call the police -r.

« Eibell, je suis tellement contente de te voir ! » Tu lui avais sauté au cou en la revoyant. Elle avait fait une apparition à ton mariage, disparaissant presque aussi vite. Tu en avais parlé avec Nelligan pendant votre voyage au Japon et ça vous avez pas mal secoué tous les deux. A votre retour, elle avait laissé un message pour que vous puissiez la joindre et tu lui avais immédiatement appelé pour lui donner rendez-vous. « On a tellement de chose à rattraper toi et moi. » Tu savais bien qu'il y aurait des sujets que vous ne pourriez pas aborder mais peut-être que tu pourrais en apprendre un peu plus sur sa longue absence dans vos vies. « On a qu'à s'installer ici et discuter un peu, en plus il fait si beau. » proposais-tu sans même attendre sa réponse et te posant sur la fontaine. Tu n'avais pas posé tes fesses ici depuis des mois. Tu le faisais avec Jade, tu le faisais avec Léo et même avec Concho alors quand tu étais seule, tu l'esquivais. Mais pas aujourd'hui, aujourd'hui tu voulais t'y asseoir, prendre goût à la vie, à la beauté de cette place. C'était peut-être idiot mais tu en avais besoin. « Alors, comm.. » Tu avais été coupé dans ta phrase par un "now" assez fort. Tu ne comprenais pas ce qu'il se passait autour de toi mais tu ne pouvais pas vraiment bouger puisque tu étais entourée de toute part. Et pas que toi, Sophia aussi, ainsi que la jeune femme à côté de vous. « Oh crap ! C'est quoi ça ? » demandais-tu alors que la musique résonnait assez  fortement maintenant sur la place de la ville. Un flashmob ? Sérieux ? Tu pensais que cette époque était révolue, que tout ça ne se faisait plus mais tu avais tort puisque tout le monde sur la place avait pris part à la chanson. Excepté qu'ils avaient tous une tenue assez étrange, comme si c'était des militants pour une cause et si tu écoutais les paroles de la chanson, tu aurais su que c'était le cas.

Un peu de calme et de repos devant un bon café, qu'est-ce que tu pouvais demander de plus ? Ta vie à Bowen avait repris son rythme bien que, tu restais méfiante vis à vis des gens. Tu avais l'impression que la plus part des habitants avaient envie de découvrir la réalité sur ta vie, trouver ton lourd secret. C'était d'ailleurs totalement stupide de penser ainsi, la plus part des gens n'avait que faire de tes soucis. Tu pris place à une table et t'installer confortablement sur ta chaise. Tu commande un grand café noir avec une légère dose de sucre. Le serveur hoche la tête et te sourit avant de partir pour préparer ta commande. Tu glisse tes lunettes de soleil sur ton nez et tu profite de l'air doux et du soleil. Une voix attire ton attention juste à côté de ta table. Tu tourne la tête et remarque des jeunes femmes qui prennent place sur la table d'à côté. Tu ne peux t'empêcher d'entendre leur conversation. Elles prennent place et tu sais qu'elles vont papoter mais, dans le fond, ça ne te dérange pas. Tu laissais un soupir s'échapper de tes lèvres et alors que tu allais sortir un livre de ton sac, tu sursauta en entendant une voix crier et qu'une musique se fit entendre. Tu te retourne sur ta chaise pour remarquer un flashmob ou une manifestation. Tu n'en avais aucune idée à vrai dire et tu ne comprenais pas trop ce qu'ils étaient entrain de faire. « Oh crap ! C'est quoi ça ? » Ton attention est attiré par une des jeunes femmes à la table et tu souris à sa question. "Je crois que c'est une manifestation..." Tu l'indique sans savoir si, tu pouvais répondre à sa question. Tu remarque alors que certaines personnes en terrasse s'éloignent rapidement comme-ci, ils avaient peur de quelque chose. Tu es loin d'imaginer que ta journée tranquille va vite se transformer.

