Puisque c'est ainsi + Xavier

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Puisque le temps sépare ceux qui s'aiment et que rien ne dure

Xavier & Sara

Depuis combien de temps Sara n'avait-elle pas mis les pieds au zoo ? Une éternité surement. Pourtant elle avait toujours adoré cet endroit, s'y promenant avec ses parents dans son enfance, avec ses copines plus tard, elle avait même aidé les soigneurs durant quelques semaines, il y a longtemps, c'était un lieu qu'elle affectionnait par sa quiétude, elle aimait observer les animaux, elle pouvait y rester durant des heures. Et en ce moment, un endroit plein de souvenirs d'enfance, un endroit où il faisait bon vivre, c'est tout ce dont elle avait besoin. Elle avait son après midi devant elle, donc elle avait décidé de rendre visite aux animaux. Après une bonne heure à arpenter les allées du parc, elle s'était assise à la terrasse ombragée où les petites chèvres naines gambadaient en liberté au milieu des gens, pour le plus grand bonheur des enfants, et de Sara ! Elle commanda une citronnade fraîche et s'installa à une table, sa jambe la tirait un peu, elle avait besoin de s'asseoir. Elle observait les autres aller et venir, les bras chargés de boissons, de glaces, de gaufres, ... Des parents avec leurs enfants des ados, des vieillards qui faisaient leur promenade, il y avait une foule hétéroclite et c'était amusant. Et puis, un visage vaguement familier, elle resta à le fixer quelques secondes avant d'être sure. Et alors un souvenir lui revint en mémoire. Celui d'une belle journée de printemps, où dans l'air on pouvait sentir le jasmin et le lys, où la chaleur n'était pas trop écrasante et dont elle avait pensé que ça serait peut-être la plus belle de sa vie. Elle revoyait ses amis et sa famille qui l'observaient, alors qu'elle remontait l'allée jusqu'à l'autel où l'attendait son futur mari, elle se souvenait de ce sourire qui ne la quittait pas et de cette robe dont elle était si fière et dans laquelle elle se sentait si belle. Deux bonnes années s'étaient écoulées depuis son mariage et elle se souvenait encore des mots que Xavier lui avait glissé alors qu'il la poussait hors de la chambre où il l'avait aidé à enfiler sa tenue. Vous êtes sublime, votre mari sera subjugué, allé, maintenant, un peu de courage, le meilleur vous attend. N'oubliez pas, le mot magique c'est oui ! Et elle l'avait prononcé, ce mot magique. Mais le meilleur n'avait pas forcément été au rendez-vous par la suite. D'ailleurs cette robe elle n'osait plus la sortir de sa house depuis, trop de souvenirs, bons comme mauvais, se bousculeraient si elle essayait, elle le savait. Xavier était de dos, un enfant lui trainait dans les pattes, le sien, peut-être, elle n'en savait rien, ou celui d'un autre, ils couraient tellement partout à essayer d'attraper les chèvres, difficile de savoir qui était à qui. Elle se leva doucement pour aller à sa rencontre. Bonjour Xavier, vous allez bien ? Elle s'était munie de son plus beau sourire.

