gossip girl ? that's us -r.

Lorsque tu étais arrivée dans la ville, tu étais tombée sur une drôle de femme. Tombé au sens propre du terme parce que tu avais trébuché et tu l'avais entraîné avec toi dans ta chute. Tu t'étais excusé, tu t'étais racheté auprès de cette jeune femme parce que tu te sentais mal. Elle s'était perdue et tu avais voulu l'aider. Cette ville tu l'avais connu plus jeune et tu pensais pouvoir t'en sortir mais au lieu de ça, tu l'avais emmené dans la mauvaise direction. Elle aurait pu te crier dessus, t'en vouloir de la perdre et d'être tombé sur elle mais ce n'était pas le cas. Elle avait filé comme une ombre, te laissant seul avec son souvenir. En décembre tu avais pu retrouver sa trace grâce au mariage qui avait fait la une des journaux. A croire que Lily-Anaëlle était l'enfant chérie de la ville. Ou que c'était un miracle. Tu ne savais pas trop. Mais au moins ça t'avait permis de retrouver Cléo. Tu l'avais contacté pour lui donner rendez-vous et elle avait accepté de te revoir quand elle aurait moins de pain sur la planche. Tu ne pensais pas attendre trois mois de plus avant de la revoir mais au moins aujourd'hui c'était la bonne. « Hey Cléo ! » Tu levais la main en l'air pour lui faire signe. C'était vague de lui dire que tu étais sur la place. Bowen n'était pas si petit que ça et il y avait du monde qui commençait à affluer. Elle s'approchait de toi et tu esquissais un grand sourire. « Tu vas bien ? » demandais-tu avant de te reposer sur le banc. Elle s'installait à côté de toi et tu attrapais le petit paquet à ta droite. « Je t'ai pris un thé glacé, j'espère que ça t'ira. » Tu le sortais du sac pour le lui donner. Il faisait vraiment beau et un peu trop chaud. Si vous deviez passer des heures à parler de tout et n'importe quoi autant avoir de quoi boire un peu.

Cleo ne se souvient que trop bien de son tout premier jour à Bowen. Elle se souvient du soleil qui brillait, bien plus chaud qu'en Irlande. Elle se rappelle aussi de toutes les émotions qui se mélangeaient dans sa tête, allant de la peur de l'inconnu au stress d'avoir tout plaqué comme ça, sur un coup de tête. Son fiancé, son mariage, et en résumé toutes les personnes qu'elle connaissait. À Bowen, elle était seule et perdue. Semblable à une folle furieuse, elle regardait partout sauf devant elle quand ce prénommé Maxwell et elle sont entrés en collision. Elle aurait pu s'énerver, lui dire de faire attention, sauf qu'à la place elle a ri nerveusement et lui a demandé de lui faire faire un tour de la ville. Elle se souvient avoir papoté avec lui, le questionnant sur tous les secrets de la ville et sur tout ce qu'il y avait à savoir sur les personnes phares, un peu à la Gossip Girl. Et évidemment, elle se souvient d'eux deux perdus, plus amusés par ce retournement de situation qu'autre chose. Maxwell, il a réussi à faire s'évanouir tout son stress le temps d'une après-midi. Quel plaisir ça a été pour elle lorsqu'il la contactée afin de pouvoir se revoir, sans se paumer cette fois. En le voyant lever la main, elle trottine jusqu'à lui en tenant dans son poing la lanière de son sac à main. Un grand sourire vient étirer ses lèvres peintes en rouge. « T'as vu, j'ai été capable de trouver mon chemin cette fois, » dit-elle avec un sourire fier, faisant référence à leur première rencontre. « Je vais bien oui ! Le mariage de Lily et Nelligan a puisé dans toutes mes forces, j'ai l'impression d'avoir organisé l'événement du siècle. » Elle rit légèrement, malgré tout heureuse d'avoir été celle qui a pu permettre à ce mariage d'avoir eu lieu. « Et toi ? » le questionne-t-elle ensuite, essayant de se remémorer ce qu'ils s'étaient dis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Elle prend place à ses cotés et hausse un sourcil curieux en le voyant sortir quelque chose d'un sac. « C'est vraiment gentil ! » s'exclame-t-elle en ouvrant de grands yeux face à la boisson qu'il lui tend. « Très bon choix, j'aurais pas fait mieux. » Cleo s'empresse de siroter une gorgée de son thé avant de poser son regard sur Maxwell. « T'y étais ? Au mariage, je veux dire. Parce que pour être sincère, y avait tellement de monde que j'ai failli faire une crise d'anxiété sociale, alors je me suis vite éclipsée quand j'ai vu que tout roulait. » Un sourire amusé vient étirer ses lèvres pendant qu'elle pose son gobelet sur ses genoux.

