Under the sea ♫ Maxwell

Aujourd'hui est un beau jour. Une journée ensoleillée, avec un ciel sans nuage et une température qui doit avoisiner les vingt degrés. Poussé par la soudaine envie de faire quelque chose qui sort de l'ordinaire, Ezra est monté dans sa voiture et, déjà sur le chemin, a envoyé à message à Maxwell pour savoir si il était tenté par l'idée de passer une journée loin de Bowen. Lui qui n'était pas particulièrement du genre à se lancer dans ce genre d'aventure décidée à la minute, Ezraël a eu envie de le secouer un peu pour une fois. Lui montrer ce qui le fait vivre, et ce qu'arrive à provoquer ce genre de sensation forte dans un corps humain. Ezra, ça le fait vibrer. Il ne sait plus comment il a eu l'idée de la Grande Barrière de Corail, peut-être en la voyant en photo ou en entendant un reportage dessus à la télé. Tout ce qu'il sait à présent, c'est qu'il a envie d'aller découvrir de plus près cet endroit qui fait tant parler de lui. Une fois sa voiture à l'arrêt devant chez Maxwell, il lui envoie un nouveau message pour lui signaler qu'il est là et l'attend dans sa voiture, ses doigts tapotant sur le volant au rythme de la musique qui passe à la radio. En voyant Max arriver, Ezra attend qu'il n'ouvre la portière puis lui offre un grand sourire. « Alors, prêt pour partir à la découverte du monde ? Ou juste de l'océan, mais ça revient presque à la même chose. » Car après tout, ils vont découvrir un monde aquatique enfuit dans l'océan qui n'est visible que d'en haut ou dans l'eau, mais pas sur terre. Ezra redémarre sa voiture et s'engage sur la route. « Comme je suis sympa, je te laisse le choix. Soit on va en hélico, soit on part sur un bateau et on plonge pour découvrir cette fameuse Grande Barrière de Corail. »

Un message d'Ezraël qui faisait son apparition sur le cadran de ton téléphone. Tu esquissais un sourire. Ce gars t'étonnait toujours. Tu ne savais jamais d'où lui venait toutes ses idées folles et encore moins la spontanéité à laquelle ça lui prenait. Il ne songeait peut-être pas que toi tu avais du travail. Ta rentrée était pour bientôt, tu voulais être prêt à temps. Mais le geste qu'il te faisait en t'emmenant avec lui partager la découverte d'une merveille du monde faisait que tu ne pouvais pas passer à côté de ça. C'était une chance à prendre et lui qui se plaignait que tu mettais trop de temps à te décider, à faire les choses, tu lui répondais sans plus attendre. Une fois devant chez toi, tu filais le rejoindre. « Celle de l'océan me convient parfaitement ! » A peine avais-tu claqué ta portière qu'il mettait le feu au plancher. Bon, peut-être que tu exagérais, mais tu sentais bien l'excitation qu'il pouvait ressentir pour cette activité. Toi-même tu étais sur le point de sauter partout, limite à crier comme une ado devant son idole. C'était grave d'en arriver là, mais c'était un bonheur simple. « J'ai jamais eu l'occasion de monter dans un hélico, mais l'idée du plongeon me paraît plus aventurière et on est là pour l'aventure ! » Tu t'emballais peut-être un peu trop, mais n'était-ce pas le but recherché ? Il cherchait à te donner de l'adrénaline. Un saut en parachute au dessus de la barrière de Corail ça devait être pas mal non plus. Mais la plongée, la plongée s'était comme un rêve de gosse. Tu avais toujours été fasciné par le monde marin, au point d'avoir voulu être un poisson. Malheureusement tu n'as pas eu la chance d'avoir une queue de sirène et des branchies.

