It's not a love song ▬ Devan

Ezra n'a jamais vraiment été capable de dire qui il est réellement. Depuis petit déjà, il a toujours eu cette sensation d'étrangeté, l'impression d'être à part, différent. Et lorsqu'il a commencé à ressentir un semblant de sentiment pour ce garçon, Wesley, il ne s'est même pas posé la question de si ou non il pouvaitt s'avérer entre en réalité bi ou.. gay. Ça lui semblait stupide à l'époque, totalement absurde, et il n'osait même pas imaginer comment son père pourrait réagir face à une telle annonce. Sauf qu'en réalité, ce n'était pas qu'un semblant de sentiment. Ezra était amoureux, il avait le béguin pour ce crétin aux cheveux bouclés et à la voix railleuse. Il était jeune, perdu, encore plus qu'il ne l'est maintenant. Il s'est dit que ce n'était qu'une erreur, un moment d'égarement. Et pourtant, le voilà à présent accroché aux lèvres de Devan comme si il était son unique moyen pour arriver à respirer. Il ne sait pas ce qu'il fait, ses pensées s'embrouillent et ne forment qu'un mélange incompréhensif de mots sans aucun sens qui résonnent dans sa tête. Il se sent frémir. Tout son corps est animé d'un frisson étrangement agréable alors qu'il s'approche de plus en plus de lui. Il ne réfléchit pas, il ne pense pas à comment évoluera leur relation dans les jours à venir, il ne voit que Devan et son sourire, Devan et ses beaux yeux, Devan qui lui fait tourner la tête. Au fond, Ezra se fiche de savoir si cet homme devant lui éprouve réellement des sentiments pour sa petite personne. Il a eu envie d'agir, envie de faire avancer les choses quitte à foncer tout droit dans un mur. Aujourd'hui, il n'a plus peur. Il met ses angoisses de coté, il prend son courage à deux mains, il ose. Lui-même ne sait pas ce qu'il ressent actuellement. Il est certain que Devan l'attire depuis l'instant où il a posé les yeux son corps sans t-shirt, sauf qu'il s'est bien vite dépêché de cacher cette faiblesse au fond de lui. Alors que Devan l'emmène jusqu'à sa chambre, Ezra se laisse tomber sur le lit pendant que son ventre se noue dans un mélange d'angoisse et d'excitation. Il pourrait reculer, revenir en arrière et se raisonner, mais cette sensation de chaleur dans le bas de son ventre le supplie de ne pas le faire. Il veut Devan, là, maintenant. En le regardant, il se mordille légèrement la lèvre. Il le laisse retirer son t-shirt en levant les bras pour l'aider et ne ressent pour une fois aucune gêne qu'on puisse voir son corps frêle. Les paroles de Devan le font légèrement sourire, et il hoche docilement la tête. « Je le ferai, mais là t'es encore plus en train de te prendre la tête que moi. » Il sourit, et arbore un air bien plus confiant que d'habitude. Ezraël se sent différent, plus vivant, désirable. Il glisse ses mains dans la nuque de Devan pour l'attirer contre lui et se remet à l'embrasser sans pouvoir cacher plus longtemps la bosse dans son pantalon due au fait que bordel, ce mec lui plaît vachement en réalité.

À chaque fois que ses lèvres entrent en contact avec celles de Devan, Ezra sent une décharge électrique parcourir l’entièreté de son corps. C'est une sensation étrange, il a l'impression d'être sous l'emprise de l'alcool sans pourtant avoir consommé la moindre goutte. Il le laisse d'abord faire, vide totalement son esprit, et finit par réussir à suivre le rythme pendant que sa respiration devient plus saccadée et dirigée par son excitation. Ça lui plait, il lui plait. Être dans ses bras, entre ses mains, peau contre peau, sentir les muscles de son corps si bien bâti et voir son front perler de sueur. Ezra ne s'est jamais senti autant ailleurs qu'en cet instant, aussi bien. À plusieurs reprises, il frémit. Ses doigts se ressèrent une fois contre le dos de Devan, une fois sur le tissu des couvertures. Il se mord la lèvre, n'ouvre les paupières qu'à moitié, admire son partenaire et le dévore du regard. Une fois qu'ils ont terminé, Ezra peut encore sentir son coeur battre rapidement dans sa poitrine au point qu'il a l'impression que ce dernier est sur le point d'exploser. La question de Devan le fait doucement sourire pendant qu'il reprend son souffle. Il se tourne afin de se coucher sur le ventre, la couverture recouvrant la moitié de son corps nu, et il se surprend lui-même à glisser son index le long du ventre de Devan avant d'y dessiner des cercles imaginaires. « Comme une fille en chaleur, » dit-il avant de rire doucement, à présent totalement décomplexé devant cet être capable de voir en lui tout ce qu'il a pourtant sans cesse caché. « Et maintenant ? » lui demande-t-il. « Tu me jettes dehors, et je suis censé me rhabiller dans le jardin ? » Il hausse un sourcil, même si au fond Ezra espère sincèrement que ce n'est pas ce que compte faire Devan de lui. En réalité, il n'a même plus envie de partir. Il aimerait rester là, contre lui, s'endormir grâce au bercement de sa respiration et pouvoir glisser sa main dans ses cheveux. Toutes ces pensées le perturbent, pourtant il ne les combat plus. Il sait que c'est ce qu'il veut, il l'assume au fond de lui, mais il n'a cependant pas envie que Devan soit au courant de tout ce qui traverse actuellement son esprit.

