back in the past (arthur)

Samedi soir. Comme chaque week-end, tu sors, tu profites et tu te dépenses. Cela comble les nombreuses heures que tu passes durant la semaine à travailler d'arrache-pied pour ton entreprise. Il faut dire qu'en dehors des week-end, tu t'accordes très peu de temps libre. Alors là, tu dois bien l'avouer, tu ressens le besoin de voir du monde et de te défouler. Plus tôt dans la soirée, tu avais reçu un sms d'un ami de longue date t'invitant à une fête à domicile. Toi, tu préfères largement ce genre d'événement plutôt qu'une soirée en boîte de nuit, alors évidemment, tu ne pouvais pas refuser. Après une heure à te préparer, tu prends enfin ta voiture pour te rendre à l'appartement de ton ami. Tu as opté pour un jean serré et un haut légèrement décolleté, rien de trop extravagant mais assez pour faire son effet quand même. Tu es quelqu'un qui aime plaire et ça se voit. Bref, tu arrives finalement à l'appartement, entrant sans même avoir eu l'autorisation. Très vite, tu salues le maître de maison et te serres un verre de vodka pour bien commencer la soirée.

Il était là, porté par la vie. Porté par un stick long comme son pouce. Comme souvent, il discutait et apportait son point de vue qu'il défendait ardemment comme son bout de fromage. En soirée, Arthur c'est le mec avenant. Il va vers les autres, même ceux qu'il ne connaît pas. D'ailleurs,  il connaît à peine le type qui a organisé cette teuf. Il s'en branle. Il se sociabilise, c'est bon pour sa cardio.

Puis il la voit. Freja, avec son petite décolleté et sa jolie frimousse. Là il se dit qu'il a deux solutions. Soit il la calcule pas, et il l'évite tout le long de la soirée.  Soit il fait comme si de rien n'était et il revient vers elle comme une fleur. Étant donné qu'il l'a trompé avec sa soeur jumelle, il n'est pas certain que la deuxième solution soit un grand succès. Challenge accepté. Elle était en train de se servir à boire, alors Arthur sauta sur l'occasion.

- Tranquille, toi! Tu te sers comme si t'étais chez mamie!

Parfois avec de l'humour, ça passe mieux.

Alors que tu remplis ton verre de vodka, tu sens une présence non loin de toi. Néanmoins, tu ne réagis pas, préférant passer pour la fille indifférente. Ce que tu es, au fond. Mais, lorsque la voix retentit au dessus de la musique, ton coeur fait un bond. Arthur. Ce mec que tu détestes plus que n'importe qui, ici, à Bowen. Ce mec qui a préféré te tromper avec ta soeur plutôt que de porter ses couilles et te quitter. Ce mec qui n'en est pas vraiment un au final, puisqu'il n'a rien dans le pantalon. Tu te retournes, le regard noir. « Toujours aussi con, Delacroix. » Réponds-tu en portant ton verre à tes lèvres. Tu auras bien besoin d'un peu plus d'alcool pour affronter le jeune homme. Car même si tu ne laisses rien paraître, il t'a blessé dans ton estime - et pas que. « Toujours en train de t'incruster à des soirées ? » Ajoutes-tu. Et une pique, à quand la prochaine ? Au fond, tu ne sais même pas si Arthur connaît l'organisateur de la soirée mais tu t'en fiches pas mal. Ton but, là, c'était de le faire chier, rien de plus.

L'accueil de Freja se révéla comme il se l'imaginait.  Pas chaleureux et pas amical du tout. Elle l'avait traité de con, c'était de bonne guerre mais ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd.

- Toujours, dit-il fièrement.

Freja l'enchaîna d'un pic, lui faisant remarquer qu'il s'incrustait une fois de plus aux soirées. Le sourire insolent d'Arthur restait figé.

- Nah, c'est ta soeur qui m'a invité.

Eh, quoi, elle l'avait cherché non?

Tu n'imaginais pas un autre accueil possible pour Arthur, c'était évident. Il fallait que tu lui craches toute ta haine à la figure pour qu'il voit à quel point tu as de la rancoeur. Ce qu'il t'a fait, il ne le refera pas deux fois c'est certain. Néanmoins, ton ton semble l'amusé et lorsqu'il se permet de faire une réflexion sur ta soeur, tu t'approches de lui, serrant ton seul poing libre - l'autre prit par le verre. Tu es quelqu'un d'assez impulsif surtout lorsqu'on te cherche. Tu n'es pas du genre à avoir peur devant un homme et encore moins devant Arthur. Lorsque tu étais jeune, tu baissais trop souvent la tête devant ton père. Aujourd'hui, tu t'es promis de ne plus jamais le faire avec n'importe quel homme. « Me cherche pas Arthur. » Tu prononces son prénom comme s'il te dégoutait avant de reculer d'un pas comme pour te contrôler. Pour augmenter ton courage, tu reprends une gorgée de ta vodka avant d'ajouter : « Pourquoi t'es venu me parler ? Tu peux pas faire ta vie et arrêter de me faire chier ? » Sanguine, toi ? Juste un peu.

