(#278) is it too late ? -r.

Ça allait faire presque une semaine depuis la fois où elle avait sonné chez toi. Tu devais dire que son petit visage t'avait manqué. Tu avais été si heureux de la voir, là. Tu avais compris. C'était idiot de se dire qu'il avait fallu que ta fille te voit dans cet état pour avoir un éclair de lucidité. Il fallait que tu arrêtes tes conneries. Ta fille souffrait par ta faute, se croyant responsable de tout ça. Elle ne devait plus être celle qui paie les pots cassés. Et tu avais bien l'intention de lui dire, de leur dire, puisque tu poussais le bouton de la sonnette. « Bonjour Adilyn ! » articulais-tu doucement. Tu aurais bien souri, mais tu n'étais pas sûr que ce soit la chose à faire. Tu avais envie de sourire parce que tu étais heureux de revoir son visage, de le voir en étant sobre. Ça faisait un moment que ça n'était pas arrivé. Même à l'anniversaire de la petite tu n'étais pas dans ton état, c'est pour dire. « Aby est là ? Vous auriez quelques minutes à m'accorder ? » Tu avais passé du temps à répéter ton discours, tu avais besoin de leur parler, à l'une comme à l'autre. C'était important pour la suite des événements, à condition qu'elles veulent encore de toi dans leurs vies. « Je sais que j'aurais dû appeler avant de passer à l'improviste.. » Mais si tu avais appelé, si tu avais entendu sa voix, tu n'aurais pas eu le courage de te montrer. Non, tu serais resté chez toi. Et si en plus elle avait refusé que tu passes, tu aurais sûrement été un peu fou. L'alcool commençait à te manquait, un peu trop, du coup tu avais l'impression d'être à fleur de peau, d'être irrité dès la première seconde.

Elle ne savait plus trop où elle était, entre la petite qui perdait sa mère, que son père ne voyait plus tellement. Elle avait l'impression de ne pas avoir le droit d'être heureuse pendant quelques minutes, parce que ça affecterait Abygaël de la voir comme ça, sans doute, c'est ce qu'elle pensait. Elle pensait sans doute mal. Parce qu'avant toutes ses histoires elle pensait que son histoire avec Abygaël allait être simple, mais rien n'allait. La blonde s'avançait vers sa porte, abordant un faux sourire sur son visage, elle ouvrait la porte sans même se demander qu'il pourrait y avoir derrière, avec les semaines, elle savait que n'importe qui pouvait-être derrière celle-ci, même les personnes qu'elle ne voulait plus voir. Ça fût donc sans réelle surprise qu'elle regardait Xavier au porche, mais elle ne réagissait pas plus que ça. Elle avait l'impression que toute sa tête et son âme étaient vides. « Xavier. » Adilyn restait devant la porte comme si elle était un mur, pour empêcher l'homme de rentrer, ce qui semblait être à l'encontre de ce qu'il voulait. La trentenaire scrutait chaque trait de son visage, chaque expression pour déceler où était l'ivresse dedans. Elle ne voulait pas voir la petite souffrir plus. « Ça dépend … Tu as bu ? » Elle lui avait dit sur la plage l'autre soir, elle ne voulait pas qu'il rentre chez elle quand il était ivre, et encore moins qu'il voit Abygaël, même si ce qu'elle a vu le jour de son anniversaire, ce n'était pas de la sobriété. Sans doute qu'elle se trompait, mais elle ne voulait pas se dire qu'il pouvait s'en être sorti tout seul ou simplement qu'il aille mieux, même si c'était tout ce qu'elle lui souhaitait. « Une chance que je sois là. » Disait-elle, en riant un peu, soufflant. « Xavier, je ne sais pas ce que tu veux, mais moi, ce que je ne veux pas, c'est que tu brises la petite encore plus. C'est difficile en ce moment. »  

