Celui qui me comprend [Aisran]

Aisling était couchée dans son lit. Depuis l'accouchement elle n'avait pas encore reprit le travail ni l'université d'ailleurs. Elle saurait certainement justifier son absence, et puis au pire elle redoublerait, elle n'était pas à ça prés. Ses journées n'étaient pas vraiment productive. Elle restait couchée, parfois elle regardait des vidéos sur son ordinateur ou alors elle allait se blottir dans les bras de son frère au pire des cas. On ne pouvait pas dire qu'elle était bien. Elle ne comprenait pas encore comment ça avait pu arriver, comment elle avait pu tomber enceinte. Les médecins lui avaient bien dit que son stérilet s'était déplacé ou quelque chose du genre. Mais alors elle était censée faire quoi pour que ça ne se reproduise plus ? Être abstinente ? C'était vraiment le chaos dans son esprit.

Alors qu'elle en était là de ses réflexions existentielles, elle entendit frapper à la porte. Elle n'avait vraiment pas envie de sortir de son lit et d'aller ouvrir mais bon, c'était peut-être important. Elle se traîna donc péniblement jusqu'à l'entrée et ouvrit. En découvrant le visage de Ciàran, le sien fut illuminé d'un timide sourire. Elle ne cherchait à voir personne mais elle était assez heureuse de le trouver là malgré tout.

-Coucou toi.

Tu marches jusqu’à son appartement sans même réfléchir. Depuis l’accouchement, tu n’as pas revu Aisling et tu dois bien l’avouer – même si tu ne lui diras pas – elle te manque. Et par dessus tout, tu t’inquiètes pour elle. Tu n’as jamais nié le fait qu’elle compte à tes yeux cette jolie blonde mais tu es trop orgueilleux pour lui dire. Alors, tu as décidé de te montrer « absent » ces derniers jours. Tout d’abord, parce que la jeune femme a sans doute déjà énormément de gens à son chevet et ensuite parce que tu préfères lui laisser du temps pour respirer et digérer cette nouvelle. Un enfant, ce n’est pas rien. Et la question qui tourne dans ton esprit depuis son anniversaire est « est-ce le tien ? » Sans doute pas. Tu imagines qu’Aisling t’aurais déjà mis au courant si c’était le cas. Du moins, tu l’espères. Néanmoins, tu ne peux pas t’empêcher de te demander ce que va devenir cet enfant. La jeune femme est loin d’être prête à être mère, elle est si jeune et si insouciante que ça ne collerait pas. Mais maintenant qu’elle est sur le fait accomplit, tu n’as aucune idée de ce qu’elle va faire. C’est pourquoi tu décides d’aller la voir en espérant qu’elle soit chez elle. Tu frappes à la porte, attendant quelques minutes et alors que tu t’apprêtes à t’en aller, la porte s’ouvre. Aisling, un léger sourire aux lèvres te regarde. Tu es soulagé en quelque sorte de la voir debout, tu ne savais pas réellement dans quel état tu allais la trouver, à vrai dire. « Hey. Je peux entrer ? » Demandes-tu, en souriant à ton tour à la jeune femme.

Spoiler:

Le sourire de Ciàran fait quelque chose au cœur de la jeune femme. Elle se rapprocha de lui, venant se coller contre son torse.

-Seulement si tu payes un droit de passage pour te faire pardonner ta disparition.

Et à ses mots elle lui vola un baiser avant de s’enfuir à l’intérieur de son appartement, le laissant entrer et fermer la porte. L’absence de Ciàran dans sa vie ces derniers temps ne lui avait pas échappé mais elle aurait été plutôt mal placée pour lui lancer la pierre. Après tout, quand ça n’allait pas, elle aussi jouait aux fantômes. Elle aurait aimé affirmer qu’ils n’avaient pas de comptes à se rendre et pourtant, il avait tendance à l’engueuler dès qu’elle faisait quelque chose qui ne lui allait pas alors ça ne devait pas être tout à fait vrai.

Elle vint se glisser dans son canapé, attendant qu’il la rejoigne, parce qu’elle savait qu’il le ferait. Elle leva ses yeux vers lui, curieuse quant à la motivation de sa visite.

-Tu viens aux nouvelles ? N’essaye pas de me faire croire que tu t’es inquiété.

