Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Re: You're not a monster (Krismilla) Mar 4 Avr 2017 - 23:32
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You're not a monster
C'est en train de dérailler, ça y est. Kris le sent arriver avant même que ce ne soit là. Et ça leur tomber dessus d'un coup. Il se retire, il se tient à distance. Et elle, elle ne comprend pas forcément ce qui est en train de se passer. Mais elle aurait dû s'y attendre, non ? Visiblement, ça n'a pas été le cas. Elle est virulente, elle attaque immédiatement et Kristofer n'a pas le réflexe de lui répondre. Du moins, pas d'un seul coup. Pas du tac-au-tac. Non, il reste silencieux et se contente de la regarder, incapable de trouver quelque chose à lui répondre qui puisse faire sens. « Mais qu'est-ce que tu racontes ... » Il doit avoir raté un épisode ... un chapitre entier même. Comment est-ce qu'elle en est arrivée à cette conclusion ? A la conclusion qu'elle doit faire un enfant ... avec lui, en plus de ça ? A quoi s'attendait-elle en lui posant une question pareille ? Comme s'il pouvait avoir un enfant, lui ... Il a bien sûr déjà considéré l'idée, mais ce n'est pas pour autant quelque chose d'actuel, quelque chose qu'il envisage toujours. Ce n'est pas un sujet à prendre à la légère, et il a le sentiment que c'est ce qu'elle fait. Comme pour se mettre en sécurité, lui, il réinstaure cette distance. Il la fait descendre de ses genoux, un peu maladroitement certes, et constate avec dépit qu'elle va dans ce sens à son tour, s'écartant pour de bon de lui. Le serveur revient avec leur commande, mais il n'y prête guère attention. Rien ne compte plus, pour lui, que d'essayer d'arranger ça. Visiblement, il s'y prend mal. Et même très mal. Elle récupère son sac, réplique. Et lui, il reste une fois de plus immobile, presque silencieux. « Ludmi ... » Il n'y a rien à dire, rien à faire pour la calmer, pour l'arrêter. Elle prend le temps de lui balancer à la gueule ce qui lui est arrivé, avant de se barrer. Il se retrouve seul, complètement con. Qu'est-ce qu'il a dit de travers ? Il a un peu de mal à saisir, tout en ayant conscience que son changement d'attitude n'y est pas pour rien. Mais c'est normal qu'il mette de la distance entre eux, non ? C'est normal qu'il veuille se préserver autant qu'il veut la préserver. Putain. Ça n'a pas de sens, c'est absurde. Mais quoi qu'il en soit : il ne peut pas la laisser partir. Pas comme ça. Il boit son café d'une traite, se brûlant la langue et la gorge en passant, et jette quelques billets - sans doute trop - sur la table, avant de sortir à son tour. Il la remarque assez vite, faut dire que sa chevelure flamboyante aide bien. Il est à mi-chemin entre une rage folle et le regret. Entre eux deux, c'est lui qui se comporte comme un gamin. Lui qui n'a pas été capable, immédiatement, de mettre des barrières. Il s'est laissé embarquer dans son petit manège et y a même fortement contribué. Mais il doit avouer avoir été complètement surpris par sa requête. Alors plutôt que de se laisser emporter par l'un ou l'autre de ses extrêmes, il tâche de trouver un juste milieu à tout ça. Il la rejoint et, d'un geste brusque mais calculé, il récupère la cigarette qu'elle tient entre les doigts. Le type, non loin d'eux, beugle des conneries que Kris n'a même pas envie de comprendre. Il tourne brièvement la tête vers lui, juste le temps de lui lancer un « dégage » rageur, puis toute son attention se focalise - de nouveau - sur Ludmilla. Il doit s'expliquer, lui répondre, remettre les choses au clair. Il ne veut pas la perdre parce qu'il n'aura pas été capable de s'exprimer. Il a pourtant toujours eu du mal, à parler de lui, de ses émotions, de ses sentiments. Mais avec elle, c'est différent. Ça l'a toujours été. « Tu me fais la morale parce que je fume, et après ça ? Tu te fous de