your heart's been acting like It doesn't wanna be working right. (niels)

Le cœur en lambeaux, les pensées allant et venant de manière agitée, elle avait l'impression d'avoir perdu quelque chose, sûrement quelque chose d'important puisqu'elle avait un creux à l'intérieur, malgré le fait que l'alcool apaisait la douleur, ça ne suffisait pas à arrêter la rage qui coulait dans ses veines. Elle se sentait trahie par son amie, et regrettait même de l'avoir revu ce soir. Parce qu'elle avait tout foutu en l'air. Et en même temps, elle savait que ce n'était pas entièrement vrai, une partie d'elle désirant lui montrer que Charlie n'était pas mauvaise, tout ça pour sauver ce qu'il restait de leur amitié. Les sentiments ne se commandaient pas, mais dans sa tête, le résultat était quand même similaire. Elle ne pourrait jamais agir de manière totalement naturelle avec elle en sachant ce qu'elle devait penser de leur relation avec Niels. L'air de rien, la jalousie était partagée, parce que de savoir qu'elle pouvait le côtoyer toute la journée et tenter de le séduire la rendait vraiment frustrée et dépitée. Elle avait commandé un taxi, consciente qu'elle ne pouvait pas conduire dans cet état parce qu'elle était à bout de nerfs et bien trop alcoolisée. Elle savait déjà où elle voulait aller, indiquant au chauffeur l'adresse de son petit ami, dans le désir lui raconter ce qu'il s'était passé et surtout lui demander des explications, s'il se passait quelque chose entre eux qu'elle ne savait pas. Elle avait peur que ce soit le cas. Parce qu'elle ressentait pleins de choses pour Niels. Trop de choses. Ça explosait à l'intérieur, et elle ne pouvait rien faire pour arrêter cette douce hémorragie de s'étendre. Elle ne pouvait que subir et haïr inconsciemment tout ceux qui se mettraient sur leur chemin.

Descendant du taxi pour se réfugier dans l'ascenseur de son immeuble, elle soupira en se regardant dans le miroir, accablée par la peine qui la terrassait alors que les images de sa dispute avec Charlie défilait dans son esprit. Elle remit quelques mèches de ses cheveux en place avant d'arriver devant sa porte pour toquer, espérant qu'il soit là parce qu'elle ne l'avait pas prévenu.

Aelya avait besoin d'expier tout ce qu'elle portait en elle, tout ce qui pesait sur ses épaules alors qu'elle ne savait plus où elle en était maintenant que Charlie avait réussi à déchaîner ses pensées dans sa tête. Elle avait l'impression d'être continuellement perdue entre ses désirs et ses peurs, et ces dernières la dominaient tout le temps en ce moment, surtout depuis qu'elle était en couple avec Niels. Elle n'avait plus cette habitude depuis qu'elle faisait en sorte de ne laisser personne entrer dans sa vie de manière intime. Et elle avait pris ce risque avec Niels et avec Charlie. Les deux personnes qui lui faisaient se poser des questions actuellement. Elle s'était braquée à sa confidence, comprenant qu'elle avait encore fait une énième erreur en faisant confiance à quelqu'un. Alors que ses cellules s'entrechoquaient dans tous les sens, elle craignait surtout que Niels ne lui fasse endurer la même chose parce qu'il ne resterait plus grand chose de son cœur, que des miettes de regrets éparpillées au milieu d'un cage thoracique bien trop serrée en ce moment, lui donnant cette impression de manquer d'air sur le trajet jusqu'à chez lui.

Quand il ouvrit la porte et qu'elle avait retrouvé son regard, c'était comme si elle s'était sentit un peu mieux l'espace de quelques secondes, comprenant qu'elle n'avait en réalité attendue que ça, de le revoir. À deux doigts de craquer, sans savoir si c'était de rage ou de larmes, elle resta silencieuse à sa question et haussa les épaules, ne sachant quoi dire devant son esprit qui faisait trop de bruit. Elle entra, lui rendant son baiser de manière détachée, accablée.

