Winter song + Dustin

Dustin & Sara

En grande enfant Sara aimait beaucoup la période de Noël. Elle avait énormément de bons souvenirs d’enfants au creux du foyer familial, à faire des gâteaux en pain d’épice, à boire du chocolat chaud et à chanter des chants de Noël avec sa sœur. elle avait bien conscience qu’en Australie cette époque n’avait rien à envier aux pays froids qui pouvaient se vanter d’avoir de beaux sapins, où les gens pouvaient réellement s’affubler de bonnets ridicules et avoir une bonne excuse pour le faire, où on pouvait se réchauffer au coin d’un bon feu de cheminé. Peut-être qu’elle les enviait un peu, ces inconnus dans leurs pays froids, parce qu’ici le charme était différent, mais on célébrait autant qu’ailleurs c’est juste qu’ici on n’était pas prêt de voir tomber la neige un vingt-cinq décembre, pourtant on se donnait du mal. La preuve avec ce joli marché de Noël dans lequel elle déambulait à présent, tout y était, les cabanes en bois, les chants joyeux, l’odeur de sucreries et de vin chaud, les autres qui souriaient. Alors elle souriait aussi, légère, heureuse. Elle n’avait pas de but précis, peut-être trouver un cadeau pour Keera et sa maman, si quelque chose lui plaisait. Et puis elle pensa à Dustin, il lui avait envoyé un message un peu plus tôt dans la journée pour lui proposer de se voir, elle n’avait pas encore répondu. Elle sortit alors son téléphone pour lui proposer de la rejoindre ici, ils pourraient se balader ensemble, Sara savait qu’il avait un peu de temps libre en journée. Et l’idée qu’il vienne la retrouver l’emplit encore plus d'allégresse, parce que la jolie brune appréciait la compagnie du jeune animateur. Il savait toujours trouver les mots pour qu’elle passe un bon moment avec lui, il avait été d’une patience d’ange les premiers temps de leur rencontre et aujourd’hui elle lui faisait confiance, n’hésitant pas se confier à lui voir même à se laisser aller à quelques gestes tendres, juste parce qu’elle se sentait bien. Elle ne réfléchissait pas beaucoup lorsqu’elle était en sa présence, elle se laissait porter et ça lui faisait un bien fou de ne pas penser, simplement, elle, l’éternelle angoissée. Elle s'arrêta à un stand de confection artisanale, des bijoux, des bibelots, elle flânait tranquillement, attendant que le jeune homme la rejoigne. Et puis enfin elle s'installa devait un marchand qui fabriquait des gaufres, d'un coup elle avait faim, sans attendre elle en commanda deux, une au sucre, l'autre au chocolat, il y en aurait bien une que Dustin aimerait.

Trop longtemps. C’était les mots auxquels il avait pensé quelques heures plus tôt en jetant ce vieux reçu de restaurant dans lequel il était allé manger avec elle. Ça avait été difficile de ne pas sourire au moment où il lui avait écrit dans la journée, parce que cette femme avait quelque chose de contagieux, quelque chose qui donnait à Dustin l’envie de lui sourire. Peut-être parce qu’elle le méritait, peut-être parce qu’au fond de lui, il l’avait connue comme celle qui revenait d’entre les morts. L’approcher n’avait pas été facile et il avait fallu quelques semaines, si ce n’est quelques mois jusqu’à ce qu’il ait la chance de pouvoir la considérer comme une amie. Car celle qui s’était longtemps méfié de lui avait désormais laissé une porte grande ouverte à chaque fois qu’ils se voyaient. Il y avait bien des choses qu’il appréciait en elle, peut-être même qu’au fond, c’était le fait qu’elle soit encore un peu perdue sur certains points de sa vie. Ça donnait à Dustin cette envie de l’aider, de l’épauler si besoin. Cette femme, elle ne se tenait pas très loin de lui, elle était à quelques mètres, debout devant un stand de gaufres où elle venait de passer commande. C’était le sourire aux lèvres qu’il la regardait pendant qu’il attendait sur deux thés de Noël qu’il venait de commander. La température et l’Australie ne s’y prêtaient peut-être pas, mais un thé de Noël restait un thé de Noël et l’ambiance était là grâce à ce marché. Récupérant sa commande, il s’était lentement dirigé vers Sara qui attendait toujours, il esquiva quelques personnes avant de se pointer à ses côtés, déposant son regard sur elle et de lui tendre un des gobelets chaud. «Je me suis dit que tu aurais un petit peu froid avec l’ambiance de ce marché de Noël, du coup j’ai pris les devants et t’ai pris un thé» lâcha-t-il en rigolant avant de s’abaisser pour lui déposer un baiser sur chaque joue. «En fait, le but de se voir ici, ce n’est pas pour que je t’aide à acheter un sapin et le ramener chez toi? Non, je te dis ça parce qu’on m’a déjà fait le coup» plaisanta-t-il alors que les gaufres qu’avaient commandées Sara étaient tendues vers elle. Il en attrapa une au hasard pour que la jeune femme ne se retrouve pas les mains pleines puis s’élança dans l’allée en sa compagnie tout en amenant le gobelet à ses lèvres et d’en boire une gorgée. Une grimace se dessina aussitôt sur son visage et déposa le revers de sa main contre ses lèvres avant d’avaler ce qu’il avait en bouche. «C’est super chaud…» souffla-t-il bêtement en sachant qu’il n’y avait que lui pour boire un thé chaud comme on buvait un soda.

Dustin & Sara

Beaucoup de sentiments étranges se menaient bataille dans la tête de Sara, lui donnant le tournis et engourdissant son cœur. Elle ne pouvait aller contre son amour pour Woody qui bravait tout, trop fort, trop violent, il balayait tout sur son passage depuis si longtemps déjà. Il l'aveuglait, évidemment, parce qu'elle s'empêchait presque de penser que d'autres hommes pouvaient peut-être la rendre heureuse. Il y avait bien eu cette parenthèse magique avec CJ, son Jupiter, comme un instant volé au temps, à leur enfance à se tourner autour, enfin ils avaient sauté le pas et elle ne l'avait pas regretté, il lui avait offert une nuit pleine de féerie et de tendresse mais elle avait su dès le départ qu'aux premières lueurs du jour tout retournerait à la normal et elle n'en avait pas demandé davantage, elle avait déjà eu beaucoup. Il y avait bien le bel Adrian, son mystérieux sans-abris, elle avait voulu lui venir en aide et pourtant c'était lui qui, à chaque rencontre, la tirait vers le haut et la faisait sourire d'avantage, Sara ne pouvait pas nier qu'elle avait une tendresse particulière pour cet homme qui balayait tous ses préjugés et toutes ses craintes. Mais un monde les séparait.
Elle se retourna et posa un regard surpris sur les deux tasses de thé fumant avant de lever les yeux vers Dustin alors qu'un sourire amusé s'était dessiné sur ses lèvres. Il était là, il était toujours là. Lui, l'ami, le confident, le réconfort. C'était étrange comme avec cet homme là Sara se montrait totalement aveugle et sourde. Comme incapable de voir les moindres gestes de Dustin comme une main tendue vers elle, comme un inconnu qui lui faisait encore trop peur, comme un saut dans le vide, sans filet. Comme incapable d'entendre son propre coeur qui cognait toujours un peu plus fort dans sa poitrine à chaque fois qu'elle était en sa présence. Parce que c'était impossible, tout simplement, bien qu'elle ait dit vouloir s'amuser avec d'autres hommes, bien qu'elle soit libérée de Woody, elle ne voulait pas s'autoriser à éprouver de sentiment pour un autre que lui. Elle en avait assez de tomber amoureuse, ça n'apportait que peine et souffrance, elle en avait assez d'être faible, elle voulait devenir aussi insensible que son amant terrible, si lui pouvait le faire, pourquoi pas elle ? Pourtant le regard rivé à celui de Dustin, Sara ne pouvait s'empêcher de baisser sa garde, petit à petit. Elle attrapa le gobelet et l'invita à choisir une gaufre. Merci. On peut dire que les grands esprits se rencontrent, du moins les grands gourmands ! Elle avait la voix chantante et enjouée, réellement contente de partager ce moment avec le blond. Il vint déposer deux bises sur ses joues et Sara qui n'était pas vraiment tactile senti ses joues s'empourprer doucement. Elle était habituée à être trahie de sa réserve naturelle par son corps tout entier alors elle ne s'en formalisa pas et parti d'un éclat de rire alors qu'il s'inquiétait d'une éventuelle quête au sapin. Tu m'as démasqué... la gaufre c'est pour te donner des forces ! Et puis tu as de grands bras musclés, il faut bien que ça serve parfois, j'entretiens ta forme en quelque sorte ! Il choisi l'une des pâtisseries au hasard visiblement, lui laissant celle au chocolat, une belle occasion pour Sara la maladroite de s'en mettre partout en marchant. Mais elle adorait ça, le chocolat. Ils commencèrent à déambuler dans les allées. D'accord, j'avoue, je n'achète jamais de sapin pour Noël, il fait trop chaud ici, le pauvre ne survivrait pas bien longtemps, j'en ai un artificiel qui fait bien l'affaire. Et je décore les palmiers du jardin de mes parents à l'occasion. La jeune femme soufflait doucement sur son thé de temps en temps, elle connaissait la patience que demandait cette boisson, il ne fallait pas être pressé pour la boire elle en avait pris pleinement conscience lors de l'un de ses voyages en Chine avec son père biologique, assistant à une vraie cérémonie du thé, elle avait appris à respecter le thé. Et puis elle avait tout son temps, elle commençait à croquer dans sa gaufre lorsqu'elle fut alertée par l'agitation de son compagnon. Elle s'arrêta face à lui, un sourire amusé sur les lèvres puis déposa ses doigts fins et toujours un peu froids sur celles de Dustin comme pour apaiser la douleur. Elle aurait fait ça avec n'importe lequel de ses élèves lorsqu'elle était enseignante, alors elle s'inquiétait pas de cette proximité entre eux. C'est mieux ? Demanda-t-elle avec douceur, ses grands yeux noisette le fixant avec curiosité. Mange un peu de ta gaufre, ça soulagera peut-être. Par contre tu risques d'avoir la langue qui fourmille durant un moment ! On a tout notre temps tu sais. Elle lui sourit avant de se remettre en marche.

