swallowed up the world without a trace (eibell)

Passer tout près de la mort remet certainement les choses en perspective, dans un trajet de vie. Nelligan, qui avait passé deux semaines dans le coma et qui aurait très bien pu y laisser sa peau, avait pourtant rouvert les yeux contre toute attente. Depuis, sa vie était une montagne russe d’émotions. Entre ses fiançailles avec Lily-Anaëlle et le décès de sa sœur Lexi, Nelligan avait l’impression d’être soit trop heureux, soit trop déprimé. Quand il allait vers le bas, il se disait que c’était maladroit envers sa petite amie qui se réjouissait de l’organisation de leur mariage. Quand il allait vers le haut, il se sentait coupable de ressentir de la joie alors que sa sœur n’était plus là. Son cœur tanguait d’un côté et de l’autre, et Nelligan commençait à trouver cette gestion plutôt difficile. Ainsi, sans pour autant délaisser Lily-Anaëlle, il prenait de plus en plus souvent du temps pour lui. Il allait se promener en forêt, il allait faire du lèche-vitrine sans trop vraiment regarder ce qui se trouvait à l’intérieur des boutiques, il restait pendant des heures à regarder les nouveautés au magasin de jeux vidéo, puisque lui était toujours en arrêt de travail … Bref, les façons de se changer les idées se multipliaient. Aujourd’hui, café en main pour bien commencer la journée, Nelligan déambulait dans les rues sans trop porter attention à l’endroit où ses pas le menaient. Il marchait ou, plutôt, il errait. Il écoutait les rires des enfants de la cour d’école qu’il venait de dépasser. Il écoutait les aboiements des chiens promenés par un promeneur de chiens au parc. Il regardait les oiseaux qui s’envolaient vers la plage. À l’approche de Noël, il était de plus en plus chamboulé par les récents événements. Ce serait son premier Noël sans Lexi, mais c’était aussi l’approche de son mariage. À force de ne penser qu’à ça, Nelligan en oubliait de se concentrer sur le moment présent, et sa vue brouillée par ses pensées l’empêcha de ne pas se mettre dans le chemin d’une demoiselle qui avait quelques sacs dans les mains. Ils se rentrèrent donc l’un dans l’autre, le café de Nelligan s’écrasant au sol – heureusement pour eux deux qui ne furent pas touchés – et les sacs de la jeune femme tombèrent malencontreusement dans le dégât. « Oh, mince, je suis désolé ! » Il secoua la tête et se pencha pour ramasser les sacs de la blonde. En relevant la tête vers elle pour les lui rendre, Nelligan figea complètement. Réalisant que le fait de la dévisager de la sorte était très malpoli, il s’expliqua en bégayant : « Je suis désolé. C’est que … Vous ressemblez drôlement à une femme que je connaissais plus jeune … » Et pas n’importe quelle femme. Sophia, sa meilleure amie d’enfance, celle à qui il rêvait encore aujourd’hui en se réveillant avec la détresse de ne plus la savoir de ce monde. Sophia était partie, oui, vers un monde meilleur il l’espérait. Elle avait été portée disparue et, avec le temps, on l’avait déclarée défunte. Nelligan ne s’était jamais vraiment remis du fait qu’elle avait disparu en fumée. Que sa mort ne pouvait être expliquée. Alors se pourrait-il que … ?

