Fromage et patates \ L,C&F

Je m’étais repris en proposant de cuisiner tous ensemble, et l’idée semblait plaire aux deux filles. Enfin, surtout pour la partie cuisine. La partie alcool, elle, sembla poser un léger souci à Fleur. « On diluera tes shooters avec de l’eau, à toi. » Je rigolai. « Et puis de toute façon perso’ j’adooore quand t’as un verre de trop dans le nez alors au pire, plus la soirée va avancer, moins j’diluerai. T’y verras que du feu. » Ou elle verra double, au choix, rendu là tout serait possible. Lily-Anaëlle, elle, approuva mes propos en disant que l’ivresse ferait peut-être d’elle une meilleure cuisinière. « Il faudra le voir pour le croire ! » Lançais-je comme pour les encourager davantage à accepter l’idée même si, au fond, elles étaient déjà vendues et je le savais. Quitte à épargner un peu Fleur sur l’alcool, et je dis bien un peu. Je demandai finalement la question qui me brûlait les lèvres, à savoir si Lily et Nelligan avaient fait des bébés durant leur voyage de noces. J’aurais pu le dire d’une manière bien plus crue que ça et pourtant, toutes les deux semblaient déjà offusquées. « Ben quoi ? » Demandais-je innocemment, avant de sourire quand la brunette ne nia pas la chose tout en parlant de priorités. « C’est quoi la priorité ? » De la façon qu’elle le disait, il y en avait une autre, priorité, et j’étais bien curieux de savoir. Voulaient-ils déménager ailleurs ? Voulaient-ils voyager un peu encore avant de fonder une famille ? Voulaient-ils amasser un peu plus d’argent ? Quand j’eus finalement toutes les réponses que je désirais concernant son mariage, on se tourna plutôt vers Fleur, d’abord pour parler de sa nourriture. Lily-Anaëlle me demanda alors qui de Perry ou moi cuisinais à la colocation. J’arquai un sourcil en la regardant. « Tu poses vraiment la question ? » Dis-je en rigolant. Perry devant les fourneaux relevait du miracle. Bref, on se tourna de nouveau vers Fleur pour parler cette fois de sa vie amoureuse, question de pimenter un peu la conversation. Lily-Anaëlle ne tarda pas à rentrer dans le vif du sujet. Je fronçai légèrement les sourcils en l’écoutant parler. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Qui la fuyait, ma belle Fleur, que j’aille lui faire un tire-slip ?

Fleur avait réagit en même temps que toi pour la question de Concho, à l'unisson, vous aviez prononcé son prénom avant de sourire doucement par cette connexion. Il avait pris un air faussement outré, ce qui t'avait fait sourire de plus belle. Tu n'avais pas relevé, il n'y avait rien à ajouter. Tu connaissais Concho, tu savais comment il était et tu savais que tu y aurait eu le droit. A tel point que tu aurais pu mettre ta main à couper sans la moindre crainte. « La priorité c'est de retrouver une stabilité, ma boutique est encore en travaux et lui va repartir en études. » En soi, ce n'était pas une vraie priorité, peut-être un prétexte pour ne pas vous précipiter dans la vie de famille. Pas parce que ce serait une erreur, loin de là, mais pour prendre le temps de profiter l'un de l'autre, pour prendre le temps de vous retrouver. Vous étiez mariés depuis peu après tout, il y avait eu la lune de miel et maintenant le retour à la réalité. Tu voulais juste prendre le temps de profiter pleinement. « Oh non, Fleur.. » Une petite moue se dessinait sur ton visage, effaçant rapidement ton sourire. Tu n'aimais pas l'entendre parler ainsi. « Quel homme oserait te fuir ? » demandais-tu juste après la question de Concho. Tu avais l'impression de faire un bond en arrière dans ta vie à toi, lorsque tu connaissais les mêmes epreuves. Avec Sloàn, avec Nelligan, avec Milo. Mais ce n'était pas toi là, c'était Fleur. Et Fleur était si parfaite, que tu ne comprenais pas ce qui pouvait clocher avec elle. A moins qu'elle ne tombe que sur des cons incapables de s'attacher. Si seulement tu savais à qui elle faisait référence.