Elle s'approchait de toi, un grand sourire peint sur les lèvres. C'était une vision qui te faisait plaisir à voir. Elle était heureuse. Tu l'étais aussi. C'était une rencontre un peu forcée parce que le destin ne voulait pas la remettre sur ton chemin, tu avais dû la chercher un peu mais tu avais l'impression de la connaître depuis des années, d'avoir toujours été amis avec elle. Comme si c'était naturel, comme si ça faisait des années que vous vous retrouviez là, toutes les semaines pour discuter de vos vies, de vos avancées, du monde qui vous entoure. « T'es sûre que t'as pas demandé à un ou deux passants dans le coin ? » demandais-tu en rigolant. Tu la taquinais, si elle disait l'avoir fait seule, c'était la pure vérité mais tu avais eu cette envie de la titiller un peu, de l'embêter tant que tu le pouvais. Elle était comme toi, à sourire à la vie, à tout prendre avec gaieté.  « Je crois que c'était un peu le cas, surtout avec le séisme juste avant tout ça. » Elle s'installait à côté de toi et tu lui offrais un nouveau sourire. Tu jetais un coup d'oeil aux passants dans la rue. La journée s'annonçait bien, belle et chaude. Les gens commençait à s'agglutiner autour de la fontaine. « Je vais toujours bien ! » Ce n'était pas toujours le cas. Tu souffrais parfois du syndrome du cœur brisé mais tu finissais toujours par t'en remettre. Tu ne devais pas te laisser abattre parce que tu savais que tu finirais par trouver l'amour au prochain croisement et que cette fois, il serait parfait. « Ne dis pas ça. » Tu secouais doucement la tête. Bien sûr qu'elle aurait pu faire un meilleur choix parce qu'elle aurait pu prendre quelque chose qui lui faisait plaisir. Mais tu n'en avais pas fait un mauvais, tu avais pris un grand classique, un thé à la pêche. C'était le plus courant sur le marché et c'était toujours rafraîchissant. « Non, j'étais à Perth, dans ma famille avec ma sœur. » Tu haussais doucement les épaules. De toute façon, tu n'aurais pas été à ce mariage si tu t'étais trouvé à Bowen, puisque tu n'avais pas eu la moindre invitation et que tu ne te voyais pas squatter un mariage comme ça. Peut-être pour revoir Cleo à la limite mais tu ne l'aurais pas vu puisqu'elle disait s'être vite éclipsée. « T'es un peu une héroïne locale tu sais ? Tout le monde ne parle que de toi, de ce mariage, de ce couple heureux qui mérite enfin d'être ensemble ! » Tu en faisais peut-être un chouia trop, mais c'était ce que tu entendais un peu partout dans les rues. Comme si ce mariage avait marqué les esprits. Ça aurait été le cas si les deux mariés étaient du même sexe, pour bousculer les idées australiennes un peu mais ce n'était pas le moment pour penser à tout ça.