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La journée au parc avec Abygaël avait été amusante. Excellente, même. Vous aviez liés un sacrée base pour votre relation à venir et même si le chemin était encore long, tu étais heureux de ce que tu avais actuellement. Alors pour lui faire plaisir – et bien qu'elle devait y venir souvent – tu avais décidé de l'emmener au zoo de Bowen. Ce n'était pas une grande surprise, mais c'était encore l'occasion pour toi de passer du temps avec elle. De la voir sourire, s'épanouir, courir dans tous les sens en te pressant pour aller d'un endroit à un autre. Même à te réclamer une glace encore à un moment proche du repas du midi. Tu étais déjà fatigué de courir partout et tu avais besoin de te poser un peu pour reprendre ton souffle et descendre une bouteille d'eau. Peut-être deux, à ce rythme là elle essayait probablement de te tuer. Tu n'étais pas très endurant mais tu ne pensais pas qu'une petite heure dans le zoo te mettrait dans tous tes états. C'était surtout une heure avec la petite. Elle décidait de se poser un instant pour lire un peu et reprendre son souffle, tu n'étais pas contre cette idée. Mais avant ça, elle se glissait dans tes jambes pour t'enlacer. Sans vraiment le comprendre, ces contacts venaient de plus en plus naturellement, comme si c'était normal, mérité. Tu ne pensais pas avoir fait grand-chose pour, mais tu souriais en l'appréciant. Une voix derrière t'interpella et tu fis demi-tour pour apercevoir une silhouette féminine qui t'arrivait dessus. « Sara, quelle surprise de vous voir ! » Tu affichais un grand sourire sur ton visage. C'était toujours un plaisir de revoir tes clientes et encore plus quand tu avais été à l'origine de leur robe de mariée. Sara avait une de tes premières robes, une de tes premières grosses commandes et tu avais su apprécier la confiance qu'elle avait eu en toi. Tu t'approchais pour lui faire la bise, à ce stade là, tu pouvais te permettre de l'embrasser sans trop être gêné. Ce n'était pas une inconnue pour toi. Même si par la suite, tu ignores complétement ce qu'elle est devenue. Tu aurais pu glisser ton regard sur sa main et vérifier si elle était toujours mariée, mais ce n'était pas vraiment ce qui t'intéressait. « Je vais bien et vous ? » demandais-tu doucement. Tu la détaillais un peu, tu ne l'avais pas vu depuis deux ans, mais elle était toujours aussi jolie. Elle avait un visage toujours aussi doux, qui inspirait la sérénité. Comme si elle ne pouvait jamais se fâcher ou être en colère et c'était quelque chose qui te plaisait toujours autant chez elle.

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Evidemment Xavier rappelait à Sara beaucoup de choses, de très bons souvenirs, la création de sa robe de mariée, les heures passées à discuter de la forme, de l'étoffe, des retouches, à le regarder griffonner sur son carnet, des mots, des idées, en quelques coups de crayon il la faisait entrer dans un rêve. Xavier était un vrai artiste pour Sara, elle qui ne savait même pas dessiner un bonhomme, elle qui n'avait pas vraiment l'esprit artistique, elle avait toujours beaucoup d'admiration pour les gens comme lui. Et puis sa création avait été une merveille, elle avait adoré la porter durant cette journée si spéciale. Elle ne pouvait néanmoins s'empêcher de penser au moins joyeux, à ces moments difficiles qu'elle avait passé seule dans ce pays inconnu, à ces mois dans le flou total, presque incapable de se souvenir qui elle était et puis son retour à la maison, brutal retour à une cruelle réalité, toute la ville l'avait enterrée, elle était donc une miraculée, tous ces gens qui voulaient voir la curiosité en vrai, tous sauf son mari, qui l'avait rejeté. Elle était ravie de revoir Xavier mais elle ne mesurait pas encore l'impact émotionnel que ça pourrait représenter de discuter avec lui, même de façon superficielle, alors que son monde commençait à peine à tourner à peu près rond. La jeune femme fut presque surprise qu'il s'approche pour lui faire la bise, elle qui était peu tactile, mais elle se laissa faire avec plaisir, se souvenant qu'à la fin de leur collaboration ils avaient été tout de même assez proches. Je vais très bien, merci. C'était la formule de rigueur, celle qu'elle adoptait en toute circonstance, avec tout le monde, même ses proches qui savaient pourtant qu'elle mentait. Je suis assise juste là, dit-elle en montrant sa table d'un geste de la main. Si vous avez un peu de temps, venez vous joindre à moi !

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C'était une rencontre qui tombait à pic. Le genre de rencontre qui faisait plaisir. Sara était toujours aussi pétillante, peut-être un peu moins mais elle ne semblait pas avoir tant perdu que ça. Après la comparaison n'était pas tant valable, puisque tu l'avais vu le jour de son mariage et lorsqu'une femme se marie, elle déborde de joie. Elle n'est pas seulement pétillante, elle est aussi éclatante, aussi brillante qu'une étoile. Ce n'est pas pour rien qu'il est souvent qualifié comme 'le plus beau jour de votre vie'. Elle allait bien, et t'invitait même à la rejoindre, proposition que tu n'allais pas refuser. « Ce serait avec plaisir. » Sans la faire attendre une seconde de plus, tu attrapais ta veste et celle d'Aby. Elle attrapait ta main pour te suivre jusqu'à la fameuse table où vous vous installiez l'un en face de l'autre. Avant même qu'elle puisse poser la question, tu posais ta main sur la tête de ta fille, secouant doucement ces cheveux, levant le regard vers Sara. « Sara, je vous présente Abygaël, ma fille ! » Aby la saluait poliment avant de s'enfuir à nouveau avec son livre sous la main, pour lire dans un coin. Tu ne la quittais pas des yeux le temps de la voir se poser dans un endroit que tu pouvais voir assez vite si tu tournais la tête. Tu esquissais un sourire, reportant ton regard sur Sara qui semblait encore assez surprise de cette annonce. « Alors Sara, que devenez-vous ? » demandais-tu, doucement. Tu glissais ton regard vers ta fille pour être sûr qu'elle était toujours là. Ce qui était le cas, après quoi, tu revenais sur ton amie.