Lorsqu'Aisling se blottit contre ton torse, tu ne peux t'empêcher de répondre à son étreinte. Tu passes une main dans son dos puis dans ses cheveux avant de remonter son menton de ta main pour que ses yeux parviennent jusqu'aux tiens. Un regard d'une profondeur étincelante, un regard que tu n'oublieras jamais. « Seulement si tu payes un droit de passage pour te faire pardonner ta disparition. » Un rictus se dessine au coin de tes lèvres en entendant les paroles de la jeune femme. Quelques secondes plus tard, elle dépose un léger baiser sur tes lèvres et s'enfuit comme une voleuse. Tu soupires, amusé. Tu n'hésites pas à la suivre, refermant la porte de son appartement derrière toi. Tu repères la jolie blonde non loin de là, assise sur le canapé où tu la rejoins au plus vite. « Tu viens aux nouvelles ? N’essaye pas de me faire croire que tu t’es inquiété. » Tu souris puis hausses les épaules. « Non, j'viens juste tirer mon coup et je m'en vais. » Dis-tu, un sourire lascif au coin des lèvres. Puis, tu soupires en secouant la tête et en lui donnant une petite tape sur la jambe où, d'ailleurs, tu profites pour y laisser ta main. « C'est si difficile à croire que je puisse m'inquiéter de savoir comment tu vas après... tout ça ? » Tout ça... Tu ne sais même pas comment nommer le merdier dans lequel Aisling est à présent. Enfin, à tes yeux c'est un sacré bordel mais elle, elle n'est peut-être pas de ton avis. « Je voulais te laisser du temps pour digérer tout ça, toute seule. Tu te sens comment ? » Dis-tu comme pour te justifier alors qu'au fond, tu n'as pas vraiment à le faire.

Aisling arqua un sourcil à la réponse de Ciàran. Elle se doutait qu'il plaisantait, puisqu'il ne le cachait pas vraiment. Mais à vrai dire, l'idée ne lui avait même pas traversé l'esprit. Elle était comme en abstinence forcée en ce moment.

-Tu risques d'être déçu...

La blonde détourna le regard quelques instants alors qu'il admettait s'inquiéter pour elle. Elle n'avait pas l'habitude qu'il avoue ce genre de choses. Leur relation était comme basée sur le silence des sentiments face au physique, et même s'ils savaient tous les deux qu'ils tenaient à l'autre, ils ne le disaient jamais.
Silencieusement, Aisling vint se blottir contre Ciàran, appuyant la tête contre lui. Elle avait cruellement besoin de lui en ce moment.

-Ca va. Enfin, il me semble. Je m'en remets. Physiquement et puis... psychologiquement.

Elle leva le regard vers lui avant de pousser un léger soupire.

-Ca m'a fait réaliser que j'étais vraiment pas faite pour avoir des relations.

« Tu risques d'être déçu... » Tu fais une petite moue déçue avant de sourire, amusé. A vrai dire, tu n'es pas venu pour tirer ton coup contrairement à ce que tu laisses penser. Tu as assez confiance en Aisling pour savoir qu'elle ne te prendra pas au mot. Et puis, maintenant, la jeune femme te connaît assez pour ne pas prendre toutes tes paroles au premier degré. Ce serait assez con, d'ailleurs, étant donné que les trois quart du temps, tu ne penses pas ce que tu dis. « Ca va. Enfin, il me semble. Je m'en remets. Physiquement et puis... psychologiquement. » Tu hoches la tête, l'air tout de suite plus sérieux. On peut dire que tu es inquiet pour la jolie blonde, oui. C'est ton côté protecteur qui veut ça. Et avec Aisling, il est très prononcé - trop, même. « Ca m'a fait réaliser que j'étais vraiment pas faite pour avoir des relations. » Tu comprends parfaitement ce qu'elle veut dire par là. Toi non plus, tu n'es pas fait pour avoir des relations durables - dixit le mec marié. « Et le bébé ? Il est... là ? » Demandes-tu en regardant autour de vous. Tu ne sais même pas si c'est une fille ou un garçon, au final. Mais est-ce que tu t'y intéresses réellement ? Tu ne sais pas vraiment. Tu n'as jamais imaginé ta vie avec des enfants, tout ça te dépasse complètement. Et d'un côté, tu peux imaginer que c'est exactement ce qu'Aisling ressent actuellement. « Et le père ? » Oses-tu demander pour te rassurer une bonne fois pour toutes. Au fond, tu sais que lorsqu'Aisling confirmera que cet enfant n'est pas de toi, un poids énorme s'enlèvera de tes épaules.

