family portrait (perring)

Perry avait raison, elle était plutôt du genre à dire ce qu'elle pensait. Elle ne se souvenait pas avoir un jour menti à Perry, et pourtant elle aurait dû. Ce jour-là. Le jour où il l'avait laissée, seule sur la plage. Elle aurait dû lui faire croire que ça ne l'atteignait pas, qu'elle s'en fichait et pourtant, elle avait tenté de le retenir par tous les moyens. Ouais, peut-être qu'elle était bien trop honnête.

-Disons que je mens quand ça m'arrange, ou que j'omets de dire la vérité. Mais, ça arrive plus avec mes parents qu'avec toi.

Après tout, à lui aussi elle lui avait caché des choses. Elle lui avait caché Chase, parce qu'elle savait que sinon elle le perdrait. Et elle ne le voulait pas. Même si c'était quand même ce qui était arrivé.

La tournant de la conversation était d'ailleurs du genre qui a tendance à faire flipper Aisling. Mais elle ne dit rien, parce qu'elle savait que Perry ne se rendait pas compte de ce qui pouvait traverser l'esprit de la blonde.

-C'est vrai que ça doit être du sport.

La blonde avait détourné le regard, un peu gênée. Elle se sentait indigne dans ce genre de moments, elle savait qu'elle était censée s'occuper de sa fille, à part égal, et pourtant c'était loin d'être le cas.

-Tu veux voir quelque chose, toi ?

Faut croire qu’Aisling dit ce qu’elle pense à lui mais pas forcément à ses parents. En même temps Perry imagine les parents de la demoiselle un peu comme elle donc c’est sûr qu’il doit être plus simple de mentir que d’avouer quelque chose et se plonger dans une dispute qui peut mal finir. Elle n’a pas grand-chose à craindre de lui par contre, puisque la seule fois où il a tenté de la faire rager, en lui mettant un glaçon dans son sweet, il s’est retrouvé enfermé dans la salle de bain avec la peur de se faire frapper s’il en sortait. « Ça veut dire qu’ils pensent que tu es une fille adorable alors qu’en fait pas du tout ? » lui dit-il avec un sourire, bien sûr pas sérieusement. Il la taquine juste.
Ils parlent ensuite du fait que Perry fait du sport puisqu’il est maintenant papa à plein temps et que ce n’est pas de tout repos. Ce que confirme la blonde sans pour autant réellement savoir ce que c’est. Perry ne lui en veut pas d’être moins présente que lui pour leur fille. Bien sûr il aimerait qu’elle soit plus proche de Siobhan mais ça prendra du temps. Et puis lui a pu prendre des congés, se consacrer entièrement à sa paternité alors qu’Aisling fait des études et travaille à côté. Il est plus simple pour lui de s’occuper du bébé, surtout qu’il a les moyens financiers pour.
Elle lui demande ensuite s’il a envie de voir quelque chose d’autre au zoo. « J’aimerai bien voir les hippopotames madame la guide. » dit-il comme un petit enfant plein d’admiration.

Aisling esquissa un sourire quand il lui demanda si ses parents qu'elle était une gentille fille. Il ne fallait pas non plus exagérer. Ses parents n'étaient pas dupes. Enfin, pas tant que ça. Disons qu'ils devaient bien se douter de tout mais que tant qu'elle ne disait rien, personne n'essayait de creuser et tout le monde était content.

-Non, mes parents sont mes parents, ils savent quand même comment je suis. Ils m'ont élevé. Mais disons que mon père a décidé que je resterais vierge jusqu'à les 30 ans alors j'évite de lui parler de ce que je peux faire de mon cul. Tout comme ils ne sont pas au courant de la naissance de Siobhan.

Et ils éviteront de le savoir encore un bon moment. Voire jusqu'à la fin de sa vie.
Elle hocha la tête quand il lui demanda d'aller voir les hippopotames. Elle se mit derrière la poussette à la place de Perry et les emmena jusqu'à l'enclos avec une concentration rare.

-Et voilà, y a un petit bébé normalement.

