You don't say |Callie [Terminé]

Le travail. C'est ce qu'il le tenait vivant. La structure. L'organisation, le temps occupé, les découvertes spontanées qui peuvent parfois surgir entre les papiers, un texte bien structuré, la poignée de mains entre collaborateurs, les idées qui s'échangent autour d'un verre, l'accomplissement bien mérité, le résultat de dures journées de labeur, une revue bien ficellée qui correspondait à toute l'idée d'une vie. C'est ce que Nolan aimait le plus aujourd'hui. Il faisait tout cela pour Maddie, pour Hazel et pour garder la tête sur les épaules, parce qu'il avait trop travaillé pour remonter à la surface. Au fil du temps, c'était devenu une passion, de rédiger, d'être à la tête d'un oeuvre qu'il chérissait sincèrement.

Après la parution d'une courte édition spéciale portant sur la mort, Nolan avait essuyé beaucoup de commentaires différents de la part de ses lecteurs. Il est vrai que le numéro avait été fort en émotions ; témoignages véritables, proses et poésie funestes, poignantes, des nouvelles d'un être que l'on pert de travers, des portraits de défunts, de guerre, de vie envolée pour un monde meilleur. Il avait eu cette idée depuis qu'il était entré en poste au Quaterly ; assembler un numéro pour commémorer sa jeune soeur depuis lontemps enterrée. Il devait le faire, pour la tranquilité de sa peine encore sonnante, mais aussi pour tout ceux et celles qui écoulaient des jours toujours se demandant comment vivre la peine d'une mort soudaine. Nolan avait lui-même livré un essai très touchant de sa propre vie, de la disparition de sa moitié alors qu'il était encore enfant, de la douleur de la descente. Ce fût, décidement, une papier fort en émotions tranchantes, mais il avait cru de le livrer à ses lecteurs, comprendre sa douleur.

Callie. C'était celle qui lui avait écrit, applaudissant son texte à deux mains. Il recevait fréquemment des lettres de lecteurs critiquant, pour un bien ou pour un mal, le contenu de la revue à certains moments. Il les lis tous personnellement, ne les passant guère à une tierce personne, c'était son travail de s'assurer que ceux qui chérissaient son travail soit satisfait ou remué. Mais elle, sa lettre avait été teintée d'une touchante vérité, il avait senti l'émotion couler sur les mots, sur l'encre qui tachait la page. Elle priait une rencontre avec l'auteur. En lisant cette demande, Nolan avait chaleureusement souri, invraisemblablement touché par l'idée que son texte avait touché au point de demander une rencontre. En un rien de temps, il contacta la jeune femme et lui proposa de se rejoindre  à l'entrée de ses bureaux. Il pourrait ainsi l'accueillir et, pourquoi pas, lui faire un tour de son laboratoire littéraire, lui montrer où celui-ci venait chercher son inspiration.

Ainsi, le jour J, Nolan n'avait pas daigné un bel habit, désinvolte, mais refletant le poste important qu'il représenterait devant Callie. Il ne savait aucunement à quoi s'attendr et c'est justement ce qui le passionnait de cette rencontre innatendue. L'idée de son texte lui passait quelque peu par-dessus la tête, il se sentait davantage concerné par la lectrice, par ce qu'elle représente que son travail à lui. Ainsi, tôt en avant-midi, à l'heure promise, Nolan dévala tranquillement les marches de l'entrée afin d'être le premier à l'accueillir quand elle se présentera. Un sourire pendant, les mains dans les poches, vieille habitude, il scruta les jardins et les allées décorant l'entrée du Quaterly, vigilant à la moindre approche d'une lectrice s'avançant.

La mort. Un sujet qui l'avait hantée et continuait parfois de prendre place dans ses rêves. En parler avait été dûr au départ. Puis elle avait finit par l'accepter sans pour autant réelement en parler. Mais en contre partie elle avait écrit. Coucher ses sentiments, ses sensations sur du papier avait été si simple. Comme si toute la retenue qu'elle avait avait disparu et s'était échappée à travers un simple stylo. Elle qui n'avait jamais écrit auparavant, elle avait eu une sorte de révélation et n'hésitais plus à confier quelques phrases de temps en temps à un carnet.
Alors quand elle s'était retrouvée face à la revue du Quaterly consacrée à la mort, elle n'avait pas hésité. Cela pourrait paraitre plutôt morbide et déprimant comme sujet mais sa lecture avait été réellement enrichissante. Et tellement marquante qu'elle avait décidé de contacter le rédacteur en chef pour lui partager son émotion à la lecture de certaines pages et en même temps sa prose. Il s'en était suivit quelques échanges de mail et une rencontre fixée à cette fin de matinée.
Elle n'était encore jamais allée dans un rédaction et ne connaissait pas en détail le fonctionnement d'une revue. Mais bien que cela l’intéressait vraiment, ce n'était pas la raison principale de sa venue. Elle venait pour voir l'auteur des mots qui avaient résonnés en elle.
Elle avait faillit être en retard, trop absorbée par la tenue qu'elle allait choisir. Elle ne connaissait pas ce milieu et avait peur de faire trop, ou peut être pas assez. Elle avait finit par opter par une longue blouse qui faisait office de robe et des bottes qui montaient assez haut, espérant se fondre dans la masse. Elle avait finit par enfourcher son vélo et arriver avec seulement dix petites minutes de retard à son rendez-vous.
En s'engageant dans l'allée, elle ne s'attendait pas à voir un local d'un telle ampleur. C'était vraiment beau. Passant rapidement la porte du bâtiment, elle se retrouva presque nez à nez avec un homme. Passée la surprise, elle le fixa rapidement, le détaillant du regard. Elle reconnaissait son visage. Elle l'avait déjà vu dans sa revue. Oui, c'était bien avec lui qu'elle avait rendez vous. « Nolan je suppose ? »