Ça fait déjà plusieurs années qu'il a ce besoin constant de chercher l'adrénaline et qui l'empêche de rester en place trop longtemps. Toutes ces sensations fortes, ça l'empêche de replonger. Ça l'amuse, ça l'anime, et surtout ça le fait se sentir vivant. Ezra est devenu accro aux frissons qu'arrivent à provoquer le vrombissement de son moteur, ou encore la vue du vide sous ses pieds. Peut-être qu'il exagère parfois, peut-être même qu'il devrait se calmer et arrêter de mettre sans arrêt sa vie en danger. Sauf que pour lui, il n'a rien à perdre à part du temps. La réponse de Max le fait sourire. « J'ai encore jamais essayé l'hélico non plus, on a qu'à dire qu'on se réserve ça pour une prochaine fois. » Car même si le jeune prof a son horaire et qu'il n'a pas l'opportunité de sortir vivre ce genre d'aventure autant qu'Ezra, ce dernier ne compte pas le lâcher pour autant. « Par contre, il y a une petite trotte avant d'arriver là-bas. T'as intérêt à avoir pleins de choses à raconter sur tout ce qui est récemment arrivé dans ta vie. » Maxwell n'est pas qu'un simple compagnon d'aventures aux yeux de Ezra, lui qui a justement tendance à accorder parfois trop d'importance aux personnes qui l'entoure. Il est curieux, et surtout soucieux de son bien être comme une mère poule trop protectrice. Et puis, de son coté, Ezra n'est pas vraiment le genre de personne qui arrive à ne se concentrer que sur sa personne et à déballer sa vie pendant une heure en la faisant passer pour un ensemble de moments plus intéressants les uns que les autres. Après tout, bosser dans une bibliothèque n'est pas le boulot le plus sensationnel qu'on puisse avoir.La route n'étant pour le moment qu'une ligne droite, il en profite pour un jeter un regard curieux à l'intention de Maxwell.

La voiture roulait tranquillement, une ligne droite, rien de plus. L'argument vendeur des villes côtières de l'est de l'Australie c'était bien la barrière de corail. « Ça m'va ! » Tu aimais beaucoup l'idée qu'il puisse y avoir une second fois. Peut-être qu'elle serait plus planifiée que maintenant mais au moins. Tu aurais aimé avoir eu plus de temps pour t'organiser, par chance tu n'avais pas eu grand chose à prendre, un maillot de bain, puis des vêtements de rechange pour le retour. « J'espère que t'es prêt à m'entendre de te casser les oreilles parce que j'vais pas arrêter de piailler ! » Et pour piailler, tu allais le faire. Tu avais pas mal d'histoires à raconter, pas spécialement intéressantes dans le fond mais les histoires de coeur l'étaient rarement. Tu étais bien connu pour avoir le coeur qui s'emballait un peu trop vite. Tu étais un papillon qui prenait ton temps pour butiner même s'il était ivre de bonheur à chaque fleur. Tu savais que tu avais tendance à trop t'emballer, à partir trop vite dans des histoires qui n'auraient pas tenu plus de deux minutes si ça avait été un autre homme. Tu voyais trop facilement des histoires sérieuses là où il y en avait pas. « Et sinon, tu bosses jamais ? » demandais-tu en rigolant. Après tout, vu le temps qu'il passait à l'extérieur, tu te demandais bien quand il travaillait.

Ezra a toujours aimé les histoires. Sans savoir pourquoi, il a d'ailleurs souvent servi de confident à ses plus proches amis qui ressentaient le besoin de parler. En même temps, la vie des autres l'intéressent. Il les écoute comme on lit un livre ou comme on regarde un film, il les mémorise toutes puis il commence à devenir presque envahissant, à toujours vouloir savoir comment les autres vont. La réponse de Max le fait sourire. « Je suis préparé mentalement, t'en fais pas pour moi. » Contrairement à Max, Ezra n'est pas le genre de garçon à se laisser tomber amoureux. Il lui arrive bien souvent de s'attacher, parfois trop même, mais il a toujours eu ce sentiment au fond de lui qui lui fait se sentir pas assez bien pour la personne qu'il apprécie. Lui qui veut voir le monde heureux, il se dit qu'il est impossible que lui, ex-dépressif, puisse être la source de bonheur de qui que ce soit. Il a d'ailleurs brisé une des deux personnes pour qui il a été amoureux, et l'autre a fait la même chose avec lui. La question de Max le sort de ses pensées et le fait rire. « Si je bosse, non mais ! » s'exclame-t-il en tournant la tête vers lui, sourcils froncés. Il se concentre à nouveau vers la route et retrouve son sourire habituel. « La bibliothèque ferme parfois, tu sais. Et puis, je ne suis pas tout seul à y bosser. Les horaires sont plutôt cool, ça me permet de jouer de temps en temps si l'envie me prend. » Parce qu'avant d'être agent de bibliothèque, Ezra est un amoureux de la musique. Il vit pratiquement avec sa guitare accrochée à son dos, sauf aujourd'hui. « Et toi, t'es finalement devenu prof ? » demande-t-il, curieux et intéressé par les nouveautés de sa vie.

