What about now? (Siaino)

J'avais ma valise dans une main, mes billets de train dans l'autre. Allé direct pour Canberra, dans quatre heures. Retour dans ma ville natale, retour dans la maison de mon frère. Une seule chose pourrait me faire changer d'avis, me faire rester : elle. Celle qui depuis des mois, des années hantait mes pensées. Une véritable obsession, développée après quelques piques lâchées vulgairement dans le bar dans lequel elle travaillait à l'époque. Aino Eklund. Cette blonde splendide qui avait été mienne quelques nuits, mais seulement physiquement. Parce que mentalement, elle ne ressent pas ce que moi je ressens. Aino est hétérosexuelle, ou peut-être hétéro curieuse, mais je ne l'attire pas. Deux semaines ensemble ou je ne l'avais pas sentie connectée comme elle le devrait. Elle avait partagé mes draps pour essayer, pour s'amuser, peut-être même pour de jouer de moi. Mais elle ne m'aimait pas.  Et ça me brisait le coeur.
Alors, billet de train dans une main, valise dans l'autre, je frappais à sa porte. Elle ouvrit. "Salut... Il faut que l'on parle je crois." Je tentais de garder mes émotions pour le moment. "Je compte repartir dans ma  ville natale. Et en fait... La seule chose qui pourrait me retenir, c'est toi. Uniquement toi."

Aino se levait de son fauteuil pour aller ouvrir la porte. Elle n'était pas le genre de personne à attendre la visite des gens parce que la solitude pendant ses journées de repos, c'est ce qu'elle avait de mieux. Dans l'encadrement Siam, ses yeux verts, tous les détails qui lui sautaient au visage lui rappelant que pendant deux semaines, elle s'était essayée à quelque chose de différent. Qu'elle avait décidée de faire ça avec elle alors que ça faisait des années qu'elles semblaient se fuir. Deux semaines bien trop étrange qui avait mené Aino à l'écarter de sa mémoire, de toute façon, qu'elles le veulent ou non, elles finiraient toujours par se revoir. Et la blonde est loin d'aimer les changements dans sa vie, d'assumer qu'après des années d'existence, ce qui lui convenait c'était les femmes. Ses yeux se baissaient vers sa valise, la main où elle tenait des tickets. « Salut ... » Elle relevait les yeux, les plantant dans ceux de Siam. « J'peux savoir ce qui te pousse à partir ? » Puis elle détestait le fait d'être la seule chose qui la retenait, elle se sentait comme une tortionnaire si elle essayait de la retenir. Peut-être bien qu'il fallait aller dans l'autre sens, pour qu'elle se rende compte qu'elle disait n'importe quoi. « J'crois pas être une bonne excuse pour rester à Bowen. » Ça semblait froid, ça semblait vouloir dire qu'elle devait partir au loin, mais si elle faisait ça, c'était certain que maintenant, ça aurait la dernière qu'elle qu'elle verrait Siam.

Elle était froide. Pas de grandes salutations, pas de sourire, rien. Cela confirmait bien mes doutes. Je sentis des frissons me parcourir le dos, et mes poils se hérissaient sur mes bras : ça y est, j’étais à nouveau paralysée par la peur. Elle me demandait ce qui me poussait à partir. Erreur, il fallait plutôt demander ce qui me poussait à rester. Il n’y avait plus rien pour moi à Bowen. J’avais foiré mes concours pour entrer dans la police, j’avais été alcoolique pendant un temps ce qui avait fait que j’avais perdu mon travail. Heureusement que j’avais des économies de côté et un frère aimant qui m’envoyait un peu d’argent chaque mois. En soi, j’étais une vraie loque capable de rien. « Rien ne me pousse à rester. J’pense qu’il serait mieux que je retrouve mon frère. » Annonçais-je en espérant provoquer chez elle une réaction. Elle ne pensait pas être une bonne excuse pour que je reste. Je baissais les yeux, comme quoi, notre histoire ne rimait vraiment à rien. « Très bien, bon, alors je pense que l’on a plus rien à se dire… » Je sentais mes mains trembler, alors je serrais ma valise plus fort afin qu’elle ne le perçoive pas. Je lui tournais le dos, commençant à m’éloigner, avant de me raviser. « En fait, je ne peux pas rester ici, attendant indéfiniment que tu m’aimes un jour. Parce que ça n’arrivera jamais, et je le sais. Mais moi je t’aime, Aino Eklund, je t’aime vraiment. » Et voilà que les larmes me montaient aux yeux. Quelle conne j’étais.

