In another life | Xavier

Elle ne savait pas si c'était une bonne idée de partir pour le voir, après ce qu'elle avait dit, ce qu'elle avait détruit plutôt. Peut-être qu'il ne voulait plus avoir de nouvelle d'elle, qu'il l'avait déjà rayée de sa vie. À vrai dire et encore une fois, elle ne savait pas quoi lui dire, elle voulait juste le voir. Se dire que quand elle s'était retournée par agacement ou déception, ça n'avait pas été la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Elle avait foiré, que ce soit dans ses gestes ou ses paroles, elle ne voulait pas revenir en arrière parce qu'elle n'arrivait pas à promettre quelque chose à Xavier, qu'elle n'arriverait pas à dire ce qu'elle ressentait, mais elle ne voulait pas qu'il s'en aille de sa vie. Il avait été comme une renaissance après ce passage en prison, il avait presque été la première personne en dehors de sa famille à qui elle avait parlée quand elle était revenue à Bowen après sa sortie de prison. Il ne l'avait pas jugé quand elle lui avait annoncé qu'elle en avait fait d'ailleurs. À croire qu'il était l'homme parfait, sauf peut-être que quelques points. Et surtout sur le point qu'il ressentait des choses pour elle, ce qu'elle ne voulait pas. Adilyn était la seule à tout faire foirer, parce qu'elle refusait de se dire qu'elle voudrait revivre quelque chose, qu'elle disait vouloir s'éloigner des tueurs, mais au fond, il n'y avait peut-être qu'eux qui la comprenait. Hésitante, elle rentrait finalement dans la boutique, le cherchant directement des yeux. « Hey ... » Adilyn lui souriait comme si de rien n'était pour cacher son traque.

La fin d'année approchait à grand pas et tu avais une liste longue comme le bras. Beaucoup de robes, quelques costumes et tout ça pour avant le réveillon du nouvel an. Tu n'avais jamais autant travaillé qu'à cette période, mais au moins tu avais la tête ailleurs, l'esprit trop occupé pour penser à tout ce qui pouvait te préoccuper. La cloche venait de te signaler la présence d'un nouveau client et avant même que tu puisses te retourner, tu pouvais reconnaître le son de sa voix. Tu serrais doucement le tissu cintre toi en souriant bêtement. Elle ne devait pas voir ça, tu avais l'air d'un idiot complètement désespéré. Tu exerçais rapidement deux trois grimaces avant de lui faire face. « Adilyn.. » C'est le cœur battant lourdement que tu avais prononcé ce prénom. Malgré les jours qui s'étaient écoulés, les semaines même tu n'arrivais pas à l'idée de l'oublier. Comme si ça t'étais impossible, ou tout simplement parce que tu ne le voulais. Tu t'accrochais à rien mais tu avais l'espoir qu'elle change un jour d'avis. La preuve, elle était dans ta boutique aujourd'hui, ce n'était sûrement pas une coïncidence. « Tu vas bien ? » demandais-tu avec un léger sourire. Tu étais content de la voir, de voir que physiquement elle avait l'air d'être en forme. Peut-être avait-elle enfin arrêter d'avoir peur et de se cacher chez elle. Ce n'était pas une solution de jouer l'ermite, tu en savais quelque chose pour avoir gâcher trois ans de ta vie ainsi. « Puis-je t'aider ? » C'était la question logique puisqu'elle était venue te trouver dans ta boutique. Peut-être avait-elle besoin d'une robe ou d'un tailleur même si tu n'aimais aucune de ses deux idées, parce que ça voudrait dire qu'elle ne vient pas pour toi. Ce que tu accepterais mais tu n'allais pas te mentir en disant que tu n'avais pas une once d'espoir en la voyant là.  