« Ha oui ? Tu t'es préparé comment ? » Tu t'étais mis à rire, te posant vraiment la question. Comment pouvait-on se préparer à quelqu'un qui parle trop ? Qui s'épanche sur sa vie et qui raconte tout dans les moindres détails, à la limite du raisonnable. Tu ne savais pas trop. Peut-être avait-il écouté une série de filles, du genre de celles où les personnages principaux blablatent encore et encore sans jamais s'arrêter. Un peu comme Sex & The City. Tu avais du voir cette série plus d'une fois en réalité - pas parce que tu l'aimais bien - que tu pourrais citer les quatre filles et une bonne partie de leurs problèmes. « Tu es sûr ? » demandais-tu en lui tirant la langue. Tu ne doutais pas de lui, toi-même tu n'allais pas travailler tant que ça. Une vingtaine d'heures à tout casser, si ce n'est qu'à côté il y a la préparation de tes cours et les corrections des devoirs. Peut-être même l'organisation des sorties si tu voulais faire des voyages scolaires. « Je vois, t'as une vie assez cool en fait ? » C'était un constat. Et puis tant qu'il pouvait jouer, tu étais ravi pour lui. C'était une des premières choses qui t'avait plu chez Ezraël. Son amour pour la musique, sa façon de jouer de la guitare, comme si l'instrument ne faisait qu'un avec son corps, comme s'il était la continuité de son bras. Très vite vous aviez partagé votre amour pour la musique . « Bientôt, j'attaque à la rentrée donc d'ici quelques jours. » C'était une des premières choses que tu pensais lui annoncer mais maintenant qu'il t'avait posé la question, tu n'allais pas le faire patienter plus. Toi-même c'était une nouvelle qui te rendait fou de joie. Tu t'étais donné du mal pour en arriver là. Tu aurais pu être professeur à Perth l'an passé mais tu avais voulu connaître l'aventure, partir à l'étranger. Maintenant tu venais vivre à Bowen, rejoignant ta sœur et un poste s'offrait à toi. Tu n'allais tout de même pas le refuser.

Autant Ezra a toujours été un véritable boulet quand il s'agit de faire face à des individus nouveaux, autant il a toujours adoré écouter les personnes qu'il apprécie. Être là pour eux, en apprendre plus sur leur petite vie sans histoire tellement plus heureuse que sa propre existence. Lui, il ne raconte jamais la sienne. Il passerait pour un fou, un pauvre type à interner à qui on devrait attacher mains et pieds. Personne ne peut le comprendre, du moins c'est l'idée que s'est incrusté Ezra dans sa petite caboche. « J'ai eu le temps de me procurer un faux diplôme de psy, comme ça je me balade dans Bowen et j'écoute les gens me parler d'eux en présentant mon faux diplôme comme un badge de police. » Un sourire amusé étire ses lèvres. C'est faux évidemment, une simple plaisanterie stupide qui le fait presque rire lui-même. À la question de Max, il se contente de hocher la tête. Par contre, il trouve l'ironie de sa phrase assez drôle vu les circonstances. Une vie cool, ouais. Plus ou moins. Si on oublie le fait qu'Ezra a toujours eu des problèmes à gérer ses propres émotions, il est vrai qu'il pourrait donner l'impression d'avoir une vie tranquille. Plutôt que d'être sincère avec Maxwell et avec lui-même, il se contente de continuer dans le domaine de l'humour. « On dirait pas, mais c'est hyper physique de ranger des livres. » Ou pas. C'est surtout chiant, redondant. Heureusement que son amour pour la littérature arrive encore à le faire se lever le matin. En entendant les nouvelles sur la vie de son ami, un sourire étire ses lèvres pendant qu'il jette un rapide coup d'oeil dans sa direction. « C'est cool, je suis certain que tu vas t'en sortir. » Ezra se concentre à nouveau sur la route. Il roule jusqu'à arriver à un centre nautique, celui où ils auront bientôt la possibilité de voir la Grande Barrière de Corail. Il gare la voiture, ouvre la portière, et s'étire une fois dehors. « Prêt à faire le grand plongeon ? » demande-t-il à Max en se tournant vers lui avant de fermer la voiture et de se diriger vers le centre.