Elle fronçait les sourcils. Elle avait un boulot ici, son frère pouvait se déplacer. Alors non, elle n'acceptait pas le fait qu'elle puisse s'en aller aussi facilement, surtout qu'elle ne connaissait pas vraiment la raison. Aino aussi, aimerait retourner à Perth avec tous ses anciens amis, même si ceux qu'elle s'était fait depuis son arrivée à Bowen étaient parfois incroyables. Mais fuir c'était trop facile, sa seule accroche ici c'était sa maison. Mais elle était la seule accroche de Siam et elle détestait ça. Parce qu'elle ne pouvait pas lui dire de rester et rien faire ensuite et pourtant, comme les autres années, ça n'avançait que doucement pour elle. « Tu vas me dire que tu n'as pas de potes ? Pas de boulot ? » La blonde finissait par lui dire que c'était un mauvais choix de rester ici juste pour elle, pour le moment. Mais elle ne voulait pas lui dire que si elle ne la verrait plus ça ferait tout aussi mal. Siam aimait Aino. Le verbe aimer de la barmaid ne voulait pas dire la même chose, parce qu'elle, elle n'arrivait pas à aimer, même si elle disait qu'un jour elle apprendrait, elle ne  savait pas à quoi ça ressemblait. Elle soufflait basculant sa tête en arrière. « Putain. » Sa main se perdait dans ses cheveux quelques secondes, puis elle redressait sa tête, saisissant de son regard celui de Siam. « T'étais obligée d'aimer la seule fille la plus indécise du monde ? » Elle lançait un rire, finissant par tourner les yeux. « Comment ça … ça n'arrivera jamais ? T'as cru que j'me foutais de ta gueule ? Et tu dis m'aimer alors que tu m'connais pas. » Dans le sens où, elle se permettait de dire des choses comme ça. Ce n'était pas parce qu'Aino ne montrait aucune marque d'affection qu'elle n'en pensait pas moi. Peut-être qu'elle mettait du temps à aimer contrairement à Siam, mais c'était pas volontaire. Elle ne pouvait pas contrôler ça et tout assumer en deux semaines.

D’autres raisons de rester ? Non il n’y en avait pas. Les potes ? Elle pensait réellement que c’était suffisant pour rester dans cette ville qui ne m’avait rien apporté de bon ? Ou bien ne faisait-elle aucun réel effort pour comprendre ? « Le cabinet acceptera pas de me reprendre, tu le sais bien. » J’avais passé mes concours pour la police, j’avais échoué et je m’étais mise à boire pendant un temps. Le cabinet de vétérinaire m’avait virée. « Les potes, c’est pas suffisant pour rester. » Je finissais par lâcher ma valise pour la poser. Aino se définissait comme indécise. Moi, je la voyais plutôt comme quelqu’un d’impulsif. « On est pas censé être indécis en amour Aino. » Et voilà qu’elle interprétait mal mes paroles, ne cherchant pas à en comprendre le réel sens. Je poussais un long soupir. Pourquoi tout était toujours trop compliqué avec Aino ? Pourquoi rien ne pouvait aller comme il le faudrait ? « J’ai jamais dit que tu te foutais de ma gueule ! Mais ça fait des années que l’on se connait. Si tu devais m’aimer, ça serait arrivé il y a bien longtemps. » Certes, je n’avais pas aimé Aino dès notre rencontre, mais elle m’intéressait. Et en apprenant à la connaitre, j’étais tombée amoureuse. Ca n’avait pas été son cas. Mais elle savait déjà tout de moi, je lui avais ouvert mon coeur. Alors, si elle ne m’aimait pas maintenant, elle ne m’aimerait jamais, cela me paraissait logique. « Je te connais plus que n’importe qui. » Je croisais les bras, osant enfin affronter son regard. « Donc… Voilà. J’y vais. »  

