in working progress w/Tyee

Il fait froid, merde. J’enfonce la capuche de mon sweat rose par-dessus mon bonnet. Les gens se retournent sur mon passage. A cause du sweat rose ? Si seulement. Je me suis réveillé à côté d’une inconnue, dans mon propre lit. J’ai paniqué. J’ai mis ce qui me tombait sous la main et j’ai filé, j’espère qu’elle n’aura pas eu la bonne idée de m’attendre.

Du coup, je me retrouve avec un sweat rose (que j’avais jamais vu chez moi, il est sûrement à elle), un short, des chaussettes de soccer et deux baskets différentes. Je dois être beau.

En plus comme la belle au bois dormant doit encore squatter chez moi, je suis pas rentré de la journée. Heureusement pour moi, j’ai toujours des billets oubliés dans toutes les poches de mes fringues, décolorés à force de passer à la machine sans que je m’en aperçoive. J’ai pu acheter une bouteille de rhum grâce à eux, ça passe le temps. D’ailleurs elle s’est vidée un peu trop vite. C’est peut-être pour ça que ma tête tourne un peu trop.

Tiens un bar. Tyee t’es bourré, n’y va pas. Ouais, mais j’ai soif, au pire je demande juste un verre d’eau. Au pire, vu le peu de monnaie que j’ai je pourrai pas oublier de pas me bourrer encore plus la gueule, mes poches vides me le rappelleront.

A peine entré que je les entends gueuler, ces « gens respectables » enfin plus que moi paraît-il. Bourré devant le foot, il est beau le peuple respectable. Oh, charmante la barmaid. J’ai fait le tour de tous les bars de la ville mais je l’ai jamais vue. Merde, faut que je dise un truc là…

- Salut, je pourrais avoir un verre d’eau s’il te plaît ? Je suis déjà bourré et j’ai pas un pesos… T’es nouvelle ici non, je fais le tour des bars depuis toujours et je ne me rappelle pas avoir couché avec toi… ‘Fin c’est pas ce que je voulais dire… ‘Fin t’as compris…

Tyee, ferme-la.

Elle ne l’a pas mal pris. J’ai donc encore une chance de conclure. C’est tellement la crise à Bowen qu’ils ne servent pas de verres d’eau gratuits ? Bon, je vais pas m’en plaindre j’ai une bière à la place. Tiens, les consanguins se réveillent du coma éthylique pour commander à nouveau. Leurs foies doivent faire le crawl dans l’alcool à l’heure qu’il est.

Grâce à eux je peux matter la barmaid qui va les servir.

- Au passage, joli cul.

PUTAIN TYEE TA GUEULE (de bois… T’as compris la blague ?) ! Ouais mais elle m’a vanné fallait que je me défende… Tu crois que l’autre m’attend encore dans mon lit ? Parce que si elle s’est cassée vaut mieux que je rentre avant de faire de la merde.

- Eeeeeh les gars… Regardez l’autre déchet avec son sweat rose ! Eeeeeeh pédale !

C’est un de ses abrutis qui a dit ça où j’entends des voix ? Non, Tyee calme-toi, t’es bourré tu vas encore finir le nez cassé. Ferme-la.

Je décapsule ma bière avec le rebord du comptoir, ce qui est carrément stylé, pour me rafraîchir les idées.

- Eeeeeh t’es sourd enculé ?

Putain, dans ma tête je revois tous les films de Bruce Lee en boucle, je pense que ça fait de moi une ceinture noire du kung-fu de l’homme saoul.

- Je préfère avoir un sweat rose qu’une mère qui est aussi ma sœur.

Voilà, c’est la merde.

Attend, elle a dit quoi là ? « Surtout quand la serveuse est homosexuelle » ?! Le film érotique je me crée dans ma tête depuis dix minutes ne se réalisera jamais ? Merde… J’avais tellement de bonnes idées… En plus mes « potes » nous on quittait, on est seuls…

Je soupire tristement, plus à cause de cette nouvelle que pour les insultes des 3 prix Nobels.  En m’asseyant  au bord de comptoir et lui sourit gentiment pour la rassurer :

