there's a light behind darkness (effy)

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Faire les courses n'a jamais été son passe-temps préféré. Si il le pouvait, Oscar préférerait encore commander tout sur internet, cocher quelques cases et payer en un clique sans devoir passer par la case supermarché. Et comme si devoir se remémorer tout ce qu'il doit acheter sans rien oublier -dût au fait qu'il n'a absolument pas penser à rédiger une liste- n'était pas assez, il doit en plus surveiller sa fille, Luce, occupée à courir dans tous les rayons. Il a beau essayer de la suivre, la petite est bien trop rapide pour lui et disparaît à nouveau à chaque fois qu'il arrive à la retrouver. Son sac de courses dans une main, Oscar se décide sur une marque de céréales pour Luce et opte pour une choisie au pif, n'ayant pas envie de passer une éternité dans un rayon sous prétexte que sa gamine n'est pas capable de se tenir sagement à coté de lui. Prêt à passer en caisse, il fait un arrêt devant tous les rayons, sourcils froncés. « Luce ? » demande-t-il, dans le vide. Pas de réponse, et pas de Luce non plus. Au rayon des surgelés, il entend des petits bruits de pas précipités qui s'arrêtent soudainement. Elle est de l'autre coté. Lassé de devoir jouer au chat et à la souris avec la petite, Oscar s'empresse d'aller la retrouver et, en reconnaissant sa silhouette de dos, il pousse un soupir. « Luce, please, we have to go now. » Sa fille est debout devant une jeune femme aux cheveux foncés, visiblement en grande discussion avec cette dernière. Voyant que Luce ne l'écoute toujours pas, Oscar marche jusqu'à elle et attrape sa main. « I'm sorry, » dit-il avant de lever les yeux vers l'inconnue. « She can't stay in place, and she is sometimes way too curious, am I right ? » Cette fois, il baisse les yeux en direction de Luce qui hausse innocemment les épaules. Contrairement à la plupart des enfants de son âge, elle n'avait pas peur des inconnus. Bien que ce n'était pas pour le rassurer, ça aidait pas mal Oscar point de vue scolaire, et pour toute autre activité la concernant.

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L'étudiante aux boucles brunes avait repris quelques couleurs ces dernières semaines. L'arrivée des beaux jours et surtout, le fait qu'elle avait repris un rythme de vie à peu près normal - entendez par là, moins de sept jours par semaine où elle se droguait et buvait seule dans des bars et boites de nuit - contribuait au regard plus vif et perçant qu'elle arborait. Ses incroyables iris bleu azur pétillaient comme à leur habitude, à la fois fascinants et malaisants. La jeune femme faisait même ses courses, ce qui était déjà incroyable, elle qui ne sortait de sa chambre que pour aller s'acheter des pilules magiques et autres douceurs. Elle avait repris les cours et planchait sur ses études de manière assidue, histoire de rattraper son retard et réussir son année.

Flânant entre les rayons, sa chemise à carreaux ample volant autour de son top blanc qui moulait son corps mince, au-dessus d'un short en jean, Effy saisissait les ingrédients et autres objets ménagers dont elle avait besoin. Elle remarqua une petite fille dans le rayon des sucreries, qui tentait désespérément d'attraper une pâte à tartiner au chocolat, se trouvant trop haut pour ses petits bras. Un sourire malicieux sur les lèvres, la jeune fille s'approcha d'elle et s'accroupit pour se mettre à sa hauteur.

« Need some help ? »

L'aborda-t-elle avec un petit sourire. Effy n'avait pas l'habitude de côtoyer les enfants et elle n'en raffolait pas, contrairement à la plupart des filles de son âge. Mais la persévérance inébranlable de cette petite l'amusait. La fillette acquiesça d'ailleurs en lui parlant du pot de pâte à tartiner, qu'Effy saisit avant de le tendre à la petite. "I'm Luce ! And you, who are you ?" lui demanda la dénommée Luce en plantant un regard franc et assuré dans celui de l'étudiante. Effy s'approcha de l'oreille de la petite.

« Can you keep a secret ? »

Chuchota-t-elle a son oreille. Luce hocha la tête, le regard brillant, comme si on venait de lui confier une mission de la plus haute importance. Effy sourit à nouveau.

