça, Ally ? » Nelligan avait haussé le ton au départ, pour finalement n’en finir qu’à voix basse à ses dernières paroles. Il avait le visage rouge de colère mais les yeux humides de tristesse.

Heureusement, une fois leurs deux sacs vidés, un moment plus tard, ils arrivèrent à ranger leurs armes tant bien que mal et à discuter plus normalement. Ils auraient pu tout simplement se tourner le dos, se quitter, retourner à leurs occupations, mais visiblement ils avaient tous les deux l’impression de ne pas en avoir tout à fait fini l’un avec l’autre. « Oui, c’est ce que ma sœur me dit. » Il la regarda, suspicieux. « Pendant un moment j’ai cru que tu parlais de ma sœur personnellement et pas du centre. » Releva-t-il, intrigué. Ally avait toutefois décidé de ne pas réagir à cela et lui parla de No Man’s Sky, encore. « Ouais, tout le monde est emballé. J’avoue que ça me laisse perplexe de me dire que l’univers du jeu est tellement grand que toute une vie ne me permettrait pas de tout visiter, mais bon, faudra que je mette mon côté overachiever au repos. » Mais Nelligan avait beau répondre à sa question, il avait encore l’air timide de la rousse en tête, quand elle avait parlé de Lexi.

J’avais l’impression d’être attaquée de façon permanente pour mes choix. Pour ce que j’ai fait, ce que je n’ai pas fait, ce que je devrais faire, ce que j’aurais dû faire et pourtant, lorsque j’osais lever le ton pour faire part de mon insatisfaction, on me criait qu’à côté, il y avait pire. Peut-être que oui, effectivement. « Parce que tu crois que je joue à la victime, Nelligan? Parce que c’est ma vie qui en est affectée... Sérieusement? » lui demandais-je quand même un peu frustrée. Puis, il me disait ce que je voulais entendre en criant. Je restais de marbre physiquement et mentalement, toujours un peu plus bouillante de colère pour lui. Il poursuivait en me disant qu’il avait été traité de salaud, qu’il avait perdu sa copine et son bébé... Choquée, voilà comment je me sentais. Il avait aussi perdu son logement, mais ça me paraissait moins important. Il me demandait à mi-voix s’il avait mérité tout ça et je secouais la tête. « Sois pas bête, bien-sûr que non. » lui dis-je sans plus d’animosité, d’une voix étrangement calme. Je me laissais tomber sur la plage. « Tu voulais cet enfant? » lui demandais-je sans trop porter de jugement, bien qu’intérieurement, je me demandais si un jour je parviendrais moi-même à être mère. Toutes les récentes sagas familiales me perturbaient un peu plus chaque jour. « Ah si... Enfin, je parle de ta sœur personnellement et du centre aussi. » dis-je en tentant de me rattraper. « Un peu des deux, je te dirais. Tu en as des nouvelles, d’ailleurs? » Répétais-je maladroitement. Je ne voulais pas trop m’avancer, mais visiblement il n’était pas au courant. « Elle ne t’a pas raconté? » lui demandais-je en tournant le regard vers lui, un peu surprise quand même. Moi qui croyait qu’ils étaient très proches, je me suis gourée. « Je comprends pas pourquoi tu te concentres sur tant de side quests. J’crois que j’arriverai jamais à comprendre ce type de gamer. » dis-je simplement en haussant les épaules comme pour décontracter l’atmosphère aussi crispée que je l’étais. J’étirais mes jambes et le reste de mon corps, comme pour m’aider à gérer toute l’étrange situation.

