Dirty little secret + Alejandro

What's your job again ?
Samuel partageait son luxueux appartement avec Alejandro depuis quelques mois déjà, plus de six mois même. Il avait jeté son dévolu sur un grand espace très ouvert hyper design, dans l'esprit brut industriel qu'il aimait beaucoup, un appartement bien viril et surtout bien trop grand et bien trop cher pour ses propres moyens ici en Australie. Mais quand on aime on ne compte pas comme on dit... enfin ça c'était avant que tombe le premier loyer et les charges qui allaient avec. Une fois qu'il n'avait plus que quelques maigres dollars sur son compte il n'avait plus eu que ses yeux pour pleurer et un paquet de pâtes à manger. Alors le britannique avait cherché un colocataire rapidement puisqu'il y avait largement de la place pour deux et Alej s'était présenté à lui. Le courant était rapidement bien passé entre les deux hommes, ils avaient dix ans d'écart, des vies totalement différentes, leurs fréquentations aussi. Garcia était un gamin dans la fleur de l'âge beau comme un Dieu, ces deux choses avaient le don d'agacer son aîné qui voyait la quarantaine arriver même s'il n'était pas vraiment à plaindre lui non plus. Mais ils étaient rapidement devenu potes, aimant tous les deux profiter de la vie ils ne manquaient jamais une occasion d'inviter du monde chez eux, de faire la fête et de passer des bons moments. Et au quotidien ils se croisaient juste, sans interférer dans la vie de l'autre. Aujourd'hui Sam avait bossé sur son futur bouquin, sans grand succès mais il s'était forcé à rester chez lui pour essayer de faire venir l'inspiration, en vérité il avait surtout airé de pièce en pièce sans pouvoir aligner deux phrases correctement. Dans le salon il était tombé sur un ensemble de feuilles de papier qui devait appartenir à son colocataire. Curieux et surtout toujours avide de lire de nouvelles choses, il avait attrapé les feuilles, sur la première, un titre "Nuit chaude", bon soit, ça ne commençait pas vraiment bien, mais il continua. Il feuilleta distraitement les pages en découvrant une sorte de résumé d'histoire un peu bâclée, mal écrite, qui finissait bien rapidement dans un lit avec quelques passages qui en ferait rougir les ménagères. En somme, ça ressemblait à un mauvais porno, gay de toute évidence en plus... voilà tout. Surpris mais sans se poser plus de question que ça, il reposa les pages où il les avait trouvé et retourna à son travail sans plus de succès qu'au départ. Alejandro rentra du Starbucks vers vingt heure et comme ils étaient ensemble tous les deux ce soir là, ils en profitèrent pour dîner en même temps, ça ne leur arrivait pas souvent mais de temps en temps c'était sympa. C'était bien ta journée ? T'as encore eu ta cliente bizarre qui fait tout pour avoir ton numéro ? Faudra peut-être que tu finisses par lui dire que t'es pas du même bord... Même si elle te laisse de gros pourboires. Au café Alej voyait passé des clients en tout genre et Pohl était toujours à l'écoute de ses anecdotes.

Sam n'était pas un fin cuisinier, voir même, pour tout dire, il n'était pas très doué. Il aimait manger et des produits de qualité tant que c'était possible mais s'il pouvait se mettre les pieds sous la table d'un restaurant étoilé ça lui allait carrément. Pourtant il avait appris quelques trucs dans sa vie d'éternel célibataire, surtout pour éviter d'avoir à manger des pâtes à l'eau tous les soirs. Il avait trouvé une sorte de tofu dans le frigo et quelques légumes, il cuisina le tout à l'huile d'olive, revenu dans une poêle, parce que son coloc était végétarien, voir même vegan, il n'en savait trop rien, la seule chose qu'il savait c'est que la seule fois où il avait tenté leur cuisiner une belle pièce acheté le matin même chez le boucher il avait dû tout manger tout seul parce que monsieur avait trouvé ça ignoble et lui avait fait tout un laïus sur la maltraitance animale. En vrai il respectait totalement le fait qu'Al soit différent de lui, alimentation ou orientation sexuelle confondues, du moment qu'ils s'entendaient bien dans leur appartement. Puis au moins il ne risquait pas de lui piquer une conquête, sur le deuxième point, c'était plutôt tranquille à ce niveau là parce que bâtit comme il l'était, si le gamin avait été aussi hétéro que lui, Sam aurait eu du soucis à se faire. Enfin ce n'était pas comme s'il ramenait une fille tous les soirs dans sa chambre non plus... bref. Le repas était prêt quand Garcia arriva, il n'avait qu'à s'installer, si ce n'était pas royal ! Elle pense peut-être pouvoir te faire virer de bord... ou tu sais, l'amour rend aveugle ! Faudrait que je viennes voir à quoi elle ressemble un jour. A force de parler de cette fille, Pohl en devenait curieux. S'en suivit un court instant gênant où Al lâcha sa fourchette pour le fixer sérieusement. Merde, il avait foiré leur repas... en même temps manger du tofu... En vérité Samuel ne se rendait pas compte qu'il fixait lui-même le brun de façon bizarre depuis le départ, pensant sans s'en rendre compte à ce qu'il avait lu un peu plus tôt. J'... non t'as rien ! ... Quoi ? Surpris, il lui fallu quelques secondes pour comprendre enfin. Il sourit alors en coin. Bon ok, c'est rien t'en fais pas, je ne juge pas moi, tu sais... mais t'as des lectures étranges, en tant qu'écrivain fallait que j'te le dise. Enfin en tant que romancier qui n'arrivait pas à aligner deux phrases, Sam n'était peut-être pas légitime pour commenter les lectures des autres. Nuit chaude ? Je crois qu'à côté Fifty shade c'est du Balzac. Ouais... il jugeait peu-être un peu là. Espérons que son coloc ne le prenne pas si mal que ça parce que Sam était prêt à éclater de rire.

