La peur au ventre. - Cam

Tu te retrouves dans ton lit, à bouger dans tout les sens, comme chaque soirs t'arrives pas à trouver le sommeil, t'as toujours ces pensées qui se bouscules dans ta tête, ces questions que tu te poses, ces souvenirs. Ce soir plus particulièrement le sommeil n'est pas au rendez-vous, les yeux rivé sur ton téléphone, tu laisses ton pouce glisser sur l'écran pour faire dérouler la quantité impressionnante de photos que tu avais avec Cam, tu lui as même consacré un album entier, rien que pour lui et toi. Tu penses encore à lui, après tout ce temps, t'arrives toujours pas à comprendre pourquoi il a décidé de dégager comme ça de ta vie, comme si t'avais jamais été quoi que ce soit pour lui, juste une simple connaissance à qui on parle un jour pour l'oublier le lendemain. T'avais réussi à te faire peu à peu à son absence, tu ne ressent plus ce besoin de l'appeler quatre fois par jours, de lui laisser un millier de messages vocaux ou d'sms, si il a décidé de partir, tel est son choix. Mais il te manque, il te manque incroyablement, tout ce que tu veux, c'est comprendre. Une photo attire ton attention, la dernière que vous avez prise ensemble, à cette fameuse soirée, la photo était à moitié flou, vous aviez l'air heureux, complètement arraché surtout. T'essayes de te souvenir, te souvenir de ce qui a bien pu se passer ce soir là pour que ça soit votre dernier moment passer ensemble. Tu restes planté pendant plusieurs heures, les yeux fixé au plafond, essayant de reconstituer ce souvenir. Tes yeux se ferment et des flash incessant se déroulent dans ta tête, tu peux ressentir ses lèvres sur les tiennes, son corps chaud contre le tien, entendre ces respirations saccadés et les battements de ton coeur qui se déchaînent. Tu te redresses d'un seul coup, choqué, t’arrive pas à y croire. Maintenant, tout de suite, t'avais besoin de le voir, de tout lui dire. Tu sautes de ton lit, enfile les premières fringues qui te viennent sous la main -un vieux pull beaucoup trop grand, un jean et des converses-, tu enfiles ton manteau et cours prendre le premier bus qui desserve à l'arrêt le plus proche de chez lui. Tu entres dans le bâtiment, dévales les escaliers à toute allure, mais une fois devant la porte, tu restes planté là, sans bouger, pendant quelques temps. Une boule commence à se former dans ton ventre, t'oses pas toquer, t'as peur, peur qu'il t’envoie chier, tu te dis que de toute façon, il veut plus te voir, il te l'a bien fait comprendre, alors pourquoi t'insistes ? Tu prends une grande bouffée d'air avant de te décider à toquer, la main tremblante. T'as envie de faire demi-tour, de disparaître.

T'entends des bruits, la porte s'ouvre, et tu le vois posté devant toi, presque nu, le torse encore transpirant et les cheveux en bataille. Tes yeux se baladent une seconde au dessus de son épaule et là, ton cœur fait un bond immense avant de se serrer dans ta poitrine. Tu ravales ta salives, t'es là comme une conne à pas savoir quoi dire, à pas savoir quoi faire, voilà, tu sais pas ce que tu fous là, t'aurais jamais dû revenir, qu'est-ce qui t'as pris d'imaginer une seule seconde qu'il en avait encore quelque chose à foutre de ta sale gueule ? Il a tiré son coup et il s'est barré, peut être que c'est tout ce qu'il cherchait depuis le début, que votre amitié ne rime à rien et n'a jamais rimé à quoi que ce soit. Tu le regardes, choqué, la bouche entrouverte. T'as envie de chialer, de dégueuler, t'as deux boules qui se forment en toi, une dans la gorge et une dans le ventre, deux grosses boules qui grossissent de plus en plus. Tu sais pas pourquoi ça te fais autant de mal, c'est vrai, tu devrais en avoir rien à foutre, c'est ton pote, rien de plus, ton meilleur pote. Peut être que t'as accordé trop d'importance à ce qu'il s'est passé cette nuit là, tu t'es laissé imaginer que ça représentait peut être quelque chose, mais non. De toute façon, t'as l'habitude qu'on se foute de ta gueule. « Non … J'voulais juste ... » T'as envie de lui dire, t'essayes au moins, mais tu n'y arrives pas, à quoi bon de toute façon ? « Laisse tomber ... » Fais-tu la voix tremblante, la gorge nouée.

