Sur les traces de la spiritualité (pv Arthur Morricone)

Il était arrivé très tôt à l’aéroport, il les aimait bien en réalité. C’était grand, rempli de monde et il y avait un fourmillement excitant. Il aimait aussi, comme dans les gares, le fait que tous les moments qui y étaient vécus simultanément étaient des moments de passages, de transitions, des moments éphémères dans un environnement qui lui demeurait immobile et constant.  De toute façon, il était responsable d’aller récupérer les billets. Il n’avait, lui non plus, pas amené beaucoup de bagages. Ils ne partaient pas si longtemps après tout. Toutefois, ses vêtements étaient beaucoup plus décontractés que d’habitude : jeans, chemise de couleur au col ouvert, le premier bouton relâché, Van’s. Pas besoin de cravate et de souliers en cuir ciré pour aller dans une cérémonie d’une des Premières Nations.

Le vol allait être extrêmement long, ses jeux vidéo, ses bandes dessinés et une tonne de films dans son ordinateur traînaient tout proche dans son le sac qu’il emporterait avec lui. Il était toujours énervé de prendre l’avion, même s’il l’avait pris très souvent dans sa vie. Il sautillait presque sur ses pieds en attendant dans la file. Et il pensait à Haley. Ils n’avaient pas beaucoup parlé elle et lui dans le chemin entre le café et sa maison…ils étaient supposés faire connaissance, mais cette tension palpable qui s’interposait entre eux les empêchait de converser comme deux être humains normaux. C’était assez incroyable. Il pensait aussi à la façon dont elle l’avait embrassé avant de sortir du véhicule. «Et puis merde» qu’elle avait dit. Il sourit en se le rappelant. Il avait été bien d’accord sur le moment.  Ce soir là se rappeler ce baiser l’avait assez occupé pour qu’il réussisse à trouver le sommeil. Les femmes… le meilleure narcotique finalement.  

Il attendait donc Haley, un café à la main. Ce qui le rendait le plus nerveux de ce vol de 22 heures était le fait de ne pas pouvoir fumer. Il regarda sa montre. Elle n’allait probablement pas tarder. Il se balançait doucement, transférant alternativement son poids entre ses talons et la pointe de ses pieds. Il se demandait à quoi allait ressembler cette famille et dans quelle genre d’ambiance il allait débarquer. Il était un peu nerveux, mais d’un autre côté, il ne pouvait rien y changer maintenant. Il allait devoir s’adapter à ce qui se trouverait devant lui….et se tenir. Il dût arrêter son mouvement de balan, ses côtes lui rappelant qu’il ne pouvait se permettre la même mobilité de mouvement qu’à l’habitude. Il avait été chanceux que cette automobile ne se soit pas déplacée plus vite. Quelques lésions aux côtes et un grand bandage sur l’avant-bras qui s’était éraflé sur quelques mètres témoignaient des principales douleurs qui demeuraient. Il était absorbé par ses pensées, se demandant à quoi ressemblait la famille d’Haley, quand cette dernière s’approcha. Il sursauta.

- Bonjour ! J'espère que tu es prêt à faire 22 heures d'avion ?! Crois moi le voyage risque d'en valoir le coup !

Il l’avait revue à la soirée que Jake avait organisée, mais il était tout de même heureux de voir son visage.  

- Bonjour Haley!  

Il apprécia son énergie. Il lui rendit un grand sourire et s’approcha. Laissant reposer légèrement quelques doigts sur sa taille,  il glissa un baiser sur sa joue.

- Je me suis armé de tout ce qui faut pour survivre. Des bouchons entre autre, pour pas t’entendre, la taquina-t-il.

Il alla chercher les billets dans son sac et lui remis le sien.

- Il n’y a plus qu’à enregistrer nos bagages. Je vois que tu n’as pas amené beaucoup chose toi aussi.

Il jeta son carton de café à la poubelle et d’un geste leste attrapa sa valise. Ils marchèrent côte à côte jusqu’au comptoir et enregistrèrent rapidement les bagages.

Un fois le processus terminé, il ne restait plus qu’à attendre l’embarcation. Assis près de leur porte, Arthur finit par exploser, incapable de plus longtemps retenir son enthousiasme.

- Tes parents sont-ils toujours ensemble? Où allons-nous loger? C’est bien loin de l’aéoroport? Ça ressemble à quoi? Et quel est le but de la cérémonie? Est-ce qu‘il y aura beaucoup de monde? On va manger quoi? Tes parents s’appellent comment? Je sais même pas leur nom! Je veux pas avoir l’air impoli!

Il se cala sur le banc, grimaçant un peu sous le geste de son torse. Quel con il avait été cette soirée là. Il regarda Haley. Tout cela lui changeait les idées. Haley ignorait probablement à quel point elle l’aidait en ce moment.

- Oui mes parents sont toujours ensemble, mon père peut-être un peu froid surtout pendant cette période...Il a perdu ses parents il y a deux ans et il ne s'en remet toujours pas...Du coup ça lui arrive de noyer un peu son chagrin dans le vin, j'espère que tu ne lui en tiendra pas trop rigueur.