- Si, on devait se voir, mais j'ai pas pu résister à l'envie de venir directement, avoua-t-elle en passant une main nerveuse dans ses cheveux.

Elle planta son regard dans le sien, fatiguée par le combat qu'elle avait mené.

- Tu connais Charlie ? Elle est interne en chirurgie à l'hôpital où tu travailles.

Elle restait concentrée sur ses traits, ne voulant pas manquer une seule de ses réactions.

- C'est ma pote, 'fin on était proches. Jusqu'à ce soir, lâcha-t-elle, tentant de prendre un air nonchalant pour cacher le fait qu'elle était touchée.

Son cœur tambourinait dans sa poitrine, elle ne savait si elle devait tout lui tout raconter alors qu'elle n'était pas même sûre de ce qu'elle devait lui dire.

Aelya pensait avoir le contrôle sur ses sentiments et donc sur sa vie, mais cette soirée lui avait fait comprendre le contraire. Elle ne pouvait avoir aucune emprise sur les sentiments que Charlie nouait pour Niels. Aucun. Elle se sentait démunie, impuissante devant cette chose qui fleurissait en elle sans qu'elle ne puisse y faire quoique ce soit, et ça la dépassait complètement, elle, qui ne savait rien de l'amour. Elle n'avait pas abordé ce thème, mais déjà juste le fait qu'elle puisse ressentir des choses rien qu'en le regardant l'inquiétait. Parce qu'elle s'était reconnue dans ses paroles, dans son attitude, quand elle était avec Niels. Si elle ne savait pas mettre de mots sur toutes les turbulences que subissait son cœur, elle désirait être la seule à les ressentir. Elle se sentait complètement happée dans son attirance pour Niels, à tel point qu'elle possédait de plus en plus le besoin de l'avoir contre lui. Si au départ, ils se voyaient une fois par semaine, la fréquence n'avait que fait d'augmenter pour qu'à la fin, ils ne viennent tous les deux à se jeter à l'eau. Peut être que ça avait été trop rapide, ne sachant si ça n'allait pas justement briser la complicité qu'ils avaient établis en aussi peu de temps.

Ce n'était pas tant le fait que Niels avait erré dans pleins d'étreintes différentes qui la rendait instable alors qu'elle tentait de se montrer le plus stable possible. Parce qu'ils avaient tous les deux eu leurs moments d'égarement avant de choisir de se donner l'un à l'autre. C'était plutôt les sentiments de son amie qui la troublaient. Elle se mordait la lèvre devant ses paroles, comme si elle venait de trouver une solution lui permettant de canaliser tous les mots qui voulaient jaillir de sa bouche. Elle ne devrait peut être pas lui dire, mais il avait déjà compris une bonne partie sans qu'elle n'ait daigné tout lui expliquer.

- Je crois qu'elle a un peu trop aimé votre aventure. Dans le sens où je lui ai parlé de nous, et... Elle m'a avoué qu'elle t'appreciait. Mais pas comme un collègue tu vois, avoua-t-elle, lasse et agacée.

Elle soupira, se rendant jusqu'à son canapé pour s'asseoir tant la tête lui tournait à cause de l'alcool et des émotions qu'elle ne digérait toujours pas.

- Je t'en veux pas pour t'être laissé aller avec elle. Mais... J'ai pas envie qu'elle tente des choses avec toi.

Aelya aurait sûrement voulu avouer qu'elle avait peur, et même si c'était perceptible, c'était trop dur à l'avouer. Ça rendrait même son attirance bien trop réelle parce qu'elle savait que ce ne serait pas juste de l'attirance justement. Si elle mettait un mot dessus, elle n'aurait plus seulement envie de lui ; elle aurait besoin de lui. C'était déjà le cas même si elle ne voulait pas l'admettre.