Elle était devant toi. Dans l'encadrement de la porte, bien décidée à ne pas te laisser passer. Pas pour le moment en tout cas. Son sourire s'était éteint en te voyant. A sa place, tu aurais sûrement eu la même réaction. Tu n'étais qu'une déception pour elle, ce que tu pouvais comprendre. Tu avais fini par baisser les yeux à sa question. Elle te faisait mal, mais elle savait où appuyer, c'était toi qui lui avait donné des raisons de douter. Elle ne faisait que protéger la petite. « Non, je n'ai pas touché une bouteille depuis.. Depuis deux jours. » affirmais-tu sans trop hésiter. Tu avais un peu le sentiment de perdre la notion du temps Peut-être que ça en faisait trois, mais pas beaucoup plus. Rien que ça, c'était déjà trop pour toi. Un grand pas vers ta guérison. Le plus dur était encore à faire mais si tu t'en sortais, tu serais probablement sorti d'affaire. Cependant, tu ne pouvais pas le faire tout seul. C'était d'un accompagnement dont tu avais besoin et tu comptais bien le prendre. « Je ne suis pas là pour lui faire du mal. » déclarais-tu doucement. Toi non plus tu ne voulais pas lui faire de mal, c'était bien pour ça que tu étais là. Pour mettre les choses au clair, pour l'aider à surmonter tout ça et peut-être réussir à lui faire comprendre que ce n'était pas elle.

Elle restait le regarder un instant, un peu désolée de la situation. Deux jours, c'était peu, mais ça devait être un combat pour lui. Enfin, c'est ce qu'elle supposait puisqu'elle ne connaissait rien de Xavier, si ce n'était qu'il avait tué quelqu'un par légitime défense, qu'il était le père d'Aby et qu'il n'était pas doué quand il s'agissait de guérir des piqûres de méduses. Pourtant, rien qu'avec ça, il arrivait toujours à faire douter Adilyn et elle n'aimait pas être dans cette situation. « Oh ... » Lâchait-elle simplement, tentant de regarder un peu ailleurs à commencer par regarder si les voisins n'étaient pas de sorti aujourd'hui. Tout était bon pour ne pas croiser le regard de Xavier et ne voir en lui que déception. « Bien ... » Elle n'avait plus trop de raisons de ne pas le laisser entrer, ça serait égoïste de sa part de ne faire ça que pour elle, parce qu'Aby voudrait sans doute voir son père si elle savait qu'il était là. « Je l'espère. » Soufflait-elle, reprenant le faux sourire qu'elle avait lâchée à la vue de Xavier. Elle se poussait de l'encadrement pour laisser l'homme passer puis elle se tournait vers le couloir où il y avait la chambre de la petite, c'était sûr qu'elle lisait, elle faisait toujours ça et elle avait l'impression qu'elle le faisait de plus en plus depuis qu'elle savait pour sa mère. « Aby ! Tu peux venir s'il te plaît ! » Elle tournait ses yeux vers Xavier, se demandant ce qu'il voulait, pourquoi il était venu.  

Je suis allongée dans mon lit à regarder le plafond, ça fait une semaine que j'ai dix ans, je me souviens qu'avant je me disais que passer les dix ans tout s'arrangerait car je serais grande. Qu'une illusion un rêve idiot. Ce n'est qu'un chiffre, ça ne va rien changer à ma vie. Et maintenant en plus de mes problèmes de parents déjà suffisamment compliqué j'ai aussi des problèmes à l'école. J'attrape mon oreiller pour le mettre sur mon visage comme pour me cacher de ma bêtise. Avant de balancer contre le mur face à moi. Je me relève faut que j'arrête de penser à tout ç, sinon je vais encore me mettre à pleurer et c'est fatiguant de pleurer. Après je me sens vidée. J'attrape un bouquin commencé sur mon bureau avant de m'asseoir sur mon tapis entre les pattes du gros ours que m'a offert un inconnu quand je m'étais perdu dans les rues. C'est comme cette grosse peluche me faisait un câlin, quand je suis triste j'aime bien me mettre là pour faire comme s'il était vivant et qui veut me réconforter. Je lève les yeux vers la robe que m'a offerte mon père accroché à la porte de mon armoire ouverte avant de baisser les yeux sur mon livre a présent ouvert. Si je la regarde trop longtemps je vais repenser à cette histoire de meurtre et ça va encore me brouiller l'esprit. J'ai le temps de lire quelque page quand j'entends soudain la sonnerie, normalement c'est le jour où on fait une sortie avec mon père, mais il viendra pas aujourd'hui, pourquoi il viendrait aujourd'hui. J'entends qu'Adilyn va ouvrir, ça doit de sa famille, je retourne dans ma lecture. Quelque minute après j'entends Adilyn qui m'appelle. Pitiè non, j'ai pas envie de faire semblant que tout va bien devant ses amies ou sa famille. Je pose mon bouquin par terre et me lève dans un soupir. J'ouvre la porte de ma chambre et fait un mince sourire pour maintenir les faux semblant. « Oui, me voilà. » Mon petit sourire minable diparaît de suite de mon visage quand je le vois, qu'est-ce qu'il fait là ? Je m'y attendais pas. Je ne sais pas comment réagir, j'ai toujours pas décidé de ce que je dois penser ou faire. « Papa ? » Quand les mots sortent de ma bouche je mets mes mains sur ma bouche choquée. Comment j'ai pu l'appeler comme ça, alors que tout est déjà si compliqué. Je regarde Adilyn et mon père tour a tour ne sachant pas quoi faire.

