It's not a love song ▬ Devan

Étalé dans son canapé, le regard perdu dans la contemplation de son plafond terne et sans couleur, Ezra écoute tourner en boucle son CD de George Harrison. Il se surprend parfois à murmurer les paroles des chansons qu'il connait par cœur, mais pas vraiment parce qu'il est un grand fan qui ne peut s'empêcher de s'attendrir sur les œuvres de son héros. Il s'ennuie, et chante Got My Mind Set On You comme si ça allait suffire à faire passer le temps. Que faire un dimanche, quand la seule occupation qu'on a dans cette ville est fermée ? Au même moment, son portable vibre sur la table basse à coté de lui. D'une main maladroite, Ezra attrape l'appareil en manquant de le faire tomber sur le sol, puis ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire en voyant le nom de Devan s'afficher. Il lui propose de passer chez lui, et de jouer comme ils le font encore bien de temps en temps. Ezra répond rapidement au message avant de se lever de ce canapé où il a traîné toute la journée, à tel point que la silhouette de son corps est maintenant imprégnée dans le tissu. Il attrape l'étui contenant sa guitare en passant dans le hall d'entrée, ouvre la porte de son appartement, et lance sans savoir pourquoi un à plus général. Comme si quelqu'un allait lui répondre. Ezraël vit seul, et ça même si il a toujours eu du mal à dealer avec la solitude. Il a l'impression que ça lui fait du bien, que ça lui permet de se retrouver avec lui-même et de pouvoir enfin avoir la possibilité de ne décevoir qui que ce soit. Comment peut-on blesser quelqu'un lorsqu'on n'a personne d'autre que nous-même ? Son téléphone glissé dans la poche arrière de son jeans noir, Ezra tient à une main la bretelle du sac contenant son instrument. Il traverse à pieds les quelques rues qui séparent son domicile de la maison de Devan, profite du calme de la ville pour imprégner ses poumons de l'air frais de l'hiver, puis se poste devant la porte d'entrée. Il toque. « C'est le livreur de pizza, » crie-t-il de l'extérieur. Ezra a toujours aimé les plans de dernière minute. C'est un impulsif, du genre à ne pas se soucier de grand chose tant qu'il peut profiter de l'instant présent. Et puis, passer du temps avec Devan, c'est le genre de bon plan qu'il ne peut pas refuser. Devan est une des seules personnes avec qui il arrive à être sans broyer du noir, et il doit avouer que ça lui fait beaucoup de bien, comme une fenêtre qui s'ouvrirait enfin pour le laisser respirer alors qu'il s'étouffait dans sa pièce trop étroite. Lui-même.

Depuis qu'ils se connaissent, Ezra a toujours été légèrement admiratif devant Devan qui représente un peu tout ce que lui n'est pas mais qu'il aimerait. Un homme viril -bah ouais, la barbe-, social, amusant, et qui possède un boulot plus intéressant que agent de bibliothèque. Rien que de penser à ce nom que porte sa fonction, ça le fait rire doucement. Agent quoi, comme si Ezraël surveillait les livres qui tentaient de s'échapper des étagères, ou comme si quelqu'un était assez stupide pour vouloir voler un ouvrage trouvable sur internet. Enfin, après tout, il ne sait pas vraiment comment lui pourrait appeler le métier qu'il exerce momentanément. Rangeur de livres ? Ça fait tellement... peu intéressant. Puis aussi, Devan est charismatique. Et il s'assume entièrement. Il sait qu'il est attiré par les hommes mais en semble presque fier, et semble d'ailleurs prendre un malin plaisir à quelques fois déstabiliser ce pauvre Ezra qui ne comprend pas pourquoi quelques réflexions ou gestes de sa part suffisent à le perturber. Ezra à beau se prôner entièrement hétérosexuel, il repense parfois à ce garçon qui l'a embrassé et qui lui a laissé un trou dans le cœur en partant. Peut-être qu'au final, Ezraël n'est rien d'autre qu'un pansexuel qui flash sur tout ce qui est humain. Lorsque la porte s'ouvre et le sort de ses pensées absurdes, il est surpris de voir Devan seulement vêtu d'un jeans serrant. Sas le vouloir, il laisse son regard descendre jusqu'à son torse avant de remonter immédiatement en direction de son visage. Il sourit, mi-amusé