keep me down to earth - libre

Ce matin, Callie s'était levée avec une forme olympique. Cela lui arrivait de plus en plus en ce moment, comme si son corps et sa tête étaient enfin en phase. Alors elle avait fourré une tenue de rechange et une banane dans son sac, enfourché son vélo et avait foncé à la salle de sport. Elle commençait à reconnaître les habitués mais n'avait jamais engagé la conversation avec personne. Le sport, c'était son moment à elle, pour se vider la tête, ne penser à rien, n'être en compétition qu'avec elle seule. Alors ce matin elle avait fait la totale, un peu de vélo, un peu d'abdos puis direction les douches avant de rentrer. Seulement, ce qu'elle n'avait pas prévu c'était que sa serviette machinalement lancée au dessus de la porte disparaisse pendant qu'elle se douchait. « Et merde ! » jura-t-elle. Et bien sûr elle avait laissé toutes ses affaires dans le casier. Elle baissa la tête en espérant pouvoir la rattraper rapidement par terre mais bien sûr elle était partie trop loin. Inspire. Expire. Et comme par hasard elle avait choisie la cabine du fond, celle jusqu'où personne n'allait et pouvait lui rendre sa serviette. Plusieurs solutions lui traversèrent l'esprit. Solution 1: sortir nue dans le couloir. Ca ne durerait que quelques secondes. Mais c'était impensable pour elle. Solution 2: Appeler quelqu'un. Mais elle ne connaissait personne. Solution 3: Tenter le tout pour le tout en essayant quand même de rattraper la serviette sous la porte. C'est donc cette dernière solution qu'elle choisit. En ce vendredi matin, on pouvait donc apercevoir un bras se balader sous une porte de douche à la recherche désespérée d'une serviette.

La salle de sport, voilà en endroit dans lequel tu ne mettais pas souvent les pieds. On ne pouvait pas dire que tu étais du genre à soulever de la fonte tous les trois jours. Non pas vraiment, tu aimais bien soulever quelques altères, mais rien de bien impressionnant. Tu ne cherchais pas tant à développer tes muscles, mais parfois ça te faisait du bien. Aujourd'hui, tu avais voulu en faire, alors tu t'étais rendu à la salle. Après une bonne heure à avoir transpiré comme un fou, c'était l'heure de prendre une douche. Tu avançais dans le couloir, voyant au fond, une main tendue sous une porte, essayant d'attraper une serviette. Sans hésiter, tu y allait pour la ramasser et te baisser pour la donner à la jeune femme que tu pouvais apercevoir très brièvement. « Euh.. Tenez ! » Tu lui tendais la serviette en fermant les yeux, tu ne voulais pas passer pour un goujat qui profite de la nudité d'une femme pour la mater. Non, ce n'était définitivement pas ton genre. Tu la sentis l'attraper sans dire un mot, elle devait déjà se sentir plus à l'aise que ton regard ne soit pas à la dévisager comme un cochon. Peut-être parce que tu avais un peu trop de respect envers les femmes, ou alors peut-être que tu étais trop timide pour la jouer gros macho connard. Après quoi, tu te redressais pour attendre, derrière la porte. « Ça vous arrive souvent ? » demandais-tu alors en rigolant. C'était bien une première pour toi de voir ce genre de situation. Tu avais le mérite de la trouver drôle, pour elle, ça devait l'être un peu moins. Après tout, une serviette qui tombe aussi loin ça devait être un rigolo qui s'était caché quelques cabines plus loin pour espérer l'entrevoir nue. Ce que tu désapprouvais fortement, mais tu ne pouvais pas contrôler le comportement immature de chaque homme sur Terre. Ou alors elle n'avait vraiment pas eu de chance, mais il ne semblait pas y avoir un courant d'air assez puissant pour la faire envoler comme ça.

