Siaino - what's happened?

Je me réveille avec un mal de crâne atroce. Mon dieu, qu’est ce qu’il s’est passé hier soir ? Je me rappelle être sortie, dans un bar puis… Plus rien. Trou noir total. Heureusement que je ne travaille pas aujourd’hui, je n’aurais pas pu être productive. J’ai pas envie de me lever tout de suite. Je suis bien dans mon lit. En me tournant, je déchante. Je ne suis pas seule… Et la personne avec moi est pour le moins… Surprenante.  Aino ? Mais qu’est ce qu’elle fout là? Elle semble encore dormir. Qu’est ce que c’est que ce bordel?! Elle qui m’a toujours rembarrée, j’ai un peu de mal à comprendre comment elle a pu atterrir chez moi, et pire encore, dans mon lit. On aurait tout de même pas… ? Je sens que ça va être gênant quand elle se réveillera… Je me frotte les yeux, je lutte pour me souvenir de la fin de la soirée... Mais rien ne me revient...
Je regarde alors tout autour de moi, à la recherche d’indices sur ce qui aurait éventuellement pu se passer. Y a des bières par terre. C’est tout. Et… Je suis en soutif aussi, mais j’ai toujours ma jupe. Je trouve ça rassurant mais inquiétant à la fois. J’ose pas lever la couverture pour voir si Aino porte encore ses fringues… En tout cas, ils sont pas par terre. Mais peut-être qu’ils trainent dans le salon. Oh merde, j’espère que mes colocataires n’ont rien remarqué, rien vu, rien entendu. Ca serait affreusement gênant. D’ailleurs, Aino commence à bouger… Elle va sans doute se réveiller d’une seconde à l’autre, et moi j’ai rien à lui dire… Elle se souvient peut-être de tout ? Elle est serveuse, elle est pas censée abuser de l’alcool pendant son service. J’ai bon espoir. Même si j’ai peur de ce que je vais découvrir…

Un sifflement dans la tête, un énorme mal de crâne, sans ouvrir les yeux, toujours plongé dans un pseudo-sommeil, je passais une main sur mon front. Je gigotais encore dans mon lit, bien que mes réveils soient toujours difficiles, celui-là l'était d'autant plus. Sentant mon bras buter sur quelque chose, j'entre-ouvrais doucement les yeux, apercevant une chevelure blonde. Mais tout était flou. J'étais toujours mauvaise dans les réveils. Je tentais de me remémorer la soirée que j'avais passé hier, avec quel homme blond j'aurais pu passer la nuit si ce n'est mon ancien voisin dont je n'avais plus de nouvelles. Alors ça pouvait être tout le monde, sauf lui. Je restais quelques secondes de plus dans mon p'tit confort puis j'ouvris clairement les yeux. Puis il y eut un silence énorme, autant dans la pièce que dans mon crâne. Je restais regarder cette tête avec les yeux écarquillés. Mais le seul sentiment qui me passait par là était le dégoût. Est-ce que j'étais bloquée dans un mauvais rêve ? S'il vous plaît, oui. Pourtant, le malaise me rappelait que non. Je regardais l'endroit où nous étions. Dans le même lit. Merde. Et je ne connaissais absolument pas les lieux. Putain. Siam. Qu'est-ce qu'elle m'avait fait ? En la voyant en soutif, je ne peux m'empêcher d'avoir un mouvement de recul. J'n'avais même pas envie de soulever le drap pour savoir comment j'étais, moi. « Que .. tu … Tu m'as fait boire ? » Y'avait pas d'autres explications. Je ne voulais pas avoir d'affaire avec les femmes, je laissais ça aux autres. C'est sans doute ce mal de crâne qui me paralysait ou la peur de voir que j'n'étais pas habillée qui faisait que je n'arrivais pas à bouger de ce lit, je laissais mon regard planté dans le sien, ne sachant pas trop quoi dire, parce que tout ce qui me venait en tête s'embrouillait. C'était un bordel monstre. « Qu’est-ce qu’on ... » Je soulevais la couverture pour voir ce que j’avais sur moi. Que mes sous-vêtements. Où était mon short et mon t-shirt ? « Où sont mes fringues ? Que j’me casse vite. » Je savais même pas si je voulais des explications. Il fallait peut-être mieux pour nous deux que non. C’était clairement la dernière fois que j’voulais la voir cette Siam.