Arthur leva des yeux compréhensifs sur elle. Disons qu’en réalité il était très bien placé pour comprendre son père…il ne serait pas dans l’était où il était s’il avait réussit à gérer ses émotions sans tomber dans l’alcool.  Et le deuil, ça, il n’en parlerait même pas... Il était un peu soulagé quand elle lui dit que son père aurait à travailler. Il n’était pas naïf, pour cet homme il représenterait probablement une «menace». Il avait clairement la gueule d’un gars capable d’utiliser une position d’autorité pour chercher ce qu’il voulait chez une jeune fille innocente. Après…il aurait bien aimé pouvoir se convaincre du contraire, mais sa dernière rencontre avec Haley le faisait douter lui-même. Moins il aurait à côtoyer le bonhomme, mieux il se sentirait.

Sur une note moins stressante, il avait bien hâte de voir cette maison que l’étudiante lui décrivait. Il trouva son regard attendrissant. Il pensa alors à la maison de sa grand-mère en campagne italienne… Il sourit à Haley.

- J’ai vraiment hâte d’y être!

L’annonce de l’embarquement se fit entendre. Il appuya sur ses mains pour soulever son corps, tentant de ne pas trop faire bouger ses côtes. Il se sentait comme un petit vieux. Il appréhendait un peu  le trajet.

Elle lui décrit ensuite la cérémonie à laquelle ils allaient assister…Arthur était surpris. À cette période de l’année il se serait attendu à une fête des morts ou à un truc du genre, il trouvait ce rite de passage encore plus impressionnant et représentatif de son ignorance des mœurs de la tribu d’Haley. L’hôtesse les guida à leur siège. Il leva des yeux découragés sur le rangement supérieur. Il abandonna tout de suite l’idée de s’étirer pour y placer ses bagages. Il essaya plutôt, lamentablement, de les glisser sous siège devant le sien. Il y parvint avec beaucoup de peine et soupira de soulagement un fois assis.

Il regarda Haley en riant.

- Je me doutais bien que tu apprécierais. À vrai dire je suis plutôt jaloux! J’ai failli me le garder pour moi, lui-t-il d’un ton taquin.

On leur indiqua alors de boucler leur ceinture. Arthur garda un moment le silence. Il joua nerveusement avec le manche du siège. Il n’avait évidemment pas pu amener de cocaïne avec lui…il allait devoir faire une semaine sans…il essayait de faire attention à sa consommation même si de façon général il ne faisait que consommer de plus en plus. Certaines semaines il n’y touchait pas, mais l’idée de ne pas du tout en avoir la possibilité l’énervait. Il tourna la tête verre Haley observant la courbe de sa mâchoire et la façon donc quelques mèches de cheveux lui tombaient sur le côté de son visage. Il se demanda comment il ferait pour garder un minimum de professionnalisme tout le long du séjour… Il eut l’impression de l’avoir observer trop longtemps, il se racla la gorge et détourna le regard tandis que l’hôtesse leur expliquait les consignes de sécurités.

- Et toi? Tu as du faire la même chose? La cérémonie je parle..

Quoi? Arthur avait un léger déficit d'attention et les indications commençaient à l'ennuyer.

Arthur baissa les yeux sur son bras. Il attrapa son poignet et l’approcha pour  mieux voir la cicatrice dont elle parlait. Il pouvait d’ailleurs quand même bien la distinguer. Il passa son pouce sur la légère boursoufflure tandis qu’elle lui expliquait en quoi consistait plus exactement la pratique de la cérémonie. Il leva des yeux amusés en l’écoutant parler de drogues. Le sujet semblait la rendre relativement mal à l’aise. Il pinça les lèvres en relâchant son bras. Si elle savait…il allait donc devoir faire attention avec elle…
- Je n’ai pas de problème particulier avec ça, cela me fera plaisir de participer se contenta-il de répondre pour l’instant. Il n’était pas pour lui avouer que cela lui faisait carrément plaisir, surtout dans l’optique où la semaine lui allait lui paraître longue de ce point de vue là.

Il reporta son attention sur ce qui se passait du côté des hôtesses de l’air. Il ne s’était pas rendu pas compte de la façon dont il avait trituré l’accoudoir avant que la main d’Haley ne se glisse dans la sienne. Il tourna la tête vers elle tandis qu’elle lui lançait un sourire rassurant.

Arthur se sentait mal. Cette jeune femme était si douce et si gentille…et généreuse aussi. Elle était là à prendre soin d’à ce qu’il ne se sente pas trop mal, pensant sûrement que c’était le fait de voler qui le rendait ainsi, tandis que lui était là à s’énerver pour une histoire consommation... Cela lui donnait encore plus envi d’elle, mais  augmentait aussi son mal aise par rapport à ce sentiment qui le prenait. Dans sa situation actuelle…il  ne pouvait clairement pas se considérer comme quelque chose de sain pour Haley. Ce contraste entre cette jeune femme encore un peu candide et le mess qu’il était présentement ne pourrait créer rien de bon et bien qu’il le comprenait, quelque chose en lui savait que cette relation ne pourrait jamais demeurer platonique.

Elle observait à présent l’extérieur par le hublot. Il se pencha légèrement, jetant lui aussi un coup d’œil. Ils demeurèrent silencieux tout au long de la montée. Il est vrai qu’Haley avait réussi à le calmer et il se cala dans son siège fermant les yeux. Il les rouvrit une fois qu’Haley attrapa son téléphone. Il se détacha lui aussi et observa l’hôtesse  s’approcher.