Une amie… C’est ce qu’il se disait, qu’elle était une amie pour qui il avait une affection particulière, un besoin de pouvoir la rassurer, de la faire rire ou simplement d’être présent pour qu’elle puisse trouver un confort, que ce soit par son silence qu’il compensait par des attentions aussi simples que la garder contre lui. Il voyait bien que les choses évoluaient, il le remarquait mais il se refusait se voir plus loin. Pourquoi? Parce qu’il avait assez été déçu et parce qu’il avait assez blessé. Aimer quelqu’un était la chose la plus sincère qu’il était capable d’offrir. Il n’aimait pas une femme pour ce qu’elle offrait de son corps, il aimait une femme pour ce qu’elle valait, pour ce qu’elle offrait dans sa façon d’être, dans ses façons d’agir et de le regarder. L’amour sincère, c’est comme ça qu’il aimait le décrire, cette tempête de sentiments qui pouvait l’inonder parce qu’une femme avait en elle tout ce qu’il fallait pour l’emporter. Cet amour sincère qu’aucune femme n’avait su faire durer avec Dustin, parce qu’avec le temps, les mots ne suffisaient plus. Les femmes ont besoin de se sentir désirer aujourd’hui, elles ont ce besoin de voir un homme céder, de le vouloir se jeter sur elles pour leur donner un amour purement physique, un amour basé sur des coups de reins et des pulsions. Un amour que Dustin avait été incapable d’éprouver pour une femme
Puis il y avait Sara, une femme qui avait tout pour lui plaire et il le savait. Il ne s’amusait plus à le nier mais il ne le démontrait pas, parce qu’il tenait beaucoup trop à elle. Il ne voulait pas risquer de perturber ce qu’ils avaient sur installer entre eux, une amitié forte et sincère, une amitié complice et qui comptait énormément à ses yeux. «Je t’en prie, ça me fait plaisir. Et je dirais plutôt que je suis le grand esprit et que tu es la grande gourmande» Il se mit à sourire et davantage lorsqu’il lui fit la bise en voyant ses joues rougir légèrement face à ce contact. C’était bête mais d’une certaine manière, ses yeux en ressortaient davantage, d’autant plus lorsqu’elle éclata de rire, faisant plisser son nez dans le même temps, quelque chose qui lui plaisait énormément. «Tu rigoles? Tu me fais manger une gaufre, c’est toute ma ligne que tu es en train de foutre en l’air là» Il prit un air faussement offusqué avant de se mettre à rire à son tour. Il était loin de faire attention à ce qu’il mangeait, il pratiquait assez d’activités pour éliminer les cochonneries qu’il avalait et il n’était pas à cheval sur son image, il se contentait de se faire plaisir comme il en avait l’habitude. «Je savais pas que tu avais l’âme d’une décoratrice d’intérieur en période de Noël, il faudrait peut-être que je t’engage pour venir faire le mien car au train où ça va, il va terminer par servir de porte-manteaux» Une pensée qui lui fit oublier de souffler sur son thé, se retrouvant alors avec la bouche en feu l’espace de quelques secondes jusqu’au moment où il avala ce qu’il avait en bouche. C’est d’ailleurs au même moment qu’il vit Sara passer devant lui en arrêtant gentiment sa marche pour qu’il fasse de même. Son regard se déposa aussitôt dans celui de la jeune femme qui en s’approchant, vint déposer ses doigts contre ses lèvres, un contact qui soulagea momentanément le feu qui habitait ses lèvres. Celles-ci s’étirèrent d’ailleurs, arborant un sourire amusé par ce geste qui ressemblait tellement à la jeune femme. Acquiesçant silencieusement à sa question, il resta à la regarder pendant qu’elle lui prodiguait un conseil. Et au fur et à mesure qu’elle parlait, ses lèvres laissaient son sourire s’agrandir encore un peu plus. Elle avait cette douceur en elle qui la rendait attachante. C’était l’une des choses qu’il appréciait, cette façon qu’elle avait d’agir, de lui parler. Elle dégageait une innocence qui s’associait parfaitement aux traits de son visage, à ce regard pétillant qu’elle avait en sa présence et sans compter ce rose qui venait parfois réchauffer ses joues comme lorsqu’il lui avait fait la bise quelques instants plus tôt. Des détails, mais des détails que Dustin voyait, des choses qu’il appréciait tandis que d’autres se foutraient certainement. Il avait le don de s’intéresser à des éléments futiles et pourtant c’était à partir de futilités que l’on apprenait le mieux, il l’avait appris avec le temps. Ce fut que lorsqu’elle retira ses doigts de ses lèvres qu’il revint à lui et il se remit à marcher à ses côtés, le sourire toujours accroché à son visage tandis qu’il mordait généreusement dans sa gauche «Je sais que l’on a tout notre temps, mais il a tendance à passer toujours un peu trop vite avec toi» lança-t-il en lui donnant un petit coup d’épaule avant de la regarder mordre dans sa gaufre au chocolat. Soufflant sur son thé, il vit un homme en face d’eux le visage baissé sur son téléphone, arriver dans leur direction. Malgré le réflexe de Dustin pour attirer Sara contre lui, elle se fit percuter par l’homme qui ne s’était pas arrêté, continuant son chemin sans même se retourner. «Est-ce que ça va? Tu n’as pas eu…» Il ne put terminer sa phrase lorsqu’il vit que Sara avait la bouche et les doigts plein de chocolat, sûrement qu’elle avait encore la gaufre proche des lèvres lorsque l’homme l’avait bousculée et ça n’avait pas manqué. Il se pinça les lèvres en tentant de ne pas rire et l’attira vers un stand où il déposa son gobelet sur le comptoir, tout comme sa gaufre, débarrassant Sara de ce qu’elle avait en main «Attends je vais t’aider à…» Il ne put s’empêcher de lâcher un rire étouffé tout en s’arrêtant assez rapidement et chercha dans sa poche son paquet de mouchoirs pour en sortir deux, dont un qu’il tendit à Sara. «… je devrais pas rire mais je t’avoue que ton rouge à lèvre a légèrement débordé» Evidemment, il faisait référence au chocolat qu’elle avait un peu autour de la bouche. Il s’occupa d’essuyer en gros le contour de ses lèvres en gardant un sourire sur les siennes.

Dustin & Sara

Au premier abord, Sara n'avait pas vraiment apprécié Dustin, elle l'avait trouvé un peu arrogant et froid, même si elle avait compris que son comportement était plus un moyen de se protéger. Elle n'avait pas apprécié qu'il l'aborde pour en savoir plus sur l'accident, c'était déjà un trop grand traumatisme pour la jeune femme, elle n'avait pas voulu remuer le couteau dans la plaie, surtout pas en se confiant à un parfait inconnu qu'elle trouvait trop curieux. Mais il s'était montré patient, quelque peu obstiné mais toujours doux, il avait attendu qu'elle lui accorde sa confiance et finalement Sara avait trouvé cet homme attachant. Et puis un regard neuf posé sur elle, c'était agréable, il fallait bien l'avouer, quelqu'un qui ne jugeait pas ses fais et gestes comme différents de la Sara avant l'accident. Et voilà qu'aujourd'hui elle cherchait tout moyen de passer du temps avec lui, ils en avaient parcouru du chemin depuis leur rencontre ! Elle le regarda interdite un instant avant de rire doucement. Attention à toi Myers, la grande gourmande sans cervelle pourrait bien garder les deux gaufres pour elle ! Menaça-t-elle avant de lui tendre la sienne dans un éclat de rire léger. Elle haussa les sourcils, ne pouvant s'empêcher de glisser un œil vers ses bras que Dustin travaillait clairement à la salle de sport. Et encore, elle n'avait jamais eu le loisir d'admirer le reste, bien qu'on devine aisément que le jeune homme devait être très agréable à regarder sans t-shirt, bref, ne nous égarons pas trop. C'est comme ça que tu penses réussir à me faire culpabiliser ! Pour ta peine tu porteras deux sapins ! Puis la brunette expliqua brièvement comment elle décorait son intérieur pour les fêtes, omettant de parler des nombreuses décorations qu'elle mettait un peu partout, des sablés de Noël qu'elle adorait confectionner, sérieusement, pour Sara, cette période n'était pas à prendre à la légère ! Mais elle ne voulait pas lui faire prendre peur ou passer pour une folle à lier. Tu as un vrai sapin chez toi ? Si c'est le cas en effet, il lui faut une décoration digne de ce nom ! Et elle n'était pas contre l'idée de l'aider. Après que Dustin se fut brûlé avec son thé et alors que Sara essayait de lui prodiguer des conseils avisés tout en soulageant sa douleur du mieux qu'elle le pouvait, elle ne remarqua pas tout de suite qu'il l'observait, que son sourire s'étirait au fur et à mesure qu'elle lui parlait. Pourtant quand enfin elle s'en rendit compte, elle s'arrêta et le fixa en fronçant les sourcils, ne comprenant pas ce qui pouvait être si drôle. Elle avait toujours beaucoup de mal à comprendre qu'un homme l'observe de la sorte, dans l'esprit de la jeune femme ça ne pouvait être que de l'amusement, peut-être qu'elle avait du chocolat sur les lèvres. Pourtant Dustin la rassura en affirmant que le temps passé en sa présence passait toujours trop vite, nouvelle montée du rouge aux joues, qu'elle était sensible, qu'elle s'en détestait ! Pour cacher un peu de sa gêne, Sara mordit dans sa gaufre. Ils s'étaient remis en marche et la belle était distraite par sa dégustation, le choc fut aussi violent qu'inattendu, elle senti d'un côté le bras de son ami qui l'attirait contre lui et de l'autre une force venue de nul part la bousculer, enfin sa gaufre encore chaude vint s'étaler sur son visage alors que son gobelet de thé s'écrasait sur le sol, maculant ses chaussures. Il fallut un instant à Sara pour comprendre ce qu'il venait de se passer et ce fut la voix de Dustin qui la sorti de sa torpeur. Oui... Oui oui, ça va. J'ai... je ne regardais pas devant moi. Elle haussa les épaules, un peu honteuse, il y avait beaucoup de monde dans les allées et elle devait faire plus attention. Elle se laissa attirer par le grand blond vers un stand plus au calme et il entrepris de la débarrasser de sa gaufre. Sara était un peu sous le choc mais elle n'avait pas eu mal, par contre elle sentait bien le chocolat qui coulait sur son visage, ça ne devait pas être beau à voir mais visiblement ça faisait rire Dustin, même s'il tentait de se retenir. Elle le regarda essayer de ne pas rire, cherchant de quoi l'essuyer. Elle attrapa le mouchoir et se débarbouilla seule en le fusillant théâtralement du regard. Avant de se mettre à rire à son tour, la situation avait certainement de quoi être risible et Sara savait se moquer d'elle-même, l'auto-dérision était un de ses points forts, à miss catastrophe. Oh oui, je vois, merci de te moquer Dustin ! Tu ne payes rien pour attendre ! Elle s'approcha de lui et colla ses lèvres pleines de chocolat sur sa joue, prenant soin de bien l'étaler. Voilà, on est quitte ! Affirma-t-elle avant d'admirer son oeuvre en riant.

