meet after a long separation is more pleasant than a wedding night ღ Noah

Mon rire rejoint celui de Lola lorsqu'elle me demanda si j'avais de la bière à l'appartement, ce qui pourrait facilement influencer sa décision. Je réfléchis l'espace de quelques secondes, pendant lesquelles elle proposa qu'on aille en acheter sur la route dans le pire des cas, tout en ajoutant qu'elle pourrait revenir pour persuader le patron de la reprendre comme barmaid. J'acquiesçais, approuvant cette solution : « Et tu sais quoi ? Stratégiquement parlant, c'est peut-être même mieux. Comme ça, il verra à quel point t'es motivée, à revenir plusieurs jours. » Je me levais, vérifiant que j'avais bien toutes mes affaires dans mes poches. « Je pense avoir assez de bières chez moi, mais au cas où, il serait plus sage d'en acheter sur la route. »  Je lui souris, et attendais qu'elle soit prête avant de sortir de la boîte de nuit. « Ça ne te dérange pas de marcher un peu ? J'habite à une dizaine de minutes à peine. » annonçais-je. Je me doutais que Lola allait sûrement bien vouloir marcher, question de profiter du très beau temps de cette nuit, et aussi, ce n'était pas la première fois qu'on marchait ensemble. Nous entrions dans un quartier résidentiel et je repris la parole : « Ça me fait toujours un peu bizarre, de marcher à nouveau dans ces rues, après huit ans à Sydney. » Je l'attirais vers un dépanneur, et lui ouvrais la porte. Une fois à l'intérieur de la petite supérette, je me dirigeais vers les réfrigérateurs, avant de questionner : « Tu veux une sorte de bière en particulier ? »

Finalement, on avait opté pour l'option de quitter la boîte de nuit et se retrouver chez moi, où l'on pourrait plus facilement rattraper le temps perdu. En effet, dans mon appartement, nous pourrions être beaucoup plus tranquilles et nous ne serions pas dérangés par des personnes enivrées ou la musique des lieux. Avant d'atteindre toutefois mon lieu de résidence, nous nous étions arrêtés à un dépanneur. J'ouvrais la porte à mon amie d'enfance, ce dont elle me remercia, l'air amusé. « A ton service » riais-je, laissant la porte se refermer. Une fois devant le comptoir réfrigéré, Lola annonça que le mieux était que l'on prenne tous les deux ce que l'on désirait. Elle n'avait sans doute pas tort, si bien que je haussais les épaules, allant avec son plan. Lola m'avait dit qu'il fallait que je me laisse un peu de temps pour m'habituer à nouveau à Bowen, après mon absence de huit ans. Elle avait sans doute raison, encore une fois. Une partie de moi toutefois s'était attendue à retrouver ma ville natale inchangée, du coup, ça me faisait toujours bizarre de constater des nouveautés. Comme si elles ne devaient pas être là. Heureusement, la plupart du temps les changements avaient du bon, et ainsi, la ville évoluait pour le meilleur. J'attrapais un pack de Labatts et me rendais à la caisse accompagné de Lola qui avait penché pour de la Bud Light. Je lui montrais le pack lorsqu'elle me demandait ce que je prenais. On ne changeait pas vraiment les gens et leurs habitudes de boissons, n'est-ce pas ? Les bières réglées, nous marchions pendant un peu moins de dix minutes avant d'arriver à l'immeuble où se trouvait mon appartement. Je lui ouvrais à nouveau la porte et lui annonçais : « C'est au deuxième. » Un escalier de monté, je me positionnais devant l'une des premières portes sur la gauche. Je déverrouillais l'entrée et déclarais, une fois que nous étions dans mon appartement. « Bienvenue chez moi ! » Je souris, lui décapsulant une de ses bières avant de mettre les autres au frais, et faisant de même pour moi. « Alors, qu'est-ce que tu en penses ? Tu approuves ? Installe-toi, n'hésite pas ! » J'étais plutôt satisfait de mon appartement. Il avait une apparence grande et lumineuse, bien que c'était surtout l'organisation des pièces qui procurait cet effet là. L'on entrait directement dans le salon qui était ouvert sur la cuisine. A la droite se trouvait un couloir menant aux deux chambres et à la salle de bain. Ce n'était pas luxueux, mais je m'y sentais chez moi.