- Bonjour ! Est-ce vous ou votre fille voulez boire quelque chose ?

S’il avait eu un café il l’aurait probablement recraché. C’était quoi cette blague. Ils n’avaient qu’environ une dizaine d’année de différence après tout... Il écarta les yeux, lui aussi tout de même assez amusé, et tourna un regard rieur vers Haley, question de voir sa réaction. Ce petit air mâlin qu’elle abordait ne le rassura pas. Elle commanda un cappuccino et lui doubla la commande. Elle se déplaça alors et se trouva à carrément le chevaucher.  Il réprima un rictus de douleur et profita plutôt du fait qu’elle se retrouvait assise sur lui, ses fesses contre ses cuisses. En plus, elle s’approcha de lui encore davantage, comme s’ils n’étaient pas déjà assez coincés.

Il hocha la tête lentement, le sourire au coin des lèvres. Il lui lança un regard faussement découragé et plutôt diverti à vrai dire tandis qu’elle l’appelait «papa» du ton le plus coquin possible. Il la fixa des yeux tandis qu’elle fouillait dans son sac. Il lui lançait un regard affectueux, mais réprobateur du genre : « tu n’as pas de sens»  et elle le lui rendait par un sourire montrant qu’elle était un peu fière de son coup.  Il tourna la tête vers l’hôtesse et lui lança un sourire de gamin. Celle-ci pour le coup ne semblait plus trop comprendre ce qui se passait.

- Vous pouvez me dire le film qui va passer mademoiselle…il baissa les yeux sur sa poitrine qu’elle avait quand même assez généreuse, mademoiselle Adams ?

Elle bafouilla le nom d’un film pour enfant. Arthur leva les yeux sur Haley qui ne s’était toujours par rassise.

- Tu as entendu ma coquine? Ils passent ton préféré.

Toujours de cet air taquin, il lui lança un large sourire du genre : si tu veux jouer, on va jouer à deux, mais Haley mit fin au quiproquo ce à quoi Arthur répondit par une petite moue alors qu’elle repassait sur lui pour regagner son siège.

Il regarda l’hôtesse partir dans l’allée et se retourna vers Haley.

- Je me serais amusé  plus longtemps moi avec mademoiselle Adams chuchota-il dans un rire.  

Son regard devint un peu plus sérieux, mais toujours malicieux au contact des lèvres d’Haley sur sa joue. Un sourire content se glissa sur sa bouche. Il soutint le regard qu’elle lui lança par dessus son livre.

- T’excuser? C’est elle qui devrait s’excuser. À croire que je suis déjà un vieillard.

Il se pencha en grimaçant et sortit de son sac un Lucky Luck. Il déposa une main sur son torse en se relevant.

- J’ai parlé trop vite, je suis vraiment un vieillard dit-il en éclatant de rire.

Une fois installé, c’est lui qui lui lança un regard en biais. Il lut quelques pages de sa BD, pris quelques gorgées de son cappuccino,  gigota un peu sur son siège, jeta un regard à Haley et continua ensuite à lire.  Il répéta son manège deux ou trois fois puis finit par déposer son menton sur la reliure du livre d’Haley, l’empêchant de poursuivre sa lecture. Son visage tout près du sien, il leva les yeux sur elle.

- Tu lis quooooi collaboratrice?

Oui, un vrai vieillard.

Arthur lui vola le livre des mains et le feuilleta en faisant de fausses grimaces horrifiées.

- Aucunes images! Mais comment fais-tu pour comprendre?

Il lui tira la langue et lui remit le livre dans les mains, reprenant peu à peu son sérieux. Pocahontas, hein? Il se rappelait très bien cette histoire d’amour produite par les studios Disney…Il y eut comme un étrange petit moment de silence entre eux, comme il y en avait déjà souvent eu et qu’il y en aurait encore souvent. Il lui sourit sans rien dire. C’est une des hôtesses de l’air qui brisa ce moment suspendu dans les airs. La luminosité avait définitivement baissée et l’ambiance générale à l’intérieur avait changée pour quelques choses de plus douillet, voir intime. Les passagers commençaient à étendre leurs effets et à s’approprier de plus en plus leur espace.

Arthur n’avait pas beaucoup d’appétit…pour plusieurs raisons probablement…Il avait d’ailleurs perdu un peu de poids, mais il préférait en ignorer les raisons et simplement outrepasser le problème. Une habitude qu’il semblait prendre pour de plus en plus de choses.  Il leva les yeux sur elle.

- Je ne prendrai rien, merci.

- Vous êtes certain? Cela serait dommage de ne pas avoir de raison de revenir passer vous voir…lui répondit-elle d’une voix mielleuse. Elle tira légèrement sur le bas du collet de sa chemise, comme pour le replacer, et le fixa du regard.

Arthur, qui avait déjà replongé ses yeux sur sa BD, demeura légèrement surpris de l’assurance de la jeune hôtesse. Il jeta un œil au col de sa chemise puis releva la tête, intrigué. Elle était plutôt belle, assez élancée, avec une large bouche qui lui donnait un sourire charmant et un joli nez retroussé.

- Dans ce cas je vous prendrai quelque chose à boire. Ça vous semble être une alternative raisonnable?