C’était plaisant d’avoir une personne comme Sara à ses côtés, une personne d’une extrême simplicité avec laquelle il n’avait jamais du trop réfléchir dès le moment où elle lui avait laissé prendre une place qu’il jugeait plutôt importante dans sa vie. Il ne savait ce qu’il représentait pour elle, si c’était l’un de ses amis avec qui elle appréciait passer du temps, si c’était l’un de ses amis avec qui elle avait la sensation de pouvoir être elle-même, sans se demander si on la jugerait sur ce qu’elle avait été avant le traumatisme qu’elle avait vécu. Il n’avait pas la moindre idée de quelle manière elle le voyait et peut-être que c’était mieux ainsi, il aimait se dire que si elle cherchait à le voir lorsqu’elle le pouvait, c’était parce qu’il lui apportait quelque chose, aussi bête que cela pouvait l’être, du moment qu’il n’était pas rien. Ce n’était pas dans ses habitudes de ressentir ce besoin, de se sentir important pour une personne et pourtant, il devait admettre que c’était différent avec elle et ça lui plaisait, tout autant que cette menace qu’elle proféra à son encontre. Il recula son visage en la voyant lui tendre la gaufre «La grande gourmande sans cervelle reste assez futée pour se rappeler qu’elle en a acheté deux quand même» reprit-il en mêlant son rire au sien, posant son attention sur son thé tandis qu’elle l’observait du coin de l’œil, toujours aussi discrète, sachant paraître inexistante lorsqu’il le fallait… moins lorsqu’il était question de lui faire porter sapin de plus sur le dos «Mais où est passée la Sara qui disait vouloir me garder en forme?» Il regarda à sa gauche puis à sa droite, laissant un sourire sur ses lèvres qui le trahissait, c’était beaucoup trop difficile de l’ignorer plus longtemps, surtout qu’elle avait ses yeux posés sur lui. D’ailleurs lorsqu’elle s’exclama au sujet du sapin, Dustin fut presque surpris de voir autant d’entrain, il faut dire qu’en Australie, l’esprit de Noël n’était pas le même qu’ailleurs et peut-être que Sara était l’une de ses femmes qui y attachait une attention particulière. «Oui, avec des branches, des épines, des…» Se rendant compte qu’il était en train de décrire le sapin, il se mit à rire et reprit «Bref, un sapin qui n’attend que d’être décoré et je serais pas contre un coup de main». Surtout si ça nous permet de pouvoir passer encore un peu de temps ensemble pensa-t-il intérieurement jusqu’à ce qu’il sente le thé lui brûler la bouche, Sara ne tardant pas à venir s’occuper de calmer les sensations sur ses lèvres à l’aide de ses doigts. Un geste qui lui avait plu secrètement et ça s’était vu sur son visage. Seulement Sara était différente et elle ne voyait pas ce genre de choses, elle avait cette manière de voir les choses d’une toute autre façon et c’est peut-être pour cette raison que Dustin avait cherché à la faire rougir à nouveau en parlant de ce temps qui passait trop vite avec elle. Ce n’était pas à mal qu’il le faisait, mais observer Sara intimidée lui plaisait toujours un peu plus, d’autant plus lorsqu’elle tentait de se cacher en mordant dans cette gaufre, poussant Dustin à reposer son attention devant eux. Trop tard pour éviter un choc et trop tard pour éviter que le thé ne finisse par-terre. «S’il avait décroché son regard de son téléphone, ça ne serait pas arrivé» dit-il pour la reprendre, avant de l’attirer vers un stand devant lequel l’agacement face à l’attitude de cet homme s’était envolé à la vue du visage de Sara. Et le regard que lui jeta Sara n’avait pas forcément aidé, le poussant à rire encore un peu plus avant qu’elle ne s’y mette à son tour. Il se pinça les lèvres pour se retenir de rire lorsqu’elle se mit à le menacer et contre toute attente, il sentit les lèvres de la jeune femme se poser contre sa joue, les sentant s’éparpiller sans aucune retenue. Il était tout aussi surpris de ce geste qu’amusé et lorsqu’elle se recula, on pouvait remarquer que c’était à son tour d’avoir les joues légèrement rouges, les yeux perdus dans ceux en amandes de Sara. «Mais…» Cette proximité avait eu le don de le retourner, il n’était pas habitué à ça d’elle et il ne pouvait nier que le contact de ses lèvres contre sa joue lui avait plu et ce, malgré le chocolat qui collait désormais à sa peau. «Mais depuis quand on joue avec la nourriture?» Il tenta de paraître sérieux pour cacher ce léger malaise qui brûlait ses joues et baissa le regard sur le mouchoir plein de chocolat qu’il avait dans la main, reposant ses yeux sur Sara avant de se mettre à rire. «A moins que tu aies de quoi nous essuyer, on va devoir traverser ce marché comme ça et j’ai pas envie que ce chocolat sur ma joue en tente d’autres que toi» Il n’avait pas pris garde à ce qu’il avait dit, occupé à imaginer la tête qu’il devait avoir avec ce qu’elle venait de faire mais aussi encore un peu sensible au contact qu’elle lui avait offert. On avait beau s’appeler Dustin et apprécier la bonne compagnie, lorsqu’elle était différente à ses yeux, il n’était pas aussi imperturbable qu’il aimait le faire croire.

Dustin & Sara

Sans que Sara ne s'en rende compte, ils se cherchaient, se taquinaient gentiment et se rapprochaient comme si de rien n'était. Si Dustin en avait conscience, il n'en montrait rien, comme se laissant porter par cette attraction qui les ramenait doucement l'un vers l'autre, telle une vague, les forçant à multiplier les regards, les sous-entendus et les contacts, autant que les rencontres, de plus en plus fréquentes. Sara, quant à elle, se voilait la face, préférant rester dans son idée que le blond était son ami, un très bon ami dont elle aimait la compagnie et qui lui faisait passer du bon temps, c'était le plus simple, de ne pas s'écouter, d'ignorer les signes, même si elle se comportait comme une adolescente de quinze ans en plein émoi. Elle se contenta de sourire à la réflexion de Dustin sur le fait qu'elle soit futé, elle ne trouvait pas grand chose à y redire. Mais ne pu s'empêcher de rouler des yeux à sa question suivante haussant les épaules négligemment. C'est le propre de la femme, tu sais bien, être pleine de contradictions ! Elle l'écouta alors, les yeux pleins d'étoiles, lui parler de son sapin, pour quelqu'un qui s'apprêtait à le faire passer pour un porte-manteau, il y portait tout de même un intérêt certain, même s'il se stoppa net dans sa lancée alors que Sara s'attendait presque à ce qu'il lui fasse la description détaillée d'une éventuelle crèche ! En effet, ça m'a tout l'air d'un sapin digne de ce nom. Conclu-t-elle en souriant, amusée. Et bien je verrais ce que je pourrais faire pour toi alors, promis ! En soi, ça lui faisait une nouvelle excuse presque trop facile pour passer du temps avec lui sans que ça soit un rendez-vous officiel et puis au delà de ça, la simple idée de répandre un peu de la magie de Noel si chère à notre Sara l'emplissait de joie. Elle était de ces personnes faciles à contenter, il lui en fallait peu pour qu'elle s'amuse, pour qu'elle s'émerveille, comme si elle restait coincée, un pied dans l'enfance, alors qu'elle tentait de mener une vie d'adulte responsable, Sara savait encore rêver, rire d'un rien, elle trouvait de la joie dans les petits plaisirs simples, ses proches n'avaient pas beaucoup à chercher pour la ravir, une simple attention, un cadeau des plus bêtes, même sans grande valeur, du temps partagé, c'était déjà bien suffisant pour la jeune femme. Et elle en était d'autant plus consciente qu'elle savait qu'on pouvait tout perdre en un claquement de doigt et que la vie pouvait basculer très vite. Elle avait soif de vivre, soif de petits bonheurs et de joie pure.
Deux incidents coup sur coup, on pouvait dire que ces deux là avaient la poisse avec eux aujourd'hui. Alors que Dustin semblait contrarié par le fait que Sara se soit fait bousculer, la brunette, quant à elle, se sentait plus fautive qu'autre chose, elle se savait distraite. Mais lui ne voulait pas en démordre. Alors une nouvelle fois elle haussa les épaules, il n'y avait pas mort d'homme et puis il valait mieux rire de la situation, même si le côté chevaleresque du beau blond n'était pas pour déplaire totalement à sa partenaire. On est dans une époque où on ne se regarde plus... Et puis il y a du monde dans les allées. Ça n'est rien ! Mais c'est gentil de ta part d'avoir cherché à me protéger. Elle le remerciait, encore un peu confuse, avant qu'ils se retrouvent à l'écart de la foule. Ce qu'elle fit par la suite, après avoir compris qu'il se moquait d'elle, ce bisou vengeur volé de façon faussement innocente, ce fut tout ce qui pouvait être de plus spontané, comme elle l'aurait fait à un membre de sa famille, à un ami très proche, à un homme qu'elle aimait, c'était irréfléchi mais preuve qu'elle se sentait en pleine confiance en compagnie de Dustin, ça n'était pas grand chose... du mois elle le pensait. Pourtant il y eut ce regard perdu que l'autre déposait sur elle, ces yeux qui cherchaient les siens, comme pour y trouver une réponse, cet instant de flottement comme si un ange passait entre eux et ces joues rougissantes, les siennes, à lui. Il chercha ses mots et puis retrouva bien vite sa superbe avec une phrase bien sentie, même si le ton était un peu moins convaincu que d'habitude. Elle grimaça, amusée. Il faut dire ça à cet homme qui ma bousculé, c'est lui qui a commencé il me semble... Oui, la moyenne d'âge à ce moment précis était bien d'à peu près 5 ans. Et Sara l'assumait, c'était plus facile à porter qu'une image de séductrice qu'elle ne pensait pas être. Elle chercha à son tour dans son sac à main, fameux sac de Marry Poppins et trouva un paquet de mouchoirs tout neuf et même des lingettes anti-bactérienne, elle restait une femme prévenante ! Et puis elle entreprit de nettoyer ses bêtises sur le visage de Dustin en se mettant sur la pointe des pieds pour être au plus proche de lui, dans sa tête ça cogitait, cette dernière réflexion lancée comme si de rien n'était mais qui n'était pas passée inaperçu pour Sara. Elle s'approcha alors de son oreille, hésitante, choisissant finalement de chuchoter comme espérant qu'il ne l'entende pas. Je n'ai pas très envie que d'autres soient tentées non plus... Elle laissa cette confidence en suspens avant de retourner à sa place, baissant la tête pour attraper une lingette dans son sac, pour ne pas que leurs yeux ne se croisent et se débarbouilla à son tour.

