first lesson - ft. Maxwell

Des cours de surfs, tu avais payé pour trois cours. Tu ne savais pas vraiment ce qui t'avait piqué le jour où tu avais appelé. Peut-être l'envie de dompter la vague. C'était bien la première fois que tu t'intéressais au surf, peut-être l'effet Bowen ça. Avec ses trois plages et ses vagues de "rêves" dont tu te faisait rabattre les oreilles, tu avais fini par craquer. Puis la voix de la jeune femme à l'autre du bout te faisait aussi plaisir à entendre. Surtout de savoir qu'elle serait ton professeur. C'était peut-être un peu idiot, mais dès qu'il s'agit d'une fille, tu coeur devient guimauve et plus rien ne compte pour toi. C'était ça d'être aussi sensible. Quoiqu'il arrive, tu décidais d'honorer ton rendez-vous, ne serait-ce parce que tu voulais tenter l'aventure. Surfer ça ne semblait pas bien compliqué, mais comme tout le reste, ça allait être un calvaire. Pourtant, ça ne te faisait pas peur, pas le moins du monde. Une fois sur la plage, à l'endroit fixé par téléphone, tu cherchais du regard la prof en question. Tu pouvais apercevoir deux personnes avec deux planches, ce qui voulait dire une chance sur deux d'aller vers la mauvaise personne. D'autant plus qu'avec le soleil de face, tu étais quelques peu aveuglé pour bien différencier les visages, pourtant d'instinct tu te dirigeais vers la première personne qui est une femme. « Bonjour, j'ai rendez-vous pour un cours avec une certaine Mme Pierce, c'est bien vous ? » demandais-tu un peu timidement. On va dire que tu ne t'étais pas vraiment attendu à ça. Pas que ça ne te plaisait pas, mais tu n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer une surfeuse aussi jolie que ça. Ton cœur s'emballait une nouvelle fois et tu devais avoir l'air niais à attendre qu'elle te réponde. Si ce n'était pas elle, tu dois avouer que tu aurais une pointe de déception et de jalousie envers son client, puisqu'elle semblait attendre quelqu'un.

C'était la bonne personne, tu ne t'étais pas trompé. Et tu étais d'autant plus ravi d'avoir affaire à une jolie femme. C'était ton coeur d'artichaut qui régissait face à ça, parce que tu étais incapable de ne pas craquer, incapable de ne pas le sentir battre plus fort, battre plus vite. Incapable de ne retenir de tomber amoureux quand tu voyais de grands yeux comme les siens, un sourire sur ses lèvres et de jolies joues roses sur lesquelles tu avais envie de déposer mille baisers. « Maxwell, oui. Enchanté ! » Tu lui aurais bien fait la bise mais c'était trop personnel, peut-être même peu convenu pour une rencontre de ce genre là. Tu ne savais pas trop te plier aux convenances, si tu le pouvais tu ferais la bise à tout le monde, puis un câlin. Tu étais du genre tactile, peut-être un peu trop d'ailleurs, mais tu aimais le contact humain, la chaleur d'un corps, la caresse d'un baiser. « On va déjà dans l'eau ? » demandais-tu un peu surpris. Tu ne t'attendais pas à ça à vrai dire. Pour le premier cours tu pensais que ça serait plus des conseils, de la théorie et tout le blabla habituels. Peut-être même avec un entraînement sur un simulateur, d'ailleurs tu ne laissais pas beaucoup de temps pour exprimer ta surprise. « J'pensais qu'on ferait de la pratique avec la planche dans le sable.. » Tu t'étais imaginé en combinaison à faire les mouvement sur une planche au sol, mais à y penser, tu aurais l'air ridicule et tu n'aurais pas la même liberté de mouvements que dans l'eau. Et puis les sensations ne seraient pas les mêmes, ça c'était une chose certaine. Tu t'approchais des planches, comme pour l'imiter. « Mais allons-y ! » ajoutais-tu doucement, avec le sourire sur les lèvres. Tu n'avais aucune idée de comment faire, par quoi commencer, mais tu étais prêt à le faire sans la moindre hésitation. Tu étais là maintenant, tu n'allais pas t'arrêter en si bon chemin.

