| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
|
| c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Invité | Sujet: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Mar 27 Sep 2016 - 22:31 | |
| C'EST QU'UN PETIT VERRE DE WHISKEY...ft. Aino et Arthur Il avait passé l’avant-midi à discuter au téléphone avec ses investisseurs, mais, malgré leurs multiples «ok», cette impression de stagnation qui ne le quittait plus depuis la mort de Deborah ne faisait que s’accroître. Produire ne le motivait plus comme avant. Même son scénario le rebutait. L’arrivée à Bowen l’avait distrait un moment. L’installation dans sa nouvelle maison, la visite sommaire de la ville, toute cette paperasse qu’il avait rempli, immigrations, transferts de comptes et tout le reste. C’était probablement un de ses premiers temps libres et toutes ces émotions violentes générées par la mort de sa femme refaisaient surface.
Les cheveux un peu moins bien peignés qu’à l’habitude, son veston déposé sur le dossier de sa chaise, ses bretelles visibles, la cravate dénouée et les manches de sa chemises roulées jusque sous ses coudes, il enchaînait les whiskey depuis le milieu de l’après-midi. L’alcool ne diminuait qu’à peine son sentiment de solitude, mais engourdissait ses sens d’une façon agréable. Silencieux, il regardait les gens entrer et sortir du resto-bar comme s’il n’y était pas lui-même. À travers la fenêtre, on remarquait le soleil descendre vers l’ouest et la luminosité ambiante se tamiser. Les ombres s’allongeaient et les lumières à l’intérieur s’allumaient tranquillement. Il n’avait rien manger depuis l’heure du déjeuner. Son ventre creux le lui rappela dans un bruit relativement sonore.
Installé au bar, il chercha son serveur du regard. Ce dernier comptait sa caisse. Assistant passivement à ce changement de quart, il observa la femme qui le remplacerait entrer derrière le comptoir. C’était une belle blonde, tatouée sur l’épaule. Elle avait l’air à l’aise et souriante. Une bonne journée peut-être…ou un bon masque? Il ne put s’empêcher de la regarder probablement un peu trop longtemps. Ce sourire apaisait un peu son cœur d’homme triste et ivre. Elle s’approcha. Il leva les yeux sur elle. Il ne pouvait s’en empêcher, il avait toujours ce petit air espiègle quand il s’adressait aux personnes qu’il trouvait charmantes, particulièrement quand il avait bu de façon déraisonnable. D'un geste nonchalant, il souleva légèrement son verre.
- Je t’en prendrai un autre s’il te plait. |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Ven 30 Sep 2016 - 22:46 | |
| Depuis le séisme qui avait touché la ville, je passais un temps fou dans ma maison à essayer de tout faire disparaître les traces d'un quelconque tremblement de terre. Je ne voulais pas perdre cette maison et même abîmée, je resterais vivre dedans, parce que c'était l'héritage de ma grand-mère, qu'elle aurait sûrement eut le cœur brisé de voir l'intérieur de sa maison dans cet état, mais je n'y pouvais rien, je ne savais pas contrôler les humeurs de la nature. Après un bon bout de temps à ranger les affaires, je lançais un regard vers l'horloge. Il ne me restait que dix minutes pour arriver au boulot. Impossible. Ma voiture venait tout juste de me lâcher, je ne pouvais pas y arriver à temps. Pourtant, je faisais de mon mieux pour prendre mes affaires dans les bras puis commencer à courir de chez-moi jusqu'au boulot, faisant pas vraiment attention aux regards. De toute manière, même si je n'aimais pas le sport, je courais très souvent. Malgré mon sprint final, j'étais en retard, de beaucoup de temps et j'étais essoufflée en plus de ça. Arrivant dans les vestiaires, mon patron me fit signe de le suivre dans son bureau, je levais les yeux au ciel, soufflant en le suivant. Merde. Il avait eu échos des bourdes que je faisais ces derniers-temps et il n'était pas passé par quatre chemins pour me dire qu'il allait falloir que je ralentisse le rythme de la connerie. Et comme réponse je n'avais rien trouvée de mieux que lui faire un sourire moqueur, en lui lançait que ça allait, c'était juste pour déconner. Abrutie. Je partais en salle, sourire aux lèvres, bien que je détestais ça, ça ne servait à rien et franchement, je n'avais pas de quoi être heureuse, j'étais à deux doigts de perdre mon boulot. C'était seulement un acte faux-cul pour ne pas avancer ma date de non-retour. Même mon collègue ou les habitués devaient trouver ça bizarre, mais je faisais mon travail avant de regardant en salle, s'il y avait quelque chose à voir ou si je pouvais rester poireauté derrière le bar sur mon portable. Ce qui n'était pas très professionnel, malgré la remarque que je venais de me prendre en pleine face. Puis mon regard se stoppait sur un homme, seul. Parfait, que le boulot commence. Je m'approchais doucement de lui, abordant toujours mon plus beau sourire. Un signe de tête puis je lui servais un autre verre, même si vu sa tête, ça ne devait pas être le premier. Ni le deuxième d'ailleurs. Est-ce que j'aurais dû lui dire d'arrêter ? Rien à foutre, je me faisais de l'argent pendant ce temps et j'avais besoin d'argent. Tellement que j'avais finalement pas viré la personne qui logeait chez-moi alors qu'elle mériterait d'être à la rue. « Et voilà mon beau. » Les surnoms, j'en distribuais à tout le monde, fallait pas qu'il se sente pousser des ailes. « T'en es à combien de verres ? Pour voir si j'ne frôle pas le licenciement. » Un rire filait d'entre mes lèvres. |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Mer 5 Oct 2016 - 1:31 | |
| Arthur attrapa le verre qu’on lui tendait avec un petit sourire content sur les lèvres. Il prit une bonne gorgée et laissa le liquide lentement couler dans sa gorge, appréciant la chaleur de l’alcool.
- T'en es à combien de verres ? Pour voir si j'ne frôle pas le licenciement.
Arthur pensa à ces films westerns dont il raffolait tant en se disant que dans ces bars là, on ne prenait même pas la peine de changer les verres et qu’on ne faisait que toujours, sans cesse, remplir le même. Il aurait pu répondre alors, le regard défiant, « Mais un seul mademoiselle ». Ensuite, à tout les coups, le buveur n’avait pas d’argent et ne faisait que défier tout le monde de son fusil.