Les choses semblaient être différentes. Peut-être une acceptation de toi, de ce que tu faisais. En tout cas, elle retrouvait son sourire et tu étais bien trop aveugle pour voir qu'il était faux. Quoiqu'il en soit, tu entrais dans la maison sans plus attendre. Tu te plaçais dans l'entrée, le temps qu'elle appelle Abygaël - qui avait bien mis cinq minutes à arriver - tu n'avais pas vraiment pu te résoudre à regarder Adilyn. Tu scrutais les alentours jusqu'à ce qu'elle arrive et t'appelles. Un surnom affectueux. Tu avais eu les larmes aux yeux en l'entendant prononcer le mot "papa". Tu ne pensais pas le mériter un jour, ou pas avant un très long moment. « Bonjour Aby ! » Tu affichais un grand sourire une fois remis de tes émotions. Tu aurais aimé la prendre dans tes bras, la câliner mais tu t'abstenais en la voyant poser ses mains sur sa bouche, comme si elle avait fait une bêtise. « Je.. Je voulais te parler.. Enfin vous parler ! » Tu avais levé brièvement les yeux vers sa tutrice avant de reporter ton attention sur elle. Tu en avais des choses à dire. C'était bien pour ça que tu étais venu. « Mais je tiens avant tout à m'excuser pour la dernière fois. Ce n'était pas comme ça que je voulais fêter ton anniversaire.. » ajoutais-tu doucement. Ce n'était pas ce que tu voulais non. Tu avais déconné, peut-être un peu trop. Mais si tu étais là aujourd'hui, c'était bien pour racheter toutes tes fautes. Agir pour le bien de tout le monde. Et puis, il y avait tes paroles, tu ne pouvais pas les oublier même si tu n'arrêtais pas d'y penser.

En attendant l'arrivée d'Abygaël, qui semblait être une éternité, elle restait les bras croisées, portant toujours son sourire stupide sur les lèvres, mais elle ne savait pas quoi dire à Xavier, elle n'osait même pas porter son regard sur lui. Elle aurait très bien pu lui proposer quelque chose à boire au lieu de rester dans l'entrée, mais elle voulait attendre la petite, voir sa réaction, parce qu'elle ne savait pas si ça c'était bien passé entre eux la dernière fois, elle avait toujours des doutes, bien qu'elle pensait que Xavier ne ferait jamais de mal à sa petite, qu'il avait assez de cœur pour l'aimer et l'accepter dans sa vie. Elle ne doutait pas de lui pour ce sujet. Quand la petite arriva ce fût presqu'un soulagement, parce que ça commençait à devenir pesant et qu'elle se retenait de poser pleins de questions sur la dernière fois. Pendant deux secondes elle ne voyait pas ce qu'il clochait dans la phrase d'Aby pour qu'elle se mette dans cet état, ça se voyait dans son regard. Puis elle se souvenue des surnoms qu'elle avait imposée à ses parents pour se compliquer la vie. Elle jetait un regard sur l'homme avant de percevoir des larmes dans ses yeux, peut-être qu'elle se trompait, qu'il avait toujours les yeux brillants, après tout, elle évitait toujours son regard. La blonde restait silencieuse, regardant la scène. Puis une nouvelle fois, il revenait sur le fait qu'il voulait parler de quelque chose, Adilyn se faisait trop d'idées sans doute et pourtant elle ne savait pas où il voulait en venir. Ce qu'il tramait tout seul. « T'excuser ? »  Elle fronçait les sourcils, deux secondes, il n'y avait pas de quoi s'excuser, du moins dans ses souvenirs. Surtout qu'il regardait la petite. Donc l'inquiétude montait en elle, qu'est-ce qu'ils avaient bien pu se dire qu'elle ne savait pas ?  « Vous … voulez pas venir vous asseoir ? » Elle ne savait pas pourquoi elle posait cette question, c’était sans doute pour rattraper la précédente et détendre un peu l’atmosphère un peu trop … étrange pour elle. Elle avait l’impression d’être encore une fois de trop ici.