Dans un soupire, elle prononça le prénom de Nelligan, réalisant que c’était bel et bien lui. Pourquoi était-celle qui semblait surprise et surtout déconcertée de le trouver là ? C’était à lui d’être paralysé par la surprise, tétanisé par sa présence. Il était effectivement figé sur place, la dévisageant, interdit. Ce n’était pas possible et pourtant, c’était son visage, c’était son regard, c’était son sourire avec ses dents, ces petits détails et ces traits uniques à une personne. Il les reconnaissait tous. C’était Sophia, nul doute là-dessus. Pourtant, Nelligan avait fait son deuil, quand l’enquête avait été fermée et qu’on avait annoncé à la famille et aux proches que les chances que Sophia soit toujours vivante étaient bien minces. Certains avaient gardé espoir mais Nelligan, lui, sans doute désillusionné par la vie et toutes les histoires qu’on entend dans les médias, avaient lâché prise. Il avait abandonné l’espoir pour Sophia. Il avait abandonné Sophia, tout simplement. Mais elle était toujours là. « Comment je vais ? » Il éclata d’un rire des plus nerveux, secouant la tête en la regardant de bas en haut. « Comment je vais ? » Répéta-t-il, n’arrivant tout simplement pas à croire qu’elle puisse lui sortir de telles paroles alors qu’elle était portée disparue depuis cinq ans. « Sophia … mais … mais que t’est-il arrivé ? Où étais-tu toutes ces années ? » À priori, elle semblait bien aller. Elle avait un air soigné, une attitude fière, un visage lumineux. Nelligan ne comprenait pas ce qui s’était passé pendant ces cinq années mais, surtout, il ne comprenait pas pourquoi il apprenait sa présence à Bowen, saine et sauve, par le plus pur des hasards. S’il n’était pas rentré de plein fouet dans Sophia aujourd’hui, aurait-il un jour eu de ses nouvelles ? Était-ce dans ses plans de renouer avec sa vie d’avant ? Nelligan était confus. En même temps, il se disait qu’il n’était en aucun droit de la juger. Il ignorait, pour le moment, ce qu’elle avait vécu. Ce qui s’était passé. Peut-être avait-elle les meilleures raisons du monde de s’être cachée après son retour.

Certes, c’était compliqué. Ça l’était depuis le début de sa disparition, et la complexité venait de se décupler en la trouvant là devant lui, comme si de rien était. Comme si ces cinq années s’étaient envolées dans la fumée, une fumée que seul Nelligan avait visiblement su embouteiller pour la garder en mémoire. « Eibell ? » Demanda-t-il en secouant légèrement la tête sous l’effet de l’incompréhension. Il ne comprenait absolument pas à quoi elle faisait référence en disant que Sophia était bel et bien décédée cinq ans auparavant. Pourtant, elle était bien là devant lui, la même Sophia qu’il avait connu. Enfin, la même … non, pas tout à fait. Mais c’était difficile pour lui de bien saisir le sens des paroles de … Eibell, puisqu’il ne connaissait rien à sa vie, au final. Il n’avait aucune idée de ce qui avait pu se passer, et tous les scénarios qu’il s’imaginait ne semblaient pas correspondre à la réalité. Eibell s’expliqua en surface, sans lui donner un seul détail, avant de lui demander ce que lui était devenu pendant toutes ces années. Il secoua vivement la tête. « Non, non. J’sais pas comment tu peux t’attendre à ce que je te parle de ma vie comme ça … Alors que je viens de te retrouver et que j’ai mille et une questions … » Il marqua une pause. « Essaie de m’expliquer ce que tu peux, au moins … Ne me laisse pas dans cette incompréhension, j’pourrais pas … j’pourrais plus te regarder dans les yeux et y voir mon amie, si j’sais pas un peu ce qui t’es arrivé … » Il déglutit. « S’il-te-plaît … » Nelligan pouvait bien s’imaginer que c’était difficile pour elle, après tout peut-être avait-elle vécu un calvaire pendant cinq ans, avec son agresseur, ses ravisseurs, une perte de mémoire ? Nelligan essayait de trouver ses propres réponses à ses questions, mais seule Sophia (Eibell) pourrait y répondre.