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Sara était ravie que Xavier accepte de je joindre à elle, il ne quittait pas la petite fille des yeux et une fois qu'ils se furent mis en marche il la pris par la main, curieuse, Sara lançait des petits regards discrets à l'enfant et c'est naturellement que le jeune homme la lui présenta comme sa fille. Elle avait surement un peu trop écarquillé les yeux parce qu'il lui sembla que Xavier sourit en la regardant, mais Sara était surprise, durant les mois qu'ils avaient passé à se côtoyé, jamais il n'avait parlé d'un éventuel enfant, pourtant ils s'étaient confiés sur beaucoup de chose l'un et l'autre et même s'ils ne s'étaient pas revu depuis le mariage, il ne s'était pas écoulé tant de temps que ça. Enchantée Abygaël. Mais elle n'eut pas le temps de lui parler d'avantage, déjà la petite s'enfuyait. Sara remarqua le regarda attentionné que lui lançait son père, c'était touchant. Un peu prise de court, elle resta interdite un instant avant de répondre au tailleur. Et bien je ne travaille pas aujourd'hui alors je me balade ! Je... Jamie et moi on a divorcé. lâcha-t-elle avec un petit air contrit même si elle ne comptait pas trop s'étaler sur le sujet mais il lui semblait important de le dire avant que Xavier n'aborde le sujet parce qu'évidemment il l'aborderait à un moment. Et vous, vous avez une fille alors ? Elle est très mignonne. Parce que non, sa curiosité était loin d'être assouvie, bien au contraire. Et elle espérait que Xavier lui en dirait plus.

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Tu étais assis en face d'elle et à peine avait-elle salué Aby que la petite était partie sans dire un mot. Elle n'était pas très loquace avec les autres parfois, tu avais pu voir ça avec ton personnel. Tu avais songé que c'était parce que c'était ton personnel, mais vu sa façon d'agir avec Sara, tu commençais à te poser des questions. Peut-être en parlerais-tu avec elle une fois à nouveau seuls, tu verrais bien. De toute façon pour le moment tu discutais avec Sara. « Je suis navré pour vous » Tu esquissais une petite moue un peu triste. Tu te souvenais encore de son mariage, de sa robe, de tes mots d'encouragements avant qu'elle ne saute le pas. C'était comme si c'était hier dans ton esprit. Si tu fermais les yeux, tu pourrais voir les images en couleurs. Pour toi ils formaient un beau couple mais il n'y avait pas que l'image qui comptait. Tu ne savais pas ce qu'ils avaient pu traverser mais tu avais déjà connu trois divorces. Même si le dernier n'avait pas eu le temps de se terminer en bonne et due forme. Un sujet sur lequel tu ne reviendrais pas aujourd'hui. Ni jamais, tu ne voulais pas en parler. Tu reposais ton regard sur Aby, un fin sourire sur le visage. Elle te posait la question finalement, celle qui devait brûler ses lèvres depuis un bon moment déjà. « Hé oui, depuis peu pour être franc mais ça change une vie, ça j'peux vous le dire en toute franchise. » C'était encore tout frais dans ton esprit, à peine un mois que tu avais fait cette découverte. C'était encore étrange pour toi de te lever le matin et de penser que tu étais père. Tu ne t'y faisais pas encore même si tu t'attachais beaucoup à elle. Au fil des jours elle prenait une plus grande place dans ta vie au point que tu avais commencé les travaux pour sa chambre, à voir pour aménager un espace pour avoir quelques lapins et compagnie. Tu prenais déjà soin de son confort alors que les démarches n'avaient pas encore commencées.

