we shouldn't have to negotiate (andreas)

Ça avait tout pris à Lennox de demander à Andreas de prendre le contrôle, cette fois, parce que ce sujet l’intimidait, parce que cet acte était encore bien nouveau pour lui. Il ne savait pas comment s’y prendre, il ne savait pas comment en parler, et leur première fois des plus ratées n’aidait aucunement à mettre le notaire à l’aise. Il voulait à tout prix éviter de répéter les mêmes erreurs, parce que cette fois Lennox avait bien envie qu’ils puissent se faire l’amour avec douceur et amour et, surtout, que ça se termine dans les bras l’un de l’autre et non pas enfermés chacun de leur côté d’une porte. Il voulait bien faire et, pour cela, Lennox croyait dur comme fer qu’il devait se laisser prendre par Andreas. De cette façon-là, aucun risque qu’il foute quoi que ce soit en l’air, ou du moins pas d’une façon blessante. Pourtant, cette demande ne fut pas aussi facile à faire passer puisque son petit ami, toujours bien à l’écoute de Lennox et plein de compréhension, s’étonna de ce désir jusqu’à maintenant inavoué. Lennox baissa doucement les yeux. « Je veux essayer, oui … » Un jour ou l’autre, il le faudrait bien. Et comme il était encore inconcevable, à ses yeux, de pouvoir ressentir un réel plaisir en étant dans la position occupée par Andreas jusqu’à maintenant, Lennox se disait que ce serait égoïste de garder toute la jouissance pour lui. Il ignorait qu’il était également possible de prendre son pied en étant dominé. Le norvégien le regarda intensément, comme s’il voulait lire dans son âme plutôt que dans ses yeux, et caressa doucement sa joue. Ce temps d’attente mettait Lennox mal à l’aise et, surtout, risquait de le faire reculer. « C’est pas que j’en ai pas envie … C’est juste que … Que je connais pas … » Avoua-t-il. Andreas disait qu’il ne le forcerait jamais à avoir ce rôle, mais sans doute se lasserait-il, à la longue, que son petit ami n’ose pas davantage se laisser aller à la découverte de leur homosexualité, ou un truc dans le genre. Pour Lennox, c’était comme ça que ça fonctionnait, entre deux hommes, et il avait du mal à croire qu’Andreas puisse se satisfaire éternellement d’un seul des deux rôles, et surtout de celui-là. Bref, malgré leur conversation plus sérieuse concernant cet important choix, Andreas ne cessa pas de faire monter l’envie entre les deux, et s’occupa de retirer le chandail du notaire afin d’embrasser son cou, puis son épaule. « T’es … t’es sûr que ça te dérangerait pas d’attendre ? » Ses paroles le rassuraient, comme toujours. Andreas savait comment s’y prendre avec lui, comme s’il avait miraculeusement eu accès au manuel du fonctionnement de Lennox. Lui-même avait tellement longtemps cherché à se comprendre. En continuant d’embrasser Andreas, lui retirant lui aussi quelques morceaux de vêtements de temps en temps, il s’arrêta un moment pour planter son regard dans le sien et lui demander, avec hésitation : « Qu’est-ce que ça fait ? J’veux dire … est-ce que ça fait mal ? » Demanda-t-il, se disant que s’il pouvait d’abord se l’imaginer, peut-être serait-il éventuellement plus réceptif, moins réticent.

