On croit que c'était pire mais parfois une personne arrange les choses (pv Noah Rutkowski) TERMINE

J'apposais mes avants-bras contre mes genoux, décontractant progressivement mes muscles tendus. Je reçus presque instantanément une réponse à ma question, comme quoi Haley n'avait aucun doute sur le fait qu'elle n'ait jamais connu l'amour. Elle me disait pourtant avoir été attirée par des hommes, et cela de plusieurs manières, mais jamais n'avoir goûté à une affection aussi forte et singulière qu'on peut la cataloguer d'amour. Je souris doucement lorsqu'elle s'excusa de repartir dans ses descriptions chamaniques et plaisantait que de toute manière, ses livres prenaient beaucoup trop de place pour pouvoir avoir un homme dans son quotidien. « Si ça peut te rassurer, mes ex ne se sont jamais plaint de mes livres. » Haley extirpait ses pieds de l'eau, s'installant de manière à me faire face, après m'avoir demandé sérieusement si c'était grave, de ne jamais être tombé amoureux. Je réfléchis quelques instants, tentant de faire divaguer ma mémoire de l'étendue d'eau à côté de nous. « Je ne pense pas, non. » Je haussais un regard mal assuré vers elle, bien que ce manque d'assurance ne venait pas du sujet que l'on abordait, mais des circonstances. J'inspirais profondément, me concentrant pour atteindre un rythme cardiaque normal. « C'est un sentiment tellement singulier, et on ne peut jamais le programmer. C'est comme les gens qui clament n'être tombé amoureux qu'une seule fois, n'avoir connu qu'un véritable amour... Personnellement, je pense que ça vient du fait qu'on ne peut pas aimer deux personnes de la même façon. Ce qui est logique, on ne peut pas trouver deux personnes qui nous plaisent de manière parfaitement égale, pour exactement les mêmes raisons... » Je marquais une pause, inspirant l'air humide. « L'amour c'est tellement subjectif, et chacun a sa propre aventure sur le sujet. Alors non, je ne pense pas du tout que ce soit grave que tu ne sois jamais tombée amoureuse. Ni même que ce soit bizarre. » Je lui adressais un fin sourire. L'endroit était vraiment paisible ici, seule la nature semblait nous entourer lorsqu'un finissait de parler.

Mon regard suivit religieusement le mouvement des mains de Haley, lorsque celle-ci les déposa sur mes avants-bras, provoquant de petites sensations de décharges, me qualifiant de réconfortant. Elle se penchait doucement vers moi, quelques secondes volées durant lesquelles je pouvais admirer ses traits plus précisément. Puis, elle déposa un deuxième baiser sur ma joue, qui me figea le temps de quelques instants. Mes yeux glissèrent sur ses lèvres, alors qu'elle se distançait, enfilant à nouveau ses chaussures, déclarant qu'il faudrait que l'on parte récupérer notre commande. Ce fut toutefois que lorsqu'elle se remit sur ses jambes que je sortais de ma torpeur et que je l'imitais. Après quelques pas, je la sentis sauter sur mon dos, son rire cristallin emplissant l'espace nous entourant. Une fois à nouveau à coté de mon véhicule, je la faisais glisser avec précaution de mon dos pour qu'elle ne perde pas l'équilibre une fois les pieds à nouveau sur le sol, et lui adressa un sourire lorsqu'elle me remercia pour le trajet. Je conservais mon silence lorsqu'elle m'avoua adopter un comportement enfantin parfois, à nouveau préoccupé par sa proximité. A chaque fois, je ne pouvais m'empêcher de me sentir de plus en plus attiré par elle. Juste un simple baiser. Goûter ses lèvres. C'est uniquement ce que je convoitais. Et pourtant, dès qu'elle se détachait de moi et réduisait à néant ces moments de flottement, j'en étais reconnaissant. Ces pulsions ne seraient certainement pas bénéfiques, un baiser constituait une erreur, ruinerait la relation que l'on bâtissait au fil des heures. Ce serait un acte impulsif, stupide, égoïste. Je m'installais derrière le volant de ma voiture, enclenchant ma clef dans le contact. Une fois assuré que je pouvais rouler, je conduisis vers le restaurant japonais. « On arrivera pile à l'heure. » prononçais-je, question de rompre le silence qui s'installait, sournois, entre nous deux. « Tu veux qu'on retourne à l'appartement pour manger ? » Je m'arrêtais à un stop, plantant mon regard dans le sien, mon cœur ratant un battement malgré moi.