Que restait-il à la fin de la journée lorsque toutes les portes s'étaient refermées et qu'il ne restait plus que lui, entouré du ilence de la nuit et des promesses qu'il s'était dit? Il y avait encore des voix qui se penchaient pour appluadir tout l'effort, la volonté, la beauté de son travail. Il y avait cela qui valait au bout de la nuit dans spn esprit repenti. Nolan n'avait qu'à parcourir les pages garnissant son bureaux pour comprendre qu'il arrivait à toucher des gens, leur tenir la main au travers d'une page, d'une nouvelle, de photographies découvrant des visages vraies, des horizons complets. Il arrivait à parsemer des coeurs avec cela seulement : une revue qu'il avait maintenant endossé comme un enfant, comme un nouvelle vie dont il devait s'occuper. Quand Callie lui avait fait part de toutes les sensations sur son écrit, Nolan n'avait pu empêcher l'émotion de monter chez lui. Enfin, le jeune homme comprenait ce qu'il faisait, pour une fois dans sa vie. Il était chez lui, ici au Quterly. Elle avait écrit, elle aussi, un texte sublime qui allait paraitre dans le prochain numéro, il se l'était promis. Elle avait une plume fournie, ravageuse et ça l'avait plu, lui aussi. D'ici là, il avait temps de la connaitre, de lui montrer à quoi ressemblait le coeur battant d'une revue ; il était sûr que ça lui plairait.
Les minutes passaient, Nolan scrutait patiemment l'entrée pour un visage familier, un visage d'érivaine. Nolan était patient, mais enivré par l'idée de rencontrer une nouvelle lectrice, une collobaratrice, de lui montrer sa deuxième demeure, de lui partager un peu de sa passion, de ce qu'il avait batît avec du temps et de la détermination. Ce ne fût pas très long. S'approchant comme une lueur d'étoile, Callie, plus belle encore qu'il ne s'était imaginé, s'avançant, toute sourire et les yeux éparpillés et illuminés. Nolan s'offrit un sourire, flatté par l'étonnement et autant plus excité de lui faire un tour. Callie devenait de plus en plus réelle, pénétrant finalement le domaine du Quaterly. Tout de suite, Nolan lui vola un sourire, les yeux brillants. «C'est bien moi.» Il lui prit la main, doucement tout en confrontant avec une telle bonté les yeux de Callie. C'est vrai qu'on garde toujours une certaine nervosité même s'il avait déjà fait ça auparavant. C'est toujours intimidant de rencontrer ceux qui suivent, qui lisent, qui apprécient le travail que l'on fait. Nolan ne cachait pas une certaine nervosité contrôllée. Il lui serra la main chaleureusement. «Et vous êtes Callie, très certainement. Bienvenue au Collective Quaterly. » Nolan tourna la tête tranquillement pour lui même contempler l'endroit qu'il avait la chance de fouler toutes les matinées. Éditeur, auteur, ce dont il avait toujours secrétement rêvé. Maddie sourirait aussi de pair si elle le pouvait.  Nolan reposa ses yeux sur ceux de Callie, absolument magnifique soit-dit en passant. «Je vous remercie d'avoir trouvé le temps de me rencontrer aujourd'hui. J'affectionne toujours les moments que je peux passer avec ceux et celles qui publient chez nous, chez vous, devrais-je dire. » Un peu oui que c'était un peu chez elle, aussi. Le Quaterly était un endroit ouvert et aimant, acceptant le passé des gens et leur force d'aller de l'avant.

Elle ne se considérait pas du tout comme un écrivaine. Et encore moins comme quelqu'un de douée. Seulement comme quelqu'un qui a su poser des mots sur des sensations au moment ou elle en avait besoin. Alors le fait que ce fameux Nolan veuille la publier, elle ne comprenait toujours pas. En fait, elle avait du mal à y trouver quelque chose de beau. En envoyant son texte, elle voulait juste partager son ressenti, cela avait presque été dans un moment d'égarement, emportée dans sa lancée. Rien n'était prémédité.
Un peu intimidée, elle se laisse prendre la main et plonge ses yeux dans ceux du brun. « Enchantée de vous rencontrer. » Il avait retenu son prénom. Cela signifiait qu'elle n'était pas qu'un nom sur du papier, qu'un mail parmi les autres. Certes, il avait du en tant que professionnel préparer son rendez-vous mais cette attention la marquait malgré tout.« Oh, mais merci de m'accueillir surtout. » Cela restait un acte important, pénétrer dans leur univers, réservé probablement uniquement à ses collaborateurs. Elle mesurait sa chance mais avant envie d'en profiter à la fois. Surtout si bien accompagnée à vrai dire. « Je trouve ça très noble de la part de votre magazine de laisser de la place aux lecteurs. » Et en particulier à elle dans ce cas là. Ce monde nouveau qui s'offrait à elle, tout était si soudain. Mais assez terrifiant à la fois. « A vrai dire, ça me semble très abstrait cette histoire de publication. » Comme une enfant, elle jetait des coups d'oeils partout, absorbant le moindre petit recoin de l'impressionnante entrée dans laquelle elle se trouvait. Un léger sourire malicieux sur les lèvres, elle se tourna vers son interlocuteur et lui posa la question qui lui brûlait les lèvres. « Vous avez le temps de me faire un peu visiter ? » Elle ne voulait pas abuser mais l'aura que dégageait ces lieux lui donnait vraiment envie de l'explorer. Se retrouver au milieu de tous ces passionnés d'écriture, c'était vraiment quelque chose qui lui plaisait. Et en très belle compagnie, c'était encore mieux.