Plutôt que de la vexer, sa question la fait rire. Non seulement Cleo ne connait pas encore toutes les ruelles de Bowen, mais elle a en plus toujours été dotée d'un sens de l'orientation assez médiocre qui fait qu'il n'aurait pas été étonnant qu'elle se perde en chemin. « Bon ok, juste à un gamin, mais ça ne s'est pas terminé en Amazing Race promis ! » réplique-t-elle pour se défendre même si elle sait que la remarque de Max n'était pas un reproche, mais une simple taquinerie. Lorsqu'il mentionne le séisme, elle se contente de pincer les lèvres en se rappelant cet épouvantable événement qu'elle a malheureusement vécu chez elle. Ce mariage, ça a été une sorte de bouffée d'air frais pour elle, comme pour sûrement toute la ville. Cleo prend place, ravie d'apprendre que Maxwell va bien et qu'il semble effectivement aussi souriant que la dernière fois qu'ils se sont vus. Bien qu'ils ne se connaissent pas depuis si longtemps, elle apprécie sa présence et son habituel entrain qui lui donne envie d'elle aussi sourire à la vie malgré tous les rebondissements qu'a connus sa vie dernièrement. Son presque mariage, entre autres. Tout en sirotant sa boisson, elle hoche la tête lorsque Max lui dit avoir été à Perth lors du mariage, raison de pour laquelle il n'a pas pu y assister. Ce qu'il lui dit ensuite la fait sourire, ses joues rougissant légèrement. « N'exagérons rien, ils parlent des mariés pas de celle qui était en coulisse. » Elle hausse modestement les épaules, sachant pertinemment que ce n'est jamais l'organisatrice du mariage qui est acclamée, mais bien les deux héros du jour. « Et toi alors ? Tu parlais de devenir prof la dernière fois, tu t'es lancé ? » Elle pose sur lui un regard rempli de tendresse. « Je te préviens, si tu l'es, je m'infiltrerais dans les couloirs de ton école pour te surveiller par la fenêtre voir si tu fais du bon boulot. » Elle plisse les paupières, mais un sourire amusé vient étirer ses lèvres afin de venir se refermer une nouvelle fois sur la paille de son gobelet.

« J'espère que tu m'aurais invité si ça avait été le cas ! » Sa remarque te fait sourire. Tu vous voyais bien parcourir le monde et vous perdre dans toutes les petites rues parce que votre sens de l'orientation était à chier. « Tu sais que sans toi, ce mariage n'aurait peut-être pas été aussi extraordinaire ? Parce que bon dégoter un prêtre le 24 décembre, c'est fort ! » Elle avait beau minimiser son rôle, tu savais que ça ne l'était pas. Certes, ce n'était pas elle la mariée mais elle avait quand même fait un travail de dingue. Alors peut-être que pour la moitié de la population, elle n'y était pour rien. Mais toi qui était un grand romantique et qui avait une belle vision de l'amour, tu voulais un mariage tout aussi magique que le leur. Peut-être que Cleo serait celle qui s'en occuperait. En tout cas, ça te ferait plaisir si c'était le cas. Mais avant de parler de mariage, il fallait trouver une copine. Avoir une relation stable et durable pour que quelque chose de ce genre puisse être envisagée. « Je le suis, en remplacement toujours, mais je devrais être titulaire à la prochaine rentrée. » Déjà quasiment huit mois que tu bossais à l'école élémentaire. Tu aimais ta classe, des petits monstres, mais des âmes si pures, si innocentes. Peut-être que certains l'étaient un peu moins mais ce n'était que des enfants. Celle qui t'avait le plus touché dans toute cette année, c'était une petite qui avait déménagé loin de Bowen mais à qui tu continuais de donner des cours particuliers. « Et si tu fais ça, tu vas finir sur la liste des pervers et tu vas avoir des problèmes avec la justice. » Tu rigolais légèrement. Tu l'imaginais bien grimper le grillage et t'épier aux fenêtres. Elle aurait sûrement l'air d'une folle, elle pourrait faire peur aux enfants mais toi tu serais là, à rire et à leur expliquer que ton amie te fait une blague. L'expliquer au principal serait moins fun, parce que tu pourrais avoir un avertissement pour ça. Mais ce n'était pas le moment de s'en faire pour ça puisqu'elle n'irait jamais jusque là. Elle n'était pas assez folle pour prendre ce risque. « Et toi, pas de mariage en préparation ? » demandais-tu en prenant une nouvelle gorgée de ton thé.