En réalité, Ezraël n'a pas trouvé quoi dire d'autre qu'une connerie qu'il ne pense même pas. Il ne sait pas ce qu'il est censé faire, dire, ce qu'il représente à présent aux yeux de Devan. Ni même ce que Devan représente pour lui, d'ailleurs. Si on oublie le fait qu'il vient de vivre sa première fois avec un homme, c'est également la première fois qu'il a des relations sexuelles sans être en couple avec la personne. C'est étrange pour lui, mais pas dérangeant. Ça lui fait plutôt l'effet d'un poids qui se libère de ses épaules, le sentiment de pouvoir enfin réussir à respirer convenablement. À la question de Devan, le sourire d'Ezra s'efface lentement. Il se contente de secouer négativement la tête, la gorge nouée. Non, il ne le voit pas comme ça. Ou peut-être qu'il l'est avec d'autres, le brun n'en a aucune idée. C'est juste lui qui n'a pas été capable de trouver les mots à dire dans ce genre de situation. Le mot ami le fait cependant totalement redescendre sur Terre. Il hoche pensivement la tête avant de remonter la couverture sur son corps. « Quel honneur, » lâche-t-il avec un petit rire nerveux avant d'attraper son boxer par terre et de l'enfiler. Il prend ensuite appui sur le matelas, tourné vers Devan, et se sent frémir lorsque ce dernier l'embrasse avec douceur. Un sourire incontrôlable vient étirer ses lèvres. « D'accord, j'accepte de passer la nuit avec... toi. » Le dire tout haut lui est encore étrange. Ezra se mord le lèvre avant de se laisser aller contre le lit, couché sur le dos. Il regarde le plafond et pousse un léger soupir. Il écoute Devan et s'imagine déjà seul chez lui, dans cet endroit qui ne lui appartient pas, comme une petite femme au foyer. Il secoue négativement la tête. « Non, je rentrerai chez moi. J'ai un ventre sur pattes à nourrir, » dit-il en parlant de Lana, son nouveau bébé chien depuis plusieurs semaines déjà. Il tourne à nouveau la tête vers lui. « Par contre, je voudrais bien savoir... » Il inspire profondément, se sentant déjà ridicule de poser une question pareille. « Ce que ça représente pour toi. Si on se verra encore, ou plus jamais, ou si on fera comme si rien ne s'était passé. »

Il n'aurait pas dû poser cette question. Ezra le sait et, intérieurement, il s'en mord les doigts. Il aimerait retourner en arrière, effacer ses propres paroles, ne pas avoir éclaté cette bulle que Devan a créée avant qu'il ne parle trop. N'osant pas affronter son regard confus, il baisse les yeux vers le matelas et continue de jouer avec le bord de la couverture. Il la tire, la plie, la fait glisser entre ses doigts. Lui aussi était bien, il ne sait pas pourquoi il a fallu qu'il se prenne la tête, qu'il aligne ces stupides mots. Sûrement parce qu'au final, lui n'a jamais fait ça, contrairement à Devan. Mal à l'aise, il déglutit avant de serrer la mâchoire. Il se sent rougir, un peu. Un bref sourire étire brièvement ses lèvres aux premières paroles de son ami. « Mais non je n'en aurai pas marre, » dit-il toujours sans le regarder, faisant à présent des cercles imaginaires sur la couverture à l'aide de son index. Il l'écoute, se concentre sur chacune de ses paroles afin de pouvoir les repasser dans sa tête pour leur donner un sens. Devan a l'air sincère, pourtant Ezraël en vient à se demander si il ne lui dit pas seulement ça pour lui faire plaisir. Qu'il voudra le revoir, que c'était un bon moment, tous ces mots qui ont évidemment un impact assez conséquent pour le brunet. « Vraiment ? » C'est tout ce qu'il arrive à dire pour le moment. Une question stupide, sans intérêt, un mot qui souligne simplement qu'il ne sait pas comment réagir face à cette situation. Ezra se redresse, faisant tomber la couverture sur son bassin et laissant ainsi apercevoir son torse nu. Il s'appuie sur le matelas du plat de sa main et regarde enfin Devan après de longues minutes à éviter de croiser son regard à lui. « Ça me va, enfin je crois. Je voulais pas que, tu vois, tu commences à m'éviter ou quoi. » Ses paroles sont confuses part rapport à celles de Devan, bien plus confiantes. On peut clairement sentir qu'Ezra est perdu, qu'il ne sait pas quoi penser ni même comment agir. La question qui suit le fait se raidir. Il fronce les sourcils, a envie de secouer négativement la tête, mais même ça il n'en est pas capable. Oui, ça l'est. Évidemment même. Sauf qu'il ne peut pas dire ça. « J'en sais rien Devan, je sais plus ce qui est important ou ce qui ne l'est pas. » Il soupire, passe une main dans ses cheveux décoiffés. Il aimerait tellement être comme lui par moments, réussir à ne pas se prendre la tête et à savoir agir sans penser aux conséquences. Ne pas développer de fichus sentiments. Il finit par hocher lentement la tête. « T'as raison. On peut pas toujours tout prévoir. C'est arrivé, voilà. Et je veux pas retourner en arrière. » À nouveau, Ezra plante son regard dans celui de Devan. Il se mord la lèvre. « On a qu'à pas mettre de mot dessus. Si quelque chose arrive, c'est que ça devait arriver. On verra, » conclut-il alors qu'un demi-sourire étire petit à petit ses lèvres.