Don't push me.† Ally

Cette journée ne figurait déjà pas dans les meilleures, mais alors là, tomber sur la rouquine, c'était le pompon. Effy fronça les sourcils et finit par entrer dans la pièce, refermant la porte derrière elle d'un coup sec. Putain, parce qu'elle allait devoir partager la pièce exiguë avec celle-là. La jeune fille alla s'asseoir dans le côté opposé de la pièce, le plus loin possible d'Ally. Qui elle, ne se priva pas pour lancer les hostilités. Dès qu'elle ouvrit la bouche, le sang d'Effy se mit à bouillonner. Mais elle se prenait pour qui cette pute ? Elle perdait rien pour attendre.

« Faut croire que je croise beaucoup de connards et de salopes sur mon chemin. »

Répondit-elle du tac au tac, plaquant son incroyable regard bleu sur la rousse, les iris aussi durs et froids que la glace. Le "connard", c'était pour le tireur qui avait flingué son dealer. Le "salope", j'vous laisse deviner à qui il est destiné. Si elle commençait à lui titiller les nerfs après 10 secondes, Eff' n'était pas sûre de pouvoir se contenir le temps qu'on les appelle à témoigner. La brunette n'était pas vraiment violente à la base, en tout cas pas physiquement. Avec les mots, elle savait y faire, taper là où ça faisait mal, ou vous foutre face à des vérités que vous ne vouliez pas voir, d'une voix neutre et presque innocente. C'était vachement efficace et elle mettait rarement des poings dans la figure des gens, surtout qu'avec sa carrure de brindille, elle ne faisait pas vraiment le poids. Mais ici, elle ferait peut-être une exception. L'événement marquant d'Ally, ce serait la marque de la main d'Effy dans sa gueule, si elle comptait continuer à la provoquer ainsi.

Effy s'assit calmement en face d'Ally, la défiant du regard, sans même broncher ni cligner des yeuxquand cette dernière insulta ces parents. Pauvre conne, comme si ce genre de répartie minable et totalement dépourvue de fondements allait l'atteindre d'une quelconque manière. La rousse ne la connaissait même pas. C'était d'un ridicule, sérieux.

Mais cette petite peste ne comptait pas en rester là. Franchement, elle avait tellement besoin de rassurer son ego, à descendre d'autres gens sans raisons ? Eff' fronça néanmoins les sourcils, curieuse de ce que la rouquine allait bien pouvoir lui sortir encore. Il était clair qu'elle comptait parvenir à l'atteindre en utilisant Levi. Mais quelle magnifique salope, j'vous jure. La jeune brunette ne put toutefois s'empêcher de tressaillir, lorsqu'elle repensa à lui. Inutile de le cacher.

« Disons qu'au moins ils ne m'abandonnent pas à l'autre bout du monde sans même se retourner. Faut croire que je suis pas assez infecte pour qu'on tourne la page en claquant des doigts. On ne peut pas en dire de même pour tout le monde... »

Son ton était glacial, à vous transformer le soleil en iceberg. Son regard d'un bleu pénétrant envoyait des poignards à Ally. Cette peste connaissait peut-être son point faible, mais Effy aussi savait où frapper pour que ça fasse mal. Au moins, c'était elle-même qui avait décidé d'en rester là avec Levi, pour ne pas l'empoisonner de sa présence toxique. Pas comme Ally qui s'était fait larguer comme une merde, et à raison, si bien que Levi s'était réfugié en Australie pour être sûr de ne plus jamais la recroiser. Faut croire qu'elle a toujours été une salope manipulatrice dans l'âme, celle-là.

Mais quand elle mentionna Zach, c'était de trop. Même Effy n'était pas aussi mesquine. Et pourtant elle avait l'étrange pouvoir de blesser les gens profondément, de détruire tout ce quelle touchait. Mais jamais elle n'aurait fait ça gratuitement, pour le plaisir de faire du mal. Rien qu'entendre le nom de son frère sortir de la bouche de cette saleté, la jeune fille en avait des frissons de dégoût.