- T’inquiète, j’ai l’habitude, c’est ça depuis l’école primaire sauf que normalement y’a pas de jolie barmaid pour me sauver et je finis en sang. Moi c’est Tyee, ou Sheriff tu choisie entre ces deux superbes prénoms. Tu peux aussi m’appeler mon amour, même si je doute que ça arrive vu que ton cœur bat plus pour les bad girls. En même temps je comprends, rien de plus beau que des courbes féminines…

Non je regarde pas ses fesses ! Je… J’observe la bière qui fait des bulles sur le parquet. En parlant de ça faudrait que je boive la mienne… Un, deux, trois… IL EST DES NÔÔTRES IL A BU SA BIERE COMME LES AUTRES ! Quelle heure il est avec ces conneries ? 10h30. L’heure de fermeture est passée. Je voudrais pas la forcer à faire des heures sup’ !

Je saute du comptoir et m’apprête à sortir :

- Merci pour la bière et le booty-shake ! Je veux pas squatter, quand je suis bourré je suis vite chiant ! Profite de ta soirée !

Elle veut que je reste ? Elle a l’air aussi paumée que moi. Elle n’a nulle part où aller et rien de mieux à faire que se bourrer la gueule avec moi. Elle allume la chaîne hi-fi et je reconnais directement le morceau. Je commence à danser (mon estomac et mon foie font des loopings mais qu’importe) et je chante.

Puis vient la révélation inespérée : elle n’est pas lesbienne, mais bi. OH PUTAIN ! Je recommence à me faire des scénarios dans ma tête ! En me hissant sur la table pour m’asseoir à côté d’elle, j’effleure l’intérieur de sa cuisse du bout des doigts… HMMMM c’est tellement doux, encore un peu plus haut… NON TYEE ARRÊTE T’ES BOURRE ET LA VIE C’EST PAS UN FILM DE CUL !

J’enlève ma main à contrecœur. Merde, mayday tango Charlie delta beta alpha omega ! Elle a posé LA question « Qu’est-ce que tu fais dans la vie » ! Si elle me trouvait cool c’est fini… En plus je suis trop bourré pour mentir. Je lui fais un sourire charmant… Je crois.

- Je me défonce du matin au soir et le lendemain je recommence. Je fume, je bois et je fais d’autres merdes. Mais faut pas me prendre pour un mec sans ambitions. J’en ai une et c’est pas à la portée du premier consanguin. Je veux coucher avec toutes les beautés qui croisent mon chemin.

Tyee arrête. T’es bourré. ET TU RAPPROCHES BEAUCOUP TROP TES LEVRES DES SIENNES !

Elle m’a embrassé. Je suis bourré, défoncé et elle m’a embrassé. Je crois qu’on appelle ça le talent, ou le sex appeal. Ses lèvres sont douces et ont goût de whisky, de quoi me fracasser encore plus si on finit la soirée en se roulant des pelles. Je souris et lui caresse la joue… Non ma main ne tremble pas, enfin si un peu mais c’est parce que je suis bourré, pas ému…

Voilà qu’elle sort un joint. Cette fille est parfaite. J’espère qu’elle compte pas le fumer seule, j’ai plus un gramme sur moi. Je pose ma tête dans mes mains. Les images tournent, les couleurs explosent, le son m’arrive difficilement. Tyee, t’es dans un sale état. Faut pas continuer à te… Oh un joint !

Je tire lentement dessus alors que je regarde la jolie barmaid onduler autant que sa robe, comme en apesanteur. Sa weed me pique la gorge, elle est nouvelle ici, elle ne connaît pas les bons plans. Mon cerveau avance à deux à l’heure et mon corps est plus rapide. Je crois que je suis en train de faire de la merde.

Je suis debout sur le bar. Je tangue de gauche à droite dangereusement en essayant de danser. Je ris, un rire franc, communicatif, puissant… Un rire bourré. J’ai une bouteille à la main, je me rappelle pas l’avoir prise au bar. Je sais même pas ce que c’est. Va falloir goûter. Merde, j’ai la main trop lourde j’en ai bu un quart… Et je sais toujours pas ce que c’est… Si, c’est juste bon !

Je descends du bar et sautant et vient me coller à Sophia. Relevant sa tête lentement en la tenant par la mâchoire, je lui ouvre doucement la bouche et lui fait boire au goulot jusqu’à ce que la bouteille soit vide. Je lèche le trop plein qui coule au bord de ses lèvres. Je me rapproche un peu plus, et glisse une main sous son haut…