Alors qu'elle s'exprime comme elle peut sur ce qu'elle ressent et comment cette expérience, pour le moins inattendu, l'a changé, il finit par demander si le bébé est là. La blonde le regarda quelques secondes avant de hocha négativement la tête.

-Non, elle est chez son père.

Elle, il venait d'avoir le sexe. Après l'identité du père... Elle hésita quelques secondes avant de lui donner. Elle se demandait s'il ferait quelque chose, s'il lui ferait du mal. Non, Perry ne méritait pas qu'il lui fasse du mal. Il lui avait brisé le coeur, c'est vrai, mais c'était sans doute de sa faute. Et à présent il assumait l'entière responsabilité de cette enfant.

-C'est Perry. Je pense qu'il s'en occupera bien.


Mais si ça n'avait pas été lui... Qu'est-ce qu'elle aurait fait ? Si ça avait été Chase, est-ce qu'il s'en serait occupé ? Si ça avait été lui, quand est-ce qu'elle aurait découvert son vrai visage, celui qu'il lui avait montré à leur dernière entrevue ? L'entrevue à cause de laquelle il était désormais mort à ses yeux, et surtout pour son cœur. Si ça avait été Cupidon, qu'est-ce qu'ils auraient fait ? Sans doute Aisling aurait pu le convaincre de faire adopter ce bébé. Ca aurait été bien mieux pour elle, d'avoir des parents aimants, au lieu d'une mère juste absente. Elle finit par émettre un petit soupir, pour achever ses réflexions, et posa sa tête sur l'épaule, capturant une des mains de Ciàran dans les siennes.

-Pourquoi est-ce que tu m'as abandonnée ?

Tant d'interrogations tournent dans ta tête depuis ce fameux jour. Ce jour, où Aisling était censée fêter son anniversaire dignement et pourtant, ce fût tout l'inverse. C'était un beau bordel, ce jour-là, tu t'en souviens comme si c'était hier. Depuis, tu as préféré laisser Aisling tout gérer sans toi pensant que c'était pour un mieux. Mais comme d'habitude, Ciàran, tu te plantes complètement. « Non, elle est chez son père. C'est Perry. Je pense qu'il s'en occupera bien. » Egoïstement, tu sens tes épaules se relâcher. Tu ne peux t'empêcher d'être soulagé à l'idée qu'un autre soit le père. Et c'est sûrement mieux comme ça, tu aurais fait un père abominable. « Tu ne veux pas faire partie de sa vie ? » Demandes-tu en parlant de la vie du bébé. Mais en y réfléchissant, faire partie de la vie de sa fille veut forcément dire faire partie de la vie de Perry et ça, ça te fait crisper les dents. Tu détestes cette idée et tu sens ton poing qui se resserre rien que d'y penser. Tu es trop possessif avec Aisling, tu le sais, mais c'est plus fort que toi. « Pourquoi est-ce que tu m'as abandonnée ? » Tu sens sa main capturer la tienne et ce geste anodin suffit pour apaiser toutes ces tensions ressenties quelques secondes plus tôt à l'idée que Perry fasse partie de la vie de la jeune femme. « Parce qu'une vie sans moi est une vie bien meilleure et tu le sais. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu n'as sans doute jamais été aussi sincère avec Aisling depuis que tu la connais. Mais c'est la vérité. « Et puis, si tu envisages d'élever ta fille, je ne peux pas faire partie de l'équation. Tu m'imagines en demi-beau-père ? » Ajoutes-tu en riant ironiquement. Pourquoi "demi" ? Parce que vous êtes loin d'avoir une relation sérieuse avec Aisling. Tu es plutôt comme un plan cul pour elle et c'est réciproque. C'est triste à dire mais aucun de vous deux n'est prêt à s'engager dans quelque chose de trop sérieux. Et encore moins l'un avec l'autre.

A sa question, Aisling resta silencieuse quelques instants. Faire parti de la vie de Siobhan ? Elle y avait déjà pensé, évidemment. Enfin pas en ces termes, et c'était sans doute cette formulation qui lui faisait tant de mal.

-Perry voudrait que j'en fasse parti. Il dit qu'aucune femme ne me remplacera auprès d'elle parce que je suis sa mère. Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je ferais une mère horrible, il le sait, tout le monde le sait.

