gonna get ready for the rain to pour heavy ~ effy.

La panique qu'Effy avait pu ressentir s'envolait avec la main de Levi dans la sienne. À chaque minute qui passait, elle était un peu plus soulagée, un peu plus confiante, de voir qu'il était toujours là. Qu'il semblait ne pas vouloir la lâcher une seule seconde. La jeunette se sentait horriblement mal, après tous les événements récents et moins récents. Lorsqu'elle fermait les yeux, tout repassait en boucle dans sa tête, les angoisses, tourner le dos à Levi, pleurer seule dans le noir, la drogue, danser comme jamais en boîte, les deux iris azur de Levi lorsqu'ils s'étaient rencontrés, l'affrontement avec Ally qui avait cruellement remué le couteau dans la plaie, le débordement, la haine, la colère, la tristesse, la peur... Tout revenait jusqu'à ce moment où elle ouvrait les yeux pour plonger dans les siens. Inquiets, calmes, patients, brillants. Ils voulaient tout dire, pour elle. Un petit rire mêlé à un sanglot secoua le corps frêle de la brune lorsqu'il lui répondit qu'il était un abruti. C'était faux. Bon, peut-être sur certains points. Mais elle l'avait mis à rude épreuve, elle avait refusé d'admettre l'évidence tout comme lui l'avait fait et ils avaient été incroyablement cons et têtus. Elle ne voulait pas d'un autre type. Elle le voulait lui, seulement lui. Il était la seule chose qui pouvait la rassurer, la cacher de ses terreurs et canaliser ses angoisses. Elle pressa sa main pour seule réponse, sans le lâcher du regard, ses grands yeux bleus étincelants plongés dans ceux de Levi, fouillant son âme comme ils l'avaient toujours fait. Il avait toujours cette étincelle fascinante en lui, qui l'effrayait et l'attirait incroyablement à la fois. Peu importe combien elle était effrayée, il la rassurait suffisamment pour qu'elle cesse de taire ses sentiments. De toute façon elle n'avait plus le choix, elle ne pouvait plus les renvoyer dans un coin de sa tête en espérant qu'ils disparaissent. Elle était désormais certaine qu'ils ne disparaîtraient jamais. Peu importe à quel point elle essayait. Certaines personnes étaient simplement faites pour entrer dans votre vie, s'y accrocher comme une moule à son rocher, et y rester. Il était sa bouée de sauvetage.

« Je suis plus résistante qu'il n'y paraît. »

Souffla-t-elle dans un demi-sourire malicieux et à la limite de la provocation. Quand le jeune homme se leva et lâcha sa main, un vent de frayeur parcouru la jolie brune et elle se crispa, ses mains aux traits fins s'agrippant au mince drap qui couvrait le brancard. Elle avait l'impression d'avoir pu se passer d'oxygène pendant plusieurs mois et que maintenant qu'elle avait retrouvé sa bouteille, elle ne pouvait plus s'en passer. Levi discuta quelques minutes avec les ambulanciers, tandis que l'étudiante ne le quittait pas du regard, s'exhortant au calme. Elle voulait retrouver sa main dans la sienne, comme s'il s'agissait d'une garantie. Un soupir de soulagement l'étreignit quand elle comprit qu'elle était à présent libre de partir. Ses muscles étaient épuisés mais un certain empressement s'emparait d'eux, elle avait hâte de partir d'ici, avec Levi. Elle se concentra néanmoins pour ne pas bouger tandis qu'on lui retirait tout le matériel, aussi sage qu'une enfant qui sait qu'elle est récompensée pour bonne conduite et qu'elle n'a pas intérêt à la ramener. Sait-on jamais qu'ils décident de l'embarquer finalement. Une fois libérée de l'aiguille, du masque et de tout l'attirail, elle s'assit sur le brancard jusqu'à ce qu'on l'autorisé à se lever et qu'on lui donne les dernières recommandations. La jeune femme se concentra pour ne pas vaciller, même si sa vision était encore un peu trouble, elle feignit de prendre un pas assuré. Pas question de trahir la moindre faiblesse. Levi l'attendait, reprenant possession de sa main, ce qui eut le don d'ôter un poids de ses poumons. Elle hocha la tête quand il lui demanda si elle était capable de faire le trajet, serrant ses doigts entre les siens, et ils s'éloignèrent dans la nuit, telles deux ombres insaisissables, comme autrefois.