Lennox ferma doucement les yeux lorsque les lèvres d’Andreas se posèrent sur le coin des siennes. Son cœur s’était serré alors qu’il s’était dégonflé, comme un lâche, comme un faible, mais d’entendre les mots de son amoureux le rassurait. Il tenta alors de dissiper sa honte et sa déception face à lui-même, dans le but de ne pas gâcher le moment qu’ils s’apprêteraient à vivre, d’une autre façon que le plan initial que Lennox avait en tête. Et sans doute était-ce mieux ainsi, puisque ce plan n’était pas réfléchi. Il se serait lancé aveuglément dans le vide, vers l’inconnu, et c’aurait pu tout aussi mal finir que la première fois qu’ils avaient fait l’amour. Quand leurs yeux se croisèrent de nouveau alors qu’Andreas expliquait que ça ne servait à rien de se forcer, qu’il pouvait attendre toute la vie, Lennox sourit doucement. « J’ai envie qu’on soit bien aussi. » Il aurait bien ajouté qu’il ne le ferait pas attendre pour l’éternité non plus, mais il attendrait de voir comment il se sentait avant de faire de telles promesses. Avec Andreas, Lennox ne voulait pas faire de gaffe, il ne voulait pas trop en faire, ou ne pas en faire assez. Il voulait que ça fonctionne, cette fois, et avec lui dans l’équation ce n’était pas gagné d’avance. Afin de se faire une certaine idée de ce que pourrait être l’acte dans le rôle inversé, le notaire questionna son petit ami, qui lui répondit en toute sincérité. Lennox l’écoutait attentivement, comme si son imagination pourrait se transformer en expérience, même s’il savait bien qu’il ne comprendrait jamais le feeling avant de le vivre réellement. « Alors j’ai de la chance … » Avait commencé Lennox après qu’Andreas ait parlé. « J’ai de la chance parce que j’ai un partenaire doux … et qui sait prendre soin de moi mieux que quiconque … » Compléta-t-il, se perdant dans le regard du norvégien tout en caressant doucement sa joue. L’ambulancier décida alors de ne plus s’étaler sur le sujet, pour que Lennox ne se prenne plus la tête avec ça. Il hocha la tête, il se détendrait volontiers. Après la soirée qu’ils venaient de passer, ils méritaient tous les deux de ne plus s’en faire, surtout pas pour une position dans un lit. Ainsi, quand Andreas laissa sa main glisser le long du corps de Lennox, ce dernier tressaillit mais de plaisir. Il approcha le visage de son amoureux vers le sien et l’embrassa avec tendresse, laissant son sexe s’exciter entre les mains de son homme. À son tour, il laissa sa main tracer son chemin sur les muscles de l’homme, s’attardant sur chaque relief de ses abdominaux avant de détacher son pantalon. Bientôt, ils se retrouvèrent tous les deux nus, l’un contre l’autre, s’aimant avec à la fois douceur et passion. Cette fois, quand Lennox pénétra Andreas, ce fut en le regardant dans les yeux, son visage tout près du sien, ses mouvements d’abord lents, ses mains caressant sa peau. Parfois, un je t’aime se disait mieux par les actes que par les mots.

Après des caresses curieuses, des baisers volés au passage, des coups de bassin et des gémissements traduisant tout le bonheur, le plaisir et l’amour qui ressortaient de cet acte, Lennox et Andreas se retrouvèrent allongés l’un à côté de l’autre. Cette fois, ni l’un ni l’autre ne fut laissé en reste. Ils s’étaient aimés de la plus belle manière possible, sans faux-pas et sans tracas. Lennox était encore surpris que son amant ait pu atteindre l’orgasme d’une telle façon, et ça le rendait encore plus intrigué par l’inversion des rôles, mais il resta dans l’idée qu’il valait mieux attendre. Leur conversation avait fait son bout de chemin dans sa tête, et si Andreas était prêt à l’attendre comme il le lui avait dit, alors le trentenaire prendrait le temps de s’accepter d’abord en totalité, dans le seul but de mieux vivre tout ce qui venait avec. Le notaire se blottit dans les bras du norvégien alors que leurs corps commençaient peu à peu à reprendre une allure normale – leurs souffles se faisaient moins courts, leurs cœurs battaient moins rapidement, leur température corporelle descendait légèrement. La tête d’Andreas se posa sur son torse et il déposa un baiser timide sur ses cheveux, passant son bras autour de lui pour venir caresser le sien. Le trentenaire ferma les yeux alors qu’il profitait du silence et de leur proximité. C’était un moment serein, tranquille, doux. Rien à voir avec la suite de leur première fois. « On est génial, ensemble … » Rectifia Lennox, avec un mince sourire aux lèvres. Il était vrai qu’avec le temps, le notaire prenait conscience du duo qu’ils formaient, de la simplicité de leur relation malgré les embûches. C’était lui qui leur mettait des freins, mais s’il levait un peu le pied et décidait de le passer vers l’accélérateur, tout irait bien. Parce qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, au fond. Il n’avait pas à avoir peur, du moins pas d’Andreas, pas d’eux deux. Andreas lui demanda alors de considérer cette soirée comme leur véritable première fois. Lennox écarta légèrement la tête afin de pouvoir le regarder dans les yeux. « J’aimerais mieux aussi … » Il se sentait encore tellement coupable de la façon dont leur première fois s’était déroulée. S’ils pouvaient tous les deux remplacer ce mauvais souvenir par l’agréable moment qu’ils venaient tous les deux de passer, ils étaient gagnants. « Je suis vraiment bien avec toi, Andy. Je veux que ça fonctionne. Je veux qu’on fonctionne. Et cette soirée ne fait que prouver que c’est loin d’être impossible. » Lennox se baissa tout légèrement dans le lit, question d’être à la hauteur de son amoureux, et déposa un baiser sur ses lèvres. Parce qu’il n’en aurait jamais assez. Un je t’aime faillit s’échapper d’entre ses lèvres, mais sans savoir pourquoi exactement, il se retint de le faire. Pourtant, il le ressentait, à cent milles à l’heure, et il savait qu’Andreas le ressentait tout autant.