La langue d’Arthur avait fourché. Il se rendit compte bien trop tard qu’il avait été non seulement grossier mais aussi blessant. Il avait trompé Freja avec sa sœur jumelle, le pic lancé était donc très mal placé. Sous son sourire d’insolent il faisait le fier, mais à l’intérieur il avait la boule au ventre. Il n’est pas un vrai connard, au fond.

-Eh ça va ! On rigole !

Il haussa les épaules, prit un air détaché. Il sortit un sachet de sa poche de jean et risqua ses roubignolles en s’approchant de son ex.

- On s’en roule un petit, pour faire la paix ?

Quitte ou double. Soit elle accepte et ils peuvent avoir une discussion plus cordiale. Soit elle l’envoie chier, et ils continuent de se cracher dessus.

De ton côté, tu ne rigoles pas vraiment, Freja. Même si tu ne l'avoueras pas, ce qu'a fait Arthur avec ta jumelle t'a réellement blessé. Alors, lorsqu'il plaisante sur ce sujet, tu ne peux t'empêcher de lui rentrer dedans - ou presque. Tu soupires, lassée de ce comportement de gamin même si à une époque c'est ce qui te plaisait chez le jeune homme. Quelques secondes plus tard, Arthur sort un petit sachet de sa poche et tu sais exactement de quoi il s'agit. Gentiment, il te propose de le partager pour "faire la paix" et après un temps de réflexion, tu hausses les épaules et acceptes. « Ouais mais c'est seulement parce que j'ai envie de me détendre, pas pour faire la paix. » Réponds-tu en faisant signe à Arthur de te suivre pour aller se poser dans le canapé du salon. Une fois assise, tu attends que le jeune Delacroix ait terminé, patiemment. La tension retombe peu à peu mais tu préfères rester sur tes gardes, on ne sait jamais. « Pourquoi tu es un tel con, Arthur ? » Demandes-tu, un peu plus légèrement qu'auparavant. Tu fais référence à son comportement avec ta soeur mais aussi de manière générale. Est-ce un genre qu'il se donne ou est-il réellement comme ça au fond de lui ? Tu l'ignores.

Freja avait accepté mais elle avait bien spécifié que c’était pour la détendre et non pour faire la paix. Arthur rigola. Ils allèrent se poser sur le canapé et de là, il prépara son petit matériel. Il posa son briquet, son papier à rouler, son sachet de beuh et son paquet de Malboro.

- J’sais pas, je suis comme ça.

Il se retourna vers elle avec son air de sale gosse impertinent. Oui, c'est vrai que c'est un petit con.

- Et encore ça va, je trouve que je me bonifie.

Telle une cérémonie bien organisée, il commença le rituel pour confectionner son joint. Il coupa une cigarette et commença à l’émietter sur une feuille à rouler.

Même si tu aimes te jouer des hommes et profiter de leurs atouts, tu ne te considères pas comme "méchante". Toi, tu ne leur laisses pas le temps de s'attacher à toi, préférant les jeter au plus vite. Cela évite bien des problèmes. Et tu peux le dire, tu aurais préféré qu'Arthur agisse avec toi de la sorte plutôt que d'aller se réfugier dans les bras d'Anja. Mais c'est de l'histoire ancienne à présent, même si la rancoeur est toujours présente malgré tout ce que tu en dis. « Tu te bonifies, toi ? » Tu ne peux t'empêcher de laisser s'échapper un rire, ironique. Alors là, c'est le comble. Arthur qui se bonifie, tu auras tout entendu. « Et en quoi ? » Demandes-tu, curieuse et plus détendue qu'auparavant. Ton regard ne lâche pas les mains du jeune homme, en train de terminer votre préparation.

Elle avait toutes les raisons du monde de l’en vouloir, et Arthur ne pouvait pas le nier : il avait agi comme un gros connard. Pour sa défense, même si elle n’était pas justifiable, il pensait que Freja était une femme qui ne s’attachait pas. Peut-être s’était-elle un tout petit peu attachée, ou peut-être qu’elle avait simplement la fierté tenace. En même temps, coucher avec sa sœur, c’était trop gros.  

Il prétendait se bonifier, ce qui la fit rire jaune. Il ne savait pas trop pourquoi il avait dit cela, sans doute pour la faire rire. Et ça avait à moitié marché. Il réfléchit à une réponse pertinente qui ne vint jamais. Il se contenta d’hausser les épaules bêtement.

- J’sais pas.

A présent il avait terminé de rouler leur joint et le lui présenta tel un trophée.

- Taaadaaaa ! s’exclama t-il en désignant joyeusement le stick qui était dans ses mains. Vas-y je suis clément aujourd’hui, je te laisse commencer.