Tu venais à peine de t'installer et tu n'avais même pas eu le temps de poser la première question, qu'une musique avait démarré, des dizaines de personnes dansant autour de vous. Tu ne comprenais pas tout ce qui se passait. La musique n'était pas vraiment entraînante. La jeune femme qui se trouvait juste à côté de vous t'indiquait qu'il devait s'agir d'une manifestation. Mais c'était impossible. En tout cas, dans ton esprit, ça semblait bien irréel. Eibell confirmait ce qu'elle disait. Et la panique commençait à te gagner. Les manifestations sont interdites à Bowen. C'était bien même la première fois que tu en voyais une. « Une manifestation ? Mais c'est interdit.. » ajoutais-tu doucement à l'attention des deux jeunes femmes. Qui s'en foutait ? Les militants. Ils avaient une cause à défendre et ils ne devaient pas avoir peur de faire un petit séjour au poste. En ce qui te concernait, tu voulais éviter de te faire embarquer et d'y passer ne serait-ce qu'une seconde. Tu n'allais pas finir en prison, tu allais juste passer quelques heures en cellule au poste, le temps que Nelligan arrive mais ça voulait dire que tu aurais sûrement une audience et une trace sur ton casier judiciaire. Toi qui n'avait jamais fait la moindre bêtise, ça te faisait tout étrange de penser à ça. « Damn it ! La police arrive je crois. Il faut qu'on s'échappe avant qu'ils n'arrivent ! » Tu jetais un regard à Eibell, ainsi qu'ç la jeune femme qui t'avait répondu. Eibell semblait distraite, ou tendue, comme sur la défensive. Avait-elle peur de quelque chose ? De quelqu'un ? Pas le temps de demander. Il fallait trouver une issue et ça semblait compromis.  

Toi qui pensais avoir un peu de calme en cette jolie journée ensoleillé c'était un peu loupé. Très rapidement alors que, tu avais commandé ton café une musique se fit entendre et tu compris rapidement que ça n'était pas un simple flashmob. Les deux jeunes femme assise à tes côtés semblait aussi surprise que toi et l'une d'elle demanda rapidement de quoi il s'agissait. Tu lui indiquais donc poliment que c'était une manifestation. La grande blonde qui avait pris place en face d'elle semblait partir dans ton sens. 'Je ne crois pas que nous allons pouvoir nous éclipser comme nous le voulons!' Tu hochais la tête en regardant les alentours. « Une manifestation ? Mais c'est interdit.. » Tu regardais la brune et tu haussais un sourcil, effectivement c'était un détail à prendre en compte. Tu n'avais pas tellement envie de finir au poste de police et de devoir appeler Marc-Aurèle pour qu'il demande à son meilleur ami juge de te sortir de prison. Tu continuais de regarder autour de toi essayant de voir par où tu allais pouvoir t'échapper de ce piège. « Damn it ! La police arrive je crois. Il faut qu'on s'échappe avant qu'ils n'arrivent ! » Tu remarquais les policiers qui commençaient à descendre du fourgon et tu te levais d'un bon en attrapant ton sac à main. Il fallait réagir vite et vous n'aviez pas tellement le temps de réfléchir à une issu. "Peut-être que nous pourrions longer le bâtiment ? A moins qu'il y est une porte de sortie arrière mais, j'ai peur que ça soit suspect si on agit ainsi...En tout cas mesdames, je pense qu'il est temps de s'éclipser si, nous ne voulons pas finir en cellule pour la journée !" Tu souris en remettant ton sac à main sur ton épaule.

