you are the moon of a sky full of stars (léopoldine)

D'un pas léger, caméscope à la main, elle long le lac et capture quelques images à la volée. Il fait beau, lumineux, elle n'aurait pu rêver d'un meilleur temps pour s'amuser à filmer quelques plans qu'elle pourra peut-être un jour utiliser. Autour d'elle, Théia a l'impression que le monde tourne au ralenti. Elle se sent bien, apaisée, loin de tout ce qui a autrefois tenu son anxiété en alerte rouge, et qui l'empêchait d'entièrement profiter de la vie comme elle l'a pourtant toujours fait. Et même si elle sait que ses jours seront plus courts que ceux des autres suite à l'opération qu'elle a subie, même si elle verra peut-être la fin plus rapidement, plus soudainement, elle continue à garder ce sourire qui creuse ses joues et plisse ses paupières. Jugeant qu'elle a assez filmé la beauté naturelle du parc de Bowen, la brunette range son caméscope dans son sac à dos et lève les yeux vers le monde réel. Soudainement, son regard s'accroche sans le vouloir à une silhouette qui ne lui est que trop familière. Rapidement, elle reconnait ses cheveux clairs, sa peau claire et, en se reprochant, ses yeux d'un bleu magnifique. Tout en se mordant la lèvre, un sourire incontrôlé vient illuminer le visage de Théia. D'un pas qui se rapproche presque du sautillement, elle la rejoint en joignant ses mains dans son dos et en continuant de sourire telle une enfant. « Léo ! » s'exclame-t-elle pendant que son ventre est occupé à se nouer dans tous les sens. Car même si Léopoldine et elle ne se sont plus vues depuis déjà plusieurs mois, Théia ne peut oublier la complicité qu'elles ont eues autrefois. Sans la quitter du regard, elle vient glisser une mèche de cheveux derrière son oreille. « Tu.. Tu vas bien ? » Théia est rarement nerveuse, elle a même toujours été d'un naturel très extraverti, du genre à toujours dire haut et fort ce qu'elle pense sans se soucier de l'avis des autres. Pourtant là, devant cette fille, elle ne peut s'empêcher de se sentir légèrement différente que d'habitude. Un peu plus stupide, un peu plus maladroite.

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tu vagabondes, cahier à la main, crayon dans l'autre, marchant au grès du hasard comme bien souvent, toi léo, dans une petite robe légère, les cheveux attachés pour pas te gêner, tu ère, sans but, sans temps, sans plan, tu dessines comme toujours, un arbre que tu croises, un visage qui te regarde, un monde à toi, celui de ta bd que tu as publié et dont le deuxième est commandé par ton éditeur. comme toujours, tu es dans ta bulle d'artiste, seule, sans portable, sans montre, sans compagnie, c'est comme ça que tu bosses, t'as besoin de rien, de personne, t'as juste besoin du monde et de ce qu'il t'offre, c'est comme ça que tu crées, que tu imagines, et que tu trouves. tu marches, dans le parc, près du lac, tu dessines rapidement la vue devant toi, c'est vulgaire, ce n'est qu'un croquis mais on voit très bien ce que c'est, pour toi ce qui est un croquis est pour d'autre un dessin réussi, et puis soudain, ta bulle plop, une voix s'approche, un sourire illumine, tu lève la tête, fermes ton cahier par reflex, personne ne regarde dedans, tu souris à ton tour, théia, tu ne l'avait pas revu depuis un moment, depuis que vous avez fini une soirée ensemble. " c'est moi oui...et tu es ? " tu fais semblant bien sur, t'es comme ça, joueuse et taquine, surtout avec elle, tu ne l'a pas vu depuis un moment mais tu n'a pas oublié comment c'était entre vous. tu viens alors lui appuyé sur le bout du nez avec ton index, clin d'oeil qui suit. " théia bien sur, je t'ai pas oublié ! " t'es heureuse de la revoir, elle t'a manqué c'est indéniable, tu souris encore, tu souris toujours, " la pêche et toi ? qu'est-ce que tu fous là ? les sirènes ça vit dans la mer nan ? ici c'est un lac, t'es perdue ? " t'as pas changé, toi et tes bêtises, toi qui dit n'importe quoi sans honte et sans gêne. tu la regarde, tu souris, elle est toujours aussi belle, comme dans tes souvenirs, faut dire que t'as une bonne mémoire léo, le genre qui n'oublie jamais rien, surtout pas une amie comme théia.