 Alors qu'elle essayait toujours vainement d'attraper sa serviette, un sauveur s'approcha et la lui rendit. Machinalement et par réflexe de protection, elle se saisit de sa serviette et se jeta jusqu'au fond de la cabine comme si cela pouvait changer quelque chose... Elle s'empressa de s'enrouler dedans tout en entendant la question cynique de l'homme à qui elle devait désormais sa pudeur. Son rapport à son corps n'avait jamais été évident et même si cela allait mieux maintenant, elle ne tenait pas à le montrer à n'importe qui. « Ah parce que vous trouvez ça drôle vous ? » Non mais, si ça se trouve c'était lui qui avait manigancé tout cela. Une fois qu'elle était sûre d'avoir bien serré et accroché sa fichue serviette, elle s'autorisa à ouvrir la porte en tentant d'arborer une mine sûre d'elle. Devant elle se dressait un grand brun qu'elle n'avait jamais vu dans le coin. C'était peut être mieux pour elle, ça voudrait dire qu'ils ne se recroiseraient peut être pas de si tôt. Malgré tout, heureusement qu'il était passé par là. « Merci, vous m'avez bien aidée sur le coup là ! » Elle ne pouvait s'empêcher de sourire en repensant à la situation dont il venait de la sortir. C'était bien plus drôle maintenant forcément. Cependant, elle ne pouvait que rester suspicieuse en ne voyant autour d'elle personne rire ou fanfaronner de sa petite blague. « Enfin, ce n'est pas à vous que je dois cet incident j'espère ? »

Sa réponse avait fusé, un peu plus glaciale que ce à quoi tu t'étais attendu. Tu devais dire que pour elle, ça ne devait pas vraiment être amusant. Mais tu n'avais pu t'empêcher de rire toi. Comme lorsque quelqu'un se casse la gueule devant soi, c'est un tic nerveux, on rigole, on rigole et une fois la rigolade passée, on s'inquiète. Sauf que là il n'y avait pas de bobo, rien de très inquiétant pour elle, ni pour toi. « Faut admettre que ce n'est pas très commun comme situation. » déclarais-tu en haussant les épaules. Pour le moment, tu t'adressais toujours à une voix, derrière une porte. Même quand tu t'étais baissé pour lui tendre la serviette, tu n'avais pas eu le temps de saisir son visage. Tu avais fermé les yeux bien assez vite pour ne pas voir une chose qu'elle n'aurait pas aimé. Puis la porte s'ouvrit, elle te faisait face, enroulée dans sa serviette et tu esquissais un sourire. « Je vous en prie. » Tu n'avais fait rien de plus que ton devoir. Ca aurait été une autre personne, tu aurais agi de la même manière. Tu étais peut-être un peu trop serviable parfois. Toujours prêt à rendre service même si ça pouvait te porter préjudice, même si ça pouvait te mettre dans la merde. « Non, je n'aurais jamais osé faire une chose pareil ! » Tu avais effacé ton sourire pour prendre un air sérieux. Tu ne voulais pas être le coupable de cette stupide blague non. Tu n'étais pas ainsi et ça te dérangeait qu'on puisse te croire capable de faire une chose pareil.

Aux vues du changement d'expression de son interlocuteur, Callie se rendit vite compte de son erreur et de la sincérité de celui-ci. Elle s'empressa de s'excuser tout en déverrouillant rapidement son casier où elle pu enfin récupèrer son sac. Comme si l'idée d'avoir ses vêtements propres auprès d'elle pouvait la rassurer. « Désolée, je ne voulais pas être sèche, c'est juste que je comprends pas ce qui a pu se passer... Alors je cherche à comprendre. » La seule idée qu'un petit idiot ait voulu la voir nue la répugnait mais ce n'était visiblement pas le genre de celui qui se trouvait en face d'elle.  « Et j'aime pas ne pas comprendre, ce qui est le cas ici... » Elle avait beau jeter des coups d’œils dans tous les sens, elle ne voyait vraiment pas qui avait pu lui faire ça. Mais bon tant pis, il fallait passer à autre chose et se faire une raison. Elle haussa donc les épaules, résignée, avant de se concentrer sur celui qui l'avait gentillement aidé. « Je m'appelle Callie au fait. » Elle referma son casier, mis son sac sur son dos - tout en vérifiant que sa serviette tenait toujours bien - puis se dirigea quelques mètres plus loin vers les vestiaires. En effet, elle ne tenait vraiment pas à faire tout la conversation à moitié nue. « Ca ne vous dérange pas si je vous laisse deux minutes ? J'aimerais vraiment enfiler quelque chose. » Elle jeta un regard appuyé sur son sac pour illustrer sa question. Après tout, leur conversation avait commencé à travers une porte, elle pouvait bien continuer un peu ainsi.