J’hochai la tête. « Tu prévois la réouverture pour quand ? » Pas que j’attendais avec impatience le retour de la librairie, parce que je détestais lire, mais pour Lily-Anaëlle c’était tout de même son gagne-pain alors rien que pour ça, je lui souhaitais que tout soit remis en place bien rapidement. J’avais eu la chance que Head Ahead soit remis sur pieds assez vite, grâce à l’aide d’Ally même si je n’avais pas rendu justice à son aide. La librairie de Lily-Anaëlle n’avait pas eu cette chanson, suite au séisme. Nous nous intéressâmes finalement à la situation amoureuse de Fleur, parce qu’à côté de la mienne qui était désastreuse et celle de la nouvelle mariée qui était parfaite, il y avait aussi Fleur qui n’en parlait que très rarement. Sa réponse m’attrista, parce qu’elle méritait tellement de vivre une histoire aussi belle qu’un conte de fées, elle aussi. Surtout qu’elle n’attendait que ça, Fleur. La romance, l’amour avec un grand A, la vie routinière mais confortable. Elle parla de Léo, que je connaissais un peu déjà puisque nous étions très rapprochés en âge et que nous avions quelques amis en commun depuis le lycée. Et évidemment parce qu’il était l’ex de Fleur et que c’était réellement à ce moment-là que j’avais mis un nom sur son visage croisé si souvent au détour d’un couloir, même si leur idylle s’était passée ailleurs qu’à Bowen. « Je suis vraiment désolé, Fleur … » Le temps avait passé depuis, et lui avait continué sa vie. C’était triste que Fleur n’ait pas avancé autant, mais là-dessus, je la comprenais parfaitement. J’avais ressenti la même chose en revoyant Hanna, qui était mariée. « … Par contre, j’t’autorise pas à dire que t’es minable. On s’en fait tous, des films, quand on s’attend à quelque chose … on veut tous voir ce qu’on veut voir, t’as rien à te reprocher. Écoute, le nombre de films que Lily s’est faite avec ses exs ne se comptent même plus sur les doigts de mes deux mains … » Je me tournai vers Lily-Anaëlle pour voir si je l’offusquais. « Ben quoi ? T’es mariée, maintenant, on peut bien en dire ce qu’on veut ! » Je souris. J’allais toujours un peu trop loin.

« Léo ? » demandais-tu alors un peu surprise. Peut-être que tu avais mal entendu, ou peut-être que ce n'était pas le Léo auquel tu pensais. Tu devais admettre que ça te rendait un peu confuse. Tu connaissais Léo, depuis ta plus tendre enfance, c'était peut-être ça d'ailleurs le problème parce que tu avais un peu tendance à l'idéaliser. A te dire que c'était un parfait gentleman et que jamais il ne pourrait détruire le coeur d'une jeune femme. Et pourtant, de ce que tu entendais, il avait joué avec celui de Fleur. Ce que tu ne comprenais pas non plus c'est que la dernière fois que tu lui avais parlé, il était plus ou moins de retour avec Andréa. A quel point l'avais-tu perdu de vue ? C'était ce que tu voulais bien savoir. « Je suis désolée pour toi Fleur ! » Tu te sentais d'autant plus coupable que toi tu savais pour Johnathan, et pour Andréa. Et d'ailleurs il n'y avait pas qu'Andréa parce que lors de ton anniversaire l'an passé, il s'était passé quelque chose avec la fille du révérant, Grace. Ton ami n'était-il pas aussi parfait qu'il te laissait le croire ? Ou peut-être que c'était toi qui l'idéalisait trop. Tu laissais Concho commencer à parler, lui lançant un regard amusé lorsqu'il se mit à te prendre en exemple. Tu ne comptais plus le nombre de films que tu t'étais fait rien que pour Nelligan. Autant faire l'impasse sur ceux que tu avais eu sur tous tes autres prétendants. « Tu sais, je crois que me prendre en exemple, ne soit pas la meilleure des idées, mais tu as raison sur un point, tu es tout sauf minable ma chère Fleur. » Un sourire se dessinait sur ton visage à l'attention de ton amie. Tu étais trop longtemps passée par ses étapes là pour savoir ce que ça faisait et pour la laisser faire la même erreur. « C'est l'amour qui nous fait perdre la tête, le coeur qui s'emballe trop et on est incapable de réfléchir comme il faut. » Tu avais été prête à te marier par amour et surtout par aveuglement. Tu pensais aider quelqu'un pour de bonnes raisons alors que tu avais juste cherché à faire en sorte qu'un homme vive avec toi et qu'il finisse par t'aimer. Le summum du pathétique.

En racontant son désarroi amoureux, Fleur se sentait minable. Léo lui avait brisé le cœur, mais il n’était qu’un parmi tant d’autre. Les échecs s’en suivaient, et elle était toujours seule. Dire qu’à vingt-cinq ans, elle était encore vierge ! Elle en aurait pleuré là, devant son assiette vide.