Je ris doucement lorsque Haley choisit qu'il était plus sage que l'on suive le plan initial et que l'on se rende à mon appartement afin d'avoir notre repas du soir. Je chassais silencieusement les voiles de pulsions et d'envies qui m'avaient envahi le temps de quelques secondes avant que nous n'entrions dans mon véhicule. Il fallait que je reprenne conscience de la situation, que je ne me transforme pas un parfait idiot. Je réprimais un soupir, me concentrant sur les paroles de mon interlocutrice qui ajoutait le côté pratique au fait que nous finissions à l'appartement. « En route pour chez moi, alors. » concluais-je, les roues en mouvement sur le bitume. Je perçus Haley évoquer ma bibliothèque qui l'intriguait, et lui répondis calmement : « Ça ne me dérange pas, mais sache que je n'ai pas de bibliothèque à proprement parler.... » Je tournais à un croisement, vigilant. « J'ai trois emplacements dans mon appartement où j'ai emmagasiné mes livres, et deux cartons. J'attends Noël pour me payer un meuble. » Je ris doucement, ajoutant : « Quoi que je sais même pas s'il existe un meuble qui pourrait tout contenir. » Je devrais sans doute faire part de certains de mes ouvrages à des œuvres de charité, ou même tenter de les revendre, vu qu'ils étaient quasiment tous en excellent état. Je me garais devant le restaurant, et à peine la voiture arrêtée, je voyais Haley en sortir. Une dizaine de minutes plus tard elle revint avec la commande, et je m'étonnais : « Wah, c'était rapide. Tu dois avoir une faim de loup. » Je ris doucement, et reprenais la route.

Une fois rendus à l'étage de nos appartements respectifs, je laissais l'étudiante constater si sa colocataire était rentrée ou non, pendant que je débarrais ma porte. Je tenais celle-ci ouverte, Rosie nous accueillant déjà en miaulant, quand Haley m'annonça que son amie n'était toujours pas de retour. « De toute façon, ça aurait été dommage qu'on ne mange pas ensemble, après tous ces efforts, non ? » Je lui adressais un sourire, et ris devant la complicité entre le chaton et la jeune femme. « Je vais pas te contredire là-dessus. » Je passais un bras derrière Haley afin de laisser mes clefs sur le meuble situé derrière elle, croisant son regard le temps de quelques secondes. Je me redressais ensuite, lui proposant : « Installe-toi si tu veux avec tout ça, je vais mettre la table. » Je m'orientais vers les buffets d'où je sortais l'essentiel en vue de savourer notre commande. « Tu veux boire quoi avec ça ? » interrogeais-je alors que Haley étalait les plusieurs petites boîtes. Une fois tous les deux servis, je m'installais à table, un sentiment un peu étrange m'envahissant. Je me remémorais les repas de plus en plus difficiles avec mon ex, surtout un des derniers, où je n'en pouvais tellement plus de l'entendre me parler que j'avais littéralement craqué émotionnellement. Les gens à Bowen s'étaient toujours étonnés de mon côté stoïque, de mon sang-froid. Et elle, elle était parvenue à me faire craquer. C'en était amèrement risible. Je clignais des yeux à plusieurs reprises, revenant dans l'instant présent.