Il voyait la scène défilée dans sa tête et rigola un peu puis soupira doucement. Lui évidemment, il les paierait tous, sa carte était déjà dans les mains des serveurs derrière le comptoir. Et bon. Il n’avait pas de fusil non plus. Il leva son regard de gamin sur elle, les yeux brillants sous l’effet de l’alcool.
- Euhm. Quelques ‘uns de trop probablement. Mais il ne faut pas s’inquiéter. Je peux me tenir debout.
Comme pour lui prouver sa bonne volonté, il bondit du tabouret, mais ne fit que perdre l’équilibre.
S’appuyant sur le comptoir, il ferma les yeux un moment. Pris une respiration, puis se rassit.
- Okay. Tu frôles peut-être le licenciement…
Il prit une autre gorgée de son verre. Puis la regarda encore. Il hocha la tête en terminant d’avaler.
- Je ne crois pas qu’ils puissent se permettre de perdre un sourire comme le tiens. Je dois bien avouer, et tu le sais aussi très bien, que je serais probablement parti plus tôt si j’avais du rester encore plus longtemps avec ce gars qui me sert depuis….depuis…
Il ne se souvenait plus.
- Ce gars, conclue-t-il.
Il finit ce qui lui restait de son verre d’une traite.
- Je t’en prendrai un autre.
Il fit une pause, passa une main dans ses cheveux par habitude et continua :
- Ne t’inquiète pas, tu vas te faire plus d’argent que de problèmes en me servant. Je parle beaucoup, mais je suis tranquille. Et je donne du bon pourboire.
|
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Mer 5 Oct 2016 - 19:20 | |
| S’il n’y avait pas qu’un de trop, alors je n’étais pas totalement coupable, le serveur précédent avait mal fait son travail et je ne faisais que salir la toile de mon encre. Le pauvre, il allait finir par rentrer chez lui en rampant et je ne l’aidais pas. Qu’importe, je me faisais de l’argent pour l’instant et je n’avais pas envie d’aller voir les autres clients, si je pouvais commencer le travail le plus tard possible, alors ça me faisait plaisir. Puis il m’affirmait qu’il pouvait tenir debout. Tant mieux. Du moins, c’est ce que je pensais avant qu’il essaye de le faire puis qu’il se retienne au bar. Quand je me mettais à boire, je pouvais être rapidement comme lui, alors je ne me moquais pas trop en ce moment. Enfin, je ne me moquais pas les premières secondes, parce qu’un éclat de rire arriva rapidement en le regardant. « On n’a pas la même définition de “se tenir debout”. » Je ne pouvais pas détacher ce sourire amusée de mon visage en l’écoutant. Ouais, je frôlais le licenciement en le resservant, mais je frôlais le licenciement à chaque fois que je passais la porte pour aller travailler, alors je n’étais plus à ça près. « Si j’me fais virer, j’compte sur toi pour me payer des verres pour oublier. » Ou me trouver un autre job, parce que je ne pouvais clairement pas m’en passer, je ne voulais pas perdre la maison de ma grand-mère et même si je voulais de l’argent, je ne ferais pas n’importe quoi pour l’avoir, il me fallait un vrai job. Au lieu d’aller m’occuper d’autres gens, je restais avec lui, il était bien plus amusant que les autres qui venaient ici pour boire un simple verre entre amis. Eux étaient chiants. Moi je voulais me foutre de la gueule de cet homme encore un peu. J’arquais d’un sourcil quand il complimentait mon sourire. Clairement, je détestais les compliments, surtout venant d’un mec complètement torché. « D'un … Ils ne voient pas beaucoup mon sourire. De deux ... » Comment lui dire poliment que ses compliments il pouvait se les foutre où j'le pense ? « Tu l'aimes pas l'autre serveur ? Il t'avait dit que c'était ton dernier verre ? » Pourquoi je lui disais ça ? Je passais une main dans mes cheveux platines. « Mais t'as raison, c'est qu'un con. » Je chuchotais pour ne pas me chercher les emmerdes avec les autres. Je plantais mon regard dans le sien. « J'espère que tu le savouras celui-là. » Je ne comptais pas le resservir jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de bouteilles. Je reprenais son verre pour le ranger puis remplir un deuxième. « J'tiens pas à ce que tu m'fasses un coma éthylique, chéri. Mais j'dis pas non à l'argent. » Je lui donnais son verre puis continuait de le regarder au lieu de partir. Après tout, discuter avec les clients et leur faire vouloir revenir, ça faisait partie du travail. On ne pouvait rien me reprocher. « Si tu parles beaucoup … Tu fêtes quoi pour boire autant ? » Et seul, qui de plus est. Ça faisait un peu le loser qui venait de perdre un emploi ou sa copine, qui venait se réfugier dans l'alcool pour se tirer des problèmes, alors que l'alcool ce n'est pas forcément bon pour ça. Mais j'ne pouvais pas lui dire ça, qu'il ressemblait à un raté. |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Mer 5 Oct 2016 - 23:29 | |
| Elle semblait amusé de son état, mais il devait le lui concéder, lui aussi n’avait habituellement pas cette définition de la phrase «se tenir debout».
Elle ria un peu de sa tête puis lui dit :
- Si j’me fais virer, j’compte sur toi pour me payer des verres pour oublier.
Il leva les yeux sur elle. Il fit une moue peu convaincue du genre «je pourrais, ça dépends si tu es gentille».
Une fois à nouveau stable, il dut admettre, à sa réponse, que la jolie blonde n’était pas trop fan de compliments. Son commentaire sur son collègue qui lui aurait été désagréable à cause de sa promesse d’un dernier verre l’affecta un peu. Il observa son propre reflet dans le verre. Disons que la serveuse lui miroitait assez farouchement sa situation. Il ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Arthur sobre aurait probablement trouvé Arthur ivre assez pathétique lui aussi. Même ce compliment sur son sourire était assez faible, il hocha tristement la tête.
- Ah, non je sais pas. Il discutait moins que toi en tout cas. Je n’ai pas pu le constater par moi-même. Mais je te crois, si tu me le dis... Il avait une drôle de tête après tout.