Haley se mit à remuer à côté de lui et à se racler la gorge. Il souleva légèrement son corps, reculant ses hanches à l’intérieur du banc pour lui laisser le plus d’espace possible pour passer. Elle lui sourit et s’éclipsa dans l’allée, probablement vers les toilettes.  L’idée que la situation ait pu la mettre mal à l’aise lui traversa l’esprit, puis il se dit ensuite qu’elle avait beau être plus jeune, qu’ils étaient toujours bien entre adultes. Il ne se posa pas trop de questions. Il reporta son attention sur, il lut son nom, Juliet McCord.

- Cette jeune femme qui vous accompagne…débuta-t-elle.

- Une collègue mais...

Elle eut l’air satisfaite et lui fit un grand sourire avant de lui couper la parole.

- Je me disais aussi! Elle semble un peu jeune…

Il se passa de commentaire et ils s’échangèrent ensuite quelques banalités, prénoms, occupations principales, ville de résidence…

- Écoute, je suis souvent sur les vols en direction de Bowen…

Elle se fit interpelée par une autre hôtesse. Elle griffonna alors sur un papier son numéro et le glissa subtilement sur sa cuisse avec un sourire entendu.

- Si jamais…Je vous amène votre whiskey dans quelques minutes.

Elle tourna les talons vers l’avant tandis qu’Haley arriva de par derrière. Ils recommencèrent leur manège afin qu’elle puisse regagner sa place. Elle avait mis ses écouteurs sur ses oreilles et Arthur n’osa pas briser sa bulle. Il s’apprêtait à recommencer pour la troisième fois sa page quand une silhouette s’arrêta à côté de son épaule. Il tourna la tête pour observer un gars au regard un peu étrange fixer sa voisine. Il ouvrait la bouche pour lui dire d’aller se faire voir quand il se sentit tiré vers le côté. Les lèvres d’Haley se retrouvèrent, encore une fois, sur les siennes. Arthur n’était pas dupe. Ce baiser servait à faire fuir le mec louche…mais pourquoi faire les choses à moitié? Il glissa sa main dans le coup d’Haley, prolongeant l’étreinte quelques secondes de plus que nécessaire. Une fois qu’elle reprit sa place, il jeta un œil sur l’allée. L’homme était parti, mais Juliet McCord le fixait du regard, outrée, sa boisson à la main.

Il reporta son attention sur Haley qui retirait ses écouteurs en s’excusant.

- Alors...Cette hôtesse de l'air...commença-t-elle.

L’hôtesse en question  s’approcha alors presqu’au même moment. Elle déposa un peu brusquement le verre en murmurant «une collègue ouais…» et repartit  aussi vite qu’elle était venue.

Arthur se pinça les lèvres, il sentait un fou rire monter en lui et ses épaules se secouèrent un peu.  Il jeta des yeux rieurs sur Haley. Il lui montra le papier avec le numéro de téléphone avant de le déchirer. Il dit en riant :

- Tu veux me mettre à dos toutes les hôtesses de la compagnie d’aviation ou quoi?

Il reprit quelques peu son sérieux en prenant une gorgée de son verre. Il tourna alors son corps vers elle en s’approchant. Silencieux, il fit glisser sa main le long de sa cuisse, la fit monter jusqu’à sa taille puis la passa sur son dos qu’il tira vers lui, rapprochant sa poitrine de la sienne.

- J’ai vraiment envi de t’embrasser là maintenant, il fit une pause, en fait non, reprit-il, j'ai comme toujours cette envie de t'embrasser et de te toucher depuis qu'on s'est rencontré en fait et je crois être capable de l’assumer ou du moins je vais essayer. Toi ça fait trois fois que tu le fais pour ensuite soit dire que tu es désolée, soit fuir en courant… Et si cette fois tu m’embrassais sans t’excuser ?

Il savait qu’il venait en quelques sorte de pointer l’éléphant dans la pièce qu’était leur jeune relation «professionnelle»…(ouais…on repassera). Il la regarda et plus elle prenait son temps pour réagir, plus un sourire se glissait sur ses lèvres qui avaient jusqu’alors repris leur sérieux. Ce sourire venait du fait qu’il la trouvait charmante tandis qu’il fixait les yeux expressifs d’Haley analyser la situation, peser les pours et les contres pour finalement abandonner le combat et se laisser aller. Il ferma ses paupières tandis qu’elle approchait ses lèvres des siennes. Cette fois-ci était légèrement différente. Pour la première fois, il sentait qu’elle avait baissé un peu sa garde. Doucement, il répondit aux mouvements de sa langue et instinctivement se rapprocha. Il se raidit légèrement, frissonnant un peu tandis qu’elle laissait glisser sa main sur son torse. Il resserra ses doigts autour de sa taille.

L’hôtesse vint les interrompre abruptement. Arthur se dégagea et quelques secondes plus tard, l’eau d’un verre se renversait sur la poitrine d’Haley. Il leva les yeux sur la fameuse Juliet. C’était quoi cette attitude de merde? Et Haley ne lui avait rien fait…pourquoi ce n’était pas lui qui se prenait un verre d’eau sur ses vêtements? Un peu abasourdi, il jeta un œil sur Haley guettant sa réaction qui fut loin d’être décevante.  Elle se leva d’un bond, le faisant sursauter, les yeux lever vers les deux femmes, il retint une exclamation en posant sa main devant sa bouche tandis que l’hôtesse se prenait le liquide à la figure.