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Elle sourit avec douceur au jeune tailleur, il eut la délicatesse de rester discret, elle aimait ça. Elle avait aimé cette façon d’être, cette simplicité qui émanait de lui, déjà lorsqu’il avait créé sa robe. Elle l’avait choisi pour cela autant que pour ses créations, parce qu’elle ne voulait pas de quelqu’un hystérique qui serait presque plus heureux qu’elle à l’idée de ce mariage, elle était discrète et réservée comme femme, elle avait eu besoin de s’entourer de personne qui lui ressemble pour cet évènement. Et elle retrouvait cet homme aujourd’hui. Elle lui demandait avec retenue si Aby était sa fille et Xavier lui répondit avec simplicité, même si elle fut surprise de son annonce. Depuis peu ? Oh, vous ne saviez pas ? J’imagine que vous avez du temps à rattraper alors… Nouveau sourire, un peu plus gêné. Elle ne connaissait pas grand chose de la vie de l’artiste mais elle trouvait toujours dommage de priver un père de son enfant, malgré tout s’il ne voulait pas s’attarder sur le sujet elle le respecterait, c’était très personnel, en tout cas à le voir poser son regard sur l’enfant, on ne pouvait pas ignorer toute la douceur et tout l’amour qu’il lui portait déjà, malgré l’absence. J’ai cru comprendre que vous êtes devenu très populaire ici à Bowen, je suis contente pour vous, vous le méritez Xavier. Elle avait suivi son ascension parce qu’il était un vrai artiste pour elle et même si elle avait été l’une de ses premières clientes, elle n’avait pas douté qu’il rencontre le succès par ici et il n'avait pas fallu longtemps pour qu'il soit demandé.

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Sara était curieuse et ça te faisait bien sourire. Tu aurais eu la même réaction qu'elle. Après tout vous aviez pu parler beaucoup lors de vos rendez-vous pour confectionner sa robe, alors tout n'allait pas changer juste parce que vous ne vous étiez pas vu depuis son grand jour. Sara restait une personne que tu appréciais fortement et avec qui tu adorais parler. « Non, c'est arrivé par une lettre à la poste, sa mère a dû s'éloigner pour un temps, me demandant d'en prendre soin. Même si pour le moment elle vit chez une tutrice.. » ajoutais-tu doucement pour expliquer les choses. Fallait dire que ta vie avait pas mal été chamboulé ces derniers temps. D'abord par Adilyn parce que tu avais craqué l'instant d'une nuit, puis maintenant avec Abygaël et à nouveau avec Adilyn puisqu'elle était celle qui en avait la garde pour le moment. Une simple coïncidence, mais qui faisait que tu avais du mal à gérer tes sentiments. « On va dire que j'ai roulé ma bosse, que j'ai réussi à m'implanter ici comme je l'avais fait en France ou encore en Angleterre. Mais la popularité n'est pas ce que je recherche. Je veux avant tout la satisfaction de mes clients ! » Non, tu ne voulais pas de la popularité. Tu voulais de la reconnaissance pour ton travail, que tu puisses être fier de toi, c'était tout. Après si tu gagnais à être connu, si tu pouvais avoir une plus grande clientèle, tu n'allais pas dire non. C'était ton métier, après tout et aussi un signe que tu le faisais bien. « Et vous, êtes-vous toujours dans l'enseignement ? » demandais-tu innocemment, peut-être même qu'elle était la maîtresse d'Aby. Bien qu'à y repenser, elle ne semblait pas l'avoir reconnue, ce qui devait vouloir dire qu'elle ne l'était pas. Mais après entre voir ses élèves en classe et les voir en dehors, c'était parfois différent, parfois difficile surtout dans le début d'année.