La nouvelle version était encore sur les planches, encore en train d'être travaillée, mais elle arrivait à grands pas. Nolan le cachait pas son excitation, sa nervosité et parfois son insécurité face à un aussi grand pas. Se senta-t-il prêt à franchir une si grande étape, allait-il être à la hauteur? Il ignorait tout et cet énorme vide et d'incertitude pouvait parfois mener à des résultats décevants ou des surprises digne du génie. Il savait déjà ce qui allait en sortir. Callie faisait paetie d'un texte qui allait couvrir la nouvelle édition, décorée d'une mangifique photographie d'Oliver qu'il avait trouvé. Tout semblait bien tissé et il avait hâte de tout produire, d'observer le résultat. D'ici là, il laissait ses craintes de côtés et se concentrait sur ce qu'il considérait plus important, plus immédiat. La visite, la rencontre, la découverte d'une de ses écrivaines, de ses lectrices, là se portait son attention.
En vérité, Callie s'avérait plus magnfique encore que les mots qu'elle avait peignés. Il en était à peine surpris, pensant qu'un esprit de beauté reflétait assurément une magnifique personne. En son cas, c'était tout à fait véridique. Sa main dans la sienne, Nolan pris le temps de l'observer, ses traits, ses yeux, sa main douce et fine, c'était elle qui avait tenu ce crayon, qui lui avait remis une feuille parsemé de magnifience. Il était somblé de la rencontrer. «Tout le plaisir est pour moi, je vous en assure. » Il plongea, instinctivement, son regard dans celui de Callie, soutenant un irréprésible envie de la connaitre davantage qu'une simple collègue. Il avait énormément de travailleurs autonomes, permanents et avait des liens très amicaux avec ceux-ci. Ils les connaissaient presque tous et toutes. Callie, bien qu'elle n'avait pas un poste permanent au Quaterly l'intriguait énormément. Il aurait aimé en lire davantage, plonger un peu plus dans sa tête et comprendre complétement son écrit. Nolan aimait son mystère. Il lui décrocha un sourire à sa remarque. C'était le but premier de sa revue justement ; de laisser sa chance à qui que ce soit de s'exprimer. Nolan s'était refusé l'idée de placer sa revue à l'élite littéraire, ça ne l'intéressait pas d'avoir le doigt levé. Il voulait des histoires, du vécu, des émotions crues. «Pour nous, pour moi, c'est primordial. J'ai toujours pensé qu'il n'y avait rien de plus vrai qu'une vie humaine dissimulé derrière un passé, des évènements marquants qui font de chacun de nous un être exceptionnel. Toutes nos voix se valent.» Nolan souria chaleureusement, lui-même aiguisé par cette idée d'ouverture. Il en était fier et heureux. Discrètement, le jeune homme observait le regard allumé de Callie qui rebondissait vers les recoins du Quaterly, joliment amusé et flatté de son réel intêret. Il hocha doucement la tête, tout en tournant son regard vers les grandes baies vitrées qui recouvraient l'entrée principale. «Mais absolument, c'est pour cette raison que vous êtes ici. Suivez-moi, je vous prie. » Nolan relacha tranquillement sa douce main tout en lui offrant un sourire. Honnêtement, il n'avait pas vraiment planifié ce qu'il lui montrait, mais avait déjà de très bonnes idées pour ce qu'il allait présenter. The Mind Room était sans aucun doute sa pièce préférée de tout le Quaterly. Il se mit à ses côtés tout en avancant doucement vers une longue allée qui présentait une pièce vitrée. «J'ai adoré votre texte, Callie, d'ailleurs. Vous avez une plume légère, harmonieuse qui respire une prenante véritée. Êtes-vous écrivaine à vos heures?» se questionna Nolan, ses yeux bleus s'accrochant à l'énergie que dégageait, involontaire probablement, Callie à travers ses pupilles, sa douceur, sa sublime fragilité. Ils avancèrent ensemble, tranquillement. Nolan était impatient de discuter, de déchiffrer la femme qui se tenait à ses côtés.

Son regard planté dans le sien ne l'intimidait bizarrement pas du tout. Il était apaisant mais porteur d'une petite étincelle qui le rendait très intriguant. Et ses paroles collaient parfaitement à l'image que son magazine reflétait. « C'est vrai que la vie nous forge mais permet de forger les autres aussi. Chaque petite expérience plus ou moins bonne est bénéfique d'une certaine façon pour nous mais je ne me suis rendue compte de ça que récemment. » Et cela, typiquement en prenant du recul sur la situation grâce à l'écriture. C'était peut être nouveau pour elle mais ce rendez-vous avait également pour but de prolonger l'aventure. Et cela lui faisait vraiment envie. Du renouveau dans sa vie. Elle ne demandait que ça. Comme une gamine, elle suivit sagement son hôte, non sans arborer un sourire. L'ensemble des pièces étaient vitrées ce qui donnait un aspect très moderne mais collectif à la fois. Les gens se voyaient et ne restaient pas enfermés entre quatre murs sans jamais se voir et c'était quelque chose qui plaisait beaucoup à Callie. Elle reposa ses yeux sur lui en écoutant les compliments qu'il lui faisait. Lors de leurs échanges de mails, il lui en avait déjà parlé mais répété en face, cela ne faisait pas du tout le même effet. Surtout quand c'était lui qui le disait en fait. « A vrai dire je n'ai jamais vraiment écrit. Je m'y suis mise sur un coup de tête pour répondre à votre édition mais c'est tout. Enfin il m'est déjà arrivé de griffonner deux trois phrases sur un bon de papier mais ça s'arrétait là. » Mais lui, étant rédacteur en chef, l'écriture devait faire partie de sa vie depuis bien longtemps. Et elle aussi était curieuse d'en apprendre un peu plus sur lui. « Et vous, comment vous est venu l'idée d'un magasine comme celui-ci ? »