moi ? » Il est peut-être bien en train de se laisser submerger par la colère, finalement. Mais contre qui se tourne-t-elle réellement ? Ludmilla ? ... Ou lui ? « Et depuis quand est-ce que tu prends la fuite ? T'es vraiment étonnée que je réagisse comme ça ? Tu viens de me demander de te faire un gosse sous prétexte que tu vas mourir, putain. Tu t'attendais à quoi ? A ce que je t'amène dans l'hôtel le plus proche dans la seconde pour me mettre à exécution ? » Il prend une profonde inspiration, passe une main sur son visage. Il est las de tout ça, las de cette discussion qui ne les mène nul part. Depuis quand est-ce devenu si compliqué entre eux ? Oh, sans doute depuis l'accident qui leur a tant coûté à tous les deux. Faut qu'il reprenne son calme, qu'il redescende un peu. « Je sais que tu n'es plus une gamine Ludmilla, je le sais. C'est ce que je te faisais remarquer, d'ailleurs, en disant que le temps passait vite. C'est le cas. J'ai raté quatre ans de ta vie, et j'aurais vraiment aimé les partager avec toi. ... Je ne comprends pas comment on en est arrivé là, on est censé être amis, tu te souviens ? » A cette constatation, il recule d'un pas. Non, il ne comprend définitivement pas. Mais une chose est sûre : il veut que cela cesse. Ce n'est sans doute pas possible, pour eux, de retrouver une relation identique à celle qu'ils ont quittée mais, à défaut, il serait bon qu'ils cessent de se tirer dans les pattes à tout bout de champ. Moins d'une heure qu'ils se sont retrouvés, et c'est déjà le champ de bataille.
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Sujet: Re: You're not a monster (Krismilla) Mer 5 Avr 2017 - 0:37
You're not a monster
Kristofer & Ludmilla
Il ne ferait pas de mal à une mouche. Je sais qu'il a l'air méchant mais il est très tendre et très gentil. C'est mon ami.
J’ai toujours été susceptible. J’ai toujours eu un gros caractère de merde. Je crois que j’ai hérité cette manie de ma chère mère la connasse. Lorsque Kris se rétracte alors que je suis sur ses genoux, que nous sommes en train de flirter, je sens la colère monter en moi. Me prendrait-il pour une débile ? Je le fixe, bouillonnant en moi. Je ne suis plus cette petite qu’on essayait de protéger. Non, j’étais une femme. Une vraie femme et je ne supportai pas qu’il se comporte ainsi. Ça ne va pas se passer comme ça. Il ne va pas pouvoir passer son temps à flirter pour se rétracter. Comme Max Sheffield. Et je ne suis pas une parodie rousse de Ms Fine. « Mais qu'est-ce que tu racontes ... » Donc oui, il me prend bel et bien pour une débile. Oh mon dieu, Ludmilla mère et mourante. Jackpot. Pauvre conne que je suis. J’avais dit ceci sur le ton du flirt mais je pense que le simple fait de mettre son pénis en moi doit le révulser au plus haut point. Une simple gamine, je vous dis. Lorsqu’il me descend de ses genoux, on pourrait limite entendre mes dents grincées. De loin, en plus. J’avais envie de lui hurler de ne pas me briser le cœur à nouveau mais ça reviendrait à avouer mes propres sentiments réveillés par sa présence. Putain de merde. Je passe une main sur mon visage tandis que le serveur nous apporte notre commande. Je crois que la cocotte est pleine, je passe sous la table avant d’exploser. Boum. Une vraie bombe à retardement. Je passe ma rage sur Kristofer. A cause de mon ex trop con, à cause de ma vie de merde. Je vois bien qu’il essaie de dire quelque chose mais je lui assène le regard qui tue. L’ouvre pas gars. Ou je vais de bouffer tout cru. Puis, j’attrape mon milk-shake –on remerciera le vendeur de l’avoir mis dans un gobelet et je sors en claquant la porte. Je n’aime pas prendre la fuite mais si je reste deux secondes de plus en sa présence, je vais aborder la case sentiment. Pas bonne idée. Je taxe un mec sur une clope ne fumant qu’en cas d’extrême urgence. Et là, c’est une urgence. Je