Mais pourquoi je l'ai appelé comme ça ? Ai-je déjà oublier l'homme qui m'a vu grandir et qui m'a abandonné ? Ai-je tant que ça besoin d'un papa ? On dirait bien car je l'ai inconsciemment appelé comme ça. Mais quand je vois sa réaction, j'ai mal au coeur, il a l'air ému par ce petit mot. Et après son sourire, je l'aime bien son sourire il est rassurant. La dernière fois il n'avait pas sourit, il allait mal. La dernière fois c'était il y si peu de temps. Je suis surprise par un tel changement en quelque jour. « Bon... Bonjour. » Je suis tellement surprise et étonné de le voir là que j'hésite en parlant. J'ai l'impression que ce n'est pas réel. Je reste là où je me suis arrêtée a milieu du couloir. Il veut me parler, nous parler ? Je commence à angoisser lui aussi va me dire qu'il vaut mieux que je l'oublie et il va s'en aller loin ? Même si je ne sais pas comment réagir au fait qu'il ai tué quelqu'un l'idée qu'il m'abandonne est encore plus effrayante. Je reste sans voit dans l'attente de ses paroles. j'ai peur d'avoir mais j'ai aussi envie qu'il le dise maintenant pour arrêter le supplice. Il me regarde avant de rependre la parole. Il s'excuse pour mon anniversaire, il fait bien car cette journée a été catastrophique. Adilyn parait surprise, mais elle ne sait pas ce qui s'est passé la dernière fois et je ne veux pas qu'elle le sache. Mais c'est aussi de ma faute. La vois tremblante et hésitante je prends la parole. « Je n'aurais pas dû venir comme ça, c'est ma faute. » Je baisse les yeux pas prête à affronter son regard et à repenser a toutes ses révélations de la dernière fois. Adilyn lui propose de s'asseoir, je le regarde et attend de voir ce qu'il fait, mais mon impatience me gagne. « Qu'est-ce que tu veux nous dire ? » On entend la supplication dans ma voix qui n'est pas forcément toute proche, car je n'ai toujours pas bougé, mais j'hésite à m'approcher pour une raison obscure.

Aby s'était excusée d'être venue sans te prévenir. Tu avais été ravi de cette visite au fond. Il y avait des choses dont tu devais parler avec elle comme Jules, puisque le sujet avait été plus ou moins zappé l'autre fois. « Oui, m'excuser. » Visiblement, vu sa réaction, elle n'avait pas l'air au courant et tu devais bien admettre que ça te libérait d'un poids Mais elle ne lâcherait peut-être pas le morceau aussi facilement. Elle viendrait peut-être te trouver, ou elle ferait parler Aby. Tu verrais bien de toute façon, si elle venait à toi, tu ne lui mentirais pas. Tu n'avais aucune raison de le faire. Tu hochais la tête pour approuver son idée, puis allait t'asseoir. Au moins tu étais à la hauteur de visage d'Aby. « J'oublie parfois que tu es une enfant. Je t'ai promis de ne pas te mentir, de te parler comme à une adulte, mais le fait est que tu as 10 ans. Tu n'as pas à être au courant de mes problèmes, tu n'as pas à connaître mes démons. A dix ans, tu dois aller à l'école, te faire des amis, sortir et profiter de ta vie tant que tu le peux. » Tu marquais un temps, peut-être que ça mettrait la puce à l'oreille d'Adilyn sur ce qui avait pu être dit la dernière fois. Tu avais le regard concentré sur la petite qui semblait se détendre à tes mots. Avait-elle eu peur que tu décides toi aussi de partir en cure et de prendre le large comme sa mère ? « Je veux être un père, être ton père. Je veux prendre mes responsabilités et être là pour toi. Mais pour ça j'ai besoin de toi. Je ne peux pas te promettre d'être le père de l'année, c'est tout nouveau pour moi, mais je veux être un bon père pour toi. » Tu esquissais un faible sourire, tu pensais pleurer plus mais tu tenais le coup. Tu avais le sentiment d'avoir trouvé ta place auprès d'elle. Mais il n'y avait pas qu'elle et tu tournais le regard vers Adilyn. « Et aussi de toi. Je ne suis pas une femme, je ne serais jamais une présence féminine pour elle, mais je veux qu'elle puisse compter sur toi. Qu'elle puisse aller te voir sans avoir peur que tu m'en parles. » Après tout elle n'était pas une mère pour elle, mais elle s'en rapprochait plus que toi. Et puis c'était elle qui s'occupait de ta fille en ce moment, elle qui l’élevait depuis quelques semaines maintenant, en prenant soin d'elle, en chassant ses mauvais rêves, en la réconfortant lorsqu'elle était triste.