Elle s'était excusée d'avoir été un peu trop sèche, ce que tu acceptais avec un sourire sans plus attendre. Ce n'était pas sa faute, après tout, tu aurais sûrement suspecté la première personne venue t'aider, toi aussi. Mais si ça avait été ta blague tu aurais tenté d'être plus malin, plus discret. Alors que toi, tu voulais juste aider une main qui dépassait d'une porte et que voulait attraper une serviette, rien de plus. « Sûrement un rigolo caché dans une cabine plus loin et déçu. Ou un coup de vent, mais ça paraît peu probable. » Tu restais sur ton idée, même si ça n'avait pas l'air de lui plaire beaucoup. En même temps ça plait rarement de devoir sortir nue pour attraper une serviette qui s'est miraculeusement retrouvé à un mètre de la porte de la cabine comme par magie. « Et moi c'est Maxwell ! » ajoutais-tu doucement dans un sourire. Tu marchais à ses côtés, la laissant récupérer son sac, puis aller vers les vestiaires. « Pas de problème, si vous permettez, je vais en profiter pour me doucher rapidement ! » Tu lui souriais une nouvelle fois avant de lui tourner le dos, la laissant aller se changer, pendant que toi, tu prenais une douche rapidement. Tu coinçais la serviette dans la porte pour être certain de ne pas vivre la même situation qu'elle. Puis une fois propre, une fois prêt, tu retournais vers les vestiaires où elle semblait t'attendre. « Vous vous sentez mieux ? » Tu lui jetais un regard, elle était habillée et semblait soulagée.

Maxwell. « Enchantée. » Elle aimait bien ce prénom. Elle hoche la tête et le laisse aller se doucher à son tour. C'est vrai qu'avec tout ça elle l'avait empêché de se doucher ! Elle se changea rapidement dans les vestiaires en gardant toujours un oeil sur ses affaires, toujours suspicieuse, mais rien de plus ne se passa et elle finit, propre habillée sans n'avoir rien perdu. Elle y retrouva rapidement le dénommé Maxwell lui aussi changé. « Oui, tout va bien maintenant, c'est déjà oublié ! » Elle ne peut s'empêcher de sourire. A postériori, ça semblait toujours bien plus amusant. « Vous venez souvent ici ? J'ai l'impression de ne jamais vous avoir croisé. » A vrai dire, elle ne faisait jamais trop attention aux gens autour d'elle, et encore moins à tous ces gros musclés qui poussent des barres plus lourdes qu'elle pour faire leur malin. Même si ça n'avait pas l'air d'être le cas pour le brun. Pas qu'il soit tout gringalet loin de là, mais quelqu'un de normal qui vient faire du sport pour faire du bien à son corps et peut être, comme c'était le cas pour elle, pour se vider la tête. Elle prend donc, lui sur ses talons, la direction de l'entrée du complexe où se trouvaient quelques tables et de quoi acheter à manger. Elle désigne l'endroit de la tête. « Je vous offre un petit quelque chose pour vous remercier ? » lui lance-t-elle un sourire reconnaissant éclairant son visage.

« Tant mieux alors ! » Tu lui offrais un petit sourire, ravi de voir qu'elle se sentait mieux et qu'elle mettait même tout ça de côté. Tu aurais aimé retrouvé le petit plaisantin qui s'était amusé à lui jouer un mauvais tour, autant dire que vu sa méfiance du départ, il en aurait pris pour son grade. Ta curiosité faisait que tu voulais mener une enquête, mais la réalité faisait que tu n'avais aucune piste pour te lancer et que tu finirais par buter contre un obstacle : le manque de preuves. « C'est ma première séance à vrai dire. Je viens à peine de débarquer en ville ! » ajoutais-tu doucement. Une séance pour voir la salle, pour voir le cadre et l'ambiance, pour voir si tu arriverais à te faire une place afin d'évacuer ton stress pour quand tu serais enseignant. Tu savais que ce serait un métier prenant, que tu aurais parfois affaire à des enfants en crises, à des histoires compliquées, c'était pour ça qu'il fallait trouver un moyen de te défouler. Donc en faisant du sport. « Et vous, vous venez souvent ? » Histoire de savoir si tu aurais la chance de la recroiser une autre fois. C'était ton côté dragueur qui prenait le dessus même si tu ne la draguais pas. C'était plutôt ton cœur qui s'emballait comme à chaque fois qu'il était en face d'une jeune femme. Tu étais incapable de résister, de penser correctement sans que ton coeur ne fasse un bon dans ta poitrine. Par chance tu avais appris à te contrôler avec les années, à ne pas le montrer pour ne pas donner l'impression d'être fou. « Je ne voudrais pas abuser de votre gentillesse, c'était qu'une serviette et j'ai fais ce que j’estimais être mon devoir de bon citoyen ! » Tu n'étais pas du genre à profiter de la situation, au contraire. Tu ne te prenais jamais pour un héros, pour un sauveur ou tu ne savais pas trop quoi d'autre. Tu agissais juste parce que tu estimais que c'était la chose à faire et puis basta.