Tu n'avais pas pu t'empêcher de rire en écoutant son explication. Présenter un faux diplôme comme un badge de police, tu avais l'impression d'être dans un gag. Quoiqu'il en soit, tu gardais ton grand sourire sur le visage. « Je crois que tu ne cesseras jamais de m'impressionner ! » Tu aimais beaucoup Ezra. Il avait l'air triste, malheureux et puis parfois il souriait, il avait des idées cons et ça te faisait oublier à quel point son visage avait l'air fatigué. Tu mettais ton soucis de côté, pensant qu'il allait mieux, qu'il avait juste des moments à vides, comme tout le monde. « Tu leur dis que tu fais ça gratuitement et les gens te balancent leurs vies comme ça ? » demandais-tu naïvement. Sans vraiment y croire, pourtant, une partie de toi était impressionné par cette histoire, te demandant si ça pouvait vraiment marcher dans les rues de Bowen. Dans un cabinet sûrement, même si ça serait illégal et qu'il finirait par y avoir une enquête. Ou alors les gens n'iraient pas par peur qu'on se moque d'eux. Un psy gratuit, ça n'existe pas. « Ah ouais ? Tu risques le burn out ? » Tu n'y croyais pas une seule seconde. Que pouvait-il y avoir de fatiguant dans le fait de ranger des livres si ce n'est porter des livres ? Là encore s'il ne voulait pas se fatiguer, il ne fallait pas jouer au super-héros et en porter une quinzaine à la fois. Tu essayais de te le représenter mentalement sans pouvoir t'empêcher de rire face à cette vision. « On en reparlera quand j'aurais fait face à une vingtaine de petits monstres. » Pas que tu ais vraiment peur de faire face à une vingtaine d'élèves, mais tu ne savais pas vraiment comment ça serait une fois que tu serais devant le tableau. Jusque là, tu avais fais des stages, pour observer, mais tu n'avais jamais pratiqué. Et ta récente aventure dans l'école pour découvrir le cadre t'avait un peu mis la  pression. « Prêt ! » Tu étais déterminé maintenant que vous approchiez de la destination finale.

Ezra n'a jamais aimé montrer son malheur. Il a pendant bien trop longtemps fait semblant auprès des autres, agi comme si tout allait bien jusqu'à ce son mental ne finisse par craquer. Aujourd'hui, il se sent mieux. Peut-être pas aussi heureux qu'il le voudrait, peut-être pas bien entouré, et même peut-être pas avec un métier aussi palpitant que d'autre. Sauf que maintenant, il ne pense plus à la fin. Il voit la vie avant la mort, la lumière avant l'obscurité. Il vit, prend des risques, et il aime ça. Il se blesse, se relève, puis il recommence. Impressionner Maxwell est presque une fierté pour lui qui s'est toujours senti minable, sans intérêt. Il sourit, aimerait avoir un air fier mais donne plutôt l'impression d'être touché par ses paroles. Même si il a souvent voulu cacher le sens réel de ses émotions, Ezra n'a jamais été très doué pour cela. Son visage est une fenêtre qui laisse voir tout ce qui se passe dans son âme. Il laisse voir sa peine, comme sa joie. Et là, il est bien. Ravi d'être en bonne compagnie, de ne plus être seul mais aussi, d'être apprécié pour qui il est. « Les gens aiment parler d'eux. Parfois, ils ont simplement besoin de quelqu'un sur qui se défouler, quitte à ne plus jamais le voir par après. » Véridique. Il a souvent été celui qui écoute, celui à qui on parle car Ezra, il a toujours inspiré le confiance. Jamais il n'a trahi, jamais il n'a fait de coup de bas. C'est en général plutôt à lui que ce genre d'emmerde arrive. Il se contente de hocher la tête à sa question sur le burn-out, même si c'est évidemment faux. Son boulot l'ennuie, il n'en peut plus, pourtant il continue sans trop savoir pourquoi. Imaginer Max en tant que prof le fait sourire, et il sait pertinemment que celui-ci saura se débrouiller. Une fois arrivé aux centres, ils vont chercher leur équipement, partent en cabine pour s'apprêter, puis Ezra ressort avec une combinaison plus que moulante qui lui donne l'impression d'étouffer. « Je me trouve beaucoup trop attirant avec ça, » dit-il une fois Max sorti de sa cabine avant de se mettre à rire.