« Évidemment, » répond-elle simplement, les imaginant trop bien se perdre à chaque de rue, tentant de lire du mieux qu'ils le pourraient une carte qu'ils ne tiendraient peut-être même pas à l'endroit. Son compliment la fait sourire et Cleo baisse les yeux avant de hausser modestement les épaules. « L'amour peut soulever des montagnes, et blablabla. » Elle parle comme si elle ne croyait plus à tout ça, et pourtant Cleo a toujours été et restera une fervente amoureuse de l'amour. Elle trouve ça beau, ce sentiment capable de lier deux personnes pour l'éternité. Elle n'a juste pas eu de chance, ou plutôt elle a décidé de laisser passer la sienne. Plutôt que de s'attarder encore et encore sur elle, elle s'intéresse à Max et se remémore les quelques infos qu'il lui avait données sur lui, sur sa vie. « C'est génial ça ! » s'exclame-t-elle avec un grand sourire, sincèrement ravie pour lui. Cleo adore les enfants, pourtant elle serait tout bonnement incapable de gérer une classe pendant plus de huit heures pas jours. Elle sait qu'elle finirait par perdre patience, se mettrait à crier, et passerait pour la folle de service aux yeux de tout le monde. La mise en garde de Max la fait rire. « Bon, d'accord, je ne ferai rien susceptible de m'envoyer en prison. » Cleo a déjà été capable de quelques folies, mais jamais rien d'assez dangereux pouvant lui ouvrir un casier judiciaire. Elle n'a jamais eu une vie des plus palpitantes, ayant toujours préféré le confort de sa sécurité à l'adrénaline de ces folies passagères. « Tu sais, ici, les gens se marient sans arrêt. En Irlande, ils attendaient les beaux jours histoire de ne pas devoir porter de grosses vestes d'hiver sur leurs photos, ou bien de ne pas chopper un pneumonie pour leur lune de miel. Mais en Australie, il fait tellement chaud tout le temps que c'est limite si ils ne m'annoncent pas qu'ils veulent se marier en tongs. » Elle rit doucement avant de siroter son thé. « Mais c'est cool, je finis toujours par être invitée et j'ai même droit au champagne gratuit. » Elle tourne la tête vers lui. « Peut-être qu'un jour, si tu es libre, tu pourrais être mon cavalier. Tu verrais ce dont je suis capable comme ça, et tu me supplieras d'organiser ton mariage dans quelques années. » Elle hausse un sourcil.

En l'entendant faire son blablabla, tu rigolait doucement. Peut-être que c'était ça pour certains, mais pour toi, c'était autre chose. Pour toi, elle avait réalisé quelque chose d'incroyable et peut-être qu'elle ne s'en rendait plus compte à force d'enchaîner les mariages. « Tu sais que tu donnes l'impression de t'en foutre alors que t'es quand même organisatrice de mariage ! » Tu ne savais pas si c'était le cas ou non, d'ailleurs, tu ne savais pas vraiment beaucoup de choses sur Cleo, en général. Mais pour une organisatrice de mariage, tu avais l'impression qui lui manquait la flamme, comme si elle l'avait perdue des années auparavant et qu'elle faisait ce métier parce que sinon elle n'aurait rien d'autre. Mais tu refusais de croire ça parce qu'il t'avait semblé qu'elle était comme toi, qu'elle aimait l'amour, qu'elle aimait les mariages et qu'elle avait envie d'y croire. « Au pire, j'ai une amie qui pourrait m'apprendre à crocheter les serrures et je viendrais te faire évader et on sera en cavale toute notre vie et comme on a un sens de l'orientation pourri, on pourrait s'en sortir ! » Tu rigolais une nouvelle fois. C'est sûr que si vous étiez incapables de savoir où vous vous cachez, alors comment les autres pourraient le savoir ? Ils ne pourraient pas. Et vous seriez tranquilles, mais en cavale alors c'était pas non plus l'idéal. « Tu as déjà eu des demandes insolites, genre mariage sous l'océan comme dans 27 Dresses ? » Ici, la mer ce n'était pas ce qui manquait, surtout avec la barrière de corail pas très loin de la ville, ça pouvait faire un très beau mariage même si sûrement très compliqué à organiser. « C'est la moindre des politesses, je pense. » Après, ce n'était pas non plus une obligation mais tu avais l'impression qu'ici les gens étaient plus souvent enclin à rendre ce qu'on leur avait donné. « J'ai déjà une petite idée de ce dont tu es capable rien qu'avec les échos de ton dernier mariage. Mais pourquoi pas, on fera comme dans ce film là, où ils vont à des mariages pour trouver des plans culs et où ils finissent heureux, ou au moins l'un des deux, j'sais plus. » Toi et ta culture cinématographique des films romantiques, tu devais arrêter de l'étaler partout où tu pouvais, ça allait être contagieux après.