me colle sur la rambarde. « Allez lâche ton numéro. » Je me tourne vers l’ado boutonneux qui me regarde comme si j’étais le premier prix d’une tombola. Alors, je retire le capuchon de mon milk-shake pour lui lancer au visage. Quand je disais que j’étais en colère. Le mec commence à me hurler dessus mais Kris arrive. D’un geste, il me pique ma cigarette. Je bouille à l’intérieur et un grondement sourd s’élève dans ma gorge. Putain mais dégage toi aussi. Le slovène se tourne vers notre correspond improvisé. « Dégage. » Le mec doit avoir la trouille car il file comme une flèche, ma boisson sur le dos. Je lui adresse un geste grossier en guise de salut. Enfin, mon interlocuteur pas du tout désiré commence à me parler. « Tu me fais la morale parce que je fume, et après ça ? Tu te fous de moi ? » Je ne dis pas le fond de ma pensée. « T’es pas mon père, Jovanovich. Alors tais-toi. » Ma fureur monte d’un cran tandis que je l’appelle par son nom de famille, ce qui n’est jamais arrivé. Je fouille dans mon sac pour en sortir un chewing-gum que je colle dans ma bouche. Je trouve de tout dans mon sac. Je pense que Kris a choisi d’ignorer mon avertissement et parle de nouveau. « Et depuis quand est-ce que tu prends la fuite ? T'es vraiment étonnée que je réagisse comme ça ? Tu viens de me demander de te faire un gosse sous prétexte que tu vas mourir, putain. Tu t'attendais à quoi ? A ce que je t'amène dans l'hôtel le plus proche dans la seconde pour me mettre à exécution ? » Je ne réplique rien d’acerbe. Pas faute d’avoir le venin au bout de la langue mais je le laisse finir sa tirade. Son être inhale la violence. La contraction de ses muscles, jusqu’à son visage. Et sa remarque me permet d’échapper un petit rire moqueur. Je ne suis jamais mauvaise avec mes proches sauf quand on me cherche. « Je sais que tu n'es plus une gamine Ludmilla, je le sais. C'est ce que je te faisais remarquer, d'ailleurs, en disant que le temps passait vite. C'est le cas. J'ai raté quatre ans de ta vie, et j'aurais vraiment aimé les partager avec toi. ... Je ne comprends pas comment on en est arrivé là, on est censé être amis, tu te souviens ? » Alors là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je profite de sa dernière réplique pour rebondir dessus. « On a jamais été amis, imbécile. Quand j’ai eu quinze ans, je me suis éloignée volontairement de toi en demandant à mon père de ne plus t’amener chez moi. Prends mon comportement de toute à l’heure où j’étais en train de flirter avec toi et tu percuteras peut-être. » Je fais le geste de la manivelle pour voir s’il percute. Sans doute pas. Un long sourire satisfait de peste étire mes lèvres. « Et ouais, j’vais mourir. Tiens d’ailleurs. » Je reprends la cigarette de ses doigts pour tirer dessus. « Ça m’aide à crever plus vite. Vois-tu, je ne bois pas, je ne fais même pas la fête mais je vais peut-être commencer. Et en ce qui concerne le gosse, j’étais en train de flirter avec toi. Mais toi t’es tellement lâche que tu t’es retiré. Tu crois que tu vas pouvoir me mater pendant la séance photo et ensuite t’en tirer comme ça ? T’as raison, je fuis pas moi. C’est ta spécialité, chéri. » Je ponctue ma phrase d’un petit clin d’œil en me balaçant d’avant en arrière. Sauf que y’a un truc que j’avais oublié en m’énervant de la sorte. Mon cœur. Je n’entends pas la sonnerie stridente de ma montre, trop aveuglée par le tintement du sang dans mes tempes. Je ne sens pas que je glisse peu à peu de la rambarde, que je commence à y voir trouble. Je m’aggrippe plus fort, ne montrant pas à mon adversaire ma faiblesse. Après tout, avec un peu de chances j’allais crever maintenant. Histoire d’échapper à l’humiliation que je venais de subir. Je ne sens pas la douleur de mon cœur qui se contracte, qui se brise en mille morceaux à nouveau, ni de la larme qui coule sur ma joue.
