Eilynn | Retrouvailles difficiles.

Il fallait marquer le coup. Un retour, ça se préparait..enfin un retour comme celui-là. La boule au ventre, Tom se disait qu'il serait peut-être plus facile d'annoncer à son entourage que s'il était là aujourd'hui c'était non pas le temps d'une permission mais définitif. Comment allaient réagir ses frères quand ils verront leur petit frère faire une tête d'enterrement ? Et sa soeur ? Il ne fallait pas qu'ils s'inquiètent parce que Tom ne voulait pas les inquiéter mais lui-même avait peur. Peur de ce que l'avenir lui réserve,peur de ne pas pouvoir s'en sortir, peur de devoir enchaîner les petits jobs par-ci par-là afin de pouvoir payer ses factures, son assurance, afin d'assurer financièrement. Se faire éjecter de l'armée avec pour seule reconnaissance les félicitations des supérieurs mais aucune aide ensuite, ça faisait mal. Comment allait-il pouvoir s'en sortir ? Cette question tournait, tournait encore et encore dans sa tête alors qu'il marchait dans les rues de sa ville natale, dans cette ville qui avait été autrefois son domicile fixe mais qui était devenu son camp de vacances pendant ces neufs dernières années. Si Tom était là, ce n'était pas anodin.Il était ici pour une raison bien précise : il voulait revenir avec un cadeau pour chaque membre de sa famille et rien de mieux que les rues commerçantes pour ça. Sa petite soeur Maddie, était une jeune femme qui, comme beaucoup de femmes de son âge devait aimer sortir bien habillée, devait aimer se sentir bien dans sa peau dans des vêtements reflétant sa personnalité alors même si le jeune Ryan n'était pas très doué avec la mode et tout ce qui en découlait, il s'était mit en tête l'idée d'offrir à sa petite soeur une écharpe ou un accessoire similaire qu'elle prendrait plaisir à mettre tout en pensant à son frangin à ce moment là. Yeux rivés sur les vitrines, et perdu dans ses pensées par la même occasion,l'ancien militaire en venait à oublier toute cette vie autour de lui, ces passants qui marchaient sur le même trottoir que lui, ces rires au loin qui résonnaient de la terrasse du café d'en face ou encore ce petit chien au coin de la rue qui aboyait pour je ne sais quelle raison. Le monde avait beau défiler tout autour de lui,Tom était perdu, encore et encore dans ces pensées qui, depuis des semaines ne faisaient que le hanter. De son départ de l'armée aux réactions de son entourage en passant par une vie normale qu'il devait reprendre, tout sujet se confondait dans sa petite tête si bien qu'il finissait par se perdre et... bim ! C'est le choc qui le fit sortir de ses pensées. Tom écarquilla les yeux, surprit. Il venait de rentrer en plein dans une femme qui ne l'avait sans doute pas vu et qui ne l'avait pas évité comme les dix derniers passants. Au moins c'était efficace, il revenait soudainement à la réalité et s'empressait alors de s'excuser auprès de la concernée. « Tout va bien ? Je suis vraiment désolé je ne regardais pas où j'allais et... » il s'arrêta net, détaillant du regard le visage de poupon de la blonde, de ces grands yeux à ces fines lèvres, il la connaissait. Eilynn. C'était Eilynn. « Eilynn ! Je suis surpris de te voir, ça va rien de cassé ? » Ça c'était une surprise. Dans ses souvenirs, la belle blonde était une femme au fort caractère qui n'avait pas accepté son aide. Tom avait lâché l'affaire pour cette fois, de toute évidence avec son métier il ne pouvait pas être très présent, même lors de ses permissions il tentait de voir le plus possible sa famille, faire des activités en leur compagnie, jouer avec les enfants de ses frères mais les choses ont changé à présent, pour le plus grand malheur de la demoiselle qui n'est pas au bout de ses surprises.