Elle secoue négativement la tête pour ne pas qu'il pense qu'elle se fiche totalement de l'amour, malgré ce qu'elle vient de sous-entendre. « Pas du tout, j'adore ça. Mais... disons que ma propre histoire m'a laissée assez amer par rapport à tout cet engouement. » Cleo regarde Max d'un air presque timide, telle une petite fille sur le point d'annoncer qu'elle a commis une grosse bêtise. « Je me suis presque mariée, en fait. » Elle l'a prononcé d'un ton plus bas comme si c'était un secret, comme si elle craignait de se faire entendre alors que tout le monde se fiche bien qu'elle ait fait foirer son propre mariage. Sa proposition la fait rire sincèrement avant qu'elle ne se mette à vivement hocher la tête. « De un, ton amie a l'air super cool, je veux savoir faire ça moi aussi ! Et de deux, je serais ravie d'être en cavale et perdue à tes côtés. » Elle rit à nouveau. Maxwell représente un de ses repères ici à Bowen, tout autant qu'Eilynn ou encore Isaiah. Il fait partie de ces personnes qu'elle aime sincèrement, celles sans qui cette ville lui paraîtrait soudainement si vide. Devant sa question, elle ne peut s'empêcher de sourire tant Maxwell l'attendrit. Pas comme un chiot ou un enfant, mais comme  l'être qu'il est, facilement émerveillé par la beauté du monde et de quelques films où tout finit bien. « Si tu savais ! Une fois, un couple m'a demandé d'organiser leur mariage dans un enclos à serpents. Ils étaient un peu hippies sur les bords, le genre de couple à vouloir entrer totalement en communion avec la nature. D'ailleurs, ils se baladaient sans arrêt pieds nus et la femme a même hésité à faire son entrée totalement dévêtue ! » Pour appuyer ses dires, Cleo hoche lentement la tête, sourcils haussés, pendant qu'elle sirote une gorgée de son thé. Elle lui parle alors de cette idée de cavaliers, et ce qu'il lui répond lui manque de faire cracher ce qu'elle en bouche. « Dis-donc Max, je ne savais pas que t'étais comme ça ! Petit coquin, » ajoute-t-elle en le regardant du coin de l'oeil, un sourire amusé accroché aux lèvres.

Tu l'écoutais attentivement lorsqu'elle te disait que cela était plus lié à son histoire que tu ne pouvais l'imaginer. Tu ne savais pas grand chose sur Cleo, vous n'aviez pas passé au peigne fin la vie de l'autre lors de votre rencontre. Bien occupés à rire, à chercher votre chemin et à parler simplement de tout et de rien sans se dévoiler. Vous aviez plus imaginé la vie des autres à vrai dire, c'était d'ailleurs pour ça que vous aviez rendez-vous aujourd'hui. « Presque mariée ? Intéressant. » Tu avais déjà une flopée d'idées qui défilaient dans ta tête, essayant de résoudre le presque. Et avant même qu'elle n'ait le temps d'en dire plus, tu laissais tes questions sortir. « Il a fui ? Tu as fui ? Il est mort ? Il est homo en fait ?  » Tu les avais toutes débitées les unes après les autres. Même pas le temps de respirer, ce pour quoi tu pris une grande bouffée d'air à la fin, mais tu ne t'arrêtais pas là, il y en avait une autre qui t'étais venu juste après tout ça. « Ou c'est toi qu'est devenue homo ? » demandais-tu avec un petit sourire en coin. Tu ne savais même pas pourquoi cette idée te plaisait, peut-être parce qu'elle te faisait rire, aussi simplement que ça. « J'ai des amis super cools, c'est bien pour ça qu'on est amis non ? » Tu lui fis un clin d'oeil. Tu la trouvais cool, toi, Cleo. Elle était dégourdie, elle avait de l'humour et surtout, elle était quand même drôlement sympathique. « Wow ! » Tu n'en croyais pas tes oreilles. Un mariage parmi les serpents, ça te faisait froid dans le dos. Peut-être parce que tu n'étais vraiment fan de ces reptiles. Mais le plus surprenant restait la tenue d'Eve pour robe de mariée, un poil malfaisant surtout s'il y a des ex dans l'assemblée. « En vrai je serais incapable d'aller inviter une fille à danser. » Tu marmonnais ça entre deux rires. Grand timide que tu es, tu avais plus de chance de rentrer seul qu'accompagné si tu faisais ça.