Quel bon prince cet Arthur, n’est-il pas ?

Non, tu n'es pas une fille qui s'attache facilement et encore moins qui éprouve des sentiments. Néanmoins, avec Arthur c'était différent. Surtout parce qu'il avait choisi ta jumelle plutôt que toi et que c'est un peu l'histoire de ta vie. Toute ta vie, Anja a toujours fait mieux que toi et ton entourage te le faisait clairement comprendre. Alors, lorsque tu as appris qu'Arthur avait lui aussi, flanché du côté de ta jumelle, c'était la goûte d'eau qui avait fait déborder le vase. Voilà sûrement la raison de cette rancoeur assez tenace envers le jeune homme. Lorsque le jeune Delacroix explique se bonifier avec le temps, tu ne peux t'empêcher de rigoler - jaune évidemment. Finalement, il ne peut t'expliquer en quoi il a changé, c'était sûrement des paroles en l'air. Peut-être pour détendre l'atmosphère ? Tu ne sais pas trop, on ne peut pas dire que tu arrives à cerner le jeune homme. Son joint terminé, pour se faire pardonner sans doute, il te laisse l'honneur de commencer. Tu ne te fais pas prier, ce n'est pas si souvent que ça arrive après tout. « Quel honneur. » Dis-tu en haussant les épaules. « Tu sais, je ne pense pas qu'on puisse être amis. » Ajoutes-tu en savourant la drogue qui enivre ta gorge entière.

Arthur enfouit son visage entre ses mains, d'un air las. Il n'avait pas tellement envie de s'excuser ni de se lancer dans un pseudo discours dramatique mais il commençait à avoir marre de cette satané boule au ventre. Il s'enfonça dans le canapé et fit face à Freja.

- Je sais que j'ai été un connard. Désolé.

Voilà, c'était dit. Ils ne pouvaient pas être amis selon elle, c'était sa décision, mais Arthur tenait à faire ce pas vers elle. Il soulageait sa conscience, en autre chose.

Qu'Arthur s'excuse est déjà un pas en soit. Tu sais que s'il le dit, c'est qu'il le pense et ça, ce n'est pas rien. S'il y a bien quelque chose que tu ne peux pas lui enlever, c'est sa franchise. Malgré tous ses défauts, il a au moins une qualité. Sûrement d'autres également que tu ne connais pas. Peut-être son humour. Mais qu'importe, aujourd'hui, tu ne penses pas être capable de le considérer comme un ami. Ni aujourd'hui, ni jamais. « Merci de l'avoir dit. » Réponds-tu simplement en lui tendant son joint. Lorsque tu portes à nouveau ton verre à tes lèvres, celui-ci est pratiquement vide. Un comble pour une "sorteuse" comme toi. « Tu veux quelque chose à boire ? J'vais remplir mon verre. » Demandes-tu avant de te lever et d'attendre la réponse d'Arthur.

Cela lui avait presque arraché la gueule de s'excuser mais il le fit, et il ne pouvait nier que sa conscience s'allégeait d'un poids. Arthur faisait du mal au gens, mais ce n'était pas intentionnel. Il avait couché avec la soeur de Freja par désir, pour un simple et foutu désir. Il n'avait pas eut de vengeance ou une envie de trahison.

- De rien.

Il ne sait pas bien  pourquoi Freja le remercie d'avoir avoué qu'il était désolé. Peut-être avait-elle cerné qu'il avait du mal à reconnaître ses torts, et que ce semblant d'excuse était déjà un énorme pas pour lui. Quoiqu'il en soit il est reconnaissant qu'elle ne l'ait pas envoyé sur les roses.

Elle lui proposa si il voulait boire quelque chose. Arthur la regarda curieusement. 

- Non non j'ai pas envie que tu craches dans mon verre.

Il plaisantait à moitié, reportant son attention au joint qui dansait de ses doigts à ses lèvres à plusieurs reprises. Il dû rallumer la flamme.

Toi, tu es plutôt étonnée qu'Arthur s'excuse de ses actes. Et même si tu pardonnes mais n'oublies pas, tu décides de passer au-dessus le temps d'une soirée. Juste pour voir si c'est vraiment le gars que tu appréciais ou juste le connard qui fait des sales coups à toutes ses copines. Alors que tu lui proposes de boire quelque chose, Arthur plaisante sur le fait que tu risquerais de cracher dans son verre. Tu n'y avais pas penser mais ça aurait sans doute pu arriver, oui. « Pour ce qui est de ma vengeance, tu n'es pas au bout de tes peines. » Réponds-tu, taquine. Tu te déplaces jusqu'au bar pour remplir ton verre de vodka et reviens rapidement t'installer aux côtés du jeune homme. « Tu ne sais pas tout ce dont je suis capable. » Ajoutes-tu, avec un air malicieux au coin des lèvres.