Tu ne quittais pas son regard des yeux. Si elle n'avait pas été ta prof, alors tu aurais pu t'imaginer une relation sérieuse. Mais tu te doutais qu'il devait y avoir des règles à la con, pour te protéger autant qu'elle. D'un autre côté, si elle n'avait pas été ta prof, tu ne l'aurais sûrement jamais abordé. Tu aimais les femmes, mais de loin, tu évitais souvent de leur parler parce que tu n'étais pas un bon dragueur. « Oh.. Très bien ! » L'idée de savoir qu'elle allait te montrer la posture avant d'y aller, te rassurait pas mal. Tu la regardais poser la planche au sol, monter dessus et prendre la position fléchie tout en te donnant des indications. Tu te doutais qu'à ce moment pas mal d'hommes devaient faire un pas en arrière pour essayer d'admirer la vue. Pourtant, toi tu étais concentré sur ses jambes. Après tout, tu étais bien là pour apprendre non ? « Regarder au loin c'est un peu comme quand on conduit, pour anticiper ? » demandais-tu doucement. Tu avais l'impression de poser une question bête pourtant, c'était juste pour ton information, pour que tu puisses penser que c'était une chose importante à faire et donc la faire. « J'vais d'abord essayer dans le sable alors ! » Pas très rassuré, en effet. Tu devais passer pour une poule mouillé mais ça t'étais bien égal, de toute façon elle était payé qu'elle aille dans l'eau ou non. C'est sûr que passer une heure entière à te regarder surfer des vagues imaginaires sur le sable, ça devrait moins lui plaire, mais c'était toi le client. « Comme ça ? » Tu avais les jambes raides, crispé, comme un piquet sur la planche. certes, ton regard était au loin lui, mais pour ce qui était de la posture, ce n'était pas encore gagné. Heureusement que t'étais pas dans l'eau parce qu'elle aurait passé son temps à te repêcher avant que tu y arrives.

Tu avais bien compris le principe du regard et pour ça, tu étais plutôt bon puisqu'elle te le disait sans plus attendre. Par contre ce qui n'allait pas c'était tes jambes. Tu le savais, tu l'avais senti, tu étais trop peu maniable. Tu manquais de souplesse, de légèreté de mouvement comme elle te l'avait montré quelques minutes avant. Pourtant, tu n'avais pas eu le sentiment d'être si raid. « Oh.. Ok ! » Tu lui fis un sourire pour répondre au sien lorsqu'elle t'annonçait te sentir tendu. Oui tu l'étais, mais tu ignorais pourquoi. Elle était un peu intimidante c'est vrai, mais ça ne te faisait pas aussi peur que tu le pensais. De toute façon, tout ça resterait platonique, tu n'avais pas de soucis à te faire de ce côté là. « J'ai l'impression d'être un pantin mais incapable de faire les mouvements qu'il faut. » Tu te redressais pour reprendre la posture depuis le début. Tu jetais ton regard au loin, essayant de plier un peu plus sur tes jambes. Enfin dans ton imagination ça semblait être presque ça mais dans la réalité tu n'en savait rien. « Et là ? » demandais-tu à nouveau en pensant avoir bouger un peu mais faut dire que ce n'était pas ça. Tu étais dans le sable, aucune raison de paniquer, aucune raison d'avoir peur. Pourtant, tu continuais d'être crispé comme si une vague allait te renverser et que t'allais te noyer. Alors tu te crispais, te rendant le plus compact possible pour dire te tenir sur la planche. Sauf que si tu restais comme ça, lorsque la vague s'abattrait toi, tu te feras emporter.  

Un mauvais pantin oui, du genre de ceux qu'on jette à la poubelle parce qu'on pourra jamais rien en obtenir. Sauf que tu étais un être humain et qu'on pouvait pas vraiment te jeter à la poubelle. Ta position s'améliorait mais ce n'était pas encore ça. A mesure qu'elle t'encourageait, tu avais le sentiment d'être victorieux, de t'approcher de plus en plus du but. Elle te donnait un ultime conseil et tu l'appliquais sans plus attendre. « Très bien. » Tu prenais une grande inspiration, fermant les yeux pour te relaxer à fond. Il fallait que tu mettes de côté la peur et l'envie de tomber amoureux d'elle. Tu prenais une seconde inspiration sentant tes muscles se détendre. Tu t'étais focalisé sur ça, permettant à tes muscles de devenir plus maniable, elle en profiter pour replacer un tout petit peu tes jambes et déclarer que tu étais prêt à te jeter à l'eau. Ce qui te fit ouvrir les yeux d'un coup. Vraiment ? Tu n'avais pas envie de la contredire, après tout c'était elle la professionnelle dans l'histoire et elle devait mieux connaître que toi son boulot. Mais l'idée de te jeter à l'eau maintenant n'était pas vraiment rassurante. Tu n'en laissais pourtant rien paraître en descendant de la planche pour lui sourire doucement. « C'est vous l'patron ! » Ça te faisait bizarre de dire ça, comme si les mots sonnaient étrangement dans ta bouche. Le simple fait de la vouvoyer parce qu'elle était de ton âge mais qu'elle était aussi ta prof et qu'en tant que telle, tu te devais de lui donner le respect qu'elle méritait. Mais ça n'empêchait rien au fait que tu trouvais ça vraiment étrange. Après quoi, tu attrapais ta planche, t'arrêtant au bord de l'eau. « On nage jusqu'où environ ? » C'était peut-être une question idiote. Y avait-il un point de départ ? Ou c'était plus quelque chose qui se ressent et on s'arrête quand on pense être au bon endroit ? Tu allais vite être fixé pour ça.

