Soirée entre amis ft. Aiden & Reda

Je garde mon meilleur ami contre moi. Je n’ai aucune envie que cet instant s’arrête mais je me dois de le relâcher avant que cela ne devienne bizarre pour lui. Son parfum a envahi mes narines et me fait sourire niaisement. Je ne peux pas plus être heureux qu’au moment où l’on est l’un contre l’autre. Et c’est bien ça qui m’emmerde au fond de moi. Je me suis juré de ne plus avoir cette attache envers une autre personne. Mais Aiden a su briser ma carapace en acier trempé au fur et à mesure afin d’envahir mes pensées.

« Toujours quand t’es là ! »

Je lui fais un petit clin d’œil et le laisse entrer non sans le fixer de dos. Je referme la porte et fait un tour de clé. Je m’approche derrière lui en reboutonnant lentement un bouton.

« Excuse-moi, j’ai pas eu le temps de m’habiller plus vite. »

Je souris alors qu’il se retourne vers moi. Je me reprends à lui faire un grand sourire. Je m’énerve moi-même. Aiden me regarde d’une façon étrange dont je n’arrive pas à percevoir le fond de la pensée.

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

Je ris légèrement et viens me positionner à ses côtés sur le canapé, laissant une distance plus que raisonnable, ne cessant de me répéter qu’il est juste mon meilleur ami et rien de plus. Il me fait part de sa fatigue et je me sens gêné de l’avoir dérangé, il préférait peut-être rester chez lui pour se reposer.

« Oh désolé… Si je l’avais su, je ne t’aurais pas demandé de passer… »

Je me passe une main dans les cheveux nerveusement puis me relève d’un coup.

« Tu... tu veux quand même boire un verre ? Et tu y vas après si tu veux ? »

Je n’ai vraiment aucune envie qu’il s’en aille mais après je comprends qu’il soit fatigué de son travail. On peut dire que je ne me fatigue pas à la tâche en revanche. Je dois même passer pour un feignant à ses yeux.

Et voilà, ce qui devait arriver arriva. Je viens de passer pour un mec stupide devant lui.

« Non… non du tout. Tu es très mi.. bien, tu es bien. »

Je me racle la gorge et réponds à son sourire bref. Il s’approche lentement de moi l’air inquiet et dépose sa main sur mon épaule. L’autre se dépose sur mon front. Je frissonne. Je ferme les yeux quelques instants, imaginant malgré moi la sensation que pourrait avoir ses lèvres sur les miennes. Puis je secoue brièvement la tête, ouvre les yeux et saisis sa main sur mon front afin de la retirer tout en la gardant inconsciemment dans la mienne.

« Je suis un peu fatigué en ce moment, tout simplement Aiden… »

Je souris un peu et dépose sa main sur sa joue.

« Tu as un cil, fais un vœux… »

Je passe mon pouce sur cette douce joue et le regarde dans les yeux. Je souffle légèrement sur sa joue en approchant son visage afin d’éloigner le cil de sa peau.

Je sens mon visage s’approcher lentement du sien alors qu’il me murmure son vœu. Puis je me ravise, prenant conscience que ce n’était pas la meilleure solution pour notre amitié. Ses mots sont vrais et sincères. Je ne peux pas lui mentir. Enfin, je ne devrais pas. Et pourtant… « Evidemment que tu n’es pas le problème Aiden ! » Je ris légèrement et lui fais un petit sourire charmeur en coin. « Je sais pas, tout ce boulot pour essayer de trouver des acheteurs aux toiles de Jackson, ça me monte à la tête. » Je me passe une main dans les cheveux. « Je n’ai confiance en personne autant qu’à toi. Si l’un de nous deux était une fille, on se marierait ! » Je ris un peu en posant ma main sur son épaule. « Rassuré ? » Je lui souris pour lui montrer ma sincérité. Car au final, ce n’est pas vraiment un mensonge : s’il était une fille, je voudrais passer ma vie auprès de lui. « Je fais quoi pour me faire pardonner ? Je te mets le jacuzzi en route ? » Toujours souriant, je nous dirige vers la cuisine. « Après une grosse journée comme la tienne, qu’est-ce qui te ferait plaisir de boire, manger et faire ? » J’arque un sourcil à son intention, montrant que je veux rattraper le comportement que j’ai pu avoir précédemment.