Quand elle parle d'elle, Cleo a tellement tendance à en dire trop qu'à force, elle a fini par avoir peur de déranger les autres. Du coup, elle ne le fait plus que quand on le lui demande et fait à présent partie de ces personnes qui écoutent bien, mais qui parlent rarement. Du moins, de sa vie privée. Sinon, elle est capable de lâcher un monologue sur toutes les raisons qui font que Stranger Things aura été une de ses séries préférées. Entendre les propositions de Max la fait doucement rire et, à la dernière, elle se contente de secouer négativement la tête. Elle s'apprête à répondre, mais il l'en empêche en rajoutant une dernière suggestion qui est, malheureusement pour lui, incorrecte également. « Non je ne suis pas homo, et personne n'est mort. » Elle rit encore, les yeux brillants, avant de lentement reprendre son sérieux et ne laisser qu'un fin sourire planer sur ses lèvres. Son regard se perd dans le vide et elle hausse les épaules. Au final, elle ne sait pas vraiment ce qui a causé la perte de ce mariage. Elle, en grande partie. « En fait, t'as lâché la bonne supposition. J'ai fui, je suis partie en courant alors que je portais une robe qui devait bien peser cinq kilos. » Et ça a été dur de courir avec ça, elle se souvient encore de la sensation de pierres qu'elle aurait traînées derrière elle. Suite à son compliment, Cleo lève à nouveau les yeux vers Maxwell et son sourire s'élargit un peu plus. « Ah oui ? Je suis super cool ? » Elle pourrait presque rougir si il n'était pas lui, mais heureusement elle a fini par se faire à ce coté si adorable qui ne le quitte pratiquement jamais. « Merci, ça me touche. » Puis Cleo lui parle de ses mariages, de cette folie qu'à eue une des futures mariées totalement fan des serpents et un peu hippie sur les bords. Elle ne peut s'empêcher d'hausser les sourcils, étonnée, quand elle entend qu'il n'oserait jamais inviter une fille à danser. « Ah non ? Même pas dans l'euphorie du mariage ? » Elle se tourne vers lui et cale une des ses jambes sous ses fesses. « Tu sais, c'est seulement difficile au début. Enfin je crois, je n'ai jamais vraiment invité qui que ce soit à danser. » Elle rit légèrement. « Je suis sûre qu'avec un peu de pratique, tu pourrais être capable de faire n'importe quoi. »

Tu avais émis tellement de supposition qu'elle avait fini par rire à tout ça. Tu l'accompagnais, tu aimais voir son sourire se dessiner sur son visage. C'était toujours agréable à voir. « Dommage ! Pas pour le mort hein ! » Quoique, cela serait vraiment une situation cocasse. Vouloir épouser quelqu'un qui venait de mourir, ça pouvait être perçu comme un signe du destin. Comme le fait que ce mariage ne devait pas avoir lieu. Mais voir l'être aimé mourir ce jour-là, ça devait être triste. Cela devait être une source d'anéantissement. Au final, tu laisses ton sourire se dissiper, elle reprenait son sérieux et toi aussi. Elle te révélait que tu avais eu juste. Que tu avais trouvé la vraie cause de son non-mariage. « Wow. » Autant dire, que tu ne l'avais pas vu venir. Elle qui était organisatrice de mariage, elle qui semblait croire dur comme fer en l'amour. Fuir un mariage, c'était quelque chose de très fort, de très symbolique. Souvent c'est par peur, parfois parce qu'on se trompe et qu'on veut éviter de commettre une grosse erreur. « C'est indiscret si je te demande pourquoi ? » Tu esquissais un léger sourire, tu ne voulais absolument pas lui forcer la main. Certes, ça te donnait envie d'en savoir plus mais si ça la mettait mal à l'aise, alors tu en resterais là. C'était ça, aussi, être un ami. « Super, méga cool. » Un clin d'oeil et un sourire en coin. Tu n'avais aucune raison de lui mentir. Tu prenais une nouvelle gorgée de ton thé glacé en l'écoutant te parler de l'euphorie des mariages. Mais même ça, ça te semblait improbable. « Et non. » Tu haussais doucement les épaules. Elle t'expliquait qu'elle aussi n'avait jamais invité personne à danser. Au fond, vous étiez pas mal semblables sur plusieurs points. « J'en doute, malheureusement. Je suis plutôt du genre à attendre dans un coin et à laisser passer ma chance. » Tu avais d'ailleurs la réplique de Dirty Dancing qui te venait en tête mais tu fis un léger sourire en la laissant de côté.