Pas vraiment le choix. Elle avait raison. Il ne fallait pas rester là. Tu te voyais mal appeler ton mari pour lui demander de venir de faire sortir de prison. Ce serait drôle néanmoins parce que tu n'avais jamais fait de choses aussi folle que passer quelques heures dans une cellule. Et pourtant, tu n'avais pas vraiment envie d'en faire l'expérience. « Je te suis ! » Sans plus attendre, tu la regardes se glisser dans la foule. Tu veux jeter un coup d'oeil à la femme qui se trouve avec vous mais elle n'est plus là. Impossible de savoir où elle était passée et même si tu le voulais, tu n'avais vraiment pas le temps de la chercher. Tu te glisses toi aussi dans la foule, essayant de rattraper au plus vite ton amie. Mais c'était sans compter sur ta maladresse légendaire. « Crotte ! » Tu poussais un cri assez léger, en tombant au sol. Tu ne savais pas comment, ni pourquoi, mais tu venais de te rétamer au sol. Et c'était douloureux, tu étais tombée la tête en avant et quelqu'un venait de te marcher dessus. Tu avais l'impression de revivre le séisme, de subir la foule en panique. Tu as l'impression que tu vas suffoquer, ne plus avoir assez d'air pour respirer et te reprendre en main. Mais Eibell est là, en une fraction de seconde, elle te protège du monde au-dessus de toi. Elle te tend la main pour te relever et tu en es incapable. « Je crois que je me suis foulée la cheville. » Tu esquissais une grimace en touchant ta cheville. Ça allait être vraiment compliqué toute cette affaire. Et tu ne voyais pas d'issue possible.

Tu avais chuté au sol, te faisant marcher dessus et c'était vraiment flippant. L'impression d'être écrasée. Elle s'était vite dissipée parce que tu avais une super amie pour te servir de bouclier et surtout pour te relever. Elle te demandait si tu étais correcte et tu hochais doucement la tête. Elle te proposait une nouvelle idée puisque tu ne pouvais pas marcher plus longtemps. « Je crois que je le peux. » Elle t'aidait à te redresser et tu te laissais faire. A cloche pied, tu titubais doucement en la tenant de toute tes forces à elle. Vous faisiez quelques mètres, jusqu'à ce qu'un inconnu la bouscule. Elle n'était pas tombée, mais toi, tu avais été obligé de reposer ton pied au sol et d’aggraver la situation. Elle te regardait une nouvelle fois pour te demander si ça allait toujours, mais ce n'était plus le cas. Tu n'avais qu'une envie, t'asseoir et te rouler en boule dans un coin, le temps que tout ça passe. « J'ai vraiment mal. Je ne crois pas pouvoir continuer d'avantage. » Tu soupirais, tu avais l'impression d'être une pauvre chose fragile et c'était sûrement le cas. Tu lui jetais un nouveau regard. Les premières arrestations avaient déjà commencés et bientôt, ce serait votre tour. Mais tu ne pouvait pas laisser ça arriver. Pas à elle, en tout cas. « Si tu le peux encore, pars Eibell, ne reste pas là ! » Tu pouvais encore survivre à une nuit en cellule, tu avais un casier vierge et tu étais un modèle de vertus alors ce n'était pas pour une fois que tu allais mourir.

Elle refuse de te laisser là. Tu aurais aimé lui sourire et lui sauter au coup en lui disant à quel point elle était géniale. Mais tu étais plutôt occupée à faire ce qu'elle te disait pour essayer de vous en sortir avant qu'il ne soit trop tard. Tu étais montée sur son dos, essayant de calmer ta respiration, fermant les yeux pour ne pas céder à la panique. Une fois à l'abri, proche du mur, elle te déposais lentement contre celui-ci. Les flics semblaient s'affairer à d'autres personnes non loin de vous, comme si vous étiez devenues invisibles. « Merci Eibell ! » murmurais-tu pour ton amie, maintenant que tu te sentais à l'abri. Il n'y avait plus grand chose à faire, marcher le long du mur, prendre la première ruelle et s'en aller loin de tout ça, comme si de rien n'était. « Sans toi, je ne m'en serais jamais sortie.. » Ta main accrochée autour de ses épaules, elle t'aidait à marcher dans la rue. Mine de rien, ta jambe te faisait sacrément mal et ça n'allait pas s'arranger en quelques minutes. Tu aurais au moins une attelle pour quelques jours. « Et toi, tu vas bien ? » demandais-tu en lui offrant un léger sourire. Elle méritait bien le grade de meilleure amie, sans elle, tu serais sûrement rouée de coup et tu aurais perdu le bébé qui grandissait lentement dans ton ventre - même si tu ne le savais pas encore.

