Celui qui me comprend [Aisran]

Alors qu'il la soulevait, Aisling noua ses bras autour de son cou et enroula ses jambes autour de lui. Elle enfouit son visage dans son cou, fermant les yeux. Elle avait rarement besoin de lui pour la réconforter, ou plutôt il n'était jamais vraiment là pour ça.
Elle ne le contredit pas quand il lui dit que ce serait elle qui l'abandonnerait. Elle n'en savait rien, elle ne s'en sentait pas capable pour le moment. Elle ne se voyait pas le jeter hors de sa vie alors qu'encore aujourd'hui elle s'accrochait à lui comme une moule à son rocher.

-Il me faudrait une très bonne raison pour ça.

Elle avait doucement murmuré avant qu'il ne s'installe sur le canapé. Elle resta sur ses genoux, lovée contre lui.

-Si je couchais qu'avec toi, j'aurais moins de problèmes.

Ce n'était qu'une constatation parmi d'autres. Elle savait comment se protéger, mais elle n'était pas capable de le faire.

Toi aussi, là tout de suite, tu as besoin de sentir cette proximité qui vous unit avec Aisling. C'est rare que tu ressentes cela mais un peu moins rare avec elle. Ces derniers temps, vous vous êtes considérablement rapprochés même si votre relation est encore loin d'être simple. Mais tu ne penses pas qu'elle le sera un jour, de toute façon. Vous êtes bien trop compliqués l'un comme l'autre pour ça. « Il me faudrait une très bonne raison pour ça. » Tu pourrais lui en donner des tonnes de raisons s'il le fallait. Mais la vérité, Ciàran, c'est que tu n'en as pas envie. « Même avec la pire des raisons, tu serais capable de rester. A croire que tu aimes bien souffrir. » Réponds-tu en soupirant. Il est vrai qu'elle doit être un peu sadomasochiste pour fréquenter quelqu'un comme toi. « Si je couchais qu'avec toi, j'aurais moins de problèmes. » Tu souris, ironiquement. Aisling n'a pas tort, après tout. Mais tu sais que ce n'est pas prêt d'arriver même si tu lui demandais. Cela ferait sans doute même l'effet inverse. « Et si tu ne couchais pas avec moi, aurais-tu moins de problèmes ? » Demandes-tu, curieux. « Enfin, techniquement, là, nous ne couchons plus ensemble à cause de cette abstinence forcée. » Ajoutes-tu pour la taquiner, tout en gardant la jeune femme posée sur tes genoux.

Aisling esquissa un léger sourire à sa remarque. Ce n'était pas entièrement faux. Elle avait parfois du mal à peser le pour et le contre de façon totalement objective et raisonnée.

-C'est vrai, juste par esprit de contradiction !

Parce que ça elle savait faire, tenir tête aux autres. Par contre, on ne pouvait pas dire qu'elle aimait souffrir, puisqu'elle essayait de virer tout le monde de sa vie pour que ce ne soit pas le cas. Mais il fallait croire qu'avec Ciàran c'était bien différent.

A sa question, la blonde le regarda quelques secondes. Est-ce qu'elle s'attirait des ennuies en couchant avec lui ? Sans doute moins qu'avec les autres, parce qu'ils ne penchaient jamais dans le sentimentalisme, en dehors de ce soir. Mais on ne pouvait pas dire que leur relation n'avait jamais été sans prise de tête.

-Sûrement. Tu ne serais pas jaloux, je n'aurais pas peur qu'un jour tu finisses par me taper dessus.

Parce que c'était un peu ce qu'elle craignait parfois, que dans un accès de colère il l'envoie voler à travers la pièce. Ou bien qu'il finisse par la séquestrer chez lui.
Elle leva les yeux au ciel à sa remarque. C'est qu'il était à peine lourd quand il s'y mettait.

-C'est pas comme si ça allait durer longtemps.

« C'est vrai, juste par esprit de contradiction ! » Aisling dans toute sa splendeur. Ses paroles ne t'étonnent pas tellement surtout qu'elles sont criantes de vérité. Et tu ne peux pas t'empêcher de penser que la jeune femme est encore plus contradictoire avec toi, plus qu'avec les autres. Mais au fond, même si tu ne lui diras jamais, tu aimes son petit côté "rebelle". C'est bien une des seules à être comme ça avec toi, d'ailleurs. « Sûrement. Tu ne serais pas jaloux, je n'aurais pas peur qu'un jour tu finisses par me taper dessus. » Tu fronces les sourcils et t'écartes légèrement d'Aisling. Alors elle a peur de toi. Celle-là, tu ne t'y attendais pas. Tu sais que tu peux faire peur aux gens par ton attitude et cette aura que tu dégages mais tu n'aurais jamais pensé qu'il en soit de même avec la jeune femme. « Tu penses réellement ce que tu dis ? » Demandes-tu un peu plus sèchement. Pour toi, ça ne fait aucun doute : tu ne lèveras jamais la main sur elle. Et c'est bien une des seules à bénéficier de cette protection d'ailleurs. Tu pensais qu'elle en était consciente mais encore une fois, tu te trompes. « C'est pas comme si ça allait durer longtemps. » Tu hausses un sourcils, un rictus au coin des lèvres. « Ca reste à prouver. »