Même si il parle de mort à un mariage, certainement l'événement le plus triste qui pourrait arriver bien loin devant la découverte d'un futur mari gay, Cleo ne peut s'empêcher de rire. Maxwell a cette innocence dans sa façon de dire les choses qui rend tout plus léger, plus amusant et plus disponible aux blagues. Elle s'imagine très mal parler de ça avec quelqu'un d'autre, on la trouverait certainement trop glauque et on se demanderait ce qu'elle peut bien faire dans ce milieu des organisateurs. Cependant, les plaisanteries laissent rapidement place à un sujet plus sérieux : le sien. Son mariage, sa fuite, et les raisons qui l'ont poussée à faire ça. Au début, elle n'en était elle-même pas trop sûre. C'était un geste impulsif, comme une petite voix dans sa tête qui lui soufflait quoi faire si elle voulait être heureuse. Et puis finalement, au bout de plusieurs mois, elle a fini par comprendre.« Pas du tout, je le ferais aussi à ta place. » Elle lui sourit. Cleo se sent bien en présence de Max, en confiance. Il est d'ailleurs une des quelques personnes avec qui elle arrive à parler ouvertement sans finir par se couvrir de ridicule. « J'étais avec Matthew depuis quelques années déjà et il était vraiment... parfait. Il avait un boulot sérieux, une réputation, c'était un grand homme issu d'une famille riche et il m'offrait sans arrêt des cadeaux. Je n'avais rien à lui reprocher, alors que moi à l'époque j'étais un peu à l'opposé. J'avais parfois tellement la flemme de cuisiner que je me faisais des pâtes au ketchup, encore en pyjama. Je n'étais ni riche, ni réputée pour quoi que ce soit. Et quand j'ai vu que je risquais de finir comme lui, coincée dans une vie trop carrée, j'ai paniqué. » La voilà, l'histoire. Celle qu'elle n'a encore dite à personne à part elle-même, chaque soir dans sa tête quand elle essayait de se convaincre qu'elle n'avait pas commis une grave erreur. Maxwell finit par la complimenter, la qualifiant de super méga cool amie, et Cleo se met à sourire comme une ado tant ces mots lui vont droit au coeur. Elle s'empresse ensuite de parler de lui et non plus d'elle. « Quand tu tomberas sur cette fille qui allumera l'étincelle de ton regard, tu trouveras le courage de te lever pour la faire danser. » Elle sourit de plus belle, terminant son thé avant de garder le gobelet vide entre ses doigts.

Tu avais posé la question, tu avais envie de savoir pourquoi elle avait fui son mariage. Tu avais déjà vu ça dans les films et en général c'est parce qu'elle n'était pas amoureuse de la bonne personne. Tu n'imaginais pas pouvoir fuir de ton propre mariage, mais tu avais déjà imaginé être abandonné à l'autel. Ce qui aurait sûrement brisé ton cœur. Elle te racontait son histoire et tu hochais lentement la tête. « Je ne pense pas que tu puisses être coincée dans une vie trop carrée. » De peu que tu la connaissais, elle était assez calme mais aussi impulsive. La preuve, si l'envie vous prenez maintenant, vous pourriez courir dans la ville, voler une voiture, faire un resto-basket. Quoiqu'il en soit, tu l'imaginais assez mal avoir une vie rangée, être le parfait modèle de la femme au foyer des années 50 avec la coupe et la robe qui vont avec. La dinde tout droit sortit du four lorsque son mari passerait la porte. Ce serait régresser pour l'image de la femme. Pour la position de la femme. Et tu l'imaginais mal ainsi, accepter de rentrer dans ce moule là. Surtout si elle cuisinait des pâtes au ketchup en pyjama.« Peut-être oui ! » Tu esquissais un léger sourire en haussant les épaules. Tu ne savais pas si tu serais capable d'inviter la femme qui te plaisait à danser parce que tu étais assez timide. Mais tu pouvais toujours espérer. Ton regard la quittait pour se poser sur les personnes présentes sur la place et tu venais de voir quelque chose de surprenant. « Oh, regarde ces petites mamies, tu crois qu'elles viennent de faire un deal ? » Tu glissais vers elle, chuchotant, et secouant légèrement la tête en direction des deux petites mamies qui venaient d'échanger un petit paquet noir contre de l'argent. Forcément, à cette vision, tu avais l'imagination qui carburait à fond.  