Il l’observa tandis qu’elle changeait son verre vide pour un verre plein. Comme un flash, sa scène de western lui revint en tête. Maintenant, il y avait simplement la belle barmaid blonde derrière le comptoir qui venait de s’y ajouter. La femme qui se tenait devant lui avait la bonne couleur de cheveux, il aurait simplement fallu les boucler bien comme il le faut, en gros boudins, avec un chapeau. Cette image le fit sourire.
Recevant un nouveau verre plein sur le comptoir, il se félicita d’avoir su convaincre par l’argent la nouvelle employée qui se tenait devant lui. Il porta le liquide doré à ses lèvres, satisfait.
Elle lui demanda alors ce qu’il fêtait.
Son regard s’assombrit. Il déposa le verre de façon un peu brusque. Sa gorge s’étaient nouée et l’envie de boire avait fait pause pour un moment tandis qu’il revoyait le cadavre de Deborah apparaître devant ses yeux. Une terrible envie de fumer le pris. Il tâta le fond de sa poche. Son paquet était vide.
La gorge un peu sèche, il répondit, posant sur elle un regard à la fois heurté et agacé.
- Je fête les trois mois de la mort de ma femme.
Il termina sa consommation d’une traite, encore plus rapidement que l’autre. Il lui montra son verre vide.
- Ah quel point as-tu besoin d’argent?
|
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Jeu 6 Oct 2016 - 23:04 | |
| Je basculais ma tête sur le côté après sa moue. De toute façon, il serait le dernier de mes problèmes si je me faisais virer, je n'allais pas rejeter la faute sur lui, mais plus sur l'autre brune qui s'était ramenée au bar pour me taper un scandale ou ses abrutis qui me foutaient des mains au cul. Si je pouvais leurs foutres leurs mains autres part, ça serait génial. Puis je soufflais, après lui avoir parlé de mon collègue. C'n'était pas une question de ne pas l'aimer … quoi que. Il voulait me faire des sales coups avec d'autres partenaires, mais malheureusement pour lui, il était tout seul dans son clan. Faut dire qu'il s'attaquait à la mauvaise personne, je m'embrouillais peut-être avec les clients, mais avec lui je ne faisais rien, donc il n'avait pas de raison de m'en vouloir. Je haussais les épaules, étouffant un rire. « Oh … Si ça t'plaît pas que j'te parle, alors tu me le dis, j'peux aller embêter d'autres clients. » Je ne le disais pas méchamment pour une fois, encore une fois, je devais cacher que j'étais bien, pour montrer qu'une belle facette de moi. « J'suis discrète par nature … Enfin … quand on m'emmerde pas. » Je lançais un regard à mon collègue qui me faisait un geste rapide pour que je m'active. J'lui esquissais un sourire narquois avant de me concentrer de nouveau vers mon sujet principal. Je lui resservais un autre verre, comme il me l'avait demandé, puis je flippais les cheveux en lançant un regard rapide à mon collègue. Loin de là un jeu de séduction, juste lui prouver que je bossais, moi aussi. Même si je ne m'occupais que d'un homme. Tout semblait bien aller pour lui avant que je lui demande ce qu'il fêtait. Comme je l'avais prédit, sans doute, son visage se décomposa. Mec, le prend pas comme ça. Problème de travail ? Peut-être bien, je l'espérais pour prouver que je pouvais avoir raison. Je gardais ce sourire triomphant, je voulais l'entendre cette phrase du travail, j'en rêvais même éveillée. Et je me servirais bien un verre d'avance. Mais j'avais faux, complètement. Mon cœur fit un bon et je perdis mon sourire en une fraction de seconde, ne sachant pas vraiment quoi dire. J'aurais pu m'enfuir, mais ne voulais pas être vu comme une salope. C'était presque prévisible qu'une personne pouvait venir boire pour oublier la mort d'un proche. J'en étais l'exemple parfait, je m'étais effondrée quand ma grand-mère est morte et l'alcool était devenu mon échappatoire pendant quelques semaines. Je baissais le regard pendant quelques secondes, soufflant. « À un point qu'on pourrait vendre ce bar, j'en aurais toujours pas assez. » Je glissais mon regard vers le sien. « Je ne mentais pas quand je te disais que je ne voulais pas te voir dans le coma ou mort. » Je basculais ma tête en arrière, soupirant une nouvelle fois. Je ne pouvais rien lui dire, je ne le connaissais pas. Mais boire pour oublier c'était la pire des idées. J'étais nulle en conseil en plus. J'pourrais très bien lui dire “si tu n'veux pas te retrouver comme elle, faudrait pas que j'te resserve une autre fois” mais je risquais bien de me faire cracher à la gueule. « Tu cherches quoi, au juste ? » |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Ven 7 Oct 2016 - 0:58 | |
| Si seulement les prédictions d’Aino auraient pu être vraies. Même si vivre de ses films était pour lui un rêve éveillé, il aurait mille fois préféré échanger sa carrière pour la vie de Deborah. Il avait planté son regard dans le sien, un peu défiant, attendant son verre.
- À un point qu'on pourrait vendre ce bar, j'en aurais toujours pas assez.
Arthur haussa un sourcil. Il se sentait un peu mal d’avoir rigoler dans sa tête par rapport à la situation financière de la belle blonde. Lui avait toujours vécu richement...Elle posa les yeux sur lui, de ce regard triste et mal à l’aise que les inconnus vous font quand ils veulent vous faire sentir qu’ils compatisses à votre souffrance, mais que la gêne et les construits sociaux empêchent de réellement exprimer.
- Je ne mentais pas quand je te disais que je ne voulais pas te voir dans le coma ou mort.
Arthur, jouant avec son verre du bout des doigts lui rendit, dans un soupire, un sourire triste. Il ne voulait pas être trop lourd, mais dans sa tête, la seule idée qui lui venait était celle de sa propre mort qui à ce moment-là lui semblait comme une bonne solution à ses problèmes. Il murmura pour lui-même « moi je voudrais bien». Il leva les yeux sur elle et ajouta dans un rire qui cherchait à le convaincre lui-même :
- Au moins juste le coma! En plus tu serais débarrassée de moi…
Il fit une pause et observa les jeux de regard qui se passait derrière le comptoir. Malgré son état avancé, il sentait les tensions qui existaient entre les employés. Il commençait à comprendre que le sourire d’Aino était plutôt un bon masque au final.
- Je cherchais mes clopes. Et j’en ai plus.
Il regardait la bouteille de whiskey.