« My real name is Elizabeth. But shht, nobody knows. People call me Effy. »

Une voix masculine vint interrompre les messes basses des deux filles. Cela devait être le père, car il s'excusa pour le comportement un peu trop curieux de sa progéniture, indiquant à celle-ci qu'il était temps d'y aller. Effy haussa les épaules, adressant un regard complice à Luce.

« No worries. It seems like she needed some help. »

Répondit Effy sur un ton enjoué en désignant la pâte à tartiner d'un mouvement de tête. La petite fille réprima un petit rire, avant de lever un regard penaud mais malicieux vers son père.

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Luce possède encore cette innocence qu'ont tous les enfants, l’inébranlable conviction que n'importe qui peut être son ami et qu'il suffit de se présenter à elle pour immédiatement entamer une longue conversation. Curieuse, la petite ne quitte pas l'inconnue du regard qui, rapidement, se présente à elle sous deux prénoms. Le quel choisir ? Effy, c'est plus court, et elle apprécie. « I won't tell, » murmure-t-elle avant de recouvrir sa bouche de sa main et de se mettre à glousser. C'est à ce moment là qu'Oscar la trouve, découvrant avec un léger pincement au coeur sa petite fille qui parle à une personne étant toujours inconnue pour lui, même si elle semble être déjà la grande copine de Luce. « Well, thanks for her. » Il offre un sourire à la jeune fille et, tout en tenant la main de Luce, la tire doucement vers lui. « Can we go now ? » « But I want to stay with Effy ! She's my friend, » réplique Luce en tournant la tête vers la jeune femme, faisant virevolter ses deux couettes blondes au passage. Oscar regarde d'abord Luce avant de porter lui aussi son attention vers la prénommée Effy. C'est un prénom particulier, mais il a toujours apprécié ce qui sortait de l'ordinaire. « Seems like my daughter is already in love with you, » dit-il avec un sourire amusé. Ce n'est pas la première fois que Luce se lie si facilement d'amitié avec une inconnue, mais c'est la première fois qu'elle le supplie de ne pas la quitter. Luce lâche la main d'Oscar et sautille jusqu'à Effy avant de se planter devant elle, un immense sourire étirant ses lèvres et dévoilant le trou qu'elle a entre deux dents du bas. « Effy certainly has something better to do than spending time with you, » soupire-t-il, se sentant un peu coupable de la casser dans son élan.

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Effy répondit par un sourire mince et haussa les épaules en baissant les yeux, avant de les relever vers le père de Luce. Il n'y avait pas besoin de la remercier, l'étudiante faisait rarement des choses par obligation. Et c'était sa manière discrète à elle de dire qu'il n'y avait pas de quoi. La brunette n'était pas quelqu'un qu'on pouvait qualifier de bavard, loin de là, mais la fillette faisait ressortir cette âme joueuse qu'elle avait toujours en elle. En général, Effy l'utilisait à mauvais escient. Avec une enfant, ça ne risquait pas de se produire. C'était sans doute pour ça qu'elle se tenait généralement à distance de ces nains de jardin. Mais Luce, malgré son jeune âge, témoignait déjà d'une force de caractère qui faisait sourire Effy. Cette dernière exposa d'ailleurs à son père pourquoi il était plus ou moins inadmissible de quitter les lieux maintenant, et d'une certaine manière, cela toucha la jeune fille, même si elle savait bien que l'amitié était perçue de manière très différente chez un enfant. Cela n'empêchait pas cette conception d'être sincère.

« Oh, you're my friend too, I promess. I'm just not sure your dad wants to spend all his time in a supermarket. »