Samuel n'avait pas la prétention de pouvoir faire craquer cette fille pour lui, si elle était attirée par le très gay Alejandro alors il devrait se débrouiller tout seul pour se dépatouiller d'elle. Mais ça pourrait être divertissant à regarder, ça il voulait bien. Mais bon, il ne passait pas vraiment sa vie au Starbucks, le britannique, il avait pris ses petites habitudes chez Imogen avant même d'avoir sympathisé avec Jake et il fallait dire que la qualité des pâtisseries n'avait rien à voir avec les gâteaux industriels de la chaîne. Puis ils se voyaient suffisamment ici, chez eux pour qu'Al n'ait pas à supporter son coloc sur son lieu de travail. Tu vas briser un cœur, assume mon pote, y'en aura d'autres, des femmes déçues ! Finalement ils en rirent avant de passer rapidement à autre chose, visiblement Samuel n'était pas très doué pour cacher quelque chose lui trottait dans la tête et le brun ne tarda pas à lui faire cracher le morceau. Sa réponse le laissa dubitatif, surtout par la tête qu'il tirait que par les mots qui sortirent de sa bouche en vérité. Garcia lui-même n'avait pas l'air convaincu de ce qu'il disait. Hmm, ouais, moi tu sais les porno je les regarde à l'occasion j'les lis pas. M'enfin... Il attendait mieux de la part du serveur. Et la suite fut largement à la hauteur de ses attentes. Il l'écouta, le regardant avec des yeux ronds. Si Sam avait trouvé ce papier bizarre, il n'aurait jamais pensé que ce puisse être le texte de son coloc. En même temps ça le soulagea un peu, au moins il comprenait pourquoi c'était si mauvais, pas besoin de grands dialogues ni de scénario pointu pour ce genre de film. Nonnnnn !!! Genre... plus ou moins, à tes heures perdues... c'est comme un passe temps ? Ou tu gagnes ta vie avec ça ? S'il s'était attendu à ce genre de nouvelles ce soir ! En fait il ne savait pas bien comment le prendre d'ailleurs, visiblement Alejandro semblait fébrile quant à sa réaction. Mais qu'est ce qu'il pouvait bien dire, il n'allait pas le virer de chez lui pour ça, ce n'était pas un délie d'être acteur porno. Et puis comme nous l'avions déjà dit, Sam était du genre tolérant. Et à te faire fourrer en retour dans tout un tas de situations toutes plus cocasses les unes que les autres ! Ouais j'imagine que c'est pas le plus facile à glisser dans un cv ou dans une conversation. Il fronça les sourcils, un poil gêné. Bon, ok... fallait bien que je le sache un jour, hein ! Et tu fais ça depuis longtemps ? Il avala une bonne gorgée de bière, il fallait bien que la nouvelle passe.