Comment aurait-elle pu oublier ce visage, ce sourire qui a une fois été attrapé par son caméscope, ou ces yeux clairs qui autrefois lui donnaient l'impression que Léo s'amusait à lire en elle ? À ses premières paroles, le coeur de Théia se sert. Elle l'a oubliée. Elle l'a jetée de ses souvenirs, la classée comme sans intérêt, une bête fille comme tant d'autres. Ça ne devrait pas l'affecter, Théia a connu bien des personnes et a certainement dû en rayer quelques unes de ses souvenirs. Et pourtant, le fait que ça vienne de Léopoldine lui semble plus impactant que c'était une autre. Ce doigt sur son nez la rassure bien vite et, à nouveau, elle peut respirer. « J'espère bien, » dit-elle en fronçant légèrement les sourcils pour donner l'impression d'être vexée, malgré ce sourire sur ses lèvres qu'elle n'arrive pas à effacer. Sa question fait doucement rire Théia, ramène quelques souvenirs à la surface de ses pensées, et illumine ses pupilles d'une lueur vive et amusée. « Tu me connais, je reste rarement au même endroit trop longtemps. » Son sourire devient un léger rictus qui étire le coin de ses lèvres pendant que son regard cherche celui de Léo. Elle est belle, vraiment belle. Pas étonnant que Théia ait fini par succomber. « En fait, je m'amuse à fouiller Bowen. J'étais jamais venue ici avant, et visiblement j'ai bien choisi mon jour pour visiter. » Elle hausse un sourcil, puis baisse les yeux vers le carnet fermé que Léo tient entre ses mains. La curiosité la ronge instantanément, mais Théia se retient de lui demander ce que renferme ce calepin. À la place, elle se contente d'à nouveau porter toute son attention sur son visage doux, espiègle, attachant.

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t'as pas eu de nouvelles d'elle depuis un moment, mais tu n'en a pas donné pour autant, tu sais pas pourquoi, tu l'aimes bien la jolie théia, elle est gentille, douce, amusante, et ça colle plutôt bien entre vous deux, même très bien en fait, alors pourquoi vous vous êtes perdues de vue comme ça ? peu importe en fait, maintenant elle est là, devant toi, c'est peut-être un signe, l'occasion de renouer contact et cette fois, vous allez rester proches. " je sais, je suis pareille ! " tu lui fait un doux sourire puis un clin d'oeil, elle est comme toi, vagabonde, elle c'est pour filmer, toi pour dessiner, et vous voila au même endroit, par hasard, et seules qui plus est. " je comptais rentrer, je suis juste passé par là pour le raccourci, mais je suis contente, j'ai bien fait de couper, te voila, miss hamilton et son doux sourire, tu m'as manqué ! " tu t'approches d'elle et lui attrape le menton, yeux dans les yeux, tu la fixe un instant, lui adressant un doux regard et ton visage proche du sien, très proche, comme si t'allais l'embrasser mais au dernier moment tu lui lèche le bout du nez et tu sautilles en souriant, allant vers le lac, tenant fermement ton cahier dans une main. " sinon ça va toi ? quoi de neuf ? racontes moi tout, enfin, tout les trucs intéressants, on a du temps à rattraper mais faut en garder pour plus tard hein ! " tu t'arrêtes à la limite de l'eau, regardant le lac, souriant, te dandinant sur place comme souvent.

Théia, elle sait très bien pourquoi. Ça a tellement été le bordel dans sa vie ces derniers mois, cette dernière année. Un bordel sans nom, qui ne la réduisait plus qu'à un assemblage foireux de petits morceaux brisés. Et pourtant la voilà aujourd'hui, souriante comme elle l'a autrefois été, agissant comme si rien ne s'était passé. Comme si elle n'avait pas perdu un proche, et comme si elle n'avait pas failli perdre la vie il y a trois mois. Elle sourit aux paroles de Léo, un sourire sincère qui la fait plisser les yeux. « Toi aussi, tu m'as manquée ! » s'exclame-t-elle juste avant qu'elle ne s'approche, s'emparant et de son menton, et de son regard. Pendant ce court instant, Théia la fixe en souriant à peine, sans s'en rendre compte. Elle a lèvre coincée entre ses dents, les iris pétillantes, les joues rosies par la chaleur. Et puis, la lèche de Léo sur son nez l'oblige à froncer son joli minois. « Erk ! » lâche-t-elle en s'essuyant le nez du revers de la main avant de rire doucement, sa tête se secouant de gauche à droite. Elle sautille dans tous les sens et Théia, ça la fait sourire encore et encore. Elle est drôle Léopoldine, drôle et attachante. Comment a-t-elle réussi à l'écarter de sa vie pendant si longtemps ? « Et bien... Je bosse dans le cinéma maintenant, aux cotés de vrais acteurs. Je sais, trop la classe et non, j'ai jamais vu Ryan Reynolds encore. Et puis, j'ai rencontré un mec. » Elle lève les yeux vers Léo, un peu curieuse de voir sa réaction même si il serait totalement légitime qu'elle n'en aie pas. Et pourtant, Théia n'a pas pu s'empêcher de mettre ça sur le tapis, comme pour un peu la provoquer. Gentiment, sans arrière pensée réelle, juste pour voir. « Et toi, Madame la Mannequin ? »