Elle ne savait plus ce qu'elle devait regretter entre cette rupture amicale douloureuse ou juste le fait de l'avoir un jour laissé entrer. Elle se savait malchanceuse dans ses relations, et elle craignait que ça ne vienne à toucher également le lien qu'elle avait noué avec Niels. Elle l'appréciait d'une manière bien plus profonde que son attitude laissait penser parce que si déjà, le fait d'avoir plongé tête baissée dans leur relation avait réveillé en elle un certain goût du risque, testant encore une fois ses limites en sortant de sa zone de confort, elle savait que c'était une porte d'entrée qui donnait sur son âme, cette chose qu'elle tenait à bout de bras, écorchée par les vents tumultueux de sa vie qu'elle ne voulait pas forcément voir en cendres, consumée dans les flammes de son affection grandissante et irrémédiable. Elle n'aurait jamais pensé un jour ressentir de la jalousie, mais aux côtés de Niels, c'était un sentiment qu'elle ne connaissait que trop bien. Bien avant qu'ils ne se mettent ensemble officiellement, elle avait senti cette pointe lui traverser le cœur à chaque fois qu'elle l'imaginait avec une autre femme quand elle, elle était avec un autre homme. Et dans le creux de ses étreintes, elle n'avait vu que lui, désirant le voir plus souvent, tous les jours de la semaine pour conjurer le sort de cette envie irrépressible.

Elle plissa les lèvres à sa remarque, comprenant qu'il n'était pas au courant, de toute façon, elle s'en doutait. Elle connaissait la discrétion de son amie qui lui avait précisé durant leur dispute qu'il n'avait pas connaissance de ce qu'elle éprouvait.

- C'est pas quelque chose entre elle et toi. C'est elle surtout.

Faire référence à eux deux lui avaient comme arraché les lèvres parce qu'elle ne voulait pas concevoir qu'il y avait pu avoir un "nous" entre Niels et Charlie. Elle soupira ses mots alors qu'il tentait de la raisonner, elle qui n'avait aucune once de raison dans l'organisme, surtout pas au moment où la colère jaillissait.

- Elle va pas t'en parler, elle est pas comme ça, puis je crois qu'elle sait pas trop ce qu'elle ressent pour toi, ajouta-t-elle, dépitée.

Charlie était bien plus émotive qu'Aelya et pourtant, elle était bien plus calme qu'elle, qui s'emportait au gré de ses humeurs labiles. Elle était plus discrète, plus sérieuse, tout ce qu'elle n'était pas, et tout ce qu'il fallait sans doute à Niels, qui ne pourrait jamais trouver de stabilité avec Aelya. C'était sans doute pour ça qu'elle était jalouse. Parce qu'elle se disait qu'elle était sûrement mieux pour son équilibre, quand elle, elle allait juste le saccager. Elle accepta de se blottir contre lui, grimaçant lorsqu'il ajouta qu'elle était cool.

- Y'a deux soucis. Toi tu la trouves "cool", et moi, j'ai pas envie de prendre le risque de te voir partir si jamais un jour ça lui traverse l'esprit de se rapprocher de toi, avoua-t-elle.

Elle passa une main sur son torse, captant son regard.

- Je veux qu'on reste ensemble, je suis bien avec toi, souffla-t-elle, approchant doucement ses lèvres des siennes pour lui offrir un baiser. Ça me rassure pas de savoir que vous travaillez ensemble, parce qu'à priori, vous avez pas été capable de respecter les limites du professionnel.

Elle baissa légèrement le regard pour regarder sa main qui était venue doucement caresser celle de son petit ami.

- Nous deux... C'était une bonne idée ? Je veux pas qu'on le regrette, lâcha-t-elle, confuse.