- Sérieusement…
Il chercha son nom et, réalisant qu’il ne le connaissait pas, il se contenta de dire d’un ton super rapide :
- Jolie-dame-à-la-chevelure-qui-rend-fou-et-qui-n’aime-pas-les-compliments, il ralentit, pesant ses mots, j’ai besoin soit d’un autre verre, soit d’une clope. Sinon, je vais voir ta copine derrière le comptoir, outré, en disant que tu me disais des insanités et des avances loins d’êtres professionnelles. Mon destin, et le tiens, sont entre tes mains. |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Sam 8 Oct 2016 - 1:44 | |
| Un jour je finirais par avoir l'argent que j'avais besoin pour faire ce que j'avais à faire, je ne serais pas plus heureuse, je serais simplement soulagée. J'y tenais vraiment à cette maison, elle était grande, trop cher pour moi, je me demandais encore pourquoi ma grand-mère l'avait gardé, mais c'était l'endroit où elle avait vécue sa vie avec son mari. Elle avait été effondrée quand il était parti, alors ça devait être difficile pour elle de quitter cette maison, quitter ses souvenirs. Alors elle m'a quittée dans l'endroit où elle se sentait le mieux et je n'avais même pas été là pour l'accompagner jusque la fin. Je soufflais, léger sourire sur mon visage, regard azur dirigée vers cet homme qui lui avait perdu sa femme. C'était différent, mais le sensation de vide devait être la même, bien qu'une grand-mère ne se remplaçait pas, une moitié ça devait l'être aussi difficilement. « C'est bien ce que je pensais, coco. » Il finissait son verre rapidement, ce qui ne me fit pas des plus plaisir, il ne m'écoutait même pas quand je lui disais de savourer, il n'avait pas compris le sous-entendu que c'était bien le dernier verre que je lui servais. Sa phrase était à glacer le sang, mon souffle fut pris de court. Je ne riais pas vraiment avec lui cette fois, du moins, pas d'un rire sincère, plus celui forcé, pour ne pas paraître trop étrange. « J'ai dit, pas de mort, pas de coma. J'ne veux pas avoir ça sur la conscience. » Et même, je ne voulais pas voir un type déprimer mourir, mourir pour les autres ne servaient à rien. Mourir pour ceux qui sont morts, encore moins. Et le coma, ça ne m'allait pas non plus, je ne voulais pas qu'il ne s'en sorte pas. Je fuyais rapidement son regard, c'était bien trop embarrassant pour nous deux cette conversation, je détestais parler de la mort, personne ne pouvait aimer en parler, ça déchirait plus que ça ne rassemblait. Et je n'étais pas venue ici pour déprimer, si je voulais le faire, je n'avais qu'à rester chez moi et passer la porte de la chambre de ma grand-mère pour me mettre à être prise de souvenirs, pleurer à larmes chaudes en me disant que ça serait mieux si elle était là. Je m'en voulais même d'y penser, encore. Toujours. Je serrais les dents, reposant mon regard sur l'homme. « Ouais … tes clopes. » Je soufflais rapidement, bougeant la bouteille de whisky après avoir suivi son regard. Il était du genre bien insistant. Je roulais des yeux à son surnom, je n'aimais pas qu'on me complimente juste pour que je cède et que je serve à boire. J'avais l'impression d'être un chien. Je lui lançais un regard noir quand il me faisait du chantage. « Sérieusement !? » Je grognais à moitié. « Elle ne te croirait pas. T'as beau être canon, elle sait que j'aurais jamais ramenée quelqu'un de l'autre côté du comptoir. » S'il voyait c'que je voulais dire. Puis d'un coup, le doute me montait au cerveau. Je ne voulais pas le resservir et je ne voulais pas lui payer une clope alors que c'était lui le client dans l'histoire. « Tu m'emmerdes. » Je passais une main dans ma nuque. « Bouge pas. » Je tournais rapidement les talons, me demandant ce que je faisais jusqu'au bout. Prenant rapidement les clopes qui se trouvaient dans mon sac, je retournais vers le bar rapidement. Je ne sais pas s'il était du genre à exécuter ce qu'il disait, mais je ne voulais pas prendre de risque. Mais maintenant, j'avais envie de fumer, donc, prendre une pause alors que j'venais d'arriver. Au pire, personne ne s'en rendrait compte ? |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Sam 8 Oct 2016 - 22:47 | |
| Il voyait au regard fuyant d’Aino que le sujet de la mort avait une résonnance particulière pour elle. Il se demanda alors si elle avait perdue quelqu’un. Tandis qu’elle regardait ailleurs, il posa sur elle, pour la première fois depuis le début de leur conversation, un regard doux et sincère. Elle reposa rapidement ses yeux sur lui. Il détourna les siens.
- Oui. Mes clopes avait-il simplement répondu.
Il devait vraiment lui taper sur le système pour que chacun de ses gestes l’exaspère autant ou peut-être était-ce le contraire? Son jugement embrouillé par les vapeurs de l’alcool était incapable de trancher. De toute façon, son esprit était aussi occupé par la quête de besoins plus urgents : de la nicotine et plus de whiskey. Elle éloigna la bouteille et il répondit au geste par une moue déçue. Ne se décourageant pas et sachant habituellement tirer profit de chaque situation, il s’arrangea pour que la serveuse réponde à au moins un de des deux besoins mentionnées plus haut.
Un sourire amusé se glissa sur ses lèvres tandis qu’il l’observait essayer de juger de la sincérité de sa menace.
- Elle ne te croirait pas. T'as beau être canon, elle sait que j'aurais jamais ramenée quelqu'un de l'autre côté du comptoir.
C’est ce qu’elle disait. Mais il y décelait un doute dans le ton de sa voix. Il comprenait parfaitement bien ce qu’elle voulait dire par «ramener quelqu’un de l’autre côté du comptoir» et quelque chose lui donnait l’impression que la belle blonde n’avait pas si bonne réputation sur son milieu de travail, du moins pas assez pour faire passer sa parole avant celle d’un client. Il lui fit un «mmh mmh» pas très convaincue et s’amusa à continuer à l’observer se débattre entre sa répugnance à lui donner quoique ce soit et la crainte qu’il puisse vraiment la mettre dans une situation compliquée.