mi-gêné. Devan a toujours été quelqu'un de surprenant, et c'est d'ailleurs une des raisons de pourquoi Ezraël l'apprécie tant. Il l'amuse, le fait rire, et arrive même à ajouter de l'irrationnel à sa vie monotone. « En nature ? Tu vas me faire un strip-tease ? » demande-t-il en désignant son torse nu d'un geste du menton. Même si Ezraël est parfois mal à l'aise face à certains types de situations, il s'est longtemps forcé à se montrer plus sûr de lui face à Devan. Il ne sait pas vraiment pourquoi, peut-être car une part de lui avait envie de l'impressionner et non de passer pour un éternel enfant qui ne sait même pas supporter un peu d'humour décalé. À force, ça a presque finit par devenir naturel ce genre de réflexion. Presque, pas encore totalement. Devan l'invite à entrer, et Ezra n'attend pas plus longtemps avant de franchir le pas de la porte. Il se dirige vers le canapé, pose sa guitare contre, puis s'appuie dessus de dos, bras croisés contre son torse. « Je suis ton bouche-trou en fait ? Merci Devan, ça fait plaisir. » Un grand sourire étire ses lèvres quand il plante son regard dans celui de son ami. Il n'y a jamais eu qu'avec très peu de personnes qu'Ezra se permet ce genre d'humour, et Devan en fait partie. « Je veux bien ce que t'as, » dit-il ensuite pour répondre à sa question.

Ezra se met à rire, moins nerveux mais toujours un peu intimidé. Il devrait envoyer balader les sous-entendus de Devan, pas les relancer. Il croit qu'il a fini par s'en foutre, que ce ne sont plus seulement quelques paroles qui vont réussir à le faire virer facilement au rouge. Mais en réalité, ce petit jeu commence à lui plaire, même si il ne se l'avoue pas. Ça l'amuse, et il se sent à chaque fois victorieux quand il peut relancer une réflexion du même genre en retour. D'ailleurs, quand Devan réfute ses paroles comme quoi il ne serait qu'un bouche-trou, un rictus fier étire les lèvres du plus jeune. « Trop mignon ? Arrête, je vais finir par croire que tu me prends pour un bébé. » Ça a toujours été sa crainte d'ailleurs. Plus jeune, il était le plus petit et celui à qui on ne donnait pas son âge. Il avait douze quand il en paraissait dix, dix-neuf quand il paraissait quinze. Petit à petit, Ezra approche de ses vingt-cinq ans et n'a évidemment plus envie qu'on le considère comme un gosse. Il écoute les propositions de Devan puis finit par opter pour quelque chose de raisonnable. « Un soda s'teplaît. » Il n'est pas encore assez tard pour qu'il puisse lui demander plus fort qu'un simple soft et se dit que, si il reste plus tard, peut-être qu'il changera pour une boisson alcoolisée. Il prend la canette tendue par son ami et hoche la tête face a ses paroles, puis sent son coeur manquer un battement quand il lui propose presque de venir le rejoindre. Ezra fronce les sourcils et le regarde comme si il venait de lâcher la plus grosse connerie du siècle. « Allez va-t-en, » le chasse-t-il en souriant, plaisantant bien sûr. Il n'est pas encore assez confiant que pour réussir à enchaîner les plaisanteries et autres réflexions que Devan sait si bien maîtriser. Pendant qu'il s'habille, Ezra ouvre sa canette et boit une gorgée avant de regarder à nouveau Devan qui vient de refaire apparition dans le salon. « Oh je vais bien, la routine d'un musicien bientôt célèbre. » Ou pas. Ezraël ne joue que pour lui ou d'autres musiciens qui s'intéressent à ce qu'il fait. Parfois, le jeune homme a l'impression que sans la musique, il ne serait qu'une âme de trop sur cette Terre, trop inintéressante pour qui que ce soit. « Et toi ? » Il n'a pas envie de s'étaler sur lui, Ezraël ne sait jamais quoi dire à son sujet qui ne perturberait pas. Il n'a que des cotés sombres avec, en plus, cette facade du gentil garçon à la vie banale qu'il montre à tout le monde. À sa question, il hoche la tête. « Oui, on peut y aller, ça m'a presque maqué nos jams sessions. » Il plisse les paupières à sa deuxième proposition et s'approche de lui pour lui donner un coup dans l'épaule. « Désolé de te décevoir, je ne finirai pas dans ton lit ce soir. » Pas mal cette petite rime Ezra.