Elle voulait vraiment continuer d'explorer Niels dans le cadre de leur relation, faire des aller-retours dans son âme pour s'en imprégner, même si elle savait que c'était risqué, parce que si elle s'aventurait trop loin, elle ne pourrait plus revenir en arrière. Mais c'était plus fort qu'elle, elle avait besoin de tenter, comme si c'était son propre instinct qui la poussait dans ses filets dans lesquels elle ne pourrait plus s'en échapper. Elle était déjà pratiquement sûre que le processus avait commencé parce qu'il avait le don de déclencher des soubresauts dans son coeur dès lors qu'il posait ses lèvres sur les siennes, chose qui ne lui arrivait jamais en temps normal. C'était comme si elle perdait le contrôle de son propre corps, et pourtant, elle se complaisait là-dedans parce que c'était vivifiant, comblant le vide qui faisait pleins d'échos à l'intérieur de sa poitrine. Et quelque part, elle n'avait pas envie que son amie ne partage ces mêmes sensations. Pas pour Niels. Elle aurait pu choisir n'importe qui d'autre parce qu'après tout, ça ne la regardait pas ce qu'elle faisait de ses sentiments, mais là, elle ne s'était pas éprise de n'importe qui.

- Nan, j'ai pas envie que tu ailles lui parler de ça alors que je suis pas là. Je sais même pas si j'aurais du te le dire en plus, mais tant pis, lança-t-elle en haussant les épaules.

Aelya ne savait pas comment cette conversation pouvait se passer, et elle paniquait rien qu'à l'idée de savoir que Charlie pouvait toucher de manière trop profonde son petit ami en parlant de ce qu'elle ressentait. Elle hocha doucement la tête à ses mots rassurants, désirant s'en imprégner pour laisser ses doutes de côté parce qu'il avait raison : il était avec Aelya et pas avec Charlie. Elle tenta de légèrement sourire quand il confirma qu'ils étaient bien tous les deux, et malgré le soulagement que ça lui procurait, ça lui donnait encore plus l'envie de protéger ce qu'ils avaient. Elle avait soudainement peur de tout gâcher, parce qu'elle voulait que ça marche, et elle n'était pas sûre de pouvoir encaisser un échec, pas avec lui.

- Vous étiez bourrés mais vous avez l'air de tous les deux très bien vous en souvenir, lâcha-t-elle, la mâchoire serrée, agacée par cette vérité.

Elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était forcément le signe de quelque chose s'il s'en rappelait aussi bien, motivant son esprit à se faire des films sous l'effet de la panique qui s'imprégnait d'elle. Elle roula des yeux à sa remarque qui fit suite, exaspérée de savoir qu'ils étaient obligés de se croiser dans tous les cas.

- Je sais.

Aelya se rendait compte à ce moment précis qu'elle s'exposait peut-être trop en se laissant aller dans cette relation, la peur de l'abandon parlant à sa place, la faisant douter et croire qu'il n'était pas forcément bon pour elle d'être en couple.

- C'est pas ça le problème, je te fais confiance mais... J'ai jamais été habituée à autre chose. Je suis douée pour faire fuir les gens, faut croire, admit-elle en haussant les épaules. Et j'ai l'impression que c'est souvent inévitable, et j'sais pas... Je crois que ça m'affecterait si on venait à se déchirer toi et moi. Surtout à cause d'une autre femme. J'ai quand même envie de croire qu'on est plus forts que ça même si ça fait pas très longtemps qu'on se connait...

Elle tendit légèrement la nuque pour mordiller son cou de manière passionnée.

- Je te veux pour moi toute seule, avança-t-elle malicieusement.

Elle avait eu l'impression, l'espace d'un instant, que le risque d'être déçue était beaucoup trop conséquent pour ses épaules, mais en réalité, elle se voyait complètement incapable de ne pas rester avec lui, même si ça avait pour but de nourrir ses angoisses.

- Et tout le monde te veut, c'est vraiment chiant, râla-t-elle.

