be my demon tonight -r.

Ta soirée mensuelle était enfin arrivée. Un peu de temps pour toi, une soirée pour te laisser aller, pour boire un verre ou deux et aussi pour t'amuser. Tu avais entraîné une de tes copines avec toi, même si c'était plus une collègue qu'une amie. Quoiqu'il en soit, tu n'étais pas seule, ce qui faisait moins fille triste. Vous étiez allées manger un morceau puis vous aviez fini au bar pour prendre un verre ou deux avant de rentrer. Une soirée tranquille, à rire, à papoter de tout et de rien et surtout à parler des petits ragots de l'hôpital. Tu n'étais pas vraiment une commère, mais une fois que tu avais un verre dans le nez, tu te laissais aller sans trop te soucier du reste. L'heure avait tourné, la soirée avait filé à une vitesse folle. Elle t'embrassait une dernière fois en quittant le bar, alors que toi tu étais encore assise. Tu avais envie d'un dernier verre, mais pas seule. Tu t'étais levée pour aller rejoindre un homme qui se trouvait à l'autre bout du bar. Un homme que tu avais eu dans ta ligne de mir toute la soirée, même ta collègue t'avait poussé plusieurs fois à le rejoindre mais tu avais attendu le bon moment. « Je peux vous offrir un verre ? » proposais-tu doucement, un fin sourire sur les lèvres. Tu replaçais une mèche de cheveu derrière l'oreille, ne quittant pas son regard des yeux. Sa réponse se faisait attendre, comme s'il hésitait, pourtant tu n'avais pas l'habitude qu'on te fasse attendre un peu. Tu trouvais ça amusant et en même temps gonflé. A force, tu allais finir par lui tourner le dos, partir loin de lui, trouver un autre homme qui s'intéresserait plus à toi. « Je vous ai observé toute la soirée, vous n'êtes pas vraiment du genre à faire cavalier seul, si ? » ajoutais-tu, comme si tu essayais de faire pencher la balance en ta faveur. Tout ça le rendait d'autant plus attirant. Mais il ne semblait toujours pas vouloir te répondre. Peut-être que tu perdais ton temps, peut-être que tu devrais aller voir ailleurs. Tu ne savais pas trop quoi faire de toute façon, tu n'avais rien de plus à dire. Tu n'allais pas te vendre à quelqu'un qui ne semblait pas vouloir s'intéresser à toi. « Sauf si vous êtes pris, auquel cas, je passe mon chemin. » ajoutais-tu en haussant les épaules. Tu espérais pour toi que ce ne serait pas le cas. Tu devais admettre que ça t'embêterais beaucoup. Tu ne l'avais pas quitté des yeux de toute la soirée, tu avais eu envie d'aller le voir à plusieurs reprises mais d'autres filles t'avaient coupé l'herbe sous le pied. Là qu'il était libre, tu t'étais lancée. Il fallait juste prier pour qu'il n'ait pas craquer sur une midinette. Bien que tout semblait indiquer le contraire, pourtant tu n 'étais pas décidée à tourner les talons et à t'en aller.

Tu n'avais pas bougé d'un cil, tu attendais qu'il se réveille. Et il avait mis son temps, il s'excusait même pour t'avoir fait un peu attendre, mais tu souriais, balayant tout ça d'une main. Ça n'avait pas une grande importance après tout puisque maintenant son attention était sur toi. « Alors je le veux ! » affirmais-tu sans plus attendre, levant une main vers le serveur pour lui faire signe de lui resservir la même chose. Profitant pour reprendre toi aussi un verre de vin blanc au passage. « Ah oui ? Pourtant je vous ai vu discuter avec de jeunes femmes, leur sourire même, c'était de la politesse ? » Tu plissais un peu les yeux, pas sûre que bien comprendre ce qu'il te disait là. « Sunny. Et vous ? » L'idée t'avait traversé un moment de donner un autre nom, de te faire passer pour une fille que tu n'étais pas. Après tout, tu n'étais pas du genre à aller accoster un homme qui avait déjà été dragué, du genre à un peu insister pour qu'il accepte un verre et passe un moment avec toi. Et pourtant, tu l'avais fait, tu en étais même fière. Tu ne devais pas te laisser marcher dessus juste parce que tu n'avais plus la main. Au contraire, il fallait te la refaire et c'était une occasion que tu n'allais pas laisser passer. « Je ne suis pas une très bonne observatrice à vrai dire, je jetais juste des coups d'oeil par dessus l'épaule de mon amie, sans oser vous aborder et là que la place était libre, j'ai voulu tenter ma chance. » avouais-tu. De toute façon tu n'avais pas de raison de lui mentir, tu aurais pu jouer la maligne et tenter quelques phrases un peu bateau, mais tu n'étais pas certaine que ça passe. Autant jouer franc jeu avec lui, c'était la meilleure des manières pour arriver à tes fins.