«Oooooh, oooh ohoh, bien envoyé» rigola-t-il dans sa tête.

La main toujours devant sa bouche, il cachait un sourire qu’il avait du mal à réprimer tentant difficilement de garder un regard neutre. Comme si ce n’était pas assez, Haley fit un geste pour se déplacer dans le corridor. Il haussa les sourcils et se tassa de son chemin.

Tout au long de la scène, alors qu’Haley lui demandait de se remettre son attitude «où elle le pensait» finalement, et ce avec une certaine rage, il ne faisait que se rappeler les pensées qu’il avait eues plus tôt : «si douce et si gentille…» à vérifier finalement!

Les lèvres pincées, amusé, mais légèrement traumatisé, on va se le dire, il observa l’étudiante reprendre son siège, toujours bouillonnante. Il fixa ses moindres gestes de yeux, comme un enfant intrigué et excité ne pouvant attendre de voir la suite d’un truc marrant. Curieux de savoir si l’orage était passé…

Et elle se déshabilla carrément, le débardeur prenant sa sortie.

L’orage était encore là alors. Probablement quelques gars autour, et lui-même, reluquèrent la poitrine d’Haley dont le soutient–gorge apparent laissait voir les courbes.  Il mordit ses lèvres qu’il avait toujours pincées. La majorité des autres personnes avaient, par gêne, détournés les yeux avant qu’elle ne finisse, mais lui posa carrément la tête sur sa main, le coude déposé sur l’accoudoir, ses yeux alternant entre son corps et son visage rougit par la colère.  Elle finit pas se calmer. Et par être habillée à nouveau.  

Il rigola alors qu’elle parcourait son cou et sa bouche de ses lèvres. Il glissa une main sur sa taille, l’autre autour de sa nuque, puis romput le baiser.

- J’ai peur maintenant. Je pense que je vais demander à l’hôtesse Juliet de me changer de place, dit-il faiblement, son visage près du  sien.

Après avoir rit un peu à sa propre blague, il laissa tomber un petit soupire en baissant les yeux. Il prit un air pensif quelques secondes, se demandant quoi faire de cette situation. Il planta à nouveau son regard dans ses grands yeux de biche…La main qu’il avait déposé sur sa taille se faufila sous, la chemise, il laissa glisser ses doigts sur sa peau le long de du haut de sa hanche vers son dos…Il avait envi d’elle, ça c’était clair. Et il avait tout envie d’elle…mais lui connaissait cette sensation. Il se demandait plutôt comment Haley vivait tout cela. Cette histoire était une pente glissante pour eux deux. D’un point de vue professionnel c’était déjà gâché…il n’y avait que l’avenir qui allait pouvoir leur dire s’ils allaient être capable de concilier leur travail et ce désir latent. Émotionnellement, c’était une autre histoire. Il avait un peu peur de ce que cela pourrait donner. D’un autre côté…il l’ignorait et ce qui pourrait peut-être leur faire mal pourrait aussi leur faire du bien. Si peu choses réussissaient à lui faire sortir Deborah de la tête. Il s’y accrochait comme l'homme à la mer à sa bouée. Sa main s’arrêta le long des côtes d’Haley, près de la ligne de son soutien-gorge. Il lui donna un baiser plus vif et se dégagea. Il lui sourit.

- Tu es belle, dit-il simplement.

- Presque plus quand tu te fâches…tant que ce n’est pas contre moi.

Il lui lança un regard taquin. Il ne règlerait pas des questions existentielles dans cet avion. Il avait surtout envie de se laisser porter par ce courant agréable.

Il ouvrit sa bande-dessiné qu’il espérait enfin pouvoir finir sans se faire déranger. Haley mangea son repas tranquillement. Il tourna une, page, puis deux, puis trois et sans s’en rendre compte se laissa porter par le sommeil, son livre entre les mains.

C’est la voix d’un membre de l’équipage annonçant l’atterrissage imminent de l’appareil qui le sortit de son sommeil.

La descente de l’avion fut pénible. Ses côtes lui firent souffrir beaucoup et c’est le teint blême qu’il sortit de l’appareil. Haley ne tenait pas en place. Pour le coup, c’était elle qui pour une fois ressemblait à une enfant. Elle fut toutefois assez gentille pour l’aider avec ses bagages qu’ils trouvèrent sans encombre. Il se félicita encore une fois ne pas avoir amené une grande quantité d’effet. Ses yeux parcoururent le hall de l’aéroport tandis qu’ils se dirigeaient vers la sortie, toujours se frétillement sans fin. Bien qu’il soit de Los Angeles, l’accent américain qu’il pouvait déceler un peu partout autour d’eux le fit sentir chez lui. Il avait rien contre les australiens, mais il mentirait s’il disait qu’il n’avait pas eut à s’adapter et les entendre parler ainsi à chaque jour avec ce drôle d’accent qui rappelait celui des européens. Il n’avait toutefois jamais mis les pieds au Colorado.  

