bad blood (béré)

Ton regard devient de plus en plus noir, tu restes fixe, t'en reviens même pas de ce qu'il est entrain de te dire, il te manque, tu lui manques, il y a aucune raison pour que vous ne vous retrouvez pas, tu t'attendais à une autre réaction, une autre réponse. Tu voulais qu'il te dise qu'il attendait que ça, que vous vous retrouviez, qu'à partir de maintenant vous n'allez plus vous quitter, mais il n'a rien dit de tout ça. Tu secoues la tête négativement. « Non … je comprend pas, j'y arrive pas » Fais-tu dans un soupire. « Écoute, si c'est parce qu'on a couché ensemble que t'es comme ça, bah je te le dis, c'est pas grave, c'était rien, c'est du passé, c'est oublié. » Poursuis-tu, bien sûr que non que c'est pas oublié, bien sûr que ça te fais quelque chose, c'était ta première fois et tu t'en souviens à peine, mais si ça peut le rassurer et le faire redevenir comme avant, t'es prête à dire toutes les plus grosses conneries du monde. Le serveur vient à nouveau vers vous pour vous demander si vous avez choisis, tu commandes des maki végétarien et laisse Cam prendre sa commande à son tour.

Il décide de rien prendre, et tu hausses un sourcil sans vraiment comprendre, est-ce qu'il compte se barrer et te laisser en plan ? Peut être bien, surtout quand tu vois la réaction qu'il a sur tes paroles. Il a l'air vexé, blessé, apparemment, pour lui, c'est rien d'être quelque chose d'oublié. Tu fronces les sourcils. « Pourquoi t'accordes tellement d'importance à ça ? C'est pas comme si j'étais la seule à être passé par là, loin de là. Ça devrait être qu'une partie de jambe en l'air basique pour toi. » Lâches tu avant de te pencher un peu plus vers lui pour qu'il te comprenne bien. « Alors s'il te plaît, OUBLIE. » Fais-tu en haussant le ton, mais pas assez fort pour que tout le restau vous entende, juste un ton franc et sec, les yeux complètement planté dans les siens.

Putain, et voilà que ça recommence, il pose ses lèvres sur les tiennes, et là, tu comprends, tu comprends tout, tu sais pas pourquoi ça te tilt maintenant, mais tout est clair, ce mec t'aimes comme un fou, ce mec est dingue de toi, et toi tu passais ton temps à te voiler la face, à te dire que c'est impossible, que vous êtes comme frères et sœurs. Toi, t'as rien vu, t'as pas su le voir, t'as pas su l'écouter, putain, tu t'en veux, tu t'en veux de tout le mal que t'as pu lui faire tout ce temps, tu t'en veux d'avoir été aveugle. T'as même pas eu le temps de réagir à son baisé qu'il détache déjà ses lèvres des tiennes, t'aurais voulu lui rendre, t'en avais tellement envie, tu restes sur le cul, tu sais ni quoi dire, ni quoi faire, en fait tu réfléchis pas, à peine il fini sa phrase que tu te penche vers lui à ton tour pour attraper ses lèvres avec plus d'ardeur, et tu passes une main derrière sa nuque pour l'empêcher de partir.

Et il te repousse pas comme il l'a fait la dernière fois, au contraire, il t'incite à venir plus près de lui, et tu te donnes même pas la peine de répondre, tu te lèves pour venir t'asseoir à côté de lui, le plus près possible. Tu colles à nouveau tes lèvres contre les siennes, plus brutalement encore, tu lui donnes le baisé le plus passionné que tu n'ai jamais fais. Le serveur arrive devant votre table pour poser ta commande, mais t'en à rien à foutre, tu le calcules même pas, tu calcul plus rien autour de toi, y a juste lui, rien que lui. T'as le cœur qui bat de plus en plus fort, il devient fou, et tu sais pas ce qui t'arrive, t'as jamais ressentit ça auparavant, t'as jamais eu cette sensation là, tu sais même pas ce que c'est, à vrai dire. Est-ce que c'est ça, l'amour ? T'en sais rien, t'as pas envie de savoir pour le moment. Tu continues de l'embrasser, et tu passes tes mains derrière sa nuque, laissant l'une d'elles glisser sur son torse, tu sent son cœur battre à une force pas possible, et tu t'arrêtes un instant, le visage toujours tout près du sien et le regard plongé dans ses yeux noirs. « … Ça fait combien de temps ? » Fais-tu d'une voix basse, tu veux savoir depuis quand il est fou de toi, depuis combien de temps tu lui fais du mal.