Devan marque un point. Parfois, Ezra a tendance à oublier leur différence d'âge. Il s'imagine soit lui plus vieux, soit Devan plus jeune, l'âge n'a toujours été pour lui qu'un nombre apposé parce qu'il le faut. Parfois, Ezra se sent avoir trente ans comme il peut se sentir en avoir quinze. Il sourit d'abord, puis fait mine de râler. « Je t'interdis de me pincer les joues ! » s'exclame-t-il en s'écartant de lui. Après sa plaisanterie concernant la routine de sa vie de star, Ez' est ravi de voir que Devan se prend au jeu. Enfin, ça ne l'étonne pas vraiment au final, il a toujours été beaucoup plus ouvert quand il s'agit de ce genre de petit jeu que lui ne l'est. Même si il n'est plus aussi introverti qu'avant, Ezra garde cependant ce trop gros contrôle de lui-même qui l'a trop souvent empêché d'être qui il souhaite être. Devan l'aide beaucoup par rapport à ça, il arrive à voir chez lui ce qu'il ne montre même pas à tout public. Ce grad brun a quelque chose de particulier, un petit truc qui arrive à mettre Ezra presque trop en confiance. « Je risque pas de t'oublier. Je te ferai monter sur scène avec moi, on partira en tournée avec notre groupe. » Il sourit à cette pensée un peu trop irréaliste. Au fond, même ça lui ferait plaisir d'être connu pour sa musique, Ezra ne sait pas si il pourrait supporter une telle pression. Peut-être que ça pourrait l'aider à s'ouvrir au monde, tout comme ça pourrait le faire plonger dans l'alcool et la drogue à cause du stress. Prêt à s'intéresser à la vie de Devan, il est presque déçu d'apprendre que rien n'à changer. Peut-être que lui non plus n'a au final une vie pas si palpitante qu'il l'aimerait, comme lui. À la surprise d'Ezra, Devan se vexe par rapport à ses mots mal choisis. « Mais oui bien sûr, je rêvais de te revoir en train de jouer parce que ça te rend sexy, tu illumines mes journées et mes nuits Devan. » Il lève les yeux au ciel puis se met à accorder à sa guitare. Les dernières paroles de son ami le font piquer un fard, mais il baisse la tête pour ne pas que cela puisse se voir. « C'est ça, » souffle-t-il avant de faire aller les cordes de sa guitare. Il suit le rythme de Devan puis s'amuse à l'accélérer en relevant les yeux vers lui avec une lueur de défi dans le regard.