Pendant longtemps, elle s'est demandé à quoi aurait ressemblé sa vie si elle était restée. Ce qu'elle ferait là, maintenant, de quoi aurait été constitué son quotidien. Tout aurait été si différent, et jamais elle n'aurait eu à dire au revoir à sa famille. Et pourtant, jamais Cleo ne regrette son choix. Elle se sent bien ici, à Bowen. Elle a l'impression que les journées sont plus ensoleillées, et que la vie est plus légère. « Ah non ? C'est vrai qu'il est difficile de me voir comme Madame "Je-Me-La-Pète-Avec-Mon-Fric", même moi j'ai du mal. » Elle rit doucement avant de reprendre son sérieux, laissant un sourire flotter sur ses lèvres alors que son regard se fait pensif. La vie de bonne famille ne lui aurait pas collé la peau, elle le sait maintenant qu'elle vit plutôt modestement, dans un simple appartement avec comme seule compagnie un chien qui salit ses canapés. Elle en vient ensuite à parler de lui, et lâche sans le faire exprès cette phrase philosophique sur la fille qu'il arrivera à faire danser. Ces trois mots en guise de réponse la satisfont amplement et, peut-être un peu trop rêveuse, Cleo se met à imaginer Max en train de danser avec une fille. La scène lui tirerait sûrement une petite larme, elle a qui a toujours eu tendance à laisser ses émotions déborder. Quand il lui fait signe de regarder les petites vieilles faces à eux, l'attention de Cleo se porte sur deux dames âgées qui échangent un étrange paquet contre une certaine somme d'argent. L'Irlandaise ouvre grand la bouche. « Elles font ça à leur âge ? Waw, c'est la première fois de toute ma vie que je vois une gangsta mamie. » Elle plisse légèrement les paupières afin de mieux voir, espérant ne pas se faire remarquer. « Si ça se trouve, elle achète juste des huiles thérapeutiques, » hasarde Cleo, bien que même son esprit naïf ne puisse croire à une telle conclusion.

« Mais si aujourd'hui tu es heureuse comme ça, alors je pense que tu as bien fait ! » Elle n'avait pas besoin de l'entendre de ta bouche mais tu estimais qu'elle avait le droit de connaître le fond de ta pensée. Après tout, tu ne la connaissais pas à l'époque de son mariage, il serait mal venu pour toi de la juger parce qu'elle avait eu peur d'avoir une vie trop bien rangée. Tu ne savais pas de quoi était fait les autres et même toi, tu ne te connaissais pas aussi bien que tu aimerais le penser. Tu es un grand romantique qui a quand même peur d'aborder une femme, au fond c'est plutôt risible comme situation. Et elle, elle t'encourage juste à te dire que lorsque tu trouverais la bonne, tu serais capable d'affronter toutes tes peurs. Le genre d'encouragement que tu n'aurais pas de la part de ta soeur, mais qui te faisait du bien à entendre. Après quoi, votre attention était focalisée sur deux petites mamies, tu l'écoutais dire qu'elle ne pensait pas voir ça un jour de sa vie. Et tu étais assez d'accord avec elle, toi non plus tu ne l'imaginais pas tellement mais il fallait bien se rendre à l'évidence : ça arrivait. Et sous vos yeux en plus. « Je crois que le monde change. » Tu haussais doucement les épaules. A ses mots, tu ne pus t'empêcher de retenir ton rire, c'était pas con comme idée mais à les voir, tu en doutais très fortement. « Et que t'es un peu trop naïve. Elles ont qu'à aller à la pharmacie pour les huiles, pas à rejoindre un grand type à capuche dans le centre de la ville ! » C'était peut-être ça d'ailleurs qui avait le plus aiguillé ton idée. Tu te souviens lorsque tu rejoignais Oliver dans un endroit sombre pour lui acheter un peu d'herbe, afin d'avoir de quoi fumer un joint ou deux tranquillement. Là, ils semblaient ne pas se cacher, comme si c'était quelque chose de normal. Mais ça ne l'était pas.