Trois ans, trois ans qu'il t'aime et que t'as rien vu, pourtant, maintenant que t'y pense, c'était tellement évident … Sa façon de te regarder, sa façon de se comporter, son sourire quand il est avec toi, puis ses crises de rage quand un type s'approche trop près de toi. T'as été conne, vraiment conne pour pas le voir, et pourtant tout le monde autour de toi te le disais, et tu restais borné à dire qu'il y a rien et qu'il y aura jamais rien, parfois tu te gênais pas pour le dire en sa présence, à pouffer de rire comme si c'était la blague de l'année. Tu t'écartes de lui, le front crispé. « Pourquoi, Cam ? Pourquoi tu ne me l'as jamais dis ? Je comprend pas, on aurait pu ... » Lâches-tu, ouais, peut être que si il te l'avais dis plus tôt, tu serais avec lui depuis des années déjà, et heureuse comme jamais, t'aurais pas vécu toutes ces choses ce mois-ci, t'aurais pas souffert. Mais est-ce que toi, tu l'aimes ? T'en sais rien, t'es perdu, tout ça, ça te dépasse. Tu te rappelles encore de la première fois que tu l'as vu, avec ses cheveux en bataille et son grand sourire sur les lèvres, tu parlais à peine anglais et t'avais l'air complètement stupide à chaque fois que t'ouvrais la bouche, tu rougissais sans arrêts. Il t'avait tout de suite plu, tu le trouvais adorable, mais tu ne sais pas pourquoi, ça n'est jamais aller au-delà.

Tu fronces les sourcils, tu secoues négativement la tête. « Mais, Cam … Si tu m'avais montré dés le départ que je te plaisais, peut être qu'on en serait pas là aujourd'hui … J'aurais aimé que tu m'invites à sortir, j'aurais pas refusé, j'aurais aimé que tu me fasse rêvé, je serais peut être tombé amoureuse, j'en suis même sûre, on aurait pu être heureux toi et moi … Et tu aurais pas souffert toutes ces années, je t'ai fais tellement de mal, j'en suis sûre ... » Fais-tu, le cœur meurtri par le regret, la sensation d'avoir raté quelque chose. T'as l'impression que c'est maintenant, à cause de ça, que tout est gâché. Tu repenses à tout ce que vous avez vécu. « Ça aurait été magique ... » Rajoutes-tu d'une voix basse. Mais maintenant, pourquoi penser au passé, tout est gâché maintenant, t'as beau avoir envie de l'embrasser, avoir le cœur qui bat la chamade quand vous êtes proches, il y a toujours ce petit quelque chose qui t'empêche de savourer l'instant, qui te pousse à rester loin de lui.

Ses paroles t'exaspères, tu sais que ça ne se serait pas passé comme ça, tu le sais très bien. Avec sa bouille d'ange, ses bouclettes et son don pour te faire sourire jusqu'aux oreilles, t'aurais été raide dingue de lui. « Donc t'as préféré rien dire et prendre le risque de me voir avec d'autres … J'aurais pu rencontrer quelqu'un, en tomber folle amoureuse ... » Tu soupires, et tu repenses à Angus, c'est vrai, s'il n'avait pas été si con, t'aurais peut être été avec lui à l'heure qu'il est. Mais peut être que lui aussi il aurait rencontré quelqu'un, quelqu'un qui mérite d'être avec lui, qui ne lui fera jamais de mal, parce que tu sais que tu vas continuer à lui en faire. Tu soupires encore et regardes dehors, la nuit commence à tomber peu à peu. « Bon, bref … on bouge ? Tu veux aller quelque part, faire quelque chose ?  A moins que tu veux rentrer, t'as peut être mieux à faire que de rester là avec moi … » Fais-tu. C'est vrai qu'il se fait tard, il pourrait avoir envie de rentrer chez lui, de se vider l'esprit.

Tu soupires et lèves les yeux au ciel. « Comme si je ne l'étais pas avec toi. » Fais-tu. Comment peut-il être tellement pessimiste ? T'as été heureuse d'être sa meilleure amie pendant trois ans, il t'a rendu heureuse comme jamais, il a d'ailleurs été l'un des rare qui l'a fait pendant ces trois années là. Il te dit qu'il a quelque chose à te montrer, et tu hausses un sourcil, curieuse. Tu lui fais un grand sourire. « Dis-moi, je veux savoir ! Je suis trop curieuse tu le sais très bien. » Fais-tu en te levant et en attrapant tes sushi. Tu les ramènes au comptoir pour demander à les faire emballer, ce que le serveur fait rapidement. Tu retournes vers lui avec ce grand sourire sur les lèvres qui ne te quitte plus depuis quelques minutes. « Alors ? Montre-moi ! »