Tu étais concentré sur ce qu'il te disait. Tu avais pris le temps de bien écouter sa phrase, réalisant que c'était vraiment pas con ce qu'il disait là. Les gens avaient souvent besoin d'une épaule sur laquelle pleurer ou sur laquelle se défouler quand ça n'allait pas. Mais est-ce qu'on se souciait de cette épaule en question ? Pas vraiment. C'était d'ailleurs ce qui faisait les bons psys, puisqu'ils se faisaient tellement oublié qu'on pouvait parler des heures et exprimer ce qui n'allait pas. « Parfois tu dis des trucs si profonds, j'ai l'impression que t'es Gandhi. » Toi par contre, t'étais pas vraiment une flèche. Tu pouvais te comparer à Inspecteur Gadget, c'était bien de ton niveau même si toi, t'étais un simple garçon sans bras qui s'allongent, sans chapeau trop cool avec pleins de choses qui en sortent et que tu savais être sérieux devant une classe d'enfants. Encore heureux pour toi parce que sinon ta crédibilité serait au plus bas et pour essayer d'enseigner quelque chose, tu aurais eu beaucoup de mal. C'était ça aussi l'avantage de pouvoir fréquenter des enfants, c'est que parfois, tu pouvais donner l'illusion d'être un adulte. Parce que clairement quand t'étais avec des adultes, tu agissais souvent comme un enfant. La preuve étant qu'à peine sortie de la cabine avec ta combinaison, tu essayais de prendre la voix de Dark Vador. Tu n'irais pas lui dire que tu étais son père, peu de chance que ça marche, mais tu pouvais répondre à ce qu'il venait de dire. « Si j'avais eu un penchant pour les hommes, tu aurais été mon premier crush j'crois bien ! » ajoutais-tu en rigolant. C'était idiot de dire une chose pareil mais tu ne réfléchissais pas vraiment parfois. C'était ton naturel, tu étais du genre expansif, à dire les choses comme elles viennent sans vraiment te soucier de la façon dont ça peut être tourné.

Sa réflexion le fait sourire pendant que son regard reste porté au loin, sur la route qui semble infinie devant eux. Ezra a toujours été du genre à beaucoup réfléchir. Ce genre de réflexion, il y a des centaines qui passent chaque jour dans sa tête. Non seulement il réfléchit, mais en plus il observe. Il apprend à connaître l'humain en étudiant le comportement des autres, leurs manies, leurs paroles, tout ce qui fait d'eux qui ils sont en général. Sauf que d'habitude, ces pensées, il les garde pour lui. Il a trop peur de passer pour un fou si il se mettait à dire tout haut ce qu'il se passe dans sa tête. « Je prends ça pour un compliment, » dit-il sans perdre son sourire. Maxwell, par ses comportements impulsifs, il l'aide à justement ne pas avoir l'esprit encombré. Le voir imiter Dark Vador le fait rire de bon coeur, presque autant que sa réponse à sa propre réflexion. N'étant pas vraiment habitué aux compliments, Ezra évite son regard et se concentre sur son corps en combinaison. « Arrête tu vas me faire rougir, » lâche-t-il pour plaisanter évidemment, relevant les yeux vers son ami. « N'empêche, la tienne te va pas trop mal non plus. Tu devrais songer à sortir plus souvent comme ça. » Encore une fois, il part d'un rire sincère qui fait pétiller ses yeux. Rares sont les personnes avec qui Ezra arrive à être totalement lui-même, il n'y en a que trop peu qui ont réussi à percer sa carapace. Max en fait partie. « Allez, à la flotte ! » Il traverse le hall du bâtiment jusqu'à l'entrée où on leur file tout l'équipement nécessaire, puis marche en canard jusqu'à l'océan. D'énormes lunettes de plongée lui recouvrent à présent le visage, et il cale le détendeur lié aux bonbonnes d'oxygènes à l'intérieur de sa bouche. D'un mouvement ralenti par le poids de l'équipement, il fait un signe de la main à Max puis trottine jusqu'à ce que l'eau lui arrive à niveau des genoux. Là, il plonge.