« Ta gueule. Tu connais ni mon frère, ni quoi que ce soit à propos de ma famille. Alors ferme ta gueule, vraiment. »

Tous les muscles d'Effy s'étaient tendus. Cette fois, la voix était carrément assassine, aussi tranchante qu'une lame de rasoir. Si son regard avait été doté de pouvoirs, Ally ne serait plus qu'un misérable tas de cendres, en cet instant.

Les remarques de la rouquine sur les abandons lui passaient au-dessus. À ce niveau-là, Effy savait prendre sur elle. Son interlocutrice n'avait aucune idée du pourquoi du comment il s'était passé ce qu'il s'était passé, ça ne la regardait pas de toute manière. Elle pouvait cracher ce qu'elle voulait, l'étudiante, elle, savait pourquoi elle était partie. Et aussi douloureux que cela soit, Ally ne pouvait pas l'atteindre là-dessus, elle n'y connaissait rien. D'ailleurs, Effy doutait fortement que cette sale rousse et assez de neurones pour comprendre quoi que ce soit de la complexité de sa relation avec Levi et du chaos infernal qui torturaient leurs âmes. De plus, elle avait la capacité émotionnelle d'une petite cuillère et il en allait de même pour sa morale. Alors bon, hein.

« Ouais, c'est un peu l'inverse de toi en fait. Avec moi ils se tirent, et toi tu te fais tirer par tout le monde. On t'a jamais dit que ce sont les produits à bas prix qui attirent le plus de clients ? »

Rétorqua Effy sans un sourire, mais on sentait le sarcasme venimeux dans sa réponse qui avait claqué, sèche, et ses iris flamboyèrent un instant. Elle préférait être seule que piquer les mecs des autres par désespoir. "Peut-être que Levi m’a foutu dehors, peut-être. C’est tout de même moi qu’il a choisit, ce soir-là. Tu sais, celui où tu nous as surpris." Ouais, ça faisait mal. Mais c'était plus vraiment d'actualité, tout ça. Effy et Levi s'étaient expliqués, longuement. Ca avait été dur, mais il avait tout fait pour la convaincre. Et avait réussi. Ils n'en étaient plus à ces problèmes-là, maintenant. Alors la rousse pouvait se ranger sa petite fierté ridicule, tout ça parce qu'elle avait gagné une baise avec un mec qui ne voulait plus d'elle.

« Faut être vachement désespérée quand même pour se taper les mecs des autres, c'est dommage que t'arrives pas à t'en trouver un toute seule. Grappiller une nuit chez l'un, puis chez un autre, tout ça parce que personne ne t'estimes digne de plus d'attention... C'est franchement pathétique. »

Reprit la jeune femme avec un petit sourire en coin sans même regarder la rouquine, ses ongles étant bien plus intéressants à observer. Mais quelle pute, quand même. Honnêtement, si elle avait juste pu la fermer, Effy n'en aurait eu que faire d'être avec elle dans la pièce. Elle ne la portait pas dans son cœur, c'était sûr, mais elle ne comptait pas la chercher non plus, elle avait autre chose à foutre que des conneries dignes d'une gosse de cinq ans. Sauf que cette peste avait décidé de lancer les hostilités dès les premières secondes. Si la jolie brune n'était pas la première à s'énerver, préférant jouer sur des paroles injectées de venin, il ne fallait pas non plus pousser trop loin. Et là, Ally allait vraiment trop loin. Mais qui diable avait doté cette chose d'une bouche ? Sa vie était-elle si merdique et inintéressante qu'elle devait se trouver une distraction qu'elle était la seule à trouver amusante et pertinente dans ce cas ? C'était ridicule. Totalement immature, et cela témoignait du nombre de neurones qu'elle possédait. C'est-à-dire, très peu.