Tu sors de la pièce furieuse suivi d’un de tes partenaires de jeu. « Je te dis qu’il a triché, ce n’est pas possible autrement. Il a perdu à toutes les mises et là boum il gagne tu ne trouves pas sa louche. » Tes poings se serrent et tu sens la colère te caresser les veines. Tu sais que perdre fait parti du jeu. Mais là tu ne comprends pas ou tu as fais une erreur. Tu as eu la main durant tout le temps de l’échange. « Eilynn je te jure qu’il n’y a eu aucune triche. Tu n’as pas du faire attention c’est tout. Ramasse ton fric tu as bien gagné et ne cherche pas la merde s’il te plait. Je le connais ce n’est pas son genre. Et je te connais aussi et je ne veux pas de bagarre chez moi. Je n’ai pas envie de le voir abimé ton joli minois. » Tu le fusilles du regard. « Arrête okay. Et je me tire va chercher mon argent il ne vaut mieux pas que je me retrouve en face de lui. Là je suis trop énervée. Je pourrais l’égratigner et pas le contraire. » Tu l’attends dans le hall, bouillonnante.  Il revient rapidement avec tes billets que tu glisses dans ton sac. Au final tu as bien ramassé même si tu es certaine que tu aurais pu ramasser plus avec cette dernière main. Mais tu ne veux pas faire de vague. « On se revoit bientôt mais je ne veux plus jouer contre lui okay. » « Okay je trouverais un autre partenaire promis la belle. Passe une bonne journée et reste calme. Ne va pas chercher d’embrouille à un pauvre innocent. » Tu lui souris tout en levant les yeux au ciel. « Moi chercher des embrouilles à un pauvre innocent. Putain tu me prends pour qui ? » Tu ouvres la porte et tu sors sans lui dire au revoir. Rageuse et furieuse, tu marches. Tu essaies de calmer la tempête qui fait rage au sein de ton corps. Tu es certaine qu’il y a eu embrouille mais tu n’arrives pas à piger où et cela te rend folle. Tes poings se serrent alors que tes pas te mènent dans la rue commerçante. Tu refais la partie dans ta tête, tu revois chaque donne. Et tout te parait cohérent jusqu’à la dernière donne. Donne qui t’a fait perdre. « Putain fait chier. » Ta voix s’élève au milieu des bruits de la foule. Ton esprit est ailleurs et tu te moques de ce que pourront penser les gens en t’attendant parler haut et fort. De toute façon que personne ne vienne te dire quoi que ce soit parce que cela pourrait finir mal. Très mal même. Il ne vaut mieux pas te chatouiller car tu es au bord de l’explosion. Tu accélères le pas, sans regarder où tu vas. Et boum.  Le choc. Un mec vient juste de te rentrer dedans. « Merde fait chier. » Pas de bobo mais vocabulaire châtié. Vu ton état il ne va pas l’emporter au paradis. Et il s’empresse de s’excuser. Sa voix te parait familière mais tu ne t’attardes pas là-dessus au départ. « C’est pas possible ce genre de chose achète toi une paire de lunette. Putain merde je vous jure. » Tu réagis sèchement alors que tu es autant coupable que lui. Puis tu croises son regard. Le tien doit être des plus noirs. Un océan en colère. Il te détaille. Ton cœur s’emballe. Tu en fais de même avant de reconnaitre qui se trouve là en face de toi. Tom. Tient ! C’est son jour de chance. Ou alors c’est le tien. Entre lui et toi cela a été rapidement la prise de tête. Parce qu’il connaissait un de tes frères il voulait prendre soin de toi d’une certaine manière. Comme si tu avais besoin d’un frère de substitution. Quelle connerie. Tu lui as vite fais comprendre que tu n’avais nullement besoin de lui. Et tu n’as jamais pris de gant pour ça. « Tom ! Surpris pourquoi ? Tu penses que je passe mes journées enfermées chez moi par peur d’affronter le monde. » Ta voix est pleine de rancœur. Tu étais déjà en rage mais là elle est décuplée. Le pauvre Tom va être le pauvre innocent dont te parlait ton partenaire. Remarque tu as toujours eu envie de lui en foutre plein la gueule. Voila que tu vas en avoir enfin l’occasion. « Parce que tu crois qu’un  petit choc va m’ébranler et me casser. Mais tu rêves mec. Tant bien je suis plus solide que toi. » Pas de bonjour, ou de tu vas bien, voir même heureuse de te revoir. Non ce genre de mot ce n’est pas pour Tom. Lui jusqu’à présent à toujours eu droit à la Eilynn furieuse. Remarque il le cherche à chaque fois. A croire que vous êtes faits pour vous faire la guerre. Il est militaire alors cela ne doit pas trop le changer. « Franchement tu pourrais regarder ou tu vas. Ou alors tu l’as fais exprès pour me faire chier. » Après tout cela pourrait être un moyen de te prouver que tu as besoin d’une épaule pour t’appuyer ou un truc dans le genre. Une technique d’attaque. Et bien elle tombe à l’eau sa technique. Elle sert à te donner plus de mordant dans tes répliques. Et à chatouiller d’avantage ta rage. Tom va être servi. Tu vas illuminer sa journée. Pas sur qu’il apprécie.