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Sujet: Re: You're not a monster (Krismilla) Mer 5 Avr 2017 - 21:53
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You're not a monster
Les disputes, Kristofer les a toujours évitées comme la peste. Il déteste ça. Pas parce qu'il n'a pas les arguments ou des raisons de se mettre dans des états pas possibles. Juste parce qu'être en rogne, c'est déjà mettre en avant une partie de soi. Et c'est trop lui en demander, à Kris. Il préfère rester dans sa bulle, coincé avec ses propres émotions, quitte à trop garder pour lui et exploser à un moment ou un autre. Alors, tout ça, cette situation, il la déteste. Pourtant, la colère est bel et bien en train de le gagner. Et il est bel et bien en train de la laisser faire. Pour le coup, il n'y a rien qu'il puisse tenter pour la freiner, pour calmer le jeu. C'est pourtant lui, le trentenaire. Lui, donc, qui est supposé faire en sorte d'atténuer la tension. Il n'en est rien. Visiblement, il a même tout mis en oeuvre pour envenimer les choses. Plus que piquante, Ludmilla l'attaque de front. Et il ne se calme pas, il ne la calme pas. Il lui prend sa cigarette, se comporte avec elle comme si elle était encore une gamine. Ce n'est plus le cas. Elle a dépassé ce stade il y a bien longtemps, peut-être bien à l'instant même où elle a perdu son père, pendant que lui perdait ses parents et sa jambe. Enfin, non. Ludmilla a, en réalité, toujours été très mature pour son âge. Il a toujours admiré cet aspect de sa personnalité d'ailleurs, sans jamais rien lui en dire. Il est comme ça, Kris, il garde tout pour lui. C'est pire encore maintenant, soit dit en passant. Alors que Kris dit ce qu'il a sur le cœur, la rage toujours au bord des lèvres et l'impression sordide d'être en train de tout empirer -c'est le cas-, Ludmilla, face à lui, est imperturbable. Elle ne se détend pas, n'en démord pas. Et Kris ne sait plus quoi dire, ou faire, pour que ça s'arrange. Là, tout de suite, il a juste envie de retourner en arrière et de tout changer, de ne rien faire comme il l'a fait là, cette fois. Trop tard, les dés sont jetés. Et Ludmilla n'a pas finit de s'épancher sur lui. Elle lui balance des trucs dont il ne comprend pas la portée, ni même le réel sens. Ses sourcils se froncent, les rouages de son cerveau tournent à vive allure. Non, toujours rien. Sans doute préfère-t-il rester aveugle à ce qu'elle lui dit, parce qu'il n'y a rien à faire : il ne pige rien. Rien du tout. La rousse, profitant de son incrédulité qui l'empêche d'agir, récupère la cigarette et tire dessus. Ça m'aide à crever plus vite. Comment peut-elle dire des trucs pareils ? Au lieu de continuer à se battre, elle semble avoir accepté la fatalité ... et même cherché à la faire venir plus vite. Rien de tout ça n'a de sens. Elle ne déblatère rien d'autre que des conneries, et Kris comprend