Le propre de la femme dit-elle, et pourtant il la trouvait différente des autres. Alors peut-être ce point là était-il commun à chacune d’entre elles mais dans sa tête, il ne pouvait s’empêcher de trouver que celle qui se tenait à ses côtés avait quelque chose en plus. C’était des détails, des petites choses imperceptibles pour certains mais pas à ses yeux. Il suffisait de voir ce sourire qu’il arborait toujours en sa compagnie, cette joie qui pouvait se lire dans ce regard au moment où il la voyait. Elle lui offrait beaucoup par sa présence et il s’y attachait de plus en plus, se retrouvant même parfois à penser qu’elle lui manquait. Il s’en voulait parfois de s’être trop intéressé à elle, il s’en voulait d’avoir cherché à en faire plus qu’il avait été nécessaire d’en faire pour la radio. Il s’en voulait mais en même temps il était heureux de se retrouver dans cette situation, car ça faisait bien longtemps que ça ne lui était pas arrivé. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus facile mais Dustin savait se contenter de peu, comme il se contentait de se balader dans ce marché de Noël avec elle, comme deux bons amis car c’est ce qu’ils étaient… ou ce qu’ils se contentaient de montrer. Tout comme ce sourire qu’il ne décrochait pas de ses lèvres, encore moins à ses paroles «C’est vrai, et même toi tu n’y échappes pas. Je suis presque un peu déçu pour le coup» Il aurait presque été tenté de faire la moue mais l’envie de sourire à Sara le tentait bien plus. Un peu  comme l’idée de l’imaginer chez lui à se charger de son sapin, à avoir le même regard qu’elle avait au moment où il lui avait décrit le conifère qui trainait chez lui. «Il sera encore plus digne une fois qu’il sera décoré par tes soins, j’en suis certain» dit-il en observant les stands, rajoutant alors en les désignant d’un signe de la tête «Si tu trouves de quoi le décorer, n’hésite pas, je crois qu’on est au bon endroit» Non pas qu’il cherchait à la faire venir ensuite chez lui, même si l’idée lui avait effleuré l’esprit l’espace de quelques instants. Quelques instants pendant lesquels il ne put s’empêcher de se demander ce qu’il y avait dans ses placards, l’idée de l’inviter à manger chez lui pendant qu’ils décoreraient le sapin lui plaisait.
Il aurait pu y penser encore un peu plus longtemps s’il ne s’était pas brûlé et encore moins si cet homme n’avait pas percuté Sara, un peu secouée par le choc. Assez pour se porter responsable de ce qui était arrivé et malheureusement pour elle, Dustin n’était pas du même avis et elle avait beau dire ce qu’elle voulait, il continuerait  à blâmer cet homme. «Tu diras ce que tu voudras, ça n’empêche pas qu’à cause de lui, je vais devoir partager mon thé avec toi» Autant passer le sujet avec cet éternel sourire aux lèvres. Il était têtu et aurait pu lui trouver encore beaucoup d’excuses et à cet instant précis, mais il préférait qu’elle se retrouve au calme face à lui pendant qu’il essuyait en partie ses lèvres jusqu’à ce qu’elle décide de les porter à sa joue et de le laisser sans voix l’espace de quelques secondes, l’empêchant même d’être capable d’enchaîner deux mots à la suite. C’était bête, c’était même très peu de choses au final mais amplement suffisant pour qu’il reste silencieux et c’était une chose rare, surtout avec Sara. Alors il le brisa et la réaction de la jeune femme ne se fit pas attendre, décidant de mettre la faute sur cet homme qui l’avait percuté. Il se mit à rire discrètement tout en secouait la tête de gauche à droite, que pouvait-il répondre à ça? Rien car malheureusement cette réaction lui allait que trop bien et Dustin n’avait rien à redire, préférant la laisser fouiller dans son sac tandis qu’il tentait de reprendre un peu ses esprits, de calmer le feu qui brûlait encore un peu ses joues face à ce qu’il s’était passé. Il pensait reprendre petit-à-petit le dessus, se sentant retrouver son élan jusqu’à ce qu’il repose son regard sur elle pendant qu’elle nettoyait sa joue, la voyant se hisser sur la pointe de ses pieds pour se rapprocher un peu plus de lui et il se sentit à nouveau vacillé. Ce n’était rien et pourtant ce silence qui s’installa lui laissait penser qu’il y avait un malaise jusqu’à ce qu’il ne voie Sara venir lui murmurer des mots dans le creux de son oreille, des mots qui eurent l’effet d’une petite bombe en lui. Ce n’était pas ses joues qui prenaient feu, mais c’était son corps qui devint soudainement chaud, sentant des picotements dans son dos. Il observa Sara se reculer et saisir un nouveau mouchoir pour se nettoyer à son tour. L’espace de quelques instants, il pensait avoir mal entendu mais plus les mots résonnaient dans sa tête, plus il avait envie qu’elle le regarde, il voulait comprendre pourquoi elle avait baissé son visage. De son index, il releva doucement le minois de la brune, il se pinça discrètement la lèvre comme s’il appréhendait de croiser son regard. Puis lorsque ce fut le cas, le sien se plissa, comme s’il cherchait à comprendre. Il aurait pu lui demander pourquoi, mais elle lui aurait demandé la même chose. Retirant le doigt de son menton, il lui prit délicatement la lingette qu’elle avait entre les mains et vint essuyer le coin de ses lèvres où se trouvait encore un peu de chocolat, se sentant soudainement un peu plus à l’aise dans cette position, comme s’il avait repris le dessus sur la situation «Je crois que j’ai une raison pour ne pas leur en donner l’occasion…» Il esquissa un petit sourire dans le coin de ses lèvres, elle en disait long mais en même temps peu. Il y avait une chose que Dustin savait faire, c’était de jouer avec les mots, dire ce qu’il fallait pour laisser une femme douter et il n’aurait pas pensé à devoir le faire avec Sara. Pourtant l’envie était là et davantage depuis que son regard s’était attardé sur les lèvres de Sara qu’il terminait d’essuyer, mais aussi parce qu’elle venait de lui faire un aveu auquel il n’avait pas été insensible… et même s’il avait pensé qu’elle cherchait à le gêner davantage, le silence qui avait suivi et son visage baissé vers le sol lui avaient dit tout l’inverse.