Si en temps normal, la blonde se serait montrée insistante dans l'espoir d'avoir une réponse, là il n'en était rien, parce qu'elle était devant ces deux-là puis qu'elle ne se sentait jamais vraiment à sa place. Mais elle ne voulait pas se dire qu'il avait pu faire du mal à la petite, aussi bien mentalement que physiquement. Adilyn restait donc silencieuse pendant quelques secondes, même le temps que Xavier parle de ses problèmes, l'alcool ne comptait que pour un, il lui aurait parlé de quoi d'autres ? D'un coup son cœur se mit à s'affoler, de peur qu'il lui ait dit n'importe quoi à la petite. Même si elle ne préférait pas s'avancer, elle avait peur qu'il lui ait dit pour ses femmes, cette femme. « À dix ans … sortir ? » Un rire nerveux sorti d'entre ses lèvres avant de grimacer. La petite sortait déjà, pas en soirée, parce qu'elle était bien trop jeune et qu'il ne devait pas le comprendre, mais elle sortait déjà bien assez. Puis, Adilyn ne serait jamais contre l'envoyer chez une de ses amies, si jamais elle lui demandait, alors sur l'instant, elle prenait mal les paroles de Xavier. Parce que quand elle essayait de la sortir un peu de son gouffre, lui venait foutre la merde, comme s'il prenait un malin plaisir à tout détruire. L'écoutant parler, elle ne savait pas trop où il voulait en venir, ce qui la marquait le plus c'était le “aller te voir”. Elle doutait fort que cette histoire soit avancée, surtout avec l'alcool qui lui servait de sang en ce moment, du moins, c'était l'idée qu'Adi se faisait de lui depuis quelques jours. « Où est-ce que tu veux en venir ? » Il ne devait pas être venu dans un moment de sobriété pour faire des déclarations, il en faisait très bien quand il était saoul et, dans les deux cas c'était plutôt malaisant. « Tu es venu pour quoi ? »