Nolan était dans son élément, c'était peu dire. Il se sentait chez lui. Entre les murs où il circulait, ses vitres de verre, ses quelques employés qui tournaient la tête à leur passage, tout sourire et bienvaillant, toutes ses pièces tapissées de journaux, de lettres, d'écrits, ces murs qui respiraient un dur labeur, mais aussi la profonde empathie pour le monde des lettres, c'était tout ce qu'il était Nolan. Il n'aurait pas pu mieux demander que de montrer toute sa fierté à une si magnifique lectrice, une qui semblait réellement intérésée de connaitre le monde dans lequel il appartenait désormais. Nolan soutenait son ravissant regard, perché par ses yeux le dévorant, tout sourire. Il l'écouta minutieusement et hocha la tête d'un regard approbateur. «C'est vrai? Vous avez...vécu quelque chose d'important récemment qui vous l'a fait comprendre?» demanda-t-il en tout innocence, les yeux perçants les traits de Callie. Il ne réalisa qu'un peu plus tard que c'était peut-être une question qu'on ne devrait pas poser à quelqu'un que l'o nvient tout juste de rencontrer. Nolan touan la tête, se maudissant intérieurement d'avoir voulu s'incruster dans sa vie privée. Il respira tout en tenant l'allée devant ses yeux. Ils approchaient de sa pièce préfèrée, la pièce qui le rend le plus vivant. Nolan demeurait excitée, néanmoins, de faire véritablement la connaissance de Callie, malgré l'esprit de la visite qui demeurait. Il voulait arriver à savoir les raisons de son texte, les humeurs qui la traversaient lorsqu'elle avait ouvert pour la première fois le Quaterly. Nolan tourna la tête à ses propos, aborant un sourire tout de même admiratif. Elle n'avait peut-être pas d'histoire dans l'écriture, mais elle en avait le potentiel, du moins. Nolan pourrait lui montrer, lui faire travailler un style. Il était certain que ça lui avait fait le plus grand bien de déposer ses émotions sur une feuille de papier, la décorer de ses sentiments, de la laisser s'envoler dans les recoins de son esprit. «C'est vrai? Vous m'en voyez étonné. J'ai tout de suite trouvé que vous aviez un formidable potentiel. Vous n'avez jamais pensé à vous y consacrez entièrement? » Même si l'occassion se présentait à vous, pensa Nolan gaiement. Il souria. Il avait tout d emême le don pour découvrir des plumes d'un talent supérieur d'une plume expérimentée qui ne fait que répéter ce qui lui a été montré. Le jeune éditeur baissa les yeux à sa question, avalant une rafale de mauvais pensées de son ancienne vie qui l'avait soudainement ravagé. «Hé bien. Le Collective Quaterly n'est pas une création de ma personne, je dois vous le dire. Mon père, néamoins, fût l'un des quelques fondateurs de la revue, il ya plusieurs années. Il avait toujours rêvé d'un endroit littéraire où tous les auteurs de ce monde pourraient se rejoindre, peu importe l'expérience ou le talent quelconque. Il voulait que ce soit un espace de partage et de réflexion. Après y avoir travaillé quelques années comme rédacteur, on a cru bon me mettre à la tête l'année dernière. Et ma foi, je suis ravie et profondément terrifié à l'idée de tenir entre mes mains une revue d'une telle ampleur. » Il regarda Callie en toute douceur, la tête hochante, le visage bas. Il avait beau être à la tête aujourd'hui, il n'empêchait pas qu'il avait tout de même été un homme d'une toute autre nature auparavant. Et il se demandait régulièrement comment justement il avait pu obtenir un tel emploi après tout ce qu'il avait traversé. Enfin. Le destin peut-être, le dur labeur, la favoritisme. Nolan l'ignorait. Ils arrivèrent bientôt à sa pièce. Quelques pas encore. Quelque temp encore.

« Comme vous avez sûrement dû le sentir dans nos échanges, la question du deuil ne m'est pas anodine loin de là. » Elle marque une pause, un peu songeuse, ne sachant si elle devait en dévoiler plus. Mais une force, un sentiment de confiance vole autour d'eux dans l'atmosphère et elle se sent pousser à continuer d'en parler. « Une fois le deuil accepté, ou du moins en partie, on voit la vie différemment. Ou plus avec le même regard en tout cas. Certaines choses paraissent futiles alors qu'elle ne l'était pas du tout auparavant. La vie devient trop précieuse. Et c'est grâce à mon frère que j'ai pu m'en rendre compte. » Oui grâce et pas à cause de lui. Loin d'elle le fait de ne trouver en cette perte que des points positifs, mais il fallait réussir à en trouver malgré tout, aussi étrange que cela puisse paraître.
Dans l'enceinte du bâtiment, elle se sentait bien. Comme si elle était apaisée. Enfin, était ce l'ambiance et l'aura que cet endroit dégageait ou bien son accompagnateur ? Elle ne saurait le dire. Mais aux vues de son regard étonné quand aux contraste entre son inexpérience dans ce domaine et la nature de son écriture, elle ne peut s'empêcher de sourire malgré tout un peu gênée. « Merci pour les compliments, vraiment. A vrai dire je ne pensais pas me faire lire un jour et encore moins pouvoir avoir une opportunité de m'y consacrer plus. Et puis je n'en ai pas forcément eu le temps non plus. » Même si l'idée ne lui déplairait pas quand elle y repensait. Son histoire, enfin l'histoire du Quaterly était plutôt émouvante. L'entreprise était une sorte de transmission, d'héritage. Et quel bel héritage. Avec du potentiel. Il était vrai qu'elle n'avait jamais eu connaissance du magasine avant leur dernière parution, elle ne pouvait donc pas comparer avec les précèdentes éditions, mais une petite voix en elle lui soufflait qu'un brin de jeunesse et la patte affirmée de Nolan n'avait pu que l'améliorer. « Pour le moment vous avez l'air de très bien vous en sortir, enfin c'est l'impression que ça me donne quand jej vous vois au milieu de tous ces bureaux. » Tout le monde leur souriait en passant, il paraissait heureux, dans son élément. Il avait trouvé sa place lui.