Ça commence peu à peu à bouillir en toi, tu peux pas t'en empêcher, t'aurais aimé rester tranquille et juste te barrer, mais plus les choses se bousculent dans ta tête, plus la situation t'énerve. Tu fronces les sourcils en le fixant, les mains toujours tremblantes, les yeux toujours prêt à s’embuer, mais ça, il ne le remarquera pas. « Alors maintenant c'est toi qui insiste pour qu'on discute ? Après tout ce temps sans rien vouloir savoir de moi, tu vas me faire croire que tu te préoccupe de ce don j'ai envie ? » Fais-tu sèchement, et tu repenses à tout tes messages qu'il a balayé, tout tes appels qu'il a ignoré, même quand tu étais au plus mal, que tu avais juste besoin de lui, il n'a pas été là pour toi, et là tu devrais lui raconter ta vie comme une fleur ? Certainement pas. Il ne mérite même pas que tu lui prête un minimum d'attention, tu ne sais même pas ce que tu fous là, en fait, c'est vrai, pourquoi vouloir discuter de cette fameuse nuit ? Elle n'a rien d'importante pour lui. Tu sers les poings en lançant à nouveau ton regard par dessus ton épaule, fixant la jeune fille qui zone dans son lit. « De toute façon, j'ai plus rien à dire, j'ai la réponse à toutes mes questions. » Lâches-tu, reposant ensuite tes yeux foncés sur les siens. T'avais envie de te barrer en courant et d'hurler, mais tu sais pas trop pourquoi ni comment, quelque chose te forçais à rester sur place.

Il trouve plus rien à dire, t'es fière de toi, parce que tu sais qu'il se sent con et tu espères qu'il regrette son geste, autant que toi tu regrettes de lui avoir donner tellement d'importance, de penser qu'il serait toujours là pour toi, à tes côtés. T'es trop naïve Bérénice, et ça on te l'a toujours dit, toujours montrer, surtout ces derniers temps, tu l'as bien remarqué. Il te dit d'attendre, et tu l'observes retourner dans sa chambre avec sa pimbêche, qu'il vire en un coup de main d'ailleurs, ça te laisse penser qu'il ne s'agit pas de sa petite amie mais d'une simple meuf d'un soir, et ça te laisse aussi penser qu'elle est loin d'être la seule. Alors c'est ce genre de gars qu'il est devenu ? Ça t’écœure, venant de lui, ça te fous la gerbe, lui qui était un homme tellement droit, rempli de sagesse et de valeurs, il n'est plus rien de tout ça. Il enfile un jean et revient vers toi suivi de sa blondasse qui te percute violemment en passant, te coupant le souffle pendant une seconde. Tu la regardes froidement partir avant de reposer tes yeux sur le brun, d'un regard toujours noir et froid, rempli de haine et rancœur. T'aurais pu partir pendant qu'il avait le dos tourné, t'aurais peut être dû d'ailleurs, mais t'as beaucoup trop de compte à lui rendre pour disparaître. « Tu sais parfaitement bien pourquoi j'suis là … Cam » Fais-tu d'une voix plus douce qu'avant, ta voix ne tremble plus, la peur n'envahit plus ton corps et tu es plus sûre de toi. Ce soir, il faut aller droit au but, régler les problèmes, t'as envie de le retrouver, que tout redevienne comme avant, même si tu sais que c'est plus vraiment possible après tout ça. « J'sais tout, à propos de la soirée. » Dis-tu, d'une traite, le coeur qui bat à vive allure, t'as tellement peur de sa réaction.

Il se fou vraiment de toi jusqu'au bout, jusqu'au bout il veut te faire croire qu'il y a rien, qu'il a rien à se reprocher. Il croit que t'es conne, naïve, tu l'es mais pas au point de croire à ces conneries. Ton visage s’assombrit à nouveau. « Te fous pas de moi, Cam. » Lâches-tu sèchement avant de le bousculer pour entrer dans son appartement, t'as pas fais tout ce chemin pour rester à glander dans le couloir et vos histoires ne regardent en aucun cas les voisins. Tu restes quelques temps dos à lui, le visage entre tes mains, tu réfléchis, t'essayes de te calmer, de reprendre tes esprits pour pas l'étrangler sur le champ, mais t'y arrives pas, c'est plus fort que toi. Il était tout pour toi, et il t'a lâché comme une pauvre merde après avoir fait la pire chose qui soit. Tu te retournes vers lui, les larmes aux yeux. « Pourquoi tu m'as rien dis ?! Pourquoi t'as fais ça ?! C'était … c'était ma première fois ! Putain … comment t'as pu ? ... » Et voilà que les larmes que t'essayes de retenir depuis le début dévalent sur tes joues, tu te sens conne, t'as l'air d'une putain de faible, pas ça, pas devant lui. Tu passes une main violemment sur ta joue pour essayer de gommer la preuve de ta douleur, les mains tremblante de rage. « T'étais mon meilleur ami. »