« T'as des cigarettes ? »

Demanda Effy une fois qu'ils furent assez loin de l'ambulance et du brouhaha qui entourait la boîte de nuit. Elle lui lança un regard en coin comme pour parer à toute éventuelle désapprobation, vu qu'elle venait tout juste de se remettre de son malaise. Ce n'était pas une malheureuse clope qui allait la terrasser et elle en avait vraiment envie, comme pour clôturer définitivement cette partie de la soirée. Ses jambes la trahissaient de temps à autre, un pas se faisait parfois hésitant, mais elle ne craignait rien, à côté de Levi.

Effy saisit la cigarette que le jeune homme lui tendait entre ses doigts fin, la porta à ses lèvres et profita du briquet qu'il actionna devant elle. L'étudiante toussa un peu au début, les poumons encore fragiles, avant de reprendre une bouffée de tabac et de continuer à marcher en essayant de chanceler le moins possible. Elle n'avait pas peur de tomber. Parce qu'il était là. Mais elle ne voulait pas avoir l'air d'un oisillon tombé du nid. Elle se portait très bien malgré les événements de la soirée, en tout cas c'est ce qu'elle voulait faire croire. Eff' n'avait pas envie de montrer à quel point elle était chamboulée intérieurement. La présence de Levi suffisait à la rassurer pour ne pas qu'elle s'effondre en morceaux, mais elle restait perturbée, dubitative quant à la suite. La seule chose dont elle était certaine, c'est qu'elle le voulait à ses côtés. Elle n'y parviendrait pas sans lui.

Il n'y avait pas besoin de paroles. Le contact entre leurs peaux suffisaient. Et la jolie brunette n'était pas déterminée à lâcher la main de Levi. À mesure que les rues la rapprochaient de sa résidence, elle serrait sa main un peu plus fort dans la sienne, sans dire un mot cependant. Son regard qui pouvait vous percer le cœur était fixé sur un point invisible droit devant elle, ses traits restaient impassibles même si tirés de fatigue. Ce fut lui qui repris la parole quand ils s'arrêtèrent devant l'entrée, une fois la destination atteinte. Effy jeta sa cigarette, et leurs regards se croisèrent, s'aimantèrent, avec autant d'intensité et de paroles silencieuses que la première fois. Effy ne dit rien, laissant le silence s'écouler après cette phrase, sans détacher son regard du jeune homme. Cette situation lui en rappelait une autre, similaire, qui s'était déroulée bien des mois auparavant. Alors un sourire malicieux et difficile à déchiffrer étira le coin de ses lèvres, et se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Un geste furtif, doux mais rapide, difficilement saisissable. La seconde d'après, elle marchait déjà vers la porte qui donnait sur les résidences. Intérieurement, elle souriait en constatant à quel point elle avait l'impression de revivre la première fois où Levi l'avait ramenée ici. Mais plutôt que de se volatiliser dans la pénombre du bâtiment, comme cette fois-là, Effy se retourna, les doigts accrochés autour du châssis de la porte, et fit volte-face pour regarder à nouveau Levi.

« Reste avec moi ce soir. »

Finit-elle par dire, sa voix étonnamment douce et un peu tremblante, un peu hésitante, s'envolant dans la nuit pour rejoindre Levi. Elle gardait ses iris d'un bleu indescriptible plongés dans ceux du jeune homme, comme si elle ne voulait pas le laisser s'échapper. Le piéger dans son regard intense et perçant, qui donnait l'impression de voir à travers vous. Elle ne bronchait pas, se tenant dans l'encadrement de la porte qu'elle tenait entrouverte. Patiente, franche, décidée. Avec cette minuscule étincelle énigmatique et captivante qui brillait au fond de son regard, celle qu'on lui connaissait bien.