qu'il a merdé. Il ne sait pas où, mais il a merdé. Et en beauté. Oh, pour le coup, il ne dira pas que c'est uniquement de sa faute, que c'est lui le coupable et seulement lui. Ludmilla est montée sur ses grands chevaux en un rien de temps. Et plutôt que de lui expliquer clairement ce qui ne va pas, elle se contente de l'attaquer, de déverser sur lui sa colère. Colère qui ne lui est peut-être pas uniquement destinée d'ailleurs. Pour se protéger de sa rage -c'est qu'elle fait peur quand elle veut-, Kris recule d'un pas supplémentaire. « Ce n'est pas ma ... » Spécialité ? Bien sûr que si, idiot ! Mais plutôt que de dire une connerie de plus, il la ferme. Juste comme elle lui a demandé de le faire. Il ne cherche pas à nier ; il a flirté avec elle. Il l'a matée pendant la séance photo - bien que le terme lui semble un peu trop fort -. Inutile de dire le contraire : elle n'est pas dupe, et lui non plus. Il ne comprend juste pas ... il n'a pas envie de comprendre. Alors qu'il ouvre la bouche pour dire quelque chose, essayer une bonne fois pour toute de calmer le jeu, Ludmilla perd l'équilibre. Sa montre se met à biper à toute vitesse, et il comprend ce qui est en train de se passer. Il n'a rien oublié de ce qu'il faut faire, dans une situation pareille. Il comble la distance qu'il avait lui-même instaurée, et agrippe son poignet. Ses gestes sont automatiques, pas contrôlés le moins du monde. Presque robotiques, en fait. Il fait ce qu'il a à faire. Voilà tout. Quelques secondes plus tard à peine, il lui tend la pilule qu'elle est censée prendre. « Je sais que t'as envie de crever plus vite, mais il est hors de question que je laisse ça arriver. » Lâche-t-il, ironique et incapable de s'en empêcher. Ce n'est pas le moment, pourtant, de la chercher, de tester ses limites. Mais les mots résonnent encore dans sa tête, la colère a toujours un trop grand contrôle de ses dires et mouvements. Malgré tout, la peur de la voir s'écrouler pour de bon malgré ses tentatives de rester digne face à lui le tiraille. Et l'empêche de répondre à tout ce qu'elle vient de lui dire. A quoi bon, de toute façon ? Ce ne sont que deux têtes de mule, incapables de se comprendre ou de chercher à le faire. « Tu devrais travailler sur ta colère. » D'avance, Kris devine qu'elle va mal le prendre. Elle a sans doute de quoi, ce n'est pourtant pas ce qu'il cherche. Il ne se moque pas d'elle, se contente juste d'établir un fait, de donner une information qu'elle a probablement déjà en sa possession. Après tout, c'est elle qui vit avec sa maladie, pas lui.
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Sujet: Re: You're not a monster (Krismilla) Mer 5 Avr 2017 - 22:38
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Kristofer & Ludmilla
Il ne ferait pas de mal à une mouche. Je sais qu'il a l'air méchant mais il est très tendre et très gentil. C'est mon ami.