Elle avait perdu son job. Ça lui revenait en tête, elle se sentait un peu bête. Maintenant elle en était certaine, la seule chose sur laquelle Siam pouvait s'accrocher, c'était elle. « Ah ouais. » Pourtant, c'était une des choses qui me faisait rester, l'amitié. Elle avait beau être la pire des personnes pour certains, quand elle avait des amis, elle ne me foutait pas de leurs gueules. « Rappelle-moi depuis combien de temps tu es à Bowen ? » Depuis combien de temps elle aurait pu faire des accroches ici et que finalement c'était qu'Aino qui ressortait du lot. Et puis, elle était persuadée qu'elle partait sur un coup de tête. Elle n'avait juste pas les mots pour la faire rester comme elle avait pas les mots pour dire qu'elle ne tombait pas amoureuse dès le premier regard, qu'elle n'avait jamais réellement eut de coup de cœur, que ça se faisait avec le temps. Qu'il fallait peut-être qu'elle s'y fasse. Parce qu'elle y serait bien tombée amoureuse un jour, peut-être. À force de s'attacher à elle, mais en même temps, c'est Aino qui avait quelque peu décrété que c'était terminé parce qu'elle ne savait pas assumer. « T'sais que j'fonctionne pas comme les autres. » C'était sa seule excuse, le seul truc pour ne pas lui dire que ce n'était pas qu'elle ne pouvait pas assumer un jour de se balader un jour à côté d'elle, qu'elle ne pouvait pas dire à sa famille qu'un jour elle ramènerait une femme à la maison. C'était bien trop bizarre, ça sonnait trop mal. « Ça se serait passé y'a longtemps si je savais ce qui se passait dans ma tête, si j'étais certaine de ce que je suis. » Alors que non, est-ce que ce qu'elle ressentait pour Siam était un peu plus que de l'accroche ? Elle n'en savait rien. Et elle ne pouvait pas se décider en quelques minutes pour la retenir. « Visiblement. Oui. » Elle soufflait bruyamment, tournant les yeux.  « C’est vraiment ce que tu veux, partir ? »

Qu’est ce mon temps à Bowen avait à voir là dedans ? Comme si, après des années passées dans une ville, on était obligé d’y rester éternellement. « Six ans. Je vois pas ce que ça change. » Je croisais les bras, attendant qu’elle m’explique. Est ce que je partais sur un coup de tête ? Surement. Mais est ce que je le regretterais ? Sans doute pas. Lorsque la vie ne semble plus rien nous offrir, il faut savoir rebondir, prendre un nouveau départ. Je ne comprenais même pas qu’elle s’obstine à me poser des questions de la sorte. C’était peut-être ça, sa façon de me convaincre de rester finalement… Mais ça n’était pas suffisant. Je saluais tout de même l’effort, quelques années en arrière et Aino m’aurait simplement saluée en me claquant sa porte au nez. Il y avait du progrès. « Je le sais oui. » Aino était spéciale, différente. Mais peut-être que cela lui porterait préjudice un jour, j’espérais qu’elle s’en rendait compte. Mais voilà, Aino était perdue. Sur ce qu’elle était, sur ses sentiments… Elle passait sans doute à côté de beaucoup de choses à cause de ses interrogations. « J’espère qu’un jour tu sauras qui tu es. Et peut-être que ce jour là… » Je n’ajoutais rien de plus. Non, pas de faux semblants, pas de faux espoirs. Cela ne servait à rien. Aino soufflait, agacée de la situation. Elle ne se rendait même pas compte que j’étais celle qui souffrait le plus. J’avais le coeur brisé. « Je ne suis pas sure de ce que je veux vraiment. Ce que je sais, c’est qu’il n’y a plus rien pour moi ici. »