Nolan la fixa plus sérieusement, les yeux pointés vers la réponse qui lui frémit gentiment le coeur. Voilà, il aurait du s'en douter. Elle aussi avait vécu une perte, une perte importante qu'elle avait réussi à déverser en écrit. Il est un peu con, il aurait du faire le lien tout de suite. N'empêche qu'il comprenait plus que n'importe cet énorme sentiment de vide lorsqu'on perd une personne qu'on a terriblement aimée. Sa jeune soeur Maddie, envolée dans un mouvement d'ailes comme si on lui avait dérobé un trésor, tout ça sans prévenir. Ça avait été un dur coup pour Nolan, une montagne impossible à remonter. «Mes condoléances, je n'avais pas... je suis désolé. » Il respira doucement, baissant les yeux, regrettant quelque peu d'avoir abordé un sujet aussi délicat, ne voulant pas forcer Callie à s'avancer plus qu'elle ne le voulait. Somme tout, elle semblait ouverte au dévoilement. Ça le réjouissait. Souvent, le sujet de la mort pouvait être délicat, fragile, tangible. Heureusement, comme elle le disait si bien, le deuil permettait une force surhumaine de se déployer. «Je suis tout à fait d'accord. J'ai moi-même dû me séparer de ma soeur encore enfant, mais après ça, j'ai compris qu'elle ne me quittait jamais vraiment. Elle demeure cachée au fond de moi comme une vialité qui me permet de toujours demeurer fort. » Chaque joue elle passait dans son esprit comme une lueur, un fantôme des morts pour lui rappeller de se tenir. Il avait gardé sous le silence le long parcours qu'il avait du subir avant d'arriver à un tel raisonnement. C'était une partie de sa vie qu'il tentait d'échapper sans néamoins le renier. C'était ça qui faisait qui il était aujourd'hui après tout. Sans ça, il aurait peut-être gardé la rage, le deuil, la perte dans le silence et ça aurait implosé d'une autre manière. C'était ainsi qu'il le voyait. Nolan se sentait tout de même rassurant aux côtés de Callie, à circuler entre des murs qu'il connaissait tant. Lorsqu'un collègue passait, le jeune éditeur envoyait un sourire ou une main, saluant chacun de ses employés comme un membre allongé de lui-même. Chacun d'eux était important pour lui, pour la revue, pour sa vie. Il reposait fréquemment ses yeux sur Callie, laissant sa voix harmonieuse se creuser dans son esprit. «C'était très bien, en tout les cas. Si je vous disais que je vous voulais pour la prochaine édition, qu'est-ce que vous me diriez? » demanda-t-il dans un sourire de défi, un sourire qui voulait tout dire. Il lui demandait effectivement d'être une des auteure de sa prochaine sortie, avoir une section peut-être juste à elle. Nolan l'aiderait si jamais elle en avait le besoin, sachant pertinamment que l'idée d'écrire entièrement pouvait intimider. Il avait déjà écrit plus sérieusement, avait suivi des cours, avait connu des auteurs, il connaissait bien le milieu sans pour être être auteur à part entière. Nolan souria à sa remarque, quelque peu soulagé. Il est vrai qu'il était souvent effrayé par le poste qu'on lui avait attibué, craignant comme un cauchemar abstrait de tout faire ruiner, de détruire le travail de son père et perdre sa fierté. C'était eux, après tout, qui l'avait sorti de son enfer. «C'est gentil. J'avoue que, ici, c'est un peu comme un deuxième chez moi. Je respire les mots qui y circulent, j'y passe parfois des nuits à travailler, tous ces gens sont ceux qui me donnent une raison de me lever, très souvent. » Plus encore, c'était peu dire. Finalement, Nolan et Callie arrièvent à la pièce qui le représenterait le plus, The Mind Room comme il l'appelait. C'était une grande pièce vitrée, un espace silencieux, tapissé de papiers accrochés aux murs, des feuilles qui couvrent le plancher, des livres qui montent jusqu'au plafond, des plantes qui tapissent les baies vitrées. Il y avait quelques personnes planchant une une grande table de travail. C'était la pièce dans laquelle on trouvait des articles, on épluchait ce qu'on recevait et qu'on se laissait emporter par les textes sublimes des auteurs qui circulaient au Quaterly. Le coeur de Nolan se réchauffa à la simple pièce qui se dévoilait devant ses yeux. C'était l'endroit où il pouvait passer des heures, tard le soir, à boire tranquillement, écrire, corriger. Il y avait souvent l'éclat de lalune et le reflet des étoiles qui se déposaient sur ses pages blanches le soir, traversant l'énorme fenêtre de verre qui composait le pièce. Il tourna son regard emballé dans celui de Callie. «Voici mon endroit préféré. C'est ici que l'on révise tous les texte que l'on reçoit. Moi et des collègues, on l'a surnommé The Mind Room parce que c'est la pièce où lorsque l'on pénétre, on laisse derrière nous toutes les appréhensions de notre esprit. On se laisse délicatement emporté par les histoires, les nouvelles, la poésie de nos auteurs. » Il passa la pièce en détail, l'observant, l'aimant secrètement comme un chaleureux refuge dans lequel il était capable de s'évader.

Elle secoue la tête et ose une sourire pour lui montrer qu'elle va bien. Mais il s'en va petit à petit quand il lui annonce que sa soeur est elle aussi plus de ce monde. Comment la vie pouvait être injuste avec tant de monde ? C'était la question qui trottait souvent dans sa tête en ce moment. A croire que le sort devait s'acharner sur chaque famille, pour ne pas faire de jaloux. Mais c'était pire qu'injuste. « C'est exactement ça. Ils vivent à travers nous et nous vivons pour eux. » En tout cas, c'était ce dont elle essayait de se persuader pour continuer à avancer dans la vie. Elle n'avait aucun mal à en parler à Nolan. Il l'apaisait et elle lui faisait confiance. Parler de sujet grave à n'importe qui, ce n'était pas dans ses habitudes, mais ici, avec lui, elle se laissait pousser des ailes. Et sa proposition ne pu que la conforter dans ce sentiment. Elle s'arrêta en plein milieu du couloir et plongea dans les yeux de Nolan. « Vous êtes sérieux ? Je.. je sais pas quoi dire. Ca serait plus que génial. » On aurait dit une enfant à qui on offrait un cadeau de Noël. Elle n'en croyait pas ses oreilles. « Mais vous êtes certains que j'ai le potentiel pour ? Avec le peu que vous avez lu de moi ? » Elle était vraiment surprise, et ça devait se lire sur son visage. Mais réellement touchée par la proposition.
Lorsqu'ils arrivèrent devant la fameuse salle, elle s'arrêta presque de respirer en découvrant l'endroit. Cela pouvait paraître idiot pour certains, mais elle comprenait pourquoi il pouvait se sentir aussi bien à travailler dans cet endroit. Il y avait des lieux avec lesquels on pouvait entrer en osmose. Et ce lieu pouvait largement en faire partie. « Waouh, cet endroit est... impressionnant. C'est beau. Vraiment. Je comprends que vous aimiez cette pièce c'est vraiment un bel espace de travail. » Toutes ces feuilles, tous ces livres qui s'offraient à elle. Cette pièce était vraiment irréelle. Comme le fait qu'elle soit ici en fait. Elle se tourne vers Nolan, des étoiles pleins les yeux. « Merci de me faire découvrir votre univers... Vraiment. »