Je suis rarement en colère. J’ai un tempérament doux, inoffensif et j’ignore pourquoi je l’ai mal pris. Sans doute la faute à mes foutus sentiments ? Jamais, je n’aurai dû tomber amoureuse d’un homme beaucoup plus vieux. Quatorze ans d’écart. Forcément qu’il ne me voyait que comme une gamine et rien que de lui parler d’enfant, ça lui faisait peur. Une enfant avec un bébé. Sauf que je ne suis plus une gamine. Je suis une femme. Depuis que j’ai l’âge de seize ans et que je suis descendue à la morgue. Trois sacs. Trois sacs sur des tables différentes. On m’a mise en garde, j’étais toute seule. Il n’est pas venu les reconnaitre. Je l’ai fait pour tout le monde. Je me souviens encore. J’avais les mains jointes devant moi, les yeux rougis à force d’avoir pleuré et ma longue tresse dans le dos. Je regardai droit devant moi. Si vous ne voulez pas. Mais on manquait de temps. Kristofer était entre la vie et la mort. Ne pouvait pas se déplacer. Et les corps devaient être réfrigérés pour l’enterrement. Un enterrement que j’ai organisé. On a ouvert le premier sac et j’ai su que mon enfance s’était envolée. En mille morceaux. Alors je le fusille du regard lorsqu’il m’arrache ma cigarette. Tais-toi Kris. N’aggrave pas les choses. Tais-toi. Je le regarde de travers mais il continue. Et comme un coucou suisse, j’arrive pile dans les temps. Je m’énerve, je refuse d’être calme. On me disait d’être calme. On me disait de toujours contrôler ma tension. « Ce n'est pas ma ... » Je hausse les sourcils, écarquille les yeux, really ? Bien sûr que si. Je ne peux plus jouer ce rôle de jeune fille sage et le regarder se mêler de ma vie. Je ne sais pas pourquoi je ne pleure pas. Pourquoi il a cette faculté nouvelle de m’énerver mais là, je serre les poings. « Si, c’est ta spécialité. J’ai TOUT fait pour toi. Tout. Je t’ai tenu la main à l’hôpital alors qu’elle ne venait pas. Je t’ai réconforté quand tu en avais besoin. » Je ne lui ai jamais dit que j’avais vu les corps de mes yeux. J’avais menti en disant qu’un survivant s’en était chargé. « Je suis descendue à la morgue reconnaitre tes parents. Mon père. » Je passe une main sur mon visage, sans doute, livide. Il n’avait pas le droit de me traiter comme une gamine. Il n’avait pas le droit de revenir flirter avec moi, et de me traiter comme une gamine. Ça me mettait en colère alors qu’une gamine de seize ans aider de sa meilleure amie à organiser des funérailles. Il en avait rien eu à foutre de moi. Foutu connard égoïste. Je suis rapidement au sol tandis que ma montre bipe plus rapidement. « Je sais que t'as envie de crever plus vite, mais il est hors de question que je laisse ça arriver. » Je laisse échapper un nouveau rire moqueur. Il se fout de plus en plus de ma gueule ma parole. S’en est presque risible. Je passe une main sur mon visage trempé. Les larmes, la transpiration suite à mon état. Alors, je lui montre le nombre trois. Le nombre d’arrêts cardiaques que j’ai fait durant mon absence. « J’ai fait trois arrêts, on a dû me réanimer encore et encore. Tu ne sais pas ce que c’est que de ne pas avoir le droit de ressentir tes émotions. » Il me coupe la parole alors que je m’insurge encore plus. « Tu devrais travailler sur ta colère. » Je me relève difficilement, avalant la pilule. Avant j’étais en colère. Maintenant je vais devenir venimeuse. « Tu sais pas ce que c’est. T’es qu’un putain de lâche. T’as choisi de partir découvrir le monde. Et MOI ? J’avais besoin de toi. J’avais besoin de mon ami alors que je voyais le cadavre de mon père dès que je fermais les yeux. Fous-moi le camp. Dégage. Repars, reprends le premier avion. Disparais. Je veux plus jamais te revoir. » Je savais que dans deux-trois jours, je regretterai mes paroles. Que j’irai à sa recherche sans doute mais là, je voulais juste qu’il dégage. Rien que sa vue m’était douloureuse et me brisait le cœur.