En le sentant s'éloigner, Aisling commença par soupirer. Elle comprenait bien qu'il soit déçu qu'elle pense ça de lui. Mais est-ce que ça ne lui avait jamais traversé la tête ? Est-ce qu'il n'en avait jamais eu envie ? Elle n'en était pas si sûre.

-Tu as une idée de l'état quand lequel tu es quand tu es hors de toi ?

Il lui faisait peur, oui, quand il se fâchait, quand il élevait la voix, quand il avait des gestes de colère. Il ne devait pas se rendre compte à quel point il pouvait être impressionnant.

Elle fronça les sourcils quand il lui répondit que ça restait à prouver. Est-ce que c'était de la provocation ? Ou bien juste du pessimisme ? Elle était sure qu'il voulait l'emmerder, encore.

-Pourquoi ? Tu veux me garder abstinente plus longtemps que nécessaire ?

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, oui, savoir qu'Aisling a peur de toi est une nouveauté. Tu pensais qu'elle savait tout autant que toi que tu ne pourrais jamais lui faire du mal. Du moins, pas physiquement. Mais à en croire ses mots, ton comportement crie le contraire. « Tu as une idée de l'état quand lequel tu es quand tu es hors de toi ? » Tu le sais que, lorsque tu es énervé, tu as tendance à passer tes nerfs sur un peu tout ce qui passe mais c'est plutôt des choses matérielles. Enfin tout dépend de qui est devant toi, bien sûr. « Je sais que je peux être impulsif. Mais je lèverai jamais la main sur toi, je pensais que tu le savais. » Dis-tu, toujours assez sèchement. Tu n'aimes pas qu'Aisling ait une image aussi négative de toi. Même si celle-ci renvoie la vérité. « Pourquoi ? Tu veux me garder abstinente plus longtemps que nécessaire ? » Tu fais des grands yeux comme si cette idée te dégoûtait. Non, garder Aisling abstinente ne fait pas partie de tes plans. Du moins, pas avec toi. Si c'était avec les autres, ça ne te déplairait pas tellement, au fond. « Si ça t'évite de coucher avec d'autres, pourquoi pas. » Réponds-tu avec toute ta possessivité naturelle. Que tu le sois avec elle n'est pas nouveau mais en général, tu ne le dis pas. Du coup, tu te dis que ça doit faire bizarre à la jeune femme d'avoir un Ciàran aussi honnête ce soir. Même toi ça t'étonne par moment.

C'était ce qu'il disait mais Aisling n'était pas sûre pour autant que ce soit la réalité. Sans doute qu'il n'avait pas la volonté de la frapper, mais ce n'était pas pour ça qu'il ne le ferait jamais, parce que dans un accès de rage on n'était jamais vraiment rationnel. Ca, il n'y pouvait rien.

-Ah oui, tu es sûr de ne jamais lever la main sur moi ? Et de ne jamais m'enfermer non plus ? De ne jamais m'obliger à faire quoique ce soit ?

C'était tout ça qu'elle craignait la blonde. Et même s'il la rassurait de ses paroles maintenant, elle ne les prendrait sans doute pas pour acquis. Elle se méfiait bien trop de lui quand il était fâché.

Aisling leva les yeux au ciel à ses paroles. Il ne lui avait peut-être jamais dit aussi clairement qu'il voulait la garder pour elle, mais ça fait bien longtemps qu'elle avait compris qu'il n'aimait pas qu'elle couche avec d'autres hommes. Il y avait des sous-entendus qui ne trompaient pas, et des regards surtout. Les regards noirs de Ciàran lui glaçaient le sang.

-Et moi, qu'est-ce que je devrais faire pour que tu ne couches plus avec d'autres femmes ?

Ses yeux bleus étaient plongés dans les siens, essayant d'y lire une réponse parce qu'elle doutait qu'il lui donne la recette de sa bouche.