Une fois la table mise et les boissons sélectionnées, je m'installais pour rejoindre Haley. Celle-ci avait déjà choisi quelques rouleaux, et inconsciemment, la situation me propulsait des mois en arrière, lorsque j'étais encore avec mon ex petite amie. Je m'extirpais de ces souvenirs puis croisais le regard inquiet de mon interlocutrice, qui me demandait si tout allait bien. J'étendais mes mains sur le table, comme pour récupérer une certaine contenance, avant de marmonner, une partie de moi encore dans le passé : « Moui, oui, tout va bien. » J'inspirais profondément, haussant les sourcils. « Désolé. » Mes yeux suivirent les mouvements de Haley, qui me proposa un california roll avec enthousiasme, redonnant un peu de vigueur au repas grâce à son rire et ses manières. Je saisissais le roulé, Haley réduisant un peu la distance entre nous en s'étant avancée sur la table. Impulsivement, je m'imaginais le temps d'un instant lui dérober ses lèvres, consolant ma conscience en me répétant que c'était juste pour voir où ça mènerait. Que ça serait insignifiant, que ce serait innocent. Que ça ne ferait pas de mal. Mais que pouvais-je en savoir ? Qui étais-je pour décider ainsi pour elle ? On ne se connaissait que depuis quelques heures, et ce genre de volontés parvenaient à s’immiscer en mon être. Il fallait dire que Haley m'avait démontré en un temps record des faits qui m'interpellaient, qui me plaisaient, et que jamais je n'avais trouvé chez une autre femme. Mais il fallait que je me rende à l'évidence. Parce que je considérais Haley comme un phénomène rare et plus qu'appréciable, parce que je souhaitais secrètement qu'on puisse garder contact et passer de nombreuses soirées ensemble, je n'étais pas totalement honnête avec elle. Est-ce que c'était un défaut ? De ne pas être transparent dès le départ ? En tout cas, je savais qu'une relation, même amicale, serait plus saine si je n'avais pas la peur de la faire fuir en lui dévoilant qui j'étais vraiment. « En fait. » Ou alors, je me prenais trop la tête ? Qui est parfaitement honnête ? Mes aveux sacrifieront-ils une amitié possible inutilement ? Stupidement ? Je me mordais l'intérieur de la joue, plongeais mon regard dans celui de Haley, y recherchant une réponse. J'aurais l'air bête, naïf, faible. Je me détestais déjà, pour penser qu'elle méritait la vérité, qu'elle méritait la chute du masque. « Si ma sœur a agit comme ça avec toi, c'est à cause de mon ex. » Le lion était jeté dans l'arène. Pour refroidir l'ambiance, je n'aurais pas pu choisir mieux. Mais je ne pouvais plus reculer, maintenant. « Elle était malade, dépendante. Je l'ai rencontrée et rapidement, elle est devenue très exigeante. Elle voulait que je passe tout le temps chez elle, que je sois tout le temps avec elle. Au bout d'un moment, j'en ai eu marre, je trouvais qu'elle était trop... Possessive. Qu'elle voulait que les choses aillent trop vite. Je ne comprenais pas comment elle pouvait dire m'aimer, alors qu'elle me connaissait depuis peu, en fin de compte. » Je mordais ma lèvre supérieure. Je ne pouvais plus m'arrêter, maintenant. « Mais elle disait m'aimer, et elle a tellement bien joué son jeu, que j'ai fini par la croire. Et dès le moment où je l'ai crue, ma vie a basculé. Je pense que j'ai fini par tomber amoureux d'elle, parce que j'aimais le fait que quelqu'un puisse m'aimer, tu comprends ? » Non, elle devait sûrement me prendre pour un fou, pensais-je. « Elle a profité de la situation pour plein de choses... Pour tout. Et au final, ça m'a complètement... Brisé. J'en pouvais plus. Je pouvais plus rien faire, j'étais devenu esclave d'elle. Je me sentais responsable d'elle parce qu'on m'avait mis ça dans la tête, et si je partais, elle me menaçait qu'il allait lui arriver quelque chose et ce serait de ma faute. Dans ma tête, on l'aurait cru elle, pas moi. Même si c'était faux. » Je marquais une pause, mes yeux rivés sur une des bouteilles sur la table, incapable de regarder Haley dans les yeux, désormais. « Et puis ça a dégénéré jusqu'à un point de non retour. Si j'étais resté avec elle, j'aurais fini fou, j'aurais fini dépressif. Ça devenait déjà comme ça. Et ma sœur... » J'eus un faible sourire en coin, me dénigrant moi-même sur ce coup-là. « Ma sœur me connaît. Elle sait que dans mon cas, il faut compter sur la chance plutôt que sur mon jugement, pour que je sois avec quelqu'un de bien. Et j'imagine que quand elle t'a vue, elle a revu l'histoire avec mon ex, et elle désapprouve, parce qu'elle ne pense pas que vu comment j'étais, comment cette relation était, ça puisse être judicieux que j'en ai une qui aille trop vite. » Je soupirais. « Et même si c'était juste une banalité de te montrer le terrain, Ella sait à quel point c'est important pour moi, et elle a vu rouge. Elle a sauté aux conclusions. » J'expirais, comme si je venais de retirer un poids de mes épaules. Mais bien vite, l'appréhension me happa tout entier. Maintenant, Haley prendrait certainement les jambes à son cou. Quelle journée elle aura vécu. Après tous ses malheurs, voilà qu'elle découvrait que son voisin de palier était... une tare, sans doute.