La blonde ouvrait enfin les yeux. Mon coeur battait tellement fort que j’avais l’impression qu’il allait exploser. Je m’attendais à tout, mais surtout au pire. Il y avait pourtant des chances que tout se passe bien -après tout elle était quand même dans mon lit- mais… Quelque chose me disait qu’Aino voudrait se trouver n’importe ou sauf ici actuellement. Son mouvement de recul en disait long. Moi, je ne bougeais pas, j’attendais qu’elle se décide à parler, qu’elle m’éclaire un peu sur la soirée d’hier soir. « Euh, t'es serveuse, t’es pas censée boire… » Puis jamais je ne l’aurais poussée à se saouler entièrement… J’avais des limites. On restait plantées là, les yeux dans les yeux, à attendre que tout nous revienne comme par magie. Mais à part ce trou noir béant et mon mal de tête, il ne me restait pas grand chose de la soirée d’hier soir. « Je… Je sais pas… Tu te souviens vraiment de rien? » Ca semblait évident mais j’avais espoir que quelque chose, même minime, lui revienne. Elle voulait savoir ou étaient ses fringues. J’ouvrais la bouche, surprise qu’elle soit… Quasi nue dans mon lit. C’était impossible qu’Aino ait cédé à mon charme. J’avais compris à l’instant ou je l’avais rencontrée que je ne lui plaisais pas. Elle n’était pas du tout branchée par les filles. Même avec 10 shots de vodka ça me semblait improbable. Et pourtant… Tout portait à croire qu’on avait dérapé hier soir. « Ils ont pas l’air d’être ici… Mais euh… Tu peux m’en emprunter… Tu vas pas sortir en sous vêtements quand même… » J’étais presque désolée qu’elle ait à vivre cette situation. « Je comprends pas ce qui a pu se passer. » J’avouais alors, en commençant à me mordiller les ongles, chose que je ne faisais qu’en situation de stress. Peut-être que mes colocataires en savaient plus que nous, mais je ne me voyais absolument pas aller leur demander. J’avais juste envie de me rendormir et d’oublier tout ça, que ce ne soit qu’un mauvais rêve. Pourtant, j’avais une fille des plus canons dans mon lit. Mais si elle n’avait pas envie d’être là, alors ça n’en valait pas du tout la peine.

Je secouais la tête de manière négative, comment elle pouvait me faire une remarque ? Je sais très bien que je ne suis pas censée boire pendant mon service, ça n'arrive pas souvent et je doute que j'étais en service pour me retrouver dans cet état. Ça serait impossible. Ou alors elle m'aurait donnée un très gros pourboire, mais encore une fois, je ne pense pas que j'aurais bu autant. « Merci de me rappeler ce qu'est mon d'job. J'travaillais pas hier soir. » Je risquais trop mon boulot ces derniers temps, il fallait que je me calme pour ne pas devoir me trouver quelque chose dans les mois à suivre, un an avec le même boulot serait mon record, il ne restait plus qu'à attendre janvier sans faire trop la gueule, en souriant au patron et faisant mon travail sans foutre des assiettes dans la gueule des clients ou foutre des claques à ce qui me touchent d'un peu trop près. « Rien … vraiment. » Et pourtant, j'aurais préféré me souvenir de tout et me dire qu'il ne s'était rien passé … Comment j'avais pu terminé dans ce lit, comment j'avais pu suivre cette fille ? Je n'en savais rien. Je lançais mes yeux au-delà des couettes pour voir où étaient mes vêtements, parce qu'il était impossible que je les ais retiré ailleurs qu'ici — déjà que de les avoir retirés me semble trop étrange. « Oh que non je ne sortirais pas d'ici sans vêtements. » Même s'il m'arrivait de ne pas porter de soutien-gorge, vu la taille de ma poitrine, je n'allais pas sortir à moitié à poil, j'avais une limite de respect pour moi-même. « J'comprends pas non plus … J'veux dire, j't'ai toujours recalé. Merde. » Est-ce que mon cerveau avait eu du mal à différencier une femme d'un homme ? C'était trop improbable. Je secouais la tête, m'asseyant sur le bord du lit toujours le drap pour me cacher un maximum. En regardant les bouteilles, je ne pu retenir un soupir. « Tu as des colocs ? » Si je pouvais parcourir son appartement sans me soucier de quelque chose, chercher mes vêtements, prier pour que je n’ai rien retiré dehors, parce que je me remettrais sérieusement en question.