Cette engueulade ne mènerait à rien, ils le savaient tous les deux sans doute, mais ils avaient mis trop de temps avant de revenir sur cet épisode qui avait déclenché des tornades dans leurs vies. Ils en avaient trop gros sur le cœur, et ça s’était transformé en un certain dégoût l’un de l’autre. Ce qui était dommage, en soi, puisqu’Ally et Nelligan étaient de bons amis. Ils avaient eu du plaisir, ensemble. C’était justement ce qui les avait poussé jusqu’à l’égarement. « Mais non … je ne pense pas que tu joues à la victime … mais je ne pense pas qu’il faille jeter la faute sur tous les autres non plus … » Avait-il dit, la voix basse et honteuse, en haussant les épaules. Il n’avait aucunement envie de se battre contre Ally, et vu comment ça se présentait, ce serait sans doute le cas. Nelligan avait haussé la voix une dernière fois, une toute dernière fois, pour vider tout son sac à la rouquine avant de s’asseoir dans le sable, voulant retrouver cette petite bulle protectrice dans laquelle il pourrait s’enfermer et oublier. Ally lui assura qu’il ne méritait pas tout cela non plus, et vint s’asseoir à côté de lui, se laissant presque tomber dans le sable. Parce qu’ils étaient bel et bien en chute libre, oui. Le regard de Nelligan se perdit dans l’horizon de l’eau quand Ally lui parla de cet enfant qu’il aurait pu avoir. Il soupira discrètement. « Il n’arrivait pas au bon moment, c’était le bordel, j’avais le cœur et la tête à l’envers, mais j’ai toujours voulu être un père. Je l’aurais aimé, cet enfant. Je lui aurais tout donné. » Nelligan baissa les yeux. Il savait que Lola aussi aurait tout donné. Peut-être même que ce bébé aurait pu les sauver. Mais il était disparu aussi vite qu’il était arrivé. Ce petit bout d’humain n’avait été qu’une étoile filante. Son étoile filante. Après que le jeune homme ait révélé ses sentiments les plus profonds à ce sujet, ils changèrent l’ambiance en parlant de famille toujours, mais de la famille qu’il avait encore et toujours. Lexi. « Je n’ai pas de nouvelles, non, comme je t’ai dit, elle est occupée … Qu’est-ce qu’elle m’aurait raconté ? Merde, Ally, arrête de tourner autour du pot ! » Parce que ça l’inquiétait de savoir que Lexi aurait dû le mettre au courant d’un truc dont il n’avait visiblement aucune connaissance. Elle traversait une mauvaise passe et il n’aimait pas qu’elle lui cache des trucs. Bref, un peu plus tard, ils parlèrent de jeux vidéo, seul sujet sans animosité entre eux, ces jours-ci. Même si l’incompréhension demeurait bien présente. « J’veux rentabiliser au maximum le jeu, c’est tout. En connaître tous les détails. Y’a tellement de travail fait là-dedans. » Bon, pour No Man’s Sky, les planètes étaient créées de façon aléatoire par le programme, alors le travail n’était pas aussi grand, c’aurait relevé de l’impossible, mais quand même.

Je ne répondais plus rien à ce qu’il disait. Je m’acharnais contre le vent, c’était ça : Nelligan était comme le vent. De toute façon, le silence valait mieux dans cette situation. Je l’entendais soupirer, comme moi j’avais décidé de soupirer silencieusement sur notre conversation. Il me disait que c’était le bordel et qu’il aurait voulu être un père, je haussais les épaules platement. « Peut-être que c’est mieux comme ça. Tu seras sans doute papa, mais pas avec Lola. » lui dis-je. Comme je me doutais que Levi ne serait pas le père d’un enfant avec Effy, enfin, on ne connaissait pas toute la réalité. Et qui étais-je pour juger cette relation que j’avais fait foirer? Je ne méritais pas qu’un seul gramme en pensée pour eux et pourtant, malgré le non mérite, ça me hantait le jour comme la nuit. « Si un couple ne tient que grâce ou à cause d’un enfant, crois-moi, ça ne dure jamais bien longtemps. » lui confiais-je par expérience. Il suffisait de voir ma mère, de voir mon père... Isaiah aussi sans doute. Le silence me faisait du mal, mais c’était probablement mieux comme ça. « Dans ce contexte, le bonheur n'est pas éternel. » déclarais-je finalement.