Son instinct ne l'avait pas trompée. Elle ne pouvait vraiment pas l'avoir croisé. « Oh, alors bienvenue à Bowen ! Vous êtes venus là pour le boulot ?  » Oui, elle était vraiment curieuse. Peut être un peu trop, elle espérait vraiment ne pas l'avoir gêné ou tomber dans une part de sa vie qu'il ne voudrait probablement pas partager avec une inconnue. Mais il était vrai qu'elle aussi avait eu le réflexe de s'inscrire à la salle de sport en arrivant ici, histoire de voir dans quelle ville elle mettait les pieds. Mais sans pour autant chercher le contact, seulement observer, garder son jardin secret. Se fondre dans la masse mais ne pas se faire remarquer. Raté pour aujourd'hui ! Elle aimait bien faire ça oui, même si parler et rencontrer des gens ne la dérangeait pas non plus. Mais elle venait d'abord pour elle, pas pour les autres. « J'essaye de venir une fois par semaine, mais ça dépend vraiment de mon boulot et de mon état de fatigue. » Elle appréciait qu'il refuse, que ce soit un acte complètement désintéressé. Mais elle ne pouvait le laisser partir. Par politesse et par envie d'en savoir un peu plus sur lui aussi. « Mais ça vaut bien un petit café quand même, ça me ferait vraiment plaisir ! » Non loin d'elle l'idée d'en profiter pour le draguer non plus, c'était vraiment histoire de faire un petit geste. Et puis il fallait aussi avouer qu'elle n'avait pas forcément envie de se retrouver seule chez elle en rentrant.

Elle te souhaitait la bienvenue dans la ville et tu trouvais ça amusant, c'était la première à te le faire et c'était agréable de savoir qu'on était le bienvenue ici. « Pour le boulot mais aussi pour la famille, je suis venu retrouver ma sœur qui y vit seule depuis bien trop longtemps ! » Elle ne devait pas avoir besoin d'autant de détails, mais tu étais lancé sur le sujet alors bon, autant lui dire franchement les raisons de ta venue. De toute façon c'était pas comme si elle allait le crier sur tous les toits et même si elle le faisait, elle ne savait rien de toi mis à part ton prénom. Tu n'avais pas grand chose à craindre. « Alors on devrait se recroiser. » ajoutais-tu avec un grand sourire. Ce n'était pas pour la draguer au contraire, mais c'est vrai que si tu pouvais avoir quelqu'un avec qui faire un peu de sport, ça serait peut-être plus motivant que de le faire seul dans un coin. « Juste un café alors, moi je ne voudrais pas profiter. » Tu avançais avec elle vers le comptoir pour qu'elle puisse commander les deux cafés et le temps qu'ils se fassent, tu en profitais pour la connaître d'avantage. « Vous faites quoi dans la vie ? » Tu étais curieux, d'autant plus qu'elle avait mentionné son état de fatigue, du coup elle devait faire quelque chose qui la faisait courir dans tous les sens, peut-être serveuse. Pour avoir essayé, c'était pas aussi facile qu'on pouvait le croire.