Son esprit était complètement bloqué par sa rancune, par le fait qu'il n'y avait aucune façon qu'elle puisse accepter la nouvelle que Charlie lui avait confié, et pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait, parce qu'elle l'appréciait l'air de rien et elle aurait bien voulu pouvoir faire abstraction de tout ça, prendre du recul afin de pouvoir se résoudre à oublier cette histoire. Mais même avec les litres d'alcool qui coulaient dans ses veines, elle n'y arrivait pas. Peut être que le temps corrigeraient ses lacunes quand il s'agissait de pardonner, mais c'était plutôt mal parti. Puis, elle savait qu'elle n'aurait jamais réagit de manière extrême si son amie avait jeté son dévolu sur quelqu'un d'autre que Niels, parce que lui, il était spécial pour elle. Peut être parce que c'était quelque part sa première relation sérieuse, la première personne qu'elle laissait approcher sans essayer de fuir, et la seule qui savait provoquer un certain tumulte dans ses entrailles. Elle fronça les sourcils à sa réponse, intriguée, ne sachant pourquoi il s'obstinait autant à sauver les meubles de sa relation désespérée avec Charlie.

- Pourquoi c'est si important pour toi ? Ce sera pas la première ni la dernière avec qui je me dispute, lâcha-t-elle de manière nonchalante.

Elle avait apprit à laisser venir et laisser partir les êtres qui choississaient de s'arrêter sur son chemin. Sa fierté parlait, et dans ce cas, elle préférait clairement mettre fin à son amitié plutôt que de revenir vers la personne qui l'avait fait souffrir. Mais sans qu'elle ne s'en rende compte, les mots de Niels la faisaient cogiter, éteignant légèrement sa colère afin de permettre à la raison d'entrer. Quand il tenta de justifier la raison pour laquelle il avait encore des souvenirs de cette soirée, elle était restée dubitative, ne sachant s'il disait vrai. La panique suffisait à lui faire croire des choses sans qu'il n'ait besoin de faire grand chose alors, elle tentait de faire le vide pour se focaliser sur la valeur de ses mots.

- J'essaye de me dire que si vraiment il y avait quelque chose de ton côté, t'aurais essayé de tenter un truc te connaissant, réfléchissait-elle.

Parce que Niels n'était pas du genre à y aller par quatre chemins si c'était pour avoir ce qu'il voulait, elle le connaissait assez pour pouvoir le déterminer. Son cœur s'activa lorsqu'il ajouta ce qu'elle voulait entendre, cherchant son regard pour y déceler cette lueur sincère qui se reflétait dans ses iris.

- T'as raison. T'es pas comme les autres, c'est sûrement ce qui m'attire aussi. Deviens jamais normal, sourit-elle, amusée.

Il la touchait d'une manière assez singulière, déposant sa trace sur sa peau comme aucun autre ne pouvait le faire. Elle se voyait rassurée, comme si la tempête s'était calmée sous l'effet de ses mots, lui laissant un répit indéterminé, parce qu'elle savait qu'elle reviendrait frapper, à un moment ou à un autre. Elle frissonna lorsqu'elle sentit ses doigts parcourir sa peau en manque de la sienne, se laissant attirer contre ses lèvres pour répondre à ses baisers, passant un bras autour de son corps pour l'approcher d'autant plus d'elle afin d'intensifier leur échange. Se détachant légèrement de lui, à court de souffle, elle pouffa de rire à sa taquinerie, roulant des yeux en songeant à la quantité d'alcool qu'elle avait ingéré.

- J'ai pas trop compté ce soir, j'avoue, y'a moyen que la bouteille y soit passée. C'était la seule chose qui m'aidait à pas trop exploser, parce que habituellement c'est toi qui m'aide, avoua-t-elle d'une voix plus tendre.

Son regard se posa autour d'elle, voyant du bazar sur sa table où était posée sa planche de skate.

- Je t'ai dérangé ? Non parce que sinon je peux rentrer. Je voulais pas t'accaparer alors que t'avais prévu autre chose. Enfin, non, c'est pas vrai, je veux totalement t'accaparer, rigola-t-elle.

Elle ne voyait pas l'intérêt de mentir alors que plus le temps passait, plus elle avait envie de le voir aussi souvent que possible. Tout était nouveau pour elle.

- Arrête de m'embrouiller l'esprit Niels, j'ai l'impression de pas me reconnaître quand je suis avec toi.

Elle se redressa, piochant une cigarette dans son sac, avant de tendre le paquet à son petit ami.