Il embrassait intérieurement son sourire d'ange, celui de Callie, celui qui disait silencieusement que tout allait bien. On ne se sépare jamais vraiment de ce sentiment de perte, de deuil perpétuel, mais on apprends seulement à le dompter, à le creuser sous la peau comme une flamme et qui va et qui revient. Avec le temps, on sait plus facilement comment résister à ses attaques, la douleur diminue. Nolan avait tout connu se processus, en puissance maximale, jusqu'au bout et à la fin. Après, il croyait s'en être sorti plus fort. Il pensait véritablement en être guéri, mais chaque nuit, le jeune homme craignait que la morsure ne surgisse d'entre sa peau, le dévorant une enième fois et pour de bon. Bref. Il avala le sourire de sa lectrice comme un elixir rassurant, apaisant. Son sourire, terriblement accrochant, on se fond dedans pratiquemment. Nolan n'y manquait pas. Somme doute, les deux partageaient une belle vision du deuil malgré tout, il le fallait. Elle semblait lucide, sage, mature. C'était des qualités qu'il pronait et chérissait avant tout. Celui-ci hocha la tête, capturant ses yeux un instant pour son plus infime plaisir. «Je ressens souvent sa présence, même dans les instants les plus anodins. J'ai parfois l'impression qu'elle m'observe au loin, qu'elle prend soin de moi. Vous avez déjà senti ça, Callie? Qu'on peut jamais vraiment les échapper? » demanda le jeune homme d'un air interrogateur, cherchant presque une solidarité dans le fond de ses yeux. Nolan ne voulait pas paraitre comme le fou qui croyait aux ombres. Seulement, il avait souvent l'impression de la sentir au fond de soi, de la voir entre les brumes lorsque ses yeux se croisent en noirceur. C'était, pour son coeur, loin d'être un état plaisant, au contraire. Il se sentait entouré, aidé, soutenu abstraitement par une force qui le dépassait. Sans doute que Callie le pouvait. Depuis un moment, l'éditeur sentait une énergie puissante de sa part, ça connectait bien entre eux et ça le poussait justement à se livrer, se montrer un peu plus comme il l'est vraiment. À sa proposition, Nolan fit un pas tout en observant, jubilant intérieurement, la réaction de Callie. Son coeur s'excita gentiment, le sourire pendant jusqu'aux yeux. Il ne s'attendait pas à une aussi belle attitude, une aussi touchante répercussion pour un poste tout de même important. Nolan relâcha un rire enfantin, les yeux chatoyants. Putain, qu'elle était belle, après tout, cette écrivaine; surtout dans ce moment très précis, un instant considérable comme celui-ci. Il la croyait réellement capable de porter de nombreuses pages de sa revue, à elle seule. Le regard de Nolan s'attacha à celui de Callie, soutenant toujours sa propostion. Sa voix vibrait. « Bien sûr que je suis sérieux. Un poste en rédaction, quelques pages pour commencer, ça vous conviendrait? Le prochain numéro est dans environ 2 mois. Quand est-ce que je m'attends à vous voir avec moi?» demanda-t-il d'une voix grave, pleine de sous-entendus, les yeux sérieux, mais le coeur tout de même animé. Nolan avait souvent offert des postes à de sgens très talentueux, mais il n'avait jamais eu droit à une réaction, une reconnaissance aussi élogieuse que celle de Callie. Il prit le temps de l'admirer, son visage éberlué, sa moue comblée avant de reprendre la marche. Il la voulait avec elle, entre ses murs, sachant pertinnement que c'était un talent qu'il ne pouvait laisser aller. « Je sais reconnaitre une écriture qui n'attend qu'à imploser. Ce serait un plaisir pour moi de vous tenir la main jusqu'à ce que vous soyez capable de vous envoler de vos propres ailes. Ça prendra le temps que ça prendra, mais oui, je crois en vous. » C'était ça l'excitation de son travail, donner la main à ceux qui avaient du potentiel, qui penchait entre deux. Allait-il rater ou pas? Il n'en savait rien, mais Nolan aimait le risque, il aimait laisser la chance à un auteur de se découvrir, de se perfectionner. Nolan savait que ce n'était pas le domaine de Callie, l'avait senti, mais avait toujours eu l'idée qu'on pouvait développer une racine qui n'attend que d'être poussée quand on le voulait vraiment. Avec Callie, rien n'était différent. À son endroit préféré, Nolan partagea le même entousiasme de Callie. C'était un endroit magique, un endroit où l'on devient, où l'on se modifie en soi. Dès qu'on y faisait un pas, notre esprit devenait volupté. Nolan prit le temps d'amdirer la pièce, appuyé contre la porte avant de reposer ses yeux sur Callie, tout aussi impressionnée. Il en était ravi. «Merci d'avoir pris le temps de m'écrire, vraiment. » Ses yeux pairs pesèrent sur ceux de Callie, fébrile quelque peu d'être en compagnie d'une personne aussi reconnaissante, aussi ouverte, allumée. Tous ses visages, toutes ses expressions lui donnaient une certaine chaleur au coeur comme il en avait rarement eu. Callie était une personne sensible, fragile, il le sentait. C'était une énergie qu'il avait besoin pour travailler. «Dites... Callie, ça vous dirait de.. déjeuner avec moi aujourd'hui? Je vous parlerais un peu plus du Quaterly si vous en avez envie. » demanda-t-il, baissant les yeux, comme un enfant qui demande la permission d'ouvrir un présent. Certes, il avait d'autres étages, d'autres bureaux, mais elle aurait le temps de découvrir tout par elle-même en devenant rédactrice éventuellement. Nolan avait des questions à lui poser, autant sur la revue que sur sa personne. ô le mystère quand tu nous tiens.

Elle était loin de le prendre pour un fou. Elle le comprenait même. Et même si cela pouvait paraître fou pour certains, cette présence aidait à avancer et à se conforter dans ses choix. Comme si on n'était pas seul, que quelqu'un nous soutenait peu importe le moment, la situation. « Oh oui, je connais cette sensation. Et bien qu'auparavant je cherchais à la fuir, elle devient désormais presque indispensable et réconfortante. » Elle lui offre un sourire réconfortant, un sourire de quelqu'un qui le comprend.
Quant à sa proposition, elle ne s'en remet pas. Elle hausse les sourcils, un sourire s'étirant sur tout son visage et lève les mains en l'air, comme une enfant qui ne croit pas ce qu'elle entend. Jamais en venant ici elle ne s'était attendue à une telle proposition et si rapidement. Mais elle se sentait tellement bien à côté de Nolan, tellement proche et en même temps si inconnu qu'elle avait envie de le découvrir. Et elle avait donc, aussi fou soit-il envie de dire oui.  « On dirait que je suis obligée d'accepter. Mais c'est vraiment un honneur. J'espère réellement être à la hauteur des espoirs que vous fondés en moi ! Mais il est clair j'aurais besoin de toute votre aide et tout votre soutien. Je crois que j'ai beaucoup de chance d'être votre élève. » Et elle était plus que sincère. Mais la réalité revenait vite au galop. Et la bonne humeur redescend toute aussi vite qu'elle était venue, les yeux se baissant , déçue. « Mais par contre j'ai encore mon boulot d'infirmière alors mes horaires ne vont pas forcément convenir avec les votre. Je vais vous apporter trop de contraintes, ça sera plus handicapant qu'autre chose pour vous..» Elle s'était déconnectée de la réalité quelques secondes et avait oublié les contraintes de la vie réelle, et pourtant, elles étaient bien là.
La proposition de déjeuner venait à pic. En fait, elle aurait presque été déçue que l'entretien s'arrête si vite. « Oh oui, ça me ferait vraiment plaisir. » Elle se mordille la lèvre. Elle avait répondu beaucoup trop vite et joyeusement, et elle avait presque honte de l'avouer. Mais elle avait vraiment envie de ce déjeuner, et pas que pour parler du Quaterly.