Ma remarque semblait être mal passée. Elle se rendait pas compte, Aino, me demander si je l’avais faite boire était largement déplacée. Elle allait sous entendre que j’avais abusé d’elle aussi ? Alors j’avais tenté de la remettre à sa place, histoire qu’elle prenne elle aussi ses responsabilités. Tout n’était pas que de ma faute, merde. Elle ne travaillait pas hier soir, très bien. « Ca fait au moins une chose dont tu te souviens… » Lançais-je innocemment. Qu’elle ne s’y méprenne pas, moi aussi j’aimerais savoir ce qu’on avait bien pu faire la veille. Surtout si il s’était passé quelque chose, ça lui fermerait le caquet à cette serveuse hautaine. Son comportement avait le don de m’agacer et pourtant elle me plaisait. C’était à n’en rien comprendre. Je me doutais bien qu’elle n’allait pas sortir d’ici sans vêtement. Mais elle ne semblait pas trop comprendre que j’avais aucune idée d’ou pouvaient se trouver les siens. Je me contentais d’hausser les épaules. Je l’aiderais bien à les chercher, mais elle était trop désagréable pour le moment, alors j’avais pas envie. Ca devait vraiment la foutre en rogne de se retrouver ici, et elle me le faisait bien comprendre. Elle en était même blessante à mentionner qu’elle m’avait recalée. Oui merci, j’avais pas oublié. « Peut-être que t’as finalement cédé à la tentation hier… » Un sourire en coin s’affichait sur mon visage, avant que je ne réalise ce que je venais de dire. Elle allait péter les plombs, il fallait que je rattrape ça. « J’voulais pas dire ça... On a surement bu et on est venues ici, puis on s’est endormies bien sagement c’est tout. » Nouveau haussement d’épaules. Ca paraissait plausible mais ça n’expliquait pas la disparition des fringues. « Oui, j’en ai une. Mais elle est peut-être partie bosser à l’heure qu’il est… » En fait, j’en savais rien. J’ignorais même quel jour et quelle heure il était.

Oh ouais et si je pouvais me souvenir du reste de la soirée, ça ne me ferait pas de mal. Parce que savoir que je ne travaillais pas, ce n'était rien. J'aimais l'idée de ne pas travailler parce que je n'aimais pas ce que je faisais, tout simplement. Même si sans doute qu'avec le temps j'y prenais goût, même si ça semblait être une grosse blague, j'n'arrivais pas à être aimable avec tout le monde et maintenant, dans ce lit avec Siam, j'n'arrivais pas à l'être non plus. Dommage pour elle, j'avais l'impression qu'on allait plutôt bien s'entendre, uniquement parce que j'me moquais plus d'elle qu'autre chose. Mais s'entendre jusque me retrouver chez elle ? Presque nue ? Jamais. Jamais avec une autre femme d'ailleurs, ça me mettait trop mal à l'aise et maintenant, je ne saurais dire si j'avais les joues rouges à cause de la honte. « On voit ici qui a une mémoire de merde. » C'était peut-être pas sympa, mais j'en avais rien à foutre, si elle pouvait s'imaginer l'explosion qu'il y a dans mon cerveau et j'ai besoin de tout remettre en ordre, elle ne m'aide même pas. Elle se souvient de rien. Alors, soit elle a bu encore plus que moi ou elle tient mal l'alcool ou alors elle avait une mémoire qui laissait à désirer. Je restais regarder tout l'intérieur de sa chambre pour trouver le reste de mes vêtements, en vain, ils devaient bien être quelque part … peut-être que j'avais prise une douche, ils devaient être dans la salle de bain, ouais ! Il ne me restait plus qu'à me faufiler là-bas et m'en aller sans lui adresser un mot de plus, mais c'était plus fort que moi et je ne pouvais pas m'empêcher de lui lancer un regard entre la colère, l'incompréhension et la peur. « La tentation ? Y'a pas de tentation. Tu me tentes pas. Désolée. » Je riais nerveusement, penchant la tête par l'arrière, jetant mon regard au plafond, comme si ça pouvait me donner une réponse. « Ouais ... ouais … là c'est plus plausible ! » Je lui faisais un geste pour approuver ce qu'elle disait, parce que je ne voyais pas d'autres solutions, même si, je n'avais pas l'habitude de dormir avec mes amies et en plus elle n'était pas mon amie. Siam était une cliente, c'est ça, rien de plus. Merde. J'en sais rien. Pourquoi elle fait ça ? « En parlant de ça, t'as pas une horloge dans ta piaule ? L'heure, tout ça ... » Je voulais bien me relever moi, mais elle allait me mater, c'était sûr, j'préférais qu'elle s'en aille à la recherche de mes vêtements à ma place, parce que dans tous les cas, j'avais trop la flemme de me lever et mon mal de crâne me rappelait que j'pouvais rien faire pour le moment, juste me rendormir peut-être. Mais bon, en même temps, il fallait que j'm'enfuisse.