Armés de nos bières, nous étions arrivés dans mon appartement afin de poursuivre notre soirée de retrouvailles. Les chaussures et manteaux enlevés, j'avais décapsulé deux bières pour nous deux et j'invitais Lola à faire comme chez elle, tout en demandant son avis sur mon logement. Elle balaya les lieux du regard, m'annonçant qu'elle aimait plutôt l'endroit et qu'il y avait l'avantage de ne pas avoir cinq colocataires inconnus y résidant. Je souris légèrement. A son ton, je me doutais que c'était la situation que vivait présentement la jeune australienne et qu'elle n'en était pas forcément satisfaite. J'avais aussi connu la colocation à Sydney. C'était plutôt délicat, car parfois on peut tomber avec de très bons colocataires, et d'autres fois, on subit davantage ses voisins de chambres qu'autre chose, ce qui peut vite devenir épuisant. Je rejoignais mon amie sur le canapé tandis qu'elle me questionnait sur l'utilité de la deuxième chambre. Je hochais la tête en signe de dénégation. « Non, je vis seul. Enfin, j'ai un chat. » Un nouveau sourire que je voilais en buvant une gorgée de ma bière. « Tu sais, si un soir tu en as marre de tes colocataires inconnus, tu peux toujours faire une pause d'eux dans ma deuxième chambre. » Je n'aurais qu'à déplacer deux-trois bricoles et le tour était joué. Rien de bien ardu pour accueillir quelqu'un chez moi. De plus, héberger Lola n'aurait rien d'un inconvénient. Ce serait sans hésitation de bon cœur.

Je souris doucement lorsque Lola me demanda si c'était moins chiant de vivre seul avec un chat plutôt qu'avec des colocataires. J'imagine que les deux situations présentaient des avantages et des inconvénients. J'avais vécu en colocation lors de mes études à Sydney, et la première année, j'étais tombé sur de colocataires plutôt agréables. Ensuite, ça s'était un peu gâté. Je pense que dans ce rôle, on est soit celui qui subit les autres, soit celui qui torture les autres. L'avantage, en étant seul, était que je pouvais vivre selon mes propres règles. Je ne craignais pas réveiller qui que ce soit en rentrant tard, ou je n'avais aucun souci de conscience quand j'invitais quelqu'un à l'appartement. « C'est vrai que ça a ses avantages, » consentais-je ainsi, m'installant sur le canapé à l'image de Lola pour boire ma bière. Je lui proposais de venir occuper ma deuxième chambre lorsqu'elle en aurait marre de ses nombreux colocataires, ce qui eut un effet de surprise chez mon amie d'enfance. Elle manqua de s'étouffer avant de décliner mon offre, annonçant qu'elle ne souhaitait pas s'incruster. A force, je me demandais si Lola craignait vraiment s'imposer dans ma vie ou juste qu'elle ne voulait pas spécialement passer autant de temps avec moi. « C'est toi qui voit, » lui répondis-je malgré tout avec un sourire. « L'offre est sur la table, en tout cas. » Il ne manquait pas que j'appréciais beaucoup Lola. Je bus une nouvelle gorgée de bière. On me reprochait souvent de boire trop vite, toutefois, j'étais rarement très ivre. Mon interlocutrice changea de sujet et je réfléchis quelques instants avant de lui répliquer : « Pas trop. Le squelette reste le même comme on dit. Après, je dois t'avouer qu'il y a eu plus de changements que ce que j'aurais imaginé ! Tu n'as jamais voulu quitter Bowen ? »