« S'il te plaît. »

Malgré une voix relativement ferme et un regard qui ne cillait pas, on pouvait distinguer cette vulnérabilité qu'Effy cachait si bien. Son assurance s'était un peu dissipée, ce soir, et même si elle semblait toujours aussi solide, il était impossible de ne pas voir une certaine fragilité l'envelopper, si on regardait bien. Levi pouvait voir cela, mais il avait la délicatesse de faire comme si ce n'était pas le cas. Et c'était sans doute une des raisons pour lesquelles la jeune fille était aussi attirée par lui de manière incompréhensible et hors de tout contrôle. Il savait ce qu'elle ressentait, il savait qui elle était, d'un seul regard. Mais il avait la décence et le tact de ne rien en montrer. Il savait qu'elle savait. Elle savait qu'il savait. C'était suffisant pour eux deux. Encore une fois, les mots et les gestes étaient superflus entre eux, ils comprenaient des choses l'un de l'autre qu'une conversation approfondie n'aurait pas pu révéler. C'était effrayant, terrorisant même, mais Effy songea qu'elle finirait par s'y faire. Parce qu'elle préférait flipper à en sentir ses tripes se retourner plutôt que d'accepter l'idée qu'il soit loin d'elle. Elle ne voulait plus jamais le laisser partir. Peu importe combien elle se fustigerait pour ça. Elle avait choisi la solution égoïste. Et il l'acceptait sans broncher, avec ferveur même.

C'est pourquoi la jeunette étouffa un soupir de soulagement, une expiration apaisée, en voyant Levi se diriger vers elle sans dire un mot. Un mince sourire indéchiffrable était passé sur le visage de la jolie brune, un court instant, avant de disparaître dans l'ombre tandis qu'elle se retournait, pénétrant dans le bâtiment suivie du jeune homme. Elle monta les escaliers, s'appuyant sur la rampe pour tenir le coup, réconfortée par la présence de Levi qu'elle pouvait sentir juste derrière elle. Elle pouvait tout autant sentir la légère tension qui le tenaillait. Effy ne se pressa pas pour atteindre sa chambre, veillant surtout à ne pas s'effondrer au sol. Elle tiendrait bien le coup jusque son lit. Elle sortit sa clé, qu'elle fit tourner doucement dans la serrure avant d'ouvrir la porte et d'actionner l'interrupteur se trouvant juste à côté. Sa chambre n'était pas dans un état aussi alarmant que la dernière fois qu'il était venu ici. Certes, de nombreux cadavres de bouteilles étaient présents, mais sagement rangés dans un coin, hormis la bouteille de gin à moitié vide sur sa table de nuit. Le cendrier était posé sur son bureau, où dormaient quelques mégots de cigarettes et de joints. Son lit défait se cachait dans un coin de la pièce, quelques vêtements gisaient au sol, mais rien à voir avec le cataclysme que Levi avait pu observer auparavant. Quelques feuilles de cours, fardes et journaux traînaient sur le bureau et au pied de son lit, ce qui était assez bon signe. Mais Effy n'avait que faire de l'état de sa chambre. Elle ferma la porte derrière Levi et resta un moment appuyée dos à la porte, son profond regard azur encerclé de vestiges de maquillage noir se posant sur le jeune homme, impassibles, curieux, inquisiteurs, mystérieux. Elle le regarda un long moment, en faisant la réflexion intérieure qu'elle aurait aimé se rouler en boule sur le lit, contre lui, et s'endormir de suite.

« Je vais prendre une douche. D'accord ? »

Finit-elle par dire, le dévisageant encore quelques secondes comme si elle cherchait à découvrir quelque chose se cachant au fond de lui. Elle ne savait pas s'il voulait en prendre une aussi, elle n'avait en fait aucune idée de ce qu'il désirait, à part le fait qu'elle supposait qu'il avait un minimum envie d'être avec elle. Sinon il ne serait pas là. Les capacités cognitives d'Effy était assez ralenties cette nuit ou plutôt ce matin, avec tous les événements de la soirée, elle n'était plus en état de réfléchir. Elle se dirigea donc vers la salle de bain qui ne disposait que d'un évier, une douche et une toilette, passa une main dans ses cheveux et laissa la porte entrouverte, déjà perdue dans son monde. Elle retira enfin la robe noire qui lui collait à la peau, ses chaussures, pour finalement retirer ses sous-vêtements et faire couler de l'eau.