Bon, ça n’était plus le moment de plaisanter apparemment. Aino semblait claire, il allait falloir farfouiller au fin fond de nos mémoires pour retrouver quelques bribes de la soirée d’hier. Je soupirais longuement, quelle prise de tête cette soirée, quelle emmerdeuse cette fille. J’avais le don pour m’attirer des ennuis finalement, de m’accrocher aux mauvaises personnes. C’était dommage que l’on gâche tout comme ça, la dernière fois que j’étais allée dans son bar, on s’entendait presque bien. « Oh ça va, t’es aussi coupable que moi je te signale » Je levais les yeux au ciel, agacée par ce ton condescendant qu’elle prenait avec moi. Si elle était comme ça avec tout le monde, elle ne devait vraiment pas avoir beaucoup d’amis. Ca la tuerait, un peu de gentillesse ?
Pas de tentation. Ok, voilà qu’elle réduisait à néant ce qu’il me restait d’espoir. Au final, ça m’était égal maintenant. Cette fille avait mauvais fond, une vraie diablesse. Je ne voulais plus être avec une fille comme ça. Je n’avais même pas envie de répondre à ça. Je finissais quand même par soupirer « C’est bon, c’était pour détendre l’atmosphère… » Autant le dire, la serveuse était beaucoup plus tendue que moi en ce moment. Fallait dire, elle n’était pas chez elle, ça avait du beaucoup la perturber à son réveil. Elle me demandait l’heure. Mon portable se trouvant sur la table de nuit, je le saisissais, allumant l’écran. Je lui lançais un bref regard avant d’annoncer. « Onze heures. Déjà. » Je savais pas trop si elle avait quelque chose de prévu, mais vu l’heure, elle avait intérêt à vite retrouver ses fringues. En fait, il valait mieux que je les retrouve moi même. Sans rien ajouter, je sortais du lit afin d’aller faire un tour dans le salon. Tiens, y avait mon tee shirt près de la table basse, et ses fringues sur le canapé. Y avait même une bouteille de champagne sur la table. Qu’est ce que c’était que ce cirque? Une véritable énigme, un vrai scénario de film. Prenant ses fringues, je retournais dans la chambre, lui lançant alors ses vêtements. « Ils étaient sur le canapé. Tu devrais venir voir dans le salon… » Peut-être qu’à la vue de la bouteille de champagne, tout lui reviendrait en mémoire. De mon côté, j’étais encore perdue.