Alors que tu venais de la vouvoyer elle te fit la remarque que tu pouvais la tutoyer sans aucun problème. Ce qui te fit hocher la tête. Tu n'étais pas contre l'idée de le faire, après tout elle avait plus ou moins ton âge et avoir des "vous" quand on a une vingtaine d'années c'était un peu vexant. On avait le sentiment d'être vieux alors qu'on commençait tout juste notre vie. Tant qu'elle était d'accord avec ça, toi, ça ne te posait pas de problème. Elle te parlait de la mer, du fait qu'elle était calme et tu hochais une fois de plus la tête, ne sachant pas si tu devais ajouter ou non quelque chose. Pour le moment tout te paraissait extrêmement clair. Pas d'obstacles à l'horizon si ce n'était ta petite peur d'être nul. Tu le serais forcément, autant l'accepter maintenant. Elle te proposait d'y aller et dans un sourire, tu hochais à nouveau la tête. « On y va ! » ajoutais-tu d'un air déterminé, posant un pied dans l'eau puis un autre. Tu avançais tranquillement, gardant la planche bien à côté de toi. Et une fois que tu n'avais plus pieds tu t'installais assis dessus. Tu te penchais un peu en avant comme pouvait le faire Naïa, pour permettre d'avancer encore un peu plus loin dans l'eau, te sentant légèrement secoué par les vagues au fur et à mesure qu'elles s'approchaient de toi. Mais tu restais assis un moment, tu n'avais même pas vu comment passer de la position assis à la position debout et maintenant que tu étais dans l'eau, tu trouvais que ça te faisait défaut. Tu attendais de voir comment elle allait s'y prendre pour tenter de faire la même chose.

Vous étiez dans l'eau, les jambes dans le vide, assis sur la planche. Tu ne savais pas trop comment ça allait se passer. Mais avant même que tu ne puisses le lui demander, elle t'expliquait étape par étape ce qui allait se passer. « D'accord ! » Tu hochais doucement la tête en la regardant faire. Elle le faisait avec une si grande facilité que tu avais le sentiment que tu pouvais réussir. Tu avais même envie de le tenter maintenant, de voir si toi aussi tu pouvais le faire. Mais tu te contentais de rester assis en secouant une nouvelle fois la tête. « Très bien ! » Tu allais tomber. Elle le pensait en tout cas. Et elle aurait sûrement raison. Tu verrais ça très rapidement. Il ne fallait pas précipiter les choses parce que c'était justement comme ça que tu ferais n'importe quoi et que tu finirais par tomber. Elle te demandait si c'était bon et encore une fois, tu hochais la tête. « Je crois qu'on peut y aller ! » De toute façon, la seule façon de savoir si tu allais réussir, c'était de tenter le coup. Il fallait se jeter à l'eau et là c'était bien au sens propre du terme parce que tu allais te jeter dans la mer. Même si tu préférais éviter de tomber. Elle s'allongeait sur sa planche, et tu l'imitais. Les mains plaquées contre la planche. Tu regardais la vague s'approcher de vous et elle se mettait debout, comme elle te l'avait indiqué plus tôt. Toi tu restais allongé, pas assez confiance pour celle là. La prochaine serait la bonne. Lorsqu'elle arrivait, tu tentais de te relever mais tu laissais ton genou toucher la planche et tu chutais à l'eau. Elle avait eu raison. Mais tu n'allais pas te laisser abattre tant que tu n'aurais pas réussi. Tu remontais et recommençais une bonne dizaine de fois. Jusqu'à réussir. Mais au lieu de rester immobile, tu criais en souriant parce que tu avais réussi et tu finissais une fois de plus dans l'eau.