Dustin & Sara

Elle avisa Dustin d’un regard réprobateur, Sara ne se faisait pas de cadeaux, elle connaissait ses défauts et n’était pas tendre avec ceux-là, elle savait qu’elle n’était pas la femme parfaite, qu’aucune ne pouvait prétendre l’être d’ailleurs. Il ne faut pas me mettre sur un piédestal, ça serait une grave erreur, je suis bourrée de défauts. Affirma-t-elle avec un petit sourire, balançant entre sérieux et ironie. Elle regarda les stands à son tour, essayant d’imaginer quelles décorations pourraient aller chez Dustin, mais elle n’y avait que très rarement mis les pieds au final alors c’était difficile de se projeter. Elle lui sourit malgré tout comme une gamine devant un cadeau. Ne me tente pas, Dustin, ou tu n’auras pas assez de tes deux bras ! Ils formaient un duo assez drôle tous les deux, bien assorti ça restait à voir, mais ils se complétaient bien, ils semblaient insuffler à l’autre cette bouffée d’air frais qu’il leur manquait. Depuis quelques temps la vie de Sara était moins fade, plus joyeuse, elle se levait de bonne humeur et elle prenait les choses du bon côté, ses idées noire semblaient s’en être allé et elle ne niait pas que le blond avait surement sa part de responsabilité dans son changement. Dans ses nuits d’insomnie elle aimait écouter son émission à la radio, ça n’était pas toujours de très bon goût et elle découvrait l’animateur sous un autre jour,  mais elle apprenait d’autres facettes de lui qu’il ne lui montrait pas. Et puis sa voix l’apaisait, tout comme en cet instant, cette voix grave et posée à laquelle elle n’était pas insensible. Mais tout ça elle se gardait bien de le lui dire, c’était trop intime.
Heureusement que la jeune femme ne s’était pas encore laissé tenter au stand de décorations parce que les jolies boules en verre auraient valsé comme la gaufre et le thé, se brisant avec fracas sur le sol et elle se serait senti encore plus fautive. Mais Dustin trouva les mots pour la faire sourire à nouveau, c’était une perle. Au moins ça t’évitera de te brûler une nouvelle fois avec. Je vais t’apprendre la patience, tu verras ça a du bon parfois. Dit-elle avec cet air bienveillant qui la caractérisait parfaitement. Tout le moment qui suivit, aussi tendre et complice soit-il, était clairement une nouvelle étape dans la relation de ces deux amis qui semblaient pourtant se rapprocher plus que de raison. Depuis Woody, Sara était frileuse en amour. Du moins elle l’avait toujours été, elle n’était pas de celles qui papillonnaient d’homme en homme, elle avait un talent déconcertant pour tomber amoureuse et s’attacher rapidement ce qui ne lui avait donné qu’une toute petite poignée de relations, toutes assez sérieuses pour lui faire passer l’envie de se laisser séduire à tout va. Même dans ses jeunes années d’étudiante et bien qu’elle fut poussée par ses amies moins farouches, elle n’avait jamais accroché à la drague, ça n’était juste pas son truc à Sara, elle recherchait une certaine stabilité. Pourtant le chapitre Woody l’avait quelque peu échaudé et elle s’était enfin remise en question, se disant que si lui avait le droit alors elle pouvait se l’octroyer aussi, sauf que c’était plus difficile à dire qu’à faire, parce qu’elle ne pouvait forcer sa nature. Et puis elle ne pouvait non plus s’empêcher de chercher à connaître un homme avant de s’offrir à lui, même pour un simple baiser échangé. Mais depuis quelques mois, Dustin changeait la donne, sans avoir l’air d’y toucher il était toujours là, l’ami fidèle, celui qui la faisait rire, celui avec lequel elle avait le coeur plus léger et dans le regard duquel elle se sentait jolie sans se sentir farouchement désirée, c’était toujours à la limite, comme sur un fil invisible, ils s’y tenaient mais ce soir elle sentait qu’ils basculaient, il la prenait par la main pour lui ouvrir les yeux et elle se laissait guider. Peut-être même, en voyant sa réaction à lui après son bisou volé sur la joue, qu’il se laissait surprendre lui aussi, qu’il ne calculait rien lui non plus et que tous les deux se trouvaient là, surpris, un peu empruntés mais bien, malgré tout. Et alors Sara se laissa guider par ses envies à son tour, en lui murmurant cet doux aveux au creux de l’oreille, pourtant elle ne s’assumait pas encore totalement, la preuve, elle baissa la tête par la suite, comme honteuse. Elle sentit le doigt du blond qui relevait son menton, comme celui d’un père qui se préparait à réprimander sa fille, sauf que dans ses yeux l’expression qu’elle lisait était tout sauf paternelle.  Elle lui sourit maladroitement alors qu’il plissait les yeux pour essayer de déchiffrer son expression. La vérité c'était que Sara ne savait pas du tout quoi faire après ça, quoi dire de plus. Elle posait son regard sur ses lèvres qu’elle aurait bien envie de goûter mais jamais elle n’oserait. Alors elle se laissa faire docilement lorsqu’il entreprit de finir de la débarbouiller et frissonna presque lorsqu’il passa sur le coin de sa bouche. Elle revela des yeux surpris vers lui qui se lançait à son tour dans un aveu à demi-mot. Fronçant les sourcils, comme si elle avait peur d’avoir mal entendu elle resta pendue à son regard avant d’enfin reprendre la parole. C’est quoi cette raison mystérieuse ? Son coeur battait fort, elle avait hâte et peur à la foi d'entendre sa réponse.

Jamais il ne pourrait la mettre sur un piédestal, jamais il ne prendrait le risque de la placer aussi haut car il craignait qu’elle puisse être hors d’atteinte et s’il y avait bien une chose qu’il désirait, c’était q’elle lui soit toujours accessible.  «Tu es peut-être bourrée de défauts, mais tu dois bien les cacher… ou plutôt, tu sais comment me les faire apprécier» dit-il en observant ce petit sourire qu’elle lui offrit et auquel il avait répondu sans attendre. C’était une manière de lui dire que ses défauts lui plaisaient car au fond, c’était ce qu’un homme voyait chez une femme et c’est ce qui les attirait, comme Dustin avait commencé à l’être par Sara avec le temps. «Je suis prêt à en assumer les conséquences, c’est pour la bonne cause» Et cette bonne cause, c’était simplement de pouvoir lui donner le sourire, de la voir prendre goût à choisir des choses qu’il n’aurait jamais acheté. C’était bête mais il l’imaginait chez lui, devant ce sapin, à le décorer avec ce même regard qu’elle avait eu au moment de parler du jardin de ses parents. Il se voyait l’aider en finissant par vite se laisser distraire par les décorations, à s’enrouler dans une guirlande en attendant qu’elle s’en rende compte et qu’elle se mette à rire avant de lui faire comprendre que c’était un gamin. Car c’en était un, il ne se prenait pas au sérieux, il savait faire la part des choses et c’est peut-être pour ça qu’il était aussi accessible une fois qu’il laissait tomber ce masque d’homme distant. Ce masque, il était tombé rapidement avec Sara et pour cause, elle était perdue à l’époque. Elle l’était encore un peu aujourd’hui mais elle l’avait touché et à force de la connaître, elle avait laissé son empreinte en lui. Une empreinte à laquelle il aimait penser lorsqu’elle n’était pas là, parce qu’elle lui offrait cette sensation qu’il se refusait de montrer en sa présence, cette sensation d’aimer quelqu’un de manière sincère.
Et pourtant, parfois il aimait à se dire que lorsqu’ils marchaient ainsi, ils pourraient être quelque chose ensemble, qu’ils pourraient former quelque chose de plus fort qu’une simple amitié, mais il ne faisait qu’y penser, rien de plus, préférant lui adresser les mots qu’il fallait pour qu’elle lui sourit afin qu’elle oublie ce qu’il s’était passé, qu’elle essuie la culpabilité qu’elle avait ressentie sans raison. «C’est quand même dommage car j’aimais bien ton remède mine de rien, tu sais…» Il avait dit ça comme un aveu, comme si ça devait rester qu’une pensée en fin de compte mais c’était totalement volontaire. Il craignait peu de choses avec Sara, il avait appris à la connaître et il savait comment elle fonctionnait, il savait ce qu’il pouvait se permettre ou non. La seule chose qu’il pouvait craindre au final, c’est qu’elle finisse par se lasser, qu’elle finisse par trouver quelqu’un et que comme toute femme en couple, elle le laisse en retrait parce qu’elle a trouvé un homme qui la rendait heureuse, encore plus que lui. C’était ce genre de pensées qui le rongeaient parfois, l’idée qu’elle puisse s’éloigner et aimer quelqu’un. Il serait heureux pour elle mais savait qu’il s’en voudrait de n’avoir rien tenté, qu’il s’en voudrait de ne pas avoir osé prendre de risques encore une fois. Pourtant, des risques il aimait en prendre, il était un amateur de sensations fortes et il allait toujours un peu plus loin… mais pas avec Sara. Peut-être qu’un jour il oserait, peut-être que ce jour était bien plus proche qu’il ne le pensait et surtout lorsqu’elle avait laissé ces quelques mots s’échapper de ses lèvres en se hissant sur la pointe de ses pieds. Il s’en rappelait et sûrement qu’il s’en rappellerait encore dans quelques jours. Alors il était là, à la regarder, à garder ce sourire aux lèvres tandis qu’elle laissait ses sourcils appuyer son regard. Elle avait quelque chose de vraiment beau, quelque chose qu’il aurait aimé avoir pour lui et plus il y pensait, plus il le voulait. Sa question étira encore un peu plus ses lèvres qu’il avait fini par se pincer discrètement alors qu’il laissait son regard se perdre sur la bouche de Sara, une bouche qui n’avait plus aucune trace de chocolat… ça ne l’empêchait pas de se dire qu’elles devaient être douces et avoir un parfum unique, un parfum qu’il aurait voulu connaître. Il ne savait pas quoi faire et pour une fois il n’avait rien à lui dire en retour non plus. Alors il laissait ses yeux se perdre sur son visage, il laissa même le dos de sa main venir caresser la joue de Sara avant que ses doigts ne cherche à replacer ses cheveux derrière son oreille. Il sentit comme une tension s’installer, une tension plaisante mais gênante en même temps, il n’y était pas habitué, pour une fois il n’était aussi à l’aise «Je t’ai déjà dit que tu étais trop curieuse?» Il arqua un sourcil en espérant que cette question ferait voler en éclat la tension mais celle-ci persistait. Peut-être parce qu’il était incapable de retirer ses doigts qu’il avait laissés caresser instinctivement la joue de Sara. Il baissa alors le regard sur le sol, rompant tout contact avec celui de la jeune femme. Il resta quelques secondes ainsi et redressa son visage pour finalement poser ses mains sur la taille de Sara afin qu’elle se rapproche un petit peu plus, afin que ses lèvres soient presque à la portée des siennes. Son regard s’y était longuement attardé, son envie était de pouvoir les toucher avec les siennes, son désir était de pouvoir ressentir à nouveau cette sensation que procurait un baiser que l’on échangeait avec une personne pour laquelle il y avait des choses qui étaient indéniables. Cependant il y avait cette raison qui lui disait de rester là où il était, quelque chose hurlait en lui de ne pas le faire et pourtant il se surprit à se rapprocher encore un peu plus des lèvres de Sara, jusqu’à sentir son souffle sur les siennes. Puis au moment où il aurait pu réduire encore cette distance, il fit l’inverse en se reculant lentement, laissant ses yeux jauger la réaction de Sara tandis qu’il laissa un bref soupire s’échapper de ses lèvres. Il était déçu, déçu de ne pas avoir osé mais surtout, déçu car il savait que cette hésitation risquerait laisser un malaise s’installer entre eux deux. «Je pense que tu n’es pas prête à la connaître» souffla-t-il en essayant de lui sourire mais c’était difficile. Il ôta ses mains qu’il avait posé sur elle et les enfonça dans les poches de son jean sans la quitter des yeux.