Sophia semblait de plus en plus confuse par la réaction de Nelligan, alors que lui était déconcerté par cette situation toute entière. À ses yeux, sa réaction était plus que légitime, puisqu’il avait fait une croix sur une femme qui se tenait maintenant devant lui, bien vivante. Il avait fait son deuil, il avait pleuré sa mort, il avait tourné la page après des mois à l’attendre. Et voilà qu’elle revenait, quand même une once d’espoir n’était plus envisageable. « J’sais pas comment j’te regarde, So - … Eibell. J’suis sous le choc, c’est tout. » Expliqua-t-il, ne voulant pas qu’elle pense qu’il faisait exprès d’agir de la sorte. Il ne faisait pas exprès de la repousser, de garder ses distances, de ne pas la prendre dans ses bras et de tout oublier. Ce n’était pas aussi facile, pour lui. Il ne comprenait pas, il ne comprenait rien du tout, et tant que Sophia ne l’éclairerait pas, il ne pourrait redevenir le Nelligan qu’elle avait toujours connu, celui qu’il était encore et toujours aujourd’hui. Il la supplia donc de lui expliquer ce qui lui était arrivé, avant toute chose. Après, ils pourraient rattraper le temps perdu. « Juste quelques détails, juste m’expliquer … me faire comprendre comment … comment t’as pu revenir maintenant, et pas avant … et ce qui t’es arrivé … Juste ça, ça me suffira. » Parce qu’en ce moment, tellement de scénarios se bousculaient dans sa tête, que celle-ci allait finir par exploser. S’il pouvait au moins avoir les grandes lignes, savoir s’il s’agissait d’une fugue, d’un enlèvement, d’un long voyage, n’importe quoi ! Ne pas savoir le tuait. La blonde prit alors la parole et lui expliqua, enfin. C’était vague, c’était flou, incomplet comme information, mais au moins il avait une réponse. C’était mieux que le silence radio des dernières années. « T’es … t’es partie à cause d’un désaccord entre ton employeur et toi ? » S’étonna-t-il. Il fronça les sourcils, revenant alors sur les derniers mots de son ancienne amie. « C’était ton départ ou quoi, Eibell ? Ou quoi ? Parce que pour le moment ça ne fait aucun sens … ! » Au final, ça ne répondait que trop peu à ses nombreux questionnements. Pire, d’autres questions faisaient surface. Nelligan la regardait, impuissant, nageant dans l’incompréhension et la tristesse. S’il ne s’agissait que d’un désaccord en lien avec son travail, Nelligan avait bien du mal à comprendre pourquoi Sophia ne l’aurait pas averti de son départ. Elle lui devait au moins ça.

Nelligan fronçait les sourcils. Sophia ne lui parlait qu’à demi-mot, elle retenait un secret tellement plus grand qu’elle, plus grand qu’eux, et à force de le plonger dans le mystère de cette façon, le jeune homme n’en était que plus confus encore. Il était loin de s’imaginer l’ampleur de la situation de son ancienne amie. Il n’avait aucune idée de ce à quoi elle avait été confrontée, de ce dans quoi elle s’était mis les pieds. « Comment veux-tu que je prenne si tu ne me dis les choses qu’à moitié ? » S’énerva Nelligan, tentant malgré tout de conserver un ton de voix calme, bas, premièrement pour ne pas attirer le regard des passants, et deuxièmement pour ne pas que Sophia s’en aille. Autant leur conversation lui faisait du mal et le faisait douter de tout, autant il voulait continuer à parler avec elle, prendre de ses nouvelles, comprendre. Malheureusement, la compréhension ne viendrait qu’avec les explications, et celles-ci pouvaient difficilement être plus vagues. Mais quand ils s’emballèrent tous les deux, Sophia alla beaucoup plus loin cette fois. Trop loin. Nelligan figea complètement, la regardant, ébahi. Il secoua légèrement la tête de droite à gauche, surtout en raison du choc. Il ne savait plus quoi dire. « Tentative de meurtre … ? » Bégaya-t-il. Jusqu’à un certain point, il se demanda si son amie n’était pas devenue complètement folle, qu’elle avait un trouble mental ou vécu un traumatisme qui entraînait ce délire. Lui menait une vie tellement simple, tellement tranquille, dépourvue de toute action. Il était loin de s’imaginer que son amie vivait quelque chose digne d’un film. C’était inconcevable. Pourtant, Sophia semblait tellement sincère, avec les larmes qui montaient dans ses yeux. Nelligan avait le cœur brisé pour elle, peu importe quelle était la vérité. « Mais … tu travaillais pour qui exactement ? Je … c’est plutôt difficile à avaler, à comprendre, je … je sais pas … » Il avait encore les sourcils froncés, parce que son incompréhension ne passait pas. « C’est … c’est difficile à croire. » Et pourtant, une partie de lui voulait tellement la croire, parce qu’il voulait tellement la retrouver. Ils avaient vécu tellement, ensemble. Mais les années durant lesquelles il n’avait eu aucune nouvelle d’elle, ces années où elle était morte aux yeux de tous, Nelligan ignorait où elles s’étaient envolées. Et même si Sophia semblait lui dire la vérité, il était difficile pour lui de croire à une histoire aussi rocambolesque. Ils ne vivaient pas dans le même monde. « Tu voudrais pas qu’on rentre en parler dans un lieu plus privé ? » Proposa-t-il. Peut-être que Sophia serait plus disposée à lui confier certains détails.