Nolan sentait la mort, il la vivait à quelque part de diverses façons. Ce n'était pas par folie, ni même par fantaisie ou imagination, il était simplement sensible à une abstraction effrayante, mais naturelle que la fin d'une longue ou courte vie. Elle était là, cette mort, creusée dans chacun de nous et n'attendait que l'heure venue pour prendre toute sa place convenue. Et lui, hé bien, chaque beauté, chaque émotion, chaque parcelle de sensibilité, qui recouvrait de poussière et d'étincelles ce monde parfois trop souvent absurde, Nolan les portait en lui, sur sa peau, dans le creux de ses yeux. Tout lui était palpable, concret et c'était parfois aussi terrifiant que mémorable, une sensation d'être vivant et puissant. À sa réponse, Nolan ne put alors qu'échapper un certain sourire soulagé et satisfait. Compris par elle. C'était ce qu'il y avait de bien chez Callie, une qualité rare qu'il savait immédiatement savourer et dont il ne pourrait se lasser. Il hocha doucement la tête, les yeux rêveurs, le coeur soudainement emporté par une vision de Maddie illuminée. « C'est tout à fait ça. On se sent entouré, en quelque sorte, surveillé par un ange, on dirait. C'est facile avec vous de se faire comprendre, Callie. » avoua-t-il dans un regard remontant débordan de douceur et de fragilité, une délicatesse qui remerciait intérieursement l'arrivée sur abrupte de cette charmante personne dans son univers. Elle était ce dont le Quaterly avait besoin en ce moment : de l'humanisme. Puis, Nolan, remarqua, éventuellement que sa propsition semblait forcée, presque exigeant. Il tourna les yeux un peu par dépit. Il la voulait avec elle, tout simplement. Ce serait difficile présentement de l'observer passer les portes de verre du Quaterly sans savoir si le hasard leur permettrait de se retrouver quelque part dans un temps rapproché. Il déplora quelque peu, intimement, ses propres mots un peu sauvages. Ses pulsions sauvages, ses insctincts de survie malgré lui. Ses yeux tentèrent de lire ceux de Callie, silencieusement. «Je ne voudrais certainement pas vous plier à faire quoi que ce soit Callie. En toute honnêteté, j'aurais sincèrement envie de pouvoir travailler avec vous, vous montrez quelques notions, lire vos textes. Je serais là à vos côtés pour vous soutenir, autant que vous en sentirez le besoin. » lanca-t-il d'une voix mielleuse qui se voulait d'abord et avant tout rassurante, réconfortante. Nolan voulait Callie, mais Callie devait aussi vouloir Nolan, professionnellement autant que socialement. Son écriture promettait, sa plume était ce qu'il recherchait, mais ô combien savait-il que les rêves ne peuvent en même temps être surfrabriqués. Il devait y avoir un soupcon de passion au-dessus d'un nuage de motivation. Le jeune homme scruta avec une infine attention la curieuse retombée du regard de Callie, soudainement secouée par un fervent de réalité. Il hocha la tête, comprenant en soi ce que la vie empêchait parfois. Son sourire s'accentua tout de même, les yeux collés contre le soleil de la pièce. «Je vais prendre ce que vous me donnez, Callie. La seule contrainte présente serait de vous savoir disparaitre. » souffla-t-il tout bonnement, n'ayant aucunement songé à l'ampleur d ses propos. Tout était sorti tout bonnement, sous une lancée naturelle, avec les vibrations de se sentiments. Comprenant alors le sous-entendement, Nolan se racla la gorge, soudainement compassé par tout le sens évoqué de cette simple phrase. Merde. Nervosité. Reprise de soi. Il souria apaisé lorsqu'elle parut vouloir diner avec lui, tout de même. Nolan en était ravi, ayant la sensation que les deux comparses auraient certainement énormément de sujets à aborder. Il eu une subite chaleur au coeur, emporté par son sourire ravageur. Oh et sa lèvre mordillé, cette attention qui lui renversa l'esprit, Nolan eu une énorme combat intérieur pour ne pas se laisser complétement échappé par ce geste, sans doute inconscient, mais d'une beauté qui ne s'égalait que dans de rares instants parnassiens. D'ailleurs, il promena ses yeux aux alentours pour cacher l'irrémédiable flamme qui jaillissait dans son regard. «Ma foi, vous me voyez absolument ravi. Avez-vous les deux prochaines heures à me consacrer? » demanda-t-il une fois que cet instant lyrique ce fût écoulé, soudainement plus attentif à la jeune femme. Il le voulait maintenant cet instant, le plus vite possible afin de savourer les images, les sensations, l'instant presque utopique de leur rencontre. Callie.