Je finis par quitter le couloir quand il s'assoit, je suis bien obligée de m'approcher si je veux bien le voir, mais je reste toute de même à une distance respectable. Pas totalement confiante. J'écoute son discours. Pour me faire des amis et profiter de la vie c'est déjà foutu, aller à l'école encore vu comment je m'y sens je ne suis pas sûr d'y aller encore longtemps. Je n'y vois plus aucun intérêt, mais au moins il n'a pas encore dit qu'il partait. Même si j'ai encore peur que ça arrive je fais attention a chacune de ses paroles, car qu'ils disent que je n'ai pas à connaitre ses démons me fait peur, car il va peut-être utiliser cette raison pour dire qu'il s'en va, car ça serait mieux pour moi, comme maman a fait. Le commentaire d'Adilyn me surprend, je ne vois ce qui l'inquiète quand il dit ça et, ensuite je repense à mes fugues. Je me sens coupable et baisse les yeux avant de les relever, car il reprend la parole. Mon coeur bat la chamade, j'ai envie de pleurer, soulagée, je sens les larmes monter, mais je les essuie avant qu'elles ne coulent. Il ne veut pas partir il veut rester pour moi pour être mon  père. Il n'a pas prévu d'abandonner finalement. Je veux les garder tous les deux, Adilyn et mon père et je suis contente qu'il ne veuille pas nous séparer. Même si je reste toujours inquiète à cause de cette histoire de meurtre et d'alcool. J'écoute les questions d'Adilyn, je suis surprises il a encore prévu de dire autres choses. J'aimerais dire quelques choses mais j'attends la réponse de mon père avant de parler. « Je veux que tu me fasses une promesse. » Je baisse les yeux avant de les relever pour croiser son regard. « Je sais pas si je te pardonne ou si j'accepte tout ce que j'ai entendus la dernière fois, mais plus jamais je veux que tu boives, jamais, je ne veux pas revivre la même chose que j'ai vécu avec maman, quand.... quand je l'ai retrouvé dans le canapé et qu'elle répondait plus quand je lui parlais. Je veux pas revivre ça. Je la revois encore qui ne bouge pas malgré tous mes efforts. J'ai cru que ... » Je n'arrive pas à finir ma phrase mais ils ont très bien comprit je pense. Je regarde mon père, car je veux qu'il me promette ça, car j'en ai marre de souffrir à cause des autres. J'ai peur qu'il m'abandonne et il y a plusieurs manières de le faire et je veux pas le retrouver un jour dans le salon comme j'ai retrouvé maman et que lui ne se réveille pas même quand les secours arrivent.

« C'est une façon de parler, je me doute bien qu'à dix ans elle ne va pas aller en boîte ou autre, c'est plus les sorties la journées, ou des soirées pyjamas.. Et encore, t'es trop jeune pour ça non ? » Tu avais tourné ton regard vers Aby pour la questionner elle cette fois-ci. Tu ignorais tout sur tout, tu n'avais pas eu d'enfance, tu ne connaissais pas les âges requis, les convenances. Au fond tu ne savais pas ce que pouvait faire ou non une enfant de dix ans. C'était bête à dire, mais tu te sentais dépassé, c'était bien pour cette raison que tu avais besoin d'Adilyn. « Je suis venu te demander ton aide, seul je ne peux pas y arriver. Je suis largué dans tout ça, je suis prêt à prendre mes responsabilités, à gérer comme un père mais il faut m'aiguiller. Tu es la seule pour ça qui peut m'aider, la seule qui connaisse avec Aby puisque c'est toi qui t'en occupe. » Si ça se passait mal, tu voulais pouvoir te tourner vers elle, lui poser toutes tes questions, trouver une solution si jamais il y avait un problème. Tu ne voulais pas l'exclure, tu ne pouvais pas t'y résoudre parce que tu t'y été un peu trop attaché, mais aussi parce qu'elle était ton seul modèle parental. De ce que tu savais elle avait eu une enfance à peu près normale, elle savait les choses que toi tu ignorais. Ton regard était repassé sur Abygaël qui voulait que tu lui fasses une promesse, en te parlant de Katherine. Tu avais eu du mal à avaler ta salive, tu savais mais l'entendre de sa bouche, c'était si difficile à entendre pour toi. « J'imagine très bien ce que tu as cru. C'est une promesse difficile Aby, pas que je ne veuilles mais ça ne se fera pas en quelques jours, je vais avoir besoin d'un suivi. » Tu avais songé à partir un temps, à prendre un moins loin de tout, loin de Bowen, loin d'Aby, loin d'Adi. Mais cette idée t'avait paru mauvaise. Non, tu ne voulais pas de ça, ni aujourd'hui, ni jamais. Tu avais décidé de faire venir la cure à toi et non l'inverse. Tu voulais pouvoir être présent si jamais il arrivait quelque chose à l'une des deux. Et puis il y avait Jules et son enfant aussi, tu voulais être un bon tonton. Et tes obligations professionnelles avec Kol qui faisait que tu devais être présent. Sans pour autant négliger ta guérison. « Mais je ne compte pas partir, je ne suis pas ta mère. Je ne veux pas m'en aller en cure et ne jamais revenir. Je vais faire ce qu'il faut pour me débarrasser de mon problème. » Mais tu ne pouvais pas faire la promesse, parce que si tu ne la tenais, tu ne te pardonnerais pas. Tu étais prêt à beaucoup mais tu ne voulais pas lui causer de la peine si tu mentais. Tu ne voulais pas avoir à mentir. Tu serais prêt à faire cette promesse quand tu serais sorti d'affaire, quand tu pourrais voir une bouteille de vin sans sauter dessus pour la vider jusqu'à la dernière goutte. Tant que tu étais en guérison, c'était chose impossible et tu espérais qu'elles puissent comprendre.