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Encore une fois Xavier faisait preuve d'une honnêteté désarmante, alors qu'il aurait pu envoyer promener Sara, ou simplement lui dire que ça n'était pas ses affaires, il lui répondait avec douceur. L'histoire du jeune homme était hallucinante, elle avait tellement de mal à concevoir que l'on cache un enfant à son père mais qu'on le lui apprenne de but en blanc par une simple lettre le jour où on en avait besoin. Mais elle ne voulait pas l'effrayer avec ses manières, après tout elle ne connaissait pas réellement son histoire et elle n'avait pas à la juger, elle serait bien mal placée pour le faire. Elle se contentait alors de hocher doucement la tête en sirotant sa boisson. Alors vous apprenez à vous connaitre pour l'instant. Ça doit avoir un côté magique de se découvrir... et en même temps très effrayant. J'imagine. Oui, elle imaginait, c'était bien tout ce qu'elle pouvait faire parce qu'elle n'était pas à sa place. Sara, la seule chose à laquelle elle pensait réellement en voyant Xavier couvrir sa fille d'amour c'est qu'elle n'avait pas d'enfant, pas de vie amoureuse, non pas qu'elle déborde pas d'amour, mais c'était un autre problème. Elle aurait tellement voulu attacher sa vie à celle d'un petit être qui serait sa propre chair. Mais elle avait fini par se résoudre au fait que, peut-être, elle n'aurait jamais d'enfant, bien que ça lui crève le cœur. Et vous savez... quand, quand elle doit revenir, la mère d'Aby ? Parce qu'une fois encore cela compliquerait probablement les choses. Elle sourit alors que le jeune homme répondait à sa question suivante. Il restait si humble, elle admirait sa simplicité là où d'autres auraient surement été grisé par le succès. Espérons que vous restiez un moment à Bowen alors, qui sait, j'aurai peut-être à nouveau besoin de vos services un jour ! Un sourire espiègle s'était dessiné sur ses lèvres, Sara n'était pas contre l'idée de penser à se remarier un jour, après tout, si son premier mariage avait viré au cauchemar c'était à cause de circonstances exceptionnelles, mais peut-être qu'un jour sa chance tournerait. Elle perdit un peu de son sourire alors qu'il abordait le sujet qui fâchait, du moins celui qui était encore aujourd'hui douloureux pour notre brune. Non j'ai été contrainte d'arrêter, pour un temps. Je travaille comme serveuse dans un café en ville. C'est temporaire. Du moins elle l'espérait. Bien qu'elle aime son travail et qu'elle apprécie de collaborer avec Ally, Sara souhaitait plus que tout retrouver ses enfants.

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C'était apaisant de pouvoir parler à quelqu'un sans avoir le sentiment d'être jugé. Surtout qu'avec Sara, vous aviez eu l'occasion de beaucoup parler, peut-être même de vous confier par certains moments. Surtout lorsqu'elle était en proie à des doutes. Tu avais su trouver les mots pour la rassurer. Le mariage était une belle chose, pour l'avoir expérimenté trois fois, tu ne pouvais pas dire le contraire. « Comme vous le savez, je n'ai jamais eu de famille, j'ai toujours du compter sur moi-même, me débrouiller seul. Maintenant, il y a cette petite fille, qui me regarde avec ces grands yeux et qui attend tellement de moi. J'ai parfois peur de ne pas être à la hauteur, mais j'imagine que c'est normal.. » Même si ça te faisait peur, même si ça te donnait des angoisses la nuit au point de ne pas dormir, tu n'allais pas tout arrêter parce que la sensation qu'elle te procurait était grande et très satisfaisante. Tu pouvais lui enseigner ton savoir, tu pouvais faire le pitre avec elle, profiter des moments simples de la vie comme manger une glace après l'école. Toi qui avait longtemps refusé d'avoir des enfants par peur, tu regrettais à présent d'avoir été si fermé. « Je n'en ai aucune idée à vrai dire. » Ton regard s'était un peu assombri. Parler de Katherine était un peu compliqué pour toi, tu ne connaissais pas toute l'histoire et tu l'avais apprise au fur et à mesure par la bouche d'Aby mais aussi par celle d'Adilyn. Une drôle d'histoire selon toi. La Katherine que tu avais connu n'était pas du genre dépendante, ni même dépassée par la vie au point de vouloir y mettre fin. Mais tu n'aurais pas l'occasion de lui parler. « Je me plaît bien à Bowen, cette ville a un petit charme, je comprends enfin ce que mes ex-femmes apprécient ici et pourquoi elles voulaient y revenir ! » Tu t'étais mis à rire, repensant pour la première fois depuis des années à Andeana et même à Gaby. Faut dire que les deux avaient sacrément marqué ta vie. L'une par sa douce, l'autre par son fort caractère et sa détermination. « Et je serais ravi de vous confectionner n'importe quelle pièce. » Tu lui offrais un grand sourire, ce n'était pas des mots en l'air. Jamais pour Sara. « Je ne doute pas que vous pourrez reprendre très bientôt votre activité, ce serait cruel de priver des enfants de votre patience et de votre douceur. » De ce que tu avais pu voir de Sara au fil des années, c'est qu'elle était un petit bout de femme, peut-être un peu fragile en apparence, mais tellement forte. Elle traversait les épreuves de la vie sans vaciller. Du moins c'était l'impression que tu en avais. « Mais c'est bien de vous occuper l'esprit, ça évite de vous faire tourner en rond chez vous. » ajoutais-tu simplement.