Dustin & Sara

Beaucoup comprendrait rapidement le petit jeu de Dustin envers Sara, il était charmeur, dans la subtilité, dans la retenue, pourtant les compliments qu’il lançait à la volée, l’air de rien, n’étaient pas dits par hasard et ils avaient ce don de faire rougir la brunette, de la déstabiliser, ces autres femmes, qui auraient compris bien avant Sara, auraient peut-être cherché à en recevoir d’avantage, des fleurs comme celles-là, ou bien l’auraient rembarré rapidement. Elle ne savait jamais quoi répondre à ces mots, un simple merci c’était stupide, selon elle, alors elle se contentait de sourire, gênée mais néanmoins flattée, parce qu’elle ne pouvait nier que c’était toujours agréable de recevoir des compliments. Elle hocha la tête d’un air entendu alors que toutes les décorations lui tendaient les bras. On va faire un tour et on en prendra quelques unes lorsque j’aurai tout vu, il y a encore plein de petits chalets à voir ! Et d’ici là, lorsqu’il aura vu à quel point Sara pouvait être folle, peut-être que Dustin aura changé d’avis quant au fait de lui laisser carte blanche pour la décoration de son intérieur… L’idée plaisait pourtant beaucoup à la jeune femme, outre le défi, le simple fait de pouvoir partager encore un peu de temps avec lui, d’entrer dans son intimité, de savoir qu’il lui faisait confiance, c’était agréable.
Il s’était laissé aller à cette petite confidence, cette complicité qui mettait Sara en confiance avec Dustin, pour ça elle n’était pas mauvaise, parce qu’il ne s’agissait pas de sentiments, parce qu’elle pouvait encore rester dans une zone sans dangers. Alors elle s’était presque penché vers lui comme pour lui confier un secret à son tour, comme si personne d’autre ne devait entendre, ça faisait parti d’une sorte de jeu. Je te donnerai mon remède, t’en fais pas. Et puis je ne serais jamais bien loin, juste au cas où tu aurais besoin de moi. Conclue-t-elle, amusée d'être celle qui prenait un rôle protecteur, envers cet homme grand et fort qui semblait indestructible, face à la chose chétive qu’elle était en réalité.
Beaucoup de choses passaient dans les regards qu’ils se lançaient, de la curiosité, de la peur parfois, une vraie complicité, mais surtout beaucoup de douceur. Cet instant, suspendu où ils faisaient fi de la foule et de ceux qui pourraient observer, ce moment était pourtant particulier, sensuel et emprunt d’une tension sans précédent entre les deux amis où ils auraient été mieux, cachés du monde. Pourtant rien n’aurait été pareil, s’ils avaient été dans l’intimité d’un logement, ici il y avait toute l’atmosphère, l’odeur de pain d’épice et de vin chaud, les illuminations qui donnaient un côté magique et puis ces autres, ces inconnus qui les frôlaient et les obligeaient presque à se rapprocher l’un de l’autre pour ne pas briser le lien, ceux qu’ils n’avaient plus envie de voir ou d’entendre parce qu’ils étaient suspendus l’un à l’autre, ceux qu’ils avaient oublié. Sara se noyait déjà dans le regard de Dustin, dans cet océan limpide qu’elle semblait découvrir pour la première fois, il avait de beaux yeux, de ceux dont on n’avait pas envie de se détourner et elle aimait qu’ils ne regardent qu’elle. Elle avait posé sa question de façon si candide que même si elle se doutait de la réponse, elle la redoutait tout autant. Mais Dustin continuait à jouer avec elle, par manque d’assurance, peut-être, pour la garder sous sa coupe, conserver une part de mystère, elle n’en savait rien, simplement qu’elle restait suspendue à ses lèvres, à ses moindres mouvements, à un indice, même infime, de ce qu’il allait ses passer par la suite, elle avait hâte et elle la redoutait, cette suite qu’elle ne maîtrisait pas. Le grand blond se rapprocha encore d’elle, enserrant la taille de Sara, entretenant cette tension, il était maladroit, semblait perdu mais ne faisait rien pour s’en sortir, comme si lui aussi se noyait sans chercher à se raccrocher, il avait perdu toute assurance et cette fragilité nouvelle touchait elle aussi la jeune femme, tout en lui l’attirait, elle s’en rendait enfin compte. Bientôt il fut suffisamment proche d’elle pour que leurs souffles se mélangent, encore un mouvement et enfin il l’embrasserait, Sara en avait envie, du moins elle le pensait, en tout cas elle ne faisait rien pour résister. Mais ce fut lui qui, au dernier moment, tel un lâche, se détourna d’elle. Sara resta là, le regard perdue, cherchant cette connexion qu’il avait volontairement rompu, cherchant à se raccrocher à quelque chose, à comprendre ce qu’il venait de se passer et pourquoi il fuyait de la sorte, se demandant ce qu’elle avait fait ou bien à quoi il jouait. Elle fronça les sourcils, preuve qu’elle ne comprenait pas, puis soupira en ravalant un sourire déçu. Elle pinça les lèvres puis se redressa au moment où Dustin retirait ses mains d’elle. Un frisson la parcourut, comme si elle avait froid, parce qu’il lui manquait déjà. Ou que tu n’es pas prêt à me la donner… Le ton était amer, un peu trop peut-être. Mais il lui fallut encore un instant pour relever la tête après ça. Elle le regardait enfoncer les mains dans ses poches comme s’il cherchait à y entrer tout entier pour s’y cacher, cette idée la fit sourire tristement, elle aussi aurait voulu être une petite souris. Nos gaufres vont être froides ! Comme lui l’avait refroidie. Mais elle n’allait pas se laisser abattre, Sara, jamais. Et déjà elle reprenait leur marche, comme si de rien n’était, parce qu’au fond il avait surement eu raison de s’arrêter à temps, peut-être que rien de bon ne les attendait dans une voie pareille. Elle ne savait rien de lui, du point de vu sentimental et lui ne connaissait pas la moitié de son histoire, c’était donc mieux ainsi, rester amis ça causait moins de tracas. Un stand juste à côté attira son attention, en vrai elle aurait trouvé n’importe quoi pour s’y raccrocher, pour changer définitivement de sujet. Regarde Dustin, regarde ces décos ! Elle attrapa son bras, peut-être un peu trop surexcitée pour être honnête. C’est ce qu’il faut pour ton sapin ! C’était des boules et des suspensions très simples, en bois et en verre transparent, elle aimait la simplicité. Elle se retourna vers lui, elle avait retrouvé ce sourire franc, presque enfantin qui la caractérisait tant. Ça te plait ?! Qu’il s’avise de dire non et elle partirait sur le champs, elle faisait tout pour qu’ils soient à nouveau à l’aise l’un envers l’autre, pour dissiper cette tension si agréable qui était devenue plus que dérangeante sur la fin et qui, à présent, lui donnait presque envie de fuir.