Elle secoua la tête. A son sens la seule bonne décision était de ne pas voir sa fille et pourtant, tout le monde semblait lui reprocher. A croire que personne ne la connaissait.
Sa décision avait aussi un côté égoïste, parce qu'elle ne voulait plus voir Perry, parce qu'il lui avait fait trop de mal et lui en ferait sans doute encore, sans s'en rendre compte, maladroit comme il était.
La réponse de Ciàran à sa question semble si évidente, et pourtant la blonde se met à serrer plus fort la main de l'homme dans la sienne. Elle sent les larmes lui monter aux yeux, son cœur battre plus fort.

-C'est pas vrai !

Elle tourne ses yeux humides vers lui.

-Si t'étais resté, ça serait jamais arrivé.

Elle haussa les épaules à sa dernière réplique. Qu'est-ce que sa fille venait faire là-dedans ? Avoir donné naissance à un être qui pleure et crie n'allait pas changer la relation qu'elle avait avec Ciàran. Il ne voulait pas qu'il parte. Pire. Elle le lui interdisait.

-Je ne ferais pas de concessions pour elle.

Elle n'avait jamais fait de concessions pour personnes. Ni Perry ni Chase ne lui en avait laissé l'occasion.

Lorsque tu poses cette question à Aisling, tu ne penses pas à mal. Tu as posé la question innocemment et pour une fois, c'est vrai. Selon toi, la jeune femme a le droit de se poser des questions et de ne pas vouloir être mère. Tout cela n'était pas dans ses plans et il est plutôt naturel de réfléchir à deux fois avant de s'engager dans une vie consacrée à sa nouvelle famille. Imaginer Aisling dans les bras de Perry avec leur enfant dans les bras te fait frissonner. Une vision d'horreur que tu préfères balayer, te concentrant à nouveau sur les paroles de la jolie blonde. « Perry voudrait que j'en fasse parti. Il dit qu'aucune femme ne me remplacera auprès d'elle parce que je suis sa mère. Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je ferais une mère horrible, il le sait, tout le monde le sait.  » Aisling semble convaincue par cette idée, toi, tu n'en sais foutrement rien. A vrai dire, tu n'as jamais imaginé la jeune femme en tant que mère, pas si vite, du moins. Pas si tôt. « J'sais pas si tu ferais une mère horrible. J'pense qu'on ne peut pas le savoir tant que tu n'essaies pas. Mais c'est ton droit de ne pas le vouloir. » Réponds-tu finalement en haussant les épaules. Tu es à peu près persuadé que mettre la pression à Aisling ne fera que la braquer davantage. Mais ce Perry ne la connaît sans doute pas aussi bien que toi. « C'est pas vrai ! Si t'étais resté, ça serait jamais arrivé. » Tu soupires et caresses du bout des doigts la joue de la jeune Callaghan. « Peut-être, peut-être pas. » Dis-tu, peu loquace tout d'un coup. Tu ne sais pas ce qu'il serait advenu de vous si tu n'étais pas retourné en Italie. Tu n'en as aucune idée et tu ne le sauras jamais, d'ailleurs. « Je ne ferais pas de concessions pour elle. » Cette phrase lui ressemble tellement et pourtant, au fond, tu sais qu'il y a plus que ça. Tu sais qu'Aisling ne peut pas penser à cent pour cent ce qu'elle dit, là. Tu le sais parce que tu la connais par coeur. « C'est ton droit Ais' mais pense que ta fille n'a rien demandé de tout ça et même si toi non plus, ce n'est qu'un bébé. » Tu ne veux pas te montrer donneur de leçons, au contraire. Tu veux juste qu'elle réfléchisse à ce qu'elle est en train de faire. Voilà tout.

Aisling détourna le regard quand il lui dit qu'ils ne pouvaient pas savoir si elle ferait une bonne mère si elle n'essayait pas. Certes, mais disons qu'elle faisait déjà si peu attention aux autres en général que tenter de faire des efforts pour un bébé lui semblait totalement irréaliste.

-Je suis pas ce genre de filles, Ciàran...

Mais elle s'emporte quand il lui dit qu'elle serait sans doute mieux sans lui. De quel droit est-ce qu'il dit ça ? Elle plante son regard dans le sien alors qu'il lui caresse la joue. Elle n'avait pas l'habitude des gestes tendres avec lui, mais ce serait mentir que de dire qu'en ce moment, elle n'en avait pas besoin.

-Je ne me serais pas attachée à un homme si tu était resté.

Elle avait soufflé doucement entre ses lèvres. Ce n'était pas une déclaration d'amour, c'était un constat réaliste. Il ne l'aurait jamais laissé s'approcher si prés d'un autre homme sans rien dire, elle n'aurait jamais osé coucher aussi souvent avec d'autres hommes qu'avec lui.