Sa réaction te faisait rire. C'était un compliment dans le fond. Tu ne prenais pas souvent le temps de discuter avec Ezra, souvent il t'appelait pour te proposer une activité un peu folle, de manière bien trop spontanée pour toi parfois. Mais vous ne preniez pas toujours le temps de discuter de lui, de ce qu'il pouvait avoir en tête. C'était bien la première fois qu'il se laissait aller, la première fois qu'il te disait ce qu'il pensait. Et son idée était juste. La preuve, il était ton confident, la personne à qui tu parlais le plus. Celle à qui tu pouvais tout dévoiler sur ce que tu ressentais, celle avec qui tu faisais l'effort de mettre des mots sur tes sentiments. Parce que tu étais peut-être le genre d'hommes à craquer au premier coup d'oeil, tu étais aussi celui qui était incapable de dire à une fille qu'elle te plaisait, celui qui avait du mal à inviter une fille à sortir, celui qui mettait du temps avant de proposer quelque chose parce qu'il te faut trois mois pour te décider de la tournure du message. Ezra ne te donnait pas toujours de solution, mais il t'écoutait et ça te suffisait parfois. « Je prends ton avis en considération alors ! » ajoutais-tu avant de te mettre à rire. Tu l'aimais bien, mais il était évident que ce n'était pas vrai. Tu ne t'étais pas vu, mais tu doutais quand même qu'avec ce genre de tenue tu fasses craquer qui que ce soit. Après c'était comme une armure, tu pouvais te cacher dedans et faire le pitre. « Je te suis. » Tu marchais derrière lui, tu avais l'impression d'y aller au ralenti tellement la combinaison ajoutait un poids supplémentaire. Si vous n'étiez pas sur la plage prêt à plonger, tu aurais pu t'imaginer dans une base spatiale, prêt à marcher vers la lune. Tu fais comme lui, prenant l'équipement qu'on te tendait, marchant pour avoir les genoux dans l'eau. Tu retirais ton détendeur pour faire le clown une fois de plus. « On saute à trois ? Un. Deux. » Même pas eu le temps de dire trois qu'il venait de plonger et que sans attendre une seconde de plus tu le suivais dans sa découverte de l'océan.

C'est ça qui est amusant avec lui, presque paradoxal même. Ezra n'est pas un grand bavard, il peut même parfois donner l'impression d'être totalement à coté de la réalité et de ne s'intéresser à absolument rien concernant les autres autour de lui. Et pourtant, il a toujours été doté de cette grande capacité d'écoute, mais aussi d'observation qui est pour lui presque devenu un passe-temps quand il n'a rien à faire. Il s'attarde sur chaque détail, écoute chaque bribe de conversation, chaque mot. Et quand vient son tour de parler, il est capable de sortir des phrases digne d'un registre de citation. Lorsque Max lui affirme qu'il prend bel et bien son avis en compte, Ezra ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire satisfait. « De toute façon, tu sais que je suis un très mauvais menteur. Si vraiment elle ne t'allait pas, tu l'aurais vite capté. » Encore un paradoxe qui caractérise Ezra. Il ne sait pas mentir, pourtant il a toujours été très doué pour dissimuler ses émotions. Il arrive à garder au fond de lui une trop grande affection ressentie pour quelqu'un, à ravaler ses larmes, à forcer un sourire. Un vrai comédien. Ils marchent vers l'étendue d'eau et, alors que Maxwell fait le décompte, Ezra ne se fait pas prier pour crier « Trois ! » à sa place. Il s'enfonce dans l'eau, tente de voir le plus loin possible malgré la pénombre des fonds marins, et baisse le regard en voyant quelques poissons se dandiner à quelques mètres de lui. Curieux de savoir comment se débrouille Max, il tourne la tête vers lui un bref instant, lui fait un signe de la main pour lui dire de le rejoindre, et continue de s'enfoncer encore plus loin. Qui sait, peut-être qu'ils finiront par trouver un vieux coffre au trésor, ou même la cité engloutie d'Atlantide.

