running up that hill (danaelle)

Les inscriptions à la course de cinq kilomètres organisée par Danaelle et moi avaient grimpé en flèche pendant les dernières semaines. Au départ, nous avions craint de ne pas attirer l’attention d’assez d’habitants, parce qu’avec les chaleurs actuelles, les gens n’étaient pas portés à sortir courir. Heureusement, avec les coups de publicité de Dana et tout son réseau de contact qu’elle avait sollicité, nous en étions maintenant à sept cent dollars australiens d’accumulés, ce qui était bien plus que ce à quoi je m’attendais. Depuis la reconstruction de mon organisme, suite au séisme, et mes plans de remboursement de ce qu’Ally avait déboursé pour tout le relever, je réalisais que malgré ma victoire à la loterie, je ne pourrais pas continuer à faire vivre mon centre et à me faire vivre moi-même pendant encore bien des années. Les levées de fonds étaient donc devenues obligatoires, et j’avais fait appel à Dana, dont j’avais entendu parler des événements organisés, pour qu’elle me donne un coup de main. Évidemment, je la payais du mieux que je le pouvais, mais comme c’était pour une bonne cause, elle acceptait de le faire quasi-bénévolement. Bref, ce matin, le coup de départ de la course avait été donné, course à laquelle je ne participais pas pour la simple mais bonne raison que je devais m’occuper des bénévoles qui remettaient les médailles de participation, qui s’occupaient d’offrir les collations à ceux qui terminaient la course et de préparer la petite fête en plein air qui suivrait la course. Alors qu’il ne restait que quelques coureurs sur le parcours et que le DJ invité lançait la musique la plus rythmée de son répertoire pour divertir les coureurs qui se reposaient – ou d’autres qui avaient encore la force de se lever et de danser, je me dirigeai vers Danaelle, que j’avais réussi à retrouver parmi toute la foule. « Dana … cet événement a été un succès ! Je suis teeellement content. Merci du fond du cœur. » Je la serrai dans mes bras. À force de passer des soirées et presque des nuits blanches à bosser ensemble sur cet événement, nous en étions devenus amis.

Après notre étreinte, nous nous regardâmes avec tout le bonheur du monde dans les yeux, fiers de nous, fiers de cet événement qui avait finalement dépassé nos attentes. Danaelle me confia avoir eu ses doutes, avoir eu un peu la frousse face au lent départ de notre campagne publicitaire pour l’événement, mais elle acquiesça quant au succès inattendu. Quelle belle tournure ! « J’t’avoue que j’ai moi aussi eu mes doutes, j’craignais vraiment qu’on ait dépensé plus que nos profits et qu’on soit dans le rouge, mais je suis tellement content qu’on soit dans le positif ! » Dis-je en souriant. Ces quelques centaines de dollars iraient directement à des organismes comme les miens, qui venaient en aide aux jeunes provenant de milieux défavorisés, et même si ce n’était pas que mon centre qui en bénéficiait, je n’étais pas assez égoïste pour m’en soucier. Mon centre se porterait très bien avec mes autres sources de financement, et si ça pouvait aider les autres organismes locaux qui avaient des missions différentes de la mienne, alors tant mieux. Danaelle me regarda finalement avec un grand sourire et me proposa de trinquer à notre victoire. Nos jambes ne nous avaient peut-être pas portées jusqu’à la ligne d’arrivée, mais notre persévérance, notre dévouement et nos idées, si ! J’hochai la tête, un grand sourire aux lèvres également. « Avec plaisir ! Reste ici, j’vais nous chercher … de bonnes boissons énergisantes ! » Il n’y avait pas d’alcool vendue sur place, après tout nous n’avions pas de temps à perdre avec un permis pour une petite fête qui se déroulerait après une course à pieds et en plein milieu de l’avant-midi. Par contre, nous avions des petits jus et des boissons énergisantes pour redonner de la force aux coureurs. Et comme nous avions nous aussi travaillé d’arrache-pied depuis le début de la journée – et dans le dernier mois tout court -, nous méritions bien ça. Je revins vers Dana avec deux bouteilles remplies d’un liquide bleuâtre, et je lui en tendis une. « À nous deux, et en espérant que cet événement des plus réussis soit le premier d’une longue lignée de collaborations … !? » Dis-je en souriant, en espérant qu’elle me répondrait à l’affirmative. Je cognai finalement ma bouteille sur la sienne avant d’en boire quelques gorgées.