En réponse à sa question, Ezra hoche simplement la tête. Il sait qu'il ne sera jamais célèbre, ce ne sont pas les personnes comme lui qui arrivent facilement à se frayer un chemin dans ce milieu-là. Et puis, après avoir entendu les paroles de Devan, Ezra se met à penser à comment serait sa vie si ils partaient réellement en tournée. Ce serait certainement amusant, un mélange entre passion musicale et rires à tout va. Plus que la célébrité en solitaire, ce genre de road trip pourrait lui plaire si un jour tous les deux se retrouvent à monter sur la même scène. « Ce serait carrément cool, » dit-il sans le regarder, le regard encore perdu dans le vide pendant que les images qu'il s'est lui-même inventées défilent encore dans sa tête. Un sourire étire petit à petit ses lèvres pendant que ses mains agrippent l'instrument, laissant ainsi ses doigts venir gratter les cordes de la musique au même rythme que la batterie. De temps en temps, il lance un coup d'oeil en direction de Devan pour voir si il arrive à suivre. Jouer sérieusement est quelque chose qui lui plaît, mais le défier l'amuse bien plus. Il arrive à lui faire perdre le rythme et se met à sourire fièrement quand il voit Devan capituler. Sur le coup, Ezra se sent fort. Imbattable, imperturbable. Et pourtant, la réplique du brun lui fait l'effet d'un tremblement de terre dans tout le corps. Quand finira-t-il avec ses allusions ? Ezra prend sur lui. Il cache sa timidité, l'enfuit au plus profond de lui et sert le manche de sa guitare tel un bouclier qui le protégerait de son asociabilité. « Vraiment, je te trouble ? Pourtant ce n'est pas moi qui suis venu t'ouvrir à moitié à poils. » Un petit rire discret s'échappe de ses lèvres sans qu'il ne s'en rende compte tout de suite. Il a beau réussir à répliquer de plus en plus à toutes ses répliques de fausse drague, Ezraël n'est cependant pas certain de savoir comment réagir face à ses dernières paroles. Il le regarde, baisse les yeux, puis le regarde à nouveau. « Tu t'entraînes pour ta prochaine conquête ? Je suis une sorte de brouillon là ? » Il hausse un sourcil interrogatif et arrive à contrôler avec brio la chaleur qui menace de rougir ses joues. Il va même jusqu'à croiser les bras contre son torse, mimant un visage triste. « Tu me vexes, tu sais. »

Ezra, il croit toujours que Devan plaisante. Qu'il l'embête, qu'il se sert de sa timidité et de son malaise social pour réussir à le faire tourner en rond. Il ne s'est jamais trouvé assez intéressant que pour se rendre compte que lui, Ezraël Ickowicz, puisse un jour faire de l'effet à quelqu'un. Surtout pas un garçon. Il balaie donc les paroles du brun d'un geste de la main sans prendre la peine d'y répondre, réussissant cependant de plus à plus à ne plus s'empourprer quand il lui parle ainsi. Il s'habitue, il se fait petit à petit à l'idée que Devan est un joueur parfois trop taquin. Sa question le fait cependant hésiter, encore. Il ne sait pas comme réagir et regarde Devan droit dans les yeux. « Hum, je suppose que non. » Il rit aussi. Devan est un bel homme, tout le monde pourrait le confirmer. C'est un fait, pas un avis personnel. Il a de beaux yeux, de beaux cheveux, et est plutôt bien bâti pour ce qu'en a vu Ezra. Et puis, d'un coup, la voix de Devan se fait plus sérieuse. Suite à ses paroles, il n'arrive plus à faire semblant. Il ne peut plus cacher sa gêne, ni même le fait que ce qu'il lui dit, ça lui fait réellement quelque chose. Pour éviter son regard, Ezra se concentre sur sa guitare qu'il pose à coté de lui dans le canapé, puis observe ses propres mains. « Sérieusement, je te plais. Comme si c'était possible, » marmonne-t-il sans le regarder. Intrigué par la fin de sa phrase, il relève timidement les yeux vers lui et attend. Sauf que la suite n'est pas vraiment pour lui plaire. Ses joues bouillonnent autant que son esprit, et ses mâchoires se serrent pour l'empêcher de dire une connerie. D'un bon, Ezra se lève et fait face à Devan. Au fond de lui, il sait qu'il a raison. Il n'a jamais vraiment su qu'il y était, et ça depuis la fois où, contre son gré, il est tombé amoureux d'un abruti de garçon aux cheveux bouclés. « Alors dis-moi quoi faire, aide-moi à savoir. Je sais pas comment ça marche tout ça, c'est toi l'expert. » Il a murmuré les derniers mots de sa phrase, mais son regard reste planté dans celui de Devan.