La blonde haussa les épaules à sa remarque. Ce n'était qu'un bébé, oui sans doute, mais un bébé qu'elle n'avait jamais voulu. Elle n'avait pas choisi de faire des efforts pour elle, de se sacrifier. Elle n'avait pas choisi de la mettre au monde, tout simplement.

-Elle a son père, c'est bien suffisant.

« Je suis pas ce genre de filles, Ciàran... » Tu fronces les sourcils et hoches la tête comme pour clôturer la discussion "bébé". Il faut dire que le sujet est plutôt délicat et tu ne veux pas qu'Aisling se braque par ta faute. Après tout, tu n'as rien à voir dans cette histoire et tu n'as sans doute même pas le droit de donner ton avis. Alors, tu préfères stopper là et laisser ce genre de discussions aux parents : Aisling et Perry. « Je ne me serais pas attachée à un homme si tu était resté. » Tu ne quittes pas ses yeux, voyant l'intensité de ses paroles. Néanmoins, entre vous, il n'y a rien de romantique. Ce ne sont que des paroles réalistes et vous le savez pertinemment tous les deux. Vous êtes bien loin du sexe vanille et des boîtes de coeur en chocolat. Ce n'est pas votre truc et vous le savez. Tout comme les sentiments d'ailleurs. Vous ne les laissez jamais interférer dans votre relation car, même si vous savez qu'ils sont bel et bien là, vous préférez ne pas en parler. Ce soir est sans doute une première, d'ailleurs. « Je ne t'aurais pas laissé faire. » Corriges-tu la jeune femme. Au fond, tu sais que c'était exactement ce qu'Aisling voulait dire mais c'est une façon pour toi de marquer ton territoire. « Mais t'attacher à moi n'est pas une solution non plus. » Ajoutes-tu finalement, tes doigts caressant toujours le creux de sa joue. Elle sait que tu as raison mais elle ne l'avouera sans doute pas. Alors tu le fais pour vous deux, parce que tu sais que tu ne mérites pas une fille comme elle. « Elle a son père, c'est bien suffisant. » Tu peux parler en connaissance de cause, tu as perdu ta mère et ton père ne remplacera jamais sa présence. Jamais. Mais parler de ta vie de famille ne fait pas partie de ta personnalité. Tu es plutôt quelqu'un de mystérieux et tu aimes à penser que c'est ce qui plaît aux femmes. Et à Aisling en particulier. « Si tu le dis... » Réponds-tu en soupirant comme pour la laisser "gagner" cette discussion. « A ton avis, si j'étais resté, on en serait où tous les deux ? » Demandes-tu finalement. Toi, tu vous imagines comme aujourd'hui, rien de plus. En tout cas, tu sais que vous ne seriez ni en couple ni mariés. Et sûrement pas parents.

Ses mots, quelque part ils la surprennent. Elle ne pensait pas qu’il serait si lucide, ou si honnête, avec lui-même, avec elle. Elle n’avait jamais su, jamais osé lui demander, s’il s’était rendu compte, à l’époque, juste avant qu’il ne l’abandonne, à quel point il était devenu possessif et presque nocif pour elle. Visiblement, oui, il le savait. Elle irait même jusqu’à dire qu’il se fichait bien que ce soit mal ou non.

-Je sais.

Ses mots n’avaient été ni durs ni cassants. Ça avait été presque un murmure, une constatation. A son affirmation suivante, Aisling baissa le regard. Une solution ? Ciàran n’était pas une solution . Est-ce qu’il pensait qu’elle s’attachait à lui parce qu’elle n’avait plus personne d’autre au monde à qui s’attacher ? Est-ce que c’était le cas, d’ailleurs ? Elle n’était pas sûre de vouloir chercher cette réponse au fond de son cœur.

-Ca fait bien longtemps que je suis attachée.