Elle avait besoin de sentir l'eau couler sur sa peau. De sentir ce liquide la laver de tout ce qui avait pu se passer, de ses erreurs et de ses angoisses, de sa culpabilité et de sa tristesse. De sa peur du vide, de l'inconnu, du suicide, de la dépression. Elle avait besoin d'être nue, à découvert, rien que quelques instants, et de se sentir libérée de tout ça. Tel était son grand rêve dans la vie : être libre. Ne plus se sentir poursuivie à tout instant par ses démons. Ne plus avoir peur qu'une vague d'angoisse ne revienne vers elle et ne l'engloutisse. C'était sans doute pour ça qu'elle se réfugiait dans l'alcool, la drogue et la débauche. Elle se créait son monde de liberté à elle. Si elle avait pu, elle serait partie définitivement, elle aurait été vivre et mourir dans son monde fictif. Pourtant elle se relevait sans cesse, continuait à évoluer parmi le commun des mortels, jusqu'à la prochaine vague. Sans doute qu'elle ne parvenait pas à perdre espoir. La présence de Levi ne lui donnait pas spécialement plus d'espoir. Mais elle lui donnait quelque chose. Quelque chose d'indescriptible, mais qui lui faisait du bien. C'était tout ce qu'il fallait. Ni plus ni moins. Et il n'était certainement pas son ticket vers le paradis, sa porte de secours, sa sortie miraculeuse. Mais il aidait, rien que par sa présence. Se noyer dans son regard azur suffisait à Effy. Il ne la sauverait pas si son cas était désespéré, mais il pouvait au moins la faire se sentir mieux par moments. Et elle espérait que c'était réciproque. Car lui aussi était torturé, brisé et pourtant toujours là. Ils étaient dans le même bateau. Ils étaient seuls, mais à deux.

La brunette entra dans la douche, son corps mince et pâle se fondant derrière la paroi opaque. Elle leva la tête, fermant les yeux pour sentir l'eau couler le long de son visage. Elle n'entendait plus rien, ne voyait plus rien, sentait juste l'eau bienfaitrice et réparatrice couler le long de son corps frêle et fatigué. Elle ouvrit les yeux en entendant Levi se faufiler derrière elle, doux, un peu hésitant, mais bien là. Elle tourna vers lui son visage impassible, inexpressif, mais son regard perçant suffisait à tout révéler. Ils ne disaient rien mais ce n'était pas nécessaire, tandis que leurs corps nus se frôlaient avec délicatesse, jusqu'à ce que leurs lèvres se trouvent. "Il semblerait que je sois impatient". Effy sourit, un sourire mince mais authentique, tandis qu'elle baissait les yeux avec une petite étincelle amusée et posait les mains sur le torse du jeune homme. Un frisson électrique lui parcourut l'échine. Pourtant elle connaissait le corps de Levi, elle l'avait déjà touché, appris, il lui avait déjà fait ressentir des choses indescriptibles. Elle avait l'impression que ça s'était déroulé il y a des années. Et elle prenait plaisir à redécouvrir les lignes de son corps, glissant ses doigts fins le long des traits de ses muscles, sans se départir de son sourire en coin, tandis que l'eau chaude et réparatrice glissait sur eux.

« Tant mieux. »

Chuchota-t-elle en remontant les yeux vers lui, plongeant dans son regard, mêlant deux océans un à un. Elle n'avait plus peur qu'il s'en aille. Elle le voulait, lui et personne d'autre. C'était plus qu'un besoin, c'était tout simplement une évidence, qu'elle ne pourrait plus jamais nier.

Elle percevait le mélange de fascination et de peur dans le regard de Levi. Sans doute qu'il devait déceler la même chose dans son regard à elle. Au final, ils avaient toujours un peu eu la trouille l'un de l'autre, même si aucun d'eux n'avait été prêt à l'avouer. Ils avaient derrière eux des monstres d'angoisses et d'hésitations, de peurs et de fièvres. Il avait fallu un temps à Effy pour réaliser qu'ils étaient tous les deux un peu foireux, un peu brisés. Et même si l'appréhension laissait la jeune étudiante avec une impression de manque d'air dans les poumons, elle faisait aussi battre son cœur plus vite et plus fort, à chaque fois qu'elle croisait les iris bleu azur de Levi. Ils perdaient le contrôle mais avaient essayé de le garder bien en vain, alors ils n'avaient plus trop le choix. C'était effrayant et délicieux à la fois. Alors la brunette se concentrait sur le côté enivrant de la chose. Elle soutenait le regard du jeune homme, frémissant lorsqu'il glissa la main dans son dos, tremblant presque lorsque l'autre descendit jusqu'à ses reins, tout ça en se noyant dans son regard. Un sourire malicieux au coin des lèvres, elle tentait de cacher les irrégularités de sa respiration, décidée à ne pas lui donner la satisfaction de constater qu'il la perturbait toujours autant et parvenait à électriser chaque partie de son corps. Son cœur manqua un battement quand il reprit la parole et elle baissa les yeux une demi-seconde, avant de les remonter vers lui, seul le bruit de l'eau dévalant leurs corps perçant le silence feutré.