Pas faux, j'étais aussi dans le coup. Mais moi, je n'avais pas essayé de la draguer auparavant, alors je pense que j'avais le droit de me plaindre, même si ça ne lui plaisait pas. « Ouais, ouais, d'accord. » Je voulais que ce soit juste un simple cauchemar, je pouvais essayer de me rendormir et me réveiller une nouvelle fois. Mais je pense que ça n'allait pas marcher, merde. Je fronçais ensuite les sourcils quand elle me parlait de tentation, mais moi je savais que je ne ressentais rien pour les femmes, je n'avais pas envie de coucher avec elles, je n'avais envie de rien avec personne de toute manière. Et maintenant, j'avais bien peur qu'une fois bourrée je me mette à changer de bord et découvrir qu'une partie de moi est plus lesbienne qu'autre chose. Pas que ce soit une mauvaise chose, pour les autres ça allaient, mais pour moi. Je ne pouvais pas me dire ça après plus de vingt-sept ans, c'était impossible. Je ne trouvais rien aux femmes, elles m'agaçaient toutes. Voilà. Je secouais la tête, lui crachant que je ne voulais rien avec elle parce qu'il n'y avait pas de tentation, je ne pensais pas à si ça pouvait lui faire du mal au non, parce que j'avais bien d'autres choses à penser sur l'instant. « Ce n'était pas très drôle. Faut trouver autre chose ... avec moi surtout. » Et ce n'était pas une tâche simple de me faire rire, déjà me décrocher un sourire, c'est compliqué. J'voudrais bien être gentille avec elle, elle avait bien démarrée au bar, même si elle avait cherché à me draguer et qu'elle s'était foiré, j'ne la trouvais pas méchante, c'était plutôt rare. Mais maintenant, ça, ça gâchait tout. Et j'n'arrivais pas à poser mon regard sur elle en me disant qu'elle était innocente, c'est ça qu'elle voulait depuis le début, même s'il ne s'était sans doute rien passé. Je demandais l'heure, il fallait que je rentre chez moi ou que j'aille au boulot. Je ne sais plus. « Onze heures ... oh merde. » Je m'affalais de nouveau, le regard perdu dans le plafond puis je tournais la tête vers Siam. Elle finissait par se lever et alors je remerciais mentalement le ciel pour qu'elle se casse, qu'elle me laisse un peu seule, ça n'allait qu'être que mieux. Je me levais à mon tour, passant mes mains sur mes visages avant de tourner le regard, elle qui rentrait de nouveau, me jetant mes vêtements. Ils étaient où ? Bon dieu. Sans attendre une seconde de plus, j'enfilais mon jean et mon t-shirt. Le canapé, hein. C'est déjà mieux qu'éparpiller partout ... non ? J'préfère pas y penser. « Ah ? » Une fois inquiète, je ne voulais pas voir ce qu'il y avait dans le salon, ça non. Je ne voulais rien voir de plus avec cette femme, je voulais juste me barrer. Mais c'était certain qu'on devait passer par le salon pour s'enfuir par ici. C'était comme ça dans tous les cauchemars, et encore une fois, on était en plein dedans. Je sortais de la chambre doucement puis j'avançais jusqu'au salon où j'essayais d'identifier mieux les choses. « Oh merde, tu m'as sortie le grand jeu en plus. » Elle avait prévue ça ? Qu'elle me ramène chez elle ? Et après elle osait dire que j'étais coupable ! « ... Si j'ai payée ça avec mes sous, tu me rembourses la moitié. » J'avais déjà pas de sous, alors si je me mettais à payer du champagne aux demoiselles, ça n'allait pas tenir.

Je soupirais à nouveau. Définitivement, le courant passerait jamais entre elle et moi. Elle était un peu frigide tout de même. Personnellement, j’avais un peu dédramatisé la situation. J’étais sure qu’il ne s’était rien passé. Enfin, quasiment sure. « Tu sais pas rire t’façon » Lançais-je d’un ton calme mais irrité. Elle méritait des baffes cette nana. Si c’était pour être désagréable, elle pouvait se tirer. Elle était chez moi après tout. Surtout que l’heure semblait pas trop lui plaire. Pendant qu’elle restait allongée sur mon lit, j’étais allée chercher ses fringues pour lui faire plaisir. Puis elle partirait plus facilement comme ça. Parce que là j’avais plus trop envie de la voir. Rien que son minois m’agaçait. Une fois rhabillée, elle m’avait suivie au salon ou elle avait pu apercevoir avec horreur cette bouteille de champagne. Elle disait que je lui avais sorti le grand jeu et je réprimais une mine dégoutée. Elle s’emballait un peu là, même amoureuse j’aurais jamais fait un truc pareil. « Redescend de ton nuage, c’est pas moi qui ait fait ça. » J’observais la table, la bouteille, me demandant ou étaient passés les verres. J’avais l’impression qu’il n’y en avait pas. Etonnant. Boire à la bouteille ça me paraissait un peu dégeulasse, surtout du champagne. C’était le genre de boisson chic qui se buvait dans une petite coupe bien bourge et digne des soirées mondaines. Voilà que mademoiselle me réclamait des sous. Elle délirait complètement ou quoi ? « Euh, j’ai horreur du champagne, j’vois pas pourquoi je rembourserais un truc que t’as bu toute seule. » C’était vrai en plus, j’étais toujours la seule idiote à ne pas vouloir d’un verre de champagne au nouvel an. J’y pouvais rien, cette boisson me faisait horreur, j’aimais pas son gout. Elle avait peut-être ramené ça de son bar, ou alors c’était à ma coloc. Mais moi, j’avais pas acheté ça, c’était sur et certain. Elle pensait que je roulais sur l’or ou quoi? Elle aurait pas mes sous cette arnaqueuse. Elle pouvait se tirer d’ici, en tout cas une chose était sure : elle me reverrait plus jamais dans son bar. Hors de question que je remette les pieds ou bossait une serveuse aussi méchante et méprisante qu’elle.