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Sara écoutait Xavier avec douceur, lors de leurs entrevues ils avaient beaucoup discuté, elle de sa vie avec son futur mari, lui de son passé, son enfance, ils s'étaient ouverts l'un à l'autre en toute honnêteté, c'était simple parce qu'ils ne se connaissaient pas, ils ne se jugeaient pas. Cela n'avait pas fait d'eux des amis, ça ne les avait pas rendu particulièrement proches puisqu'ils avaient passé quelques années sans se revoir alors qu'ils vivaient dans la même ville, mais il est certain qu'un lien s'était créé entre eux, une confiance, une certaine proximité qui réapparaissait aujourd'hui. Je pense que n'importe quel parent se sent parfois démuni face aux attentes de ses enfants, c'est normal, le contraire serait même étrange, si vous prétendiez avoir toutes les réponses, vous la décevriez surement un jour alors que vous vous montrez simplement humain. Je suis certaine que vous vous en sortez très bien. Sara n'avait pas d'enfant mais elle avait une réelle expérience avec son travail d'institutrice et elle en avait vu défiler des parents incompétents, Xavier n'avait pas l'air d'être de ce genre là. Même s'il ferait des erreur, comme tout à chacun. Espérons qu'elle revienne... pour Aby. La jeune femme ne savait rien de cette petite famille éclatée mais elle savait qu'il n'était jamais bon pour un enfant de voir ses parents s'enfuir et de vivre avec le manque. Les paroles suivantes de Xavier la firent rire doucement. Vos ex-femmes sont originaires d'ici ? Il était obligé que vous y terminiez alors ! Bowen est une ville agréable, oui. Elle sourit doucement. Ils me manquent aussi, les p'tits monstres ! C'est difficile lorsqu'on est privé de faire ce que l'on aime, surtout lorsqu'on sait qu'on est bon pour ça. Mais je ne perd pas espoir, je suis en bonne voie.
C'était ce que tout le monde s'évertuait à lui dire et même si le chemin lui paressait interminable, Sara ne baissait pas les bras, elle savait se battre pour ce qu'elle voulait.

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Tu n'avais pas grand chose à ajouter. Elle avait raison sur tous les points. Tu avais raison de douter, c'était le rôle d'un parent, danser sur une corde raide hésitant entre deux choix. Ne jamais savoir lequel serait le mieux pour l'enfant sans jamais pouvoir se mettre à sa place. Bien que tu ne voulais pas être le genre de parent autoritaire non, toi tu voulais parler avec Aby, discuter de tout, de pouvoir aborder tous les sujets, sans tabou. Tu voulais qu'elle puisse te faire confiance et qu'elle sache que jamais tu ne prendrais une décision sans son consentement. En même temps, ça devait être la pensée de chaque parent, peut-être que ça marchait pour certains et que pour d'autres, il fallait employer d'autres moyens. Aby était encore jeune, mais tu sentais qu'il fallait mettre des mots sur tout, être présent et prendre le temps de tout lui expliquer. Tu sentais que c'était important, c'était d'ailleurs pour ça que tu avais promis de toujours tout lui dire et que tu t'y tenais assez bien. « Je devais y être destiné oui ! » ajoutais-tu en rigolant. Pourtant la première n’était venue vivre qu’ici après votre divorce pour terminer ses études et tu ne pensais pas qu’elle y resterait. Quant à la seconde, tu savais qu’elle y avait vécu un peu mais tu ne t’attendais pas non plus à la revoir dans cette ville. C’était la plus grosse des surprises après l’annonce de ta paternité. Mais c’était ainsi que la vie était faite. La preuve, même Katherine était venue se réfugier ici alors peut-être qu’au fond, tu y avais ta place. « Et moi je crois en vous ! » Tu posais ta main sur la sienne, la serrant doucement en esquissant un nouveau sourire. Il ne fallait pas abandonner. Peut-être que le chemin qu’elle prenait n’était pas le plus rapide, mais au final, elle arriverait au bout de tout ça. Elle reprendrait sa place à l’école et tu en seras juste ravi pour elle, comme il se le doit. « Vous habitez chez vos parents ou vous avez trouvé une colocation comme vous en aviez rêvé autrefois ? » Elle t’avait parlé de ses rêves, de ses envies, de ce qu’elle n’avait pas fait avant son mariage. Elle avait toujours vécu chez ses parents avec sa jeune sœur. Après son mariage elle avait du vivre avec Jamie, mais tu ne savais s’ils avaient vendu la maison, si l’un d’eux l’avait gardé. Au fond, ça ne te regardait pas mais c’était un souvenir qui t’était remonté de vos longues conversations dans ta boutique, ta curiosité était juste présente. Tu aurais sûrement d’autres questions par la suite, mais tu ne voulais pas non plus la bombarder et lui donner l’impression de l’obliger à parler d’elle.