« Ah oui, tu es sûr de ne jamais lever la main sur moi ? Et de ne jamais m'enfermer non plus ? De ne jamais m'obliger à faire quoique ce soit ? » Tu préfères y réfléchir et prendre le temps de peser tes mots plutôt que de répondre sur un coup de tête et le regretter. Finalement, tu soupires et réponds : « Je ne te frapperai jamais, c'est une certitude. Pour le reste, je te promets de ne jamais te faire du mal volontairement. » Dis-tu sans détacher ton regard de celui de la jeune femme. Mais tu n'es pas certain que ça soit suffisant. Si Aisling a peur de toi alors que tu es la plupart du temps assez calme avec elle, qu'est-ce que ce sera le jour où tu seras réellement énervé ? « Et moi, qu'est-ce que je devrais faire pour que tu ne couches plus avec d'autres femmes ? » Tu sais que la jeune femme n'apprécie pas non plus ton penchant pour le sexe one shoot. Néanmoins, vous ne pouvez pas vous l'interdire car cela rendrait les choses trop réelles entre vous deux et ce n'est pas ce que vous voulez. Du moins, tu ne penses pas que ce soit ce que tu veux, toi. « Je ne sais pas. A toi de me prouver que ça vaut le coup. » Dis-tu, un regard lascif au coin des lèvres.

Volontairement. Vu le tact dont faisait preuve Ciàran, s'il devait la blesser un jour il n'y aurait aucun doute que ce soit involontaire. Et c'était ça qu'il lui faisait peur, plus que de penser qu'il pourrait préméditer un enlèvement.

-On est tous les deux assez doués pour blesser les autres involontairement.

C'était pour ça, aussi, qu'Aisling ne voulait pas que les gens rentrent dans sa vie, ça évitait qu'elle leur fasse du mal. Elle appuya doucement sa tête contre lui. Pour l'instant, il ne lui faisait pas peur. Les moments où elle avait peur étaient en réalité assez rares, c'était exclusivement quand ils se disputaient. Du coup, on se demandait pourquoi elle le mettait aussi souvent en colère, parfois exprès...

La blonde leva les yeux au ciel alors qu'il lui demanda de lui prouver que ça valait le coup. Il voulait quoi ? Qu'ils passent un marcher ?

-Je suis censée te promettre que je passerai tous les soirs chez toi pour te satisfaire ?

Elle esquissa un léger sourire avant de l'embrasser au coin des lèvres.

-Je ne suis pas sûre que ça vaille le coup pour toi.

Ce que tu veux dire, en signifiant à Aisling que tu ne la blesseras jamais volontairement, c'est que dans tous les cas, même involontairement ça n'arrivera pas. Mais toi, tu te contentes de parler du plan "physique", sur le plan moral, tu ne peux te prononcer. Tu n'es pas assez doué en terme de sentiments pour contrôler ce que tu fais. « On est tous les deux assez doués pour blesser les autres involontairement. » Tu hoches la tête, te rendant compte qu'Aisling parle de sentiments avant tout. Là-dessus, tu ne peux la contredire. Sans réellement savoir comment ni pourquoi, vous commencez à discuter d'exclusivité et de sentiments. Un sujet que vous n'abordez que très peu tous les deux pour ne pas dire jamais. « Je suis censée te promettre que je passerai tous les soirs chez toi pour te satisfaire ? Je ne suis pas sûre que ça vaille le coup pour toi. » Un rictus se dessine au coin de tes lèvres. Bien sûr que ça vaudrait le coup mais tu ne l'avoueras pas. Pas à Aisling du moins. Néanmoins, tu ne veux pas obliger Aisling à faire cela si elle n'en a pas envie. « Nan. Être une parfaite petite épouse, ce n'est pas ton genre. Et tant mieux. » Réponds-tu simplement avant d'ajouter : « C'est juste que si tu le demandais, je serais capable d'y penser en tout cas. » Oui, si Aisling demandait que tu n'ailles plus voir d'autres femmes, peut-être penserais-tu réellement à la question. Mais tu sais qu'elle en serait incapable car ça voudrait dire que de son côté, elle devrait faire de même.

Aisling eut un léger rire alors qu'il lui disait qu'il savait qu'elle n'était pas du genre petite épouse parfaite.

-Mince alors, je ne pensais pas que tu avais remarqué.

Elle glissa ses lèvres contre les siennes en conservant un léger sourire.

-Tu veux pas quelqu'un qui te ferait la cuisine, le ménage et la lessive ?

Après tout, c'était toujours utile.
Aisling resta silencieuse quelques secondes. Était-il vraiment sérieux ? Elle n'aurait jamais pensé qu'il lui dirait ce genre de choses. Elle ne pensait même pas que la question se posait.