Des sentiments mitigés m'envahissaient. Je me sentais soulagé d'une part d'avoir été sincère avec Haley, de lui avoir confié toute cette histoire, d'avoir relâché un peu de ce poids qui pesait sur mes épaules depuis des semaines. Je ne savais pas pourquoi, mais en quelques heures, j'avais réussi à propulser l'étudiante à une position très haute dans mon estime, et c'est sans aucun doute pour cette raison, que c'était face à elle, que je prononçais tous ces aveux. Toutefois, le fait que je me rappelais sans cesse que justement, il y avait encore quelques heures, j'ignorais encore tout de cette jeune femme, me mettait mal à l'aise. Me faisait sentir idiot, déplacé. En quoi Haley avait-elle à entendre tout cela ? En quoi cela la concernait-elle ? Que penserait-elle de tout cela ? Prendrait-elle peur de vivre si proche d'un homme qui avait tant vécu et était capable d'exploser devant de la nourriture japonaise de cette manière ? Les paroles que j'avais articulées et que jamais je ne pourrais reprendre vacillaient entre le positif et le négatif. Ainsi, lorsque la jeune femme prit enfin la parole, réduisant à néant le silence pesant qui s'était installé entre nous deux, je m'autorisais à respirer de nouveau plus convenablement. Je l'écoutais compatir, tout en m'offrant armes et compliments pour appréhender le futur afin que celui-ci me rende plus fort des actes du passé qui m'avaient heurté. Je levais les yeux vers elle, autant incrédule que reconnaissant. Cette femme était réellement unique. Elle déposa sa main sur la mienne, concluant que le mal se retournerait aussi vers mon ex, et qu'avoir honte de mes choix passés était dérisoire. Puis, je la sentis réduire la distance entre nous dans une étreinte, qu'au départ, j'accueillais complètement figé, ignorant que faire, que penser. Néanmoins, en inspirant profondément, son parfum m'enivrant, je rejoignais l'enlacement de manière plus naturelle, cet acte considéré par certains comme enfantin m'insufflant étonnement un bien fou. Un réconfort inespéré. Je desserrai l'étreinte au bout d'une bonne minute, à contrecœur, plongeant mon regard dans celui de Haley, incapable de trouver les mots pour parer aux sentiments provoqués par son comportement. Finalement, seulement un paru approprié, bien que trop faible pour renfermer tout ce que mon être hurlait : « Merci. »

Je passais une main au-dessus de mon sourcil, encore désorienté, avant de commenter enfin, dans un souffle : « Quelle journée tu passes. » Puis, sur un ton qui se voulait léger, j'articulais, faisant un référence à la conversation qu'on avait eu plus tôt, devant l'étendue d'eau. « Tu vois, il ne faut jamais être pressé de vieillir. Ou de tomber amoureux. »

Je plissais légèrement les yeux, entendant Haley répéter qu'elle souhaitait connaître l'amour, bien que le plus délicat, restait de déterminer si c'était cette affection toute particulière qui envahissait son être, ou juste une attirance physique qui motivait ses gestes. Puis, elle conclut qu'il était impossible de savoir quand exactement on trouverait la perle rare et que si ça se trouvait, je rentrerai un jour chez moi et la trouverai sur mon chemin. Je ris doucement, plaisantant : « Tu te proposes pour ce rôle ? » Un sourire étira mes lèvres, alors que je l'imitais, commençant à manger. « Je pense que si tu ne sais pas si c'est de l'amour ou de l'attirance physique que tu ressens, tu peux être certain que ce n'est pas de l'amour. » Je levais les yeux vers elle, guettant son avis.

