It's not yours [chaisling]

On dit toujours qu'un problème n'arrive jamais seul et c'était le cas pour l'accouchement d'Aisling. Il avait engendré tout un tas de problème. Le premier soucis de la blonde avait été de savoir qui était le père et à présent il fallait qu'elle annonce aux autres que Siobhan n'était pas leur fille. Enfin les autres c'était Chase parce que Cupidon avait assisté au résultat du test de Perry. Et d'ailleurs, si sans aucun doute ça soulageait le Québécois de ne pas être le père, elle ne savait pas exactement comment réagirait Chase. Il lui avait dit qu'il l'aimait, mais est-ce qu'il l'aimerait encore avec un bébé qui n'était pas le sien ? Elle en doutait. Elle haïssait ce môme pour tout le bordel qu'il était entrain de mettre dans sa vie, comme si elle ne savait pas le faire toute seule déjà.

La néo-zélandaise avait donc fini par prendre son courage à deux mains pour toquer à la porte du pompier encore handicapé. Son cœur battait fort, trop fort, elle sentait que c'était le genre de discussion qui finissait mal.

J’étais tombé au sens physique du terme et ça avait aggravé l’issue du coma suite au séisme. Je venais de passer une partie de l’avant-midi à l’hôpital pour m’assurer que tout soit sous contrôle, comme si je n’avais pas assez des rendez-vous de suivis. Chaque fois que j’y allais, je repensais à Lou et une vague de culpabilité m’enivrait. J’avais retrouvé ma colocation avec Noah et il se chargeait de certains trucs, plus qu’à l’accoutumée et je l’en remerciais infiniment. Quelques coups à la porte et je me déplaçais pour l’ouvrir quand je voyais une tête blonde. Celle envers qui je gardais une amertume hors du commun. J’avais lu les putains de Writers et j’pouvais pas croire qu’elle avait rien daigné me dire. Je regardais la blonde droit dans les yeux et j’me disais que le silence ne pourrait jamais en dire assez. J’savais même pas par où commencer. Par le bébé, sans doute. Les sentiments? Ouais, ouais. Elle était bien chanceuse que je ne lui claque pas la tête en pleine face. Je restais sur le bord de la porte en silence, on allait jouer tiens.

Il lui avait ouvert la porte mais il était resté muet. Aisling le regardait avec la plus grande des incompréhensions. Qu'est-ce qu'elle était censée faire ? Est-ce qu'elle devait deviner ce qui lui passait par la tête ? Elle n'avait jamais été grande psychologue et elle n'allait pas le devenir en quelques minutes.

-Le bébé est de Perry, il a fait un test. C'est lui qui va s'en occuper.

Elle ne s'était pas encombrée des salutations et politesses habituelles parce qu'elle était incroyablement mal à l'aise et qu'elle avait envie de partir le plus vite possible. Et puis, ce serait tombé à plat. Elle savait déjà qu'il n'allait pas bien avec ses blessures, pas la peine d'en rajouter. Elle avait soutenu son regard bleu les quelques secondes qu'avaient duré ses paroles mais à présent elle baissa ses yeux, fixant ses pieds.

-Pourquoi est-ce que tu es fâché contre moi ?