« Je ne veux plus que tu y arrives. »

Elle avait parlé d'une voix à peine audible, mesurée et douce. Effy n'aimait pas promettre des choses car on ne sait jamais comment la vie peut tourner, quel coup tordu elle va encore vous faire encaisser. Mais elle était certaine de ne pas supporter une vie sans Levi. Peu importe ce qu'il se passerait, elle voulait qu'il revienne vers elle, toujours. Et tant pis pour tout ce temps perdu à se battre contre ça. Tout le temps qu'elle avait passé à essayer de l'éloigner d'elle, et à raison. Elle allait être égoïste sur ce coup-là et arrêter de vouloir le protéger d'elle. Parce que c'était trop dur et elle ne voulait plus l'éloigner. Même si un jour elle retentait l'expérience, elle avait besoin qu'il soit là pour lui rappeler qu'elle ne pouvait se sentir bien sans lui. Parce que c'était vrai, et qu'elle avait tendance à oublier ce pourquoi elle faisait ce qu'elle faisait. Ce soir, cette nuit, ce matin, elle perdait le contrôle et s'en délectait. Elle était pétrifiée de peur et en même temps électrifiée par toutes les émotions que Levi déclenchait en elle et qu'elle ne niait plus. Rien que sentir ses mains sur elle suffisait à accélérer son pouls et enflammer sa peau, si bien qu'elle tendait les muscles pour ne pas trahir le feu qui démarrait en elle.

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C'était comme si jamais auparavant ils ne s'étaient touchés, embrassés, si jamais leurs corps nus ne s'étaient frôlés. Pourtant c'était déjà arrivé. Mais le cœur d'Effy battait à lui rompre les côtes, comme la toute première fois. Comme à cette époque où ils étaient cachés au fond des bois. Comme à cette époque où ses lèvres avaient frôlé celles de Levi, le temps d'un battement d'ailes de colibri, avant qu'elle ne disparaisse dans le noir. Comme à l'époque où il était venu frapper à sa porte et que malgré le mal qu'il avait pu lui faire, elle avait senti son cœur battre dès l'instant où elle avait croisé son regard. Ce regard aussi profond qu'un océan qu'elle croisait maintenant, fébrile, la respiration saccadée, le regard brûlant. Elle ne voulait que lui. Il était le seul capable de lui faire ressentir ça. Ce concentré d'électricité, de fièvre, de chaos et d'harmonie, qui se logeait au creux de son ventre dès que ses iris emprisonnaient les siens, dès que sa peau entrait au contact de la sienne.

La brunette se mordit la lèvre en sentant les lèvres de Levi dans son cou, penchant la tête en arrière et s'exhortant à ne pas faire de bruit. Sa peau était déjà en feu et ses ongles s'enfoncèrent dans la peau du jeune homme quand il posa enfin ses lèvres sur les siennes. Elle sentait ses doigts parcourir son corps et s'agrippait à lui, collant son corps contre le sien et accélérant soudainement la cadence. Il avait ouvert un brasier en elle, et il allait devoir savoir le contrôler, jouer avec lui. Effy remonta sa jambe le long de celle de Levi, jusqu'à ses hanches, s'accrochant à sa nuque et glissant ses lèvres sur chaque partie de son corps qu'il lui était possible d'atteindre. Penchait la tête en arrière pour laisser échapper un soupir, si pas un gémissement. Elle se sentait plus vivante que jamais.