Un chauffeur les attendait et bien qu’Arthur n’en demandait pas autant, il en fut soulagé. Ses médicaments étaient dans le fond de son sac et il devait bien se l’avouer, ils étaient là seule chose à laquelle il pensait pour le moment. Il remercia d’un hochement le tête l’homme qui installa leur valise et sa cala dans le fond de son siège. Il commença un geste pour mettre sa ceinture, grimaça, puis se résigna ne supportant aucune forme de pression sur son torse. Il abandonna le projet et tourna la tête vers l’extérieur ne souhaitant ne rien manqué de ce paysage qu’il ne connaissait pas. Bien qu’il ait dormi dans l’avion, une fatigue accumulée montait en lui…habituellement il réprimait ce moment là avec une dose de cocaïne et continuait sa journée…Il ferma les yeux et sa tête dodelina rapidement sur le cuire de la voiture. Le bruit monotone du moteur ne l’aidant pas non plus. Le cri de l’oiseau le sortit toutefois de sa torpeur et il se pencha pour essayer de le voir….mauvaise idée…

- Aaaaaaah et merde.

Il se replaça droit…les yeux humides. Par chance, la maison d’Haley apparaissait au tournant. C’était une très belle et très grande maison…on y sentait simplement en la regardant tout l’amour et l’effort qu’elle possédait et transcendait. Haley, dans une excitation qu’il comprenait se rua vers sa mère. Un homme (son père?), lui remis quelques chose dans les mains qu’il ne distingua pas. Ayant du mal à bouger, il attrapa le bras qu’Haley lui tendait. La nature tout autour qui les entouraient était apaisante. Il s’approcha de la mère de l’étudiante.  C’était une femme magnifique, Haley avait définitivement héritée de ses yeux. Le regard posés sur son visage, il ne se lassait pas de la regarder, il lui rendit son sourire.

- Merci beaucoup…je n’ai aucune inquiétude, Haley m’a dit comment sa tribu savait se montrer accueillante. C’est moi qui espère ne pas trop être dans les pattes.

Le chef, River, s’il avait bien comprit, s’avança à son tour. Ils se donnèrent une poignée de main ferme. L’homme était grand et droit, toutefois moins intimidant que ce qu’on l’aime s’imaginer des chefs indiens tels que présentés dans une bande dessinée…Quoiqu’il ne les ait pas encore vu dans leurs habits traditionnels.

- Bonjour…

- Les blessures physiques sont moins graves que celles de l'âme...Soyez patient, elles finiront par guérir mais, pour cela, il faudra prendre sur vous et apprendre à accepter votre peine.

Celle-là toutefois, il ne s’y attendait pas…Arthur le regarda dans les yeux. Il ouvrit la bouche comme pour répondre, mais aucun son ne sortit…Comment…pourquoi? La capacité de perception que cet homme avait déstabilisa le cinéaste. Si on lui en sortait d’autres comme celles-là, il se mettrait bientôt à croire aux histoires de fantômes et d’esprits en sortant d’ici… Mille et une question lui traversèrent la tête, mais il sentait que ce serait probablement inapproprié de les posées tout de suite….ou tout court.

Il fronça les sourcils…une autre partie de lui ne pouvait s’empêcher de se sentir infiltré dans son intimité, mais il voyait bien que les intentions de River n’étaient pas mauvaises.

- J’essaierai de repenser à vos paroles…finit-il par répondre simplement, sans chercher d’excuses ou sans tenter de montrer qu’elles avaient pu être inappropriées à sa situation. Il évita toutefois le regard d’Haley en baissant les yeux, se demandant si elle allait lui en reparler. Il n’allait pas pouvoir éviter ce sujet éternellement…mais il préférait encore répondre à des tonnes de question que d’entamer lui-même la conversation. Il pensa au soir de l’accident…ça lui avait pris un dizaine de verres de whiskey et une légère commotion cérébrale pour qu’il en parle à Aino…Les conseils de ce River étaient, au final, loin d’être hors de propos.

Il accepta avec grâce l’amulette, dont au final il ne comprenait pas la signification, mais copia tout simplement le comportement d’Haley. La mère de la jeune femme s’éloigna. Donc, son père n’était toujours pas à la maison. Arthur était légèrement soulagé. Il avait besoin de se reposer…

Ils entrèrent dans la maison. Haley était rayonnante et Arthur ne put réprimer un sourire. Il laissa aller ses yeux sur chaque pièce…la maison était vieille et possédait ce charme contradictoire, à la fois intime et majestueux, que seul le bois peut réellement produire. Ils montèrent à l’étage. Arthur hocha la tête à plusieurs reprises alors qu’il l’écoutait d’une oreille distraite, trop occupé à admirer la vue qu’il avait à travers la grande fenêtre…il se tourna vers Haley, souriant et dit dans un souffle.