Elle avait visé à moitié juste. Bowen était une ville accueillante. Il fallait juste tomber sur les bonnes personnes au bon moment. Mais s'il avait fait le choix de venir ici, c'est que sa soeur devait lui avoir bien vendu l'endroit. En tout cas, c'est ce qu'elle pouvait tenter d'imaginer après qu'il lui ait raconté cela. Mais pour autant elle ne connaissait pas sa soeur et tout ce qui pouvait se câcher derrière sa venue, mais ce n'était pas ses affaires. Elle se contente d'hocher la tête, ne voulant pas passer pour quelqu'un d'instrusif même si elle était vraiment curieuse. « Exact ! » L'idée de le recroiser ne la dérangeait pas. Elle passerait enfin pour quelqu'un de normal et sociable qui ne resterait pas toujours seule. Encore faudrait-il que quelqu'un l'ait déjà remarqué. Mais au cas où Callie soit encore confrontée à une serviette volante, elle serait bien contente qu'il puisse par hasard se retrouver dans les parages. « Ah, vous voyez personne ne peut refuser un café ! » Il fallait avouer qu'avec ses gardes, le café était rapidement devenu une de ces boissons préférées, elle pouvait en boire des litres sans fin. Elle passa donc commande au comptoir et s'y adossa en attendant que le serveur le leur prépare. Et en profita pour répondre à Maxwell. « Je suis infirmière ! Et je cumule aussi un poste d'écrivaine occasionnelle pour un magasine. » Machinalement elle pensa à Nolan. Elle ne devrait pas. Elle secoua la tête puis attrapa comme un sauveur le plateau avec les deux cafés que lui tendit le barman et alla, Maxwell sur les talons le porter à une table. « Et vous ? » Elle le verrait bien banquier, ou agent immobilier. Il semblait avoir cet assurance de quelqu'un souvent confronté à des gens. Enfin, Callie n'était pas toujours la plus douée dans les supposition.

Elle n'ajoutait rien sur les raisons de ta venue et approuvait le fait que vous pourriez vous recroiser. Ce qui te faisait plaisir parce que tu aimais la compagnie des autres. Même si c'était toi qui risquait plus de la laisser tomber que le contraire, puisque le sport ce n'était pas tant ta tasse de thé. « En même temps c'est me prendre par les sentiments, j'adore le café, j'en bois un peu trop mais du coup je suis incapable d'en refuser un ! » C'était peut-être pour ça que tu étais une vraie pile électrique, avec le café que tu buvais tu avais de l'énergie à revendre pour des heures entières. Mais étrangement, quand c'était l'heure de dormir, tu n'avais aucun problème de ce côté là. Tu sombrais en trente secondes . « On peut dire que vous avez une vie bien remplie. » Et pas qu'un peu. Tu te demandais même comment elle arrivait à cumuler les deux parce que de ce que tu connaissais du boulot d'infirmière, les personnes en question avait rarement de temps pour eux puisqu'ils étaient H24 à l'hôpital. Peut-être que ça avait changé, peut-être qu'elle ne travaillait pas à temps plein mais pour le moment, tu étais rempli d'admiration. « Vous écrivez sur quoi, si c'est pas trop demandé ? » finissais-tu par demandé. La question t'avait brûlé les lèvres dès qu'elle t'avait parlé d'écrire. Tu n'étais pas un gros lecteur, sauf si c'était pour tes cours ou pour te cultiver un peu. Mais tu irais sûrement jeter un coup d'oeil par simple curiosité et aussi pour voir sa plume. « Professeur des écoles en remplacement. » Tu prenais place en face d'elle, attrapant ton café en la remerciant une nouvelle fois dans un murmure avant de le porter à tes lèvres et d'en savourer la première gorgée, bien qu'un peu trop chaude.

« Alors on est deux dans ce cas là !  » Et il ne savait pas si bien dire. Entre sa vie professionnelle et sa vie amoureuse, elle ne saurait pas dire laquelle des deux était la moins épuisante. « Bien remplie je ne sais pas, mais en tout cas on peut dire que je ne m'ennuie jamais ! Ou en tout cas je n'ai pas le temps pour. » Surtout que les gardes étaient de plus en plus longues et qu'elle avait envie de passer de plus en plus de temps au Quaterly. Et pas que pour voir Nolan non. Mais parce qu'elle aimait vraiment ça et qu'elle avait envie de s'y investir encore plus. Alors à la question de sur quoi elle écrivait, elle aurait pu en parler pendant un petit moment. « En fait un peu de tout comme c'est une revue littéraire. Mais je peux vous dire qu'un des prochains numéros portera sur les rencontres. La manière dont on peut les appréhender, comment elles peuvent nous changer, toutes les leçons de vies qu'elles peuvent nous apporter. Enfin je pense que vous voyez un peu. » Elle n'aurait pas encore une grosse place dans le magasine car trop nouvelle dans l'équipe et n'y passant pas encore énormément de temps mais elle était déjà fière du petit travail qu'elle avait déjà accomplit. Alors tomber sur quelqu'un qui pouvait s'intéresser à son travail, c'était d'autant plus plaisant. Surtout pour un professeur des écoles. Car il avait ce regard critique propre à ces personnes travaillant avec des enfants. Elle avait toujours trouvé que c'était un beau métier. Mais qu'on sous-estimait aussi. Parce que cela ne devait pas non plus être simple tout les jours. Les enfants c'était beau, mignons et on les sous-estimait souvent beaucoup mais c'était aussi très éreintant, car demandant beaucoup d'efforts et de capacité d'adaptation. « Et du coup vous avez déjà un poste sur Bowen ou vous attendez qu'une place se libère ? »