Et elle avait ce même sentiment. Le sentiment d'être écoutée et surtout comprise, de parler d'un sujet qu'ils partageaient tous les deux et comprenaient plus que tout. Une partie d'eux invisible pour certains mais qu'à eux deux ils pouvaient décrypter. « C'est facile de se faire écouter avec vous aussi. » Elle remonte les yeux vers les siens et lui offre un joli sourire. Un sourire sincère, pas du tout forcé. Mais tellement sincère que cela lui faisait presque peur. Peur d'être si proche intellectuellement de quelqu'un, d'être si facilement comprise. Cela de resultait que d'un court dialogue, mais c'était bien plus compliqué que ça. Il y avait une connexion entre eux, c'était évident mais effrayant. L'idée qu'il pourrait être auprès d'elle et la soutenir dans une nouvelle aventure comme celle-ci lui donnait des ailes, même si aller contre la raison en rajoutait à ce léger frein. Mais les propos rassurants de Nolan et sa seule volonté de lui laisser aller à son rythme et s'adapter coûte que coûte à elle et ses contingences finit par la faire flancher. Non, elle ne voulait pas disparaitre, elle voulait rester ici, dans cet endroit dans lequel elle se sentait forte et laissant de côté sa peur de ne pas être à la hauteur, mais surtout pas seule. « Alors je reste. » Non loi d'elle le fait d'avoir mal interprété l'expression de Nolan. Elle aussi ne voulait pas le laisser s'échapper. Elle avait l'impression qu'elle allait pouvoir apprendre tellement de lui et qu'il allait lui apporter beaucoup. Peut être même des choses dont elle n'avait pas besoin. Ou alors dont elle ne voulait pas s'avouer qu'elle avait besoin. « Je suis prête à faire mon maximum pour faire honneur au Quaterly. Même si je sais que votre aide me sera très précieuse. » Très, voire trop précieuse. Elle le savait déjà, qu'elle s'apprêtait peut être à mettre les pieds dans quelque chose de trop rapide pour elle, qu'elle ne contrôlera peut être pas. Mais elle en était sûre, elle le voulait. Et le restaurant ne serait que le début de cette épopée. « J'ai même toute mon après-midi de libre. » s'empressa-t-elle de répondre. Trop vite. Cela pourrait passer pour une envie de mieux connaitre le Quaterly ? Et non son rédacteur en chef ? En tout cas, c'est ce qu'elle espérait, consciente d'avoir été un peu trop vite. Mais tout allait trop vite.

Tourbillon. C'était la traverse d'un océan de sentiments tous aussi disparates les uns que les autres. Nolan n'avait pas prévu un moment comme celui-ci. Il avait eu un certain présentiment en la découvrant rapidement que la jeune Callie n'était pas une lectrice comme les autres. Elle dégageait une nouveauté, un mystère insolite qui se dégeagait au travers une énergie dont Nolan devenait fanatique. Elle avait ces yeux, sa façon de songer, sa voix évocatrice, sa douceur, sa sagesse, une fine intelligence, un esprit d'ouverture, mais très sensible aussi. Nolan était capable de lire les gens, de le déchiffrer et Callie n'était pas en reste. Il la lisait si bien qu'il aurait voulu dévorer chacune ses pages de sa vie, la lire au complet jusqu'à la fin d'un quelconque chapite. Alors qu'ils trainaient à la porte de sa pièce favorite, Nolan ne pouvait retenir des yeux qui l'admiraient, transformait sa nouvelle employée comme un vestige de beauté, une étoile qui soudainement illuminait la pièce par la foudre, la poudre jusque dans la voie lactée. Elle était ravissante, surtout de la façon dont elle gratifiait son écoute. Le coeur de Nolan s'emballa rapidment, comme un enfant. Il esquissa un sourire un peu timide, hé oui, avant de retourner ses yeux vers elle  à nouveau. Sa voix s'emballa. «J'ai l'impression qu'on se complète sans que l'on essaye véritablement. C'est... c'est une excellente qualité pour travailler. » souffla-t-il en creusant une place au fond de son iris. C'était vrai pourant qu'une compréhension presque silencieuse, mutuelle, valait de l'or pour lui. En vérité, il n'avait jamais eu une relation de cette ampleur avant de recontrer Callie aujourd'hui. Bien des employés avec une excellente complicité, mais celle-ci était arrivée avec une si belle naïveté, une ouverte d'esprit, une gentillesse qui frappa quelque peu Nolan. Elle avait du talent, elle avait du charme, de la finesse et la voyait passer les couloirs du Quaterly avec une plume accrochée à l'oreille. Callie, il en prendrait soin, il l'aiderait et la découvrirait par la même ocassion. Cette idée l'emballait, son visage d'une nette fragilité luidonnait envie de la connaitre. Nolan ne pouvait pas nier l'attirance inexplicable qu'elle provoquait en lui. Certes, il aurait pu fermer ses yeux pour n'être qu'un guide attentionné, un nouvel employeur en quête de talent, mais elle à ce point humaine et vraie que Nolan ne pouvait n'être qu'un mur de rigidité. Lorsqu'elle lui dit d'une voix ravageuse qu'elle restait, Nolan eu le coeur soudainement soulagé et léger. Il embrassa un sourire, conquis, ravi, charmé et hocha la tête heureux. Il ne répondit point, mais lui donna une confirmation plutôt explicite de son soulagement à travers un regard soumis, en quelque sorte. Callie allait être là. Il avait confiance en elle, Nolan pouvait se rallier à cette nouvelle employée qu'il aiderait avec joie. «C'est un honneur pour moi de vous accueillir dans notre équipe. Je suis persuadée que vous toucherez nombreux lecteurs avec votre plume aiguisée. Et puis, comme vous le dites, je serai à vos côtés. » souffla-t-il dans une voix d'employeur qui se souciait excessivement du bien-être de sa nouvelle aide. Mais elle était plus que ça, Nolan ne pouvait le cacher. Callie était un mystère et un vent, une brise adorable sur sa vie. Il était chamboulé justement par cette énergie qui le dévorait, pensant pafois à Haz', mais No' ne pouvait pas se retenir de ressentir. Elle acceptait, toutefois, de déjeuner avec lui toute une après-midi. Sa tête bourdonnait gentiment, il lui donnait un sourire absolument renversé. Par un réflexe total, par une certain besoin de se le confimer, Nolan accrocha sa main au poigner de Callie, très gentiment, tendrement. Il ignorait tout ce qui se passait, mais il en était fou. L'éditeur eu un léger rire face la vitesse de sa réponse, à quel point elle semblait tout aussi emballée que lui de passer un moment en sa compagnie. «Oh, magnifique. Je suis comblé. Je vous invite, Callie. Je veux absolument... prendre le temps d'être avec vous. » murmura-t-il dans un léger soupir. Putain. Il en faisait trop. Nolan souria avant de se relever doucement, la fixant avec délicatesse, prêt à partir avec elle. Nolan se rapellait qu'il la tenait toujours doucement par le poignet. Doucement, par simple respect, il retira gentiment sa main avant de sourire de plus belle. Toute une soirée, la nuit, même, il aurait pu oublier le temps avec elle si il le pouvait.