Comme si c'était la première fois qu'elle le voyait, elle se sentait presque timide. Même si elle ne l'avait pas vraiment été lors de leur rencontre, mais depuis elle s'était plus renfermée, devenant un peu plus froide au fil des mois qui passaient. Ce qu'elle détestait, elle ne voulait pas être comme ça, que ce soit pour elle ou pour les autres. Pourtant elle avait essayé de se sauver de ça, mais les problèmes n'avaient fait que s'accumuler et elle était assez mauvaise en comédie avec elle-même, elle ne pouvait pas montrer que ça allait bien quand ça n'allait pas. Et bien que ça semblait égoïste et qu'elle se refusait presque de l'avouer à elle-même, depuis qu'elle s'était faite tirer, qu'elle était passée proche de la mort et que la petite avait quittée la maison, elle allait mieux. Elle se sentait presque revivre, sortir de sa deuxième prison. Mais en même temps, avoir Abygaël à la maison lui manquait, elle aurait au moins aimée avoir des infos sur elle, savoir si elle avait trouvée quelqu'un qui pourrait lui donner le bonheur qu'elle n'avait pas su donner, savoir où elle était ou bien comment elle allait, tout simplement. Peut-être même qu'elle était chez Xavier. Qu'importe. Elle se torturait l'esprit à essayer de savoir comment Xavier allait réagir, si c'était la pire idée qu'elle avait eut de la journée de passer ici ou non. Après tout, il avait toutes les raisons de ne pas vouloir revoir Adilyn après qu'elle l'avait rejetée en disant qu'il n'y aurait aucune chance pour eux-deux de vivre quelque chose. « Beaucoup mieux et toi ? » Elle se sentait presque mal de le dire, qu'elle allait bien. Mais c'était par reflex, elle le disait toujours à tout le monde, comme ça personne ne posait de questions. Elle regardait autour d'elle avant de faire un geste de la tête. « Pas vraiment, je venais pour te voir toi, mais ... ce que tu fais est très beau aussi. » Elle ne voulait pas qu'il trouve ça insultant. Elle ne savait pas comment se débrouiller. « Je ne voulais pas te déranger pendant ton travail, mais je m’en voulais pour la dernière fois … » Pour ses paroles, même si elle n’allait pas revenir dessus pour l’instant, mais surtout pour la manière dont elle avait claquée la porte pour ne plus avoir à le confronter. « Je ne voulais pas me dire que ça sonnait comme un adieu, la dernière fois … parce que … qu’on a plus vraiment de raisons de se voir. » Mais elle n'arrivait pas à le rayer de sa vie non plus.

Tu avais l'impression d'être pétrifié sur place. Tu la regardais sans oser l'approcher. Tu gardais une bonne distance, comme si c'était vraiment la chose à faire. Tu ne savais pas ce que tu devais faire de toute façon, tu ne voulais pas faire de faux-pas alors qu'elle venait vers toi. Tu l'avais déjà fait fuir une fois, tu ne voulais pas que ça se termine ainsi de cette façon. « Ça peut aller. » Le moral n'était pas au top mais en cette période de fête, ce qui comptait c'était Abygaël. Tu avais pu la voir le jour de Noël un beau cadeau pour toi. Ce qui faisait que ton moral n'était pas au plus bas. Tu l'aimais beaucoup trop et sa présence ici était rassurante pour toi. Elle te parlait de Maxence, de l'école et tu avais presque le sentiment pendant un instant que vous étiez une famille. Une vraie famille. Adilyn s'excusait alors de son comportement et tu secouais déjà la tête. « Oh.. Il ne faut pas tu sais. » Tu ne la blâmais pas. Tu avais peut-être été trop loin, peut-être que tu avais dépassé les bornes en allant encore à l'improviste chez elle pour dire ce que tu avais sur le cœur. « J'espérais que ça n'en soit pas un. » Parce que tu ne le voulais pas. Certes, tu ne pouvais aller contre ce qu'elle désirait. Si elle tenait à ce que tu restes loin d'elle, tu n'hésiterais à obéir. Mais pour le moment tu étais perdu. Vous ne faisiez que venir et repartir dans la vie de l'autre, mettant le bordel dans l'esprit de l'autre vous laissant démunis à la fin de chaque rencontre. « Je pense qu'au contraire on va se revoir. Rien que pour Abygaël, elle est à Bowen pour les vacances et je pense qu'elle aimerait te rendre visite. » Tu esquissais un léger sourire à cette pensée. Peut-être qu'elle la verrait sans toi, peut-être que ça pouvait être mieux ainsi mais au moins elle la verrait. C'était tout ce qui comptait pour toi parce que tu savais que ça les rendrait heureuses. « J'aimerais beaucoup qu'on reste en contact malgré tout ce que j'ai pu dire. » Tu baissais doucement les yeux, ne sachant pas si tu avais quelque chose de plus à dire.