Mon monde venait de s’écrouler. « Le bébé est de Perry, il a fait un test. C’est lui qui va s’en occuper. » Je n’étais que méchanceté à l’heure actuelle. La fureur montait en moi. Parce que ça signifiait qu’elle couchait avec lui en même temps d’être avec moi, ça dans un premier temps et dans un deuxième temps, elle n’assumait pas. Elle ne prenait pas ses responsabilités. Je restais muet comme une carpe. « Pourquoi est-ce que tu es fâché contre moi? » C’était la goutte d’eau qui faisait déborder de le vase. « T’es sérieuse là? » Devant son visage incompris, je soupirais. C’était ça les gamines... « Aisling, tu réalises que y’a à peine deux semaines je t’ai dit que je t’aimais? Que t’as pas répondu alors que moi j’voulais plus. Et que tu m’as demandé littéralement comment faire. » Je respirais quelques secondes. « Et là, tu m’annonces pas que t’étais enceinte, ni l’accouchement, d’ailleurs. J’le découvre via Internet parce que t’es pas foutue de m’le dire... Et tu m’apprends que le père c’est pas moi, c’est un autre. T’as sérieusement le culot de me demander pourquoi j’suis fâché contre toi? » rugissais-je alors. « Oui, Aisling. Je suis fâché parce que pour moi, aimer quelqu’un c’est naturel, tu te demandes pas quoi faire. Ça et tu fais pas un enfant dans le dos de quelqu’un d’autres. » Et je m’emportais parce que je jugais la situation. « Et sérieusement, j’le plains, Perry. J’le plains foutrement d’être coincé avec quelqu’un qui risque de te ressembler. » Voilà, je n’avais plus rien à dire et j’avais simplement envie de lui claquer la porte en plein visage et pour une étrange raison, je ne le faisais pas. J’avais envie de voir son visage se décomposer ou je ne sais quoi. « D'autres questions? » lui demandais-je sans un once d'empathie.

A l'entente de sa première phrase elle sentit bien que tout ce qui allait en découler ne risquait d'être que haine. Et pourtant oui, elle était sérieuse. Elle ne comprenait pas ce qu'elle avait fait de mal. Mais visiblement elle allait bientôt le savoir.

-Oui ça je réalise. Et je sais que j'ai pas été à la hauteur à ce moment là.

C'est le moins que l'on puisse dire parce que ne pas savoir réagir à un je t'aime... Il ne devait y avoir qu'elle pour se retrouver dans cette situation. Les autres devaient bien savoir qu'il fallait répondre "moi aussi" ou "pas moi". Bref.
Voilà qu'il se mettait à crier. De quoi améliorer la conversation en somme. Les poils d'Aisling se hérissait entièrement. Elle n'avait jamais apprécié qu'on lui hurle dessus. Et sa connerie l'énervait par-dessus tout. Mais elle tentait de restée calme bien qu'il y avait peu de chances que ça dure longtemps vu le ton de Chase.
Une fois qu'il eut finit, elle laissa son regard glacé dans le sien. Il était en colère, bien, maintenant elle l'était aussi.

-Tu penses que le caractère est héréditaire et tu comptes faire des études en médecine ?

Sa question était clairement condescendante. Parce que jamais, au grand jamais, sa fille ne lui ressemblerait. Parce qu'elle n'avait pas l'intention de la voir assez pour déteindre sur elle. Bref, c'était petit de s'en prendre à Siobhan alors que la pauvre nouvelle-née n'avait rien à voir là-dedans.

-Si je ne t'ai pas dit que j'étais enceinte c'est parce que je ne le savais pas, connard.

Merde, elle sentait déjà la colère monter en elle. Elle serra le poing, essayant de se contrôler un peu, de ne pas éclater parce que, non, contrairement à ce qu'il pensait elle n'avait rien à se reprocher.

-Mais tu te rends compte de ce que tu dis ? Faire un enfant dans le dos de quelqu'un ? Mais j'espère que tu réalises au moins qu'on a jamais été un couple ?! Que je ne t'ai jamais promis fidélité et que je ne dois rien !

Le point de non retour de l'énervement était passée pour Aisling, vraiment.

-Et puis merde ! Tu te poses en victime alors qu'ici c'est moi qui ai fait un déni de grossesse ! Moi qui dois me remettre en question, me remettre physiquement de ce putain d'accouchement que j'ai jamais demandé, vivre avec le fait que j'ai bu et fumé pendant ma grossesse et que sûrement, un jour, ma fille en subira les conséquences. Alors non désolée, je n'ai pas pensé à te prévenir dés que sa tête au diamètre énorme a franchi le seuil de mon vagin parce que, putain, j'avais d'autres choses en tête !