Répliqua Effy avec sérieux, mais en laissant entendre une touche d'humour derrière. Elle laissa échapper un petit rire quand le jeune homme laissa entendre que Luce semblait déjà sous son charme. Ce qui perturbait un peu la jolie brune, loin d'avoir la fibre maternelle, et qui selon elle n'avait ni la patience ni le tact requis, ni même le mode de vie approprié pour s'entendre avec des enfants. Elle ne savait pas trop quoi faire, ce n'était pas à elle de décider ce qui allait se passer. Surtout quand la petite vint la rejoindre en sautillant, en lui offrant un merveilleux sourire de gosse qui sait comment obtenir ce qu'il veut. Tiraillée, elle afficha une moue d'excuse et son regard passa du père à la fille sans trop savoir quoi faire, jusqu'à ce qu'il dise qu'elle avait sûrement mieux à faire. En un sens, elle était juste venue faire ses courses et c'était déjà une belle étape pour elle. Elle reprenait de l'activité et s'esquintait à se bouger les fesses et à moins déconner que ces derniers mois. Mais elle n'avait pas de chose particulière à faire aujourd'hui, même si elle aurait pu. Et puis, Luce représentait un peu pour elle l'élément sain qui manquait sans doute dans sa vie.

« I don't know... Actually, I don't have anything better to do. I'm not even sure that there's something on earth better than spending time with you, Luce. But it's not up to me. »

Répondit Effy sur un ton hésitant, adoptant un regard espiègle en s'adressant à Luce, puis revenant à son père. Elle ne voulait vraiment pas s'imposer et c'était un peu étrange comme situation. Mais la gamine lui offrait des yeux doux à fendre le cœur d'un ours polaire. Elle ne voulait juste pas dire quoi que ce soit qui pourrait lui donner de l'espoir, alors que c'était au père de décider. Et puis ça restait bizarre. Mais le fait que Luce trouve entièrement naturel de passer la journée avec elle lui donnait le sourire. C'était un sentiment spécial, que seuls les enfants étaient capables de créer.

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Il ne peut s'empêcher de remarquer à quel point Luce et Effy ont l'air complices, difficile de se dire qu'elles ne se connaissent que depuis quelques minutes. Avec son sac de courses entre les mains, Oscar est hésitant. Ils devraient rentrer, il a des textes à écrire mais il sait qu'au bout de plusieurs heures, Luce finirait pas s'ennuyer chez lui et lui demanderait pour jouer avec elle. Ces derniers temps, il est tellement inondé par le travail qu'il lui arrive trop souvent de ne plus pouvoir s'amuser avec elle comme il le faisait autrefois. Fini les séances cinéma à la maison, les parties de monopoly pour enfants interminables, Luce s'attardait à présent sur des jeux plus individuels car elle savait aussi bien que son papa que ce dernier devait travailler. Elle le voyait passer tout son temps à rédiger sur des feuilles, les griffonner, pour finir par tout jeter. Et heureusement, comme elle était une petite fille intelligente, elle comprenait. Aux paroles d'Effy, Oscar ne peut s'empêcher de rire. Un rire discret comparé à celui de Luce qui s'empresse de hocher vigoureusement la tête. « It wouldn't be funny, but we can go to the park ! Can we, daddy ? » Elle se tourne vers Oscar et plante ses grands yeux clairs dans les siens. Pourquoi pas, au final. Ils pourraient très bien y aller, avec ou sans Effy. Il ne sait pas vraiment si passer du temps avec des gamines qu'elle ne connait pas puisse réellement être son passe-temps préféré, mais après tout Luce ne perdrait rien à lui demander. Elle pourrait finir par être déçue face à un refus, et il suffirait à Oscar de lui offrir une glace pour réconforter son petit coeur qu'elle dirait brisé. Elle aime tellement les glaces, sa fille. Elles agissent sur elle comme un pansement universel capable de soigner toutes les plaies. Ce que répond Effy à Luce réussit à faire sourire le père et la fille, tous deux touchés par ces mots. « Well, she's not wrong. We could go to the park, if you're sure you don't have anything important to do. » Immédiatement, Luce se met à sautiller sur place. « Awesome ! Come with me, » dit-elle avant de prendre la main d'Effy et de la tirer jusqu'à la caisse. Oscar les suit et croise le regard de la jeune fille avant de hausser innocemment les épaules. Elle finira peut-être par s'habituer au trop plein d'enthousiasme de Luce si elles finissent vraiment par devenir amies. Et surtout, si elle ne part pas en courant avant.