- Tout est magnifique ici…c’est…serein. Merci…je vais m’installer tranquillement. Dès qu'elle quitta la pièce, il se jeta sur le lit, les yeux perdus au plafond. Il entendait au loin l’eau de la douche d’Haley couler….il devrait se bouger se dit-il….mais son corps était si bien là…étendu dans le moelleux du matelas…

Avec difficulté, il se releva. Il fouilla dans le fond de sa valise et en extirpa les comprimés d’antidouleur qu’il avala rapidement. Il se dirigea vers la salle de bain. Il demeura longtemps sous l’eau chaude de la douche se refusant de sortir de cette bulle de chaleur…mais le temps passait et après s’être laver les cheveux deux fois et savonner plus que nécessaire, il dut se résigner à sortir. Il s’essuya et enfila un pantalon…il regarda le bandage sur son bras….il avait oublié (enfin…pas prit le temps) de le changer depuis...
Il hésitait.
Mauvais signe…probablement trop longtemps cela voulait dire…Il déroula le tissu de pansement blanc en faisant des «iiiiiish» de douleur…l’aspect s’était empiré…merde. Il tenta de tout nettoyer du mieux qu’il pouvait et rouvrit une plaie. Il sacra. Il fit par appliquer les produits nécessaires et changement le pansement abandonnant un peu. L’installation était plus ou moins réussit…il n’avait aucune patience. Il haussa les épaules, cela ferait le travail pour l’instant. Il enfila une chemise  dont il roula nonchalamment les manches en descendant les escaliers. La mère d’Haley était là, il remarqua qu’elle l’observait que lorsqu’il atteint la dernière marche. Il passa une main dans ses cheveux humides et sourit. Ce que c’était gênant quand même de retrouver devant sa mère…pour des raisons qui lui semblait évidente à lui mais dont elle ignorait tout.

- Haley est déjà sortie!

Il hocha la tête en la remerciant et se rendit à l’extérieur. Elle s’était elle aussi changée. Il alla s’assoir près d’elle et observa l’animal sur son bras.

- Tu t’es fait avoir mon gars…je sais pas ce que tu lui trouves! dit à la blague en «s’adressant» directement à lui. Voir Haley ainsi était étrange, mais intéressant. Il était venu pour en apprendre plus sur leurs habitudes de toute façon…Il reprit son sérieux quelque peu.

- C’est quoi son histoire?

L’oiseau lâcha un cri qui fit sursauter Arthur. Décidément, tout le monde semblait le comprendre ici. Il leva la tête tandis que ses larges ailes se dépliaient sous le vent. Un peu lâche, il se laissa glisser sur le dos, sentant l’herbe fraîche chatouiller le derrière de sa tête. Il était bien conscient qu’Haley lui racontait un souvenir qu’elle avait réellement vécu, une tranche de sa vie qu’elle partageait avec lui…Mais il ne pouvait réprimer ce sentiment qu’il avait de se faire raconter une histoire, comme celles que l’on raconte aux enfants, avec toutes ces péripéties, cette découverte de soi avec un animal épique en plus. Un sourire se glissa sur ses lèvres tandis qu’il s’imaginait une jeune Haley tenter de grimper à un arbre…elle qui était plutôt maladroite. Peut-être était-ce simplement qu’elle n’était pas dans son environnement à Bowen. ll ne s’était jamais vraiment poser la question à savoir si elle s’y plaisait ou pas…ou du moins si elle avait de la facilité à s’y adapter ou non…surtout que de la façon dont elle lui en parlait, Haley semblait tenir une place important dans sa communauté…ou du moins cette communauté semblait être particulièrement forte…briser ce lien ne pouvait définitivement pas être une chose si facile. Il continua à suivre du regard le faucon qui s’éloignait. Il ne lui appartenait pas, mais il revenait…un ami fidèle au final…

Son père et son oncle…Arthur se releva en position assise et observa les deux hommes s’approcher. Le père d’Haley conduisait tout un véhicule…sa clinique devait bien fonctionner... Il reporta son attention sur eux. L’air de son oncle était avenant, il semblait être un chouette type. Il déposa un bec sur les cheveux encore humides de sa nièce et lui tendit une main qu’Arthur attrapa avec plaisir. Il leva un sourcil amusé vers Haley «Princesse?». Le regard de Len se posa alors sur son bras, un peu de sang avait commencé à tâcher le pansement blanc. Celui-ci lui proposa de l’aider plus tard en soirée. Arthur rougit un peu. Il était déjà légèrement intimidé de se retrouver ici et en plus il avait l’air incapable de prendre soin lui… («Mais tu es incapable de prendre soin toi» pensa-t-il mi-amusé, mi-amer). Il fut d’autant plus embarrassé quand Haley ajouta que ses côtes aussi étaient mal en point…quoique qu’il ne fut pas déçu de se faire proposer quelques chose de plus efficace que…la médecine blanche…

- C’est gentil…mais… je voudrais pas…

Len lui fit un signe du genre, ne t’en fais pas avec ça, je ne veux pas en entendre parler et se releva. Arthur avait voulu l’imiter. Il s’était toute de suite senti à l’aise avec Len, mais le père d’Haley abordait une posture un peu plus fermée. Il n’eut toutefois pas le temps, la main du père d’Haley se retrouvant rapidement dans la sienne. Arthur lui sourit.


- Enchanté…merci pour l’hospitalité! Je n’y manquerai pas!