Et là d'un coup tout lui reviens comme par magie c'est ça ? Ca prouve qu'il voulait te le cacher jusqu'au bout, qu'il ne te l'aurait jamais dit, qu'il ne t'en aurais jamais parlé, comme le lâche qu'il est. Il te reproche de ne lui avoir jamais rien dit, comme si c'était le genre de truc qu'on cri à tout les coins de rue, c'était pourtant tellement logique, depuis les trois ans que tu le connais tu n'es jamais sortit avec personne, tu n'as jamais eu de conquête, de petit ami, ni même avant, il ne s'est même pas posé un minimum de question sur toi, il a pensé qu'à lui, qu'à sa petite personne. Tu essayes à nouveau de sécher tes larmes tout en l'écoutant baragouiner des excuses à deux balles, le visage rivé vers le sol. T'étais tellement belle … Tes yeux s'ouvrent en grand, le souffle coupé, tu lèves le visage d'une traite vers lui, choqué, sur le cul, qu'est-ce que ça veut dire, ça ? Tu vires ces pensées de ta tête en quelques secondes, il n'est pas amoureux de toi, il ne peut pas, il n'a pas le droit. Tu reprends doucement ton calme, tu restes silencieuse quelques temps, laissant un blanc peser sur vos épaules. « Pour- … Pourquoi tu ne m'as rien dis ? » Lâches-tu au bout d'un temps, d'une voix douce, comme si toute la haine qu'il y avait en toi s'était évaporé rien que par ses paroles.

Tu peux pas comprendre, comment ça tu ne peux pas comprendre ? Ca te concerne, c'est ton corps qu'il a volé et tu ne peux pas comprendre les raisons de son acte, comme si tu avais besoin d'avoir un bac+6 pour comprendre les choses. Tu fronces les sourcils et te diriges vers lui, le regardant s'excuser bêtement pour son acte. « Qu'est-ce qui a ? Je suis trop stupide pour comprendre, c'est ça ? » Tu soupires longuement avant de te poser à côté de lui, les yeux rivé sur la télévision éteinte. « J'en peux plus, Cam, tu me manques tellement … J'ai besoin de toi dans ma vie, je peux pas … je peux plus rester comme ça ... » Fais-tu la voix à nouveau tremblante, comme si tu retenais les larmes de venir encore une fois sortir au coin de tes yeux. « Je te reconnais plus, je ne te comprend plus. »

Alors c'est fini ? Il veut réellement plus de toi ? Toi qui pensais qu'il t'évitait parce qu'il avait honte, parce qu'il s'en voulait, non, il veut vraiment plus voir ta gueule, plus te parler. « Comment tu peux me dire ça ? ... » Fais-tu, tes yeux commençant à s'embuer à nouveau, t'es une gamine Béré, tout ce que tu sais faire c'est chialer pour tout et rien, t'es une putain de fragile, et c'est ce que tout le monde a toujours détesté chez toi. « J'veux pas Cam … je te jure, je peux pas, ces jours sans toi ont été les plus horribles de ma vie, j'ai eu tellement de problèmes, de déceptions, et la première personne à qui je pensais quand j'étais mal c'était toi, tout ce que je voulais c'était te voir, te parler, tout te confier comme avant, que tu me redonnes le sourire comme tu sais tellement bien le faire putain, Cam, tu me fais sourire comme personne n'a jamais su le faire. Partout où je vais, que ça soit dans la rue, au refuge, tout ce que j'espère à chaque fois c'est de voir ta tronche me sourire au loin pour venir me prendre dans tes bras. Je veux pas d'un frère, c'est toi que je veux, t'es mon meilleur ami, l'une des personnes les plus importante dans ma vie, tu peux pas me demander d'oublier ça. » Lâches-tu avant d'éclater en sanglot comme une pauvre guignole que tu es. « Je comprends pas, pourquoi tu me fais ça ? Qu'est-ce que je t'ai fais ? »