- Je voulais pas choisir entre elle et toi mais... Je peux pas accepter qu'elle me jalouse. Ce serait malsain. Et j'ai quand même besoin de toi donc j'allais pas rompre avec toi pour lui faire plaisir non plus.

Elle était tant aveuglée par sa colère qu'elle n'avait même pas pensé une seule seconde que Niels pouvait s'en vouloir, parce qu'il n'avait rien à se reprocher pour elle, quand bien même elle détestait l'idée de les imaginer tous les deux. C'était son passé, comme elle avait le sien. Elle ne pouvait lui faire une scène pour quelque chose qui s'était produit sans qu'il ne la connaisse. La seule crainte qui résidait dans ses entrailles, était qu'ils remettent le couvert, un peu comme ils l'avaient fait, Niels et Aelya, qui n'avaient pas pu s'empêcher de se retrouver malgré leur volonté de ne pas en faire une habitude. Elle n'avait pas résisté, trouvant tout ce dont elle avait besoin dans son étreinte pour ne plus avoir envie d'aller voir ailleurs, lâchant tous ses principes pour se permettre d'aller plus en profondeur avec lui, complètement absorbée par tout ce qu'il dégageait et qui l'avait fait tomber sous son charme. Alors, oui, elle comprenait Charlie, forcément. Elles étaient toutes les deux dans le même bateau, sauf qu'Aelya voulait naviguer seule, ne souhaitant partager le phare qui la guidait au travers des vagues agitées. Elle entendait sa culpabilité, désirant la balayer pour ne plus la lire dans ses yeux.

- C'est pas ta faute même si tu sais jamais choisir les femmes avec qui tu couches toi. À part moi, bien évidemment, lança-t-elle pour détendre l'atmosphère. Tu m'attires aucun ennui, c'est pas toi qui a voulu qu'elle craque sur toi. C'est son choix et mon choix, je l'assume et si j'ai fait ça, c'est justement parce que je veux que ce soit simple entre nous, j'ai pas envie de me poser de questions sur ses intentions. Je veux qu'on soit tranquille parce que pour la première fois, je veux que ça marche, avoua-t-elle en caressant son bras pour le réconforter.

Elle l'avait choisit dans un naturel qui la chamboulait parce qu'en effet, ça faisait plusieurs années que Charlie et Aelya se côtoyaient. Mais là, elle était allée bien trop loin. Peut être que demain elle regretterait tous les mots tranchants qu'elle lui avait dit, mais elle ne regretterait pas leur vérité, parce que si Charlie ne pouvait pas se retenir de le vouloir, Aelya ne pouvait pas s'empêcher de laisser exploser sa jalousie. Il y avait un gros conflit d'intérêt entre elles, et il n'y avait pas de solutions à priori. Elle roula des yeux à sa remarque plus que pertinente, parce qu'elle ne pouvait pas le contredire.

- T'as pas tort, soupira-t-elle.

Et ça lui écorchait les lèvres de l'avouer parce qu'elle ne pouvait rien ajouter pour contrer son argument. Elle savait qu'elle s'inventait des films, où malheureusement Charlie serait l'héroïne dans la vie de Niels.

- Mais même si tu ressens rien, ça change rien au fait qu'elle peut pas se réjouir pour nous, ajouta-t-elle, déçue.

Ca la touchait, elle qui avait toujours aimé raconter ses périples à son amie sans craindre de jugement. Elle savait que leur amitié ne serait plus la même dès à présent. Elle sourit légèrement à sa remarque, satisfaite qu'il continuerait de rester qui il était et Aelya ne ferait jamais rien pour le changer, elle l'avait choisi entièrement, même si ça impliquait de se mettre à dos toutes ses conquêtes.

- Je ferai tout pour entrenir ton originalité, parce qu'elle me fait craquer, et je comprends d'ailleurs pourquoi j'ai des rivales, lança-t-elle, joueuse.

