Fire and Ice (pv Noah Ruthowski)

Appuyé sur la voiture, je lui avais énoncé les quelques règles de vie que je pensais pourraient l'aider pour passer au travers cette journée ou en tout cas, cette situation. Je me demandais comment elle réagirait, vu qu'elle semblait déjà à bout de nerfs. Est-ce qu'elle trouverait mon petit discours déplacé ? Est-ce que notre conversation reprendrait des airs d'altercations ? Je m'attendais à tout, bien que je semblais paisible, nonchalamment contre son véhicule. Finalement, elle me tendit une main, s'excusant et se présentant. « Noah, » lui répliquais-je tout en serrant sa main. Je devrais sans doute lui demander pardon également car je n'avais pas été correct avec elle non plus. Néanmoins, je redoutais un peu de le faire, car je craignais que la conversation devienne à nouveau houleuse si j'affichais mes torts. C'est comme si je craignais qu'en lui donnant un peu de mon être, elle ne m'attaque. Autant rester un peu sur un plancher de supériorité, même si ce n'était que pour quelques secondes. Je me redressais et m'orientais vers ma voiture d'où je sortais une pochette où je gardais mes documents de véhicules. Cartes grises, permis de conduire et papiers d'assurance. J'ignorais où la jeune femme était assurée, mais je possédais aussi des documents universels pour établir un constat. J'attrapais un stylo et commençais à remplir les informations du fautif, notamment sa plaque d'immatriculation et dessinais la scène d'un trait assuré. Travailler au service de gestion de la route aidait forcément, je n'en étais pas à mon premier cas. Même si à la base, ce n'était pas mon rôle. Je notais mon identité et mon numéro de téléphone à la fin comme témoin de la scène qui pourrait confirmer la véracité des faits. Je lui tendais le papier, il ne lui suffisait qu'à remplir ses coordonnées personnelles et délivrer le document à son assurance. « Ce que je vous conseille, c'est d'aller déposer ça chez votre assureur. Vous leur expliquez ce qui s'est passé avec la personne en tort, qu'ils retrouveront forcément grâce au numéro de plaque d'immatriculation. J'ai aussi inscrit mes coordonnées pour qu'ils me contactent s'ils ont besoin que je confirme les faits. » Je plantais mon regard dans le sien quelques secondes, un silence étonnement étranger nous enveloppant. La situation désormais presque paisible jurait avec les scènes électriques précédentes. Finalement, comme pour répondre aux aveux douloureux qu'elle m'avait livré, je répondais, sur un ton qui se voulait optimiste : « Les vents tournent, vous savez. » La preuve figurait devant nos yeux : nous avions cessé de nous béqueter.

Le ton c'était radoucit entre nous, il fallait dire que je faisais un effort. Je ne voulais pas qu'on retombe dans notre petite guerre ridicule et insensé, j'avais oser le ton trop vite et je m'en voulais un peu tout de même. J'avais fini par me présenter en tendant la main vers le jeune homme, honnêtement, je m'attendais à prendre une veste et puis dans le fond, ça serait justifié. Mais, à ma grande surprise il glissa sa main dans la mienne et se présenta. Je le regardais se redresser et partir vers son véhicule, alors c'était ça maintenant que je lui avais présenté des excuses, il me lançait en plan ? J'aurais mieux fait de ne rien dire et de partir sans m'excuser. Je remarquais qu'il fouillait dans son véhicule avant de revenir vers moi. Je me sentais un peu stupide d'avoir imaginé qu'il allait partir sans me délivrer les informations qu'il possédait sur le type. Je me penchais légèrement pour le voir dessiner sur le constat, décidément, il semblait avoir l'habitude de ce genre de chose car, il n'oublie aucun détail. Cette chose que j'aurais surement mis une demi heure à remplit avait été fait en quelque minutes avec lui. Il me tendit alors le papier que j'attrapais et jetais un oeil dessus. Il me conseilla ensuite de me rendre chez mon assureur pour déposer le document et expliquer la situation, je remarquais alors ses coordonnées en bas. Je me sentait tellement bête maintenant. Mes pensées se perdirent sur le papier, j'avais honte d'avoir crié et d'avoir dit autant de chose à ce jeune homme. Sa voix retentit une nouvelle fois et me sortie de ses pensées, « Les vents tournent, vous savez. »

Je hochais la tête et lui sourit légèrement. "C'est juste que parfois, ça prend un peu trop temps...Et les blessures sont longue à guérir." Je posais le document sur le siège passager et releva la tête vers lui. "Je suis désolé votre fin de journée, doit être atroce...En tout cas, vous semblez avoir l'habitude de remplir les constats...Une chance car, je crois que j'aurais mis un temps fou à le faire toute seule." C'était étrange maintenant, de parler calmement comme si rien ne s'était passé plus tôt. Je baissais les yeux en riant légèrement et en secouant la tête avant de relever mon regard vers lui. "Alors dites moi comment je peux me faire pardonner et vous remercier ?" On semblait avoir un caractère plutôt fort alors, je n'étais pas sur que les disputes ne recommencent pas mais, pour le moment, l'orage semblait s'être apaiser un peu. Le climat électrique s'était un peu calmé, alors autant en profiter pour faire connaissance un minimum. Et puis, tant pis s'il n'en avait pas envie au moins j'aurais fait un effort pour m'excuser et passer pour une personne un peu plus sympathique qu'au premier abord.