C'est vrai, six ans c'était long. Ce n'est qu'en l'entendant qu'elle se rendait compte qu'elle faisait traîner la chose sur plusieurs années, qu'elle, elle n'aurait jamais attendu six ans qu'une personne réponde à ses appels. D'un coup, elle se sentait cruelle de lui infliger ça, mais elle lui en voulait un peu de ne pas avoir cherché plus loin, des personnes autres que celles comme Aino qui ne croyaient pas forcément que l'amour pouvait exister pour eux. Aino, elle avait été déçue deux fois et après ça, elle avait cessé de croire que c'était pour elle, elle s'était habituée à sa solitude sentimentale parce qu'elle ne pouvait s'attacher à personne sur le long terme. Au final, elle était persuadée que si elle avouait à Siam qu'elle ressentait quelque chose même bien enfouie, dans quelques mois, elles finiront par se séparer et ne plus se revoir. À choisir entre être avec elle et prendre ce risque et juste rester faire attendre en sachant qu'elle serait toujours dans les parages, son choix était rapide. Mais elle était seule à penser comme ça, Siam, elle, elle voulait autre chose depuis bien longtemps. « Et ce jour-là, quoi ? Puisque j'pense que tu ne comptes pas prendre un billet pour le retour. » Et elle, elle tenait à sa maison, elle savait qu'elle finirait sans doute par déménager pour ses besoins, parce que c'est beaucoup trop grand pour une femme seule. Mais Siam ne fera pas marche arrière, elle en doutait fort. Une fois de retour dans sa ville, elle retrouverait quelqu'un, c'était certain. « Et si … » Elle ne savait pas comment tourner sa phrase, c'était bien trop bizarre pour elle. « Si je reste avec toi, qu'on officialise ou j'sais-pas-quoi. Tu feras quoi ici ? » Si elle n’avait plus rien à faire, elle ne voulait pas la voir s’asseoir sur un fauteuil, rester pendant dix heures dans la maison à rien foutre. Aino pourrait bien l’aider à retrouver du boulot, mais il fallait encore qu’elle ait envie de faire quelque chose. « Je ne veux pas que tu prennes ton train. »

Si je partais, j’espérais vraiment reprendre des bases me menant à une vie saine. Fini l’alcool, la déprime, le laisser aller. Et puis mon frère serait là pour m’aider. Il s’était assagi avec les années. Il avait arrêté de boire, de fumer n’importe quoi et il était même fiancé. Il avait largement mieux réussi que moi à ressortir la tête de l’eau. Aino n’avait pas tort. Si je partais, il y avait de grandes chances que je ne revienne pas. Même pas pour elle. J’avais beaucoup souffert dans notre semblant d’histoire. Je me demandais même pourquoi je continuais à m’accrocher ainsi. Ca ne rimait à rien. « Ouais… T’as raison. » Je baissais les yeux. Je ne sais pas ce qui me retenait encore ici. Aino semblait claire, me voir partir l’emmerdait, mais pas assez pour me convaincre de rester de la façon que j’attendais. Elle paraissait hésitante, et finit finalement par prononcer quelques mots, qui me redonnaient espoir. Rester avec moi ? Officialiser ? Pensait-elle réellement tout ça, en avait elle vraiment envie ? « Je… Je retrouverais un boulot. Pleins de refuges recherchent de l’aide. Avec mon diplôme j’ai beaucoup de chance qu’ils veuillent de moi. » Et puis, même si la clinique vétérinaire m’avait virée, je pouvais toujours postuler dans une autre. Il suffisait qu’ils fassent abstraction de mon précédent motif de licenciement. Aino ne voulait pas que je prenne mon train. Là, mon esprit divaguait complètement. Avais-je bien entendu ou étais-je dans un rêve ? Je posais mes sacs par terre, fourrant le billet dans la pochette du devant. Puis je m’approchais timidement. J’avais envie qu’elle répète et pourtant sa phrase tournait déjà en boucle dans ma tête, tel un disque rayé qu’on s’obstinait à réécouter. « C’est… Vraiment ce que tu veux ? » Je ne voulais pas la forcer. Je ne voulais pas qu’elle me voit comme une victime qui l’accusait de tous mes maux. La forcer à m’aimer serait trop cruel.