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Les mots de Xavier la touchaient beaucoup. Chaque témoignage d'affection avait tendance à émouvoir Sara, autant qu'ils lui redonnaient le moral. Tout le monde semblait croire en elle, en ses capacités à se relever, à réaliser ses rêves, à surmonter les épreuves de la ville. Tout le monde prenait dans ses bras cette petit âme fragile qu'elle était pour lui dire qu'elle en valait la peine. Et ça signifiait tellement pour elle. Pourtant le corps médical ne semblait pas du même avis que ces autres et son esprit en était tout chamboulé. Pourtant la belle ne baissait pas les yeux, un jour elle aurait sa vraie part de gâteau, son bonheur à elle, un homme qui l'aimerait, son travail qu'elle retrouverait, une vie dans laquelle elle sen sentirait bien, enfin à sa place. Elle sourit chaleureusement à Xavier. Merci, ça me touche. Avoua-t-elle en buvant une gorgée de sa boisson. Sa nouvelle question surpris Sara, elle ne pensait pas que le tailleur puisse avoir si bonne mémoire. En effet elle lui avait parlé du fait qu'elle avait toujours rêvé de vivre seule, d'avoir son propre chez-elle, sa propre indépendance, elle qui avait toujours été soutenue par ses parent, puis par Jamie, elle qui n'avait connu que le confort douillet de foyers sécurisants. Elle sourit timidement. Je suis retourné chez mes parents, pour un temps. Mais j'ai emménagé en ville depuis peu, avec des colocataires oui ! C'est une nouvelle aventure en somme ! Et elle le vivait vraiment en tant que tel, parce que c'était un défi pour notre brune, que de vivre avec des personnes qu'elle ne connaissait pas vraiment. Mais pour l'instant tout semblait bien fonctionner, alors elle était contente, elle goûtait à son indépendance comme une gamine qui sort juste du nid familial, il était temps ! Vous avez bonne mémoire... Ajouta-t-elle avec voix guillerette.

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Sara te remerciait de croire en elle et elle n'avait aucune raison de le faire. C'était à elle de croire en elle, de prouver qu'elle était capable de reprendre son poste, mais peut-être que ton soutien pourrait l'encourager à lutter plus fort. Tu espérais sincèrement qu'elle puisse reprendre rapidement le cours de sa vie. « Oh, j'espère que ça se passera bien alors. » Tu esquissais un grand sourire. Tu n'avais jamais expérimenté la colocation, même lorsque tu avais été un jeune étudiant. Sûrement parce que tu n'aimais pas la compagnie des autres chez toi, tu avais besoin de calme à l'époque pour travailler et on ne sait jamais sur qui on tombe vraiment avant de vivre avec. Même lorsque tu étais marié, tu avais toujours eu un petit studio à côté dans lequel tu pouvais passer tes nuits pour travailler au calme. Ce n'était pas quelque chose qui te plaisait contrairement à elle, qui rêvait de rencontrer du monde. Et puis la solitude quand on vit seul pouvait être pesante. Tu commençais à la ressentir de plus en plus depuis que tu avais Aby dans ta vie. Tu avais hâte qu'elle vienne vivre chez toi. « J'ai toujours eu une bonne mémoire ! Tout ce que vous m'avez dit un jour sera toujours gravé là » ajoutais-tu en pointant du doigt ta tempe même si tu désignais par la ta tête. Tu avais toujours su tout retenir, c'était d'ailleurs ce qui faisait de toi un bon tailleur puisqu'une fois que tu savais les mensurations de quelqu'un, tu pouvais lui créer des vêtements d'un année sur l'autre, en général ça ne bougeait pas trop sauf s'il y avait une prise ou une perte de poids. Mais ça n'arrivait pas très souvent donc ça t'allait assez bien. Toutes les confessions de Sara et de tes autres clients seraient toujours stockés quelque part dans ta mémoire, tu ne diras pas que tu pourrais avoir du mal à retrouver l'information, il te faudrait peut-être réfléchir un peu, t'imaginer la scène des années passées mais une fois que tu aurais trouvé le fil conducteur, tu aurais tout le reste. Comme votre amour pour la barbe à papa par exemple.