La blonde regardait Xavier avec un regard un peu blasé, bien qu'elle essayait de le cacher au maximum. Elle ne savait pourquoi elle était comme ça aujourd'hui, saoulée de tout. Elle ne savait plus vraiment quoi penser de ce qui se passait dans sa vie, à cause des autres, à cause d'elle. Et alors qu'il y avait clairement une discussion entre les deux personnes dans cette pièce, la blonde se mise à penser à sa journée avec Tahlia, il y a quelques mois de ça, le jour où elle avait annoncé son passage en prison, sans doute la deuxième fois qu'elle disait à quelqu'un qu'elle avait été en prison. La seule fois où elle s'était libre et bien de le dire, bien qu'un peu frustrée sur le moment, parce que c'était difficile à dire. Mais après tout allait mieux. Pourquoi est-ce qu'elle ne pouvait rien dire à eux ? Pourquoi est-ce qu'elle était condamnée à vivre dans les histoires de cette pauvre famille qui se déchirait, se consolidait pour encore mieux se détruire ? Elle n'en savait rien. En prenant les responsabilités de la petite, elle prenait les problèmes qu'il y avait avec. Et bien qu'elle aimait la petite comme si c'était sa fille, aujourd'hui, elle en avait marre de tout. De son secret, du secret de Xavier, des problèmes de la petite à cause de sa foutue mère. La blonde sortait de ses pensées pour écouter les fins de parole de l'homme. Si Xavier et elle avaient été que tous les deux, elle lui aurait sûrement dit qu'elle n'en savait pas plus sur Aby que lui, parce qu'Aby avait un comportement difficile à cerner, que même après les mois passés avec elle, c'était compliqué, elle était discrète sur ce qu'elle ressentait. Tout ce qu'elle pouvait dire c'est qu'elle était sensible et fragile, mais qu'elle savait quand même dire ce qu'elle pensait, qu'elle pouvait même se montrer dur si elle le voulait. Elle ne savait même pas si la description était bonne mentalement. Elle avait beau pas le montrer, elle sait que malgré les ressentiments qu'elle avait pour Xavier aujourd'hui, malgré son air un peu trop détaché du monde, elle voudrait être là pour l'épauler, pour qu'il aille mieux, pour l'aider, pour tout, il comptait bien plus qu'elle ne le pensait. Quand elle le voyait dans un état déplorable, ça ne faisait que mal. « Je serai là pour ce que tu veux si c'est pour la petite. »  La blonde glissait son regard sur Aby, l'écoutant parler à son tour, elle avait vraiment l'impression d'être dans une réunion de famille, voir pire, elle n'avait jamais vécue ça, elle ne s'était jamais imaginée vivre ce genre de situation embarrassante un jour. En voyant les larmes dans les yeux de la petite, elle se sentie mal. Ses yeux suppliaient à Xavier de faire entendre à Aby ce qu'elle voulait, qu'importe s'il mentait, il ne voulait pas voir son cœur brisé pour maintenant. Elle voulait vivre une belle journée, une belle semaine et pourquoi pas continuer comme ça pour longtemps. Parler maintenant des problèmes qu'il y avaient et ensuite ne plus jamais en parler. Mais elle savait que c'était trop utopique. Comme c'était trop rêver de se dire que lui allait arrêter l'alcool pour toujours, mais peut-être qu'elle se trompait. « Bien. »  Disait-elle enjouée d'apprendre qu'il voulait bien régler son problème d'alcool. Malgré ses pensées défaitistes, elle voulait croire qu'il pouvait s'en sortir.