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Sujet: Re: You're not a monster (Krismilla) Jeu 6 Avr 2017 - 0:16
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You're not a monster
A l'incompréhension se mélange la colère. La peur, aussi, quand Kris constate que la maladie de Ludmilla vient, une fois de plus, de reprendre le dessus. Il essaye de lui venir en aide, les mots de la jeune femme naviguant toujours dans son esprit embrumé. J'ai tout fait pour toi. Je suis descendue à la morgue reconnaître tes parents. Mon père. Elle ne lui avait jamais dit, ça. Conscient que ce ne serait pas l'aider que de lui demander des explications là, tout de suite, il ne revient pas là-dessus. Il se contente de s'approche d'elle, de récupérer les cachets dont elle a de toute évidence besoin. Mais elle n'en a pas finit avec lui, et ce qu'il essaye de dire entre deux mouvements n'arrange pas les choses. A ce niveau-là, ce n'est plus de la colère, c'est de la haine. Elle le déteste, parce qu'il n'a pas été là. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de lui demander pardon un peu plus tôt, d'avoir tenté de s'expliquer et de discuter à ce propos. Elle l'a tout bonnement refusé. Et maintenant elle lui renvoie tout ça dans la gueule. Faudrait savoir ce que tu veux, l'emmerdeuse. De son côté, Kristofer est bien en difficulté pour faire le tri dans les émotions qui l'assaillent par salves. De tout son cœur, il veut prendre le dessus et apaiser les choses. Mais quoi qu'il dise, il le dit mal. Ou choisit mal son moment, allez savoir. Ludmilla ne veut rien entendre, très bien. Comme elle le dit si bien, sa plus grande faculté est celle de la fuite. Il gère ça comme un chef. Alors, il fuit son regard, il évite de lever les yeux dans sa direction. En fait, il se redresse même. La douleur est vive, l'impression qu'elle vient de le poignarder en plein cœur sans le moindre scrupule, le moindre remord. Elle pense ce qu'elle dit, il en est persuadé. Ou, du moins, il s'en persuade. « Je croyais qu'on n'était pas amis. » La colère s'est dissipée au profit d'une douleur sourde. L'ironie suinte par chacun de ses mots, et par le rire qui ne tarde pas à lui échapper. Il lève une main dans sa direction avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, si tel était son but. « C'est bon, ne te fatigue pas, j'ai compris. » Il se relève pour de bon, recule. Cette fois, il la regarde. Un peu comme si c'était la dernière fois. Après tout, c'est ce qu'elle veut, n'est-ce pas ? Qu'il dégage, qu'il lui foute la paix. Qu'il reparte par le premier avion et quitte sa vie pour de bon. Il aime bien Bowen, mais si ce qu'elle veut plus que tout au monde, c'est qu'il parte, il le fera. Il préfère les pays froids de toute façon. Les pays du Nord, ceux où il n'a pas à avoir honte de se balader en jean plutôt qu'en short. Ceux où il n'a pas besoin de s'expliquer quand on lui demande pourquoi il ne se baigne pas, pourquoi il ne prend même pas la peine de se découvrir un chouïa. « N'oublie pas de prendre ton cachet. » Ça non plus, elle n'appréciera peut-être pas. Parce qu'elle s'imaginera qu'il la prend encore pour une gamine incapable de s'occuper d'elle-même. Ce n'est pas ça, pourtant. Oui, il se comporte avec elle, à ce niveau-là en tout cas, comme à l'époque. Mais c'est parce qu'il y est habitué. Prendre soin d'elle, c'est dans ses cordes. C'est peut-être même ce qu'il a fait de mieux, son mariage ne comptant pas le moins du monde. C'est la pire chose qu'il ait faite ça. Son masque d'impassibilité est de retour, ça y est. C'est sa meilleure arme, son plus fidèle allié. Il ne s'en sépare que trop peu, et visiblement il fait bien. Quand il disparaît, c'est parce que les émotions sont plus fortes que lui, et il préfère - et de loin - s'en dépêtrer plutôt que de les laisser gagner. Il n'ajoute pas un mot, il n'y a rien à dire de toute façon, jugeant préférable de tirer sa révérence dans le silence. Il la regarde encore un peu, avant de se décider à tourner les talons pour mieux s'éloigner d'elle, de cette scène désastreuse sortie de nul part. Voilà, elle a gagné.