« Est-ce que parfois vous regrettez votre choix ? Est-ce qu'il vous arrive de vouloir une vie plus calme ? D'avoir plus de temps pour ne rien faire ? » demandais-tu doucement, curieux de sa réponse. La vie à cent à l'heure ça n'allait pas à tout le monde. Toi par exemple, tu ne pourrais pas vivre comme ça, c'est trop d'organisation. Pas que tu en manquais, mais c'était surtout qu'il fallait être réglé comme une horloge et toi tu étais trop paresseux pour être ainsi. « Un article qui me serait bien utile vu que je suis nul pour les rencontres ! » ajoutais-tu en rigolant. Il n'y avait qu'à regarder la façon dont tu avais fait la connaissance de Callie. Elle était à deux doigts de te sauter dessus pour te refaire le portrait parce qu'elle pensait que tu avais été un petit rigolo en volant sa serviette. Ce qui n'était pas le cas, mais comment pouvait-elle le savoir ? D'ailleurs elle avait accepté de te croire alors que tu aurais pu être un menteur. Ce n'était pas le cas, mais ça non plus elle ne pouvait pas le savoir. Elle avait choisi de te croire parce que tu semblais lui inspiré confiance. Tout comme toi elle t'inspirait confiance, assez pour prendre le temps de discuter avec elle, de te dévoiler. « Non j'ai eu un poste, sinon je crois que je serais bien resté un peu plus aux US. Mais il faut bien commencer à travailler un jour ! » La vie serait assez plaisante si on pouvait toujours profiter de tout sans bosser une seule fois. Bien que tu serais malheureux parce que tu aimais beaucoup ton métier, tu n'avais pas eu l'occasion de vraiment pratiquer mais enseigner à des petits êtres ce qui pourrait leur servir pour la vie futur, tu aimais déjà ça ! Peut-être que dans 25 ans tu serais lassé, mais là tu avais la nouveauté du poste et la jeunesse en plus de la passion qui faisait que tu avais déjà bien hâte.

Regretter ? Non, parce qu'elle était venue à Bowen pour faire table rase du passé et justement ne pas pouvoir se reprocher de ne pas avoir tenté de nouvelles choses. Alors non elle ne regrettait pas. Du moins pour le moment. « J'aime bien ma vie comme ça en ce moment. Et puis ça évite de me laisser trop de temps pour réfléchir. » Alors ne rien faire, ce n'était pas dans ses plans en ce moment. Même si peut être dans quelques semaines elle ne serait plus du même avis. Qui sait, la vie est bien trop pleine de surprises. De bonnes comme de mauvaises d'ailleurs. La remarque de Maxwell après la description du prochain numéro du Quaterly la fit sourire. « Pour moi ça relève plutôt du hasard, si elles doivent se faire, elles se feront, pas besoin de se forcer ! » Comme aujourd'hui. Parce qu'il fallait avouer que c'était plutôt cocasse ce qui lui était arrivé. « Regardez, vous auriez pu fuir sans m'aider, ça signifie que vous n'êtes pas si nul que ça, vous trouvez pas ? » Elle lui adressa un petit sourire avant dese réchauffer les mains autour de son café, une sorte de réflexe rassurant, bien que plutôt à l'aise avec le professeur. Alors comme ça il venait des Etats-Unis. Maintenant qu'il lui disait cela elle remarquait un lèger accent différent de celui des Australiens. Et surtout du sien. Parce qu'il fallait avouer que son petit accent british dénotait pas mal ici. Mais elle apprennait petit à petit à le cacher, un petit jeu qu'elle s'offrait à elle même. « Commencer un travail à l'autre bout du monde c'est un peu osé ! » Mais elle ne pouvait pas juger, parce qu'elle avait presque fait la même chose, mais pour s'éxiler. Alors que lui était venu pour retrouver sa soeur. « Par contre il doit vous falloir pas mal de patience pour dompter tous ces petits monstres non ? » Personnellement, elle ne s'en serait jamais sentie capable, trop de responsabilité. Même si elle adorait les enfants, en cotoyer toute la journée, c'était sans doute trop.