« Et tu seras toujours la bienvenue chez nous, n’hésite jamais ! » Jamais tu ne fermerais la porte à tes amis, encore moins à ceux de Nell. Tu n'étais pas toujours la meilleure amie du monde, parce que ce n'était jamais évident d'avoir les bons mots, mais si tu pouvais être là, tu le serais et tu voulais qu'ils le sachent tous. Tu serais prête à n'importe quoi pour les gens que tu aimes. « J’imagine oui, » C'était un peu flou dans ta tête, Nell t'avait un peu parlé, elle t'avait un peu parlé mais au fond tu ne savais pas toute la vérité. Tu ne la saurais peut-être jamais mais ce n'était pas ça le plus important. « Tout le monde me pose cette question comme si c’était quelque chose de merveilleux. Je suis au comble du bonheur, avec Nelligan, on file le parfait amour et on va essayer d’agrandir notre petite famille, mais au fond, ce n’est pas exceptionnel ! » ajoutais-tu en rigolant. Depuis que tu étais mariée, à chaque fois que tu croisais quelqu'un, on te demandait ce que c'était la vie de jeune mariée, si tu étais heureuse et d'autres questions dans ce style là mais ton mariage était-il à ce point quelque chose d'extraordinaire ? Pour vous deux, peut-être, mais pour les autres, ça ne devrait pas. « Tu vas rester à Bowen encore longtemps ? » demandais-tu curieuse. Cette question, tu l'avais eu depuis le début de votre rendez-vous, une boule au ventre, tu avais peur qu'elle s'éloigne encore et qu'elle parte pour un long moment. Vous veniez à peine de la retrouver, tu n'imaginais pas l'idée de la voir s'en aller à nouveau mais tu ne pouvais pas en avoir le coeur net tant que ça ne viendrait pas de sa bouche.

« C’est normal Eibell, tu ferais pareil pour nous. » Tu n’avais plus vraiment de famille physique, la seule qui te restait c’était ton père et ta demie-sœur mais tu n’avais pas la moindre nouvelle et ils ne feraient sûrement jamais partis de ta vie. Alors ta famille à toi, c’était tes amis, tu faisais en sorte d’être présente pour eux lorsque c’était nécessaire. « Il faut juste la trouver ! C’est vrai que de ce côté je suis chanceuse mais il ne fait pas oublier que pendant dix années ça n’a pas toujours été facile ni rose. » Tu lui offrais un grand sourire, elle ne pouvait pas dire mieux, tu étais heureuse oui. Vos projets de vies étaient en route mais votre chemin n’avait pas été le plus facile à tracer. « Je crois qu’il est temps pour toi d’avancer, tu crois vraiment qu’on risque quelque chose ? » demandais-tu doucement, ignorant quel danger pouvait régner sur vous, ni même ce qui pourrait arriver si jamais elle venait à se faire retrouver. L’idée de perdre encore Sophie n’était pas des plus agréables, bien au contraire. Vous aviez déjà pleuré sa mort et la retrouver vivante a été un véritable choc, vous ne supporteriez sûrement pas de l’enterrer une seconde fois. « Et tu ne seras jamais seule, si tu as besoin de quelque chose, on sera toujours  là. » Peu importe le jour, peu importe l’heure, elle n’avait qu’à venir vous voir ou vous appelez, vous répondrez présents. « Je vais terminer les travaux de la librairie bientôt, il était temps ! Et toi alors ? » Les travaux de reconstruction avaient été assez longs, ils approchaient à la fin, c’était assez infime maintenant, il ne restait que la décoration et l’organisation de la nouvelle boutique. D’ici quelques jours, ça serait vite fini. « On prend un taxi et tu viens prendre le café à la maison ? » Au moins, tu pourrais te reposer un peu, tu n’avais plus aussi mal à la cheville, ce n’était peut-être pas une foulure. Et avec tout cette agitation, vous n’aviez pas eu le temps de vraiment en profiter