« Je ris quand c'est drôle. » Et j'avais un humour certain, c'est vrai, mais de là à dire que je ne riais jamais, c'était faux ; Je pouvais très bien rire mentalement aussi, je n'aimais pas sourire, c'était une perte de temps. Ça ne me rendait pas plus joli pour autant, comme disait ma mère et un peu toutes ces personnes autour de moi. Je n'aime pas montrer ce que je ressens, ce n'est pas une femme qui sort tout droit de mon bar et qui m'a traîné jusque dans son pieu qui allait me faire changer ma façon de penser. Au contraire, elle la torturait trop, je ne savais plus ce que j'avais fait, ce que j'avais pensé en acceptant de traîner mes pieds ici, c'était la pire erreur que j'avais pu faire. Ça ne m'aurait pas dérangé si je savais que je rentrais de soirée, que c'était simplement une pote qui m'avait proposé son toit pour décuver, une pote avec qui j'aurais pu rester un peu dans la journée histoire de ne pas montrer de signe à mes colocs. Non, elle, c'était une femme qui m'avait clairement fait des avances la première fois que l'on s'était vu et même si je détestais ça, quand une femme essayait de m'approcher, j'avais bien accepté de bien lui parler la seconde fois, je ne l'avais pas envoyé chier. C'était sans doute là, l'erreur. J'aurais peut-être dû l'esquiver, prétendre ne pas l'avoir vu. Mais je n'étais pas une gamine qui se cachait de son amour de classe, d'ailleurs, elle n'était pas un amour du tout cette femme, j'essayais juste de la fuir le plus proprement possible, mais voilà où ça me menait. Dans une salle avec du champagne et des verres qui jonchaient sur le sol. Quel désastre. « C'est ma baraque peut-être ? Tu crois que j't'aurais organisé un truc romantique ou quoi !? Alors, c'est toi qui redescend de ton nuage avant d'essayer de rejeter les fautes sur ma gueule. » Elle était où la sortie, au juste ? Je zieutais un peu toute la pièce avant de capter que j'avais peut-être dépensée cette bouteille pour … moi. Elle. Merde. « Oh bah tiens. Tu crois que moi j'peux boire cette merde ? Ça m'tente pas, c'est un truc de riche. Tout l'inverse de moi. » Je bougeais mes yeux ailleurs, pour ne pas voir les déchets de ce que j'avais peut-être acheté, pour ne pas croiser son regard non plus, à elle. « Et dans un contexte où j'voudrais t'avoir à mes pieds, j'aurais même pas déboursé ça pour toi. » En fait, je n'étais pas du tout une bonne personne pour quelqu'un et je détestais dépenser l'argent pour les autres en sachant que j'avais toujours qu'à peine quelques dollars dans mes poches. « Putain, j'espère que c'est un truc de tes colocs. » Je passais une main légère dans mes cheveux en passant bien sur mon front.