« Le plus beau cadeau qu'il m'ait offert à moi ? Regretter profondément d'avoir recouché avec toi. Après avoir insisté pendant des jours pour me parler, et me dire à quel point il n'en avait plus rien à foutre de toi. »

Effy avait répondu calmement, mais son regard s'était à nouveau planté dans celui d'Ally, dur, tranchant, menaçant même. Elle serrait les mâchoires. Parce qu'elle n'était absolument pas au courant que Levi avait offert une galerie d'art à cette pute. Si elle ouvrait encore la bouche, elle allait lui en coller une. Même si elles se trouvaient au tribunal, lieu sans doute plus propice à la retenue et la non-violence. Effy se leva. Fallait vraiment qu'on l'appelle à témoigner, sinon elle allait faire bouffer ses cheveux à Ally. Ou l'étrangler avec.

Effy serrait toujours les poings, bras croisés néanmoins, adossée contre le mur. Elle n'était plus vraiment capable de rester assise, et bientôt, elle ne serait plus capable de rester statique. Elle serait plutôt en train de faire bouffer ses cheveux à cette peste. Le pire dans tout ça, c'est que la brunette ne lui avait franchement rien demandé. On ne pouvait même pas dire qu'elle lui avait fait quelque chose, elle. Pour l'étudiante, ça signifiait clairement que, quoi qu'elle dise, Ally avait tout de même été fortement blessée que Levi ne la reprenne pas et lui mette un gros stop dans la gueule. Note que cette histoire de galerie d'art, la jeune fille avait du mal à l'avaler. Surtout quand ça sortait de la bouche de cette salope. La répartie de la rouquine faiblissait néanmoins, arrachant un petit sourire à la brune. Elle parvenait à feindre l'indifférence, mais Effy savait qu'elle avait touché une corde sensible. Fallait évidemment que la jeune femme en rajouter une couche avec sa putain de galerie. Bordel, elle allait y mettre le feu si ça continuait. Mais pour le moment, elle se contenterait de l'acidité de ses paroles.

« Peut-être que t'es plus intéressante financièrement qu'au lit, tout simplement. »

Balança Effy sur un ton railleur, son regard cynique soutenant celui d'Ally sans ciller. Fallait que le juge débarque et emmène l'une d'elle sinon ça allait réellement finir en baston. Malgré les paroles acerbes qu'elle prenait plaisir à sortir à la rousse, elle n'était plus tellement certaine de contenir le volcan de fureur qui menaçait d'exploser en elle. Et elle comptait bien brûler la rousse avec. Autant c'était ridicule de se lancer des piques tout ça pour un mec, autant Effy aurait donné n'importe quoi pour lui casser la figure à cette peste prétentieuse. La moindre excuse ferait l'affaire. Si elle n'était pas violente de nature, Ally commençait réellement à atteindre ses limites.

Effy leva les yeux au ciel devant la répartie vraiment à chier de son interlocutrice. Ouais, ta gueule ma belle. T'es juste bonne pour investir, pas pour baiser. La brunette devait se contrôler, absolument, un éclatement de violence serait réellement malvenu par ici. Mais cette peste parvenait à la pousser jusqu'à la dernière limite de son sang-froid, parce qu'elle le cherchait réellement. D'ailleurs, pourquoi la cherchait-elle autant ? Autant l'étudiante ne portait pas Ally dans son cœur, autant elle ne comptait pas la blesser gratuitement, juste pour se divertir. Ici, elle n'avait fait que riposter. Maintenant que son ennemie l'avait bien chauffée, évidemment qu'elle ne comptait pas calmer le jeu. Mais la jeune fille se demandait tout de même pourquoi la rouquine avait tant besoin de se faire détester des autres. Elle devait être réellement malheureuse pour demander une telle dose de haine de la part des gens.