Son sourire s'élargissait à la réponse de Xavier, il allait plutôt bien, du moins c'était comme ça qu'elle l'entendait parce qu'elle ne voulait pas le savoir triste. Lui ou n'importe qui, elle n'était pas le genre de personne toujours positive, mais c'était toujours pareil avec les personnes à qui elle tenait. Elle préférait savoir qu'elle allait pire que les autres. La blonde s'en voulait de son comportement, elle avait préférée tourner les talons plutôt que lui dire un tas de choses pour s'excuser de ne pas vouloir ressentir la même chose pour lui, mais elle ne pouvait pas en quelques mots effacer ce que lui ressentait pour elle. Peut-être qu'elle avait pensée que partir sur une mauvaise note l'aiderait, enfin, surtout elle, qui s'était sentie mal pour tout par la suite. Elle était une lâche. Elle ne voulait donner de chance à personne, elle ne voulait s'accrocher à personne et que personne ne lui demande de l'importance. Mais c'était comme ça avec eux à chaque fois qu'ils se voyaient, elle aurait dû s'en douter qu'un aller commencer à s'agripper à l'espoir qu'ils se donnaient. Un brin de tristesse parcourrait sa voix quand elle disait qu'ils n'avaient plus de raisons de se voir, parce qu'elle pensait à Abygaël à ce moment-là, que c'était la seule personne qui les rassemblaient. Et ils étaient assez conscients tous les deux pour se dire qu'ils n'allaient pas s'inviter chez-eux comme pourrait le faire des simples amis. Parce qu'ils ne l'étaient pas, c'était bien trop complexe pour être une amitié et elle ne savait pas comment changer ça. Elle n'aurait qu'à accepter elle-même qu'elle lui portait sans doute de l'amour, mais elle ne voulait plus connaître ce sentiment et elle ne voulait plus être déçue quand tout s'arrêtait. La blonde fronçait les sourcils quand il parlait d'Abygaël, dans un sens elle s'interrogeait puis dans l'autre elle se sentait presque blessée. « “Pour les vacances ?” Comment ça ? » Autant ce n’était pas sa mère, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une certaine colère ou inquiétude, elle ne savait pas vraiment décrire. Sans vraiment prendre le temps de le laisser parler, elle recommençait. « Ils me l’éloignent de ma maison et maintenant de cette ville ? C'est comme ça qu'ils la "protège" ? J’suis pas un monstre. » Elle lançait ça presque comme un reproche, alors que lui ne devait y être pour rien. Elle abusait sans doute, elle interprétait les paroles comme elle les entendaient dans sa tête sans réfléchir plus une seconde. Et finalement, c’était le goût amer qui lui faisait parler. « S’ils font ça, je ne vois pas comment elle pourrait me revoir. » Elle essayait de faire passer ça en écoutant Xavier. Tentant de garder tant bien que mal son sourire aux lèvres. « J’aimerais aussi. » Même si elle ne savait pas comment ça tournerait cette relation, même si elle arriverait à tenir ou alors ils finiraient par s’éloigner petit à petit pour définitivement couper les ponts. C’était sans doute ça qu’il y avait à faire, un sevrage des deux pour qu’ils puissent s’en aller sans avoir mal.