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Puisque le temps sépare ceux qui s'aiment et que rien ne dure

Xavier & Sara

Pour l'instant la collocation se passait bien, c'était le tout début, les filles se découvraient encore, elles apprenaient à vivre ensemble, aucune n'avait encore élevé la voix, elles rigolaient bien même et Sara espérait que ça se passe toujours aussi bien d'ici quelques temps, elle positivait, après tout elle en avait rêvé depuis si longtemps, de cette liberté. Pourtant à bien y réfléchir à son âge, elle se serait bien vu à faire des plans de vie avec son époux, avec un enfant, le projet d'un second peut-être. D'ailleurs cette idée lui pinçait le coeur, la ramenant toujours à la pensée de Jamie et même à son histoire avec Woody, surtout à celle-ci finalement, parce qu'elle ne se voyait pas faire sa vie avec un autre homme que lui, malgré tout. Parce qu'elle savait au fond d'elle que si elle devait avoir des enfants elle voudrait qu'ils soient les siens. Pourtant lorsqu'elle voyait les jeunes mamans avec leurs bébés, même Aby qui jouait tout près, elle ne pouvait empêcher que son coeur ne se sert, elle ne pouvait occulter le fait que même si elle était encore jeune le temps filait vite, elle arrivait presque à l'aube de ses trente ans et clairement il n'y avait pour l'instant aucune issue positive à ce sujet. Et pour une femme qui aimait autant les enfants que Sara, l'idée de ne pas en avoir était totalement déprimante. Oui, espérons ! Elle sourit doucement en ajoutant qu'il avait bonne mémoire. En même temps Sara était un peu pareil lorsqu'elle y pensait, elle gardait beaucoup de choses en tête, des petits détails, des petits riens sur les autres, comme une marque d'attention de sa part. Même si elle avait perdu beaucoup lors de son accident, petit à petit les souvenirs étaient revenus, c'était difficile, mais aujourd'hui lorsqu'elle croisait d'anciennes connaissances, elle se surprenait elle-même à se rappeler de petites choses, c'était très rassurant pour celle qui avait cru avoir perdu une partie de son cerveau dans le crash, elle avait vécu dans le brouillard total durant les mois qui avaient suivi et elle avait cru en devenir folle à la longue. C'est presque effrayant, j'espère ne pas avoir mentionné où j'avais caché les corps de mes victimes... Dit elle en pouffant d'un petit rire amusé. Oh, les barbes à papa ! J'ai vu un tas d'enfants en manger aujourd'hui, je suis tellement jalouse d'eux... je crois que ça n'est plus de mon âge alors je me freine ! Et puis il fallait avouer que manger une barbe à papa lorsqu'on a 6 ans c'est mignon, ou bien lorsqu'on est avec son amoureux lors d'une balade romantique... mais seule ça n'avait pas le même goût. Elle regarda furtivement sa montre, il ne fallait pas qu'elle tarde, son kiné allait attendre sinon, elle ne pensait pas rester discuter. Ce fut un plaisir Xavier, mais je dois vous laisser, j'ai un rendez-vous. J'espère vous revoir bientôt ! Elle se leva doucement, se tournant vers Aby pour lui faire un petit signe de la main. Prenez soin de vous deux. Lui dit-elle avec un sourire chaleureux.

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