Heureusement qu’il y avait encore des chalets à voir, car il comptait les faire tous un par un, en sa compagnie, à pouvoir profiter du temps qu’elle avait à lui accorder. Il en profiterait certainement pour s’attarder sur certains, à attirer l’attention de Sara pour regarder sur son visage ce qui l’intéressait ou non, une manière discrète d’apprendre à la connaître encore un peu plus. Car même si cela faisait maintenant un moment qu’ils se connaissaient, il y avait des choses qu’il ignorait à son sujet et il s’appliquait à corriger cela à chaque fois qu’il la voyait, parce qu’il aimait toujours en savoir un peu plus sur elle, il aimait remarquer que plus il en apprenait et plus elle lui plaisait. Ça allait à l’inverse de ses idées mais il ne pouvait s’en empêcher, parce que c’était elle et que la raison était suffisante pour dépasser ses limites, du moins certaines. «Je te suis dans ce cas, tu as l’air plus dans ton élément que moi» glissa-t-il en souriant, Noël était quelque chose qui lui plaisait mais Sara avait l’air d’y accorder bien plus d’importance que lui et ça se voyait à sa façon de regarder les chalets, ses yeux brillaient et on aurait presque pu croire qu’elle était une enfant sur le moment.
Un contraste parfait avec ce qu’elle se permettait de faire quelques minutes plus tard, à se rapprocher de Dustin pour pouvoir lui souffler quelques mots. Des mots qui eurent le don de le faire sourire. Il aimait entendre ce genre de choses, il aimait que cela vienne de Sara, c’était différent quand ce genre de mots sortaient de sa bouche, ils n’aurait pas la même signification s’ils étaient prononcés par une autre. «J’aurai toujours besoin de toi d’une manière ou d’une autre, tu sais…» avait-il soufflé presque dans un murmure, quelque chose d’à peine audible mais assez pour qu’elle puisse l’entendre malgré qu’elle se soit reculée. Son regard avait longuement soutenu le sien car comme à chaque fois qu’il lui parlait, il avait besoin de ce contact visuel.
Tout comme il avait eu besoin de ce contact visuel lorsqu’il s’était rapproché d’elle et que ses mains s’étaient posées sur elle. Il avait besoin de se rassurer en essayant de lire en elle, il ne voulait pas commettre un faux pas, il ne voulait pas que ce qu’il se passait puisse leur échapper. Et même s’il se battait pour lutter contre ses envies, le visage de Sara aussi proche du sien lui disait de se jeter. Pour la première fois depuis longtemps, il était déboussolé, ne sachant pas comment entreprendre les choses et le silence qu’il laissa planer entre eux créa un moment intense où seuls leurs regards se parlaient, aucun mot ne sortait de leur bouche et ils se contentaient de s’observer l’un et l’autre. Plus ça durait et plus les lèvres de la jeune femme appelaient les siennes, il y avait en lui cette envie de les toucher, de les caresser pour finalement les embrasser. Il voulait sentir la douceur de Sara contre lui, briser les barrières qu’il avait toujours su mettre entre eux. Il était à deux doigts de briser les derniers centimètres qui les séparaient et au moment où il s’était apprêté à l’embrasser, il fit tout l’inverse, se reculant maladroitement, trouvant la première chose qui lui venait en tête. La déception venait de balayer tout ce qu’il y avait eu, il se maudissait d’agir ainsi avec elle. Il s’en voulait encore plus lorsqu’elle le reprit, le ton de sa voix laissant comprendre qu’elle était tout aussi déçue que lui, comme si elle regrettait qu’il n’ait pas osé. Les mains dans les poches, il l’observa sans rien dire, il eut même de la peine à la regarder dans les yeux et c’est elle qui changea de sujet en faisant allusion à leurs gaufres. Il acquiesça de la tête, toujours muet, quelque chose qui ne lui ressemblait pas. Il avait envie de revenir en arrière pour changer les choses mais au lieu de ça, il se retrouvait à marcher avec Sara, à se maudire intérieurement d’être aussi con. Perdu dans ses pensées, la voix de Sara l’en fit sortir et il laissa un bref sourire se dessiner sur ses lèvres en la voyant aussi enjouée par les décorations. Il la suivit en regardant ce qu’elle lui montrait, il ne l’avait pas regardée et pourtant il aurait du car si lui n’arrivait pas à sourire aussi sincèrement qu’il le désirait, Sara avait laissé son sourire naître sur ses lèvres, ce sourire qui n’était qu’à elle. Le regard posé sur les décorations, il la sentit se tourner vers lui avant de lui demander son avis. Il se concentra un instant sur les décorations, prenant l’un des modèles de boule dans la main et haussa les épaules sans la regarder. «J’essaie de visualiser un peu mon sapin, cette décoration et…» Et il n’y arrivait pas. Il avait encore en tête ce qu’il s’était passé quelques mètres plus loin. Il la revoyait en face de lui, complètement immobile sans esquisser le moindre mouvement de recul. Il se rendait compte que maintenant qu’elle n’avait pas cherché à refuser ce qu’il se passait et il en soupira, reposant la boule devant lui avant de se tourner vers Sara. «… et toi. Mais je ne te vois pas vraiment le décorer, je te vois plutôt face à un type qui est à deux doigts de t’embrasser mais qui flanche au dernier moment.» C’était sorti presque tout seul, il avait eu l’impression que les mots n’étaient pas venus de lui. Il se mit à sourire, non pas gêné mais désolé. Désolé de revenir là-dessus ou désolé de ne pas avoir terminer ce qu’il avait commencé tout à l’heure? Lui seul le savait. Voyant des gens débarquer sur le stand, Dustin s’écarta pour se rapprocher de Sara, laissant une main se poser instinctivement dans le bas du dos de la jeune femme pour qu’on ne la bouscule pas. Cette proximité lui fit retrouver ce sourire sincère et lentement, il sentait à nouveau ce besoin de la regarder. «Alors monsieur, vous avez fait votre choix?» Il entendit la voix de l’homme qui tenait le stand et l’ignora l’espace de quelques secondes, quelques secondes pendant lesquelles il avait pris le temps de rapprocher son visage de celui de Sara, de retrouver cette proximité qu’ils avaient eu quelques instants auparavant. Seulement cette fois-ci, il n’allait pas reculer et cette main qu’il déposa sur la joue de la jeune femme en fut la preuve lorsque ses lèvres étaient venues se poser sur les siennes. Ça aurait pu être qu’un simple baiser mais c’était bien plus pour lui, il y prit goût et cette main qu’il avait posé dans le dos de Sara s’était fait plus insistante pour qu’elle se rapproche encore, pour qu’il puisse rompre ce baiser afin de le reprendre une seconde fois, savourant la douceur de ses lèvres qu’il embrassait enfin. La sensation était trop compliquée à qualifier, ça faisait longtemps pour lui, longtemps qu’il n’avait plus embrassé une femme qu’il se sentait capable d’aimer. Il laissa ses lèvres contre les siennes pendant quelques secondes avant de s’écarter, son regard plongé dans celui de Sara, un léger sourire aux lèvres alors qu’il répondait enfin au vendeur, un air satisfait sur le visage. «Je viens de faire mon choix…» glissa-t-il en se mordant discrètement la lèvre pour se tourner vers le vendeur et désigner d’un geste de la tête Sara «… c’est elle qui décidera pour les décorations, elle s’y connaît davantage que moi.»

Dustin & Sara

Après cet instant suspendu ou Sara aurait bien suivi Dustin à l’autre bout du monde sur un coup de tête, du moment qu’il la regarde toujours de cette façon si particulière, avec ce regard brûlant. Après qu’il ait tout brisé, tout gâché d’une façon qui sembla lâche pour la jeune femme, incompréhensible. Elle tenta tout de même de se raccrocher à une bouée, n’importe laquelle, de se dire que ça n’était pas si mal, au fond, qu’ils étaient bien mieux amis et qu’il ne fallait pas tout gâcher pour un simple moment de grâce. Elle tenta de redonner de l’entrain à leur sortie, de tourner la page en quelque sorte. Elle y mettait toute son énergie et toute sa bonne volonté, pour cacher sa déception et aller de l’avant. Mais Dustin, lui, ne semblait pas prompt à l’aider et Sara avait alors l’impression de se noyer sans que personne ne vienne la secourir. Se disant que, peut-être, elle s’était fait des films, qu’il n’était pas si charmant, qu’il était comme les autres, il la séduisait à coup de belles paroles et d’oeillades romantiques… pour à la fin la laissait en plan, il jouait, profitait de sa faiblesse de fille facile à impressionner et qu’elle, elle tombait dans le panneau à chaque fois, la pauvre cruche qu’elle était. Elle était dure avec elle, Sara, parce que c’était bien plus facile de se blâmer elle-même que d’incriminer les hommes. Woody, Dustin, même combat, elle en demandait beaucoup alors qu’ils avaient bien peu à offrir. Et pourtant elle essayait de garder la tête hors de l’eau, coûte que coûte. Proposant au beau blond quelques décorations, détournant la conversation alors que jusque là il restait terriblement silencieux, glacial même. Il avait perdu tout son entrain et elle n’y comprenait plus rien. Pourtant enfin il daigna lui répondre quelque chose, le son de sa voix grave fit frissonner la belle, comme si elle ne l’avait pas entendue depuis des lustres, mais il laissa sa phrase en suspens et une Sara désespérément pendue à ses lèvres. Et quoi ? Il l’agaçait à présent, qu’il le dise s’il voulait qu’elle arrête de l’ennuyer avec cette histoire, s’il voulait qu’elle s’en aille même carrément, ça serait plus simple et moins pénible pour tous les deux. Il soupira et alors elle cru qu’il allait enfin lui dire qu’il en avait assez, elle en était presque soulagée d’avance. Pourtant ce fut tout autre chose qui sortit alors qu’il avait reposé sa suspension et qu’il la fixait à présent. Elle retint sa respiration un instant, pensant n’avoir pas bien entendu. Alors qu’elle ouvrait la bouche pour s'apprêter à répondre quelque chose, elle ne savait pas bien quoi mais elle devait parler, elle fut interrompue par des acheteurs qui les bousculèrent. Dustin s’approcha d’elle et elle sentit sa main glisser jusqu’à ses reins, elles y trouvèrent leur place si facilement et, à la vue de son sourire retrouvé, elle n’en dit rien, elle sourit à son tour, gênée, soulagée, conquise ? Tout à la fois certainement, à vrai dire elle ne comprenait pas grand chose à ce qu’il venait de se passer. Simplement que Dustin semblait tout aussi paumé qu’elle et que même s’il avait eu la frousse, finalement il ne se jouait pas d’elle, elle s’était trompée. Elle se perdit à nouveau dans son regard si profond, celui qui donnait l’impression que l’homme ne voyait plus qu’elle. Elle fit parfaitement abstraction de la question du vendeur, elle ne l'entendit même pas en vérité. Elle savait à ce moment qu’il ne reculerait plus, qu’il ne prendrait plus peur et ce fut elle qui fut effrayée à nouveau, parce que c'était un saut dans l’inconnu qu’elle s’apprêtait à faire. Mais la main qu’il déposa sur sa joue la rassura quelque peu et quand leurs lèvres se scellèrent toute peur s’évapora. Il ne restait plus qu’eux et cette sensation de chaleur qui envahissait Sara, Dustin l’embrassait comme on ne l’avait pas fait depuis bien longtemps, avec pudeur et retenue au départ, comme on découvre une personne. Et puis cette main sur son dos qu’il pressa avec plus d’insistance pour la rapprocher de lui et ce fut à son tour à elle de s’accrocher à lui, ils donnèrent plus d’ardeur au baiser suivant et sa main vint se perdre dans les cheveux blonds du jeune homme. Elle en oubliait totalement qu’il l’embrassait au milieu de tous, en vrai elle s’en moquait parfaitement, elle oubliait tout. Et quand alors l’instant magique prit fin, Dustin sembla avoir du mal à quitter ses lèvres, Sara adora ça et déjà elle disait qu’elle avait hâte qu’il recommence. Mais après… qu’allait-il se passer après un instant comme celui-ci ? En découvrant son sourire satisfait, Sara ne pu s’empêcher de sourire à son tour, presque rougissante, elle ne dit plus rien, elle ne savait pas vraiment quoi dire ou faire. Mais Dustin prenait le contrôle et déjà il s’adressait au vendeur. Elle le regarda avec des yeux surpris, finalement il restait égal à lui-même, le même, avec un petit plus à présent. Elle glissa sa main dans la sienne et, après un regard furtif sur le stand, la moue pensive, s’adressa au vendeur avec un sourire. On va vous en prendre une de chaque, s’il vous plaît ! Ça faisait à peu près une dizaine de suspensions, c’était suffisant. Et elle avait déjà hâte de décorer le sapin.