Bim. Retour à la réalité. Le choc était comme un réveil en sursaut, il avait l'impression d'avoir été enfermé dans une espèce de bulle pendant un long moment si bien qu'au départ il ne comprenait pas tout. Mais une fois les pieds sur terre, tout prenait son sens, ils s'étaient rentrés dedans parce qu'il était ailleurs et sans doute qu'elle l'avait été aussi. Sinon elle l'aurait évité pas vrai ? Quand Tom comprend qui se trouve en face de lui il semble plutôt content, c'est vrai, cette jeune femme allez savoir pourquoi il l'apprécie malgré ce caractère de merde qu'elle a. Parce que oui, elle a un sale caractère et c'est pas son frère, ami de Tom, qui dira le contraire. Le jeune Ryan a déjà vu de quoi elle était capable, notamment lorsqu'il avait commencé à la protéger, la prendre sous son aile alors qu'elle a toujours cru dur comme fer qu'elle n'avait besoin de personne pour ça. Malheureusement pour elle, elle est tombée sur quelqu'un de têtu, persévérant et si le devoir l'a fait lâcher l'affaire, pas sûr qu'aujourd'hui il veuille de nouveau lâcher l'affaire à moins que... A moins qu'elle soit désagréable avec lui comme actuellement. Il hallucinait. Qu'elle hausse le ton parce que quelqu'un venait de lui rentrer dedans c'était une chose. Parfois, on se lève du mauvais pied et la moindre petite chose qui ne va pas comme on l'avait prévu peut nous faire sortir de nos gongs mais de là à ce qu'elle commence à attaquer quelqu'un qui avait été agréable avec elle... « Tom ! Surpris pourquoi ? Tu penses que je passe mes journées enfermées chez moi par peur d’affronter le monde. » Les sourcils du concerné se froncent, il la regarde en se demandant si elle blaguait ou si cet air était sérieux. Non. Elle n'a pas l'air de rire. Tom en vient à sourire, c'était plus nerveux que sincère mais il tente de garder son calme et ne pas s'emporter parce qu'elle pourra sûrement baisser d'un ton si justement elle voit qu'il ne s'emporte pas. Enfin ce serait trop beau pour être vrai. « Je ne pensais pas à ça mais.. » Il cherche ses mots, réfléchit avant de secouer la tête en se disant que de toute façon ça ne sert à rien de répondre à cette réflexion. Alors il laisse passer. Une fois. Et elle l'attaque de nouveau et cette fois-ci il se met à rire nerveusement. Au fur et à mesure de ses mots il sent en lui cette espèce de haine ou de colère qui monte, doucement, mais sûrement. Il n'a pas pour habitude de s'énerver, perdre son calme mais il est certain que si elle continue de lui parler de la sorte il ne pourra pas rester aussi impassible très longtemps. « C'est assez drôle sortant de la bouche d'une femme qui doit faire du sport peut-être...hum, une fois par mois ? Viens t'entraîner avec moi un de ces quatre, on va bien s'amuser. » C'est une réelle proposition. Et un défi qu'il se lance. Le défi de lui faire fermer son clapet à cette femme qui pense qu'il n'a rien dans les bras. S'il a été viré de l'armée, c'était sûrement pas à cause de sa condition physique. Tom, c'est un sportif dans l'âme, depuis gamin il fait du sport comme il respire. Il aurait même pu finir coach sportif mais sa passion pour l'armée primait. Elle prime encore même parce qu'il espère un jour pouvoir reporter l'uniforme. Il le sent, que cette vie dite normale n'est pas faite pour lui. C'est déjà difficile pour lui de marcher en centre ville parce qu'il a tendance à vite paniquer quand il y a trop de monde mais si en plus c'est pour tomber sur des personnes qui le mettent mal à l'aise, ou qui jouent avec ses nerfs... Le pire c'est qu'elle en rajoute une couche. Depuis quand il s'amuse à foncer dans les autres pour faire chier son monde ? Elle ne manque pas de culot, pense-t-il avant de lui répondre. « Je me suis excusé il me semble, en revanche si tu regardais où tu allais tu aurais pu m'éviter plutôt que de m'accuser de je ne sais quelle gaminerie. »