Quand il l’entendit lui dire : « Tu m’emmerdes», il savait qu’il avait gagné. Elle le fit attendre quelques secondes, fouilla dans son sac et revint avec un paquet de clopes. Il la regarda et lui offrit un sourire de gamin triomphant.
- Donc tu viens les fumer avec moi maintenant, j’imagine.
Il n’attendit pas sa réponse, attrapa les cigarettes et se leva, plus doucement cette fois. Il ne devait pas marcher très droit, mais il avait l’impression de ne pas trop mal se débrouiller. Dehors, on devinait une température maussade, car même s’il faisait tout à fait noir, on devinait des grands nuages dans le ciel. Il accota son dos sur la pierre froide du bâtiment. Il frissonna un peu, puis il glissa une des cigarettes entre ses deux lèvres. Aino ne tarda pas à le rejoindre. Il devait bien s’avouer qu’il n’était pas tout à fait certain qu’elle le ferait, et il devait s’avouer aussi, qu’il n’était pas tout à fait certain pourquoi, mais il en était heureux et même soulagé. Au fond de lui, un sentiment de peur se gonflait à l’idée de passer la nuit seul depuis quelques semaines. Il compensait de bien des façons, mais la présence humaine, depuis son arrivée à Bowen, avait été plus rare. Il était épuisé en réalité…discuter lui changeait les idées.
Il planta ses yeux dans les siens et lui proposa une cigarette de son propre paquet comme s’il avait été le sien en rigolant. |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Jeu 13 Oct 2016 - 23:59 | |
| Comme s'il s'en doutait que j'allais craquer, je le regardais en serrant les dents, puis je soufflais. Je faisais rapidement demi-tour, allant voir mon sac, regrettant presque mon geste. Ne jamais rien donner aux clients, c'était ce que je me disais. Mais dans le fond j'étais en colère à cause de mon boss, à cause de tout ce qui m'entourait et du coin de l'œil j'avais pu apercevoir un type qui m'avait causé des ennuis. Tout était là pour me donner le signal que je devais aller dehors au lieu de rester servir des clients. Puis je n'aurais qu'à dire que c'était un client un peu suicidaire, que c'était mon boulot d'humain de l'aider. Même si ça me semblait plutôt faux sur le coup, bien que l'hypothèse de la mort ne l'ait pas fait bronché tout à l'heure, j'osais espérer que c'était du second degrés, l'humour bourré. Je me rapprochais de lui, un peu à reculons parce que j'allais lui donner raison, que je n'avais pas l'impression de mettre battue comme il le fallait, mais je ne pouvais pas faire chier les clients ce soir, ce qui m'emmerdait grandement. Bien que je n'embêtais pas les gens tous les jours, juste que quand je suis en colère, je n'aime pas faire semblant, mettre un masque, c'est très peu pour moi. Je roulais des yeux après sa question, comme si j'allais lui refiler tout mon paquet. Je le regardais marcher, étouffant un rire. Je me tournais ensuite vers ma collègue, faisant un geste rapide … prendre une pause alors que je venais d'arriver, c'était stupide. Surtout que je ne pouvais pas prendre des pauses comme je le souhaitais, normalement. Tant pis, depuis que j'étais arrivée, mon boss avait dû partir. Je sortais dehors, rejoignant le brun qui se tenait contre un mur. C'était mieux ça que le récupérer par terre, car c'est sûr que je l'aurais laissé rouler par terre et j'aurais repris mes clopes au passage, parce que peut-être que je n'en fumais pas qu'occasionnellement, mais au moins j'en avais toujours sous la main. Je laissais mon regard se perdre dans le sien quelques secondes avant de reprendre mon paquet d’un geste rapide. « Ris pas, t’as vraiment cru que j’allais t’le laisser ? » Je mettais une clope entre mes lèvres puis rangeait la poche arrière de mon jean, de l’autre main je cherchais mon briquet dans la deuxième. « J’ai fait la moitié du travail, tu fais l’autre. » Je faisais une petite moue, clignant des yeux. « Tu m’allumes ? » La clope. Bien entendu. J’attendais une réponse ou un geste de sa part. « Faut un taxi pour te ramener ou tu gères comment ? Car vu ta démarche, j’te laisse pas faire dix mètres que tu tombes par terre, honey. » Parce que oui, j’avais bien compris qu’il ne lui fallait qu’une clope ou qu’un verre pour qu’il arrête de squatter le bar, mais j’avais sans doute mal comprise. |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Dim 16 Oct 2016 - 6:39 | |
| - Mais non je ne suis pas aussi bête. Ni un voleur. Je suis quelqu’un de bien quand je suis sobre tu sais?
Il fit une pause et se reprit en haussant les épaules :
- J’étais quelqu’un de bien je crois. Je ne suis plus souvent sobre. Alors je sais plus trop. J’avoue qu’aujourd’hui j’ai abusé. Je préfère prendre des trucs qui m’éclaircissent les idées d’habitude. L’alcool ça embrouille toujours tout et ça fait parler. T’as vu comme je viens de déblatérer? C’est l’enfer.
Il soupira un peu à cette dernière idée et pris le briquet qu’elle lui tendait. D’un geste habitué il alluma la cigarette de la barmaid, puis ensuite la sienne. Il respira un bon coup de fumée. Ses idées s’éclaircissaient légèrement au contact de la nicotine, l’air frais de la nuit dissipant doucement le bouillard qui dansait autour de sa tête. Il jeta un œil amusé sur elle.
- Tu me guides jusqu’à la porte, puis jusqu’à un potentiel taxi. Mais pourtant tu es là à fumer avec moi tandis que tu commences à peine ton quart. Quelque chose me dit que c’est toi qui veux partir. Je pense que je suis pas trop laid, mais je suis clairement pas dans un état pour attirer qui que ce soit où que ce soit.
Il prit une autre bouffée de cigarette et la souffla doucement, fixant la fumée. Il commençait à avoir du mal à maintenir sa façade. Son sourire architecturé qu’il avait tenu jusque là s’effaçait graduellement sans qu’il ne s’en aperçoivent vraiment. Il se poussa du mur avec le dos dans un élan et fit signe à la jeune femme de le suivre. Il alla s’assoir sur la chaîne de trottoir, sur le côté de l’immeuble, un peu à l’ombre, un peu en retrait; on ne les voyait plus de l’entrée. Il était satisfait de l’endroit qu’il avait choisit, mais grimaça. Le béton était froid sous ses fesses. Il se tourna et planta son regard dans le sien. Elle était encore plus belle à la lumière extérieure, et ce n'était pas l'alcool qui le lui faisait penser. Quelques chose semblait toutefois troubler son regard et tendre ses muscles. Le stress, la fatigue, l'ennuie, la tristesse, ça il n'aurait pas pu dire. Il parla chaleureusement, mais d'un ton fatigué.