Perry ne savait pas grand-chose des rapports qu’entretient Aisling avec ses parents. Il connaît pas énormément de choses sur elle finalement, elle reste plutôt secrète sur sa vie avant Bowen. En plus de ça, le jeune homme ne pose pas trente-six mille questions. Il peut être curieux comme tout le monde mais il n’a pas besoin de littéralement tout savoir sur la vie des gens.
Il fut surpris d’entendre que ses parents ne savaient toujours pas pour la naissance de Siobhan. Lui n’avait pas attendu bien longtemps pour leur annoncer, en règle général ils se montrent assez tolérant même si ça a été une énorme surprise pour eux (et pour Perry). Ils ont même passé le noël tous ensemble. Autant dire qu’il n’entretient pas les mêmes rapports avec ses parents que la blonde avec les siens. « Un jour faudra peut-être leur dire. » lâcha-t-il, comme ça.
Ils arrivèrent ensuite tous ensemble prêt de l’enclos des hippopotames et Aisling annonça qu’il y avait un bébé. Perry s’approcha de la barrière pour regarder les animaux, comme un enfant. « On est un peu une famille hippopotame. » dit-il pour rire alors qu’ils n’ont absolument rien en commun avec les hippopotames.

Aisling se mordit l'intérieur de la joue à la remarque de Perry. Elle devait bien avouer qu'elle avait eu peur que ce soit pire que ça, qu'il l'accuse d'avoir honte de leur fille ou quelque chose du même genre. Mais non, il était resté soft.

-Je sais, mais j'ai peur.

Ses parents ne la tueraient pourtant pas mais ils seraient sans doute déçus par son comportement, surtout vis à vis de sa fille. Elle avait déjà bien assez déçu ses parents comme ça dans sa vie, elle n'avait pas envie d'aggraver les choses.

Elle arqua un sourcil à la seconde remarque de Perry. Bon déjà il les désignait comme une famille, passons, mais des hippopotames, vraiment ? Elle n'était pas si grosses tout de même.

-Mouais, t'es à peu prés aussi pataud qu'eux.

La blonde esquissa un sourire avant d'embrasser le front de Siobhan, puis tapoter sur la tête de Penny et enfin lever les yeux vers Perry.

-Aller, je vais peut-être vous laisser maintenant.

Lorsqu’Aisling lui avoua avoir peur de la réaction de ses parents, Perry eut envie de la prendre dans ses bras et de la rassurer mais il ne le fit pas, il sait bien maintenant que ça ne ferait qu’empirer les choses entre eux. « Siobhan est trop adorable pour qu’ils te disent quoi que ce soit, elle tient ça de moi. » dit-il pour essayer de la faire sourire un peu. Il ne sait pas comment il était lorsqu’il était bébé mais enfant il était vraiment insupportable, un vrai gamin capricieux.
Perry trouve les hippopotames mignons tous ensemble, ces grosses bêtes qui se jettent dans l’eau et qui ne font pas grand-chose de leur journée. Aisling lui répondit que lui doit leur ressembler mais elle ne semble pas penser que ce soit le cas d’elle et Siobhan. Elle annonça qu’il était temps pour elle de partir. « Tu peux rester si tu veux. » lui dit-il avec un sourire.

Aisling esquissa un maigre sourire à sa remarque. Elle baissa un instant le regard vers la poussette avant de soupirer doucement.

-Justement, ils comprendraient encore moins pourquoi je l'abandonne. Parce qu'ils ne m'ont pas abandonné, eux.

Et pourtant, à voir ce qu'elle devenait, ils auraient peut-être dû.
Quand il lui dit qu'elle pouvait rester, elle réfléchit quelques secondes à quoi lui dire. Disons qu'il commençait à se faire tard et qu'elle était déjà resté bien trop longtemps dehors par rapport à son habitude. Sa peau allait finir par faire une attaque, d'un coup. Mais elle ne pouvait pas lui dire ça.

-Il faut que je travaille un peu, mais on se reverra une autre fois, je ne sais pas disparaître dans la nature.

La réponse d’Aisling rendu triste Perry. Il ne voulait pas lui faire de la peine en disant cela. « Tu l’abandonnes pas. » dit-il simplement pour la rassurer, ce qui est vrai. La preuve elle est venue aujourd’hui avec lui pour la voir, ils ont passé du temps tous ensemble. Et puis il peut comprendre, elle est plus jeune que lui. Quand il avait la vingtaine il aurait sûrement été dans le même état d’esprit qu’elle. Maintenant il a un peu grandi et même s’il ne pensait pas devenir père d’un bébé, il s’y fait.
Elle lui annonça qu’elle devait partir pour travailler et que de toute façon ils allaient se revoir. « J’espère bien ! » répondit-il avant de lui faire un bisou sur la joue pour lui dire au revoir, ce sont pas des sauvages non plus.

La blonde se contenta de hausser doucement les épaules. Elle ne passait quand même pas la voir autant qu'elle le devrait. Et puis si elle avait pu, sa première action aurait été de la faire adopter. Bref, elle était encore loin d'être une bonne mère.
Elle esquissa un sourire quand il l'embrassa sur la joue et hocha doucement la tête.

-A la prochaine.