Effectivement, cela semblait être bien difficile de trouver la bonne manière, la bonne entrée en matière, pour expliquer ce cinéma qui se déroulait sous ses yeux. Plus ça allait, plus ça s’envenimait, parce qu’au fond Nelligan n’avait pas les réponses aux nombreuses questions qu’il se posait depuis tellement d’années. Ou alors il ne s’agissait pas des réponses auxquelles il s’était préparé mentalement à faire face. Rien de tout cela ne faisait de sens. « Oui, je vois bien ça … » Répondit le trentenaire, secouant légèrement la tête dans son incompréhension. Il avait l’impression de se noyer dans cette confusion, de chercher à s’accrocher à Sophia mais, à chaque mot de plus prononcé, elle l’enfonçait encore plus dans le doute. Quand elle parla de tentative de meurtre, ce fut le coup de grâce pour Nelligan qui ne put s’empêcher de répéter ces mots avec surprise et frayeur. Que ce soit vrai ou non, dans les deux cas, les conséquences seraient bien mauvaises. Cela signifiait que soit Sophia était dans une profonde merde, soit elle était complètement timbrée. Rien qui ne réjouissait un de ses plus proches amis d’enfance. « J’ai l’impression que t’omets encore certains trucs, d’ailleurs … » Et c’est là que Nelligan proposa d’aller dans un lieu plus privé, où ils pourraient parler sans attirer les regards intrigués et curieux. Elle ne pouvait pas lui larguer une bombe de la taille d’une tentative de meurtre pour ne pas expliquer de A à Z ce que cela signifiait, ce qui s’était passé. Elle lui devait des justifications. Et à partir de là, peut-être qu’ils pourraient y faire quelque chose. Aider Sophia à se remettre sur les rails. À s’en sortir. Mais complètement submergée par son délire, la blonde continua à propos du fait qu’aucun lien n’était réellement privé. Que tout était sur écoute. Un délire de persécution quelconque, mais dans tous les cas, Sophia était devenue paranoïaque en même temps que de changer de nom pour Eibell. « On débranchera tout, ok ? » Proposa Nelligan, se disant que c’était mieux d’entrer dans son histoire rocambolesque, pour le moment. Au moins, elle lui ferait confiance et s’ouvrirait à lui. Sophia se colla alors au mur, dans l’ombre, entraînant son ami avec elle et lui demandant son portable. « S’il-te-plaît, il est nouveau, ne le fracasse pas contre la brique je t’en prie … » Supplia Nelligan en déposant malgré tout son téléphone portable dans la paume de la main de Sophia.