- Écoute, si tu veux rester glander reste, mais là j’ai plus envi de faire semblant… Tu me dis les vrais raisons qui te font te mettre en colère contre l’univers, moi je te dis pourquoi j’ai autant de mal à vivre cette mort là, et on parle d’humain à humain. On sera vraiment, mais vraiment lourds, mais au moins j’aurai plus à te sourire bêtement comme un de tous ces connards que tu détestes. Et toi non plus.
Soulevant légèrement les hanches, il sortit une flasque d’alcool en argent de sa poche arrière, il la devisa tranquillement et en bue une gorgée qu'il savoura. Il la souleva d’une main, lui en proposant si elle en voulait.
- C’est quoi ton nom?
|
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Jeu 20 Oct 2016 - 2:33 | |
| Je haussais simplement les épaules, je ne savais pas comment il était quand il était sobre parce que je ne le connaissais qu’ivre et j’avais peu de chance de le recroiser sobre un jour, peut-être s’il revient au bar et que j’arrive plus tôt, mais encore une fois, je ne veux pas servir une personne adorable pour qu’il devienne ce qu’il est bourré. Même s’il n’était pas si désagréable, il demandait seulement trop de choses. « Des trucs qui éclaircissent … hein. » Je soufflais étouffant un rire, attendant toujours qu’il allume ma clope. « C’est trop facile de te dire d’arrêter de boire ? » Je le regardais dans les yeux, esquissant un maigre sourire. S’il buvait ça devait être à cause de la mort de sa femme, s’en était quasi certain. Et s’il s’emportait par la mort de celle-ci, alors sa vie ne serait jamais plus facile et ça me dépitait presque. « Ca m’va, t’as pas une voix désagréable, sinon j’t’aurais planté la tête dans ton verre. » La menace était pas forte, mais c’était toujours mieux que dire que je me serais cassée dès le début. J’avais déjà entendu plusieurs voix insupportables ce soir, j’en avais assez. Je plissais les yeux, essayant de comprendre où il voulait en venir. Est-ce qu’il pensait vraiment que je voulais passer ma nuit avec lui, c’est pour ça que je m’en allais dehors ? Merde alors. Il se trompait sur toute la ligne, le pauvre. « C’est pas un secret que je veux toujours me casser d’mon boulot, surtout quand on me fait chier à l’intérieur. » Mais je resterais là à finir ce service et fermer les portes. « Ça n’a jamais été dit que l’alcool rendait attirant, en même temps. » Je prenais une bouffée de ma cigarette avant de le suivre, je ne savais pas ce qu’il voulait au juste, après ma clope je ne comptais pas m’éterniser non plus. Je ne comptais pas non plus le laisser divaguer seul dans les rues de Bowen, même si je doutais des agressions qu’il y avait. Je m’asseyais presque à contrecœur sur le béton, on devait vraiment passer comme deux clochards, avec une fille sobre mais hargneuse et l’autre complètement torché. Son discours m’ennuyait déjà, je n’avais pas envie de lui raconter ma vie et je suis certaine qu’il n’avait pas envie de l’écouter non plus. Mais au fond, s’il boit trop, il pourra toujours oublier ce passage. Je me contentais de recracher la latte que je m’étais prise. Puis je riais en passant une main sur mon front en le voyant sortir sa flasque. « Merde, t’es sérieux mec ? » Je faisais un geste négatif de la tête, je ne voulais pas boire pendant mon service, parce qu’après je n’aurais clairement plus aucun goût à être derrière le bar alors que j’avais pleins d’alcool devant moi. « Aino et toi ? J’n’aurais plus à te donner des surnoms stupides. » Sauf si je décidais que son prénom avait de quoi former un surnom ou si je décidais qu’il était trop moche pour être prononcé. « Puis … j’ai toujours été comme ça, qu’est-ce que tu veux ? J’suis pas en colère contre l’univers mais contre les gens trop cons parce que … ils méritent que ça ? Ça pose pas tant de problème je crois. » Dans tous les cas, moi ça ne me posait pas de problèmes, sauf le fait d’avoir ce caractère, mais je ne trouvais pas que c’était un défaut, puisque j’en étais un et je l’avais toujours été. « Puis si ta question était pourquoi je n’aime pas sourire, ben … parce que j’estime que ça sert à rien. Et j’emmerde ceux qui me disent que ça sert à donner d’la bonne humeur. » Puis je revenais rapidement sur le pourquoi il était si triste de cette mort, je ne voulais pas être gênée d’entendre ce qu’il avait à dire, même si j’étais curieuse. « Et j’peux comprendre qu’on pleure sa femme, qu’on boit plus qu’un homme peut le faire … Pas besoin de trouver des excuses, sauf si elles sont intéressantes. » Qu’est-ce que je venais de sortir moi ? Une morte intéressante ? « Enfin, “intéressantes” tu vois ? » Je faisais un geste avec ma main pour mettre ça entre parenthèse mais j’avais l’impression de m’enfoncer encore plus. « La femme que j’aimais le plus est morte aussi, en début d’année, alors c’est peut-être pas pareil parce que je n’étais pas mariée à elle — dieu merci — mais ma grand-mère m’a plus apportée que quiconque ici. » Je n’aimais pas parler d’elle, c’était encore un miracle que je ne me mette pas à parler. « Dont ce job, aussi. » C’était peut-être pour ça que même si je le détestais, j’y tenais, au fond, mais je ne faisais rien pour le garder. C’était aussi sans doute pour ça que le boss ne voulait pas me virer, parce qu’il savait tout et qu’il savait que je finirais à la rue bien trop vite, sinon. |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Jeu 20 Oct 2016 - 9:52 | |
| - C’est trop facile de te dire d’arrêter de boire ?
La cigarette à la bouche, il laissa glisser un sourire sur une des commissures de ses lèvres. Il leva des yeux amusés sur elle.