Tu n'avais pas mis longtemps pour lui parler d'Aby, de ce qu'elle devenait et d'où elle vivait. Bien que tu ne l'avais pas clairement dit. Sans plus attendre elle avait rebondi sur ça. D'abord surprise et après elle semblait choquée, bafouillant quelques mots qui te faisait mal au coeur. Tu ne voulais pas qu'elle pense ainsi, qu'elle soit attristée à cause de la nouvelle. « Elle est chez un juge je crois, M. Kearse ou quelque chose comme ça mais il vit en dehors de Bowen donc la semaine elle est chez lui. Et je doute que ce soit contre toi. » Ça te faisait toujours étrange de te dire que tu ne pourras plus attendre près de l'école pour la voir au loin ou au moins essayer. Tu avais été curieux quand tu avais su que tu avais une fille et tu n'avais pas pu t'empêcher de guetter plus ou moins de loin pendant quelques jours histoire de s'habituer à son visage, de rendre tout ça tellement plus concret. Mais quand tu l'avais les week-end tu faisais l'effort de sortir le plus possible, de profiter d'elle à chaque instant. Quand elle repartait tu avais le cœur lourd mais encore plus heureux à l'idée de la retrouver bientôt. « Je peux l'amener chez toi. » proposais-tu doucement. Tu n'y voyais aucun inconvénient à la seule condition que les deux étaient d'accord pour se voir puisque tu ne voulais forcer aucunes des deux. Tu cherchais une autre idée mais pour le moment c'était celle qui te semblait la plus logique. « Tu aimerais qu'on fasse ça comment ? » Tu avais un peu du mal à t'imaginer comment vous pourriez faire. Tu l'aimais et elle le savait, ce qui était quelque chose de gênant dans votre relation parce qu'elle pourrait avoir peur que ça dérape un jour, que tu ne puisses plus accepter de vivre avec ça. Pourtant tu te sentais vraiment prêt à tout encaisser pour la garder dans ta vie parce que tu ne voulais pas faire sans. Elle t'apportait du bonheur.

Elle s’arrêtait que sur deux éléments, il était juge. M. Kearse. Son regard devenait d’un coup plus vide pendant quelques secondes. Il ne fallait pas plus pour deviner qu’il était vraiment, lui. Elle réalisait que Maxence pouvait tout dire à propos de la prison, même s’il n’avait pas d’intérêt pour le faire, ça ne lui rapporterait rien, mais elle ne voulait qu’accidentellement, il finisse par avouer un secret qu’Adilyn tenait à garder envers la petite. Là, elle serait vraiment un monstre pour elle. « Elle … elle va à des milliers de kilomètres la semaine ? » Disait-elle en pensant à Brisbane, elle se doutait que c’était là-bas qu’il devait “habiter”, Maxence. Parce qu’il était un juge qui avait été sur son sujet pour l’innocenter. Mais ça ne l’empêchait pas de ne pas l’apprécier comme il se fallait, parce qu’il en savait trop sur elle, parce qu’ils avaient une relation bizarre, de toute manière. Et elle préférait largement que Xavier ne sache aucun détail. Elle restait silencieuse quand il disait vouloir l’emmener chez-elle, un sourire sincère s’affichait, un tendre. Elle en serait vraiment heureuse, mais elle restait penser que c’était impossible, trop dangereux. C’est ce qu’elle se persuadait avec le foyer, en tout cas. Pas que l’homme qui était en cavale lui en voulait la petite, mais plus qu’il pouvait revenir à tout instant. « Ça lui rappellerait sans doute trop de  mauvais souvenirs. » La tête