Sophia parlait de risquer sa vie une seconde fois, mais cela ne faisait aucun sens aux oreilles de Nelligan qui malgré l’insistance de son amie sur ces faits, n’arrivait toujours pas à comprendre ou à croire. Après tout, quelle saine personne accepterait un tel discours sans se questionner, sans remettre en question l’autre ? Le jeune homme avait peut-être vécu la majorité de sa vie dans des histoires rocambolesques de ce genre, mais celles-ci provenaient de ses jeux vidéo auxquels il aimait tellement jouer différents rôles de cette façon-là. Mais Sophia, elle, ne semblait pas jouer un rôle. Surtout, Sophia ne sortait pas d’un univers virtuel. Ce qu’elle racontait, elle le prenait pour sa réalité et ça, ça faisait flipper Nelligan. « Ma vie n’a jamais été mise à risque … » Du moins pas à sa connaissance, et il osait espérer qu’il aurait été conscient des menaces s’il y en avait eues. Visiblement, ce n’était pas le cas. Sophia l’entraîna finalement dans une ruelle peu passante, voire pas du tout, et lui prit son téléphone pour n’en retirer que la batterie et la carte SIM. Au moins, elle ne l’avait pas complètement anéanti. « Merci. C’est apprécié. » Dit-il maladroitement. Sophia était sans doute contrariée de son incrédulité, mais c’était bien plus fort que lui. Malgré tout, Nelligan essayait de plus en plus de rentrer dans son récit, se disant qu’elle s’ouvrirait davantage à lui dans ce cas-là. À partir de ce moment, peut-être pourrait-il y comprendre quelque chose. Quoi que ce soit. Le jeune homme la suivit jusqu’à un banc dans cette sombre ruelle, et il s’assit à côté d’elle malgré la nervosité qui s’emparait de tout son être. « C’est pas que je te prends pour une folle, S- … Eibell. » Putain, il arriverait bien un jour à ne plus se tromper ! « J’aimerais bien savoir on est la cible de qui, en ce moment, en fait … Tu parlais d’un dossier, aussi. Quel dossier ? Pourquoi c’était si important ? Pourquoi on veut te tuer ? » Les questions fusaient, et même quand elles franchissaient les lèvres de Nelligan, elles semblaient encore ne faire aucun sens. Pourtant, il les posait quand même. Il voulait y voir plus clair.

Nelligan hocha la tête. Il se doutait bien qu’on n’atterrissait pas dans une vie où les gens cherchaient à nous tuer en une seule nuit. Il comprenait qu’un long chemin avait dû être traversé, vécu, pour que Sophia en arrive à ce point-là. Nelligan avait encore du mal à saisir comment, d’ailleurs, et surtout pourquoi. Peut-être que ce récit sur les années de la vie de Sophia desquelles Nelligan n’avait pas été témoin l’aiderait à y voir plus clair. Peut-être que ça l’aiderait à la croire, aussi. Pour le moment, ce n’était pas vraiment le cas, même s’il aurait tellement voulu pouvoir la croire sur parole. Il était encore en attente qu’un animateur quelconque sorte d’une bouche d’égout, de nulle part, pour lui annoncer qu’il y avait une caméra là, et là, puis là. Malheureusement, Nelligan n’était pas d’un assez grand intérêt pour qu’une émission télévisée veuille le piéger devant les caméras. Alors soit Sophia disait vrai, soit elle était complètement tombée sur la tête. Dans les deux cas, il y avait de quoi avoir peur. « Oui, bien sûr. Je t’écoute, ça prendra le temps que ça prendra. » De toute façon, il avait déjà oublié ce qu’il faisait à la base, ce qu’il s’apprêtait à faire. Ses retrouvailles avec Sophia étaient venu chambouler tout le planning de sa journée. « Bien sûr que je me souviens, c’est là qu’on s’est rencontrés, qu’on a commencé à vraiment s’intéresser aux jeux et à l’informatique … » Ça avait façonné Nelligan, cette époque. Sa relation avec Sophia l’avait poussé encore plus loin dans le domaine, et c’était pourquoi il continuait encore dans cette branche-là aujourd’hui. « Je me souviens aussi, oui … » Souffla-t-il quand la blonde lui parla de la mort de son père, et de ses paroles énigmatiques lancées à l’époque et que visiblement, Nelligan avait trop prises à la légère. Ceux qui lui avaient annoncé son décès lui cachaient quelque chose, et Sophia avait voulu le découvrir. « Quelle offre ? » Demanda Nelligan, surpris. Déjà, trop d’informations se bousculaient dans sa tête : le hackage, l’armée australienne, les agents, la grossesse de Sophia. Mais il avait besoin de connaître la suite. Sophia avait en fait été blackmailée, en quelque sorte, et les agents avaient trouvé le moyen de la faire travailler pour eux en échange d’un dossier judiciaire vierge et d’une famille pour son enfant à venir. Nelligan fronça les sourcils. « Mais ce n’est pas tout … Que s’est-il passé après, pour que maintenant, tu doives te cacher à ce point ? » Nelligan cheminait, peu à peu, se faisant un peu plus familier avec les événements, avec l’idée que son amie d’enfance n’était plus du tout la même.