Si elle partait maintenant, qu'elle tournait les talons à cette ville. Elle ne s'y intéresserait plus, elle l'effacerait sans doute de sa mémoire, bientôt  Aino ne serait qu'un simple souvenir d'une personne bien trop indécise sur ses pensées. Et ça lui faisait peur à la blonde, de savoir qu'à chaque endroit où elle mettrait les pieds pendant ces prochaines années, il n'y aurait plus Siam, plus aucune chance de la voir. Même si avec le temps, elle passerait à autre-chose, difficilement. C'était comme si elle jouait avec elle depuis plus de six ans, s'en priver du jour au lendemain, en quelques minutes seulement, ça ne s'effaçait pas comme ça. Après tout,  Siam était la seule femme dont elle était possiblement attirée, jamais elle ne s'était intéressée à une autre, jamais elle ne le ferait. Alors, elle se lançait, se disant que si ça se passait comme ça dans sa tête que si c'était le bordel, c'est qu'il y avait une raison. Qu'au moins elle pouvait essayer de faire quelque chose avec Siam, parce que même si ses anciennes relations avaient été un carnage c'était que quelque chose clochait et que l'autre blonde pouvait faire disparaître ce problème. Officialiser. Dire à tout le monde qu'elle était avec une femme et que ça la dérangeait pas. Aino. Celle qui faisait croire aux gens qu'elle était homophobe quand une femme s'approchait trop près d'elle. Ça sonnait presque faux ce qu'elle racontait et pourtant elle voulait y croire au fond, que son cœur balançait pour elle. Quand Siam lui répondait à ce qu'elle comptait faire si elles se remettaient ensemble, Aino eut un léger sourire. C'était déjà beaucoup pour une personne qui ne souriait pas de base. « Ça fait beaucoup de projets basé sur une personne. » Tout ça, si la suédoise se lançait. Elle soufflait doucement en la regardant dans les yeux. Ses valises posées au sol la réconfortait un peu, peut-être qu’elle changeait d’avis finalement, peut-être qu’Aino lui avait donné de l’espoir, en espérant que ce ne soit pas un faux. « Oui. » Elle s’approchait doucement de Siam avant de lui déposer un baiser. Elle reproduisait la même scène qui lui donnerait envie de vomir dans les films romantiques. Elle déliait rapidement ses lèvres de celles de la blonde. « Reste et fait tout ce que tu viens de dire. Histoire que tu ne regrettes pas d’être restée, un jour. »

Et comme d’habitude, Aino m’embrouillait autant qu’elle ne m’ensorcelait. J’étais du genre à savoir ce que je voulais, mais je n’osais que rarement me lancer. Aino, c’était tout l’inverse. Elle soufflait le chaud, le froid, le tiède, elle ne savait pas. Et cela faisait six ans que nous jouions à ce jeu d’amour haine, l’amour de mon côté et la haine surtout du sien. J’avais beau vouloir partir, il m’en faudrait du temps pour l’oublier, cette fille. Une de mes premières rencontres à Bowen, et une rencontre marquante. Alors même si je partais et que je rencontrais de nouvelles personnes… J’étais persuadée de ne jamais retrouver quelqu’un comme elle. Mon frère me prendrait pour une dingue à me voir m’accrocher comme ça. Mais les sentiments, ça se contrôle pas. « Je sais que ça fait beaucoup » Lançais-je en haussant les épaules. Puis elle plantait son regard dans le mien, sans que je ne sache trop ce qu’elle tentait de dire. Oui, prononça t’elle finalement. Mon coeur manqua quasiment un battement. Pire encore lorsqu’elle s’approcher pour m’embrasser. Mon coeur s’emballait tandis que je touchais le paradis. Une fois séparées, quelques secondes s’écoulèrent sans qu’on ne dise rien. « Promis. » Annonçais-je finalement, le sourire ne quittant pas mes lèvres. J’allais foutre ce billet de train à la poubelle, appeler mon frère pour lui annoncer ce changement de programme. Il allait sans doute se poser mille et une questions, mais je ne révèlerais rien pour le moment. Je forcerais pas non plus Aino à ce qu’on se fasse des restos en tête à tête, en mode diner aux chandelles. On prendrait notre temps, histoire que cela fonctionne cette fois. On allait recommencer, en mieux, j’étais sure que c’était possible pour nous deux.