Sauf qu'Ezra, il n'a jamais été comme Devan. Lui, il s'attache. Il accorde trop d'importance, il finit par être blessé, puis il s'en veut d'avoir encore une fois ouvert son coeur à quelqu'un qui s'est amusé à le piétiner. À force, il a fini par ne plus croire au fait que les relations amoureuses puissent être faites pour lui. Il est trop dérangé, trop cassé que pour attirer quelqu'un. Les mots prononcés par le brun devant lui le percutent. Ça résonne dans sa tête, ça lui coupe le souffle et ça accélère les battements de son coeur. Devant lui, il a l'impression que Devan pourrait se moquer de lui. Ezra se mord la lèvre, regrettant ses paroles. Il aimerait retourner en arrière, faire comme si il ne s'était rien passé. Et pourtant, aucun rire ne sort d'entre les lèvres de son ami. À la place, celui-ci prononce deux mots qu'Ezra ne comprend pas tout de suite et qu'il n'a pas le temps de saisir puisque, la seconde d'après, le voilà emporté dans un baiser auquel il ne s'attend pas. Étrangement, ça lui plait. Ça réveille tous ses sens, ça lui fait ressentir un nœud dans l'estomac et l'impression que sa tête se met à tourner. Le baiser lui paraît court, et il entend les mots prononcés par Devan comme si celui-ci les avait prononcés à trop grande vitesse que pour être compris. Son coeur bat à cent à l'heure. « Ouais. Ok. Waw. » Il baisse le regard, passe sa langue sur ses lèvres, une main dans ses cheveux pendant que ses pieds lui font faire un tour sur lui-même. Sa tête est remplie de pensées contradictoires. Il croit vouloir partir, et pourtant il n'en ressent pas l'envie. Après plusieurs secondes de réflexion qui ne mène au final à rien, il fait face à Devan. Les battements de son coeur ne se sont pas calmés, mais ses joues sont moins rouges et ses mains ne tremblent plus. « Oh, et puis merde, » lâche-t-il avant de se rapprocher de lui et de prendre son visage entre ses mains pour plaquer ses lèvres contre les siennes. Il ne sait pourquoi il fait ça, il en a simplement juste eu envie. Une pulsion, une idée folle qu'il a pour une fois écoutée. Sur le moment, sa tête se vide de toute crainte. Ses doigts remontent jusqu'aux cheveux de Devan qu'il agrippe alors qu'il continue son baiser passionné.

Ça a été une sensation étrangement agréable, peut-être même un peu trop pour que ses pulsions ne résistent pas à l'envie de recommencer. Actuellement, des pensées contradictoires se bousculent dans la tête d'Ezra. Le faire, ou pas. Voir la vérité en face, mais ne pas la comprendre. Il est perdu, totalement paumé, pourtant il réalise bien vite qu'il n'arrive pas à se détacher aussi facilement de Devan qu'il le voudrait. Il n'y arrive pas, ou bien il ne le veut pas. Ce n'est pas de l'amour, loin d'être un sentiment ressenti depuis trop longtemps que pour ne pas profiter du moment. C'est simplement la réponse d'un garçon qui s'est trop longtemps caché, et qui ouvre son coeur à la seule et unique personne prête à l'écouter. Peut-être que Devan n'est pas le mieux placé pour ce genre de première expérience, sûrement même qu'Ezra n'est pour lui qu'un jouet de plus qu'il se tardera bien vite d'oublier. Et pourtant, sur le moment, il n'aimerait être avec personne d'autre. Il sent son ventre se nouer, se réchauffer, et il ne peut nier le fait que plus qu'un autre, c'est cet homme devant lui qui lui fait de l'effet et qui lui en a toujours fait. Sa confiance en lui, ses tatouages, et ses yeux. Ses putains de yeux de bleus qui arrivent à lire en Ezra comme dans un livre ouvert. En se sentant poussé contre le mur, il sent son coeur manquer un battement. Les questions qui tournent dans sa tête s'évaporent, les interdits disparaissent, et il laisse la voix de Devan envelopper son corps entier d'une chaleur plus qu'agréable. « Je te fais confiance, » murmure-t-il en retour, ses pupilles plantées dans celle de l'homme face à lui. Ezra frissonne en sentant le contact entre la main de Devan et son propre torse. Il suit d'abord ce geste du regard, puis finit par lentement relever les yeux vers son visage. Ses lèvres sont entre-ouverts, son regard est vif, et son souffle est devenu bien plus rapide. Lui qui a toujours eu du mal avec les contacts physique, voilà qu'il se retrouve à aimer cette sensation de peau contre peau. Sans réfléchir, il s'autorise lui aussi à glisser une main dans le bas de son dos, le bout de ses doigts appuyant sur le creux de ses reins.