- Bien vu.
Le corps chancelant, obligé de se reposer sur le mur, il ajouta :
- Mais ce ne sera pas pour ce soir.
Elle poursuivit. La tête dans le verre disait-elle. L’image le fit sourire. Noyé dans du whiskey, véritablement se noyer dans le whiskey. Il y était déjà, d’une certaine façon, la tête dans le verre. Une fois assis sur le béton, il sentit rapidement le corps de la barmaid s’installer à côté du sien. Il ne comprenait définitivement pas cette fille. Elle enchaînait les phrases remplies de sarcasmes et son langage corporel semblait lui indiquer qu’elle n’avait pas envi de se tenir là près de lui, pourtant elle y était. Avait-il l’air d’un danger public? Détestait-elle son travail à ce point? Il se sentait mal à l’aise. Une partie de lui ne voulait pas déranger personne tandis qu’une autre s’en balançait un peu. Peu importe leurs raisons, ils étaient là assis un à côté de l’autre sur le bord de la rue. Assis au beau milieu de la nuit dans cette humidité naissante qui allait déposer la rosée dans quelques heures. Autant discuter.
Elle passa la main sur son front, riant légèrement, probablement à ses dépends. Il la regarda avec des yeux rieurs. Il avait quand même du whiskey et une clope. Dans sa tête d’homme saoul c’était une illustre victoire. Le seul problème avec les flasques, c’est qu’il faut les remplir soi-même lorsqu’on les vide.
«Aino». C’était joli. Il souffla lentement la fumée de sa cigarette, et respira l’air frais avant de répondre. Tout était un peu embrouillé devant lui maintenant et les lumières semblaient plus brillantes.
-Arhur.
Il l’écouta le plus attentivement qu’il le pouvait dans son état actuel tandis qu’elle lui expliquait en quoi elle n’était pas en colère contre l’univers….tout en étant en colère contre l’univers. Pour lui, cela ne servait à rien de le cacher. L’univers d’un individu se résumait principalement par la somme de ses interactions avec les autres humains, des plus petites aux plus grandes. Et des cons il y avait que cela. Être en colère contre les cons, c’était être en colère contre son univers. Après à savoir si ça posait problème ou pas…ça dépendait poser problèmes à qui.
Il se concentrait sur les réflexions que la vision du monde d’Aino lui apportait, mais il fut titillé par le mot «intéressantes», il en sursauta presque. Les battements de son cœur s’accélérèrent légèrement et les images de ce teint blanc taché de rouge revenaient encore danser devant ses yeux. Il secoua la tête comme pour les faire partir et passa une main devant son visage puis dans ses cheveux.
- La mort d’une femme de trente ans est toujours «intéressante», comment ne le serait-elle pas? répondit-il simplement. Il ajouta, avec une pointe d’amertume : « je vois très bien».
Son regard s’adoucit toutefois quand Aino parla de sa femme à elle. Il comprenait un peu mieux à présent. Il comprenait mieux beaucoup de choses en réalité. Du moins c’était l’impression qu’il avait. Cette impatience mêlée de lassitude, ce désir de s’accrocher à ce qui nous reste de cette personne que l’on a chérie, même si c’est qu’un job que l’on déteste… Il soupira et lança son mégot devant lui. Si au départ l’idée de traîner Aino en dehors de son milieu de travail pour qu’il puisse discuter avec quelqu’un lui semblait intéressante, cette confidence lui en enleva complètement l’envie.
- Je suis désolé pour ta perte. Vraiment. Je te dérangerai pas plus longtemps. Te parler ne me la ramènera pas. Toi tu es bien vivante et tu as du travaille à faire.
Il se leva pour aller prendre son chemin et ce fut toute une aventure tant il chancelait. Il oubliait complètement son veston laissé sur sa chaise à l’intérieur et pris tout simplement la direction de la rue.
Dans la pénombre, l’automobile qui avançait au même moment ne l’aperçut pas à temps.
Par chance elle roulait lentement, le corps d’Arthur, en percutant violemment le pare choc, ne fit que rouler sur quelques mètres.
|
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Mer 26 Oct 2016 - 17:41 | |
| Il arrêtait de boire quand il voulait, le plus tôt possible sera le mieux, moi je n'étais pas sa mère. J'y étais arrivée seule, même si des gens ont parfois besoin d'aide. Moi je ne suis là que pour parler avec les clients, j'étais une très mauvaise donneuse de conseils, parce que la plupart que je donnais, je ne savais pas les appliquer sur moi. Il me demandait mon prénom, même si je doutais qu'il s'en souvienne demain, de toute façon, je ne risquais pas de le recroiser de sitôt alors je ne prenais aucun risque à le dire. « Bien, Arthur. » Je tournais mon regard vers lui, avant de le détourner pour commencer à parler de ma vie et penser à ma grand-mère, ça faisait longtemps que je n'avais pas parlé d'elle, peut-être simplement parce que je n'aimais pas le faire, mais faut dire que mon caractère s'était quelque peu dégradé depuis. Ça me faisait remonter un tas de souvenirs, me faisait penser qu'elle n'aimerait pas que je parle d'elle. Peut-être qu'indirectement, je voulais croire que je pouvais l'oublier en ne parlant pas d'elle, mais c'était impossible d'oublier une femme comme ça, d'oublier celle que j'admirais depuis mon enfance, que j'avais hâte de retrouver chaque mois. Elle se sentait seule depuis la mort de son mari et j'osais espérer qu'elle se sentait mieux avec la présence de sa famille, de moi, c'est pour ça que j'avais déménagé avec elle il y a quelques années, mais j'étais vite repartie. Je ne sais pas si ça lui avait fait mal, ça me brisait d'y penser. Peut-être qu'elle avait eut le cœur brisé, que j'lui avais donné un faux espoir en faisant ça. Tout comme moi je l'ai eu quand mon frère est venu puis est reparti. Quitter la solitude, c'était difficile, c'est en partie pour ça que j'avais des colocataires, mais ça ne changeait rien, parce que j'n'arrivais pas à m'entendre avec eux et que je ne pouvais pas les virer de chez moi pour des questions financières. Et je me sentirais mal, il y a du bruit dans cette