[ Ne t'inquiète pas chaton, j'attends toujours tes réponses avec autant d'impatience mais ne te mets pas la pression, j'ai des mois où je suis totalement absente aussi. ]

Effy avait déjà eu d'autres expériences avec des hommes, mais rien n'était comparable à ce qu'elle ressentait lorsque Levi était dans la pièce. Le contact de la chair prenait une toute autre dimension, ses perceptions sensorielles étaient entièrement chamboulées et il était impossible pour elle de réfléchir clairement, l'aurait-elle voulu. Elle sentit son dos se coller au mur froid de la douche et l'étreinte que le jeune homme avait sur elle, la bloquant contre la paroi, ne faisait qu'augmenter son désir. Ses angoisses s'évaporaient, même si ce n'était que pour un temps. C'était lui, le seul capable de chasser ses idées sombres ailleurs, peu importe à quel point elle était enfoncée dedans jusqu'au cou. La brunette planta un instant son regard captivant dans celui de l'homme, ses cils perlant de maquillage noir mouillé, quelques mèches rebelles collant à son visage. Elle le fixa une seconde ou deux, la respiration haletante, les gouttes continuant de pleuvoir sur eux, la vapeur chaude enveloppant leur corps. Elle colla ses lèvres contre les siennes à nouveau, d'un mouvement vif, s'agrippant à ses cheveux, à ses épaules, à tout ce qu'elle pouvait trouver tant qu'elle le touchait. Elle le voulait, lui, maintenant et pour toujours, la question ne se posait plus. Ils n'auraient qu'à continuer à se détruire à deux, à remonter pour mieux retomber, et à oublier tout ça dans leurs étreintes passionnées. La jeune fille descendit ses doigts délicats mais pressés jusqu'à l'intimité de Levi, cherchant à lui procurer autant de plaisir que ce qu'il lui en procurait, perdue dans leurs corps collés l'un à l'autre, réchauffés par l'eau. Il finit par pénétrer en elle et Effy colla la tête contre le mur, étouffant un cri de plaisir qui s'éteint en un gémissement, avant qu'elle ne retrouve rapidement ses lèvres.

Elle se mouvait contre lui, se tortillait et se collait contre son corps, ses doigts s'agrippant à son dos, ses épaules, sa nuque, tout ce à quoi elle pouvait s'accrocher pour l'attirer un peu plus vers elle. Elle avait besoin de ses lèvres contre les siennes et de sentir le feu brûler en eux, l'incendie les ravager. Elle gémissait, criait parfois, redécouvrant le corps de Levi, redécouvrant les sensations qu'il lui procurait à l'intérieur. Jusqu'à ce que le feu ne devienne une explosion, point culminant de leur étreinte et qu'elle ne finisse haletante dans ses bras.

Elle se moquait du bruit qu'ils pouvaient faire dans cette résidence étudiante, du mal qu'ils pourraient se faire à l'avenir, des conséquences de leurs choix, elle se moquait qu'un jour il puisse lui faire du mal ou qu'elle puisse lui en faire, de ce qu'ils s'étaient déjà faits, elle se moquait même qu'une météorite leur tombe sur la gueule. En cet instant même, elle se fichait d'absolument tout, parce qu'ils étaient à deux dans cette douche, corps contre corps et cœur contre cœur, et pour rien au monde elle n'aurait échangé ce moment. Elle était prête à sacrifier sa liberté et sa peur panique des autres et des relations. Pour ce moment et pour plus tard. Elle voulait se promettre de ne plus jamais cadenasser ses sentiments, ne plus les taire et les enfouir, ne plus jamais éloigner Levi par peur de le blesser et de l'emmener avec elle dans ses cauchemars. Tant pis s'ils se blessaient, se torturaient, s'entraînaient vers le bas, peu importe la direction qu'ils prendraient. Elle voulait juste être avec lui. Aujourd'hui et tous les autres jours à venir.

Elle ne savait pas si des secondes ou des minutes s'étaient écoulés, le temps qu'ils reprennent leur souffle, l'un contre l'autre, sans desserrer leur étreinte. Elle arrêta la douche et finit par lever les yeux vers lui, ses lèvres rose pâle entrouvertes, la respiration encore un peu tremblante. Ses longues mèches brunes collaient à son visage et à sa peau et le peu qu'il restait de son maquillage coulait au coin de ses yeux. Elle resta quelques instants ainsi, avant de finalement sortir de la douche et de s'envelopper dans une serviette, hésitant à en tendre une autre à Levi. Elle aimait suivre décortiquer son corps nu de ses yeux azur, et n'était pas certaine d'avoir envie qu'il se couvre d'une quelconque manière. Elle finit néanmoins par lui tendre la serviette, un sourire en coin espiègle illuminant son visage pâle. De toute manière, elle ne comptait pas remettre le moindre vêtement sur elle une voix qu'elle se serait séchée et elle espérait bien qu'il en serait de même pour lui.