Lexi m’avait foutu dans un merdier que j’devais maintenant assumer. C’était clairement moins facile, surtout avec Nelligan qui s’était calmé. Je n’étais pas certaine de vouloir tout lui déballer. « Alors, elle doit être occupée avec la danse et le salon et l’organisme et... tout le reste » dis-je simplement avec un haussement d’épaules, faussement naïf. « T’es au courant qu’elle n’est plus avec Jeremy? » lui demandais-je. Ça commencerait bien quelque part après tout... « Et que ça lui fait du mal apparemment... » lui dis-je cette fois en fuyant son regard en plongeant mes iris vers la mer me rappelant de ce baiser bien que je tenais encore sur mes deux jambes. J’aurais pu dire que j’avais embrassé les deux Malinowski, mais le temps n’était plus à rire. « Et pour toi, le rentabiliser c’est vraiment d’en passer les mille et un aspects techniques et particuliers? » lui demandais-je, un peu curieuse. J’étais impatiente, j’avais le focus sur l’essentiel : comme je le lui expliquais avec sa sœur.

Un hochement de tête dans le silence, le regard perdu sur les milliers de grains de sable qui s’étendaient sous eux, ses doigts s’enfonçant nerveusement parmi ceux-ci. Mais le réconfort qu’il y trouvait n’égalait pas celui qu’il recherchait. Nelligan avait beau se dire qu’Ally avait raison, qu’il serait un jour père mais pas de l’enfant de Lola, il ne pouvait s’empêcher d’en douter d’une certaine façon. Parce que Nelligan s’accrochait à un passé qui ne lui assurait aucun futur. Nelligan s’accrochait à des images idéalisées qui s’envolaient dans le vent à chaque fois que la réalité frappait. Sans doute devait-il se rallier à l’idée que sa famille, il l’aurait avec Juliet. Sans doute ne l’accepterait-il jamais complètement. « Peut-être. Sans doute. » Avait-il répondu, évasif, ne voulant pas s’étaler davantage sur la question de toute façon. Il n’y avait plus rien à dire. Il n’y avait plus rien à faire. Ce petit espoir était parti, mort, avant même d’avoir eu son premier souffle il avait poussé son dernier, et c’était ainsi que la vie continuait. Ally, pourtant, renchérit en disant que si un couple ne restait soudé qu’en raison de la présence d’un enfant, ce faux bonheur ne tarderait pas à s’éteindre. C’était sans aucun doute ce qui se serait produit aux côtés de Lola, pour Nelligan. Il l’aurait aimée sans l’aimer, il serait resté sans rester. Vivre sans vivre. Être ensemble tout en étant si seuls. « I guess you’re right … mais même si notre couple n’avait pas tenu, malgré tout, cet enfant aurait été aimé. » Nelligan soupira et, sans laisser le temps à la rouquine de répondre, il conclut : « Mais ce qui est arrivé, est arrivé. Y’a plus rien à faire. » Voilà, sujet clos, Nelligan voulait oublier. Passer à autre chose, et peut-être avancer. S’il lui restait seulement une bonne direction vers laquelle se diriger.

Une fois tous les deux calmés, ils parlèrent de Lexi, mais Nelligan sentait en voyant l’air d’Ally qu’il n’était pas sur le point de sortir de son wagon de montagne russe. Elle semblait au courant de quelque chose. Heureusement, il arriva à lui tirer les vers du nez assez rapidement, et l’information obtenue ne lui était pas inconnue. « Oui, j’étais au courant. Elle vit une sacrée peine d’amour, j’crois … Mais on a passé pas mal de temps ensemble, après. Je pense, j’ose espérer en fait, que ça lui a fait du bien. » Ils s’étaient inscrit au gym, tous les deux, afin de se redonner de l’énergie via l’entraînement. Tous les deux en avaient eu besoin. Nelligan s’était remis sur pieds, après ça, et ses moments passés avec Juliet avaient aidé, aussi. Il était loin de s’imaginer que sa sœur n’avait pas su remonter à la surface encore, elle.

Un peu plus tard, ils parlèrent de jeux vidéo, plus précisément de l’un d’eux qui sortirait dans les jours à venir. « C’est d’en découvrir le plus possible, oui. J’pourrais faire l’histoire d’un coup, et revenir après sur tout ce que j’ai raté du jeu en tant que tel. » Nelligan haussa les épaules en regardant Ally. « On a chacun notre façon de faire. C’est comme dans la vie. J’m’attarde à tout ce que j’aurais pu manquer, alors que peut-être que toi tu vas droit au but sans regarder derrière. Y’a pas de bonne ou de mauvaise façon de vivre. » Sans même le réaliser, Nelligan avait délaissé le monde virtuel pour l’appliquer à sa réalité.