Une fois que le repas fut achevé et la vaisselle terminée, je l'entendais proposer un film, partageant le torchon sur lequel je m'essuyais les mains. Je baissais mon regard vers elle, égaré quelques minutes, avant qu'elle ne se libère de cette proximité, et que je me mette à essuyer la vaisselle pour la ranger dans mon buffet. « Pourquoi pas, oui. Tu aimes quoi, comme film ? » répondis-je à son invitation. J'en avais plusieurs sur mon ordinateur, et à l'aide d'un câble HDMI, je pouvais facilement en projeter un sur ma télévision. Je ris doucement en pensant à mes goûts littéraires. « Je ne pense pas que tu détermineras quel genre de livre j'aime en regardant ceux que j'ai ici. J'ai vraiment de tout. J'ai commencé en voulant lire au moins un ouvrage de chaque genre, puis ça s'est transformé en siècle, en période, en auteur, en sujet... Bref, tu vois le genre de folie. » J'étendais le torchon sur la porte de mon four, avant de l'inviter : « Je te les montre avant qu'on se décide sur le film, si tu veux. » Je la conduisais jusqu'à ma chambre. De tout l'appartement, ça devait être la pièce la moins ordonnée, bien que c'en était pas choquant non plus. Simplement, un méli-mélo d'objets trônait sur mon bureau, déclarant mes passe-temps du moment. Les livres en lecture, des livres de partitions de musique, quelques cartes postales, des crayons à colorier, une quantité de calepins et stylos, et de nombreuses photocopies. « Alors... » réfléchis-je tout haut, avant de tirer trois tiroirs d'une commode. « Le début de l'alphabet. » J'ouvrais le placard, où des rangées de livre figuraient contre le mur. Je les dévoilais en sortant deux étuis d'instruments de musique, un violon et une guitare. « Le milieu et la fin, plus ou moins. » Je démontrais les cartons. « Et puis ceux qui ne sont pas rangés. » Je m'asseyais sur le lit. « Malgré tout, je sais plus ou moins quel livre est où, je te rassure. » Ce qui expliquait comment j'avais réussi à en tirer plusieurs en peu de temps pour notre conversation sur les amérindiens.

Installé sur mon lit, je suivais du regard Haley parcourir les différents livres que je possédais. Lorsqu'elle annonça qu'elle ne pensait pas qu'une simple bibliothèque pourrait tous les contenir, je souris doucement, répliquant : « Je pense que je vais finir par en donner. Ou peut-être organiser un vide-bibliothèque, tiens. Le nouveau concept du vide-grenier. » Je me redressais lorsque Haley s'étonna que je possède un de mes ouvrages, et reconnus celui portant sur la légende de Pocahontas alors qu'elle m'expliquait l'importance qu'il avait pour elle. « Je l'avais acheté pour quelqu'un à la base. Et puis finalement, je l'ai gardé et je l'ai lu. » Je ris doucement, ça devait sonner un peu bizarre comme ça. « Je vais peut-être finir par le lui offrir, mieux vaut tard que jamais, comme on dit. » Je levais les yeux lorsqu'elle me demanda ce que je lui proposais maintenant, et n'eus pas le temps de répondre que mon téléphone vibrait dans la poche de mon pantalon. « Excuse-moi » J'extirpais le téléphone portable de ma poche, fronçant doucement les sourcils en constatant l'appel d'un inconnu. Je décrochais tout de même, et après quelques secondes, je compris qui était au bout du fil. « Ha oui, attends une minute. » Je tendais l'appareil à Haley, déclarant : « C'est ton amie. »

Je ne pus m'empêcher de sourire, amusé, lorsque Haley annonça à son amie que j'étais sympathique. Je me demandais bien la question que sa colocataire lui avait posé : est-ce que ça va ? est-ce qu'il est normal ? Bowen était une petite ville, le taux de criminalité ou d'agressions était plutôt bas. Mais il valait mieux demeurer vigilant. On ne sait jamais quand une expérience peut tourner au cauchemar. Je récupérais mon téléphone une fois la conversation terminée, et le rangeais à nouveau dans ma poche de pantalon quand Haley commenta l'histoire d'amour de l'ouvrage portant sur Pocahontas. Je fronçais légèrement les sourcils lorsqu'elle me dit que les mariages arrangés évitaient que l'on se pose beaucoup de questions, ce qui devait faciliter les choses. « Quel genre de questions ? » interrogeais-je, curieux, redressé en prenant appui sur mes coudes.

Je l'observais se tourner afin de me faire davantage face, tout en me questionnant sur la suite des événements. « Hé bien, j'imagine qu'on devrait voir pour le film, question de respecter ce que tu as dit à ton amie. Elle vient du même endroit que toi, en fait ? » J'avais remarqué qu'elle l'avait qualifiée de meilleure amie, ce qui serait étonnant si elle la connaissait que depuis septembre.