Heureusement les mots apaisés de Lily et Concho la réconfortait. Il est vrai qu’après toutes ses années, Lily avait fini par trouver sa moitié. A présent elle était heureuse avec son époux, elle semblait plus que comblée. C’est ça, le rêve de toute femme. Tomber sur le bon.

- Oh vous êtes de vrais amis ! finit-elle par dire, émue, le visage cachée par ses propres mains.

Elle vint auprès de Concho et l’enlaça amicalement. Puis elle vint près de Lily, qu’elle étreignit aussi.

J’esquissai un sourire quand Lily-Anaëlle me dit que la prendre en exemple n’était sans doute pas la meilleure des idées. À mes yeux, si. Après tout, malgré tous ces films justement, elle s’en était plutôt bien sortie. Plus que plutôt bien, d’ailleurs. Elle était heureuse, là, aux anges, finalement ! Elle était la preuve vivante que les rêves pouvaient devenir réalité, que ça valait parfois la peine de s’accrocher. Certes, dans le cas de Léo et de Fleur, sans doute fallait-il laisser aller, mais Lily aussi avait laissé aller des hommes pour mieux en trouver d’autres. Pour retrouver Nelligan. Fleur aussi trouverait l’homme pour elle, qu’elle l’ait déjà rencontré ou non. À chacun son histoire. Quand la nouvelle mariée parla d’amour, je ne pus qu’hocher la tête. « Exactement … En amour, on se fait tous prendre au piège. » Moi y compris, la preuve : ma relation avec Ally était en chute libre et c’était arrivé sans prévenir. Fleur se leva alors, après nous avoir qualifiés de vrais amis, et m’étreignit avant de passer à Lily-Anaëlle. Je souris. « On sera toujours là pour toi, Fleur. Et si tu veux que j’aille foutre une raclée à ce Léo, je le ferai volontiers ! » J’attendais déjà la désapprobation de Lily-Anaëlle, elle qui en plus d’être pacifiste, était son amie. « Mais assez parlé de trucs tristes, là ! Ça va finir par me couper l’appétit et bien franchement, y’a trop de bonnes choses à manger pour que je laisse ça se produire ! » Et puis, nous n’aurions qu’à nous apitoyer sur nos sorts plus tard dans la soirée, quand nous aurions bu assez d’alcool pour pleurer toutes les larmes de nos corps en disant des balivernes sur tout le monde qui nous entourait. J’attaquai donc tous les aliments rassemblés dans mon assiette, sans plus tarder.

Fleur s'était levé de table pour venir enlacer Concho, juste après, elle s'approchait de toi en vous remerciant tous les deux. Tu étais heureuse d'être là et de pouvoir lui remonter un peu le moral. « On sera toujours là pour toi Fleur ! » Tu la serrais fort contre toi, avec un grand sourire. Tu ne sais pas où tu en serais dans ta vie actuellement si tu n'avais pas tes amis. Ils étaient d'un soutien immense et ils avaient toujours su te faire remonter la pente. Aujourd'hui, si tu avais trouvé le bonheur, c'était en partie leur victoire aussi. « Et je suis anti-violence, on ne casse la gueule de personne, pas tant que je serais de ce monde ! » Tu prenais un air un peu sévère en regard ton ami, levant le doigt en l'air, comme pour le menacer. Même si tu ne serais pas capable de faire mal à une mouche. Et encore moins à Concho, il faisait deux fois ta taille et ton poids, tu n'avais aucune chance de lui faire la moindre égratignure. Tu le laissais s'exclamer qu'il y avait trop de bonne chose à manger pour qu'on lui coupe l'appétit. C'était bien vrai, d'ailleurs, tu terminais ta pomme de terre avant de le regarder à nouveau. « Maintenant, à ton tour Concho, que se passe-t-il dans la vie de notre irlandais favori ? » A lui de passer à la casserole. On avait parlé de ton voyage de noces, de la peine de coeur de Fleur, maintenant Concho devait déballer quelque chose. Tu savais qu'avec Ally, ce n'était pas rose, elle n'était toujours pas revenue et tu n'avais pas plus de nouvelles que lui pour ça. Ce qui t'inquiétais un peu mais autant mettre le sujet sur le tapis.

Pacifiste convaincue, Fleur approuva la réaction de Lily. Ce n'est pas parce que Léo lui avait fait du mal, qu'il fallait lui faire du mal à son tour. Oeil pour oeil, dent pour dent. Non ça, ça ne lui ressemblait pas. Néanmoins Fleur ne put s'empêcher de rire très franchement à cette idée.