Et parce qu'elle avait peur de sa réaction, aussi. Mais ça elle n'allait pas lui avouer. A présent il pouvait bien lui refermer la porte au nez.

Elle n’avait pas été à la hauteur? À la hauteur de quoi? « Tu n’as d’égale que toi-même. » lui dis-je trop calmement pour que ce soit un compliment. Son regard s’était refroidit et c’est à cet instant que j’ai su que tout était terminé, pour moi autant que pour elle. Quant à sa question condescendante, je n’allais pas la lui laisser. « Encore heureux que ce soit pas toi qui l’éduque, que ce soit inné ou acquis venant de toi, cette enfant aurait été mal barrée. » Aisling poursuivait en me disant qu’elle ignorait sa grossesse. « Mais tu savais que tu baisais avec d’autres hommes sans protection, ça oui, tu le savais. » J’aurais pu ajouter un connasse pour lui rendre son insulte, mais j’en avais rien à battre. Ses prochaines réflexions, j’émettais un rictus mauvais. « T’as bien raison parce que premièrement t’as jamais répondu à mes sentiments et que deuxièmement, des traînées ça a pas de sentiments : on l’sait tous. » Et elle poursuivait avec son déni de grossesse alors que j’levais les yeux au ciel. « Tu sais c’est quoi l’problème avec les gamines dans ton genre? C’est leur attitude de merde. » J’allais poursuivre, même si ce n’était pas pour les doux. « Premièrement, si t’as des remords concernant ta grossesse, c’est pas à moi de les recevoir, c’est au père de l’enfant – en l’occurrence ici, pas moi. Comme tu disais, tu me dois absolument rien. Et deuxièmement, ton vagin a pas dû avoir tant de difficultés avec toutes les queues accueillies dans les neuf derniers mois. Maintenant casse-toi, j’en ai plus rien à faire de toi, ni de ta fille. » Je lui refermais la porte sans même attendre la réponse. J’étais maintenant enragé.

Aisling arqua un sourcil à sa remarque. Elle ne savait pas vraiment ce que ça signifiait mais ce n'était pas le plus important de la conversation.
Elle ne pouvait pas nier les paroles de Chase. Siobhan était loin de partir du bon pied mais elle avait confiance en Perry pour redresser la barre.
Elle fut encore surprise de sa réflexion. Mais il la prenait pour quoi exactement ? Une inconsciente ?

-J'ai un stérilet.

Alors non elle n'avait pas toujours besoin d'autres protection même si elle ne faisait pas assez confiance en la plupart de ses partenaires pour risquer des mst.
Elle resta figée quelques secondes à ses mots. Est-ce qu'elle avait bien entendu ? Est-ce qu'il pensait vraiment ce qu'il disait ? Il avait toujours su qu'il n'était pas le seul homme avec qui il couchait et jusque là il ne lui avait pas reproché. Enfin elle pouvait au moins admettre qu'elle n'avait pas de sentiments.

-T'es vraiment une merde.

C'était vraiment ce qu'elle pensait de lui à ce moment précis. Elle avait toujours considéré Chase comme quelqu'un de bien mais elle s'était visiblement trompée.
Elle laissa la porte claquer devant elle. Elle était abasourdi de la situation. Elle avait toujours pensé que Chase l'acceptait comme elle était. Et pourtant non elle s'était trompé. Il la considérait comme une pute, elle à qui il avait avoué ses sentiments. Il lui avait dit qu'il l'aimait mais alors est-ce que c'était ça l'amour ? Ça ne semblait avoir aucune signification. Ça devait vraiment être de la merde. Elle avait perdu toute forme de respect et d'affection pour le pompier. Tournant les talons elle put rentrer chez elle plus légère. Elle n'aurait plus jamais à prendre en compte Chase dans sa vie.