baissée, elle voulait se dire qu’Aby aurait dû être ailleurs pendant tout ce temps, pour ne pas voir et vivre ça. « Ça sera plus facile une fois que j’aurais déménagée. » Elle haussait les épaules, elle ne voulait plus vivre dans cette maison, elle n’avait plus peur parce qu’elle se persuadait que ça ne servait à rien de vivre dans la peur, mais elle ne voulait pas finir par mourir avec cette confiance. Et même s’il avait réussi à la retrouver une fois et qu’il réussirait sans doute de bons nombres de fois encore, cette maison, elle la détestait presque. « Je lui ai promis que je la reverrais … mais je ne sais pas si c’est une bonne idée dans le fond. Maintenant. »

Tu avais observé son regard. Toi qui n'était pas très attentif aux détails tu avais pourtant remarqué son changement d'expression à l'annonce. Le connaissait-elle ? Peut-être après tout qu'il l'avait déjà approché pour la garde d'Aby, il était juge après tout. « Oui, mais elle va à l'école et d'après le juge, ça se passe bien. » Ces mots étaient réconfortants pour toi parce que ça voulait dire qu'elle voulait aller bien, elle t'avait promis d'être plus sage et elle s'y tenait. Ce qui te motivait d'autant plus pour que la procédure se termine et qu'elle vienne vivre chez toi. « Tu.. Tu t'en vas ? » Tu bafouillais, perplexe et perdu. Elle s'en allait de Bowen ? Où partait-elle ? Tu avais peut-être mal compris et te faisait un tas d'idées noires. D'autant plus qu'elle voulait te garder dans sa vie donc ce serait idiot de te faire une telle demande si elle comptait quitter la ville. Ça n'avait pas de sens pour toi alors peut-être qu'elle changeait juste de maison. Peut-être qu'elle allait prendre un appart et une petite coloc. Ou peut-être qu'elle allait continuer de vivre seule. Tout ça ne te regardait pas vraiment. Elle refusait ton idée et tu fronçais doucement les sourcils. « Je crois au contraire que ça lui ferait du bien. Elle s'est attachée à toi, elle a connu deux abandons, trois même puisque j'ai merdé moi aussi. Elle ne veut pas que tu l'abandonnes toi non plus » Tu ne cherchais pas à la culpabiliser parce que tu ne voulais pas qu'elle se sente mal. Tu essayais juste de mettre en lumière la vie d'Aby et de ce qu'elle pourrait ressentir. Si elle avait un doute sur le fait que ça pouvait déranger Aby, c'était aussi un moyen de les envoyer en fumée. « Mais si c'est trop difficile pour toi, je comprendrais, j'essayerais de trouver les mots justes pour lui expliquer. » Tu essayerais de présenter les choses sous son meilleur angle parce que tu ne voulais pas l'accuser de quoique ce soit, tu ne voulais même pas dire du mal d'Adilyn à Abygaël parce qu'elle éprouvait une certaine reconnaissance envers la jeune femme. Elle avait été celle qui l'avait recueillie alors que sa vie éclatait en morceaux tout doucement. Elle était celle qui avait veillé après chacun de ses cauchemars, qui avait essuyé ses larmes à chacune de ses déceptions. Elle avait pris soin d'elle et lui avait donné de l'amour, de l'importance. « Tu été venue pour me dire quelque chose en particulier ? » Tu avais un doute quant au fait qu'elle était juste venue te faire des excuses, elle aurait pu t'appeler ou t'envoyer un mot par courrier ou une quelconque chose dans ce genre là. Peut-être qu'il y avait autre chose, qui sait.