- Non, mais c'est gentil mon Concho!

Elle le voyait, attraper Léo et n'en faire qu'une bouchée. Concho c'était un sacré gaillard, le genre de type qu'on n'aimerait pas s'y frotter pour rien au monde. Quand il montrait ce côté protecteur, cela lui faisait énormément plaisir. Lily et Concho démontraient leur amitié à chacun de leur façon, de manière formidable.

Au moins sa peine sur le coeur était dite, ils pouvaient passer à autre chose. D'ailleurs, ils n'avaient pas encore parler de Concho. N'ayant plus faim, Fleur se posa sur le fond de sa chaise, attentive. Elle se demandait bien elle aussi ce qu'il se passait de nouveau dans sa vie.

En vérité, j’étais moi-même bien loin d’en venir aux poings souvent. Certes, si on faisait bien du mal à mes proches, j’allais sans doute montrer une facette de ma personnalité qu’on ne me connaissait pas vraiment, mais ce n’était pas dans mes habitudes de tenir de tels propos. Je n’étais pas quelqu’un de violent, et autant Lily-Anaëlle que Fleur devaient le savoir, puisque malgré leur désapprobation, elles rirent quand même de la proposition. Prenant le tout à la légère. « Par on t’entends que nous, j’espère ? Non parce que si tu parles du monde entier, t’as du boulot, ma belle Lily ! » Je ris, même si ce n’était pas drôle. Si nous trois étions des personnes bien douces et pacifistes, ce n’était pas pareil pour tout le monde. Lily-Anaëlle continuerait de se retourner dans sa tombe bien longtemps, aussi. Bref, je proposai d’attaquer la nourriture, moi qui mangeais bien lentement depuis le début, trop attentif aux conversations. Lily-Anaëlle décida alors que ce serait à mon tour de parler de ma vie personnelle, et sentimentale surtout, j’imagine. Après tout, c’était la seule sphère réellement mouvementée, pour le moment – surtout maintenant que mon centre était complètement reconstruit et que j’avais repris le boulot. Je soupirai, terminant ma bouche avant de m’essuyer la bouche et de regarder mes deux amies, qui attendaient mes confidences. « Ben … Ally ne m’a toujours pas donné de nouvelles. J’crois bien que je regarde mon téléphone à toutes les dix minutes de peur de manquer son appel … Mais j’commence à me dire qu’il ne viendra jamais, cet appel. Qu’elle ne reviendra pas. » Je bus une gorgée de mon vin. « Qui fait ça, hein ? Partir sans dire un mot, et ne jamais donner de nouvelles ? Est-ce qu’elle était aussi mal que ça ? » Demandais-je, regardant surtout Lily-Anaëlle puisque c’était elle qui la connaissait davantage. Puis je regardai Fleur, aussi, parce qu’un point de vue extérieur serait le bienvenu.

Tu restais perplexe face à sa question. Il semblait plus évident de répondre oui, contrôler trois personnes, c'était faisable, alors que le monde entier, en sachant que tu étais effrayée à l'idée de quitter la ville, ça allait être difficile. Tu te contentais de sourire en hochant la tête. Le débat n'en étant plus là puisque vous aviez dérivé sur le vie de Concho. Un sujet à éviter, et pourtant, tu avais lancé le sujet. « Honnêtement, je ne sais pas et tout ce que je peux te dire, c'est que je suis désolée pour toi Concho ! » Tu posais ta main sur son épaule, avant de t'approcher de lui pour le prendre dans tes bras. Tu n'aimais pas le voir triste, tu n'aimais pas ressentir son malheur mais il n'y avait rien que tu ne puisses faire pour l'aider à surmonter tout ça. Tu pourrais partir pour aller retrouver Ally, mais si tu revenais bredouille, tu serais peut-être plus anéantie que lui par toute cette histoire. Parce qu'Ally était aussi une de tes plus grandes amis et tu avais l'impression de la perdre à tout jamais, toi aussi. « Et si on s'essayait aux devinettes ? » proposais-tu pour essayer de détendre l'atmosphère même si ça semblait assez mal engagé. Pourquoi fallait-il que tu sois aussi sotte parfois !

Concho aborda le sujet délicat. Ally. Ally, qui, ne lui avait toujours pas donné de nouvelles. Fleur grimaça. Quelle sensation horrible, de se sentir abandonné(e), sans raison, sans explication. Rien que l’expression de son visage hurlait qu’elle se sentait mal pour lui.

- Je n'arrive pas à comprendre, comment peut-on faire ça?! s’exclama Fleur, scandalisée.