Il aurait bien aimé discuter, mais se dernier s’éclipsa aussi rapidement qu’il était venu. Arthur regarda Haley, son visage qui depuis leur arrivé avait porté ce petit souris béat avait prit un air plus sérieux, même plutôt inquiet. Il regarda le dos Christopher s’éloigner…Il se rappela que c’était un moment difficile pour lui selon les dires d’Haley. Une part de lui se reconnaissait un peu dans cette attitude empreinte d’une tristesse latente. Il sentit son regard se poser sur eux quand Haley lui attrapa la main pour le faire lever…Un père protecteur? Un peu tôt pour le savoir…d’un autre côté Haley semblait ne pas avoir connu beaucoup d’expériences…il se demanda alors si en plus de sa nature un peu érudite et solitaire, le fait d’avoir cette protection familiale n’avait pas dissuadé quelques jeunes gars qui aurait pu s’intéresser à elle. Arthur avait quand même une trentaine d’année et en avait vu d’autres…si cet homme avait un problème, il savait qu’il pourrait lui répondre sans problème. De toute façon, il avait une facilité déconcertante pour se tirer sans trop heurts des discussions désagréables. Il suivit docilement Haley. Quoi faire d’autre de toute façon? Il allait être complètement dépendant d’elle, du moins les premiers jours, le temps qu’il s’acclimate quelque peu à l’endroit et aux gens qui l’habitaient.

Haley demeura un peu pensive tandis qu’il s’enfonçait tranquillement dans les bois. Arthur ne rompit pas ce silence. Il était épuisé en réalité et n’avait pas vraiment l’énergie pour commenter tout et n’importe quoi en rigolant comme il l’aurait fait à son habitude. Il était lunatique, son regard poser machinalement sur le dos d’Haley. Il sursauta presque lorsqu’elle s’adressa à lui. Elle s’inquiétait elle aussi un peu de son père il fallait croire…

- Il était très cordial…et après…il ne me connaît pas et je suis chez lui. Je le comprends un peu…

Il rit avec elle. Dans un sens, quand il comparait l’attitude de sa mère et de son oncle comparativement à celle de son père, elle disait vrai. Il ne doutait toutefois pas de l’amour que cet homme devait porter à sa fille. Si il y avait une chose qui l’avait marqué depuis son arrivé c’est cet amour qu’ils avaient tous pour elle. Il pensa à sa propre famille et à la façon dont il les avait traité depuis la mort de Deb’. Son cœur se resserra un peu…il allait peut-être devoir aller faire bientôt un tour en Italie. Il sentait le besoin de lui aussi se ressourcer au sein de sa famille.

Il regarda autour de lui, ils ne suivaient aucun sentier et à présent l’épaisseur des arbres l’empêchait de distinguer où il se situait par rapport à la maison.

- Tu sais que si tu me plantes là je suis complètement perdu et on retrouve mon corps dans deux semaines, hein?

Il entendait à présent le bruit d’une chute. Elle se fracassait sur les roches avec beaucoup de puissance et de grâce. L’air était froid et humide, mais il était bon à respirer. Arthur pris un moment pour apprécier la vue et cette sensation stimulante provoquée par la pureté du vent et par le son de l’eau. Il sentit la main d’Haley agripper la sienne à nouveau et s’en qu’il sache trop comment elle avait pu le déceler, il prirent un étroit passage qui leur permis de se rendre dans une sorte de cave située derrière le mur d’eau.

Il éclata de rire et passa sa main sur l’eau.

- C’est trop…commença-t-il.

- Il y a des choses que j'aimerais comprendre...

Le sourire d’Arthur se dissipa un peu. Il tourna la tête vers elle, un peu nerveux…La façon dont elle le regardait lui imposa le silence. Il l’écouta tandis qu’elle s’approchait de lui. Elle lui lança à la figure tous ce qui ne tournait pas trop rond par rapport à sa vie actuelle, du moins ce qu’elle avait pu remarquer. Il ouvrit la bouche sans émettre un son. Le corps d’Haley se collant au sien, il sentait la respiration de sa poitrine contre la sienne.

- J'aimerais savoir pourquoi...

Elle le laissa en suspens et plaqua ses lèvres sur les siennes. Il ne comprenait plus rien, mais la sensation était trop grisante pour qu’il ne rompe le contact. Il ferma les yeux, glissant sa main dans le creux de son cou et rapprochant encore davantage sa taille contre la sienne avec l’autre. Il attrapait ses lèvres avec envie, oubliant presque le début de la phrase qu’Haley avait entamée. Elle s’éloigna, à peine, pour la poursuivre. Arthur l’écouta…une partie de lui fut soulagé qu’elle ne parle plus de son comportement bizarre, tandis qu’une autre était complètement désemparée…Il n’avait pas de réponse à donné à Haley, se posant lui-même exactement les mêmes questions. Elle murmura un «embrasse-moi» qui le fit frissonner. Il regarda un moment ses grands yeux poser sur lui. Avec une ardeur renouvelée il posa à nouveau sa bouche contre la sienne, laissant glisser sa langue entre ses lèvres. Il l’agrippa par une fesse, collant ses hanches contre les siennes et s’avança d’un pas, la déposant contre le mur. Il promena ses baisers dans son cou et fit monter une main sur son ventre. Il lui répondit, un sourire aux lèvres, le souffle un peu court :

- Je…je sais pas…

Il plante ses yeux dans les siens. La main qui était sur son ventre monta sur ses côtes.

- Ça m’arrangerait de ne pas avoir envi de toi tu sais. Mais…tu...

«Tu me fais oublier ma femme morte» sonnait plus ou moins bien.

- Tu es la première chose qui feel right depuis un moment…et en plus ce n’est même pas si positif que ça puis que je devrais même pas…

Il fit une pause, déposa un baiser sur ses lèvres, plus doux cette fois. Belle façon de prouver son point…