Il était plutôt normal qu’elle aille à l’école, malgré qu’elle ne soit plus chez Adilyn, qu’elle ait changé de ville. Même si ça lui faisait mal de penser que maintenant ça n’allait plus être elle qui allait la chercher à la fin des cours, qu’elle ne lui demandait plus comment ça avait été sa journée, ce qu’elle avait fait. Depuis quelques mois, c’était comme ça. Et ça la contrariait que ce soit ce juge en particulier qui prenne la relève, peut-être qu’il l’avait fait exprès, c’était sûrement certain qu’il savait qu’elle en avait eu la garde à un moment donné. Elle ne disait rien de plus, parce qu’elle ne voulait pas froisser Xavier. Après tout, elle n’était pas venue pour parler de Maxence, elle était venue pour le voir lui, le parler, parce qu’elle en ressentait le besoin. Comme si sa voix le manquer, sa présence. « C’est génial si elle s’entend bien avec ses camarades, là-bas. » Quand il lui disait qu’il pourrait l’emmener la voir, rien qu’une fois, jute revoir son sourire de nouveau, une sensation étrange mais agréable la traversait. Un mélange de peur et de bonheur à la fois. Elle se disait qu’elle pouvait déménager, partir de cette maison parce qu’elle n’y tenait plus, qu’elle lui rappelait trop de choses et les choses positives n’arrivaient pas à surpasser ça. À écouter Xavier elle avait l’impression d’avoir dit quelque chose de mal, elle restait hésitante quelques secondes. S’en aller de sa maison, c’était presque certain. Elle n’avait pas encore fait ses recherches et tout le reste parce qu’elle n’osait pas franchir le cap, mais elle le souhaitait. Partir dans une autre ville l’avait aussi traversé l’esprit, mais elle ne voulait plus fuir, elle l’avait déjà assez fait. Et ce n’était pas une vie que de fuir constamment. Un simple voyage lui aurait fait sans doute le plus grand bien, mais elle était encore blessée, c’était trop récent pour qu’elle s’en aille à l’aventure comme elle avait pu le faire les années passées. Alors, elle resterait à Bowen, sa ville natale, sûrement pas son paradis, mais l'endroit où il y avait le plus de gens qu'elle aimait. « Je déménage simplement ... M'en aller dans un autre quartier, c'est tout. » Elle ne savait pas quoi lui dire de plus. « Je ne m'y plais plus dans cette maison. » C'était tout ce qu'il y avait à comprendre finalement. Il parlait ensuite d'abandonner et la blonde finissait par baisser la tête, l'abandonner n'était pas vraiment un plan qu'elle prévoyait, elle y tenait trop. Mais elle ne voulait pas faire peur à Aby, elle avait peur qu'en elle, elle ne voit que son agression à présent. « Merder ne veut pas dire abandonner. Tu n'as pas abandonné ta fille Xavier, tu es en plus bon père que tu ne le penses. » Alors qu'Adilyn, elle n'avait aucun lien de sang avec cette petite, elle n'avait vécue que quelques mois avec, quelques mois pendant son enfance, elle finirait donc par l'oublier, un jour. « Non, ne lui dit rien. Je ne l'abandonnerais pas. » Elle lui lançait un regard triste, elle ne voulait pas lui faire de mal, c'était juste ça. Elle restait de nouveau silencieuse, léger sourire aux lèvres. « Pas vraiment. Je peux te laisser maintenant ... » Il avait sans doute du travail à faire, bien plus qu'elle ne le pensait encore.

