up + noah

Parfois Perry en a marre de son boulot et regrette vraiment l'époque où il pouvait passer sa journée à siroter des mojitos sur la plage. Être nostalgique de son passé de branleur ne lui arrive pas non plus si souvent que ça. Malgré tout il ne s'est pas mué en un bosseur invétéré. Il a toujours besoin, au moins une fois par jour, de jouer au basket dans son bureau puis qu'il a un mini panier de basket accroché au mur.
Aujourd'hui il a pas mal de rendez-vous, il va donc passer sa journée à serrer des mains et à faire des sourires. Bon ça ce n'est pas ce qu'il y a de plus dur puisqu'il est d'un naturel assez souriant. Le plus compliqué pour lui c'est de ne pas se perdre dans ce que raconte son interlocuteur, car on ne peut pas dire qu'il est un QI très élevé. Il gère quand même mieux qu'au début les rendez-vous puisque lorsqu'il a commencé, il ne comprenait rien à ce qu'on lui racontait.
Après avoir été boire un cocktail, sans alcool on ne boit pas pendant le travail, pour se détendre un peu, il retourne dans l'immeuble pour aller chercher son prochain rendez-vous, un urbaniste avec qui il travaille pour certains projets. Perry tient à venir chercher personnellement tous ses rendez-vous, n'aimant pas spécialement l'idée d'attendre dans grand bureau que l'on vienne à lui. « Bonjour. » dit-il sur un ton très professionnel au jeune homme en face de lui avant de lui serrer la main et de se diriger vers l'ascenseur.

Cela faisait maintenant deux mois que j'occupais mes fonctions à Bowen. J'avais travaillé en tant qu'urbaniste à Sydney pendant plus de trois ans, ainsi, l'on ne pouvait pas dire que j'étais entièrement nouveau dans ce domaine. Toutefois, Bowen possédait ses spécificités desquelles j'avais dû me faire, bien que j'étais natif de cette ville. Aujourd'hui, cependant, je pouvais annoncer que j'étais heureux de mon travail, je m'épanouissais. J'avais le sentiment d'avoir trouvé ma place et jouir d'un poste qui me plaisait. C'était peut-être trop tôt pour dire tout cela, mais je m'étais persuadé que je serais fortement déçu si je venais à perdre ce travail un jour. Heureusement, cela ne se dessinait pas ainsi. Même au niveau de mon contrat, mon employeur avait sauté sur l'occasion : un jeune homme originaire de Bowen, avec les diplômes et un peu d'expérience, et qui pourrait très bien passer toute sa vie dans son entreprise. Que demander de plus, vraiment ?

Aujourd'hui, j'avais plusieurs dossiers sur le dos. Avec le séisme, mon bureau était plus que mouvementé et je ne pouvais pas dire que je m'ennuyais. De plus, j'avais été absent de mon travail pendant un mois, suite à un congé maladie. J'étais parvenu à rattraper une partie de ce que j'avais loupé, mais il me fallait aussi regarder de l'avant. Il y avait des dossiers à venir et des demandes futures. Je ne pouvais pas me contenter de rester dans le passé, il fallait aussi combler l'avenir. Ainsi, aujourd'hui, j'avais rendez-vous avec Perry Peach, le dirigeant de la filiale de Jeffreys. Il serait un client important qui apporterait un dossier conséquent, je le savais. J'entrais dans l'établissement avec quelques uns de mes dossiers, et croisais un jeune homme sur la route qui attendait comme moi l’ascenseur. « Bonjour, » lui fis-je écho sur un ton cordial. Nous entrâmes tous les deux dans la cage, et les portes se refermèrent. Je le percevais appeler le même étage que je recherchais, et dans l'ascension de la machine, j'entendis un bruit mécanique étrange, suivi de l'extinction des lumières. « Ha non, » soupirais-je. Je n'étais pas claustrophobe ou autre, mais rester coincé dans un ascenseur avec un inconnu n'était pas forcément le top, encore moins quand on a des choses à faire et un rendez-vous important auquel être. Je jetais un coup d’œil au jeune homme, il devait avoir dans les mêmes âges que moi, et essayais de faire réagir les commandes sur le mur. Mais rien ne venait. C'est comme si nous étions tous les deux coupés du reste du monde, prisonniers de cette boîte métallique. J'extirpais mon téléphone portable d'une de mes poches. Pas de réseau. « Est-ce que vous avez un moyen de contacter l'extérieur ? » questionnais-je l'inconnu calmement.

Ils pénétrèrent dans l'ascenseur pour monter au dernier étage, là où se trouver l'imposant bureau de Perry. Enfin imposant, lui il le trouve grand mais peut-être que pour certaines personnes bien plus fortunées, il est tout petit. Il n'en sait rien.
Après avoir monté une partie de l'immeuble, l'ascenseur s'arrête, avec à son bord les deux jeunes hommes. Voilà qui a de quoi faire paniquer le brun qui n'aime pas particulièrement rester enfermé quelque part, il essaie donc d'appeler quelqu'un en appuyant sur les boutons qu'il trouve, ne sachant pas trop lequel est celui qui appelle de l'aide, même s'il paraît évident que c'est le rouge. L'autre jeune homme regarda son téléphone mais visiblement il n'avait pas de réseau. Perry sortit le sien et constata la même chose, c'est vraiment la poisse. Finalement il lui demanda s'il avait un moyen de contacter quelqu'un dehors qui pourrait les aider. « On dirait que le bouton ne fonctionne pas. » répondit-il un peu désespéré. Pourtant l'ascenseur n'est pas vieux, il date de la construction de l'immeuble qui remonte à peine à deux ans. Perry se dit que la seule façon c'est de taper sur les portes en espérant se faire entendre par quelqu'un. « Hé ho y'a quelqu'un. » dit-il en tapant sur la porte. De toute façon quelqu'un va bien se rendre compte qu'un des ascenseurs ne descend plus. Il ne tapa pas bien longtemps puisqu'il finit par s'asseoir par terre. « Quelqu'un va bien finir par venir. » dit-il d'un ton optimiste.