Samuel n’était pas vraiment du genre à poser des questions, il aimait sa tranquillité, qu’on lui foute la paix quand il en avait envie alors il partait du principe qu’il n’emmerdait pas son monde lui non plus, histoire qu’on le lui rende. Quand il avait accepté la colocation avec Alejandro, il s’était dit que le gars avait l’air sympa, sans paraître prise de tête, il était gay, au moins ils ne se battraient pas pour les, il était vegan, soit, manger moins de viande ne pourrait pas faire de mal. Qu’on se le dise, le Samy savait s’adapter, ils avaient chacun leur chambre, chacun leur vie, après tout ils n’allaient pas faire leur vie ensemble, seulement partager de bons moments de temps en temps. Alors il n’avait pas vraiment regardé sa voiture, ou s’il avait vu qu’elle semblait au dessus des moyens d’un simple barista, il s’était peut-être dit que le garçon avait des parents généreux, voilà tout. En fait j’me suis pas posé la question. Si tu veux tout savoir j’ai une Porsche et une Ducati qui prennent la poussière dans un garage à Londres, pourtant j’ai été obligé de prendre un coloc ici, cherches l’erreur… L’agent ça venait, ça partait, Pohl était un flambeur, mais il aimait qu’on ne s’attarde pas trop sur ce côté de sa personnalité, ça l’agaçait qu’on le juge. D’ailleurs ici il s’était largement calmé, il fallait croire que l’air australien lui avait remis les idées en place, ici la vie était plus douce, il ne ressentait pas le besoin de brûler la chandelle par les deux bouts. Il se serait bien passé des détails suivants sur la vie sexuelle de son coloc, est-ce que lui allait lui dire qu’il n’avait jamais autant pris son pied qu’avec deux filles à la fois ? Non ! Ca ne le regardait pas ! Enfin, c’était dit à présent. Ouais, je vois… c’est ce qu’on dit tous. Il se moquait gentiment, mais il y avait un fond de vérité, c’était sûrement plus simple de dire qu’on était dominateur plutôt que d’avouer qu’on aimait se sentir dominer, question d’ego. Il sourit en écoutant Garcia se justifier, avant de hocher la tête affirmativement. Je n’ai aucun problème avec ça, tant que notre appartement ne devient pas un lien de tournage tout va bien ! Alors t’es genre, une star du porno, dans le milieu j’veux dire ?! Merde, j’vis avec un acteur plus ou moins célèbre… Fallait qu’il arrête de le railleur, Al allait finir par se vexer s’il continuait. Visiblement il ne se vexait pas. Et comme il était dans les confidences, il en sortit une bien bonne au blond. Sam fronça les sourcils en essayant de comprendre, en gros ils étaient en union libre… sauf que pour lui ça ne pouvait pas fonctionner indéfiniment ce genre d’histoire. Il était pourtant très ouvert, mais à son sens, ce n’était pas le genre de relation qui fonctionnait sur du long terme. Voilà pourquoi il ne s’était jamais mis en couple de sa vie, parce qu’il aimait trop s’amuser, rencontrer d’autres femmes, s’attarder dans des bras différents et les filles, aussitôt elles entraient dans votre lit et elles pensaient déjà à vous présenter à leurs parents, très peu pour lui ! Ouais, j’imagine que vous savez c’que vous faites… ça fonctionne depuis longtemps comme ça entre vous ? Il n’est pas jaloux de ton job alors donc ? Il s’esclaffa pour toute réponse à la demande d’Al, qu’est ce qu’il pourrait bien lui confier comme dirty secret ? Même s’il n’était pas un ange, s’il n’avait pas une vie bien rangée, il n’avait aucune anecdote aussi croustillante que les deux que venaient de lui apprendre le gamin. Ce qui était sûr c’est que ce dîner les avait rapproché, en quelque sorte, confidences pour confidences, c’était agréable de se parler si ouvertement. Il réfléchit un instant avant d’ouvrir les mains en signe qu’il était désolé. J’sais pas moi, j’ai aucun cadavre dans mon placard… tu veux savoir quoi ?! Il voulait bien lui parler, mais après ça, tout ce qu’il pourrait dire semblerait fade.

Spoiler:

Comprenez-le deux secondes, Pohl était un auteur de romans à succès, des romans sérieux, il était considéré comme l'un des écrivains les plus talentueux de sa génération. Alors bien que sa notoriété soit toute relative ici en Australie, il fallait avouer qu'il passait relativement inaperçu pour l'instant, grâce à son amie Zelda et sa chaîne YouTube, on commençait à parler de lui même à l'autre bout du monde, loin de l'Europe. Donc si le job d'Al ne le dérangeait pas outre mesure, il ne voulait pas qu'un jour on vienne dire qu'il se tournait des films pornos dans son salon ou même dans la chambre de son coloc, question de reconnaissance médiatique et de sérieux professionnel. Il grinça alors des dents devant la dernière sortie de l'acteur, il avait l'air sérieux, ce con et un de ses légume en retomba même des sa fourchette à l'assiette. L'autre finit par s'esclaffer et Sam soupira presque de soulagement. D'accord, il était peut-être bon acteur finalement, s'en était même dommage qu'il ne soit connu que pour ses fesses, visiblement le dramatique ça pourrait bien lui aller. Il se fendit d'un merde, tu m'as fait peur ! Qui sortait du cœur. Visiblement Garcia et son mec savaient ce qu'ils faisaient, mais entre une relation libre et un acteur porno, ça ne devait pas être simple à gérer pour l'autre. Si j'avais proposé ce genre de relation de rêve à une femme j'suis pas certain qu'elle l'aurait si bien pris. C'est pour ça que j'suis toujours célibataire tu vois. Généralement on avait du mal avec le libertinage, l'exclusivité était la norme, les meurs laissaient peu de marge pour la liberté et c'était bien ce qui emmerdait Sam avec le fait d'être en couple. Ca et le fait qu'il n'ait jamais rencontré la personne qui lui donne envie de s'investir sérieusement. Il se carra dans contre le dossier de sa chaise pour réfléchir à la question de son coloc. Parce que je ne suis jamais tombé amoureux. Il haussa les épaules c'était plus ou moins vrai. Ok, y a eu une fille, on était gamin, c'était une gosse de bonne famille et ma mère était la gouvernante. A l'adolescence celle avec laquelle je jouais dans le sable été comme hiver a choisi de s'encanailler avec moi. Son père nous a vite séparé. Et puis je l'ai retrouvé il y a presque un an, par hasard et sur un coup de tête je lui a proposé de partir avec moi en Australie. Sur un coup de tête elle a dit oui. Puis elle m'a planté une fois sur place. Et j'me retrouve à vivre en coloc avec un serveur du Starbucks du coin, slash acteur porno ! Il sourit de toutes ses dents mais derrière son apparent nonchalance on pouvait sentir qu'il était blessé par cette histoire, qu'elle le touchait plus qu'il ne voulait l'avouer.

Il n'était pourtant pas du genre innocent à croire tout ce qu'on lui disait, Sam, mais pour cette fois il fallait avouer qu'il avait failli se faire avoir, c'était con, de tomber dans un piège aussi simple que celui-là, mais bon, un peu de naïveté n'avait jamais tué personne. Ouais... t'y habitues pas trop quand-même ! Il était de ceux qui se faisaient avoir une fois, pas deux. Un peu septique quant au choix de relation de son colocataire, Pohl ne cherchait pas tellement à comprendre de toute façon il savait que ça ne fonctionnerait jamais totalement pour lui, déjà il fallait trouver la femme assez libre et pas trop casse-couille pour accepter la relation libre et puis il fallait aussi que Sam fasse confiance et finalement, s'il y réfléchissait bien, il aurait probablement un côté jaloux qui ressortirait, un léger côté possessif, sans être envahissant, mais qui lui ferait grincer des dents s'il savait que sa copine allait voir ailleurs. Sur le papier ça faisait envie, mais en pratique c'était toujours autre chose. Tu sais pas, un jour il te présentera peut-être un gros caillou, genoux à terre, la totale, juste pour te faire comprendre qu'il en a marre. Il imaginait bien la scène, même s'il ne connaissait pas son mec et ça le rendait presque hilare. Et puis doucement la conversation s'orientait sur la vie amoureuse de romancier, celui qui se disait sans cœur, qui n'avait soit disant jamais été amoureux. En fait il se révélait bien moins froid que ça et sous le masque du mec cool on pouvait deviner quelques fêlures. C'est vrai, j'y avais pas pensé ! Quoi qu'on ne sait jamais... l'un n'empêche pas l'autre ! Il se levait lui aussi pour emmener à Al le reste des couverts tout en se disant qu'en effet, s'aurait pu être bien pire comme coloc, il aurait tout aussi bien pu tomber sur quelqu'un d'inintéressant au possible ou de super maniaque, un truc bien chiant quoi. Là il vivait avec un mec sympa, il n'avait pas à se plaindre. Tu me flattes là ! Parole d'homo ça le fit sourire. Il savait bien qu'il plaisait aux femmes, ce n'était pas le problème, il ne voulait pas n'importe qui dans sa vie, la seule qui trouvait grâce à ses yeux, si on voulait vraiment parler d'avenir, c'était Olivia. T'es sympa, Al, mais j'voudrais pas être accusé d'attouchement sur mineur. Parce qu'il l'imaginait bien entouré de jolies filles, Garcia, mais de filles très jeunes.