Niels rayonnait, et il était compréhensible que beaucoup puissent vouloir de sa lumière parce que c'était la première chose qui l'avait frappé, cette lueur dans le creux de ses iris qui l'avaient directement appelée. Liant ses lèvres aux siennes, elle avait insufflé plus de ferveur dans ce baiser, sentant son myocarde se déchaîner sous l'effet des émotions qu'il lui provoquait et dont elle voulait encore profiter. C'était comme si elle tombait dans une addiction plus que puissante et elle voulait être la seule à la consommer, sans aucune volonté pour arrêter le processus. Elle secoua la tête en rigolant à sa remarque qui diluait son humeur maussade.

- Alors, déjà, le gin j'adore ça. Tu devrais être plus content que je te compare à un truc que j'adore, c'est pas donné à tout le monde même si la comparaison est plus que douteuse je te l'accorde. Et contrairement au gin, ça me dérangerait pas d'être addict à toi. Je pense déjà à toi tout le temps et c'est pour ça que là, j'ai pas pu attendre pour te voir, se justifia-t-elle, charmeuse.

Même si elle en jouait pour l'attirer d'autant plus dans ses filets, tout ce qu'elle disait était sincère, ayant pour but de lui montrer qu'elle ne voyait que lui. Elle se sentit directement flattée quand il ajouta qu'elle passait avant le skate, parce qu'elle connaissait sa passion pour cette activité.

- Ta planche c'est ma plus grande concurrente donc ça peut que me faire plaisir, avança-t-elle, amusée.

Elle le laissa mordiller son cou, passant sa main dans sa nuque qu'elle caressa, croulant sous le poids des frissons qui lui parcouraient l'échine. Une lueur séductrice dans les pupilles, Aelya apprécia ses mots et ses lèvres tout proche de son oreille. Elle s'était avancée délicatement vers la sienne pour lui murmurer :

- Je suis comme ça qu'avec toi. Je veux que tu continues à me provoquer tout ça.

Elle adorait le chercher pour mieux le trouver, parce qu'ils manipulaient tous les deux l'art de ce jeu qui les attiraient l'un vers l'autre. S'emparant de son briquet, elle alluma sa cigarette, tirant une bouffée.

- Ça m'étonnerait même pas venant de toi et de ma poisse légendaire, râla-t-elle en feignant l'agacement. Tu veux pas changer de travail au fait ? Ça te va pas tellement de bosser à l'hôpital... Proposa-t-elle d'une manière légère, montrant sa jalousie.

Elle ressentait un pincement au coeur en voyant Niels s'inquiéter pour leur relation, et c'était le genre de sentiments qu'elle n'expérimentait pas tous les jours pour ne pas dire rarement. Généralement, elle se fichait de tout, surtout de ce que les autres pouvaient penser d'elle. Elle se rendait compte que ce n'était pas le cas avec Niels. Il comptait pour elle, même si elle ne voulait pas se l'avouer, parce que c'était plus facile de faire comme si tout était simple, fermant les yeux sur les liens invisibles qui s'enroulaient doucement mais surement autour de leurs mains. Le simple contact de sa peau contre la sienne suffisait à la rendre hypersensible, hyper réactive, parce qu'il arrivait à s'enchevêtrer dans le creux de ses pores, gagnant sa circulation sanguine pour arriver jusqu'à son coeur qui se mettait à cogner plus fort, plus vite, comme s'il voulait s'échapper de sa cage thoracique. Ce qui lui provoquait était aussi naturel que compliqué, et elle en était déjà bien affectée.

Elle sourit légèrement à sa remarque qui eut le don de la faire réfléchir, parce qu'il existait en effet surement des hommes qu'elle ne voulait jamais revoir. Le problème, c'est que ce genre de conquêtes ne la marquaient pas, donc il se pouvait qu'elle n'en avait déjà aucun souvenir, du moins pour ce qui était de la nuit en elle-même. Le réveil par contre lui laissait parfois un goût amer, se demandant comment elle avait encore fait pour se retrouver dans certaines situations.

- Je préfère plus y penser, grimaça-t-elle.