« De quoi as-tu peur Aiden ? » Je lui explique calmement ce qui me stresse en oubliant plus ou moins les choses le concernant. Il semble rassuré et ça me soulage également qu’il ne cherche donc pas plus loin. Je lui dis que j’ai une confiance inconditionnelle pour lui. Il sourit vaguement quand je dis que s’il était une fille je l’épouserais immédiatement. Toutefois, il me répond qu’il est rassuré ce qui fait apparaître un large sourire sur mon visage. Je lui demande ce qu’il veut faire. Je me dis qu’un jacuzzi, bien que l’idée soit bonne en soit, réveillera mes pulsions face à un Aiden en caleçon. Cette image apparaît dans ma tête et me plaît assez, voilà pourquoi je suis rassuré qu’il ne le propose pas. Non, Aiden préfère un câlin, disant que les miens sont les meilleurs. Je souris et ouvre mes bras pour le coller à mon torse laissé nu en raison de l’ouverture de ma chemise. « Ce n’est pas mes câlins qui sont les meilleurs, mais la personne qui les reçoit.. » Je le garde contre moi, respirant lentement son odeur alors que mes mains parcours tendrement son corps. Je ne veux aucunement qu’on nous dérange à cet instant. Plus rien a d’importance, il n’y a que Aiden et moi contre le reste du monde. Lui et moi, ensemble, collés l’un à l’autre et pourtant l’envie de l’embrasser ne me laisse pas apprécier longtemps ce moment. Je me surprends à en déposer un au creux de son cou, tendrement, alors je m’arrête à celui-là. Juste un, c’est suffisant et moins bizarre que deux, trois, vingt, non ?

Son corps se blottit contre le mien et je ressens des papillons dans mon ventre. J’aurais beau dire tout ce que je voudrais, mon corps semble prouver le contraire, que mes sentiments vis à vis du petit Aiden ne sont pas qu’une simple amitié. Il se confie à moi sur le sentiment d’importance que je lui procure. Je ne peux que sourire à ses mots. « Tu l’es Aiden... pour moi.» Mes lèvres sont attirées par les siennes mais j’arrive à me contrôler pour déposer un baiser dans son cou. Mes mains continuent de parcourir ce corps que je désire au plus profond de moi. Je n’en ai pas le droit, je le sais pertinemment. Il est mon meilleur ami. Mais Aiden est tout pour moi, je ne peux pas contrôler mes sentiments à son égard. Et le voilà qui se retire de mon étreinte en croisant les bras. Je l’ai vexé. Je me détesté déjà de gâcher ce câlin aussi parfait, mes pulsions me font faire des conneries. « Dé-Désolé.. Ce sont tes bras qui m’ont emporté ailleurs ! » Je tente un petit rire pour montrer que la vérité est en fait un mensonge. Je le regarde fixer le sol et je m’approche lentement, glissant inconsciemment mon bras le long du sien. « T’as l’air songeur Aidenichou… Qu’est-ce qu’il t’arrive ? »

Un petit sourire apparaît sur le visage d’Aiden. Pas un de ces sourires qui montre l’amusement ou la compassion, non, celui d’une gêne certaine que je ne connais que trop sur le visage de mon meilleur ami. Il l’a fait en arrivant, il l’a refait tout à l’heure et maintenant il recommence. Et le pire, c’est que je sais que je le rends mal à l’aise. Je stoppe le mouvement de ma main, prenant conscience de comment je venais de l’appeler et surtout a réaction.

« Hmm.. désolé, c’est sorti tout seul... »

Je l’écoute d’une oreille attentive, bien qu’il semble paraître sur la défensive ce qui ne lui ressemble pas vraiment. Il m’exprime le fait qu’il est perdu et qu’il ne semble pas comprendre pourquoi je suis là. Mais en même temps ça lui fait plaisir. Son comportement est paradoxal tout comme ses propos. Je ne sais pas tellement comment je dois encaisser ses propos.

« Évidemment que je m’accroche, tu es tout ce que j’ai et tout ce que je veux avoir. Et à moi aussi ça me fait plaisir que tu sois là, tout près de moi… dans mes bras... »

Mes yeux observent les siens. Ils sont si beaux, si lumineux. Ma peau entre de nouveaux en contact avec la sienne. Ma main entrelace ses doigts lentement. Je le regarde de toute ma hauteur pour essayer de me montrer mon assurance face à la situation bien que ma main tremblante montre tout l’inverse.

« Ce que je veux, c’est qu’on passe des moments rien que nous deux comme d’habitude. Je ne suis jamais aussi bien que quand je suis avec toi... »

Je relâche lentement sa main et affiche un sourire en coin aussi assuré que pouvait l’être ceux d’Aiden. Je venais plus ou moins de lui faire une déclaration. Et le pire dans tout ça, c’est que je n’avais pas vraiment l’habitude d’exprimer mes sentiments. J’ai déjà eu des petites amies, mais Aiden n’est pas comme elles. Il mérite mes déclarations plus que quiconque.