Pieds et poings liés. Si ce n’était pas le cas, elle aurait fui Ciàran depuis bien longtemps. Elle l’aurait repoussé à son retour. Elle ne se serait pas juste jetée dans ses bras alors que, pourtant, elle avait d’autres hommes pour faire ça. Des hommes à qui elle tenait, à l’époque. Des hommes que, sans doute, elle ne méritait pas. Elle avait fini par comprendre qu’elle n’était pas faite pour ça. Elle n’était faite que pour les relations qui étaient de celles qu’elle avait avec Ciàran. Et s’il n’était pas d’accord, il ne pouvait, pourtant, s’en prendre qu’à lui-même. C’était lui qui l’avait faite.
A sa question, la blonde releva la tête, fixant ses yeux bleus avec intensité. A quelle réponse s’attendait-il ? Est-ce qu’il y avait un piège ? Elle n’était pas sûre de savoir ce qu’il voulait entendre. Presque doucement, elle se pencha vers ses lèvres, les effleurant avant de les mordiller et enfin de poser son front contre le sien.

-Je n’imagine pas qu’on soit autre chose que ce que l’on était, que ce que l’on est actuellement. La seule autre option est qu’on se serait entre-tué.

Son regard s’était de nouveau plongé dans le sien. Elle le pensait, vraiment. Quelque part, ils étaient aussi destructeurs l’un que l’autre, et peut-être qu’un jour ils seraient capables de s’entre-tuer.

Au fond, tu sais que ta présence est nocive pour Aisling et que tu ferais mieux de fuir pour qu'elle se détache de toi, une bonne fois pour toutes. Mais le problème, c'est que tu t'en sens incapable. Tu as beau la prévenir, lui demander de ne pas s'attacher, c'est plus fort qu'elle, que toi. Vous êtes, quoique vous fassiez, continuellement attirés l'un vers l'autre. C'est comme ça et vous devriez vous y faire. « Je sais. Ca fait bien longtemps que je suis attachée. » Et malheureusement, tu ne le sais que trop bien. « Tu ne devrais pas. » Dis-tu en caressant tout le long son bras, du bout des doigts. Tu le penses mais au fond, tu veux qu'Aisling s'attache à toi et reste auprès de toi. Même si un jour, tu sais pertinemment que tout ça devra se terminer. Pour son bien. La jeune femme relève la tête et sonde ton regard, le sien, azur, est intense. Tellement intense que tu ne peux t'empêcher de fixer ses lèvres que tu rêves de mordre, là, tout de suite. « Je n’imagine pas qu’on soit autre chose que ce que l’on était, que ce que l’on est actuellement. La seule autre option est qu’on se serait entre-tué. » Ses paroles n'ont pas vraiment de sens mais sont tellement vraies. C'est exactement ce que tu penses, toi aussi. D'un geste assuré, tu attrapes la jeune femme pour qu'elle vienne s'asseoir sur tes jambes. Tu laisses ses jambes se glisser le long de tes hanches et approches son corps du tien pour que ton torse frôle sa poitrine. Vos lèvres ne sont qu'à quelques centimètres et c'est assez pour que tu sentes sa respiration contre la tienne. « Si tu n'étais pas en abstinence forcée, je te baiserais sur le champ. » Réponds-tu, le regard intense et lascif. Tu as envie d'elle, c'est indéniable. Mais Aisling le sait déjà car tu as toujours envie d'elle, quoique tu fasses. « Qu'est-ce qu'on va faire de nous? » Demandes-tu en laissant s'échapper un rire ironique.

La blonde arqua un sourcil alors qu'il lui disait qu'elle ne devrait pas. Ils savaient tous les deux que c'était trop tard. Elle ne savait même pas pourquoi ils avaient cette discussion vide de sens.

-C'est de ta faute.

Parce que c'est toujours plus facile de mettre la faute sur les autres. Et Aisling n'a aucune honte à faire ça, surtout pas avec lui. Elle se sentit légèrement frissonner alors qu'il lui caressait le bras.

Alors qu'il l'attrape pour l'asseoir au-dessus de lui, elle se laissa faire, venant glisser une main derrière sa nuque, son regard bleu ne quittant pas le sien alors qu'elle enroulait ses jambes autour de lui. Elle avait l'habitude des gestes vifs et parfois inattendus de Ciàran. Et généralement c'était tout ce qu'il fallait pour faire grimper sa libido en flèche. Elle ferma les yeux quelques instants, voulant se contenir, alors qu'il lui disait qu'il avait envie d'elle, à sa manière. Mais elle les rouvrit pour l'embrasser presque violemment. Elle n'aimait pas qu'on lui dise ce qu'elle doit faire.

-On a qu'à dire que je ne le suis plus.

Elle avait doucement appuyé son front contre le sien, se mordant l'intérieur de la joue. Qu'est-ce qu'on allait faire d'eux ? Sans doute rien.

-On pourrait faire bien des choses, mais on est tous les deux trop coincés pour changer.