Il ne semblait pas savoir pourquoi et tu n'allais pas rester sur ça pendant des heures. Il souriait, c'était un fait, le plus important était peut-être de voir que c'était avec toi qu'il discutait à présent, qu'il ne t'avait pas encore repoussé et qu'il avait même accepté ton verre. Autant dire que tu étais plutôt gagnante jusqu'à présent, ce serait dommage d'être chiante pour si peu, au fond. « Enchantée ! » Tu le regardais te tendre la main, amusée et tu l'attrapais pour lui serrer la pince. C'était peut-être un peu trop formel pour ce genre de discussion mais au moins ça montrait qu'il était sincère dans sa démarche. Tu ne pouvais qu'apprécier. Tu hochais la tête en portant ton verre à tes lèvres, souriant en l'écoutant te poser des questions sur toi, sur ce que tu faisais dans la vie ou encore même si tu venais souvent ici. Des questions basiques à vrai dire, tu t'y attendais et tu étais partante pour parler un peu de toi, si le reste de la soirée se passait comme tu l'imaginais. « J'y vis depuis dix ans, je suis kinésiste thérapeute et j'ai une fille de quatre ans. » Peut-être que ça tu aurais du le garder pour toi, mais tu voulais être franche et directe, ça ne servait à rien de te faire passer pour celle que tu n'étais pas. Tu étais une mère bientôt divorcée, tu ignorais tout des rencontres aujourd'hui et vu son regard, tu te dépêchais d'ajouter quelque chose. « Je ne cherche rien de sérieux, juste de quoi m'amuser un peu. » Tu lui glissais un nouveau sourire, prenant une grosse gorgée de ton vin. Finalement, c'était peut-être plus compliqué que tu ne le pensais. « Et non, je viens rarement dans les bars, je sors très peu pour être honnête ! » Tu avais l'impression d'être maladroite, de mal t'y prendre. Pourtant, quand tu voyais Adrian, tout se passait bien, alors pourquoi tu avais l'impression que quelque chose clochait avec Edward ? Peut-être que c'était lui, peut-être que son manque d'intérêt du départ t'avait mis un petit coup de pression. Même si maintenant, il ne te quittait pas des yeux et qu'il semblait vraiment attiré par toi. « Et vous alors, dans un aussi beau costume je suppose que vous êtes un homme d'affaire ? » demandais-tu, à ton tour d'en savoir plus sur lui.

Il aimait ton honnêteté et ça te faisait du bien de pouvoir dire les choses librement comme elles te venaient en tête. Ce n'était pas toujours évident de pouvoir parler comme ça, de pouvoir te confier, raconter ta vie à un parfait inconnu. Surtout lorsque tu parlais d'Iris. La pauvre, il pourrait partir à toute vitesse, voulant s'éloigner de toi aussi vite parce qu'il pourrait penser que tu cherchais à faire de lui un nouveau père pour elle. Ce n'était pas ton intention, tu n'avais pas envie d'une relation sérieuse. Au contraire, tu voulais pouvoir t'amuser, te lâcher le temps d'une soirée et être une femme. Tu avais oublié ce que c'était de prendre du temps pour toi. « Ma fille s'appelle Iris, je m'en occupe seule depuis un an, je suis en instance de divorce avec son père qui s'appelle Thomas Brown. Chic type mais pas assez fidèle. » Tom n'était pas méchant, il n'était pas un mauvais garçon, au contraire. Tu l'avais aimé si fort, qu'avec le temps tout c'était en allé. Le temps avait eu raison de votre couple, de votre passion. Au début il était moins présent, moins intentionné puis après il y a eu ses maîtresses. Tu ignores combien il a pu en avoir, le savoir pour une seule t'avait suffit. Tu n'avais pas cherché à comprendre. Vous étiez deux inconnus dans le même lit depuis que tu avais accouché d'Iris. Tu pensais que c'était normal, que c'était la faute du boulot parce que vous aviez tous les deux des emplois du temps de fous sans jamais vous croiser parce qu'il en fallait toujours un pour avoir un oeil sur Iris. C'était une chose que tu avais acceptée assez finalement, même ses tromperies ne t'avaient pas blessées, parce qu'au fond de toi tu savais. Il te fallait juste une preuve pour réaliser. « Et vous traitez quel genre d'affaires ? » demandais-tu pour changer de sujet, pour parler un peu de lui, pour savoir ce qu'il faisait dans la vie parce qu'homme d'affaire c'était relativement trop large pour avoir une idée précise. « Je crois que j'ai oublié ce que c'était.. » Tu ne quittais pas son regard, mais tes joues étaient devenues rouges. Les fantasmes, ça te parlait, mais là tout de suite, tu ne savais plus, tu ne savais pas. Ça faisait trop longtemps pour toi.