maison, ce qu’aimait ma grand-mère, par ailleurs. Je secouais brièvement la tête après avoir parlé d’elle, ça me nouait la gorge, mais cette fois les larmes n’étaient pas venues embrumer ma vue. Je ne voulais pas montrer que ça me touchait et c’était peut-être ce sentiment qui me faisait dire n’importe quoi. J’avais toujours été très mauvaise avec les gens qui parlaient de la mort, parce que pour moi c’était quelque chose de trop flou, que je n’arrivais pas à accepter depuis sa mort. Et je voyais bien que lui ça semblait l’affecter ce mot que j’avais mal employé. Et merde, je ne savais pas quoi faire sur l’instant. Je serrais les dents, le regardant, l’air un peu blasé. C’était ma faute ou la sienne ? S’il m’avait pas compris c’était que je m’étais mal exprimé. « Mec … ça va, excuse. » Je roulais des yeux, jetant le mégot de ma clope avant d’enfin parler de la personne qui me touchait le plus, fini d’y penser, j’posais enfin des mots sur elle. Je plissais les yeux en le regardant se lever. Est-ce qu’il se foutait de ma gueule ? Connard. J’lui parle d’elle, justement pour qu’il me dise pourquoi la perte de sa femme le mettait si mal et lui se rétracte ? Je jetais ma clope, le regardant d’un air moins doux. P’t’être qu’il était bourré, je n’avais pas à lui en vouloir, je n’avais pas non plus l’obligation de savoir sa vie, mais j’venais lui parler d’moi. Et ça me foutait en rogne, d’un coup. Je me relevais, le regardant partir avant de tourner les talons, je n’allais pas plus lui accorder d’importance, parce qu’il me tapait sur le système avec son comportement sur les dernières secondes. Bien que c’était vrai, j’avais un job et j’devais y retourner. Puis il y eut un bruit étrange, je glissais mes yeux d’où ça provenait et mon sang fût glacé. « Non ... » Chuchotais-je pour moi-même. C'était une putain de blague, c'est ça ? Je m'approchais rapidement de lui, alors que la voiture s'en allait au loin. Pétasse. « Arthur ? Arthur, tu m'entends ? » Fuck. Je fais quoi moi ? Je m'enfuis aussi ? Il n'allait évidemment pas bien, mais le lampadaire n'éclairait pas bien et je n'arrivais pas à tout distinguer. Je sortais mon portable de ma poche, m'accroupissant à côté de lui. « Tu as mal où ? » Je regardais son bras et la vision me donnait envie de vomir. « Oh putain d'merde, j'y crois pas. » Un long frisson parcouru mon corps. J'pouvais pas le laisser là, attendre qu'une autre voiture finisse le travail. Il fallait qu'on bouge. « Je … j'a … j'appelle les urgences, Arthur, crève pas, hein. » Comme si c'était lui qui décidait. |
| | | Invité | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino Jeu 27 Oct 2016 - 7:37 | |
| Ce qu’il sentit en premier c’était la force avec laquelle le métal s’enfonça dans sa cage thoracique. Après, c’était comme un manège. La vision était toute étrange, en haut, en bas, en haut, en bas. Sauf qu’à l’inverse des manèges, où notre tête et notre corps sont entourés de ces gros trucs en plastique qui nous empêche de bouger, il sentait ses bras, ses jambes, ses hanches et sa tête se cogner à tour de rôle sur le béton. Puis, tout arrêta de tourner. Il ne restait plus que cette sensation vive de brûlure sur le bras.
Il avait envi de vomir.
La tête contre le sol, il sentait l’odeur de l’asphalte à plein nez. Il n’osa pas essayer de bouger. Il ressentait l’appel du sommeil et ces yeux à demi-fermés et voilés par l’ivresse ne distinguaient que la brillance chaude et orangée des lampadaires. Un goût de fer et de whiskey dans la bouche lui levait un peu le cœur. Il s’était fendu la lèvre probablement. Il tenta d’essayer de sentir quelles autres blessures il avait pu se faire, mais la force avec lequel il avait envi de s’endormir reprit de plus belle.
- Arthur ? Arthur, tu m'entends ?
Il avait envi de dire : oui je t’entends. Une lumière bleuté vint briser la chaleur des autres, cela le réveilla un peu.
- Oh putain d'merde, j'y crois pas.
Quoi? C’était si mal que ça? Il leva les yeux sur Aino. Elle était gentille au fond. Il l’avait bien vu alors qu’elle s’était ouverte sur sa grand-mère…il aurait peut-être dû plus lui parler. Il pensait qu’en buvant et en parlant avec elle il aurait pu trouver la force d’enfin extérioriser un peu la mort de Deb. Mais encore une fois, cette fois-ci sous l’excuse d’une sensibilité fine face à la situation de la barmaid, il avait fuit. Il savait bien que si elle lui avait parlé, c’est parce qu’elle s’attendait à ce qu’il fasse de même, elle avait bien senti que c’est ce que lui-même voulait tenter. Il avait préféré se faire croire qu’elle n’était pas ouverte à l’entendre. Il était si faible que ça, incapable de trouver la force de simplement décrire sa mort à quelqu’un?
Cette lucidité soudaine se dissipa aussi vite…comme si son esprit jouait au yoyo. Les lumières reprirent leur aspect attrayant.
- Je … j'a … j'appelle les urgences, Arthur, crève pas, hein.
Arthur sourit faiblement et articula le souffle court :
- C’est…deuxième fois tu….demandes…pas crever… ce soir… Commencer… croire que tu …le penses.
Il tenta alors de s’appuyer sur ses avant-bras pour se relever puis hurla de douleur. Il n’avait pas choisi le bon côté. Il se réessaya. Il demeura la tête relevée, mais utilisant seulement son bras droit cette fois-ci. Il remarqua alors par lui-même le lambeau de chair qui pendait de son bras gauche. Il avait le vertige et cette vision le rebuta violemment. Cette fois-ci il n’allait pas pouvoir se retenir. Il prit quand même le temps de le communiquer à la jeune femme.
- Aino…je vais vomir. Ma tête elle…
Lui faisait mal et lui donnait le tournis. Mais il ne put terminer sa phrase. Il chercha quand même dans un geste de pudeur complètement inutile et incongru vis-à-vis la situation à vomir du côté opposé à elle. |
| | | Contenu sponsorisé | Sujet: Re: c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino | |
| |
| | | | c'est qu'un petit verre de whiskey...ft. Aino | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|