Je ne comprends pas vraiment de quoi ils parlent, aller en boîte ? Mais assez rapidement j'oublie mes interrogations quand mon père semble me demander si je suis en âge de faire des soirées pyjama, je baisse les yeux honteuse. « Je ne sais pas, je n'ai pas d'amies. » Je regarde le sol, je ne veux pas qu'il voit mon visage et je ne veux pas voir la déception qui doit apparaitre dans son regard. Je ne suis même pas capable de me faire des amis. Je suis toujours rejetée même les autres enfants. Il finit par expliquer à Adilyn qu'il  à l'intention de prendre ses responsabilités envers moi, ce qui me fait chaud au coeur, mais qu'il va avoir besoin son aide. Ca m'arrange qu'il pense comme ça, car comme ça je verrais encore Adilyn même quand je partirais. Et même si comprend pas toutes leurs histoires je suis heureuse d'entendre la réponse d'Adilyn, car je crois comprendre qu'elle sera toujours là pour moi. Du mois c'est ce que j'ai envie de croire. Je demande même à mon père de faire une promesse qui me tient particulièrement a coeur, justement, car je ne veux plus qu'il se brise. J'en ai marre de souffrir, je veux juste profiter. Sa réponse me fait d'abord peur, comment ça il va avoir besoin d'un suivi ? Il va devoir partir en désintox lui aussi ? Non, non je ne veux pas ! Je refuse ! je veux le garder auprès de moi. Je veux qu'il se soigne, mais je ne veux pas qu'il m'abandonne. J'ai les larmes qui montent à nouveau aux yeux quand il se rattrape en expliquant qu'il ne partira pas en désintox. Je suis soulagée. Mais il n'a pas promie, je veux qu'il me promette. Moi qui le regardais pour attendre sa réponse je tourne le visage déçu. « Si tu le dis. » J'attends quelque seconde avant de relever les yeux vers lui et de plonger mon regard dans le sien j'ai envie de pleurer à l'idée de ce que je vais dire. « Tu peux t'en aller. » J'attends qu'il comprenne ce que je dis quand je sens une larme couler le long de ma joue. « Reviens seulement quand tu pourras me le promettre. » Je tourne le visage j'ai trop envie de pleurer, mais c'est le seul moyen que j'ai de me défendre, c'est fuir, je préfère abandonner les autres que d'être encre une fois abandonnée. Je me tourne prête à retourner dans ma chambre pour pleurer en cachette.

Adilyn semblait t'appuyer dans ta démarche, elle semblait d'accord avec toi. Pour une fois, pensais-tu, tu étais presque soulagé. Mais c'était la réaction de la petite qui était à craindre. Comme tu le pensais, elle ne l'acceptait pas, elle voulait sa promesse et puisqu'elle ne l'avait pas eu, elle te demandait de t'en aller. Elle te demandait de revenir quand tu en serais capable. « Je.. Aby.. » Tu n'avais pas eu le temps d'ajouter un mot de plus qu'elle était partie s'enfermer dans sa chambre. Tu ne comprenais pas ce qui venait de se passer. Tu ne comprenais plus grand chose en ce moment, mais tu ne pensais pas qu'elle serait aussi dure avec toi. Elle se protégeait, elle ne voulait plus souffrir de tout ça, tout comme toi. Tu n'avais pas su la convaincre aujourd'hui, mais tu ne devais pas te laisser abattre. Tout n'était pas encore perdu. Tu allais faire des efforts, tu allais te battre, tu allais faire ce qu'il fallait. Tu ne quitterais pas la ville, mais tu te ferais soigner. « Je suis désolé Adilyn. » ajoutais-tu doucement sans oser la regarder. Tu avais promis de ne pas venir pour faire souffrir la petite et visiblement tu avais échoué. Tu avais l'impression de marcher sur des oeufs avec les deux jeunes femmes et d'être un éléphant qui écrase tout sur son passage. Tu ne t'y prenais clairement pas de la bonne manière. Tu n'avais jamais les bonnes paroles, jamais les bons gestes. Tu étais perdu et tu te sentais seul plus que jamais. Si seulement il existait un guide pour gérer ce genre de relation, tu serais le premier à le vouloir, mais c'était de la pure fiction. Tu devais mener ton expérience par toi-même, déposer ta barque où tu voulais, risquant parfois de ramer à contre-courant. « Merci de m'avoir accordé du temps, je ne débarquerais plus à l'improviste. » Tu te levais sans plus attendre, sans oser lui jeter un dernier regard, tu étais assez mal pour voir la déception sur son visage. Tu avais déjà assez de la tienne. Tu prenais la direction de la porte, tu connaissais bien le chemin à présent.