until you come back home (hassan)

Ca fait des heures que tu tournes en rond. Incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, tu as pourtant essayé de s'occuper l'esprit. Tu as épluché tes comptes rendus post-op, tu as relu toutes tes notes. Et puis t'as fait le ménage à fond. Finalement, tu t'es installée devant la télévision sans prêter la moindre attention au programme. La journée de la veille défile encore et encore dans ta tête, tu en analyses les moindres détails. Comme si tu ne parvenais pas à réaliser que bientôt, il sera là, juste devant ta porte. Au fond, t'y crois pas vraiment. Il t'a abandonnée une fois, pourquoi reviendrait-il maintenant ? Hassan l'a dit lui-même. Il ne s'attendait pas à te trouver aux urgences quand il y a débarqué, l'arcade en sang. Il a bien tenté de s'expliquer, mais le moment ne s'y prêtait pas. Alors tu lui as proposé de passer te voir chez toi pour mettre les choses à plat. Mais peut-être qu'il a juste voulu éviter la confrontation. Et peut-être qu'il n'osera pas honorer votre rendez-vous. Spécialement après les quelques mots assassins que tu lui as glissé avant de le laisser. J'ai cru qu't'étais mort Hassan. Tes yeux se ferment douloureusement. T'y as cru, pendant longtemps. Parce que c'est la seule explication que tu aies trouvé à sa soudaine disparition. Ton cœur se serre quand elle repense à tout ce que tu as eu à traverser, sans lui.

La nuit commence à tomber doucement sur la ville, et si habituellement tu adores ce moment de la journée, tu n'es pas sereine. T'es assise en tailleur sur le canapé, guettant l'arrivée du jeune homme qui ne devrait plus tarder. Sauf que tu n'es pas certaine d'avoir envie d'entendre tout ce qu'il a à te dire. Il t'a fallu des années pour te remettre de sa trahison, et tu n'as jamais réussi à passer à autre chose. Le savoir en vie t'a soulagée d'un terrible poids sur les épaules, mais tu as également compris qu'il a choisi de disparaître du jour au lendemain, ce qui a achevé de te briser le cœur. Il est dix-neuf heures passées lorsque quelques coups retentissent contre la porte. Tu sursautes, et prends une profonde inspiration avant de te redresser pour aller lui ouvrir. Hassan se tient là, et déjà tu te sens faiblir. Mais par excès de fierté, tu n'en montreras rien. « Salut. » commences-tu presque froidement. Tu l'invites finalement à entrer, non sans jeter un œil discret à son pansement. « Comment va ta tête depuis hier ? » Professionnelle jusqu'au bout des ongles, tu veux t'assurer que tu l'as soigné correctement malgré le manque de concentration dont tu as fait preuve quand tu t'es occupée de lui. Bordel c'que ça t'fait mal de le voir là, en face de toi. T'es pas encore assez forte pour l'affronter comme ça, tu pensais naïvement que t'en étais capable et pourtant, t'as du mal à calmer la course de ton cœur qui s'affole dans ta poitrine. T'as envie d'le frapper, de le prendre dans tes bras, de l'insulter, de l'embrasser. Ta tête est sur le point d'exploser. Il est finalement venu. Et s'il ne repartait jamais ?