Tu opinais sans dire un mot de plus, c'était bien qu'elle trouve sa place à l'école, qu'elle se fasse des amies, même si sur point, elle restait encore trop muette. Aby n'était pas vraiment la plus bavarde quand il s'agissait de parler d'elle-même. Elle préférait changer de sujet, changer les choses tout court pour éviter qu'on en revienne à ça. Ce que tu comprenais bien, dans le fond, tu étais bien comme elle. Tu écoutais Adilyn parler de son déménagement, de son envie de changer de quartier. « Je comprends » Tu étais plus ou moins soulagé maintenant que tu savais qu'elle restait à Bowen. Tu ne pouvais pas la retenir pour toujours, tu n'avais aucun argument pour la garder dans ta vie de toute façon, mais tu aurais été peiné de la voir quitter la ville. « Auras-tu besoin d'aide pour le déménagement ? » proposais-tu doucement. Peut-être que oui, comme ça tu aurais une raison de la visiter, une raison de lui parler, d'admirer son visage, de profiter de son sourire même s'il était assez effacé en ce moment. « Je le serais quand elle aura enfin le droit de vivre avec moi. » Cela voudrait dire qu'aux yeux de la justice tu serais apte à être un bon parent, apte à la prendre en charge, à lui apporter de l'équilibre et à combler le moindre de ses besoins. Pour le moment, tu n'en étais pas là, ton passé d'alcoolique n'allait pas jouer en ta faveur et tu le comprenais bien, mais elle était ta fille et une fois que tout ceci serait enfin reconnu, aux yeux de la loi, plus rien ne pourrait vous empêcher de vivre ensemble, plus rien ne pourrait vous séparer. « Tu n'es pas obligé de partir tu sais.. » Après tout elle était venue te trouver pour s'excuser, tu avais l'impression qu'il y avait autre chose dont elle voulait te parler mais oser te l'avouer, ou peut-être que c'était toi qui te faisait encore de douces illusions. « J'veux dire que j'ai pas beaucoup de travail, alors si tu veux on peut peut-être aller se promener un peu ? » Un léger mensonge qui passait avec un léger sourire. Tu étais débordé, mais en apparence, ça ne se voyait pas tellement et puis tu étais prêt à tout plaquer rien que pour passer un peu plus de temps avec la jolie blonde. L'amour te rendait fou.

Elle esquissait un léger sourire quand il demandait si elle avait besoin d'aide pour le déménagement. Il était bien trop sympathique comme homme, à se demander comment il avait fini par tuer une femme. Mais peut-être qu'il posait cette question uniquement parce qu'elle avait piquée une crise deux minutes plus tôt et qu'il se sentait gêné avec elle à présent. Elle n'en savait trop rien, mais elle ne voulait pas se dire ça quand elle le regardait, en fait, elle ne savait pas vraiment quoi se dire. « Je … j'en sais rien. » Parce que c'était plus facile que de répondre qu'elle voulait bien de son aide s'il voulait vraiment la lui donner, ça lui donnerait l'occasion de passer un peu de temps avec lui. Mais ça ferait en sorte qu'il verrait bien trop de choses personnelles qui sont chez elle. « De toute façon, ce n'est pas encore décidé de là où j'allais vivre. » Elle n'avait même pas commencé à chercher, ce n'était qu'une hypothèse. Elle esquissait un maigre sourire quand il disait qu'Aby finissait par vivre avec elle et qu'alors il serait un bon père, elle restait penser qu'il l'était déjà, que ce qu'elle avait vu ces derniers-mois en était la preuve. Qu'il ne fallait pas vivre sous le même toit pour être une bonne personne pour une autre. Ils finiraient par se retrouver de toute façon, ces deux-là. Et elle n'attendait que ce moment, de voir le visage d'une petite Aby heureuse d'être enfin avec un membre de sa famille et se sentir un peu plus “normale” par rapport aux autres. Et quand il demandait si elle avait autre chose à lui dire, elle ne savait plus où se mettre, elle avait l'impression d'être de trop, elle le regardait en haussant les épaules, mettant l'hypothèse qu'elle pouvait partir maintenant. Elle ne voulait pas plus le déranger que ça. Et lui disait qu'elle n'était pas obligée de partir, ce qui lui arrachait un nouveau sourire, bien qu'elle tentait de le camoufler, en vain. « Je ne veux pas te déranger ... » Parce que c’était toujours plus poli de le dire. « Mais je veux bien passer un peu de temps avec toi. Ça me changera un peu les idées. » Disait-elle dans un rire. En fait, elle ne pensait plus trop à rien, mais c’était une belle excuse et c’était toujours mieux que de fuir.