« Au final il t'as baisée qu'une fois, et même pas jusqu'au bout. Il est revenu dans tes draps mais il ne te reprendra jamais. C'est d'une tristesse. »

Soupira Effy avec un haussement d'épaules, retournant à la contemplation de ses mains. Si ce n'était que ça, elle pouvait passer au-dessus, ce genre de répartie ne la touchait pas. Mais once again, Ally ne comptait pas s'arrêter là. Effy encaissa les paroles de cette mégère. Durement. Elle serra les mâchoires jusqu'à s'en faire mal et releva un regard brûlant de haine vers Ally. Oh god. Cette fois, elle avait vraiment déconné, cette biatch. D'un seul mouvement vif, la brune se leva et abattit son point sur le visage de la rouquine, sans lésiner sur la puissance du coup. Elle avait peut-être la carrure d'une brindille, mais sa fureur décuplait sa force. Elle attrapa la jeune femme par sa tignasse rousse, la traînant hors de sa chaise pour la jeter au sol et s'abattre sur elle, frappant à coups de poings sur tout ce qu'elle pouvait atteindre.

« MAINTENANT TU VAS LA FERMER ESPÈCE DE GROSSE PUTE !!! »

Effy sentit quelques coups de retour l'érafler aussi, par-ci par-là, mais sa rage était telle qu'elle ne les sentait même pas. La haine qu'elle ressentait pour Ally en cet instant était si virulente qu'elle n'avait aucune notion de douleur. Et elle ne comptait pas s'arrêter avant d'avoir arrangé la sale tête de cette pétasse de première. Malheureusement, on ne la laissa pas aller au bout de ses projets car un homme intervint et les sépara. La tignasse brune de la jeunette était encore plus sauvage qu'avant et son regard flamboyait de colère, détruisant tout sur son passage. Elle haletait et serrait toujours les poings. C'était qui ce mec ? Putain, sûrement pas la personne qu'il lui fallait en ce moment, c'était sûr. La manière dont il l'apostropha sèchement, avec un ton paternaliste et réprobateur, lui confirma cela. Rien que son ton lui donnait envie de rire. Note qu'en même temps elle avait envie de buter Ally.

« Demandez à l'autre catin si elle se tient bien, elle, à sauter sur les mecs des autres puis en rajouter trois couches en toute gratuité ! J'me serais bien passée de me faire harceler verbalement par cette fille, croyez-moi. »

On sentait qu'Effy n'était plus qu'un volcan en éruption, qui dirigeait toute sa lave en ébullition vers cette saleté de rouquine, espérant la faire disparaître de la surface de la terre. Les sages paroles bien trop clichées de l'homme qui était intervenu la faisaient marrer intérieurement, surtout qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il s'était passé ici. De la manière dont Ally avait volontairement ouvert les hostilités. Putain c'était vraiment dégueulasse si elle s'en sortait sans problèmes. Mais quand l'homme reprit la paroles en lui demandant - sur un ton qui devait se vouloir menaçant - s'il devait appeler ses parents, le regard perçant d'Effy se posa sur lui, implacable, et elle éclata franchement de rire. C'était honnêtement une très bonne blague. Qu'il appelle ses parents qui habitaient à l'autre bout de la terre, ceux-là même qui l'avaient expédiée ici parce qu'elle avait tenté de se suicider et qu'elle devait "s'éloigner des mauvaises fréquentations", et leur explique la situation. Ils n'en avaient rien à foutre de ses histoires de drogue et d'alcool, même s'ils faisaient semblant que c'était le cas. Ils allaient faire quoi, payer un vol aller-retour pour Bowen ? C'était d'un grotesque.

« J'ai pas cinq ans et mes parents habitent de l'autre côté du globe. Et pour être honnête avec vous, n'en ont rien à cirer. Donc, c'est bon maintenant, j'peux me tirer ? Désolée, les putes me donnent des allergies. »

Rétorqua Effy sur un ton franc et sans réplique qui montrait clairement qu'aucune de ces menaces n'avaient inspiré la moindre crainte en elle. Presque détaché. Sauf qu'elle désigna Ally en la poignardant du regard à la fin de sa phrase. Elle n'en avait rien à foutre de ces petites discussions destinées à la calmer, et jouer l'autorité était un très mauvais moyen de l'aborder, elle ne la supportait pas.