Quand tu avais tout prévu, mais quand fait ça se passe pas comme prévu (Bàhr)

« J’suis passé maître dans l’art de m’échapper, j’réussis toutes les Escape Games, alors crois pas que c’est gagné d’avance, sorcière … » Un sourire se dessina sur mes lèvres alors que je la taquinais, tout simplement. En réalité, présentement, je n’avais aucunement l’envie ou le désir de m’échapper. Au contraire, d’ailleurs, mon corps semblait chercher à s’unir à celui de Zelda, à s’attacher à elle pour ne plus jamais la quitter. Je ne tardai donc pas à me laisser aller complètement à ce que nos deux corps réclamaient, à écouter ce que nos cœurs criaient. L’harmonie totale entre le corps et l’esprit, en totale fusion, en nous-mêmes et entre nous deux. Les ongles de Zelda s’enfonçaient dans ma peau, ne laissant que des traces passagères, éphémères, le temps de me transmettre tout le plaisir qu’elle prenait à chaque coup de reins que je donnais vers elle. Nos regards se plongèrent l’un dans l’autre alors que je ralentissais doucement la cadence, prenant le temps de vivre ce moment, prolongeant le désir. C’est à ce moment que la rousse m’avoua que je la rendais folle, et qu’un sourire se dessina de nouveau sur mes lèvres. « Tu l’étais déjà, honey. » Je rigolai, tout doucement, avant de l’embrasser et de recommencer à prendre un rythme un peu plus pressé. Je l’aidai à rester sur le divan, retenant son corps pour qu’il ne glisse pas – c’aurait été bien notre genre de tomber sur le plancher, mais quand même, je tentai le plus possible d’éviter cette petite catastrophe.

Elle avait bien raison. J’avais peut-être longuement été aveuglé par d’autres lumières que la sienne, m’empêchant d’être ensorcelé par son propre charme, mais maintenant que mon regard s’était enfin véritablement posé sur elle, sans qu’un filtre ne vienne me brouiller la vue, je savais que je n’échapperais pas au charme de Zelda. J’avais eu bien des histoires entre le départ d’Ally et mon baiser avec Zelda. Bien des histoires d’amour, des montagnes russes d’émotions, qui encore aujourd’hui venaient me chambouler l’esprit et le cœur. Je ne pouvais prétendre vivre une stabilité émotionnelle à toute épreuve, au contraire je me savais encore fragile et chancelant, mais Zelda semblait venir apaiser mes doutes et mes remises en question. Elle semblait me remettre sur un chemin qui me semblait plus droit que les autres. Et c’est avec ces sentiments légers et purs que je lui avais fait l’amour ce soir, en oubliant les autres femmes avec qui j’avais tenté d’oublier la douleur de ma peine d’amour. En me concentrant sur elle, sur nous, sur ce que nous avions de maintenant précieux. Je m’accrochais à elle, je la maintenais contre moi, comme si cela pouvait m’empêcher de tout foutre en l’air. Je perdis alors la notion du temps, et je ne savais même plus s’il était question de courtes minutes ou d’un long et intense moment, mais Zelda et moi atteignîmes l’extase presque simultanément, avant que nos muscles ne se relâchent tous en même temps. Mon corps se lâcha un peu plus contre elle, mais je tâchai bien vite de m’écarter sur le côté pour ne pas l’étouffer sous ma forte carrure. « C’est pas que je veuille nous rusher après un tel moment, mais … j’ai aucune idée de quand reviennent mes colocs’ et … il vaudrait peut-être mieux aller dans ma chambre. » Un sourire s’installa sur mon visage. « Enfin, surtout si on veut rester comme ça. » Et par comme ça, je voulais évidemment dire nus. D’ailleurs, Zelda et moi allions devoir emporter le secret de nos ébats sur ce divan dans notre tombe, parce que si mes colocataires apprenaient ce qu’on venait d’y faire, je passerais un mauvais quart d’heure.

Zelda était mignonne, à se cacher la poitrine de la sorte alors que notre relation venait de passer à un tout autre niveau, justement. Son corps n’avait presque plus aucun secret pour moi. Il s’agissait de la dernière barrière à notre amitié et nous venions de la mettre à terre sans trop se poser de questions. Je comprenais malgré tout qu’il puisse être gênant de nous retrouver nus face à l’autre, même après le plaisir pris à deux. Je ressentais un peu la même gêne, et c’est pourquoi je pris la jetée posée sur le coin du divan pour l’enrouler autour de ma taille. Ça aussi, ça passerait au lavage dès demain ! « Disons que j’avais pas vraiment prévu que … enfin, que ça se passe là, maintenant, tu vois. » Avouais-je avec un rire. Si j’avais su, moi aussi j’aurais probablement proposé à Zelda de passer à ma chambre, où c’était plus intime et surtout plus respectueux de mes colocataires. Tant pis, c’était fait, il était trop tard pour faire marche-arrière. Je pouffai de rire avec elle. Au moins, ça ne la gênait pas au point de s’en culpabiliser à fond. Peut-être serait-elle davantage intimidée quand viendrait le temps de revoir mes colocataires, mais ils n’auraient jamais aucune idée de ce qui venait de se passer. Nous passâmes donc à la chambre, et je fis un rapide arrêt à la salle de bain pour me nettoyer rapidement, avant de revenir vers Zelda qui se glissait dans mon lit. Je n’hésitai pas à me glisser à mon tour sous les couvertures, et contre son corps. La jetée avait été laissée au pied du lit. Quand elle avoua qu’elle n’échangerait sa place pour rien au monde, je souris en faisant mine de regarder vers la porte de ma chambre, maintenant fermée. « Ça tombe bien, parce que … y’a pas vraiment de file d’attente. » Blaguais-je. Si Zelda savait à quel point mes dernières semaines avaient été mouvementées, par contre, elle ne le prendrait peut-être pas pour une plaisanterie. Mais maintenant que je m’engageais à elle, je cesserais mes conneries. Pour elle. Pour nous. « Je suis donc tout à toi. » Ajoutais-je en l’embrassant, l’attirant contre moi.