La rage habite tes veines. Elle inonde ton cœur. Elle envahit ton être. Tu as envie de frapper sur la première chose qui va se glisser sous tes poings. Cela pourra être un mur comme une tronche. Tu ne regardes pas où te guident tes pas. Tu t’en moques. Trop prise dans tes pensées. Tu as horreur de te laisser avoir. Surtout de cette façon, tu as la sensation de passer pour une débutante et ça te fait carrément chier. Alors quand ton corps rentre dans un autre corps parce que ton esprit était concentré sur tout, sauf sur le monde qui t’entoure. Tu exploses. Sans chercher à comprendre. Sans même admettre que tu es autant responsable que la pauvre personne qui se trouve face à toi. Non tu vois rouge direct. Et tes mots le montrent. Tu n’as plus envie de contenir cette colère qui te bouffe comme un acide. Tu laisses parler "ta délicatesse" sans même te rendre compte au départ à qui tu as affaire. Et quand tu réalises, alors là la rage déborde et vient d’avantage nourrir le feu de la rogne déjà bien féroce. Comme si tu avais besoin de ça. Et pourtant Tom a l’air heureux de te voir. Le contraire t’aurait étonné. Mais toi c’est loin d’être le cas. Pas envie de morale ou de quoi que se soit d’autre. Ni hier, ni demain et encore moins à cet instant. Alors tu sors les crocs et les griffes d’entré de jeu, histoire de couper court à tout instant de gentillesse. Et tant pis si tu le froisses tu n’as pas envie de faire dans la dentelle aujourd’hui. Tu aurais même pu réagir plus violemment, alors qu’il ne vienne pas se plaindre. Il semble perplexe face à ton comportement. Pourtant il a déjà eu affaire à ton petit caractère de fille rebelle. Vu qu’il a déjà voulu jouer les protecteurs. Ou plutôt les grands frères. Il reste calme, s’il croit que cela va t’arrêter et bien il fait mauvaise route. « Ah bon et tu pensais à quoi alors ? » Ta voix reste aussi froide et cassante. Il n’est pas le responsable de ta rage, mais vu que tu n’as pas pu la laisser sortir il se pourrait bien qu’il en soit la victime. S’il lui prend son temps entre ses phrases toi tu réponds du tac au tac. Secoué par tout ce que tu ressens. C’est comme une ivresse et elle te grise. Tu sais qu’un jour elle risque de te perdre. Mais jusqu’à présent tu as toujours eu le dessus. Enfin pratiquement à chaque fois. Mais le danger fait partir du jeu et tu n’as jamais eu la trouille de l’affronter. Et tu le provoques d’avantage. Et il se fait plus mordant. « Moi faire du sport une fois par mois. Je ne préfère même pas relever. »Tu es presque vexée sur le coup ce n’est pas de cette façon qu’il va adoucir la bête qui t’habite. « Et pour le reste c’est quand tu veux. » Tu soupires, tu as passé toute ton enfance à te battre contre des garçons et tu as continué à entretenir cette relation avec le monde masculin en grandissant. Alors même si Tom est grand et plutôt bien taillé, il est loin de te faire peur. Il est vrai qu’il est avantagé par son métier, mais tu l’es par ta rage. Elle alimente souvent ta force et ta façon de réagir face aux défis. Mais là tu as les nerfs à fleur de peau du coup tu ne cherches même pas à être sympa. Tu lui balances même que c’est carrément de sa faute si vous en êtes là. Pour toi il avait qu’à regarder où il allait. Et pas question d’admettre que tu as aussi ta part de responsabilité. Mais Tom ne compte pas lâcher l’affaire comme ça. Il te traite presque comme une gamine. Putain il ne voit pas que pousser le jeu trop loin cela risque de lui exploser en pleine gueule. « Ah parce que c’est de ma faute en plus. C’est bien une réflexion de militaire ça. Vous êtes bornés et butés. T’accuser de gaminerie. » Tu soupires et tu lèves les yeux au ciel. « Comme si j’avais que ça à faire. » Tu as horreur de te sentir traitée comme une gamine, tu ne le supportes plus de tes frères qui sont tes ainées, mais de Tom là ça ne passe pas du tout. De plus tu sais qu’il est plus jeune que toi et il compte te faire la leçon. Tu auras tout vu aujourd’hui. « Alors tu veux que je m’excuse pour quelque chose dont tu es en grande partie responsable. » Ta voix ne perd de son arrogance. Et ton regard vient percuter le sien avec insistance. Tu ne te laisseras pas déstabiliser par un mec dans son genre. Beau gosse il est vrai mais cela reste Tom l’homme à abattre pour tout un tas de raison.