-Ah...

Elle posa doucement sa tête contre lui avant de fermer les yeux.

-Je ne te le demanderais pas. Enfin, je ne pense pas. J'aurais trop de pression.

Elle esquissa un léger sourire avant de lever le regard vers lui.

« Mince alors, je ne pensais pas que tu avais remarqué. » Tu souris à ton tour, conscient qu'Aisling plaisante. De toute façon, vu votre drôle de relation, elle ne pourrait pas être une parfaite épouse qui reste à la maison avec toi. Mais même si c'était le cas, ça ne t'intéresserait pas tellement puisqu'une épouse, tu en as déjà une. « Tu veux pas quelqu'un qui te ferait la cuisine, le ménage et la lessive ? » Tu fronces les sourcils, réfléchissant sérieusement à la question. C'est quelque chose à laquelle tu n'avais jamais pensé puisque tu es bien loin des situations rangées de couple. Et puis, d'un côté, tu tiens à ton indépendance. « Je ne crois pas. Pas maintenant du moins et puis, tout ça, je sais le faire tout seul. » Dis-tu en haussant les épaules. C'est vrai, vivre seul t'a obligé à savoir maîtriser toutes ces compétences et pour le moment, ça te convient comme ça. Toi, tu voudrais plutôt une femme tous les soirs dans ton lit mais ça, c'est une autre affaire. Par la suite, alors que tu avoues à Aisling que si elle te le demandait tu serais peut-être prêt à tirer un trait sur tes autres relations, tu vois que ça la déconcerte. La jeune femme ne s'attendait pas à ça et ça se voit. D'un côté, tu comprends son étonnement puisque tu n'es pas quelqu'un de bavard en tant normal. D'un autre côté, tu ne comprends pas qu'elle soit toujours inconsciente de l'effet qu'elle a sur toi. « Ah... Je ne te le demanderais pas. Enfin, je ne pense pas. J'aurais trop de pression. » Trop de pression... Oui, ça remettrait sans doute en cause la "base" de votre relation et surtout ses autres relations qu'elle entretient avec d'autres hommes. Tu hoches la tête, un rictus au coin des lèvres. « Je m'en doutais un peu. C'est que je te connais plutôt bien à présent. » Ajoutes-tu tout en continuant à caresser le dos d'Aisling. Quelques secondes plus tard, tu poses à nouveau tes lèvres contre les siennes, prolongeant le baiser. Tu ne sais pas pourquoi tu fais ça, mais tu le fais puisque tu n'es pas du genre à réfléchir à tes actes et à te poser des questions.

Aisling esquissa un sourire quand il lui dit que tout ça, il savait le faire tout seul.

-Quel homme !

Elle lui tira la langue, taquine. Elle savait bien qu'il ne disait pas ça pour se vanter ou quelque chose du même genre.

Elle secoua la tête, amusée, quand il lui dit qu'il la connaissait plutôt bien. Malheureusement elle ne pouvait pas le nier. Ils avaient partagés trop de moments, plus intimes qu'il n'y paraissait, pour qu'elle ne soit encore qu'une inconnue pour lui, et lui, un inconnu pour elle.

-Ma couleur préférée ?

Elle lança ça plus pour l'embêter qu'autre chose avant qu'il ne l'embrasse. Doucement, elle glissa une main dans son cou, répondant à son baiser avec une certaine tendresse.

« Quel homme ! » Un rictus se dessine au coin de tes lèvres. C'est bien la première fois qu'Aisling te complimente ou du moins à sa façon. Mais en même temps, c'est bien la première fois que vous discutez sérieusement tous les deux. « Ma couleur préférée ? » Tu hausses les sourcils, étonné par la question. Ce n'est pas le genre de chose dont vous discutez habituellement la jeune femme et toi. Tu ignores beaucoup de choses sur ses goûts de tous les jours. Toi, tu es plutôt compétent sur ses goûts en matière de sexe ou de ce genre de choses. Néanmoins, tu tentes quand même une réponse, sachant pertinemment que ce ne sera pas la bonne. « Rose bonbon ? » Demandes-tu plus pour taquiner Aisling qu'autre chose.

Aisling éclata de rire à sa réponse. Heureuement qu'il savait sciemment que ce n'était pas le cas. Même s'il ne connaissait pas sa couleur préférée, il devait pertinemment savoir que ce n'était pas le rose.

-Seulement pour la fourrure des menottes.

Elle esquissa un léger sourire avant de poser la tête sur son épaule, fermant les yeux. Elle savourait ce rare moment où ils étaient bien.