Here comes the thunder ▽ Bessie

Il avait passé des heures à faire tourner la proposition dans sa tête. C'pas qu'il voulait pas sortir de la cave dans laquelle il semblait éperdument appartenir, mais surtout parce qu'il connaissait pas Bessie vraiment. C'était une amie de l'école, une connaissance à la limite. Leur personnalité différait en tous points, c'était justement une des raisons majeures pour laquelle Zadig avait fumé joints après joints un soir de semaine en pensant à la proposition. Elle était dynamique, excentrique, charismatique, le genre de personnes qui repousse Zadig en général, car ils absorbent beaucoup d'air. Lui aimait la solitude, la tranquilité, les portes fermées, les fantômes à la limite. Vivre avec une personne lui donnait énormément de peurs déraisonnées. L'idée de partager son intimité, son quotidien avec une étrangère qui avait déjà accumulé ses habitudes de vie et ses manies, ça le rendait un peu morose. Peut-être que c'était justement un moyen pour lui de briser sa carapce de verre et de sa haine envers la race humaine, c'pour ça qu'il lui avait dit oui, au fond. Elle était pas méchante, la Bessie, juste un peu chiante parfois. Puis, au fond, toutes les raisons étaient bonnes pour se libérer de la maison de sa tante qui ne lui rappellait que la honte tachée à son nom. Sa famille, son père, ses soeurs, son frère, tout ça à observer dans les craques du plafond. Zadig avait dit oui, d'un haussement d'épaules pas trop sûr. Et ils étaient là du coup, dans cette maison à deux. Il comprenait mal encore ce qu'il foutait là. C'était dimanche soir, Zadig était posé dans le salon. Il se sentait lasse, un peu ennuyé et désemparé d'être dans un nouvel environnement. Zad' était posé sur un canapé et était penché sur la table du salon, préoccupé par le joint qu'il était en train de rouler silencieusement. C'tait ce qu'il savait faire le mieux. Après sa longue journée de merde à l'école à se faire cheir avec tous ses grands noms du dessin et de la peinture, il avait besoin de laisser évaporer la vapeur et la tension. Sur la table trainait quelques dessins et des brouillons qu'il avait commencé au cours de la soirée. Bien oui, il prenait ses aises rapidement, of course. Indifférent, un peu, pensif, lasse, c'était un peu son sentiment de tous les jours. Il ignorait ce qu'il ferait de cette soirée, où était Bessi ou même s'il pouvait arriver à griffonner quelques trucs pour son foutu travail de recherche. Ça le faisait chier rien qu'à y penser. On lui apprenait à dessiner, comme c'tait cute. Les yeux rivés sur la petite trainée de poudre verte, Zad' était concentré au point d'ignorer involontairement, ou pas, la porte qui claquait derrière lui. Ça pouvait être voleur, s'en foutait, son joint devait être aboslument flawless .