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Luce ne perdait vraiment pas le nord, à croire qu'elle avait déjà tout planifié mentalement sans douter une seconde que son père refuserait. Elle proposa d'aller au parc, pleine d'enthousiasme, sautillant sur place. Effy se mordit la lèvre, elle ne savait pas vraiment comment elle s'était mise dans cette situation, ni si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Si quiconque la connaissant un peu l'avait croisée avec une enfant, il en serait tombé de sa chaise. Le style de vie d'Effy n'était pas vraiment ce qu'on pouvait qualifier de sain et de bon dans l'entourage d'un gosse. Mais la gamine avait un caractère et une façon de faire qui touchait la belle étudiante, et même si elle ne parvenait pas à l'expliquer, jouer avec cette petite ne lui paraissait pas du tout dérangeant. À vrai dire, c'était plus pour la petite qu'elle se serait inquiétée. Effy n'avait aucune fibre maternelle, aucun feeling avec les enfants, elle n'était pas particulièrement imaginative ou patiente. Joueuse certes, mais pas le genre de jeu que l'on joue lorsqu'on est petit. Oh et puis merde. Ce n'était qu'une après-midi, ce n'était pas comme si la jeunette était sous ecstasy ou encore bourrée de la veille.

« I'm sure. »

Affirma la jeune fille, rassérénée et arborant un sourire chaleureux. Elle n'eut pas le temps d'en dire plus que Luce la traînait derrière elle et Effy n'eut d'autre choix que de suivre avec ses courses à moitié faites. Bah. L'enthousiasme débordant de la fillette la faisait plus rire qu'autre chose. Et elle n'avait réellement rien d'urgent à faire. Elle retint un rire en croisant le regard résigné du père, et passa ses courses à la caisse. Une fois ses quelques affaires scannées et rangées dans son sac, et celles du père de famille aussi, ils partirent en direction du parc, Luce l'emmenant toujours comme quelqu'un promènerait son chien, sa petite main potelée dans celle de la brunette.

« By the way, I didn't even ask your name. »

Dit la jeune femme en se tournant vers Oscar, marchant côte à côte avec lui, tandis que la fillette la tirait presque vers l'avant, transpirant la joie.

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Même avant d'être père, Oscar a toujours aimé les enfants. Il était ce genre d'adulte à regarder un plus petit avec un grand sourire, puis à lui faire une grimace dès que sa mère avait le dos tourné. Il les aimait et pourtant, jamais il n'a décidé devenir père si tôt. Ça l'a d'abord effrayé, si bien qu'il a mis quelques mois avant de venir à Bowen, après avoir appris sa naissance. Il avait peur de ne pas être à la hauteur, d'être incapable de s'occuper d'elle alors qu'il n'avait absolument aucune expérience. Et lorsqu'il l'a vue la première fois, quand il a posé ses yeux sur ce petit bébé qui gigotait dans son parc, il a compris ce qui l'avait poussé à faire tous ces kilomètres. Oscar, il aura traversé le monde entier rien que pour pouvoir tisser des liens avec cette petite blondinette qui se tient devant lui actuellement. Il aurait pu comprendre qu'Effy ne veuille pas de leur compagnie, qu'elle ait des choses bien plus importantes à faire -ou pas- mais surtout, bien plus de son âge. Elle n'a pas demandé de se retrouver avec une gamine de cinq ans, bientôt six, qui lui courre dans les pattes et se prétend être sa nouvelle meilleure amie. Pourtant, elle accepte. Elle suit en souriant, sans trouver la moindre excuse qui aurait sûrement fait de la peine à Luce, mais qu'Oscar aurait très bien compris. Après avoir passé ses articles à la caisse, ils sortent tous les trois vers le parc le plus proche, et c'est seulement après qu'elle le lui fasse remarquer qu'il réalise qu'il ne lui a toujours pas donné son nom. « It's Oscar, » dit-il, portant son attention sur elle. Effy a des yeux d'un bleu profond, une couleur envoûtante qui attire immédiatement le regard. Bien vite, il tourne à nouveau la tête vers Luce qui sautille devant eux. « She has always wanted an older friend,» dit-il sans quitter la petite des yeux. « Sometimes, she says that her friends at school can't understand her, and I think she's a bit more mature than some of them. It's probably why she's acting like an excited puppy with you, » ajoute-t-il en riant.

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