Elle leva les yeux au ciel à la remarque qui fit suite, un sourire amusé sur les lèvres.

- C'est pas de la chance, c'est juste que je suis douée, tu peux le dire, lança-t-elle, taquine.

Aelya comprenait ce qu'il disait, parce qu'elle avait exactement vécu la même chose de son côté. Si l'alcool brouillait habituellement ses souvenirs, avec Niels, tout avait été limpide, clair dans sa tête, et dès lors qu'elle s'était remémorée les images de leur première nuit, elle avait frémit d'envie, désirant retrouver encore une fois celui qui la faisait vibrer de cette manière. Elle sourit tendrement à sa réponse, satisfaite de voir qu'elle avait réussi à lui retirer un peu de sa culpabilité pour qu'il vienne à se sentir plus léger, parce que c'était tout ce qui lui importait finalement, qu'il se sente bien avec elle. Elle s'imprégna de la douceur de son baiser sur sa joue, se prenant à désirer de voir cette relation durer parce qu'elle s'y plaisait vraiment.

- On verra, haussa-t-elle les épaules, tentant de ne plus penser à Charlie et ses frasques.

Aelya voulait se consacrer à Niels et seulement à lui, ce soir, pensant qu'elle avait déjà beaucoup trop donner de son temps pour une amie qui venait de la poignarder dans le dos par inadvertance. La douleur restait la même, qu'elle l'ait voulu ou non. D'une humeur plus légère comme si le vent avait tourné pour laisser place à un ciel plus clair, elle s'amusait à flirter avec lui comme à chaque fois qu'ils se voyaient, comprenant qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de continuer son jeu de séduction bien qu'ils étaient ensemble dorénavant. Elle en voulait toujours plus.

- Ca c'est parce que je suis plus sauvage que toi, admit-elle en se mordant légèrement la lèvre inférieure alors qu'il détaillait cette zone.

Captant son regard à ses mots, le sien s'illumina suite à ses paroles provocatrices, désirant y apporter encore plus de ferveur.

- Tu m'as déjà totalement déséquilibré. Mais y'a des limites qui faudrait ne surtout pas franchir, parce que je voudrais pas forcément devenir totalement dingue de toi, c'est pas mon genre de toute façon, le provoqua-t-elle, attisant l'envie de l'interdit.

Parce qu'il ne s'agissait que de ça finalement, essayer de ne pas craquer trop vite devant son être qui appelait le sien à ne faire qu'un dans tous les sens du terme. Elle ne connaissait pas l'amour, mais elle se doutait bien que ce qu'elle ressentait pour Niels était loin de ressembler à une simple attirance même si elle n'arrivait pas à qualifier ce qu'elle possédait pour lui. Elle sentit une vague de frissons la submerger à sa voix qui vint se faufiler dans son oreille, suivi de ses baisers fiévreux dans son cou qui augmentèrent la chaleur dans son organisme. Attrapant ses lèvres avec les siennes, elle avait légèrement mordillé sa lèvre inférieure de manière joueuse passant ses mains son t-shirt dans le même temps.

Tirant sur sa cigarette qui valsait entre ses doigts et ses lèvres, elle avait lâché un petit rire à sa remarque qui montrait à quel point il la cernait plus que bien.

- Mais pas du tout ! Lança-t-elle, faisant sembler de s'offusquer. T'aurais le droit à des relations humaines mais... Masculines, c'est tout. C'est suffisant quand même, commence pas à te plaindre, ajouta-t-elle en feignant l'exaspération.

Éteignant sa cigarette dans le cendrier, elle fût tentée par ses mots qu'elle désirait mettre en pratique.

- Fais attention... C'est moi qui pourrait te rendre accro si on met ça en place... Souffla-t-elle en s'approchant sensuellement de ses lèvres avant de dévier vers son cou.

Elle fit glisser ses mains sur son torse alors qu'elle imprégna sa peau de baisers passionnés, laissant sa marque à quelques endroits pour marquer sa possessivité, son souffle saccadé à cause du désir se percutant contre la courbure de son cou.