L'aventure ne fait que commencer. Maintenant que vous êtes parés pour aller dans l'eau c'est le moment de faire le grand plongeon. C'était amusant de se dire que c'était un grand pas pour toi. Jamais en venant à Bowen tu n'aurais eu l'idée de visiter la barrière de Corail. En soi c'était quelque chose de merveilleux mais quelque chose que tu pouvais voir de loin, ou sur des photos. Alors que grâce à Ezra, tu le faisais. Tu sautais dans l'eau et tu t'enfonçais doucement dans les profondeurs pour aller admirer cette beauté de plus près. Une bonne chose de faite pour toi et ta culture. Tu avais bien sûr lu des tas d'articles sur la barrière en question et le fait qu'elle était en danger parce qu'elle commençait à se décolorer à cause notamment de la pollution. Mais aussi de l'extinction de certaines espèces nécessaires à sa survie. Mais le voir en vrai, c'était quand même mieux. Tu n'en saurais pas vraiment plus mais au moins il y aurait le visuel. Tu glissais dans l'eau, jetant quelques coups d’œils à Ezra qui semblait être comme un poisson dans l'eau, comme dans son élément. Tu levais la main pour lui faire signe à ton tour et le geste avait mis tellement de temps à s’exécuter que tu t'étais imaginer être au ralenti ou alors un très vieux robot. Tu ne pouvais pas vraiment parler pour laisser ton imagination sortir mais ça ne t'empêchait de le laisser vagabonder. Tu pouvais très facilement t'imaginer comme archéologue des océans et partir à la recherche d'un gros trésor, celui de Barbe Rousse peut-être. Même si ce personnage restait encore une légende.

Il a toujours aimé l'eau. Le fait de ne plus rien entendre à part le son de sa propre respiration, d'être comme dans une bulle ou rien ne peut l'atteindre, comme si toute cette réalité pesante qu'il le tenait à la réalité s'effaçait le temps d'un instant. Et puis, les fonds marins sont si beaux. Les poissons de différentes tailles et différentes couleurs, les coraux, les rochers sous-marins, tout ça l'impressionne à tel point qu'Ezra se dit que peut-être, il pourrait pratiquer cette activité plus souvent que seulement une fois tous les deux voir trois ans. Alors qu'il regarde partout autour de lui, son attention finit par se porter sur Maxwell. Son geste ralentit le fait rire, un rire silencieux qui ressemble plus à un sourire accompagné de soubresauts. S'ils pouvaient avoir des sortes de mini talkie-walkie pour discuter entre ceux, l'expérience pourrait sûrement être encore mieux même si il la trouve déjà plus que géniale. C'est son truc à Ezra en ce moment, tester des nouvelles choses et essayer de trouver celui auquel il accrochera le plus. Il a besoin de nouvelles accroches, de sortir que quelque chose le retient sur cette Terre pour ne pas finir par s'enfoncer à nouveau. Arrivés à la barrière, Ezraël point du doigt un banc de poissons passant en-dessous d'eux et ressemblant à Doris dans le Monde de Nemo. Et plus ils avancent, plus ils sont entourés d'autres poissons remuant dans tous les sens. Les coraux sont magnifiques, remplis de couleurs. Ezra fait du surplace et regarde une tortue avec l'envie de voir si elle se laisserait approcher.