C'est juste que parfois, ça prend un peu trop temps...Et les blessures sont longues à guérir. Impassible, je fixais la jeune femme. J'avais le sentiment de comprendre parfaitement ce qu'elle voulait dire, bien que tous les deux, nous souffrions différemment. Je peinais à me remettre de ma dernière rupture amoureuse, qui s'était soldée bien plus que par un cœur brisé, au final. En réalité, je n'étais même pas sûr d'avoir eu le cœur brisé lorsque j'étais parti en septembre. Je m'étais senti mentalement brisé, moralement démoli, et physiquement affaibli. J'avais eu l'impression d'avoir été utilisé. L'on m'avait longtemps mis dans la tête le fait que j'étais responsable des maux des autres, l'on m'avait affublé d'un bon nombre de défauts et de reproches, si bien que j'avais fini au bord du gouffre, persuadé qu'il n'y avait rien en moi de bon. Convaincu que quoi que je fasse, je créerai du mal. Et Dieu que c'était difficile, lorsque tout ce qu'on veut c'est aider une personne qu'on aime. Ça aurait pu très mal finir, j'étais rendu à un point où à de nombreuses reprises j'avais eu envie de m'enfoncer un couteau de cuisine dans mon être juste pour qu'on arrête de me parler, que le monde dans lequel je vivais arrête de tourner. J'aurais sans doute fini par le faire. Et aujourd'hui, bien que j'allais mieux, je ne pouvais pas dire que tout ceci était entièrement derrière moi. Je le souhaitais, mais ça prenait du temps. Et plus d'une fois, je trouvais ça trop long. Malheureusement, nous n'étions pas de vulgaires interrupteurs qu'il suffisait d'enclencher pour transformer.

Je l'écoutais me remercier et s'excuser d'avoir pu rendre ma journée encore plus mauvaise. Je hochais les épaules lui signifiant que ce n'était rien et plantais mon regard dans le sien lorsqu'elle me demanda comment elle pouvait me remercier. C'était plutôt étrange de lui demander quelque chose, vu que je ne la connaissais pas. Elle avait beau avoir énoncé qu'elle était de Bowen, je ne la replaçais pas dans ma mémoire. Pourtant, une femme comme elle devrait bien être mémorable. Sans doute ne fréquentions nous pas du tout les mêmes endroits, ni les mêmes personnes. Je réfléchis quelques instants, avant de répliquer : « Eh bien, la prochaine fois que vous vous trouvez dans une situation comme celle d'aujourd'hui, pensez à ce que je vous ai dit. » Ce serait déjà pas mal pour elle et aussi pour les autres, je pensais. Cela lui permettrait de ne pas s'énerver, il n'y aurait pas de crise, pas de problèmes. J'avais majoritairement vu des conflits réglés dans le calme, rarement dans la tempête. « Vous avez vécu ici combien de temps ? » la questionnais-je. Ça m'intriguait un peu, et puis, si elle me disait être simplement née dans cette ville pour être partie plusieurs années, je pourrais élargir ma bonté en lui donnant le nom d'un bon mécanicien pour sa voiture.

J'étais monté sur mes grands chevaux et j'avais laissé ma colère prendre le dessus. Puis il fallait dire aussi que le type qui avait rayé ma voiture, avait été un enfoiré de première. La dispute c'était continué avec ce jeune homme qui avait voulu m'aider mais, qui avait fait fuir l'autre. Enfin, je me retrouvais maintenant sur la route à lui devoir des excuses. Et alors qu'il venait de m'aider en remplissant un constat, je lui demandais comment je pouvais me faire pardonner pour cette petite bataille ridicule qu'on avait eu plus tôt. « Eh bien, la prochaine fois que vous vous trouvez dans une situation comme celle d'aujourd'hui, pensez à ce que je vous ai dit. » Je lui souris, on ne pouvait pas chasser son naturel et j'étais une femme un peu volcanique alors, j'aurais surement beau m'en souvenir mon instinct serait plus fort. « Vous avez vécu ici combien de temps ? » Je sortis de mes pensées et reposer mon regard sur lui. "Je suis née ici à dire vrai...Je suis partie au moment de rentrer au lycée pour suivre les cours de danse classique à l'opéra de Sydney. J'étais au Bowen State High school avant de quitter le cursus scolaire." Je n'avais pas forcément de bon souvenir de ma scolarité à Bowen. J'étais australienne mais, mes origines avait toujours étaient un obstacle et j'avais passé beaucoup de moment seule dans mon coin. Je me souviens que mes parents c'étaient toujours inquiétés pour moi de ne jamais ramener de copine à la maison ou d'être invité chez quelqu'un. Personnellement, je l'avais toujours bien vécu, j'étais une solitaire c'était ainsi. Cependant, je me demandais bien en quoi cela pouvait aider Noah. "Vous êtes ici depuis longtemps ?" Autant que je lui retourne la question, après tout j'étais curieuse de lui en apprendre d'avantage sur lui comme il le faisait sur moi.