Elle pensait avoir réponse à tout en plus, c’était détestable. Je ne savais même pas comment une personne pareille avait pu me plaire. Elle était pas désagréable à regarder, mais son caractère immonde balayait largement les beaux traits de son visage. Je levais les yeux au ciel tandis qu’elle continuait à s’énerver, voire même s’acharner sur moi. A croire que j’étais la seule fautive dans l’histoire. A croire qu’elle était un petit ange. C’était facile de se poser directement en victime alors que nous avions toutes les deux un trou de mémoire. Le pire, c’était qu’elle s’imaginait des scénarios sans queue ni tête. Elle, m’organiser un truc romantique ? L’idée était à gerber. J’avais horreur du romantisme. « Non mais j’ai jamais sous entendu que tu m’avais organisé quoi que ce soit. Arrête d’inventer. » Mon hypothèse était plus plausible : On avait trop bu à son bar. On était venues chez moi, surement suite à une conversation qui n’avait aucun sens. J’ai dû sortir la seule bouteille d’alcool que j’ai pu trouver dans mon placard, on l’a bu toutes les deux, et on est allées se coucher. En se mettant plus ou moins à l’aise, c’est à dire en perdant quelques habits du chemin du salon jusqu’à ma chambre. Rien de plus. Le champagne, un truc de riche ? Bof. C’était un peu l’alcool que l’on sortait à la moindre occasion, mais bon. « T’as cru que je roulais sur l’or? Je suis vétérinaire je te rappelle ! » Je n’avais pas un salaire de ministre, qu’elle se le foute dans le crâne. Bon, tout ça avait assez duré. Je ne supportais plus de la voir ici, et je supposais qu’elle souhaitait pas rester déjeuner non plus. « Tu sais quoi? Tu devrais partir. T’as récupéré toutes tes affaires maintenant. T’as plus de raison de rester. » Un sourire quasiment hypocrite s’afficha sur mon visage alors que je regardais vers la porte d’entrée. « La sortie est par là. On a qu’à oublier tout ça. Il ne s’est rien passé de toute façon. » et j’insistais bien sur le ‘rien’. Car plus jamais, ô grand jamais je ne voulais avoir affaire à elle.

Elle s'imaginait que sur un coup de tête je lui aurais ramenée l'équivalent de mon salaire dans la main. Jamais je ne voudrais d'un truc entre une fille et moi, jamais je ne voudrais de quelque chose entre quelqu'un et moi à vrai dire. Siam, je ne voulais plus la voir, du moins, je voulais seulement la taquiner au bar. C'était ça le deal, je l'emmerdais et elle payait mes boissons. Rien de plus. Je tournais mes yeux vers elle, me demandant ce que l'instant d'une soirée j'aurais pu lui trouver. Peut-être que j'avais hallucinée. Mais ce n'était pas qu'une petite hallucination avec ça. Je soupirais quand elle me disait son boulot, du moins me le rappelait, parce que je m'en souvenais bien. C'était une fan d'animaux celle-là, je ne vois pas ce qu'on avait en commun en fait. Mit à part le fait qu'on semblait toutes les deux se bourrer jusqu'à ne plus savoir ce qu'il s'était passé la veille. Mais ça ne m'arrivait pas souvent, enfin, moins souvent qu'avant en tout cas. J'm'étais promise de changer un minimum ça pour mon arrivée dans cette ville. Putain. C'est vraiment un cauchemar de ne se souvenir de rien, même pas d'un bout de soirée. Je voudrais juste savoir comment j'étais avant de rentrer ici, à quoi je pensais. Je ne connaissais même pas son adresse, comment c'est possible. « J'crois que véto ça paye plus que barman. » C'est pas comme si je me faisais une demi-tonne de pourboire. Et tout ce que je gagnais, je faisais attention pour ne pas tout dépenser dans de la merde et malheureusement, c'était ce que je voyais devant moi, une erreur, un échec. De l'argent jeter par la fenêtre pour une personne que je n'affectionne même pas un minimum. « Ouais, partir, c’est le mieux à faire. » Si je retrouvais quelque chose qui indiquait que mon fric s’était envolé pour des bouteilles de merde, elle allait sans doute me revoir plus vite qu’elle le voudrait. « J’espère bien qu’il s’est rien passé. Pitié. » Je tournais mes talons en levant les yeux au ciel. « Salut, Siam. » Je m’avançais puis claquait la porte derrière moi, l’idée d’avoir pu faire quelque chose avec elle me dégoûtait. J’suis à deux cents pourcent certaine que je n’ai rien avoir avec les femmes. C’est pas pour elle que je changerais.