Elle qui avait tellement peur d'être abandonnée, elle ne cautionnait pas ce genre de réaction. Quitter une personne ne devrait pas être permis, du moins pas de cette façon. Elle ne connaissait pas du tout Ally, du moins, elle la connaissait qu’à travers les dires de Concho. A l’unisson, ils se retournèrent vers Lily-Anaëlle afin de savoir si, elle pensait qu’elle était si « mal » que ça. Ce qu’elle ne savait pas.

Sans doute pour détendre l’atmosphère un peu accablante, Lily proposa un jeu de devinettes. Et une idée traversa l'esprit de Fleur.

- Elle ne serait pas enceinte?

Voilà une devinette, qui n’était peut-être pas ce qu’envisageait Lily. Mais la question était à se poser tout de même. Ce serait une réponse plausible au silence radio d’Ally.

Je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais en posant cette question à mes deux amies, en fait. Comment pourraient-elles savoir ? Elles-mêmes n’imaginaient sans doute pas pouvoir faire une telle chose un jour, sans doute ne comprenaient-elles pas non plus, mais voilà, Ally l’avait fait. Ça ne servait probablement à rien de poser des questions sans réponse, mais ça me faisait du bien de parler à voix haute de mon ressentiment. Lily posa sa main sur mon épaule avant de me prendre dans ses bras, contact que j’accueillis à bras ouverts – et c’était le cas de le dire. Fleur semblait tout aussi scandalisée que moi du départ imprévu de mon ex petite amie – enfin, ce n’était pas encore certain, mais je m’habituais de plus en plus à penser à elle ainsi. Ce serait moins difficile par après. « J’aimerais bien le savoir aussi … » Répondis-je à mon amie. Finalement, après que Lily-Anaëlle soit retournée s’asseoir, elle proposa de s’essayer aux devinettes. Je la regardai avec une certaine surprise, ne sachant pas trop si elle parlait du jeu des devinettes en général ou bien de deviner les motifs de la fuite d’Ally. En entendant la proposition de Fleur, la deuxième théorie fut confirmée. « Enceinte !? » Je n’avais jamais songé à cette possibilité, et rien que d’y penser j’étais tout à l’envers. « Mais ce serait mon enfant à moi aussi, de quel droit elle partirait comme ça sans m’le dire ? » Je savais bien que ce n’était qu’une hypothèse dans ce jeu de devinettes un peu maladroit, mais je m’emportais déjà face à cette possible vérité. « J’ai peut-être fait un truc de mal sans m’en rendre compte, aussi … Après tout, elle a travaillé si fort pour reconstruire mon centre après le séisme et j’ai pas été aussi enjoué qu’elle l’aurait voulu, je crois. Mais c’est pas une raison pour partir à l’autre bout du monde … » Mais peut-être que pour elle, si.

Tu te sentais un peu mal parce que tu avais vraiment eu l'impression de plomber l'ambiance avec la question posée à Concho. Comme si la situation avait dérapé. Tu n'avais pas de réelle explication à tout ce qui s'était passé entre eux et tu ne savais pas ce que tu pouvais faire pour changer tout ça. En tout cas, tu ne pouvais pas faire grand chose si ce n'est lui remonter le moral. Ce que tu avais essayé de faire en proposant de faire un petit jeu mais a priori, Fleur ne semblait pas l'avoir pris de cette façon là. « Je pensais à des devinettes plus drôles.. » Tu te pinçais les lèvres en les écoutant parler de la possibilité de la grossesse d'Ally. Ce qui te semblait vraiment fou. Tu ne l'imaginais vraiment pas fuir le pays et cacher la possibilité de fonder une famille à un homme qu'elle aimait sincèrement. Peut-être que cet amour n'était plus assez fort, mais tu ne mettrais jamais en doute la force de ses sentiments, tu avais assez parlé à Ally pour savoir ce qu'elle éprouvait. « Je ne crois pas que ce soit le cas ! » Tu n'en savais rien et pour être honnête, peut-être que tu aurais dû t'abstenir d'ajouter cela mais tu n'avais pas su retenir les mots. Ils étaient sortis de ta bouche et tu plaquais ta main dessus rapidement. Un petit sourire sur le visage, tu avais l'impression d'être une enfant qui fait une bêtise mais ce n'était pas vraiment le cas. Tu étais juste une adulte qui laissait exprimer son cœur. Et avec tout ça, tu ne savais plus comment changer le cours de chose, tu aurais aimé revenir en arrière lorsque vous parliez de Notorious Concho, c'était quand même bien plus plaisant.