Cet instant où ses lèvres s’étaient posées sur celles de Sara fut bien trop court, pas assez long pour qu’il puisse profiter pleinement de cet instant qui n’était réservé qu’à eux. Malgré le monde qui les entourait, il n’y avait qu’une personne à laquelle il pensait et qui existait, c’était elle, celle qui avait laissé sa main se perdre dans ses cheveux qu’elle avait caressés du bout de ses doigts lorsqu’elle prolongea son baiser. Les sensations n’avaient été que plus fortes et une chose était certaine, il comptait donner une suite à ce qu’il s’était passé. Il ne l’avait pas embrassée pour lui prouver qu’il était capable de le faire, il l’avait embrassée pour lui faire comprendre que cette raison qui le pousserait à repousser d’autres femmes, c’était elle. Ça n’avait pas le même impact que des mots, mais ça avait le mérite d’être clair et au fond de lui, il espérait que Sara comprenne où il voulait en venir. Il y avait des sentiments en lui qui ne demandaient qu’à être extériorisés et ce baiser était la première étape. Au moment où il s’était retiré de ses lèvres sans trop s’en éloigner, il ne pensait pas aux conséquences, il ne pensait pas au fait que ce baiser puisse changer ce qu’il y avait entre eux, il pensait simplement au fait que c’était peut-être le début de quelque chose, que c’était peut-être ce qui leur permettrait de repousser certaines limites qu’ils s’étaient mises ou du moins, que Dustin s’était mis pour ne pas risquer de perdre cette entente qu’il entretenait avec la femme magnifique qu’elle était. En répondant au vendeur, il n’avait pu s’empêcher d’afficher ce sourire qu’il avait si souvent, il était heureux, un peu comme un enfant à l’intérieur de lui-même. Peut-être que ce soir, en se couchant, il ne trouverait pas le sommeil parce qu’il se poserait des questions sur ce qu’il s’était passé. Ou peut-être que ce soir, il ne trouverait pas le sommeil car il penserait à elle, à cet échange qui venait de se produire et il espérait qu’il y en ait encore plus tard… lorsqu’elle viendrait chez lui. Puis il sentit la main de Sara venir chercher la sienne, laissant ses doigts s’entrelacer aux siens en laissant son regard se poser sur elle pendant qu’elle choisissait les décorations. L’espace de quelques instants, il se demandait si tout cela était bel et bien en train de se passer, cette sensation qui l’habitait l’avait fui depuis tellement longtemps qu’il n’y était plus habitué. A la réponse de Sara au vendeur, il pointa les suspensions en verre et se mit à rire «Une pour celles en bois, mais rajoutez-en une pour celles en verre». Ses yeux se posèrent sur ceux de la jeune femme et en voyant ses traits changer sur son visage, il désigna la gaufre qu’il tenait dans une main et lui offrit son plus beau sourire «Tu as déjà renversé un thé, je prends juste les précautions nécessaires pour qu’il reste assez de décorations en verre pour décorer le sapin». C’était petit, mais c’était Dustin, ce n’était en aucun cas méchant, juste pour être taquin avec elle. Car Sara avait cette tendance à être maladroite et ça lui allait bien, contrastant parfaitement avec cet esprit bienveillant qu’elle avait sur les gens qui l’entouraient. Il lâcha d’ailleurs la main de Sara à contre-cœur afin de sortir son portemonnaie de sa poche et tendre deux billets au vendeur, lui disant de garder la monnaie pour finalement prendre le sac qu’il lui tendait. Le beau blond prit une force de sa gaufre avant de regarder Sara pour l’entrainer avec lui hors du stand, se remettant à marcher entre les petites maisons, ce sourire indélébile sur ses lèvres alors qu’il tournait la tête en direction de Sara, faisant attention aux gens qui venaient en sens inverse. «Dis-moi… Tu as quelque chose de prévu plus tard?» Il ne l’avait pas proposé explicitement lorsqu’ils avaient parlé du sapin quelques instants plus tôt et après ce qu’il s’était passé, il ne la voyait pas se séparer d’elle une fois qu’ils en auraient eu terminé avec ce marché de Noël. Non, il comptait profiter du temps qu’il avait devant lui pour pouvoir le partager avec elle. «Car je me disais qu’on aurait pu décorer ce sapin et pourquoi pas, manger quelque chose ensuite histoire de bien terminer la soirée?» Ou plutôt, histoire de pouvoir profiter de passer quelques instants de plus avec elle et de pouvoir parler un peu d’elle… de lui… ou de eux deux, tout simplement.

Dustin & Sara

C’est fou comme une atmosphère pouvait changer du tout au tout, en peu de temps, avec des petis riens ou des grands sauts dans le vide. Sara, qui avait voulu s’enfuir quelque instants plus tôt, qui ne savait quoi penser d’un Dustin dont elle croyait qu’il jouait avec elle, qui aurait tout fait pour se terrer dans un trou de souris et ne plus le voir, se trouvait à présent avec un doux sourire vissé aux lèvres, la tête dans les étoiles et la main dans la sienne. Il n’était pas indécis, il ne se jouait pas d’elle, s’il avait hésité une première fois, il avait finalement sauté le pas et comblé l’écart qui les séparait, avec courage puisque ça n’était pas évident de le faire après s’être ravisé une première fois. Mais il l’avait embrassé, sans se défiler, avec la douceur et la force qui le caractérisaient tant. Pourquoi il avait hésité, elle n’en savait rien, elle ne le saurait probablement jamais, peut-être la peur, tout simplement, qu’elle le repousse, ou bien de briser ce lien d’amitié teinté de séduction qui leur allait très bien depuis quelques mois et ça elle le comprenait parfaitement, parce qu’après un baiser pareil on ne pouvait pas rester indifférent, on en voulait toujours plus, on franchissait une limite et il était difficile de revenir en arrière sans conséquences. Sara elle en voulait plus, même si elle ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait, elle voulait tout et rien en même temps, elle voulait qu’il continue à la regarder de cette façon, avec ce sourire et ces yeux qui la mangeaient, elle voulait qu’il la trouve belle et qu’il la fasse rêver, elle n’était pas compliqué à impressionner, il n’aurait pas besoin de grand chose, le beau blond, il devait juste faire attention à ne pas la briser.
Après qu’elle eut donné sa réponse au vendeur, il compléta avec plus de décoration en verre, Sara releva ses grands yeux sur lui et sa réponse lui fit faire une moue faussement vexée. C’est lui qui m’est rentré dedans, tu l’as dis toi-même ! Je n’y suis pour rien ! Elle se justifiait comme une gosse, pourtant sa maladresse n’était plus à prouver, elle faisait parti d’elle-même. Sara la maladroite, la tête en l’air, toujours dans les nuages, dans ses pensées, à rêver, sans faire attention au monde qui l’entourait, on disait que ça faisait parti de son charme, soit, de toute façon elle était faite ainsi, on ne la changerait pas. Ils terminèrent leurs emplettes et Sara laissa à Dustin le soin de porter le sac, puisqu’il était à présent de notoriété qu’elle ne faisait pas attention. Ils reprirent le chemin des allées et étrangement Sara trouvait à présent que ce marché avait presque une atmosphère romantique, elle avait comme des étoiles plein les yeux, notre romantique. Leurs bras bien chargés n’offraient plus le loisir de se prendre par la main, ce contact manqua à la jolie brune. Alors, comme pour se rassurer, elle ne manquait pas de lancer quelques regards furtifs à son partenaire, juste pour être sur qu’il ne se défaisait pas de ce beau sourire qui ourlait ses lèvres depuis leur baiser, pour s’assurer qu’il ne regrettait rien. Et comme s’il l’entendait penser, Dustin lui demanda si elle avait quelque chose de prévu plus tard. Ce soir ? Elle était surprise et soulagée en même temps. Evidemment elle avait fini par comprendre que l’achat de ces suspensions était un très bon prétexte pour qu’ils puissent se revoir, il ne faisait pas les choses par hasard, mais peut-être pas aussitôt. Elle sourit doucement. Il faut que je vois avec les filles si ça ne les dérange pas que je leur fasse faux bond pour notre soirée streaming Grey’s anatomy… Si elle hésitait ? Pas le moins du monde, entre une série pour fille qu’elle pourrait revoir à loisir et une soirée en compagnie de son blond favori, le choix était vite fait. Même si un frisson la parcourait alors qu’elle pensait au moment où elle se retrouverait seule chez lui, entre l’envie et la peur, celle de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir comment se comporter, celle d’être maladroite, comme toujours. Pourtant son sourire s’élargissait déjà, elle balayait ses questions, elle verrait bien, l’envie était bien trop forte de toute façon, ils ne pouvaient pas se quitter comme ça. Je pense qu’elles ne m’en voudront pas ! Même si elle savait déjà qu’elle aurait droit à une foule de questions en rentrant, un vrai interrogatoire en bonne et due forme, puisque la vie de Sara était une intrigue bien plus croustillante qu’un épisode de série pour ses colocataires.